w^ïï ifeilï^:teiSfe '" lisiàsî Ico Ico ico - Breal, Michel Hercule et Gaeus, étude de mythologie comparée 'co c;^;;;;^ •^i^jj^jHjr ^m^^ -^^^ml HERCULE ET CACUS Kll !)i; 1)K MYTHOLOGIE COMPARÉE MICHEL BKÉAL PAHIS . tHKZ A-. DURAIND, ÈJÎITKUR *• KtE T>t:s r.hi--*, 7 fN^i; |. HERCULE ET CACUS ÉTUDE DE MYTHOLOGIE COMPARÉE MICHEL BRÉAL «as>Ç< PARIS CHEZ A. DURAND, ÉDITEUR RDK DES GRFS, 1863 7 lii.pi il.'» Sdiiiis-Poi-cs, la. M. E. EGGER MEMBRE DE L'INSTITUT PROFESSEUR A LA FACULTÉ DES LETTRES DE PARIS HOMMAGE D'AFFECTION ET DE: RECOINNAISSANCE INTRODUCTION. DES MYTHES EN GE.NEKAL. L'interprétation pas le seul du mythe d'Hercule objet de ce travail d'exposer suivant quelles pée et de parcourir : et de Cacus n'est notre but est, en outre, dévelop- lois cette fable s'est la série de ses transformations, en remontant jusqu'à sa naissance. Après en avoir recherché l'origine, nous nous proposons de suivre du mythe chez les différents l'histoire peuples qui l'ont reçu, soit par héritage, soit par emprunt: nous examinerons com- ment selon il s'est modifié et a pris les aspects l'esprit particulier les des religions où plus divers, il est entré. De même que l'histoire avec générale des nations auxquelles elles ont l'histoire de certaines familles se confond appartenu, et en offre une image abrégée, les destinées du mythe que nous essayons d'étudier pourront nous i DES MYTHES EN GÉNÉRAL. 2 apercevoir les caractères essentiels des faire dont est a il fait partie. enfin, autant qu'il Nous voudrions en nous, donner un exemple de religions méthode la philolo- gique appliquée aux recherches de mythologie, et faire voir que l'étude comparée des langues ne nous fournit pas seulement le moyen de retrouver des fables, mais qu'elle nous permet, en d'en expliquer la même temps, formation. Jusqu'à ces dernières années, gardée comme tation on cherchait bien : sens primitif le étant tes merveilleux qui la mythologie a été re- uniquement une science d'interprél'idée contenue dans ces conbizarres pour ne semblaient trop pas renfermer quelque signification cachée; mais ce qu'on croyait le sens intime d'un mythe, une fois dé- couvert, on ne pensait pas qu'il fût possible d'aller plus avant, et de déterminer pourquoi cette idée avait pris telle forme mythique plutôt que ies fables étaient fléchi, soit considérées spontané, de l'intelligence la autre. telle comme le En effet, produit, soit ré- raison ou de la fantaisie d'un peuple, pas plus que celle vidu, ne livre le secret de ses opérations. aussi impossible d'expliquer pourquoi Il de : or l'indi- paraissait une conception avait revêtu précisément tel déguisement merveilleux, que de rendre compte du mouvement instinctif qui pré- sente telle image plutôt que telle autre à l'esprit d'un poëte ou d'un orateur. nonçaient et On se demandait bien ce qu'an- ce que renfermaient ces nuages capricieux qui flottaient à l'horizon de l'histoire et formaient, en DES MYTHES EN GÉNÉRAL. quelque sorle, ils s'étaient le ciel amassés poétique de d'où et ils la 3 Grèce; mais semblait interdit à l'homme de savoir. Les recherches mythologiques restèrent donc bornées rl'herraéneutique fois : la clef comment venaient, c'est ce qu'il à un système de cette écriture inconnue une supposée trouvée, on ne se demanda pas quelle son avait avait attribuer à chaque signe la valeur qu'il on aurait cru perdre son temps à un problème : insoluble. sible fait rai- Nous essayerons de prouver de surprendre les qu'il mythes au moment leur éclosion et de rendre compte de la est pos- même forme de qu'ils adoptent. Nous allons plus loin trompeur, car un vêtement mérite de il fait : l'interprétation est supposer que jeté sur la vérité la la pour un système fable est comme laisser à l'esprit le découvrir. Tel n'est pas, à notre avis, vrai caractère de la mythologie. Les lons seulement des plus anciennes, et le fables (nous par- non pas de celles qui, par imitation, peuvent être inventées par les poëtesj, les fables sont ni des ni ne contiennent aucun mystère; faits elles ne historiques déguisés, ni des allégories, des métaphores, ni des symboles. Nous ne croyons pas que l'homme y traites pour ait enveloppé des idées trop abs- être comprises sans image, ni trop hardies pour être exposées à découvert, ou de trop grand prix pour sortir vrées à de l'enseignement des sanctuaires la foule. Elles antique sagesse; elles et être li- ne sont pas l'expression d'une n'ont à nous apprendre aucune DtS MYTHES KN GENERAL. 4 ne sont vérité profonde, ni physique, ni morale. Elles pas davantage le de l'imagination poétique d'un fruit peuple inventant des contes afin de satisfaire son goût pour langage figuré, pour le paraboles. Un mythe de les allégories pour les pris à un et création populaire, moment donné de son développement naturel, ne pas autre chose que ce ou, pour mieux qu'il dit effet, et la meilleure, seule manière de l'expliquer, dire, la de remonter, à travers c'est en signifie la série de ses métamor- phoses, jusqu'à son origine, et d'en écrire l'histoire. Pendant longtemps primitif comme un rien, dans lent. Tantôt on science a considéré la l'homme être à part, obéissant à des lois la société dont moderne, ne peut donner l'équiva- supposait trop grossier pour saisir le une conception sortant quelque peu du monde matériel on s'imaginait dès lors que semble de signes destinés à les idées qu'il n'eut pu ; la mythologie est un en- lui rendre compréhensibles saisir sans ce secours. Tantôt on plaçait au berceau de l'humanité une époque de science sacerdotale : les fables seraient un écho affaibli de cette sagesse des premiers temps. En dernier quelques critiques^ amour prêtant lieu, aux premiers hommes un singulier de la métaphore, ont pris la mythologie pour une langue poétique dont s'amusait main dans son enfance. Toutes le genre hu- ces explications se tou- chent par un point: elles séparent l'idée de son expression ; elles tinction placent à l'origine de la mythologie la dis- du sens propre et du sens figuré. Rien, ce sem- DES MYTHES EN GÉNÉRAL. ble, n'est plus l'homme 5 opposé à l'ordre naturel des choses chacune de ses primitif trouve un terme pour conceptions, et il est difficile en possession d'une idée, Les symboles, de comprendre pourquoi, l'aurait obscurcie à il : c'est-à-dire les significations plaisir. cachées attachées à des mots ou à des représentations graphi(jues, n'ont pu exister qu'à des époques de réflexion, chez un petit nombre d'hommes réunis par une cioyance, des intérêts ou des habitudes à part. Tels ont été gnes qu'on trouve dans les catacombes de ont servi aux premiers chrétiens; figurés sur les monuments les si- et qui sont les emblèmes tels mithriaques. Les symboles se retrouvent aussi dans les beaux-arls peinture, Rome : la statuaire et la par impuissance d'exprimer autrement une foule d'idées qui leur échappent, ont imaginé d'y faire allusion par des signes de convention ; les obligées de resserrer dans un petit espace monnaies, une quan- tité de renseignements nécessaires, nous offrent, chez les anciens, un exemple de véritable symbolique. Les hiéroglyphes de l'Egypte ont enfin des symboles se former la même à certaines origine. On voit époques, quand, l'exégèse d'un texte sacré ou l'interprétation d'anciennes croyances étant l'occupation générale des esprits, l'allé- gorie devient, en quelque sorte, une façon naturelle de penser. ^lais qu'il y a loin de ces artifices, qui tous sup|,osent une culture avancée, à langage! Transporter les la création populaire raffinements de l'époque où l'homme a eu, pour la du l'allégorie à première fois, cons- DES MYTHlvS EN GÉNÉRAL. f; ciencede lui-même, tenir peu de compte des Loin de chercher [îousse; donne le à doit désigner. S'il mystère, le la l'intelligence. langage primitif le re- et ce nom, qualité saillante de l'objet qu'il impose aux idées abstraites des appelne peut lations matérielles, c'est qu'il les de lois véritables chaque chose son nom, d'après choisit le il il renverser l'ordre des temps et c'est autrement faire : idiomes modernes en font tout autant. Nous ne pre- nons pas pour des symboles les termes concrets qui nous servent à exprimer des conceptions morales. C'est à dessein que nous rapprochons mythologie de l'origine du langage fond, est la : la l'origine de question, même. Hérodote (1) raconte que les la au Pélasges adoraient des dieux et leur adressaient des prières, mais qu'ils leur auraient appris les rendaient dont la hommage sans logues; noms des les ils divinités à qui le ils sentiment des mytho- cherchent les dieux inconnus que n'ont pas su nommer; de venir en aide primitif. Nous croyons, au ils à adoraient nous Hi.st. W.b").. serait les hom- essayent, par leurs expliTinsuffisance contraire, que, de connaître l'idiome parlé par d'hommes de chaque l'i) Égyptiens les connaître. Celte anecdote, résume assez bien cations, sible nommer; les philologie peut aujourd'hui démontrer aisément la fausseté, mes ne pouvaient le du langage s'il était pos- premier groupe race, la nature des dieux qu'ils révélée par les noms qu'ils leur. DES MYTHES EN GÉNÉRAL. donnaient, même et le T simple énoncé des mythes en serait en temps l'explication. Pour apporter dans mythologie la cette question de l'origine clarté nécessaire, il de la faut distinguer avec soin les dieux^ qui sont un produit immédiat de Tinlelligence comme nous humaine, des fables^ qui, verrons plus loin, n'en sont qu'un produit indirect involontaire. de nature ses premières divinités: la Soleil, le La race indo-européenne l'Aurore, la Tempête; hommage comme poètes qui chantaient de iVlitra et la nuit. encore le Pour le la têtes la prêta une des sentiments tout en à des êtres supérieurs, ; la en célébrant la sagesse volonté est inéhranlafaisaient l'allu- ils le nom de ces dieux nom même du phénomène, : le Ciel, succession constante du jour et temps où question de symbole pas libre, pensée ne varie jamais^ sion la plus claire à leur forces savaient parfaitement qu'il de Varuna, dont hle et dont la de nos adora et leur caractère physique. Les Djaus est le ciel déployé sur des hommes. Mais, d'amitié ou de haine pour les on ne perdait pas de vue elle elle âme, une intelligence, une volonté leur rendant fit le c'est la nature inerie, mais la il était ne peut être nature qu'on adore, non nature animée et douée par un peuple naïf des sentiments dont il est plein lui-même. Qu'est-ce, d'autre part, que ces récits romanesques, fantastiques, souvent contradictoires, qui ont charmé l'enfance de la Grèce et de l'Inde, et nourri leur poésie? S'ils ne sont pas des allégories, faut-il croire que ces DKS MYTHES EN GKNÈHAI,. s fictions sur la naissance, les amours, rivalités des dieux, ces contes de bonne heure les dont philosophes et les guerres el frappa la bizarrerie les poëtes, et dont Pères de l'Église réprouvèrent Timmoralité, ont leur origine, autant de croyances véritables? non. Jamais le pu pour le lait rier divin la pluie des vaches célestes, ni flancs recèlent la foudre flammes, ni Assurément être les premiers élans imagination, n'a pu prendre si vifs de son la terre nuage dont les pour un monstre vomissant des dardant ses rayons pour un guer- le soleil lançant des flèches sur grondement du tonnerre pour couée par Jupiter, qui arrose le les été, à genre humain, dans son enfance, et si poétiques qu'aient les ni du printemps pour la les le ses ennemis, le bruit de l'égide se- premières ardeurs du pluie d'or ni soleil tombant sur Danaé. D'où viennent donc ces images qui se retrouvent dans la poésie primitive de tous les peuples de race arienne Du ? langage, qui les crée spontanément, sans que l'homme y prenne garde. L'influencé du langage sur peu observée en général, inaperçue dans n'en est pas moins considérable : s'y colorant si avant d'exprimer une pensée, Aujourd'hui traction, nos l'antiquité, le conceptions, de ses nuances. Habitués à cet in- termédiaire, nous y faisons esprit des couleurs pensée, on peut comparer langage à un verre que traversent nos mais en la peu attention que, elle se teint même dans notre du langage. même, avec nos mots usés et idiomes rompus à l'abs- nos verbes auxiliaires vides DES MYTHKS KX GENERAL. de sens, nous faisons de continuels gences de quand même elle donner un genre, c'est-à-dire générale ou non, sans un sexe phrase est présenté soit transitoire ou permanent, habitués à redresser en de réfraction l'empire d'une façon comme un action, et chaque être agis- acte, qu'il est limité dans sa durée le verbe. Nous sommes temps ou nous mettons sorte lui déterminer par un article; tout le comme une le idée, nous ne pou- ; qu'il soit considéré sant, toute idée par exi- désigne une simple qualité, sans vons parler d'un objet, sujet dans la aux sacrifices Nous n'exprimons pas une parole. la 9 nous-mêmes les effets de celle mais combien a dû être grand : du langage dans un temps où chaque mot était une image, chaque substantif un être animé, chaque verbe un acte physique les Il était impossible que les idées plus simples, exprimées par des mois aussi signifi- catifs, les ! ne prissent pas aussitôt un éclat extraordinaire phénomènes de la nature, reflétés par la : langue, prenaient l'aspect de scènes dramatiques. Rapportés à des êtres qu'on supposait doués d'une vie analogue à celle mot de l'homme, traduits dans un idiome où chaque parlait aux yeux, les spectacles saient être les actes d'un sonnages, divins nous par Ceux le de la nalure parais- drame immense dont par l'origine, étaient per- semblables à cœur. qui virent les mythes se former de furent pas les dupes soupçonnant les pas la la sorte ne de cette illusion du langage force mystérieuse qui : ne chaniïeait MYIHKS EN GÉNÉRAL. DIvS 10 toutes leurs pensées en images, ils se complurent à ses enchantements sans y croire. Nous voyons clairement par védas que les des fables qu'ils répétaient. Mais même mots les que vieillissaient, pas de certains des langue perdait de sa transparence s'oblitérait, la noms des fut étymologique sens le n'en il A mesure que pour l'époque suivante. termes la signification poètes savaient les forces nature devenaient des <le la : noms propres, et dès lors les personnages mythiques commen- pour l'époque cèrent védique Dyaiis est paraître. à mais : Hellènes n'en il ZrN est en grec un nom Jupiter on Janus en même On pour nom avec eux; propre. latin. ciel pas ^e est ont emporté ce (|ui le Il Zsuç même en est de les ou pour peut dire d'une façon gé- nérale que, pour qu'un dieu prenne de la consistance dans l'esprit du langage d'un peuple, usuel. Ouranos vinité bien distincte appellatif : Il , faut que son n'est jamais parce que son Varuna^ au sanscrit, s'est élevé nom il nom soit sorti devenu une nom est resté au rang d'un dieu personnel, son ayant cessé de rien représenter à l'intelligence. ne fallait que ce premier changement substituant de énoncés au sujet des forces de sent l'aspect d'actions merveilleuses un lointain idéal la date des permanent ou périodique ainsi un contraire, qui lui correspond en prétendus personnages aux phénomènes, pour que faits di- que les : la nature pris- on reporta dans événements dont n'était fables se formèrent. le caractère plus compris. On les peut dire à C'est la ri- H DES MYTHES EN GÉNÉRAL. gueur que l'homme n'y ses situées en dehors pour rien; ce sont des cau- est de lui, c'est la de riations qui est le véritable auteur l'homme qui, en créant plutôt c'est langue avec ses vala mythologie; ou les catégories et les formes grammaticales, en employant pour exprimer sa pensée des termes énergiques et colorés, en créant son langage, non pas seulement avec sa raison, mais avec éléments de une à une ter les fables de mythologie la langue, la du premier coup a préparé son imagination, ; n'eut pas besoin d'inven- il : tous les moule poétique jetées dans le ses idées s'animèrent d'elles-mêmes et n'attendirent qu'une occasion pour devenir des mythes. veux pas Je ne sisté dire pour cela que l'homme ait as- en simple spectateur à l'éclosion de ce monde de merveilles. On voit les poètes védiques modifier, arran- de ger, pétrir en tous sens la matière encore malléable leur mythologie : il n'est pas impossible qu'ils aient in- venté certaines fables veau. Mais première c'est la fois qu'elle a fait à la et donné à d'autres un tour nou- Grèce surtout qui a révélé pour son génie dans l'ordonnance de ses richesses fantaisie, et éviter la : du désordre où se perdit l'Inde. Elle par allier la précision tombée tout en se préservant , a su choix sécheresse où est l'Italie, a su elle et le la un art dont elle a gardé le secret, conserver assez le sens de sa mythologie pour s'en approprier le langage. Pendant poêles grecs, sans toucher au fond mais se jouant avec grâce de longtemps les leur religion, à la surface, inventèrent des DES MYTHES EN GÉNÉRAL. 12 coordonnèrent des fables, généalogies, arrangèrent et d'ingénieux et ajoutèrent à la tradition comme une veloppements. La mythologie fut pour eux langue dont ne savaient ils ni ni lois les dé- et brillants l'origine, mais qu'ils parlaient naturellement avec justesse avec esprit. Pindare, qui, de tous poussé cet art cepte : a le plus loin, en La grâce, qui humains, donne de l'incroyable... moindre. « il I, le pré- de toutes choses un miel aux l'erreur et fait croire convient à l'homme de ne rien sur les dieux (Oljrnp. poètes grecs, a les donne naïvement l'autorité à Mais dire que de beau fait et : la faute alors est str. 2.) Mais ce qui a été ajouté par l'homme ne peut pas entrer en balance avec la travail latent et continu masse de du langage. On reconnaît leurs aisément les créations de raison qui On manque aux fables produite par le l'homme un à d'ail- air de enfants capricieux de la jiarole. peut rapporter l'origine des fables de cette dernière espèce à trois modes de formation que nous miner rapidement allons exa- (1). Cette surabondance de sève et cette prodigalité insc)uciante qui caractérisent les idiomes jeunes, leur font employer, pour désigner un seul objet, une quantité (1) lui M. Max MùUer a déci it deux do ces causes, avec sont habituels, qui (luit la science et l'éclat qui dans son Essai de mijlfwlogïe comparée. marque une époque nouvelle dans en IVançais- (Durand, lSo9.; lliistoire de Cet ouvrage, la niytliologie, a été tra DES MYTHKS EN GÉNflRAL. de synonymes. souvent surprenante exemple, nommé est façons différentes. dans carrière, lui prête Brillant (Sûrya), l'Ami {Mitra ,, prend le à un autre une autre atlitude phv- le 11 est leur à tour le Généreux {JryaindU), Bienfaisant (Bhagn)^ Celui qui nourrit [Pûshan)^ Créateur {Tvashlan, de ainsi le même âmes. Mais, une les fois il que le premier âge de l'huma- Bhaga de Tvashlar moins, comme tituer sant : ^ Divaspati à seul de Sii/ya, Arjanian. (S! un que Néan- et comme souvent on les un voyait se subs- l'une à l'autre, on se tira d'embarras en en faile père et réunissant Ainsi supposa Mura à distinguer chercha à toutes ces figures avaient entre elles de parenté, air Elle ne pouvaient appartenir commença termes passion naïve remplissait toutes mettre de Tordre dans ce chaos. tant d'appellations les ne craignait pas de n'être l'époque suivante, étonnée, nité fut passé, ohjet, et elle créa tous ces prodigue à un être chéri d'affection et de tendresse, point compris; la le Maître du Ciel (Diraspfdi j^ et Au moment où l'homme suite. comme on noms, tat par soleil, ne faudrait pas croire que ce sont Il sique et un aulre caractère moral. le Le védas de plus de vingt les de purs équivalents; chaque terme moment de sa 13 toutes commença elle le la fils, dans ou bien des une seule qui jusque-là flottaient au hasard, listes et et même en les famille. théogonie, qui eut un double résul- rassembla en un svstème un dressant des frères, généalogiques, et, monde de fii^ures en second lieu, en elle introduisit arlifi- DKS MYTHES 14 ciellement hi lîN Gh'.NhiHAL. chronologie dans la fable, et mil sur di- vers plans les dieux qui jusque-là, dans les comme les saints tableaux des écoles primitives, étaient tous placés au premier ran-g. Mais cela ne le suffit pas: il fallut expliquer pourquoi dieu suprême s'appelle tantôt d'un nom, tantôt d'un autre : comme on on inventa rents, croyait qu'il s'agissait d'êtres difféles dynasties célestes, les révolutions violentes de l'Olympe, Ouranos renversé par Kronos, Kronos par Zeus, tous ces événements tragiques qui in- vitèrent plus tard les esprits à la réflexion et frappèrent au plus haut point l'imagination d'Eschyle. On remplit le passé mythologique de cataclysmes imaginaires, en y plaçant, vieillis comme autant de rois déchus , synonymes les des divinités actuelles. Tout ce travail s'est fait avec plus ou moins de perfection