suivi par Théophile (futur professeur de musique) puis par les deux filles Thérèse et Louise,
corsetières de leur état, et enfin par Jules, le tardillon né 25 ans après son vieux frère qui le
considéra toujours comme son fils. Dans son enfance, Jules n'avait jamais su prononcer
correctement le mot pomme, son fruit préféré: il disait « pémé ». Dès lors presque toutes les
lettres de Bonaventure à son jeune frère commenceront par ces mots: «Mon cher Pémé ».
Jules Laurens deviendra plus tard un peintre-dessinateur qui connut la célébrité, grâce
notamment à son œuvre picturale sur le Moyen-Orient où, dans sa jeunesse, il avait séjourné
plusieurs années. Ecrivain à ses heures, il laissera de nombreux ouvrages en français - mais
aussi en provençal - dont La Légende des ateliers et la biographie "monumentale" (600
pages !) de son frère, dont nous reparlerons avec plus de détails.
L'âge venu, les parents envoient Bonaventure à l'une des écoles de la cité mais
sont bientôt obligés de le retirer compte tenu de son désintérêt flagrant pour les études. Ils lui
assureront, en privé, quelques rudiments d'instruction, un bien maigre bagage culturel!
A 17 ans le jeune homme entre dans la vie active comme employé à la sous-
préfecture de Carpentras, au salaire de 12 francs par mois. Vers la même époque il rencontre
des personnages qui vont influencer son avenir: Augustin Anrès, dit « le Philosophe », qui lui
fait découvrir J.J. Rousseau; le botaniste Requien qui lui inculque à son tour le goût de la
nature; et surtout le dynamique cavaillonnais François Costil-Blaze, futur critique musical au
Journal des Débats, qui deviendra plus tard son ami. A leur contact il acquiert un esprit
libéral, voltairien, antimilitariste et antibonapartiste, résolument « républicain », émancipé de
toute contrainte religieuse.
Mais l'essentiel est ailleurs. Sous l'influence de son père et de quelques artistes
carpentrassiens impressionnés par ses dons, Bonaventure développe ses aptitudes à l'égard
du dessin et de la musique. Dès l'adolescence il crayonne sans arrêt, accumulant portraits et
paysages. Et dans le même temps il apprend à jouer de la plupart des instruments de
musique, qu'ils soient à corde (violon, violoncelle), à clavier (piano, orgue) ou même à vent
(clarinette, ocarina).
Bien plus tard il effectue un voyage à Paris (14 mars - 7 juin 1825) afin