dans chaque mythologie : la facilité avec laquelle origines sera toujours un les peuples oublient leurs sujet d'étonnement. ciens mots les embarrassent autant ments et les vieilles que les Les an- vieux monu- coutumes; ne pouvant ni les com- prendre, ni les oublier, toutes les explications qui en rendent compte leur semblent bonnes. Au temps d'Homère, ce travail de classification et de coordination était déjà en grande partie terminé pour la Grèce.. Hésiode, plus tard, nous l'expose d'une façon didactique. Tous les dieux, tous les êtres fabuleux ont leur généalogie : tout est réglé et expliqué. Les Titans sont soigneusement distingués des Géants; la Gorgone DES MYTHES EN GÉNÉRAL. n'esl pas la même que de la Chimère Méduse. Typliaon, en la sant à Échidna, devient s'iinis- père de Cerbère, de l'Hydre, le et d'Orthros, lequel sant à sa mère, engendre dire à la lettre) 15 le lui-même, en s'unis- Sphinx. C'est (on peut un même monstre qui le renaît continuel- lement de lui-même. La généalogie des dieux, n'a pas plus de raison d'être. La plupart des dieux secondaires sont des attributs détachés des dieux primitifs, ou des surnoms qui, après avoir tribu, furent insérés plus tard dans usités été comme dans une seule des êtres distincts nomenclature générale. la Un second mode de formation vient de des différents sens d'un seul et a produit même la terme. Cette cause un moins grand nombre de mythes, mais les défigure pommes davantage. La fable des Hespérides, où piXov, chèvre j a été pris dans (xviT^ov, toire pomme, de n'est pas autre chose, pose sur une méprise dont présent le : il Augias (Aoyeiaç) dans la nuage, faut la suite est marque à de ce qu'il faut de sens de l'his- travail nous nous rappeler le par suite la fois la la nuit ; si double sens du moi la fois la qui, i^o, vache et le double signification de gotra, qui dans avec soleil entendre par ses écu- les védas l'écurie changement d'Argus en paon vient de étoiles le au fond, que un surnom du langue védique, désigne à et d'or des mot, mais que nous pouvons indiquer dès à nous voulons savoir ce ries, elle des écuries d'Augias re- la toison d'or. L'histoire donnera confusion celles de la la et le ciel. Le confusion des queue de l'oiseau, et le MYTHKS KN GKNKIUl.. l»KS 16 mot Mihasrâks/td (qui a mille yeux», appliqué à la nuit en sanscrit, nous laisse entrevoir former a pourrait appeler le répertoire des du se qu'on Les Métamorphoses d'Ovide, fable. la comment homonymes mytholo- giques, nous fourniraient, au besoin, beaucoup d'autres exemples. Mais nous voulons indiquer une preuve frappante de l'influence qu'une erreur de sens peut exercer nom sur un mythe. Le comme l'a de Prométhée, un bâton dans le introduit et tourne creux d'une roue, pour produire le frottement. signe un Mais la racine math^ mouvement physique dans la mouvement de latin. Une l'esprit, fois que de piavô, la même langue de l'Inde, marquer p^G, signifia penser, savoir^ Prométhée d'Eschjle, prédisant aux dieux de fications thologie une On : la voit combien les accidents langue sont intimement De là le le sort qui ouïes modià la liés my- une simple erreur de sens peut produire toute série nouvelle de fables. L'étymologie a été, de son côté, la grand nombre de mythes. Le peuple naïf qui veut se rendre source d'un trèsest compte des noms un philologue entend, qu'il qui, grâce à son imagination, trouve aisément toire le façon que cogitare Ilpop,6eu; devint le dieu qui connaît l'avenir. les attend. le feu manth, qui dé- a été détournée de ce sens en grec pour en vient, démontré M. Kuhn, du védique pramanlha, c'est-à-dire qu'il désigne celui qui par npopt,'/i6e'jç, pour expliquer un nom propre. Plus conte qu'il invente est bizarre, plus il s'y une et his- même le attache, et DES MYTHES EN GÉNÉRAL. bieutôl il nom comme preuve cite le Voici un exemple de ce mode de La naissance d'Atliéné, Zeus, a tout de reproduite par fois pour tôt le symbole de pour celui de de résultat la Ce dieu a disparu de : de tète la image tant cette qu'on a prise tantôt jaillissant , la c'est-à-dire tan- le ciel, du cerveau, fille est le de Trilos. : où Trita règne sur Son nom sur l'atmosphère. la mythologie grecque se retrouve dans les védas, et récit. plus naïve des confusions. Athéné s'ap- aussi Tpi-oyévcia pelle les arts, et pensée la armée de sortie foudre éclatant dans la du à l'appui formation. une allégorie d'être l'air 17 s'est mais les il eaux conservé dans les mots grecs Triton, Jmphilrile^ Tritopator [surnom des vents) (1), et dans celte île Quand Ysvc'-a nom du le fleuve Triton qui entoure enchantée où se passe l'enfance de Bacchus le dieu Tritos cessa d'être connu, devint une énigme, et dialecte appelaient -piTw la scoliaste d'Aristophane (3) mot TfiTo- Éoliens, qui dans leur les tête, et le (2j. comme l'attestent le Hésychius (4), n'hésitè- rent pas à reconnaître dans Athéné la déesse sortie de tête de Zeus. L'étymologie populaire a rempli récils (1) la apocryphes Suidas : l'histoire ancienne de mais combien devait-elle èlre : Tpito-iTopî; ' fertile At^ij-wv iv tî) 'A-ôiot çr|<7lv àvsixow; elvai îoy; toito- TiaTopa;. (2) Diod. de (3) Nuées, Sicile, V. 989 : (4) T&'.T(t).Ntxavôp'j; m, 08. Tpi-w r, xEsa/.Ti Tiao' Aio).£0<îtv. ô KoÀoswv'.o; s/^ji Trjv y.fS7.'/.r,j /.x.'.zï/ 'A6a;xiva;. s. v, v7 DES MYTHES EN GÉNÉRAL. 18 en inventions à une époque où tous où la réflexion, et les esprits, les mots invitaient à encore jeunes et crédules, étaient à la fois disposés à croire tous les récits et à les inventer ! au moyen ège On , a constaté mot comme un nous parlons, chaque qui tentait tableau en raccourci des conteurs et ouvrait un l'imagination vue la mal com- la signification était mais, au lemps dont : était que beaucoup de légendes, n'ont pas eu d'autre origine que de certains tableaux dont prise (1) prompts champ aux hypothèses. Les trois tront bien causes que nous venons de signaler paraî- humbles aux esprits qui se plaisent à cher- cher dans les fables l'expression de vérités métaphysiques ou morales. Tous ceux qui, depuis Hésiode jus- qu'aux interprètes que, prêtent comme les l'oreille plus récents de la religion grec- à ces oracles de la sagesse antique, les prêtresses voix des dieux dans de Dodone croyaient entendre la bruit des chênes agités par le le vent, auront quelque peine à reconnaître dans ces thes qui se forment d'eux-mêmes et au hasard, les my- sym- boles qu'ils sont habitués à respecter et à aimer. Mais, pour la gloire de la Grèce, il importe peu comment ils sont nés et ce qu'ils étaient au premier jour de leur exissont en effet devenus plus tard déposi- tence, s'ils taires des idées morales et des sentiments élevés qu'on les y admire. Dans un récent travail, rempli de science et (1) M. Alfred Maury, Essai sur les légendes pieuses, p. 95 ss. DES MYTHES EN GÉNÉRAL. 19 de conviction, un critique qu'à son langage mé- et à sa thode on prendrait pour un contemporain des stoïciens, M. Louis Ménard (1), soutient que les fables cachent un sens métaphysique etmoral;, de la Grèce que la philoso- et phie grecque, loin d'avoir découvert les vérités dont s'enorgueillit, faible les vant par n'a que répéter d'une façon fait les créateurs de mythologie. Sans doute la de grands enseignements qu'il en faut de montrer comment de rait retrouver dans l'être une mais est-ce aux auteurs des honneur se forment. ils le : Nous venons ? Ce serait les sciences naturelles germe organes les arrivé à son complet illusion les ou par Eschyle renferment faire thode dangereuse dans loir plu^- principes exprimés bien des siècles aupara- fables expliquées par Pindare mythes elle une méde vou- et les facultés développement ; ce se- encore plus grande de rechercher dans un mot, au moment où il est créé, tous les sens que l'u- sage, le progrès des temps et les événements imprévus peuvent lui donner dans moindre en mythologie. pris la suite. Si L'erreur ne serait pas de les fables une signification morale et la Grèce ont philosophique, elles en sont redevables aux poëtes et aux philosophes; prit de réflexion, s'éveillant insensiblement, a attaché un sens profond à des légendes forniéesparlehasard, et qui lui qu'il ne pouvait croire paraissaient d'aulant plus vénérables qu'il en pénétrait moins l'origine. (1) La Morale avant l'es- les philoiopkes, Didot, 1860. DES MYTHES EN GÉNÉRAL. 20 A quoi arriverait-on d'ailleurg, et en prêtant à l'époque une sagesse dont A flets? gloire, oii les en renversant les rôles, mythes se sont créés, l'âge suivant n'aurait reçu dépouiller la Grèce de pour en enrichir la que les re- plus belle part de sa peuple anonyme et l'époque le inconnue où ces fables ont pris naissance. La portée inégale des mêmes conceptions mythologiques chez les différentes nations indo-européennes prouve bien que ces conceptions ne valaient que par l'usage qu'on en devait faire. Là où la Grèce a trouvé matière à des spéculations métaphysiques et religieuses, les Romains n'ont su voir que des légendes monotones, ou des prétextes à des cérémonies superstitieuses. Je suis prêt à admirer Jupiter de Pindare et de Sophocle, auteur des nemi de du la foyer, tyrannie, protecteur des opprimés, vengeur de mais je salue en lui la justice, le en- lois, gardien refuge des malheureux; une création du génie grec, l'idéal d'un peuple d'artistes, de penseurs et d'hommes libres (1). Quel est le fétiche dont l'Athènes de Périclès n'aurait pas fait un type de beauté ingénieux mais et j'y vois et de grandeur profond que la ? J'admire Grèce prête le sens à ses fables; un privilège du génie qui donne une signi- fication à tout ce qu'il touche. Transportée sur la scène, l'histoire des dieux et des héros parut féconde en en- seignements salutaires luttes (1) des forces de Co np. rouvrage de M. rales dans V antiquité, t. I, : la J. les aventures, les amours, les nature, créations fortuites du Denis, Histoire des (héorie.^ et des idées mo- p. 7. DES MYTHES EN GENERAL. 21 langage, furent une source de mâles inspirations sentiments généreux. Mais est-ce à passés qu'il faut en faire honneur? la et de sagesse des siècles Non : c'est à la Grèce, arrivée à la pleine possession de toutes ses facultés, et qui communiquait son vivre de sa vie. àme à ces fantômes et les faisait IL DE l'École symbolique. Sans vouloir faire ici, même en abrégé, l'histoire des études mythologiques, nous avons l'intention de dire quelques mots de l'école qui et qui, après avoir élevée en dernier lieu, s'est marqué avec éclat dans la première moitié de ce siècle, a vu ses théories battues en brèche, et en grande partie détruites par l'expérience. Nous voulons parler de l'école symbolique. Quoiqu'elle compte encore un grand nombre d'adhérents, on peut dire qu'elle appartient aujourd'hui à l'histoire. Son représentant le plus éminent, M. Guigniaut, qui a relevé parmi nous les études mythologiques, cision scientifique et qui leur a donné une pré- inconnue dans notre pays jusqu'alors, ne défend plus depuis longtemps l'ensemble du système. Nous nous sentons d'autant plus libre pour parler d'une école qui doit s'honorer ajuste porté dans ses recherches un vif amour de titre d'avoir la vérité et une immense érudition. Mais, pourjuger en connaissance DE L'ÉCOLE SYMBOLIQUE. de cause cette grande tentative, un coup d'œil sur Dans les ont précédé. comme dans temps modernes, deux méthodes ont tour est nécessaire de jeter il les écoles qui 23 l'antiquité, ou simultanément été en à tour faveur, l'une qu'on peut appeler historique^ puisqu'elle avait la prétention de retrouver des faits réels sous les dans fables, l'autre qui voyait mythes des les allégories. Gérard Yossius, Bochart, Huet, Banier, sont cipaux représentants de la les prin- première méthode, qui s'est efforcée en général de mettre les renseignements donnés par la mythologie, d'accord avec les traditions bibliques. Yossius (1) reconnaît, par exemple (nous choisissons mythe qui le roi fait le sujet Hog, dont il nier survivant est parlé de ce dans le travail), -dans Deutéronome d'entre les géants, qui pays de Basan. D'après Bochart que Noé par les ; ses trois Jupiter, fils, (3), et Japliet. un chef phénicien qui a en Gaule et en fable a fait régnait sur Neptune Quant amené des Italie; ses exploits de Typhon un nous représente les l'Egypte, émigré dans (1) derle Saturne n'est autre et Pluton, pris Be Theologia être à Hercule, c'est colonies en Espagne, fabuleux, ce sont les luttes qu'il soutint contre les habitants il (2), le le païens pour des dieux, sont les ancêtres du genre humain, Sem, Cham La Typhon de ces contrées. surhumain la Cappadoce, à laquelle Nombres, Veut, in, 13. (3: Phaleg, Canaan et Hierozoïcnn, TV, b. ], il de origine I, 2(5. (2) Cf. en réalité, Caphthorims, peuple originaire de gentili et physiologia chrisiiana, sive gressu idolatriœ, Amst. 1642, : pp. 16G, Cil, 657. laissa ef pro- DE L'ECOLE SYMBOLIOl'^- 24 son nom, comme revenu plus liud dans sa pnlrie, et tombeau de Typhon, qu'Hérodote place ex- l'altesle le pressément en Egypte (1). Le savant, évêque d'Avran- ches, Huet, se sert de la fable pour démontrer l'authenticité les de Bible et des Évangiles la : tous les dieux, tous personnages merveilleux de l'antiquité, sont pour lui un souvenir obscurci de Moïse; Apollon, Vulcain, Orphée, Pan, Priape, Cécrops, Minos, Évandre, les Pé- nates, Theulh, Osiris, Sérapis, Zoroastre, autant d'alté- rations de la figure de Moïse (2) cette dernière représenlalion, il Typhon également l'interprétation historique a roi j il dix-huitième siècle, gagné en précision et la : Banier durée de d'Egypte, avec son frère Typhon, et les événements la conséquence croire qu'une pareille méthode de notre temps; mais elle est ait ques de tous grecs, les (3). On a peine à pu se produire encore poussée à l'extrême dans l'ouvrage de Clavier (4), qui donne dieux, présentés les listes comme généalogi- d'anciens rois parmi lesquels figurent Jupiter, Prométliée, Mer- Canaan ci) Phaleg. (2) Demonsfratio evangelica, (4) fléaux qu'il raconte sérieusement les démêlés d'Osiris, politiques qui en furent (3) les de l'avènement de Jupiter fixe la date son règne Au Égyptiens ne les surent jamais pardonner entièrement avait déchaînés sur leur patrie. : est vrai, n'est pas flat- mais teuse pour le prophète hébreu, lui ; et Hierozoicon, I, p. 290. p. 68 sq. La Mythologie et les Fables expliquées par Les Premiers Temps de la Grèce. l'histoire, 1. 1, p. 473. DE L'ÉCOLE SYMBOLIQUE. Poisé(.% Cille, A Pela?gus, Thessali.is, GiiTCiis, nvec du (emps où calion 25 ils l'indi- ont vécu. que ces ouvra- vrai dire, rien n'est plus attristant ges où l'on voit quelquefois une grande érudition mise au service des rapprochements plus les puérils, où et la prétention de tout expliquer est jointe à l'ignorance la plus complète de l'esprit de l'antiquité! iMais juste d'ajouter qu'en suivant cette méthode, vains n'ont fait il est ces écri- qu'imiter les historiens grecs et latins; sauf le» rapprochements bibliques, ne disent rien qui ils ne se trouve dans Denys d'Halicarnasse , Diodore ou Servius. L'interprétation allégorique a sur la méthode historique, du moins qu'elle peut des peintures assez piquantes, quand un par cet avantage donner elle lieu maniée est Bacon a composé un esprit ingénieux. à petit explique com- Traité sur la sagesse des anciens, où il ment est dans Homère (1) le mythe de Typhon, tel qu'il Hésiode, nous représente les révolutions politiques et des empires. On se rappelle que Junon, irritée de la fa- çon dont Jupiter avait donné naissance à Minerve, enfanta lier Typhon sans son anglais, sont en par les liens du quand faire (1) ils secours. Les rois, dit mariage, comme veulent attirer tout à Apollon, v, chance- quelque sorte unis à leurs peuples le d'eux-mêmes, sans s'aider Hymne le 305 sv. Jupiter à pouvoir à eux ni du sénat, ni Junon : et (ont des dif- DE L'ÉCOLE SYMBOLIQUE. 26 férents ordres du répand dans royaume, une sourde agitation l'aristocratie et le se peuple, qui veulent à leur tour montrer ce qu'ils sont capables de faire. L'en- fantement de Typhon est Temblème de qui gagne l'État tout entier, et qui, la quand fermentation elle a atteint son comble, éclate en sédition ouverte. Les cent têtes du monstre, les gueules enflammées, les ceintures de serpents, les serres d'aigle, le corps couvert de plumes, représentent les divisions des partis, les incendies, les pestes, massacres les quelque temps armée la , les fausses rumeurs va chercher un refuge dans provinces. C'est ce que la fable a figuré par de Mercure, de Jupiter. Mais bientôt, par c'est à savoir duite et l'habileté des forces , pendant monarchie, énervée, c'est-à-dire sans et sans tinances, tion et la fuite ; par la les la mutila- le secours prudence de sa con- de ses discours, la royauté reprend se prépare à la lutte, frappe enfin la rébel- lion et l'écrase. Il serait sans intérêt cations de ce rique. Il mythe chez les les écrivains diverses expli- de l'école allégo- L'interprétation étant livrée au libre sentiment de chacun, grès. de comparer il est clair qu'elle ne pouvait faire de pro- ne faut pas d'ailleurs demander à cette école une rigueur de méthode dont elle ne croyait pas que ces recherches fussent susceptibles. Le vrai paraissant impossible à trouver, c'était déjà beaucoup, croire, semblait-on que d'exposer quelque chose de vraisemblable. Court de Gébelin s enquiert, non pas de ce que les mythes DE L'ÉCOLE SYMBOLIQUE. signifient, mais de ce qu'ils peuvent seul, fait exception par l'étendue 27 Dupuis, signifier. de sa science et ses re- cherches consciencieuses. Ce système d'interprétation peut, comme siècle avant l'ère chrétienne , au Déjà dent, s'autoriser de l'exemple des anciens. cinquième précé- le Anaxagore pre- VOd/ssée pour un ensemble de fables nait Y Iliade et re- présentant les mystères de la physique ou les vérités de Le combat des dieux, au XX^ chant de morale. la V Iliade^ expliqué était et les vertus, la lutte Apollon représente physique. Mercure ou bien comme la raison, Agamemnon est Latone l'air, la guerre entre les vices monde des éléments du le l'oubli. feu, Neptune l'eau, Suivant Métrodore, Pénélope tissant sa toile est la dialectique (1). L'école stoïcienne, introduisant ses idées philosophiques dans lisé dans les fables le la mythologie, voit déjà tout réa- panthéisme qu'elle professe. La méthode historique et la tagèrent les esprits jusqu'au lique méthode allégorique par- moment où l'école marqua par son avènement un progrès dans ces études. Pour modernes, avec un les la première fois, dans sagesse qui avait présidé aux cette opinion écarta les si l'on premiers du moins pothèse du dix-hui[ième siècle qui, jusque-là Voyez temps les sentiment de leur importance; temps de l'humanité, (1) véritable recherches mythologiques furent abordées plein s'exagéra la symbo- , l'hy- avait été pages que M. Egger a consacrées à ce sujet dans son Essai sur la critique, p. 61 sv. DE L'ÉCOLE SYMBOLIQUE. 28 l'arrière-pensée de la plupart des esprits, à savoir mythologie do fication une imposture des prêtres ou une est Pour l'histoire. monuments consulté, fut môme la première cet fois aussi, toute Orient incomplet et parfois apocryphe, vu à travers la falsi- interrogés avec soin; l'Orient aussi non pas mais l'Egypte, les livres des anciens, Perse, l'Inde, étudiées dans leurs numents authentiques livrer leurs trésors. la sa littérature dépouillée en en- Tantiquité fut fouillée, tier, ses que et mo- originaux, qui commençaient à Quelle que soit donc la valeur de la doctrine symbolique, elle a donné l'impulsion à des re- cherches nouvelles et fécondes et elle a , marqué une période importante dans l'étude de l'antiquité. Les erreurs où tomba cette école grande partie par le temps où elle en s'expliquent a pris naissance. La connaissance, alors toute récente, de l'Égyple et de ses au mystère; hiéroglyphes, prédisposait les esprits traces visibles dans cette contrée d'un enseignement sa- les cerdotal et d'une écriture hiératique, faisaient croire volontiers que partout ples et s'était la civilisation était répandue des symboles. Par une à l'aide rencontre qui semblait décider vrait au même la question, l'Inde ou- instant ses pagodes remplies de figures allégoriques et déroulait ces immenses on attribuait un âge fabuleux, et philosophie subtile et profonde, brillant et tem- sortie des énigmatique ; c'était le poëmes auxquels dont on admirait le langage à la temps où, sur des Indous, on donnait auii Purdnas, les derniers la fois la foi pro- DE L'ÉCOLE SYMBOLIQUE. une antiquité de quatre duits de la liltéralure indienne, ou cinq 29 ans. Ajoutez-y l'étude alors nouvelle des raille dePom- vases étrusques et la découverte encore récente péi et d'Herculanum. L'archéologie prenait sioPx qu'elle n'avait fois qu'on étudiera une exten- pas eue jusque-là. Mais, toutes les la mythologie d'après les monuments on sera conduit au symbolisme, car ce n'est figurés, que par des symboles que pierre la exprime les idées. Enfin, par une attraction facile à comprendre, c'est surtout aux écrivains alexandrins, dont le à Proclus tour d'esprit se rapprochait s'adressait de préférence. n'a jamais eu le On du , sien, à Porphyre, que Creuzer peut dire que l'antiquité sentiment de ses origines; mais, eu un temps où l'on a surtout méconnu l'esprit s'il y a des âges primitifs, c'est l'époque alexandrine, qui confondait toutes les croyances et amalgamait les religions après les avoir dissoutes par l'allégorie. Trompé par des guides si peu surs, n'ayant pas d'ail- leurs les instruments philologiques qui auraient pu le mettre en garde contre ce genre d'erreur, Creuzer ne distingue pas les emprunts faits par une religion à une autre des affinités d'origine, ni les simples rencontres dues à l'identité de l'esprit humain des ressemblances provenant d'une tradition commune. blier enfin de joindre populariser la suite de le la Il ne faut pas^ou- aux causes qui ont contribué symbolisme, l'esprit Révolution française à de mysticisme qui, à et pendant l'Empire, couvait déjà dans beaucoup d'intelligences, et devait DE L'ÉCOLE SYMBOLIQUE. 30 éclater un peu plus tard dans la littérature, la philoso- phie et la politique. Le système de Greuzer partait d'un principe testable qu'il ne tarda pas à soulever Lobeck, dans son savant et traça le mordant Ji^laophatnus, et fit mieux : modèle d'une mythologie nouvelle qui, sans en tenant compte des différeuces de races parti pris, de con- objections. les ébranla les bases du système. Ottfried Muller il si familles, et en se servant de l'analyse étymologique en s'inspirani par-dessus tout d'un vif sentiment de , la nature, cherchait à pénétrer la signification naturelle ou historique des fables (1). Les livres de M. Welcker et un certain nombre d'excellents travaux, parmi lesquels il faut citer surtout la çus dans le même Mythologie de qui avaient fausse voie. con- esprit. Mais cette science devait mêmes Preller, sont être renouvelée par les études un moment failli La philologie la mettre dans une sanscrite avait suivi son cours, monuments et n'avait pas tardé à reconnaître que sortis les premiers du sol de Tlnde, étaient ceux qui avaient été le plus Purdnas on trouva on arriva à vétlas fut à celle du récemment enfouis. Au-dessous des les poëmes épiques la littérature pour la les védique. ; un peu plus tard La connaissance des mythologie une découverte analogue sanscrit pour la grammaire comparée : on ne pourrait en donner une idée qu'en supposant que les chants d'Homère, qui auraient (1) manqué jusqu'à présent Prolegomena zu einer wissemchafllichen Mythologie. DE L'ÉCOLE SYMBOLIQUE. 31 à la littérature grecque, fussent rendus tout à coup au jour. Pour la première fois solide pour juger une époque primitive nouveau d'une tacle on se trouva sur un et sur l'enfance qu'il de l'humanité. autre surprise fut de retrouver rations faites par le temps, et siècles. Ottfried grecque, il spec- on sut au juste ce ; Grèce, mais débarrassés de toutes (et le penser des hypothèses émises sur l'origine des croyances religieuses Une on eut religion sans théologie, d'un en- semble de dieux sans théogonie fallait : terrain dieux de pu en nous comme rajeunis de plusieurs la langue parvenue dans Homère est dire autant la additions et les alté- Muller compare quelque part telle qu'elle aurait les les de la mythologie), à une qui aurait été mise en pièces, et recomposée après toile coup : védas nous montrent les former sur le la toile veau signalèrent cette découverte ceux de M. Kuhn faut placer en voie de se métier. Des travaux d'un genre tout nou- et : au premier rang de M. Max ÏVluller. il Le premier a analysé avec une rare pénétration un certain nombre de mythes, tels que les Centaures, les Érinnyes, Prométhée été également tielles (1). (t) M. le ait par lui de ce travail a dans ses parties essen- Muller a exposé avec une grande sù- aperçu Tanalogie du mythe de Cacus avec celui de dans son Rig-vedœ spécimen, h. vi, Les articles de M. parée, et dans celui qui fait le sujet traité Max Le premier qui Vritra, est Rosen, : Kuhn 5. se trouvent dans son Journal de Philologie comJournal d'Archéologie allemande, de M. Haupt. Le myihe de Prométhée forme un livre à part, analysé et complété en certains points par M. Baudty dans la Revue germanique; M. Réville en a donné un exposé dans la Revue des Deux-Mondes (1862). DE L'ÉCOLE SYMBOLIQUE. 32 de critique lelé il les principes de la mythologie comparée a joint à sa démonslralion quelques analyses de thes qui peuvent passer pour autant de petits : my- chefs- d'œuvre. nous avons choisi Si poursuivre les européennes, de Cacus pour en fable la ramifications dans les mylhologies indoet donner de sorte la un exemple de la nouvelle méthode, c'est que l'explication de cette fable a un caractère de certitude qui frappera tous les yeux. Nous « avons dû, en route, nous restreindre autant que possible et repousser tous mythe. On concerne livre la les les développements secondaires du trouvera groupés avec mythologie grecque et art, en ce qui germanique, dans un de M. Schwartz, rempli d'une science solide précieux rapprochements (4). Il et de y a un reproche qu'on m'adressera probablement, et dont je tiens à m'excuser avant de j'ai finir suivi est : on trouvera sans doute que l'ordre que peu scientifique, et qu'il eût été plus ra- tionnel de partir de la mythologie des védas, pour arriver suivant l'ordre des temps, à les aux la Grèce recherches de ce genre sont encore esprits en France, que j'ai et à l'Italie; si mais peu familières craint de dépayser le lec- teur, en le transportant dès l'abord en pleine littérature védique. nissant temps, (1) J'ai le mieux aimé l'y amener peu chemin autant que je l'espère, de Der Ursprung dcr à peu, lui apla- possible, et lui donnant le prendre confiance dans son guide. Mijlliologie. DU CABACTERE PRIMITIF DE LA MYTHOLOGIE LATINE ET DE LA TRANSFORMATION QU'ELLE SUBIT. Renfermés dans les montagnes de préservés par lem- isolement de tact la l'Italie centrale et confusion que des religions étrangères introduit dans le con- l'esprit d'un peuple, les habitants du Latium et de la Sabine conser- vèrent plus fidèlement que leurs frères de la Grèce traditions religieuses des ancêtres de leur race. cupations uniformes, déterminées par le les Des oc- retour des sai- sons, en les remettant toujours en présence des mêmes forces delà nature, c'est-à-dire, d'après leurs croyances, Ses mêmes dieux, les empêchaient d'oublier leurs an- ciennes conceptions mythologiques. L'amour de dition, un esprit timoré et la tra- peu propre à l'invention poé- tique, l'attachement patriotique à des divinités qui eu- DU CARACTÈRE PRIMITIF 34 de bonne heure un caractère tout national, furent rent cause que, pendant de longs siècles, les Romains conservèrent intact le dépôt des vieilles croyances, tandis que préludaient aux les variaient à l'infini et Grecs les créations de leur génie en faisant de leur mythologie leur première œuvre d'art. durée sion l'autorité du causes de faut ajouter à ces Il d'une caste privilégiée, seule en posses- rituel, et dont la politique était liée au maintien inviolable de la religion. Aux traditions primitives, fonds arienne, la race mythologie romaine ajouta seulement un la nombre de dieux certain commun de sans histoire ni fort simples, généalogie, presque sans corps, et indiquant clairement nom par leur l'acte de fiaient. force naturelle ou la qualité morale, la vie domestique ou guerrière qu'ils personni- la Tels furent les Pénales, Saturne, tumnus, Mercure, Bellone. Il Pomone, Ver- arriva aussi, comme dans toutes les mythologies, que certains attributs, se déta- chant des plus anciens dieux, nouvelles ; que Pilumnus c'est ainsi surnoms de Mars, devinrent des (1) Pilumnus broie et le et Picumnus^ deux êtres indépendants (1). Ptcumnus, deux anciens participes et présents, le dieu qui dieu qui fend. Le pilum, avant d'être Tarme du soldat romain, célèbre chez les historiens, fut contraction et fornièrent des divinités de. pistillum Pilumnus, comme boulangers. Ptcumnus trouve àanspicus, le et vient le dit pilon qui sert à broyer le blé. (^'n.IX, 4), le comme yp»?'''') signifiait encore employé dans le si une dieu des fendre; on la qui creuse le tronc des arbres pour y chercher sa nourriture et y loger ses petits (Pline, X, 18, 20), et dans le xerhe qui, est de pinscre. PJtaestle vase où Ton broyait, expressément Servius vient d'une racine pic qui veut dire le pic-vert Pilum dans le principe gratter , pingere graver, et se trouve sens de broder, par exemple dans Cicéron (Stragulum DE LA MYTHOLOGIE LATINE. Quant aux ilieux aussi abstraits aux sidaient Adeona ou Abeona^ un noms d'autres dont les dieu, qui types la la une déesse, vie, Bonus Eventas^ et se trouvaient dans les tamenla^ ce sont les dernières religion que nombreux qui pré- de accidents mille :J6 tant Iiidigi- et pâles productions d'une ne sut jamais fortement imprimer à ses marque de L'originalité des la personnalité. Romains éclate, au contraire, dans le culte: les cérémonies, les sacrifices, les formules sacrées, les présages, ne se trouvent nulle part en aussi grande abondance. Le prêtre, par ses conjurations, exerce son pouvoir sur le ciel en traînant dans la ville une pierre : qui se trouvait près delà porte Capène, on faisait tomber la pluie (1); dre (2). gieuse il y avait des formules pour attirer Ami de comme la règle, le la Romain ordonna vie civile : en latin, le la la fou- vie reli- même mot, agere, s'emploie pour la procédure judiciaire et pour le rite du sacrifice. Quelques mythes plus anciens que la race latine et les dieux d'un caractère tout pratique qui sont proprement l'œuvre de cette race composaient encore, avec toute la religion des textile, magnificis operibus pictum. voulait dire celtii qui tins comme (1) cellini (2) Romains, quand fend signifiant cehii Tusc. V, 2!). Le les le rituel, guerres puni- nom de Picummis, qui la terre, a été interprété par les étymologistes la- à qui est consacre l'oiseau picus. Yoy. Festus (dans l'abrégé de Paul Diacre) au mot AquUicium Cf. For- au mot Manalis. On rappelait Jupiter Elicius. Les passages relatifs à révocation de la foudre ont été rassemblés dans un ingénieux travail sur r Électricité cliez les anciens, de M. Boullel. DU CARACTÈRE PRIMITIF ae Rome ques, en jetant hors des frontières de mirent en présence de la mythologie grecque. la l'Italie, Il est vrai qu'elle avait déjà rencontré les dieux grecs en Étrurie et dans le sud de à Rome, dès ville, la la le Péninsule un certain nombre de par mer, la quand Syrie, en Egypte ; les hellénique. trouvèrent en Grèce, mais en la la Romains pri- comme en- Non-seulement Asie Mineure, en donné religion grecque avait déjà la de siècle de traditions de qu'ils se virent religion la divinités et c'est surtout rent possession de vironnés surtout avait introduit commencement du quatrième Grèce (1); mais ils Cumes : des preuves de sa singulière force d'expansion en s'imposant aux classes lettrées de tous les peuples où avaient pénétré les armées d'Alexandre; elle la prouva une dernière fois en s'assimilant la religion romaine. tance même avec laquelle pour tacte jusqu'alors fut celle-ci s'était elle La persis- maintenue une cause de ruine naïves croyances du premier âge de Rome ne la foi, bornée l'avait créée, sans ne se grecque, que pendant des les Ci) les Com- mythologie latine, œuvre d'une époque d'igno- rance et de relevé, : pouvaien t convenir plus longtemps aux maîtres du monde. ment in- comme réponse sur serait-elle la libre l'horizon les du peuple qui questions d'un ordre pas effacée devant la mythologie imagination du peuple n'avait cessé, siècles, de transformer et d'enrichir, que poêles avaient coordonnée et où les philosophes pré- Moaomseo, Rômische Geschichte, p. 287. DE LA MYTHOLOGIE LATINE. 37 tendaient découvrir les symboles des vérités les plus hautes et les plus abstraites théâtre, riches la Les arts, Rome, y en s'introduisant à dieux de ? la poésie, le apportaient les Grèce avec eux. Bientôt, l'éducation des Romains, dirigée par des étrangers, devint toute grecque; tout concourut à faire tomber en oubli, avec une rapidité incroyable, chez les élevées, la religion nationale. vu naître ce mouvement, fut Romains des classes Le vieux Caton, qui avait un étranger dans sa patrie à la fin de sa vie. Ceux qui auraient pu changement des surveiller ce esprits, les prêtres, les magistrats, le sénat, n'en tenaient compte : que cérémonies restaient les la religion leur paraissait intacte les mêmes. du moment S'ils quelquefois, c'était contre les corrupteurs du sévissaient non culte, contre les réformateurs des croyances. Pourvu que les consuls continuassent à prendre les auspices et que les sacrifices traditionnels eussent lieu au Capitole, ils ju- geaient que Tancienne religion était maintenue. Les rites d'ailleurs patriciat avec étaient depuis devenus eux-mêmes moins chers au en qu'il les plébéiens. Il il la connaissance ne faut pas oublier enfin, pour expliquer cette invasion pour l'antiquité partageait rapide des dieux grecs, que si n'y eut jamais de faux dieux culte était réputé légitime du moment qu'il : tout avait des adorateurs. La plupart des anciens dieux furent conservés, mais de nom seulement. Mars, le patron des mâles travaux DU CARACTÈRE PRIMITIF »8 des champs, à qui Caton, dans son ouvrage sur l'agri- recommande culture, d'offrir bœufs, que veille sur les les Frères Arvales prient d'arrê- nom son ter les contagions, prêta des sacrifices pour qu'il à TArès grec et devint borné le dieu de à protéger les semailles et dont l'évliémérisme romain faisait Saturne, dont la guerre. un ancien roi de de tous les mythes que et hérita fait souvenir à temps qui le coq de l'Athéné grecque, des sciences et d'un ordre tout à père de Zeus. Minerve, qui , fille arts. théogonie grecque la laboureur de ses travaux (1), à le consacré était substitué à Kronos, l'Italie, fut nom du avait rattachés au le rôle s'était se vit appelée à dignité de Jupiter, protectrice des arriva que Il la des dieux latins secondaire se trouvèrent tout à fait coup placés au premier rang, pour représenter quelque grande divinité de Un succession. des biens de de l'histoire Bacchus de (1) Le en men-dax. Le monet l'Asie Mineure le Dionysos thébain, et celui Mener va de l'Inde. le Qu'on juge vient de la racine man (pen- men-s, me-min-isse, remm-isci, men-tio, Men-erva est formé à l'aide du même suffixe que protDe Menerva vient le verbe promenervare qui se trouve em- chant salien avec (Festus, p. 196). Servius, plutôt là le fêtes, substantif Menerva chez (2) de Bacchus, de son culte et de ses inenou min. De ervus, ac-ervus. ployé dans recueillaient la Liber (2), fut mis en possession la table, nom de Miner va ou latin ils obscur génie qui présidait à l'abondance dans sa personne et réunit ser), Grèce, dont la Quiutilien, Géorg. grec et libare en latin. le Minerva I, 7. I, sens de monere. dicta Promenervat item pro (le même, p. 91). quod bene moneat 4, 17. Son nom renferme la racine qui a fait Xeiêeiv en DE LA MYTHOLOGIE LATINE. de tous dans les tours fallut pour faire entrer cadre étroit de la religion romaine le complexe gie de force qu'il 39 et savante des Grecs même de mot pour poëte profane: les Camènes, nymphes qui Muses à un peuple qui n'avait pas désigner le mytholo- trouver des fallut Il ! la rendaient leurs oracles auprès des sources, durent se prêter à ce rôle. Par une invention qui dépasse les au- en hardiesse, Livius Andronicus, au début de son tres ayant besoin d'une Mnémosyne, invoque Odyssée, déesse Moneta, la gardienne de la monnaie L'histoire même des premiers temps de la (1). Rome ne put échapper à ce déguisement universel. Une nuée de Grecs, prétendus historiens, flatteurs du peuple dont ils défiguraient les annales, rattachaient, par des généa- logies fictives et des émigrations imaginaires, Thistoire de Rome à celle de la Grèce (2). Une tradition ancienne déjà, quoique ne remontant pas, suivant toute appa- rence, au-delà du quatrièuie siècle de descendre les Romains d'Énée, et Rome (3), faisait leur donnait ainsi une place dans l'épopée d'Homère, où tous les peuples voulaient retrouver leurs ancêtres. D'un autre côté, pour unir plus étroitement les Romains imaginé tion, l'histoire qui, par toutes ses circonstances, trahit d'elle- Voy. Hartung, Die Religion der Komer, (2) On I, p. 253 n. peut voir dans Festus, au mot Jioma, ou dans Solin liste d'écrivains (cliap. l), la lon- grecs qui se sont appliqués à dénaturer les origines ro- maines, (3j avait del'Arcadien Évandre, faible concep- (1) gue aux Hellènes, on Voy. Mommsen, ouvrage cité, I, p. 303 DU CARACTÈRE PRIMITIF 40 même plus on confondit ; Rome de et sa date récente (1). Mais bientôt cela ne suffit ; de traditions falsifiées les la Grèce pour rendre compte de l'origine des dif- férents peuples de l'Italie, on inventa des héros imagi- naires; un et si une ressemblance dans l'on croyait découvrir nom ou dans un usage, on concluait à un emprunt, pour expliquer l'emprunt on supposait des voyages impossibles. Nous citerons un exemple singulier de ce syncrétisme, parce qu'il se rattache au sujet de ce travail et qu'il vêtit à nous représente Rome l'histoire la la dernière forme que re- légende que nous allons étudier. C'est d'Hercule et de Cacus, telle qu'elle est expo- sée, diaprés beaucoup d'auteurs, dans Denys d'Hali- carnasse. Hercule est un général grec, premier le guerre de son temps, grand ami de homme de la civilisation, libé- rateur désintéressé des nations opprimées. peuples de sages constitutions, réforme Il donne aux les lois mau- vaises, fonde des villes, construit des routes, endigue les fleuves débordés. Il vient en Itahe, non pas chassant un troupeau de bœufs devant tête de l'armée avec laquelle il le , mais à la a soumis l'Espagne. Obligé de séjourner quelque temps en tendre sa flotte retardée par lui seul, ni Italie mauvais temps, pour il at- arrive Rome et y fait camper ses troupes. Un roi barbare, du nom de Cacus, surprend son camp pendant la nuit à et lui Ci) enlève du butin ; Hercule l'assiège dans sa forte- Voy. Bormann, Kritik der sage vom Kônige Euandros. Halle, 1853. DE LA MYTHOLOGIE LATINE. resse, qu'il prend d'assaut, territoire est des Arcadiens, roi alliés Faunus, et Avant de s'embarquer, le ennemi et le roi partagé entre les 41 est tué. Son d'Hercule, Évandre, des Aborigènes. roi chef grec licencie ses vété- rans et fonde une colonie composée d'Épéens, de Phénéates et de Troyens. Palas, fils, 11 mort jeune et cule, ville Faunus éléen les (il établis à ne restèrent pas étrangers à ils : aux colons le Épéens y introduisirent le pays deux nom au mont qui donne son Palatin, et Latinus, adopté par race latine. Quant dans laisse aussi et chef de Rome la par Her- riiistoire culte de de la Kronos ne faut pas oublier que l'auteur grec parle de Saturne); les Phénéates accrurent le peuple d'Évandre, leur compatriote, et les Troyens, qui avaient été engagés dans Farmée d'Hercule à la suite de prise de Troie la sous Laomédon, firent obtenir un peu plus tard un accueil amenés par Énée(l}. bienveillant à leurs concitoyens L'histoire de Cacus conservée par Solin moins extraordinaire. Cacns en Étrurie par le roi (2) n'est pas un ambassadeur envoyé est de Phrygie Marsyas par Tarchon, roi des Tyrrhéniens, il : mis en prison trompe la surveil- lance de ses gardiens, s'en retourne en Asie et revient avec des troupes s'emparer des bords du Yulturne de (1) la Campanie. C'est au moment où Voy. tout ce récit dans Denys d'Haï. I, pas là des singularités : toute l'antiquité a la thologie. XV; (2) il voulait ajouter 41 et suiv. Ce ne sont d'ailleurs même façon d'envisager la En ce qui concerne Hercule, voyez Diodore, IV; Ammien Cornélius Népos, Vie d'Annibal, chap. Chap. 1. 3. et my- Marcellin, DU CARACTÈRE PRIMITIF 42 concédé aux Arcadiens à ses Etats le territoire tué par On demandera Hercule. Marsyas figure dans ce dont romaine. l'histoire mythologie la le à cause des Marses, c'est : Rome sonne à y vainement chez mots sur la Il ait nom (1). pu Du moins on ou les Au temps de ne connaissaient les plus instruits : Cicéron (2), parlant de Var- ron, dit que ses écrits ont rendu leur patrie qui s'y trouvaient môme dont était les fort comme étrangers. Mais Varron lui- noms, conservés par Il le établit toute qu'il appelle incertains, et rieux pourtant des bonne lieu Un peu va dire des autres. foi les peuple ou par il une dieux le rituel, classe que de garantir ce plus tard Virgile, si comme origines romaines, il croyait il a le consommé faire, le le mélange des race, de la Grèce sur ses vainqueurs. (2) Academ. natur., II, 3. III, 17. au poëme des tradi- tions et consacré cette victoire morale, dont parle (1) Pline, Hist. cu- antiquités de sa patrie, accepte de toutes les inventions qui avaient cours, et, d'écrire, de aime mieux effacer tout ce qu'il a dit des dieux certains qu'il aux Romains empêché d'exphquer tous étaient arrivés jusqu'à lui. dieux chercherait poètes quelques transformation qu'elle subit. plus l'ancienne religion que per- être dénaturée sans les historiens hommes César, les traitée était ne faut pas s'étonner après cela garde. prît pourquoi peut-être comment, au temps d'Auguste, Voilà que expliquer fallait il récit qu'il est Ho- DE LA MYTHOLOGIE LATINE. Sans doute travail d'assimilation entrepris sur la le pour point de dé- religion et les traditions latines avait part une idée vraie une effet à même une époque que épique de la 43 les ; deux peuples appartiennent en race. Mais cette parenté ni les souvenirs de l'Italie, remonte à ni la poésie Grèce ne pouvaient atteindre. Les légendes inventées après coup, les substitutions de dieux, les altérations de noms, loin de mettre en lumière primitive des Italiens et des Grecs, ne devaient curcir ; pendant ce temps les titres l'affinité que l'obs- de parenté authen- tiques restaient cachés au fond de la langue et dans quelques mythes antérieurs au développement distinct des deux religions. de ces les titres, Il faut donc, avant de produire l'un en corriger les altérations et additions de seconde main. La en retrancher romaine religion ressemble à un de ces manuscrits qui ont reçu récriture de deux âges différents faut supprimer par pour emprunter a porté le latine est les pour pensée comme un : plus ancienne;, celle qui l'a recouverte termes de l'éciivain qui (1), la le ; il ou, premier mythologie temple qui aurait été renversé pour une construction plus moderne, tombée à c'est au plus profond du de deux époques, de deux Hartung, ouvrage cité, I, p. ix. sol , sous les ruines civilisations différentes, qu'il faut chercher les fondations (I) lire la jour dans cet ordre d'études faire place à son tour la : de l'édifice. II. LA LÉGENDE LATINE. SANCLS ET CjECIUS. Ce qui l'action résista le mieux dans absorbante de la la mythologie latine Grèce, ce sont quelques tradi- tions liées de temps immémorial aux origines de de Rome, et faisant tutions nationales. de les cité à supprimer, la ville corps en quelque sorte avec les L'orgueil romain n'eût pas et, s'il à insti- permis donnait avec plaisir droit de des héros grecs, c'était à condition qu'ils ne dé- rangeraient pas l'ordonnance de ces anciens récits. Le peuple d'ailleurs avait sa tradition vivante se perpétuant à côté de la tradition littéraire, et moins accessible à l'intrusion d'éléments étrangers. les noms La vue des lieux qui y étaient attachés, les fêtes publiques qui rappelaient les faits de l'histoire fabuleuse de les enfin et Rome, et corps de prêtres spéciaux qui étaient chargés d'en LA LÉGENDE LATINE. 4S célébrer la mémoire, étaient autant de soutiens pour les débris de ces anciennes croyances. C'est ainsi que l'histoire de Romulus intacte Rémus nous monuments et les laient tous les jours nom de la ville, de vénéaccidents mêmes du sol rappe- au citoyen romain. La légende d'Hercule mêmes de Cacus a survécu pour et grecque a pu changer raisons. L'influence noms des personnages; mais drame étaient trop fortement les ses la Rome monuments C'est tin, la rappelaient à resserrée entre l'Aventin et le Pala- On v vovait le la scène de l'action forum boariuin où avaient bœufs amenés par Hercule sur l'Aventin, on montrait la loin de par son latin , là par , nom la le le vainqueur d'un côté, nom la à^ échelle lutte, à Jupiter Inventor. Trigemina rappelait porte Non également de l'autre côté, présente plus spécialement Diod. IV, 21. et monstre dompté par Hercule. Le Pa- souvenir du triomphe (1) le maison de Cacus, théâtre de la l'autel élevé ; descente en pierre qui, au temps de Diodore(l), portait encore de Cacus, vieille chaque pas. qui forme en quelque sorte été parqués les La du des rois, était pleine de cette histoire; la vallée légendaire. du l'esprit les effacer. les les traits essentiels imprimés dans peuple pour qu'elle essayât de Rome, peu près que le fable étrangère au récit rables est arrivée à main hardie n'aurait osé substituer une nulle : et : là se trouvait Wira le maxima, LA LÉGENDE LATINE. 46 consacré à Hercule victorieux courue par avec cule, le la , voie triomphale par- héros à son retour, et même dieu s'élevait sur auprès de l'autel de Jupiter Inventor monuments, ce sont les temple d'Her- Un statue du dieu triomphateur. la temple du Avec le bords du Tibre les (1). les cérémonies dont ces lieux étaient les témoins qui perpétuaient venir de la légende par le : elles Ni distingue. les les ni les enfants, ni les affranchis, ni les esclaves, admis aux n'étaient hommes libres seulement y prenaient part. dieux, mais les autres comme deux anciennes Ils la pour couronné et présidait à cérémonie; Pinarii familles, les Potitii et les les : assis- y c'était l'usage découvert le front Le préteur urbain lauriers. maxima de Xara sacrifices taient sans se voiler la tête, de sou le ont frappé tous les écrivains caractère archaïque qui femmes, autre (2), avaient seules le droit, l'une d'offrir, l'autre de desservir Aucune autre divinité ne devait le sacrifice. dans les prières. Après que lée, elle était partagée, sistants ; du pain et au la invoquée immo- victime avait été nom du vin être d'Hercule, entre les as- étaient ajoutés au repas une coupe colossale en bois, donnée par Hercule (1) Macrobe, Sat, HT, partait xn, 24. Soiiu, cole. (2) Le sillon qui et marquait Voy. aussi G.-B de Rossi, I. la lirai fe Le nom des comme de l'ancienne 18j4, p 28 sv. Potitii semble indiquer une ancienne prééminence faisait Rome maxima. Tacile, Annales, l'Ara massima ed il tempio d' Er- embrassait VAi-a Mémoires de r Institut archéologique de Rome, aux Pinarii, on conte, G. du Forum Boarium, ; lui- dériver leur nom du mot grec irôîva, ; quant en ajipuyant d'un à l'ordinaire, cette étymologie fictive (Serv. JEn. W\\, 269). Les Pinarii sont probablement ceux qui sont chargés des provisions (penarii). LA LÉGENDE LATINE. même, servait aux libations (1). Le repas se faisait avec on n'y recueillement; les prêtres saliens se que les les autres, comme aux pas couché, était autres sacrifices, mais assis (2). dis 47 Pour terminer partageaient en la fête, deux chœurs; tan- plus âgés entonnaient les louanges du dieu, par la pantomime, représentaient aux yeux sa victoire (3). Telle était la forme du premiers temps de Rome, sacrifice ordinaire. il se de Vara maxima^ nourri par lauriers. A mesure que la les renouvelait souvent tous les dix jours, suivant Varron, nait de Dans ville le le : peuple s'en revedieu et couronné s'accrut, les repas devinrent naturellement plus rares, et finirent par se borner à un sacrifice annuel. Toutefois de riches Romains, Lucullus, Cassius, Hérennius, tinrent à honneur de renouveler cet antique usage, peuple entier aux tables de Mais il l'autel s'y célébrait en outre, convoquèrent et maxime. aux jours de triomphe, Et sacer implevit dcxtram scyphus. (l) yEn. Cette coupe avait un nom : elle s'appelait Vm, 278. atnmcvium ou atavium suivant atanulum ou attanabo suivant d'autres. Les prêtres eux-mêmes pelaient d'après un vieux mot sabin Ciipenci. (Servius, ,^n. XII, .j39.) Festus, Gramineoque (2) viros locat ipse sedili ; Praecipuuraque toro et villosi pelle leonis Accipit vEnean, solioque invitât acerno. ' yEn. VIII, 176. Hic juvenum chorus, (3) Herculeas ille senum; qui carmiae laudes et facta feront. ^n. Comp. le le commentaire de Servius. VIII, 28S. s'a|>- LA LÉGENDE LATINE. 48 des sacrifices extraordinaires; ces jours -là d'Hercule jetait revêtue des ornements triomphaux. (i Le généial de paré à l'image , sur un char victoire sur la statue la le parcourait , route qu'Hercule avait suivie après sa Cacus de : même que le dieu avait cédé au peuple une partie des bœufs reconquis, déposait statue la chef romain le dixième du butin sur Vara maxinia^ pour être distribué aux citoyens, public devant l'autel (2). et les conviait à un repas Ainsi la victoire d'Hercule sert en quelque sorte de type aux victoires romaines tiiomphe dont riens fondation est rapportée par la : le les histo- à une date historique, se dessine déjà dans la légende. \]ara il maxima ne servait pas seulement à ces avait un caractère particulier de sainteté. C'est venait jurer, sous la voûte la main, même les contrats les de l'autel, du ciel, tête nue, fêtes là un qu'on silex à plus sacrés. D'ailleurs le ara maxima^ en : nom faisait assez ressortir l'importance. Les monuments, le culte, les cérémonies, attestent l'antiquité et le caractère national du dieu : était il en- core fort en honneur au temps d'Auguste, puisque TiteLive, au début de son ploits romains par aussitôt (1) histoire, la victoire que son héros a mis Cette statue était si le ancienne qu'on ouvre Tilulus Mumintanus, |» des ex- d'Hercule, et que Virgile, pied sur la la terre destinée regardai plus tard l'œuvre d'Évandre. (2) Ritsclil, la série II et IX. comme étant LA LÉGENDE LATINE. à ses descendants, combat dont ces Ovide, les récit le fils du Tibre. Pendant de Vulcain, monstre à le , il les enlève en pour empê- ses génisses, et, dans son antre. Mais lui qu'il laisse paître trois têtes, lui cher qu'on ne suive leurs traces qui entraîne en ar- mugissement des vaches ont été volées avertit Hercule : court vers il caverne fermée de toutes parts, où son ennemi plein de terreur, s'est retranché. avec tassés les ar- l'Italie et un brigand, depuis longtemps redouté, Ca- secret quelques-unes de rière et circonstances principales. rive sur les bords cus, avaient été lieux, suivant la tradition, Hercule, vainqueur deGéryon, traverse ses bœufs, du premier Voyons-en, d'après Virgile, Properce théâtre. le entendre lui fait 49 vaches, tous les trésors Il , la déjà en force l'entrée; que le brigand a en- dans son antre, paraissent au grand jour. Her- cule l'accable de ses traits; malgré ses cris, malgré les flammes et la fumée qu'il vomit et qui l'entourent de ténèbres, le dieu l'étreint et le tue. Le corps informe du monstre tombe aux pieds du héros. Hercule élève alors un autel à Jupiter qui a trouvé les bœufs (Jupiter institue le culte qui lui sera rendu à Inventor), et il même. Une circonstance moins connue, c'est sœur deCacus révéla la retraite récompense un temple où on comme pour (1) Lactance, I, de son frère Serv., Vill, 190. qu'une et obtint en brûlait en son honneur, Vesta, un feu éternel (1). 20, 36 lui- 50 I Telle est A LÉGENDE LATINE. légende réduite à ses la traits essentiels. Nous ne nous arrêterons pas aux commentaires des écri- vains qui ont voulu en dégager un événement histori- que : retrancher primer, et la merveilleux d'un mythe, c'est le prétention de l'évhémérisme, de le sup- recon- derrière les figures mythologiques des person- naître nages réels que l'imagination populaire aurait transfor- més en dieux, est vaine, toutes les fois qu'elle s'appli- que à une époque primitive. Ce ne sont pas des hommes divinisés qui se trouvent sur le seuil l'histoire : ce hommes. Reconstituer sont des dieux transformés en les de premiers temps d'un peuple de l'antiquité à l'aide de ses légendes , c'est prêter époque où l'homme, encore spectacle de la nature , distinguer. Considérons comme un forme mythe, qu'il a et sens historique à une le ébloui commençait donc le récit troublé du et à peine à s'en qui nous occupe essayons de restituer première la eue à Rome. Une circonstance frappe tous yeux les : un mythe c'est la latin. Ce présence d'un héros grec dans demi-dieu, de Jupiter, gagnant l'immortalité par fils ses exploits, est à sa place lénique une Il c'est : trait le du Romain ne doute, l'Italie sens grec du mot intermédiaires il mythologie hel- la figure étrangère à la religion latine. ne paraît pas que dans dans lui ; ait jamais eu l'esprit à la fois de héros net et abs- a pas permis de créer des êtres entre les dieux et les hommes. Sans connaît des génies d'un ordre plus ou moins LA LÉGENDE LATINE. relevé, qui président viennent dans la vie ; mais des demi-dieux tenant à la fois du la réussie, où elle et inter- aux Mânes de ses ancê- il sacrifie comme ciel et Thésée, Persée, Héraclès, de la terre, Rome que fit est le voit pas Romu- une tentative tardive ne renouvela et mal jusqu'au temps pas, de César mort un demi-dieu. Hercule ne peut donc pas être rait à on n'en mythologie latine. La transformation de en dieu Quirinus lus aux actions humaines mort, ont pris place parmi les dieux; tres qui, après leur dans SI le dieu qu'on ado- Vara maxinia, qui triomphait de Cacus suivant cérémonial consacré, et que célébraient Le héros grec a usurpé frères Saliens. les la chants des place d'une ancienne divinité latine dont nous connaîtrons bientôt nom. Mais, avant de poursuivre le celte recherche, qu'on nous permette de nous arrêter un instant pour préve- une objection qu'on nir ne manquerait pas de nous faire. En disant qu'Héraclès est nous ne prétendons pas romaine du de la nom Sabine une importation hellénique, qu'il n'y ait d'Hercule. Mais l'Hercule veillant sur l'enclos et la son rôle, se du Latium maison. Par sa nature rapproche du dieu Terminus déesse Horta, et plus encore des dieux Pénates. voque parmi et un dieu champêtre, un génie domesti- est que il pas eu une divinité les Semones, de On Domesticus^ ; il la l'in- c'est-à-dire les génies, côté de Cérès, de Paies, de Flora de Rusticusy de et et à porte les surnoms de Genialis, d'Jqres- LA LÉGENDE 52 //.y(l}; 1-ATINE. sur son autel, qu'il partage avec Silvanus, offre les prémices des champs, du troupeau et de oti la vi- gne. C'est de cet Hercule et non de l'Héraclès grec que parle sans doute Denys d'Halicarnasse, quand adoré dans toute qu'il est l'Italie, et rencontre ses autels et ses temples suffit II di (2). Hercules pour voir commun. Le nom gnification, est 'EtsoxV^ç. Au que grec, quelle les noms de qu'ils n'ont rien soit d'ailleurs sa si- un mot composé comme 'ApicroK^Àç ou contraire, le nom latin est probablement un diminutif. La forme et que partout on y de mettre l'un à côté de l'autre d' HpajtV^ç et dit il un mot simple, la plus ancienne, conservée par Cicéron, paraît avoir été Herculus (3), qu'on peut rapprocher des anciens noms mythologiques comme Romulus^ Faaslulus, Cœculus. La racine du nom est le verbe hercere, herciscere^ qui veut dire enclore^ séparer, et qui est fréquemment employé dans langue du droit pour désigner d'un héritage (1) Orelli, : le partage d'une propriété, familia herciscunda. Le participe her- Inscript, lat., 1538. Table votived'Agnone. regni Neapolit., 4495,5757. Ritschl, I, Cic, Academ., vocatif. On l, 15. 10. 2,34. L'interjection Hercule, ffercle la ! est sans doute forme ffercle (voca- trouve sur les monuments Herclus (Mommsen, Unieritalische DiaQuelle que soit d'ailleurs possible qu'il soit l'équivalent commencer par un s. la terminaison de ce mot, du grec Héraclès; autrement, le C'est à ce signe qu'on reconnaît les vement idenfques comme sepie7n, ëpTieiv. ii, Les vases étrusques portent ordinairement lecte, p. 262). vrait Inscript, 40. (2) (3) tiO. Mommsen, Monumentaepigraphica tria,\h Zoëga, Bassi Rilievi, H, p. 115. Macrobe, HT, un la eTita; sex, s?; sequor, il nom est im latin de- mots primiti- ÊTtofxai; serpere, LA LÉGENDE LATINE. cturn désigne bien-fonds composant le Hercule paraît avoir été génie protecteur de Hercules la le ment Z-/iv et Janus. Mnemosyne. Dans est il Ss^ls^yi cet et noms genre le : la Stimula, pour Moneta les latin a et perdu domestique a disparu et de monstres. appartient du reste à une plupart des substitutions double voisinage de l'Étrurie Grande-Grèce introduisit de bonne heure chez de son a fortuite arrivé pour nspaeçov/i et et le génie époque plus ancienne que la divinités originaire- héros vainqueur de brigands Cette confusion de même le comme Zeùç et Jupiter, amalgame, l'Hercule son véritable caractère, du frères, Ce sont deux comme Proserpine, pour le dieu veillant sur l'enclos, qu'une ressemblance distinctes, derrière patrimoine. Héraclès ne sont donc pas deux formes et confondre, fait le maison. du même nom, deux dieux comme 5.1 le et de héros grec peuples de race latine. Les Etrusques voyaient probablement dans Héraclès, père de Tyrrhénos, une sorte de dieu national ; aucune autre côté opposé, Gumes était le centre raclès; le héros grec y avait construit des villes, pandre la d'un culte d'Hé- une digue, fondé combattu des géants. Ce qui acheva de légende de ce dieu chez tous rains de la Méditerranée, c'est cru reconnaître en lui que un dieu de les les même des récits qui ré- peuples rive- Phéniciens avaient leur religion portèrent en Ligurie, en Sardaigne, dans nature n'est ou leurs miroirs. plus souvent figurée sur leurs vases Du divinité la : ils l'ap- Gaule. se rattachaient à ce La fils LA LÉGENDE LATINE. 54 aimé de Jupiter, injustement persécuté, parcourant terre et la délivrant des fléaux qui la désolent, quelquefois par fiant le la courage, la guerre contre Pyrrhus culle d'Héraclès à première 335 de fois la ville soumission de l'Étrurie Mais, et si fêtait si Rome; il en est fait mention pour à six divinités grecques, sur l'ordre des eux-mêmes provenaient de Cumes(l). prit sans doute possession vers semblait lui Héraclèsest un emprunt tardif Hercule est un génie champêtre maxima le sacrifice, et dans le même la victoire revenir de droit. étranger aux combats, quel e&t ^ara la faut placer l'introduction qu'il temps du culte célébré à Vara maxima; qu'on y et à propos d'un lectisternium offert l'an livres sibyllins, qui Le héros grec devait frap- populaire et faire accueillir partout son nom. C'est entre la emporté fougue des passions, mais personni- la force et la générosité, per l'imagination du la le fait à et domestique la Grèce, dieu guerrier dont voyait tous les dix jours se renouveler dont la religion culte tient une si grande place romaine? Nous allons essayer de dé- montrer que ce dieu nom de Sancus, le est Jupiter, tantôt avec le adoré tantôt sous le surnom de Recaranus. Les anciens s'étaient déjà inquiétés de connaître le dieu qui avait d'abord été en possession de l'autel. Varron se doutait bien qu'un culte aussi antique ne pouvait appartenir à un dieu étranger (1) Tite-Live, V, 13 ; il pensa qu'Héraclès avait LA LÉGENDE LATINE. été substitué à Mars •,$ Ce qui causa son errenr, que (1). romains paraissent avoir partagée, les pontifes c'est la présence des prêtres Saliens aux sacrifices de Vara ma- xima, Mars au temps de Varron, que et l'idée déjà générale, était un dieu guerrier. Le nom que cherchait Var- ron, le peuple le prononçait tous les jours devant lui-même, comme nous verrons tout à l'heure, nous le donne dans son ouvrage sur le nom, à vrai d'écrivains. Voici Properce termine son récit de Cacus (IV, 9, 74) A Tatii Sans doute italique ; Le c'est-à-dire pour se mettre en , : « ou à Sancus, car c'est dit sacrifice le même expressément qu'Hercule en sabin. Pourquoi Sancus du dieu dieu vainqueur le (2) dieu. » Varron enfin (3) nomme Sancus orbem de son côté dit route, s'adresse à Hercule ? comment composuere Cures. Cures, on appelait donc Sancus appelé propter viani bins il d'Hercule et de la lutte nianibus purgatum sanxerat Sancum du brigand. Festus se : : Nunc quoniam Sic langue latine. Ce la un mystère pour personne dire, n'était donné par une quantité est lui, et est-il les spécialement attribué aux Sa- Sabins ont conservé l'ancien mais il s'en faut que les Romains nom l'aient complètement oublié. Sancus a un temple au Quirinal, un autre dans l'île du Tibre 1) (2) 3) tance, Macrobe, %at,\\\, 12. Serviu?, Au mot Propter. De Lingtta lat., V, I, !•'>, ». ; il y aà Rome \d, porte Sanca- Enéide, VUI, 275. 66. Cf. RitschI, Tituhcs Mummianus, p \i. Lac- LA LÉGENDE LATINE. 56 et lis\ une sorte d'oiseau de gle, s'appelle avis Sancalis proie, assez semblable à l'ai- des ; monuments extrême- ment nombreux ont été trouvés sur le sol de Rome même, portant nom de le Romains Serno Sancus (1). La distinction entre Sabins est d'ailleurs illusoire et ples avaient la même origine, la deux peu- les : même langue, les mêmes croyances. Mais ce qui put décider les auteurs que nous venons de aux deux peuples, de aux Sabins un citer, à attribuer que c'est les inscriptions surnoms comme et leur roi. (2) se présente d'ordinaire, sur les chez Serno ^ Dius ; commun Sabins avaient imaginé de Sancus leur premier père faire Le nom de Sancus culte accompagné des les écrivains, Fidiiis. Quaerebani Nonas Sanco Fidione referrem, An '< tibi, Semo Cuicunqire ex Nomina pater ; quum milii Sancus ait : dederis, ego miinus habebo. illis trina fero : sic voluere Cures- » Ovide, Fastes, VI, 214. Le mot Semo s'explique de lui-même dieu présidant à la : il fécondité de la nature. désigne un Quant à Dius Fidiusy les anciens avaient déjà reconnu en de TCidTioç la Grèce, protecteur des contrats et de jurée (3). Sancus représente donc à (1) V. Preiler, Rômische Mythologie, polit; 6770. Orelli, Inscript, (2) lut-, Le mot Sancus renferme sandre, sanctus, sagmen la (l'iierbe p. 637. ces mots (3) Denys d'Haï., IV, 58, qui Deus Fidius vocafur. » une force fois Mommsen, même Inscript, nea- racine sac, sag, qui a formé sacer, sacrée qu'on tient à la la même est yoj (sacrifier), dont le y est grec. Voy. Bopp, Vergleichende la la foi 1860, 1861. ment). Les mots Sytoç, àyo;, aYvo:, sont de mune de lui le Zeù; Grammatik, § main en prêtant famille. ser- La racine com- devenu un esprit rude en 19, 2^ éd. Comparez Festus, au mot Prœbia. << In aede Sanci, i LA LÉGENDE LATINE. physique et une idée morale fécondants de la nature (semo), l'auteur de bonne {iJius) et le gardien de la expliquer ce triple caractère, dans la faut faire il nous apprend que sancus Pour nous un pas de plus Lydien (1) le en sabin signifie le ciel pas autre chose que Zeuç n'est nous Jovis^ pouvait déjà : le Dio'^is\, , supposer. Dans les faire le lumière la {Fîdius), foi connaissance de ce dieu. Jean mot Dius, qui des principes est l'un il ; 5T Tables eugubines, Sancus est un surnom de Jupiter. nous amènent à penser que c'est Jupiter Tous ces faits qui était adoré à Xara maxinia sous Ainsi s'expUquent l'ancienneté nom de le cérémonies des défense de prononcer dans les prières autre dieu, la sainteté et pourquoi, de même temple de Sancus de même le toit le les traités qu'il était maxima pourquoi, de fendu aux femmes Maxime (3). Voilà les nom d'aucun de l'autel. Voilà ouvert dans le peuples étrangers (2), les le et ni les ni les enfants Fidius^ il le culte célébré à cet autel , et (1) Des Mois, IV, (2) Varron, de Lingua latina, V, ne était dé- aux enfants d'approcher de pourquoi enfin de- inviolables. Voilà femmes nom de Dius nue, la tète engagements une cérémonie consacrée à Jupiter, l'Autel triomphe, qui est se trouve pourquoi le mêlé au temple de Ju- 58. rt'Halic, IV, 58. (3) le ciel allait jurer, même que devaient prononcer avec la , défendu d'invoquer Dius Fidius sous d'une maison, on vant Yara nom même qu'on gardait à Sancus. Deny.sd'Halic, IV, 5S; L\. 60. 66. Plut., Questions rom., '^S. Denys 58 I.A LÉGENDE LATINE. bœufs ont piter Inventov est placé au lieu où les reconquis sur Avant le été monstre. d'examiner l'autre surnom d'aller plus loin et sous lequel Jupiter était adoré, il nous expliquer faut sur celte quantité de noms Nous venons de voir différentes divinités qui ne sont au fond que des attributs détachés d'un même part des divinités se sont formées ainsi remonte vers réduire le les origines nombre des La plu- dieu. mesure qu'on à : seul être. des cultes ariens, on voit se divinités primitives. qu'au berceau des idiomes trons un se rapportant à De même nous rencon- les plus riches, un groupe peu nombreux de racines qui donnent naissance à la langue, mythologies les les plus exubé- rantes peuvent être ramenées d'une façon régulière à quelques conceptions mères de toutes les autres. y a comme des mots dérivés tantôt comme Jupiter et Janus, tantôt un des dieux secondaires, un dieu se dédouble, Il : de ses surnoms prend une existence indépendante, tantôt ridée morale, prenant le dessus sur renouvelle l'aspect d'un dieu, comme Dius Fidius. L'esprit de l'homme suit la le les côté physique, on le mêmes nature, qui, après avoir créé un petit était à présent l'autre surnom sous lois que nombre de pes, les reproduit toujours en les modifiant à Voyons voit dans ty- l'infini. lequel Jupiter invoqué à \ara maxirna. Cette recherche va nous fournir un nouvel exemple d'une épithète qui prend vie en se séparant du dieu auquel troduit, comme un être elle appartient, et qui s'in- nouveau, dans la mythologie et LÉGENDE LATINE. I.A même dans origines de Aurélius Victor riiisloire. avant lui, caranus, Grec d'origine, berger d'une belle stature et avaient fait les l'épisode de Cacus; mais nomme, comme vainqueur du brigand que sa exposant , raconte, ainsi que beaucoup d'au- Rome, tres l'avaient fait 59 il un certain Ré- , taille gigantesque, supériorité de son courage la appeler Hercule. d'ajouter qu'il a soin Il emprunte ce nom à l'ancien annaliste Cassius Hémina. Un écrivain avait fait une étude de son côté ger du temps d'Auguste, Verrius Flaccus, qui nommé (1) particulière des antiquités latines, dit que le vainqueur de Cacus Garanus, qu'on appela Hercule, parce qu'on donnait anciennement ce extraordinaire. force n'est pas un ber- était douteuse nus, Garanus (2), à deux des empruntent le nom donné écrivains de Récara- populaire, et la tradition substituent à celui d'Hercule, croyant historique qui avait hommes d'une à tous les L'intention ils : nom le ils rétablir le fait lieu à la légende. Ils nous ont conservé, dans ces deux passages, l'ancien surnom de Jupiter. La racine renfermée dans Recaranus (1) Servius, ^Ën., est VUI, 203. Le passage en question nest pas de Servins, quoiqu'il se trouve dans toutes les éditions imprimées de ce est tiré vraisembla- d'un manuscrit de Virgile (fonds latin , commentateur n" 9344) fort ancien , : il couvert de gloses marginales. (2) La différence entre les deux noms vent indifféremment par un c ou par un Ci-rmalus la lettre et Germains, (ricesimus et >g est légère; : Gains et beaucoup de mots Gahis, Gveeus frigesimus. etc. On et s'écri- Cnaeus, sait d'ailleurs que g a été introduite fort tard en latin, et que les plus anciennes inscrip- tions portent Carthacinienses, tusttoris linguêc latinx. pucnarunt, etc. voy. M. I guer, lipliquix ve- LA LÉGENDE LATINE. 60 blement même la dont est formé mot le que Fes- cerus^ tus (1) explique par creator, et qui se trouve chant salien appliqué à Janus (2) Duonus cerus : nus Jamis. Une autre expression ayant est manus cerus le es, duo- même sens même mot sur une coupe conservée Musée Grégorien à Rome (4) CERI POCOLOM, et encore le dieu bon (3j. Nous rencontrons le , dans au le sur : d'Agnone, où l'inscription mot cerus le est associé à différentes divinités rustiques. donnée par Festus L'explication veut dire créateur; genius à gignere Le nom serere. aux moissons, génie présidant formé comme sanctinwnia même famille. Cette racine était déjà langue religieuse avant comme Hellènes, le et et le montrent les mot sont formés de créer, faire, et le nom du et qui a x-?ipeç dieu la la d'Homère et des La- (3) Festus, au Dans Ôavaroio. L'un racine kar, qui signifie le Kpovo; (5). verbe xpaiveiv Le nom de de FiciUibus n. 3. mot Mater matuta. les védas, 575 fatales, prési- mot Mater matuta. Festus, au Varron, de la Langue latine, VI, Ritschl, la créateur, (2) p. sont de Manus xvipeç donné au grec (1) I, , employée dans des puissances destruction et à la mort, la et l'autre dent, le par un renversement d'idées fréquent dans tou- dant à (5) comme de Cérès, séparation des Italioteset des la tes les mythologies, sont (4) mot cerus mot cerimonia, castimonia d'Hésiode, qui, contrairement au Cerus tins, et le : correspond à creare^ il semo à et est juste litteratis Krdaan, Latinorum anliquissimis, p. 17. dieu créateur. Voy. Benfey, Orient und Occi- l A I.EGKNDE LATINK. 61 Jupiter Recaranus peut se traduire par Jupiter liecuperalor. Nous avons essayé de dieu de Xnra maxirna sion restituer les Sancus : Recaranus. La confu- et que ces deux synonymes ont dû amener, l'on n'en comprit plus le sens et où gner des êtres différents, ne fut à l'adoption du héros grec, qui, du deux surnoms du culte, semblait mettre fin à ils le jour où semblèrent dési- sans doute pas étranjîère en prenant possession toutes les difficultés et rentrer dans son héritage légitime (1). Nous passons maintenant au second personnage de légeude, Cacus. Lui aussi n'a plus la >-on forme Cacus devait d'autant mieux lénistes Rome de vrai nom; mais satisfaire les hel- qu'elle rappelait THéraclès àXe^ixaîcoç, une et qu'elle formait avec Évandre, dont antithèse, parfaite en apparence, le nom désigne l'homme pieux et bon. Ce qui aurait du faire hésiter cependant sur de ce nom, c'est comme lui, passait que la une autre sœur de Cacus, la difficulté; le sens qui s'appelait pour une divinité bienfaisante labe longue de Càcus et saient la ; la syl- différence dans l'accent fai- ce nom même n'était pas si bien établi dans Tusage que quelques écrivains n'eussent adopté une autre appellation Diodore écrivent Kaxio;. Si : Denys d'Halicarnasse nous rapprochons de ces dices cette circonstance que Préneste, qui avait en mun (1) avec Rome un grand nombre de Voy. Hartung, die Religion der Ronmer, et in- com- traditions fabuleu- IF, p. 24. LA LÉGENDE LATLNE. 62 compte parmi ses (1), personnages mythologiques ses un Caeculus,filsdeVulcain, brigand qui vomissaitdesflammes, nous serons conduits par Hartung (2), que et mieux Csecius répond, pour la nom le dû primitif a Nous verrons (3). jecture justifiée par à cette hypothèse, déjà comme pour forme être Cacius plus tard cette con- nom comparaison d'un la émise grec qui au fond, le latin Csecius. Sancus ou Jupiter Recaranus deux termes du mythe La latin. voilà et Csecius, de suite ce les travail confirmera une hypothèse pour laquelle nous n'avons présent que consulté jusqu'à Contentons-nous , pour principaux caractères de moment le la textes classiques. de résumer , légende latine. les Habitué à rapporter au sol natal, et à confondre l'histoire tout de sa la les avec ville celle de ses dieux, Romain a le scène du mythe, non-seulement sur même sur l'emplacement dieu, voit il comme un Jupiter de Rome. Dans une victoire nationale terre, la et placé mais la victoire fait du triompher consul. L'esprit latin est, d'ailleurs, trop sérieux pour développer longuement un récit fabu- (1) Serv., (2) Ouvr. (3) Pour Mn., VU, 678. cité, I, p. 319. le changement de comp. Sasturnus Xsn en a, de Ficiilibus litteratis Latinorum antiquissimis, Nous croyons retrouver Fcstus (p. 260) : la et Saiurnus. RitschI, p. 8. forme Cxcius dans un passage très-corrompu de Quorum subjecti quifuerint Cœximparum il ne serait pas impossible que et amené la corruption du la forme insolite Cxcius texte. Peut-être faut-il lire fuerint Cxci improbi viri. .. imperio. ait : viri. déroulé . . imperio. les copiste? Quorum subjecd qui LA LÉGENDE LATIN Ç. leux : la légende se borne à quelques circonstances es- personnages inutiles sentielles, rejette les merveilleux à un petit nombre de Plus religieux que poétique, moral du mythe le 03 triomphe de et le traits nets Romain reconnaît dans la justice, et une sauvegarde pour dans Thomme la réduit et le et sobres. entrevoit victoire le côlé du dieu l'autel qui la rappelle fidèle à la foi jurée, m. LA FABLE GBECQLE. HERACLES ET GERYON. On pourrait croire que rhistoire d'Hercule et de Cacus, unie d'une façon intime aux origines de si remonte pas plus haut que cette l'homme éprouve traditions qui lui transplante sur le au Il n'en est rien besoin de rapprocher de lui sont transmises par ses pères, et la où terre qu'il y a apportées. est placée ville. Rome, ne Les il récits loin sont à se trouve les fabuleux dont l'ordinaire des : les il légendes la scène emprunts de date relativement récente', au contraire, ceux qui semblent enracinés dans stations que la le sol se retrouvent sur toutes les race a parcourues, et ont autant de lieux d'adoption différents qu'il y a point de départ. leur géographie On eu d'étapes depuis le a constaté que les peuples portent avec eux, et que les mêmes noms de HÉUACLÈS Kl montagnes fleuves et de considérables appelle locales. 65 se retrouvent à des dislances même en est de il : Gh'HVO.N. des légendes qu'on Romulus exposé par L'histoire de ses parents, nourri par un dieu, recueilli par des étrangers, reprenant, les armes à la main, trône qui le lui a été pris injustement, était attribuée en Perse à Cyrus, temps de Xénophon, et plus tard, à Keï Khosrou (1) on ; la du temps de Firdousi, raconte encore aujourd'hui dans rinde, ainsi que dans toutes bouddhisme a répandu Candragupta ryas (2). et même titre qu'à Quand on la la contrées où cède A la Mau- qui nous occupe ; religieux de la race arienne, Grèce, où nous allons le suivre, au l'Italie. passe de la mythologie romaine à Grèce, on sent qu'on pénètre dans un veau. le indiennes, du roi dynastie des la même du mythe du patrimoine appartient à il les les traditions fondateur de le en est de 11 partie fait il , au celle de monde nou- précision un peu sèche de l'esprit latin suc- l'éclat et la aux richesse, traditions conservées les inventions poétiques tion qui a fourni à la Grèce la : la pieusement même imagina- matière de deux épopées, a créé une profusion de récits fabuleux qui font de la religion hellénique le spectacle le plus brillant et le plus varié. Si le nom de mythologie ne un ensemble de conceptions (1) Schâh-Namèh, (2) Kôppen, die Religion des Buddha torij of Ceylan, I doit être écloses donné qu'à spontanément et éd. MoliI, n, p. 419. , [t. lOI. Tiirnour, Epitome of thehis- XXVI. 5 LA G« un monde surnaturel orga- libienienl tiansfoimées, à nisé comme la non moins peuplé terre, agissant, on peut dire Scandinaves sont GRECQUE. FABLI<: que et non moins Grecs, les Indous et les les peuples ariens qui aient eu les seuls une mythologie. Le premier caractère qui distingue Hellènes des Romains, c'est cus qui, sur la fécondité reste isolée et le sol latin, : la les fable de Ca- comme sans re- jetons, devient chez les Grecs la souche d'une quantité de mythes qui semblent naître les uns des autres, s'en- lacent, se croisent et se renouvellent en se multipliant. Chaque contrée de la sente à sa façon le combat du dieu contre mais toutes conservé un les air Grèce et de l'Asie Mineure repréle monstre légendes, malgré leur diversité, ont de famille. Non-seulement première, en se fécondant, s'est l'idée répandue dans un grand nombre de mythes, mais se présente à seul Jupiter le elle nous à ses différents degrés de dévelop- pement. Nous trouvons d'abord que par : chez les le combat soutenu Latins se renouvelle en Grèce pour chacune des divinités qui personnifient la lumière. Zeus, qui, en secouant l'égide, c'est-à-dire les nuages, fait gronder épée, a fait surnommer phon, le fils le tonnerre, et que la foudre, son Glirysaor (1), lutte contre Ty- de l'atmosphère (Héra). Le monstre dresse en vain ses cent têtes de dragon qui font entendre tantôt (1) Preller, Mijthologip. de Piomélhée, \t. Iâ3. grecque , I, p. 78 et 91, noie. Welcker, la Trilogie HÉRACLÈS tr GÉKYUN. du le mui^isseuibiit lion, tantôt les tantôt des sifflements sinistres dre et la le dans précipite le : 67 aboiements des chiens, Zeus le A Tartare (1). célébré à l'envi son double tyos qui avait osé porter Latone, et contre vallée combat contre troupeaux De sa mère du fond de les les rivières et faisant périr les (2). c'est géant Ti- le une main impure sur serpent Python qui, le , et les arts ont de Delphes, s'avançait en dévastant gnes, desséchant et les côté de Jupiter, La poésie A'jxr.ysv/;;). (A'j>c£io;, la fou- lumineux divinité qui règne sur les espaces Apollon frappe de campa- hommes deux déesses qui leur côté, les représentent, l'une la pureté d'un ciel serein, l'autre clarté de la lune, Alhéné gères à ces luttes aux et la Artémis, ne restent pas étran- dieux ou elles assistent les : la les héros prises avec les puissances infernales. Enfin l'ima- gination grecque, non contente de ces combats isolés, a réuni dans une mêlée générale les Titans. Si ce dernier ments étrangers à la les dieux armés contre épisode s'est compliqué d'élé- conception primitive, s'il développements qui appartiennent plutôt à philosophique qu'à sorti du même la mythologie, il a reçu des la réflexion n'en est pas moins fonds d'idées, et nous montre, dans un cadre plus imposant, la même guerre entre deux forces ennemies. Mais (1) le mythe a fait un pas de Hésiode, Théog., v. 820. Pindare, plus Olymp, : les Grecs, obéis- lY, 6; P>jifi., I, ?A. Eschyle, Prom., 353. C?) Odyssée, VU, céramographique, 324. Pind., Pyih., iV, 46. Lenormant et de Witte, Éltle t. U, planrhes LV-LVni. LA FABLE GRECQUE. ti8 sant au désir naturel chez se retracer ses l'homme de mémoire un origines, et voulant faire revivre dans leur souvenir évanoui, ont emprunté à temps dont le leurs dieux une partie de leurs exploits, s'était bués aux héros. Pour se donner des aïeux, pas besoin, comme les divinités sur la terre pour tirer : Romains, de ils attri- n'eurent descendre leurs leur imagination était assez riche des figures nouvelles des types déjà créés, et pour placer à mi-chemin entre merveilleux, formés le faire ont et les comme la terre et le ciel des êtres à souhait pour l'épopée et théâtre, et dont la poésie devait s'emparer d'autant plus aisément qu'ils semblaient appartenir à l'histoire, quoiqu'ils fussent le pur produit de la fantaisie. Héraclès, Bellérophon , Persée, Cadmus, sont de véritables dieux de seconde formation, renouvelant parmi mes les hauts faits que les divinités dont accomplissent dans les espaces célestes. chercher des traditions historiques ou phénomènes locaux dans récits atteste leur origine sont sortis ils ne faut pas Il souvenir de le la ressemblance commune. que combat de Zeus qui recommence sur que chaque peuplade de hom- l'épisode de la Gorgone, de Chimère ou du dragon de Béotie; de ces le? la la même C'est l'anti- la terre , et Grèce transforme à son gré, en en faisant honneur à son héros de prédilection. Nulle part cette identité ne paraît mieux que dans l'histoire d'Héraclès. duquel la Ce fils massue remplace de préférence de Jupiter, entre la les mains foudre, semble avoir été, à tous les autres héros, l'héritier de Zeus. HÉRACLÈS ET GÉRYOiX. Non-seulenient il 69 renouvelle ses exploits, mais exactement dans l'Olympe De même que dans même la il occupe place que Jupiter. sa lutte contre les Titans Zeus est secouru par Athéné, Héraclès est partout suivi par la déesse qui l'encourage au combat et lui sourit après la victoire. De même encore que Zeus sans cesse en est guerre avec Héra, qu'il va jusqu'à fouetter dans sa co- suspendre dans lère et jusqu'à nées, les pieds retenus par le ciel les mains enchaî- deux enclumes doit lutter toute sa vie contre la colère Héra. C'est elle même que par colère contre Zeus qui suscite contre lui (1), Héraclès la puissante de des monstres, de elle a enfanté phon, en s'unissant aux puissances de l'enfer que Ty- Lors- (2). héros sort vainqueur d'une de ses épreuves, le il semble que Zeus, que l'Olympe entier, aient vaincu avec lui tous les dieux viennent à sa rencontre et célèbrent : son triomphe. Ce qui donne à c'est le la vie d'Héraclès nombre considérable de un caractère à ses combats que Zeus, Apollon, ne remportent qu'une vie du faits. d'AIcmène fils Mais toute la est victoire, la Grèce paraît avoir adopté Héraclès ses types favoris, un épisode son histoire. commencèrent à ordonner et à tandis une suite interminable de hauts <'omme un de à ; part, etchaquecontrée a fourni A une époque où leur mythologie en les Grecs système y voir des allégories, ses travaux furent classés sa- 1) Uiade, (9.) Umde, I. 1. .i8fi, 39fi, XV, 18. XIV, ?70. LA FABLK GRECQUE. 70 vaniment el comparant entre eux, on reconnaît que les de ces exploits sont conformes à que riiydre de Lerne, ryon et tant d'autres différentes d'un même combat Entre tous sons un modèle unique; monstres ou géants sont des figures que fabuleux, et être de du héros, nous choisis- la vie deGéryon, où contours de les signification primitive clairement. Géryon, leur de pourpre de leur loin, près gnent Anthémoéis l'histoire qui enleva, de cette Soleil, et qui fut île (1) »I>ûivixà; et de cou- l'indique la est placée d'Érythie, que bai- Aoos rap- (2). Si l'on du géant Alcyonée, celle d'Érythie, les bœufs du également (ué par Héraclès, et si l'on complets que les mythographes, n'ont pas manqué d'expri- cette circonstance. Voy. Gerhard, Vases, (2) C'est à uiic épocpie où CV, CVI. l'on voulut reconnaître l'image de la révolution annuelle du soleil, dans qu'on plaça les le travaux d'Héraclès séjour de Géryon le plus loin qu'on i)ut au couchant. Suivant d'autres traditions, On de p6a;, ApoUodore, H, 5, 10. Les vases grecs, qui sont souvent jilus fidèles ^t plus de et attention au secours qu'Apollon prête au héros dans fait mer deGéryon même l'île et bœufs Sa demeure (1). de l'Océan, dans les fleuves proche de peau ressor- de Chrysaor fils comme vaches, de nature fabuleuse, donnée la du mythe Kallirhoé, possède de riches troupeaux de au c'est le qu'Héraclès livre toute sa vie. et la tent le plus plupart la de Némée, Cerbère, Gé- lion le même les faits l'histoire première En arbitrairement réduits à dix ou douze. entre Argos, Amphilcch uni et Gcryon Amhracie (Hécatée, contrée situe e montrait ses ossements et son trône en Lydie ainsi qu'à Oiympie. la honoré comme Strahon prend ridionale de héros en Sicile et même m fipire ((ierliard, soin de diie(|uo l'I-sp.isiio. et qup i>sl Va.ses grecs, Géryon netait pas adoré à la \\f\o invention (rKplmrc (Ul, était roi fr. t. Il, la Il ]>. 343;. était 70:. pointe mé- l). HÉRACLÈS ET GÉRYON. nous occupe, on l'épisode qui bœufs de Géi von ont les les garder par fait deux ihros, à Tpiy.apTiVoç, et ailé lie, lui-même toutes présence et se précipite sur Eurytion accourt emmène puter : et taille gigantesque, la il coupe d'or sur laquelle arrive et passe la nuit lui tombe : est tué. il mais succombe sous il lui le les flèches sa Le berger tour. Déjà son a troupeaux, quand Géryon vient les qui embarque avec Une chien Or- et le montagne Abas. Le chien du géant remarque la Il Pour aborder dans son pièces. Héraclès emprunte au Soleil sur supposer que est appelé Tpicwixaxoç et d'une dieu parcourt sa carrière; le à élé ravis par lui à Hélios (l). est représenté armé de et amené berger Enrytion le tètes; il est 71 le héros les lui dis- du demi-dieu troupeau, prix de sa victoire. tradition ajoute qu'il fut suivi par Érythie, fille de Ciéryon (2). Les vases grecs, qui forment à la mythologie un poétique et fidèle commentaire, ont souvent représenté l'épisode de Géryon dormi dans ils : coupe qui la le nous montrent Héraclès enconduit vers Érythie ou aux prises avec le monstre. L'un d'entre sous la figure de trois guerriers, frappé, est renversé à terre; va tomber, tandis que dieu. Athéné (1) ApoUodore, Welker, Sylloge epigi-, de. t. le Géryon premier, déjà second, blessé à mort, dernier résiste encore au demi- deux I. f., 1. Voy. de Wilie Bruxelles, dont (3) peint debout auprès d'Hercule; aux est (2) (3) le le eux vui , '20?k Hennit' cl Géfijon. BnUilni ik (Acadrmk royalr LA FABLE GRECQUE. 72 côtés sont placés la nymphe Érythie et bœufs que les le héros va conquérir. Ce n'est pas raissent dans ce diquent liaste le les airs entre sont d'Hésiode a pu deviner comment si transparents, des forces de prix est l'abondance et en essayer et ils : pain- ils clairement qu'il est question d'un combat si vré dans dont mythe noms qui d'expliquer les ici le lieu la le de la fécondité, que véritable sens lutte le scho- du récit Remarquons seulement l'interprétation. l'imagination nature, la li- Grèce a su conserver au mythe son aspect merveilleux, quoiqu'elle eût cessé d'en comprendre le sens de le : vague où est laissé le lieu l'action, les circonstances fabuleuses tourée, dont elle est en- contrastent avec la sécheresse et la précision topographique du récit latin, qui a laissé éléments mythiques dont Nous venons de voir tomber tous la signification était comment la perdue. même donnée servi à l'histoire des dieux et à celle des héros. s'arrête pas le les a Là ne développement d'une conception qui, fai- sant partie de la mythologie grecque, a suivi toutes ses transformations et n'a cessé de se renouveler qu'au jour où la laissé se Grèce, prenant possession du tarir les son fabuleuse, emblème de (1) Prellcr, même réel, a sources de l'imagination religieuse. L'expédition des Argonautes à ce que cette monde la la recherche d'une richesse (-1), toi- nous montre conception, rendue de plus en plus Myth. grecque, 11, ji. ,>11. HERACLES ET GERYON. humaine, devient dans un temps ou, avec terrestre et le 73 progrès de commencent navigation, la tions guerrières et les aventures maritimes. enfin signaler un dernier terme auquel que vée, après la vie intérieure s'en pour qu'il n'en resta plus, comme si, poètes et si nous le ainsi dire, les On expédipourrait la fable est arri- fut déjà retirée et que l'enveloppe : pensons, cette image tant aimée des souvent figurée sur un aigle enlevant et déchirant les monuments, d'un serpent, n'est qu'un sou- venir du combat de Jupiter contre son ennemi à forme de dragon, le mythe aurait fini à peu près comme antiques croyances qui, après s'être éteintes dans prit ces l'es- d'un peuple et effacées de sa mémoire, subsistent encore dans son langage sous De même que l'histoire Caecius était perpétuée à la forme d'une métaphore. de Jupiter Récaranus Rome maxima de Vara liens, la victoire des dieux la le triomphe, le et les chants des frères Saet des héros avait donné naissance, chez les Grecs, à des fêtes de quoique portant de par quelques-unes des plus anciennes cérémonies de la ville, sacrifice et marque du génie même origine, particulier à la race hellénique. Les jeux, ces antiques institutions destinées à reoouveler chez tous leur descendance rattachent au sait et les peuples grecs le souvenir de de leurs traditions communes, se mythe que nous étudions. Héraclès pas- pour avoir fondé en l'honneur de Jupiter ceux d'O- lympie et de Néniée : ceux de Delphes étaient consacrés à Apollon Pythien. Les joutes qui s'y livraient rappe- LA FABl E GRECQUK. 74 victoire hiieiil la de la divinité protectrice, et la poésie ne manquait pas d'associer à les exploits ceux du dieu qui présidait à Delphes, musique, la poésie, la glorifier le haut d'Apollon fait d'abord Tempe Non-seulement, tous les neuf ans, on : monstre, s'élancer sur tarque, portait encore du serpent vers à la On la vallée poursuite nom de voie stœrée. Mais trouve plus son ennemi, déjà mort et enseveli vient et l'on entonne alors lePéan, de tional fois lors rier, la du triomphe du dieu lon, après avoir comme dans le (2) première immolé même victoire, le ; que et la quelle sur ils il : ne re- chant na- le la première fois aussi l'avait fait Apol- monstre. Ainsi, en Grèce chez les deux peuples les plus anciens si la même mythe. signification morale avaient reconnue à celte fable, daiis voyaient l'iniquité;, il plus haute antiquité consacrent nous reste à exaoïiner les Latins du on se couvre de lau- souvenirs de poésie nous ramènent au Il de Latium, des cérémonies patriotiques, des usages populaires de la devenu Grèce, et qui avait retenti pour comme pour la figurait route qui, au temps de Plu- la le aux yeux représentait voyait Apollon, puis on à danse, concouraient à circonstances du combat (\). la lutte et la fuite : la drame qui y jouait une sorte de les principales la fête. des combattants le triomphe remporté par la- la justice se retrouve aussi chez les Grecs. Plus cu- rieux d'inventer des explications nouvelles que de s'en (i) C).) Plulannie, Questions grecques, Vî. Calliiiiaquo, Hymne à Apollon, t"^. HÉRACLÈS ET GÉRYON. 75 lenir au sens traditionnel, portes d'ailleuis à altérer la de leur mythologie en signification parence de système, Grecs ont les donnant une ap- lui dans l'ombre laissé ou ont dénaturé ce côté du mythe. Pour ne parler que (le la lutte bien tre subir à des Titans contre remaniement que le la religion, et dieux, cet épisode les l'esprit mon- hellénique a fait substitution d'idées nouvelles la aux simples croyances d'une époque plus ancienne. En cherchant à composer une histoire de Grecs ont été amenés à faire des Titans l'Olympe, les ancêtres de les Jupiter, dieux d'un âge antérieur, vaincus et jetés par lui dans le Tariare. Sans doute mais impies et malfaisants; ils les guerre cette dieux, ce combat à outrance d'un dépeignent fils comme civile contre son père, avait néanmoins quelque chose de choquant qui siter les plus nobles esprits de Xénophane, et à la Heraclite, reprochent Hésiode d'avoir calomnié entre fit hé- Pythagore, Grèce. violemment à Homère les dieux; Pindare an- nonce qu'un jour Jupiter se réconciliera avec les Titans; enfin Eschyle prend parti pour l'un d'entre eux, s'indi- gne contre son supplice termes de la donnée, triomphe injuste dra un jour où l'aide il et et, fait de renversant la victoire momentané de sera défait à son de sa victime. Ainsi la la hardiment de Jupiter violence; tour reflexion, s'il et) il les le vien- n'invoque s'exerçant sur un mythe déjà altéré et mêlé d'éléments étrangers, a fini ble, par la le dissoudre. Par une coïncidence remarqua- Grèce inaugurait son libre génie en contredi- LA FABLK GRECQUE. 7(î sant haulemeuf, au nom de des premiers âges, au vers TAsie des mêmes ment ciel la le la justice, les moment même où peuple perse, dont sources que tradition la la conceptions elle refoulait mythologie, sortie sienne et conservant égale- d'une guerre que se livrent dans deux puissances ennemies, ne put jamais le s'élever au-dessus du dualisme, dont l'idée de cette lutte avait été le point de départ. IV COMPARÉE A LA MYTHOLOGIE GRECQUE. LA jrVTHOLOGIE VEDIQUE Nous allons quitter le sol de l'Italie et pour nous transporter aux bords de nous trouverons, non sance, la forme la loin ; titre Indous, où et ; il fils aînés de cette grande plus fidèlement conservé les traditions la un temps où lointain que il a pris nais- du l'Inde ait des au appartient à tous les peuples de race arienne. Mais les ont trouvé Grèce l'explication non pas que particuliers à le revendiquer droits la l'Indus. C'est là la terre plus ancienne mythe qui nous occupe même de de terre où ils famille, ont communes. ont fondé leur les le Ils empire dans leurs frères étaient encore engagés dans le voyage qui devait chants qui ont charmé devaient un jour être les les les conduire en Europe. Les longues marches de ceux qui Hellènes et les Italiotes se sont LA MYTHOLOGIE VÉDIQUE 78 perdus dans venaient ils s'est effacé même souvenir les airs; le de leur esprit. pays d'où (ies Les Aryas de rinde, au contraire, à peine arrivés aux rives du Gange, mémoire prirent soin de rassembler et de fixer dans leur prières les qu'ils avaient adressées à leurs dieux, hymnes dont les ils avaient salué les spectacles de chants guerriers qu'ils avaient combats; ainsi furent commencés une caste de prêtres dont server, avec des les védas. précautions infinies, races barbares indigènes de l'Inde, mières poésies du peuple l'idiome que se modifiait, la religion, les la conquérant. les fut de con- au milieu des langue et la A les pre- mesure que coutumes changeaient, fois la superstition populaire de l'aulre, plus abstraite et plus désordonnée, brahmanes redoublaient de vigilance pour préserver de toute atteinte ces chants qui, dès comme une dés révélation primitive. lors, furent regar- Des interprétations diverses, souvent faussées par l'esprit de système, cumulèrent autour des védas texte riable, et de les se forma sous l'influence des écoles philosophi- ques d'une pari, de devenait à que Il charge la principale nature, la entendre dans fait les il nous vint jusqu'à trois mille ans. Ainsi, arienne, les Indous sonl ; mais i tel qu'il était de tous le le les esta inva- il y a plus peuples de souche seul qui possède des ments presque contemporains de s'ac- l'éclosion de monu- l'intelli- gence dans celte race. 11 arrive souvent trons encore que dans comme une les védas nous rencon- simple métaphore l'image qui, . COMPARÉE A LA MYTHOLOGIE GRECQUE. en se fixant, est devenue une iiclion raylliique; d'auties un usage conservé dans Tlnde qui explique fois, c'est une donnée religieuse devenue Grecs et les sentent Latins; de descriptions le est et répété exposé les plus souvent les védas nous pré- luxe tel sous tant de formes, qu'on en pénètre aisément l'origine il pour inintelligible déjà aciievé, mais entouré d'un mythe le laquelle T'J d'ailleurs : la langue dans en quelque sorte de com- lui sert mentaire. Les termes qui, en latin ou en grec, ne sont plus que des noms l'idiome védique celui où parence ils : propres, sont noms communs dans replacés dans un milieu analogue à ont pris naissance, recouvrent ils la trans- et la vie Le mythe dont nous recherchons l'origine offre dans ces chants antiques un intérêt particulier, en ce qu'il y ses divers degrés parait à que les hymnes où le d'autres le point dont le les de développement: tandis plus anciens nous le montrent à un poëte a encore conscience de sa signification, comme un événement présentent sens leur échappe; des idées théologiques les plus récents y font entrer complètement étrangères donnée première. Mais, avant de suivre tions ser que cette fable a subies rapidement les fabuleux dans les l'Inde, à la transforma- il caractères principaux de faut la expo- mytho- logie védique. Quand on passe des interminables poëmcs épiques de l'Inde aux védas , on sent que idiome façonné à l'excès par le l'on travail quitte un d'une longue LA MYTHUJ-OGIE VEUIQUE SO de suite siècles, et que Ton aborde une époque où langue, encore fraîche, a On ne jeunesse. venu sève et la verdeur de la renconlre plus ces termes à sens con- rappelant , la la de l'école ou théories les les sub- d'une civihsation raffinée, ces composés énor- tilités mes dont les parties sont ingénieusement différentes combinées pour former un tableau, ces phrases sans nerf où souvent le verbe manque semblent juxtaposés sur temps que l'on voit la même le et où tous les plan. Mais en mots même langue prendre une liberté d'al- lure et une franchise d'expression qu'elle a perdues dans les âges suivants, on remarque qu'elle se rapproche de plus en plus des idiomes de l'antiquité romaine ou hellénique; ce ne sont pas seulement les racines et les flexions grammaticales qu'elle que le grec et le latin, mais emprunte au littérature classique. Il fond le tour d'esprit et l'aspect général du discours rappellent les vieux la même en est de monuments de même et l'on éprouve une impression analogue, quand on compare les divers âges de la mythologie indienne. Les dieux dégénérés et monstrueux des derniers temps n'éveillent guère l'idée d'une parenté originaire avec l'Italie ou de la Grèce; mais si, les dieux de de ces productions déré- glées de l'imagination indienne, nous remontons chants védiques, nous sommes aux transportés au milieu des conceptions nobles et simples, des idées tour à tour naïves, gracieuses ou sublimes qui font la la beauté de mythologie grecque. C'est donc aux védas qu'il fau- COMPARÉE A LA MYTHOLOGIK GRKCQUE. 81 dra d'abord recourir quand nous voudrons constater à la fois l'identité de race des peuples ariens et l'affinité de leur génie. y a une différence toutefois qu'il importe de signa- Il C'est la ler. dans même védas les la poésie et mythologie, dans grecque les qu'on trouve monuments de anciens les plus mais : est vrai, il dieux que védas nous les montrent au lendemain de leur naissance sont déjà arrivés chez Homère habitués à voir dans l'épopée grecque vie religieuse dans son enfance nous portassent à beaucoup de nous faire Nous sommes à leur pleine maturité. : il tableau de le que a fallu siècles en comprendre quelle différence il les de se créer. védas arrière pour y a entre la mythologie homérique, déjà réduite en système, religion en voie la et une L'Olympe, dans Homère, ressemble à une monarchie établie de longue date où chaque personnage a, par droit de naissance, son em- ploi, ses titres invariables et son pas à se départir. Dans cette rang dont dieux tiennent autour de .Jupiter, ils se de leur caractère propre et Dieux des flots des tempêtes, trait ils il sorte de cour ne songe que les sont dépouillés de leur originalité native. ou de l'atmosphère, de la lumière ou ont oublié leur première patrie : nul bien accusé, je veux dire nul attribut physique, ne distingue Poséidon d'Apollon, ou Pallas de Thétis. Comme ces dignitaires des anciennes continuent à porter des sens, ils titres monarchies qui depuis longtemps vides de ont des surnoms dont ils semblent ignorer la C LA MYTHOLOGIK MiDlQUE 82 valeur. S'ils exercent quelque puissance, uniquement de le roi, (le la On leur parenté plus volonté ou de voit bien, la ou moins tirent la étroite avec faveur du dieu suprême. par échappées, leur est vrai, percer, il ils nature primitive; mais c'est dans de rares occasions par une réminiscence dont ils ont à peine conscience eux-mêmes. Quand Apollon lance ses mée flèches sur l'ar- des Grecs, quand Poséidon ébranle les trident, et îles de son reviennent à leur rôle d'autrefois ces dieux ; mais ces actes qui constituaient leur essence, Homère les transforme en motifs et dont historiques dont faits indique l'occasion. il ments extraordinaires pour veté habituelle. les à contestation , dieux de leur dans une cour où les dieux d'Homère ont oisi- les droits et ma- seules querelles qui divisent trait à leurs protégés et à leurs créatures. Autrefois, les dieux ont lutté entre eux leur propre les faut des événe- préséances sont trop bien réglés pour donner tière les Comme tirer les 11 déduit il compte; réunis aujourd'hui sous d'un maître reconnu et redouté de tous, ils le pour sceptre ne peuvent plus donner jour à leurs sentiments qu'en prenant parli dans les affaires comme un fut ils se la terre. L'ancienne mythologie est passé lointain dont un temps où brement agi de et les le souvenir s'efface dieux ont aimé, ont souffert, ont vécu à leur guise; mais, consument maintenant dans de : il li- lassés et vieillis, stériles di?putes, n'intervenant que rarement et avec l'agrément de Jupiter, ou bien à son insu, dans les intérêts humains qui COMPARÉE A MYTHOLOGIE GRECQUE. I.A sont l'unique sujet de leurs pensées leurs actes. Ne et la Si seule cause de pas que de longs siècles se soient faut-il écoulés pour permettre aux dieux homériques de se dé- gager de la sorte enveloppés, et du phénomène naturel où pour les ils désintéresser à ce étaient point de leur nature première? Il n'est pas malaisé de voir que chez poque dont nous parlons, les Grecs, à l'é- réflexion s'était déjà appli- la quée aux croyances religieuses. Une certaine chronologie avait été introduite, et plaçait les mythes, suivant l'an- cienneté qu'on leur attribuait, sur des plans plus ou moins éloignés. Un pour rattacher tous effort avait été tenté dieux entre eux par des généalogiques liens déjà ébauchée la théogonie d'Hésiode. identifications naïves chez les porte l'un de ces noms tageant Tempire du frères et dans un rang : le terre On 403. il et hom- Neptune, ses sont y a douze grands a déjà cherché un pour chaque Homère, Vulcain, précipité du //., 1, V. les D'après une autre classification dieux, six de chaque sexe. (l) donnent mythe de Jupiter par- qui trahit des visées astronomiques, la lui toutes les autres divinités inférieur. placement sur Briarée est monde avec Pluton égaux ses : une division de l'univers ; imaginer trois parties a fait rencontre des même dieux, l'autre est celui que mes. Les dieux sont classés en il on voit le comme celle-ci personnage qu'/Egseon (1); On : les ciel, myîhe : em- suivant a été recueilli à Lem- LA MYTHOLOGIK VÉDIQUE 84 nos; Typhon, tué par Jupiter, a son tombeau chez les comme Ariraes (i). Enfin, et se limitent les uns flexion naissante, il ces dieux qui se combattent les autres, ne satisfont plus la ré- commence à être question d^une pui^ance supérieure à laquelle Jupiter même obéit, le Destin. Rien de pareil dans védas les au : lieu d'une organi- sation régulière, on y trouve l'anarchie féconde d'une époque où tout demeure, encore à créer. Les dieux n'ont ni déterminées. Ils ni généalogie, ni hiérarchie vivent dans leurs est la lumière ou dans l'atmosphère, poussent chevaux à travers de l'homme, et s'en les airs pour goùler au sacrifice retournent vaquer, avec une nouvelle vigueur, au gouvernement des forces de dieux védiques n'ont pas d'histoire exercé, tenus, ils l'exercent encore ils les ; les le : fin. nature. Les pouvoir qu'ils ont combats recommenceront sans la qu'ils ont sou- Certaines actions aucun leur sont attribuées, mais elles n'appartiennent à en particulier ; un fonds commun de tous puisent à gendes qui passent incessamment d'une divinité à tre. Ils plutôt n'ont pas d'ancêtres ils ils nomme rien n'est plus changeant dieu est le le Iliade, sont tous éternels, ou que père de l'un d'eux I, père dans un hymne, 690, H, 782. ; mais généalogies védiques les dans un autre. Point de mariage (1) l'au- naissent chaque jour. Quelquefois Ton tel ; lé- ; il le frère ou le : fils y a peu de déesses COMPARÉE A LA MYTHOLOGIE GRECQUE. dans les védas, et leurs amours sont aussi changeants que phénomènes du les 85 représentent. ciel qu'ils pâles divinités féminines qui n'ont pas qui leur soit propre, Quant à ces même de nom Indrâni, Varundni, ce ne comme sont que des ombres. Point de suprématie reconnue on dirait que la Bien que chaque âge védique soin de son adorateur. ait sa divinité suprême, il n'en est pas, rang. La forme hymne au premier si modeste qu'elle qui ne soit placée dans quelque par elle-même, soit même des dieux n'a de constant. Quoiqu'à certains moments rien décrits avec ; puissance du dieu est en raison du be- une précision poétique digne de ils soient (îrèce, la la plupart ne paraissent vivre qu'aussi longtemps que lo poëte leur adresse la parole instant après leur un ; tigure s'évanouit pour faire place au personnifient. Indra paraît char, armé de sa massue, un peu plus « ien de loin il comme un est le ciel qui dieux les et les démons du foyer, le dieu des richesses, actions; dans du le sacrifice : éloigne les un autre hymne ignis. Soma divine; est il dans s'avance le ciel : le il ; il il comme un messager qui fait la demeure est le protecteur témoin de toutes est simplement est le roi qui bonheur, l'immortalité; le sur nos têtes, conduit dans hommes il guerrier sur son brille comme des ; qu'ils prêt à fondre sur ses ennemis: plus. Ai^ni est dépeint va chercher phénomène donne la le les feu science, entendre une musique chef d'armée; sa demeure quelques vers plus loin, le sonia est la boisson du sacrifice. Je ne veux pas dire que les Indous LA MYTHOLOGIE VEDIQUE. 86 aient jamais rait tel sciemment adoré des objets matériels certainement aussi erroné de mettre qu'on le berceau de trouve dans certaines la îles le : la se- fétichisme, de l'Océanie, au mythologie indo-européenne, que de de l'onomatopée l'unique source de il langue. faire Mais la faculté qui transforme les objets inanimés en êtres per- sonnels est intermittente; delà, la pensée à cette époque dieux homériques Mais comme, dans réglées par les est les : le le caractère flottant de métal où ont été coulés encore en fusion dans les les védas. langues qui n'ont pas encore été grammairiens, chaque anomalie a sa raison d'être, les contradictions de la mythologie védi- que sont plus" instructives que dans d'autres raythologies par l'ordre artificiel introduit les hommes. LU M^ IHK l.MUE.N IMM'.A i;i VRl lliA. Le héros habituel du mythe que nous éludions Indra, dieu national des Indous à l'époque où, se le séparant de leurs frères de ques c'est celle qui, la consistance de l'image la dieux de l par la la De région des sept fleuves. la est Perse, ils toutes les divinités védi- netteté de , entrèrent dans la conception et se rapproche le plus des Grèce. L'adversaire (ï Indra est ritra, littéralement celui le démon qui enveloppe^ ou Ahi^ ç^Q^K-^ h-ô\VQ le serpent. Mais, au mythe, il moment de commencer l'examen de faut donner hymnes nous aideront la parole aux védas à entrer dans notre quelques : l'esprit de cette poésie primitive. A INDRA (1) « Quand (1) Rig-veda, C?) !.a tu es appelé Mandula itl, : par nous pour boire hymne le xotna (2), 41. boisson du sacrifice, sorle de liqueur fermentéc produisant Tivres^c. LA MYTHOLOGIE VÉDIQUE 88 viens avec tes chevaux pierres « lances des qui fauves, dieu ! Notre sacrificateur sacrée est étendue est assis suivant le rite; l'herbe les ; pierres ont été assemblées le matin. « Ces prières qui reçois les sont adressées, dieu le prières: assieds-toi sur l'herbe sacrée; goûte, héros, notre offrande. «Prends plaisir à nos libations et à ces chants, vain- Indra ^ dans nos (]ueur de Vrilra (1), toi qui es fêté, ô cérémonies. « le Nos pensées caressent le puissant buveur de soma, maître de toute force, Indra^ son comme la vache caresse petit. « Réjouis-toi de ce breuvage, repais ton corps, grand dieu, ne fais pas affront à celui qui t'invoque. « Nous sommes de nos libations; « Ne délie à toi, Indra et toi, dieu ^ nous chantons arrosés bon, sois Que tes nous. pas tes chevaux loin de nous (2) nous, Indra^ dieu béni, réjouis-toi « à chevaux : viens vers ici. à la longue crinière t'amènent sur ton char bien bàli pour t'asscoir sur l'herbe arrosée de beurre. Tous il « les hymnes n'ont pas celle extrême simplicité y en a d'autres qui sont pleins de (1) c'est le (5!) Ne l'en démon combattu par Indra. va pas vers une autre tribu, mouvement el ; de COMPARÉE A LA MYTHOLOGIE GRECQUE. Voici vie. commencement d'une le sn prononcée prière pendant une tempête (1): Pas sur nous... dieu a mêlée Tu les mugir comme un tonnerre comment ; ne terre la hasards de cette de (2)! car nul n'atteint les limites fais eaux dans fort, les ta puissance. fleuves et les tremblerait-elle pas de crainte? » Plus loin Tu « poëte s'écrie le as ébranlé sommet du quand, animé par immense; quoique Çambara fourche aiguisée. ta mugissantes sur tête la du fais éclater tes faible Çushna (4), ondes quand, d'un cœur magnanime, tu accomplis aujourd'hui exploits tes ? Le sombre réservoir des eaux, « (3), l'ivresse, tu as lancé contre ces faibles Qui peut t'égaler quand tu « ciel dans ton audace précipité seul, lu as démons le : était englouti par Vritra : le nuage tortueux Indra précipite vers la terre tous les flots qu'il tenait enfermés. » Nous voyons ques du mythe que nous nous sommes proposé traits Nous d'analyser. vant le retrouvons encore dans l'hymne sui- : (1) Rig., (2) Le I, 04. ftoëte foudre sur (3) se dessiner dans ces derniers vers quel- lui Autre CO Autre n'achève pas m : il demande a Indra dr ne pas l;ii>ser les siens. nom de nom de Vritra. Vritra; littéralement : celut f/xi dessèche. tomber sa LE MYTHE INDIEN. !)() INDRA (\) A « Au tible « [j rapide, au majestueux Itidra, j'apporte loil, ciu comme un nies ehanis ma apporte] aliment; au dieu illustre, irrésis- piété et des prières souvent offertes. veux présenter comme un aliment mes louan- Je lui ges pour sa victoire : mon cœur, mon âme, mon une prière ornent dement, : Indra |)0ur le , entenmaître éternel. Pour ce porte dans lui je qui ouvre le ciel ma bouche mon hymne ; sées affectueuses, fera grandir « Je lui : « Comme par guerre, je polis brer le Sage. (2). l'ouvrier mes chants sont pour chants transportent; hymne] qui peut superbe, plein de pen- comme envoie mes vers, char à son maître le ce noble cantique mes louanges tout est pour le héros qui est le avec dieu que le les sont pour Indra, [cet Sage. amour de la gloire on mon hymne amène un ma flatte un cheval de langue pour célé- siège de toutes les richesses, le destructeur partout vanté des villes (3). « Pour lui, Tmslitar{\) a fabriqué la massue, l'arme céleste et toute-puissante des combats, avec laquelle le maître qui donne tous toucher le les corps de Vritra. 61. (1) Ibid., (2) Indra. Les prières soin coimne (3] Pur. Nous expliquerons I, IVqnivoque qui a (i) Tvashfnr, nvissne. biens, lançant l'éclair, a su fait le la nourriture des dieux. plus loin la double signification do ce d'Indra un preneur de Vukain mot c. villes. indien ^nnot à mot, l'ouvrier). Indra lui df^rohr sa INDRA KT VRITRA. « Dès goûté qu'il eut puissant breuvage et le nourriture du sacrifice, « Gnds Les hymne vaste ciel douce la massue invincible et, je- traversa de part en part le sanglier (2). il épouses des dieux, ont (3), quand à //u/ra la dieu qui pénètre partout (i) le déroba à ce grand ouvrier tant sa pierre, 01 tua le serpent il tissé (4; embrassa il : un le terre; ceux-ci n'égalèrent pas sa gran- et la deur. « Sa grandeur dépasse laisse derrière elle le ciel de son propre airs; brillant les et la terre et éclat, célébré de tous, intrépide, impétueux, I/idra a grandi dans sa maison « pour (5) Par le combat. force de sa massue, la qui desséchait monde] [le : il Indra a foudroyé yritra a délivré les fleuves sem- répandu glorieuse- blables à des vaches enfermées, et ment « ses bienfaits. Les eaux se réjouirent de son effort quand ïritid avec sa massue les généreux de Tiirviii{ià). M) Il texte vishnu distinct. iian.> le (2; Vritra. Comparez le sanglier (3) Les Gnâs sont nymphes (4) même La trouve dans ser; bzT„ plui»art le les métapliore qui mot grec iiso:, tiss7i. A -julvo;, cette à l'art dieu vceliii i^ui , fait pénètre) Le 'fi) >'om d'homme ciel Plu?, les terres tard cet attribut d'Eryniaiithe. dire au poêle qui est de la même époque reculée où la : , c'est-a-dire les nuages. tisser tamille un hymne, que se re- •J:;âw, ûsôo), tis- l'écriture était inconnue, la composition d'un morceau poétique sont du ti<>eraru1,dn constriictenr. (5) inondé a dompta généreux envers fort, célestes (yjvaîxsc des mots servant à indiquer empruntés le fougue de devenu un dieu a ) li'Indra est plein , : il c\c. LE MYTHE INDIEN. î)-2 w Hâte-toi, lance ta prodigne de biens ; comme coupe-lui les muscles bœuf, envoie-nous dance. massue sur ce Vrilra, dieu puissant, tes eaux, les vers que nous venons de citer, n'est guère de chants dans si La victoire sur j)oëtes védiques. type de toute victoire : lieu devenu mythe le est appliqué De son côté, le les vritras. Géryon et de la nom de les et dans la langue nous en font pressentir la lutte au moment où d'Héraclès contre de Jupiter contre Cœcius. Les circonstances du combat et les noms des combat- tants sont loin d'être cités d'une façon constante. lieu pntiy : chants védiques, que nous allons rapprocher de celle d'//?- Les allusions fréquen- l'antiquité. C'est cette fable, déjà vieille étudier pour dans l'expression loin et la trace qu'il a laissée composés le terme générique pour désigner Ven- nous en révèlent l'importance furent pour eux de rester réservé au seul adversaire plus vriira d'entre tes à ce et vrilrahan (meurtrier nemi. C'est ainsi qu'on verra plus le soit à l'usage des Vritra. est l'adjectif sens général de viclorieux. (Ira^ est n'en il souvent, si commun de Vrilrd), surnom ordinaire d'/W/*«, au dire, hors de propos, qu'on ne peut s'empê- cher d'y voir une soile de lieu l rilra^ est plu- il A vrai védas où les mention. Cet épisode est rappelé quelquefois le en abon- fais-les couler sieurs fois question de la défaite de Vriim. fait un » Dans il à d'f/idm, on trouve souvent -^gfn\ ou quelque autre dieu, ou Tr/fn, même Au Brihas- quelque sage ET VHITRA. l.NUHA «j-i célèbre par sa piété: tantôt Indni livre seul tantôt est aidé des vents il ailversaire varie encore tour l ritra Ahi, ^ combat, le ou Maruts: Le nom de son davantage : s'appelle tom- à il Fa la, Çushna, Çamhara, IVamuci, Pani. Laissant de côté ces modifications d'un récit qui, au fond, même, voyons est toujours le le mythe réduit à ses éléments essentiels. Jndra tes à est berger d'un troupeau de vaches céles- le de couleur éclatante, forme de serpent, monstre à f'ritra, attire à lui le troupeau dans son antre. Indra, s'apercevant de suit le brigand, la trois tètes, et l'enferme fraude, pour- force l'entrée de sa caverne, vaches dont le lait tombe frappe le des coups répétés de sa foudre, et ramène au ciel les à flots sur la terre. Les védas renferment d'innombrables passages ayant à cette histoire. trait Mais il faut remarquer dès à présent qu'il est rare de trouver l'épisode raconté tout entier avec cette suite le dans les poêle, après avoir ébauché rompt par donné lieu au mythe, ou bien nomène physique, auquel choisis dans quable (1) « A la il En faits il : le plus souvent fabuleux, l'internaturels qui commence par le entremêle quelques voici ont phétraits un exemple remar- : présent je M) Big-veda, légende. le récit des description la images I, 32. veux chanter les hauts faits d7/?<'//Y/, les IK MYTHK INDIEN. 94 premiers .4hi (1), aux « qu'il il ait accomplis avec sa foudre a misses eaux en liberté, : a ouvert il i! a tué la roule torrents des nuages. a tué Jlii qui s'était placé sur Il la montagne (2) : Tvashtar avait fabriqué à Indra une massue divine; comme des vaches dont dégoutte le lait, les eaux se sont précipitées vers la mer. « comme un taureau, but cuve; Maghamt {Z), prenant Bouillant triple la arme, frappa " il gendrant alors « monde foudre pour de sa massue Indra mit en pièces terrible vritra Pareil à jour et l'aurore, tu n'eus le d'ennemi... d'entre les vritras d'arbre abattu par « vida lu frappas le premier-né des ^^^^V, le soleil, D'un coup plus le il confondis les sortilèges des enchanteurs, en- tu plus au la sorna^ premier-né des Jhis. le Quand, ô Indra^ quand le la hache, homme un fort, le destructeur, le ; Ahi^M comme un étendu sur lâche et ivre, rapide Indra la terre. a provoqué il : tronc mais il ne pas tète à ses coups multipliés; vaincu, sa chute éclater les « le eaux Ir tint fit (4). Sans pieds, sans mains, combattant frappa sur l'épaule : //zr//-(7, la foudre eunuque, qui prenait l'appa- cet rence d'un taureau, tomba haché en mille endroits. (1) Le serpent. (2) Ou sur le nuage; parvata, qui marque la plénitiulo, le lieux sons en sanscrit. iV Indra (3) Surnom (4) Les nuages renlermanl ; littéralement les eau\. : le dieu des ricliosses. gonilement, a les I.M)HA 1:T VHITHA. Étendus sur « la terre comme un 95 dont fleuv e les digues sont rompues, les flots grossissants passèrent sur lui avec joie couchéaux Âlii fui : pieds des eaux qu'il avait tenues dans sa puissance. La mère de « Indra lui sur l'autre; gisait penchée sur son T'ritra (1) était massue; mère lança sa comme et fils tent ni nom petit, ainsi Ddnu. Le cadavre repose au milieu des « : tombèrent Tun vache auprès de son la fils ne reviennent; de Vritra : qui ne s'arrê- flots eaux emportent les corps sans le l'ennemi A' Indra est entré dans la nuit éternelle. étaient ni démon Mariées au « ['è): enfermées gardées par Cl), comme les vaches /Ihi, les par Pu- volées mais Indra^ en tuant Vritra, a ouvert eaux la caverne qui leurservat de prison. La foudre, « ni le tonnerre, ni la pluie, ni la servirent de rien. Lorsque lui rent ensemble, et Aid combatti- Magïuwat triompha pour tous Qui vis-tu s'approcher a Indra massue, ne l'avoir tué, tu fus saisi un faucon épouvanté, d'.y///, les temps. o Indra ^ lorsque, après de crainte que, semblable à et tu traversas le monde et franchis quatre- vingt dix-neuf fleuves (i)? les « Ce qui marche et ce (1) Dunn. (2) Les eaux sont considérées (3) Démon de même (4) qui est immobile, ce ici comme nature et jouant le Manière de compter ordinaire dans «jui est des nympiies enlevées même rôle c|um les védas. Vritra. ap- p;ir Vrifra. IK MYTHK 9C IN'DIKN. privoiséet ce qui est armé, todf a pour loi tonnerre: il règne seul sur jante enserre les rayons de les hommes; comme roue, ainsi la dieu du le il la enveloppe toute chose. » Les vers que nous venons de citer montrent assez que le sens du mythe n'échappait pas aux poètes védiques : ils prennent, quittent et reprennent Timage convenue, en hommes sûrs d'être compris de leurs auditeurs. Et nous, avons-nous encore besoin d'expliquer après les vers que nous avons cités et il pas clairement aux yeux La lutte la sens n'en paraît- le ? des deux adversaires aux prises dans est l'orage, plus soudain fable, et plus dans terrible le ciel les cli- mats chauds que dans nos contrées. Les nues lumineuses qui contiennent ce sont la pluie, couleur de pourpre qu'un noir démon dépend de l'issue la fécondité de la terre nuages se mettent en marche, se couvrent d'ombre, curité : ils ils vaches veut enlever de la lutte. : Les s'éloignent de nous, ils semblent enfermés dans l'obs- on entend leurs sourds mugissements. L'affreux serpent dont l'haleine dessèche le et attirés dans son antre. jour, protecteur des engage là les le C'est alors hommes, de (les vents), tantôt suivi la la les a que le le dieu du terrible adver- troupe hurlante des Maru/s de tous les dieux On entend massue divine qui tombent sur l'entr'ouvrent et en font enveloppés bienfaiteur de la tribu, combat, tantôt seul contre saire, tantôt escorté coups de monde jaillir la les caverne, des flammes. Letripledard INDRA KT VKITHA. du serpent brille déforme, est mutilé vue; en il même dans les ténèbres. 97 Bientôt en mille endroits, il nuage se le disparaît à la temps, les eaux qu'il retenait captives se précipitent avec fracas sur la terre, et Indra, dire le ciel c'est-à- bleu, triomphant de son ennemi, se montre dans sa splendeur. Cette explication, qui résulte du texte même des hym- nes védiques, n'est pas une interprétation ajustée après coup témoignage des com- peut s'autoriser du elle : mentateurs indiens. Quoique portés à chercher dans leurs livres sacrés pas, un sens mystique qui ne ou à leur demander ries philosophiques, peuvent fermer les les la confirmation de leurs théo- Indous des âges suivants ne yeux sur le cet épisode. Les scholiastes des rayons du les véritable caractère de védas traduisent de Vritra par nuage (megha)^ ment que et vaches volées par soleil ou le nom ils disent expressé- le démon eaux. Le texte les s'y trouve même sont les des védas ne leur aurait pas permis de s'écarter de cette interprétation : dans certains hymnes, vritra nom commun, dans le est employé comme sens de nuage ; ahi est dési- la gnation ordinaire du serpent; cushna veut dire celui qui dessèche et pani est ; vala est également un un terme de la gand^ voleur. Le sanscrit ne nom du nuage, langue qui veut dire bris'est l'idiome primitif, pour permettre pas assez éloigné de aux noms qui figurent dans cet épisode de se transformer sans retour en personnages historiques. Si, malgré la limpidité de 7 la LE MYTHE INDIEN. <)« langue, des mythologues ont essayé de faire dans l'Inde ce qu'ont tenté les évhéméristes de la Grèce et de Rome, au sens toute une école d'interprètes, restée attachée propre des mots, a maintenu contre eux la signification physique des mythes. Eugène Burnouf, qui a montré cette double direction de l'interprétation indienne, cite une curieuse discussion du mythe de Fritra, due au commentateur Durgdcdrja. Nous demandons mission de « reproduire la Si Vritra est rencontre, que (1). nuage, qu'est-ce donc que celte le cette lutte oindra avec Vrilra dont hymnes védiques? parlé à tout instant dans les comment on répond Le phénomène de : du mélange des eaux de et lumière la lorsque les eaux sont échauffées par clair qui est d'Indra, poussé par que les per- la le vent et : il Voici la pluie naît en effet, c'est lumière de la est figuré sous le l'é- nom eaux commencent à couler pour se changer en pluie. Cela étant, on peut dire, par forme de comparaison, qu'il y a une sorte de combat entre l'eau et la lumière qui sont rimage d'un combat, bat, puisque car, en fait, il n'y a pas de la on voit que l) com- » valeur scientifique de cette disserl'histoire de f'ritra n'est fhirgâcdrja une fable vide de sens, (iéryon l'autre. C'est Indra ne connaît pas d'ennemi. Quelle que soit tation, opposées l'une à comme pour Apollodore. Une analyse lihdi}ftrnt(i-}iHrihni, \\\, \y iwvvi pas pour celle de grammaticale INDRA ET VRITRA. plus sûre et plus fine, 'jy un sentiment plus profond de nature, une tradition non interrompue, l'Inde en de ce divorce moral, qui Italie, entre les croyances de naissances de l'âge mûr. s'est la la préservèrent opéré en Grèce jeunesse et les et con- VI. FORMATION DE LA KABLE. Ce faut montrer d'où ment de deviner n'est pas assez s'est ils le viennent. formée autour de empruntée au spectacle de la Il la sens des mythes; conception primitive, nature cette , enveloppe le temps, qu'on peut comparer au bois qui survit pendant des siècles à la pour sève dont faire celte étude, ple version du com- faut observer fabuleuse qui va toujours en s'épaississant avec et même que il est sorti. Ce ne sera pas de nous servir à l'Inde, la la fois de trop, la tri- Grèce et Tltalie ont conservée mythe. Sur plusieurs points, les Grecs et les Latins sont restés plus près de la -donnée première les il que Indous. Les raytliologies des trois peuples se com- pléteront de la sorte tamment pour Tune l'autre, leurs idiomes : comme c'est ainsi il arrive cons- que plusieurs ra- FORMATION UE LA FABLt. cioes 101 survivant seulement en sanscrit , dérivés, et devinées quelquefois par dans certains la sagacité des grammairiens indiens, se retrouvent dans toute leur puen grec. reté en latin et La piemière chose qui héros du mythe n'est pas de l'Inde rien de et dans commun doit nous frapper, même le fable classique. la dans avec celui de Zeus que le mythologie la nom Le c'est Indra n'a Ol bien plus, Indra : est un dieu exclusivement indien, créé à une époque où les ancêtres des races européennes s'étaient déjà sé- parés de leurs frères de l'Asie; nous assistons en quel- que sorte, dans les védas, à son avènement, qui coïncide à peu près avec la composition Mais nous avons déjà extrêmement flottante, sent aisément à un dit que la mythologie védique que autre, et qu'au lieu Nous sommes donc dra tient dans ce mythe plus ancienne. Le la nom de comme àlndra, d'autres le Ciel vainqueurs de les autorisés à penser qu'//^- place de quelque divinité ce dieu , donner avec une entière certitude, Dyaushpitar, nous pouvons c'est premier dieu des nations indo-européennes en est déchu dans les les Grecs et védas, quoiqu'il : (1) (la Terre). Le thème du mot est d^v «u dïv. est le conservé les Latins, soit voqué quelquefois, surtout en compagnie de Prithwi le Dyaus ou Djaus père des êtres (1). dans son rang suprême par est d'un dieu pas- les attributs dieux sont souvent invoqués Vritra. des premiers hymnes. encore la il in- déesse FORMATION DE LA FABLE. 102 On a souvent montré le Djaus, qui commun allemand Zio vieil de ce nom avec (1) Diespiter, Dio\>is^ Jovis, avec le grec le latin Jupitei\ Zeuç, l'identité et se trouve souvent en sanscrit, avec le employé comme nom sens de le Scandinave Tyr ; ciel^ représente la région élevée et sereine où siège la lumière. Ni le latin ni le grec n'en ont oublié entièrement la signification. Sub dio vwere, veut dire vwre en plein air; Ovide emploie sub Jove dans le mauvais temps. Ennius la signification première, par ce vers ad- mirable qui ne serait pas déplacé dans un dique (2) sens; malus Jupiter^ le dans Horace (3), indique nous reporte à même hymne vé- : Adspice hoc sublime candens De même mandaient : quem invocant omnes Joveno. Grecs, pour s'informer les Tt 6 Zeùç 1:01a (4) ; du temps, de- et appelaient l'eau du ciel u^tdp To h, Tou Aïoç. Antonin nous a conservé cette prière des Athéniens Ycov ùaov, àpoupa; (1) : Dyaus fait au la comme génitif divas, forme Zrjv : le rapprochements auxquels nom Zcû; sanscrit Griram, Mythologie allemande, I, p. Lassen, Indische Alterthumikunde, ;2) Fastes, (3) Odes, II, I. I, und Occident, 299. 25. (4) Aristopb., .Ir., 150t. (5) El; iawTov, V. 7. , fait Atô; (AiFô;). xarà donne l, 175. I, p. A8, n. p. Le latin mieux de chant salien (TertuUien, Apolog., Bopp, Glossaire sanscrit, au mot dyu. Benfey, Orient ZeO cette identité ressort encore Jane, qui se trouvait dans le <pi>.s tvi; twv tts^iwv (o). x-^ç 'AÔvîvaiwv y.al nus correspond à w 10). lieu, consultez surtout Ja- l'ablatif Sur les : FORMATION DE LA FABLK. Une circonstance qui montre bien dieu, c'est que la racine dU' composé son nom, nom le a formé, eu lieu formes deus, les 11 l'origine 650c ((^eiFoç), le mot en lithuanien diewas^ tivdr, et c'est donc pas douteux que Djau.s doit de que idiomes de l'Europe, les nom que nous nous servons pour désigner n'est est faut de bonne heure, car en irlandais dia, en Scandinave Il dont (briller), en se modifiant par legunUf deua se retrouve dans tous ce dyu l'ancienneté de ce générique de tous les dieux, deua. cette dérivation ait sous , 10$ encore de la divinité. être placé à mythologie indo-européenne. Outre la mythes qui se rapportaient à lui, il est les permis de sup- poser que plusieurs de ses surnoms ont passé à Indra l'un : des plus remarquables est celui de sthdtar, qu'Indra porte en plusieurs hymnes, l'esprit l'expression latine et qui rappelle aussitôt à de Jupiter Stator. Le mot sthdtar est ordinairement complété en sanscrit par un génitif, tel mine le que ralhasya^ harindmi^V)^ ce qui déter- véritable sens celui qui se tient Quel tion est du de celle épithète qui signifie : debout sur son char, sur ses coursiers. ce char? on ne peut douter qu'il ne soit ques- soleil, qui est souvent représenté dans les védas comme une roue d'or roulant dans le firmament. Ainsi le nom de Jupiter Stator, que les Romains expliquaient par un événement du règne de Romulus, remonte au premier âge de (li Hig., I, 33, j. la race. Sdmaveda, \,2,7, 5, 9. Ib., U, 8, 1 , lo. 7. FORMATION DE LA FABLE. 104 donc C'est le considéré ciel agissant qui est le comme un être vivant et héros du mythe. Supposons pour un moment que nous soyons aussi peu instruits des causes physiques et météorologiques que l'étaient nos premiers ancêtres ; transportons-nous par que où l'homme les prêtait son grands phénomènes de nous représenter ressentir à gieux ; le âme pensée à cette épo- et ses facultés à nature charme mêlé de terreur que devait Le : comme les du ciel, rasséréné. le ciel s'est premiers linéaments du mythe que disparaisse le comme nom commun de la nom de langue, restera toujours le souvenir des actes qu'on lui attri- buait, et à la la mena- ciel s'assombrit, le ciel est nous étudions. Supposons maintenant que il et reli- ces simples mots que nous prononçons encore çant^ la foudre tombe Dyaus tous essayons enfin de ; vue de Torage un peuple timide la tous les jours seront la la vue du ciel qui se trouble on parlera de colère de Zeus. L'adversaire Nous trouvons servé en &' Indra s'appelle nom de Vrilra le grec sous du chien de Géryon Vrilra (1). Le v sanscrit par Tesprit doux, et l'aspiration du sinage de Tep6peuo{j!.ai la , et lettre dans /, le comme dans zend Ahi. parfaitement con- forme Opôpoç, qui la ou 6 est le nom est représenté est due au voi- papaôpov, apôpov, verethra (yritra). Vri- trn veut dire celui qui enveloppe (du verbe vri, clau- ' (1) Max Mùller, Zeilschnft /iir rergleichendc Sprnchfnrschung , V, p. 150. FORMATION (lercj, Ton a déjà et dit LA FABl.K. l)F. que ce nom 105 est souvent em- Oo- ployé pour exprimer simplement l'idée de nuage. également une double signification en grec Opoç a désigne dique le deux à par Hercule, têtes tué crépuscule du matin. Ce le mirable chien du langage fidélité rendre compte, fait longtemps après que in- il montre bien l'ad- qui conserve, sans s'en , même mot dans le et il : ses deux acceptions, logique qui les reliait entre le lien elles a été brisé. C'est ici célèbre dans fort nom comme , de parler d'un autre personnage lieu le mythologie grecque, la Vritra et Orthros, désigne à monstre ennemi des dieux Typhon qu'on C'est fumée la : et est t-jow, tjoow, qui Typhon nom de un naturel. Typhaon. veut &\vq faire monstre qui obscurcit est le typhon ou typhôs formes de nuages que le l'identité et aux trombes sens du mot (2). la au mythe, (1) « Cœlum atram bantiir. » Aulu-Gelle, Ici et et quas rjîûva; vocabant Suidas, (1). Il semble même des deux conceptions n'ait pas échappé fois taire le est resté en grec à certaines aux anciens, qui plus d'une (2) et le une sorte de Vritra grec Mais d'un autre côté ciel, EÎTE Typhoeus dont la fois un phénomène appelle aussi La racine de ce mot (le et , encore ont joué sur langue sert de a conservé d'une part lumigantes globi et figurae le le double commen- personnage quaedam nubium metuendae inipendere imminereque ac depressura? navein vide- XIX, 1. — Tusw;- 7:v£y[i.a y.aîïvâioe;, sppwYo; à-ô véxo-j;. s. v. Socrate dit, par exemple, en plaisantant, au V. Oripiov -rjy/i'iia commencement du Phèdre Tyswvo; TîoXuTtXoxwTêoov xai u.âÀXov èTt'.TeOyiAuévov . . . : Lp KORMATION 106 de fabuleiix, l'aulre confondait dans le LA FABLE, 1)F, physique avec lequel l'objet latin (inguis ^ le changement même gner veut dire proprement serpent; c'est le probablement aussi, par le grec é'/i;, et dans l'allemand, racine se trouve aussi D'où vient choix qu'on a le textes védiques à Vri- les fréquent des aspirées entre elles, 091;; si de cette idée dans l'origine la la (Jnke. du serpent pour dési- fait démon combattu par Indra? On le se principe. Le second nom donné par (ra esl J/2/\ qui il a vu avec raison forme tortueuse des éclairs qui semblent sillonner les airs en sifflant et dresser dans leurs tètes terminées par un triple dard. Mais, ou- le ciel tre ressemblance physique que l'imagination popu- la laire a marquée par nom le d'a/ii^ il y a un motif moins apparent qui a présidé au choix de ce mol. Les formes (ingids^ trent que nasale, et le sanscrit que rale: ahi^'èK. lias, mon- IJnke^ d'une part, s/tç de l'autre, â'yye^^uç, h le ahi a renfermé dans même principe une d'une ancienne guttu- tient la place donc delà le famille malheur, ag/ia^ méchant, agkdy^ que les mots an- le mai, qui faire renferment tous une idée de malveillance et d'hostilité. On en peut conclure que verbe rjsw cette seconde reporte l'aspiration forme nous met sur pour Oûnw, et est de la même sur sens primitif de aJii est eala la voie famille exhaler des valeurs. Le substantif lère, est le que 6u|jl6: première syllabe au fu'ur, de la véritable les mots Ôûtl'w Tûçw ; est parfum; Oufitâw, marquer la co- une de ces métaphores populaires qui changent en un terme abstrait substantif pondons 6û;, 6'jo:, (en latin/MniMs), pour des expressions toutes matérielles. Le verbe sanscrit le étymologie. dhûmu , fumée , rf/Jîî/), faire de la fumée, et complètent cette famille de mots que nous ne indif|ner qu'en passant. hOKMATlO.N DE LA FABLE. lequel s'est riemi, fidèlement conservé dans ment aucune induction symbolique pent l'ennemi par excellence que même le d'hostilité nommer le pour On vu combien a déjà {X AkiXd. choisir l'idée fait la forme de cet animal au Grecs les cette représentation a été fé- avant tout on peut rapprocher : déesse Échidna qui porte origine, tels que même nom, le le Ophionée et tant d'autres. serpent Python, les qu'il l'aspect nature et de la et l'histoire qu'il soit de ces nécessaire Une convenu que l'adversaire de Zeus avait d'un serpent donner carrière tiques dont le même rapports qu'ils offrent avec Ahi. les fut côté d'Échidna géants Anguipèdes, La forme monstres sont trop connues pour de montrer suivi Méduse, l'hydre de Lerne, la Chimère, fois ser- serpent, a porté les premiers fourmille une famille de monstres de même du veux seulement mon- désinence féminine ^va; mais à la faire ravisseur des nuages. conde chez de je ; de et tour d'esprit qui a auteurs du mythe à donner démon grec, le pas l'intention de tirer de ce rapproche- £/0po;. Je n'ai trer 10' , l'imagination et créer à Nous connaissons maintenant ; nous pouvons passant avec quelle put se son aise tous ces êtres fantas- bon sens de Socrate drame mythique grecque fidélité la était le si choqué. second acteur du même remarquer en mythologie grecque a conservé deux circonstances en apparence insignifiantes. De même que iriçirns (à Vrilra est appelé trois têtes), tous le? dans les védas monstres grecs sont FORMATION DE LA FABLE. 108 pourvus de deux, de de De têtes. solument plus, comme trois vomissent tous des flammes, ab- ils nuage fendu par Indra, le Mais nous arrivons à lui a décidément ou d'un plus grand nombre la partie de notre épisode qui donné une apparence de Ce sont ces vaches délivrées par Indra tastique. représentent les nuages éclairés par une invention de poëte, ou époque reculée on au ])aissant récit fan- ciel ? ait pris les faut-il et qui le soleil. Est-ce là croire qu'à une nuées pour un troupeau Ni Tun ni l'autre. Nous allons essayer de montrer que ces vaches sont une création du langage, que et c'est l'idiome qui, en se modifiant, leur a donné naissance. Les mots poûç, hos^ kuli, con', appartenant à des idio- mes qui ont reçu ces mots tout formés, ne présentent pas d'autre idée à l'esprit signent : et l'anime la et il celle en sanscrit, au contraire, a formé le substantif de que «r; de la racine verbale qui (bœuf) subsiste à côté du nom Go vient en quelque sorte de sa signification. racme gam,gii dé- l'être qu'ils qui veut dire al/er, marc/ier, (1), désigne proprement un être ou un objet doué de mouvement. Le mot gu a conservé ce sens général en composition : ad/uigu veut dire celui qui marche sans être arrêté par rien les forêts ; ; le vanargu^ celui qui s'avance puroga^ui celui qui marche (i) C'es'l le radical mand ; qui a foimé le Le Ihèmc sanscrit go le fait dans On premier. verbe to go, anglais, et verbe paîveiv en vient également, par se voit aussi flans povç. le le kommen cbangement du g en au nominatif j^aî/s. alle- b, qui FORMATION DE même trouve dans vement dans dans le les . même chaque idée et le ne go Il adjecli- n'y avait donc pas, les nomma deux attribut nymes. Plus tard, quand tance, . employé nuées ^d- La langue, encore flottante peu sûre du choix de ces mots, férents d'après le raot^'o 10!) métaphore à appeler qui marchent vas\, celles le sens de iens (1 principe, de le védas FALîLE. 1,\ ; elle eut elle créa objets dif- deux homode consis- pris plus marquée par un terme fut ef à part, n'eut plus. qu'un seul sens^ celui de vache. Mais germe du mythe manqua était déjà déposé dans les esprits et pas de se développer. Nous accordons d'ailleurs volontiers que fantaisie la d'un peuple enfant put se complaire dans cette image qu'elle n'avait pas créée, et qu'elle retrouva volontiers dans lixer, il tableau de la vie pastorale. 3Iais pour se le ciel le comme fallait que mythe : ne ne effort sortit ni de fut Il la race, que dans la nécessaire pour créer le la tète nie poétique d'un peuple. prit de toute soutenue par et qu'elle fût portée et Aucun il l'esprit cette fable eût ses racines ailleurs un pur caprice, langue. dans elle l'a fait, d'un homme, ni du gé- frappa d'autant plus des générations qui suivirent le l'es- premier âge de race, qu'on le trouva partout sans deviner d'où il la était venu. Il lière (Ij reste encore à expliquer qui faisait pai'tie une circonstance singu- du mythe primitif, car Samprincûnah sadane gobhir adbhUt errautPs). liig-veda, \, 95, 8. ;partagoant ie elle se séjour des eaux FORMATION DE LA FABLE. 110 retrouve à la comme nous Dans du lui les Latins, chez Grecs, les et, verrons plus loin, chez les Iraniens. Le Virgile raconte que, pour dissimuler la trace : brigand traîne vol, le antre. le chez légende italique, Cacus ne pousse pas les bœufs la (levant fois même (1) : bœufs Le fds de Maia, « le clairvoyant meurtrier d'Argus, détourna du troupeau bœufs mugissants; il dans son à reculons raconté d'Hermès dans l'hymne fait est Homère attribué à les cinquante poussa ces animaux errants par des lieux pleins de sable, ayant renversé leurs traces; car, fidèle à son caractère plein de ruse, il les tourna en sens contraire et marcha lui-même à reculons. » Virgile n'aurait pas emprunté à l'hymne grec une circonstance aussi indifférente et aussi demment la partie de peu poétique: la tradition latine. elle faisait évi- Properce et Ovide rapportent également. D'où vient cette représentation bizarre? On a vu plus haut que la transcription Kaxia;, ployée par Diodore et Denys d'Halicarnasse, la em- compa- raison avec le Cceculus de Préneste et la quantité de la première syllabe nous ont soupçonner sous fait de Cacus une ancienne forme Caecius. Ce que parfaitement une fois mythe védique. Caecius ciel : il est eus avec (1) Vers 74 que Ton connaît est le avec Typhon dans TM<ù')Ac,. I\ïais ss. ce nom nom le le nom s'expli- sens du démon qui obscurcit Je même rapport que ces- le se retrouve en grec dans . FORMATION DE LA FABLE. 1 un ancien proverbe qui nous reporte à Tépoque où mythe était 1 le encore compris dans son vrai sens. Aristote, par Aulu-Gelle cité 1 (1), rapporte qu'il y a un vent ap- pelé Kaixta;, qui a la singulière propriété d'attirer à lui nuages; de les heur, comme là la locution « : attire à lui le Il Csecias les nuages (2). » tation populaire. Si l'on se rappelle la le du mot go dans les est clair double significa- védas, on ne pourra douter que vent Csecias qui attire les nuages brigand Caecius qui vole les identique au est bœufs de Jupiter. verbe grec nous rend dans sa forme védique que les que une ancienne représen- cette façon de parler repose sur tion Il mal- Le pro- le mythe Latins ont placé sur la terre. Qu'est-ce cependant que ce vent qui, au lieu de chasser les nuages devant lui, question d'un dans les les en arrière? attire phénomène qu'on observe quelquefois orages, quand, plusieurs couches de l'atmos- phère se trouvant à des températures différentes, tablit des courants en sens contraire sent alors marcher contre reste que le ; vent (3). l'antiquité attribuait les Il le démon nuages paraisfaut ajouter aux serpents la puis(4). il est tout naturel qu'il la exerce dans u, -n. (3) Je (lois cette (4) du qui ravit les nuages est figuré sous forme d'un dragon, (1) s'é- il sance d'attirer leur proie par une sorte d'aspiration Comme est Il observation à l'ohligeaiire de Ctica (Khyndacem) angiies... emergituf (esque oves, qiiamris alfe et n?oii , sd\anl ami M. Bau(lr\ atque fiiant , supervolan- prr)iici/er feranftir, absorbent. Poinpoiiius FORMATION DK 112 le ciel le nainèh , le poëme épique de accordait sur lui Perse, la animaux, et fait l'haleine attire tomber des les la Slidk- le on rencontre presque à chaque pas du dragon dont ture les pouvoir d'altracliou qu'on Dans terre. VMiLE. l.A pein- la hommes airs la proie qu'il et con- voite. Une imagination naïve voyant dans l'orage la lutte de deux êtres vivants, une confusion résultant du dou- deux causes qui ont ble sens d'un mol, telles sont les fait prendre au mythe forme la Pour toute la race indo-européenne. pression pure et simple de ser le malentendu venu de deux agents physiques réalité, la la en présence de nous il la nature. en rêve, étendons Mêla (f, il la ; comme 9). Cf. Pline, Vlll, 14 posés d'après Élien ; l'on serre de près les laisse, Le le saisir. \\, ciel se 21. je cite les \ers Apây.ûvTîç Ai6tÔ7i(j)v oè "', eî XaîvovTSc àffOiiaîvouaiv el; ta; 6r,pav osot, tôv às&a xç.£[jLa(7Tà; àyÉ^a;, lyyçi Ôcpfxf,; EiaTivoy;; xrjAou|j.£va:, /.ai i77î(«)(JL£va; éz Twv YvàOwv àvwÔEv l'expli- moment même où nous : y.al TÔJv •jîcTSivwv en se dissipant, fantômes que nous voyons ces Élien, personnelles. Le mots qui l'expriment leur disparaît dans le main pour sufht de redres- il La seule manière de quer, c'est de donner aux sens véritable réduire à l'ex- langue, et de substituer mythe s'évanouit au moment où termes qui l'expriment; le deux causes à conservée dans qu'il a el; y^r' àôoôa;, £>.y.oy!jiv ;.; tyiv YaTTî'pa. couvre, la que Pliilé a com- FORMATION DE LA foudre traverse le tiuage^ les prison ce voilà : créèrent fable, la mémoire de Quoique que l-ABLE. eaux sont, délivrées de leur nos pères quand disaient que trente 113 siècles n'ont pu ils effacer de la leurs descendants. mythologie hellénique ne sache plus au la juste l'origine du mythe dont elle a tant varié le récit, semble indiquer quelquefois qu'elle en a un vague elle souvenir. Ordinairement les dragons gardent des sources ou des fleuves. de l'accès le Le serpent la fontaine d'Ares, tué par Cadmus empêche auprès de ïhèbes. Quand serpent Python tomba percé des flèches d'Apollon, un fleuve jaillit antre le de la terre (1). Eurybate, ayant monstre Sybaris qui désolait Delphes, et l'ayant brisé contre où disparut, une source s'élança il un miroir étrusque connu sous fontaine, on voit massue une dont les la le fait tête le le les la environs do- <]e la pierre (2). Sur nouj à' Hercule à lu héros s'apprêtant à frapper de sa de monstre, sorte de lion sans crinière, encore plus dieu de de son rochers, à la place gueule laisse échapper une source L'antiquité tiré clair, attribuait une urne ; pour rendre est placée à côté (3). aux monstres vaincus par le lumière une puissance prophétique. Le ser- pent Python rendait anciennement des oracles à Delphes, et où il la prêtresse qui prophétise a été englouti, tient de (1) Strabou, XVI, 1,1. (2) Anton. Libfralis, VIII. C\. lui aux lieux mêmes son pouvoir divina- Srhwartz, l'isprun/j dev Mythologie et suiv. (3) fierhard, Miroirs étrusques, \)\. CXXXV. 8 , p. iy FORMATION DE LA FABLE. 114 teur. C'est encore l'antre de un serpent qui rend des Trophonius (1). Padoue un à avait y Il oracles dans Le point oracle de Géryon (2). D'où vient cette idée? de départ de ver croyance cette M. Schwartz est , comme Fa le monstre fait dit que de entendre des sons intelli- , gibles pour les dieux (4); Pindare appelle une voix divine grand rôle dans l'histoire religieuse rité nom du tonnerre le Les oracles, qui ont joué un (5). tachent donc à notre mythe; tenait son obser- prophétique du tonnerre. (3), le bruit Hésiode, dans sa description de Typhoeus temps à autre fait la de la Pythie, de si Grèce, se rat- même qu'elle monstre englouti, semblait avoir hé- de son essence surnaturelle. Mais chez la fable a pris Grecs et chez les les Indous bien d'autres aspects. Transportons-nous par la pensée dans ces temps où tout étant , rien ne semblait impossible. mystère pour l'homme, Le récit écoulé avec une attention religieuse cours de la narration il : accoutumé mais se présentait si était dans le quelque mot à double sens, qui permettait de donner au mythe une cette occasion était saisie avec em- direction nouvelle , pressement, et conteur, moitié engagé par ses pro- (1) le Scholiasle d'Aristophane, l\'7t('es, (2) Suétone, Vie de Tibère, li. (3) Vrsprung der Mythologie, v. rjOS. p. âô. 'A/.).OT£ (làv yàç, (4) •i^iy^vib' (tirsxt Ôsoîci cviviijxgv Théorj., V. 830. (5) P'jlh., IV, 3à0 : FORMATION DK l.A FABLE, 115 près paroles, moitié poussé par ses auditeurs, donnait un tour imprévu vraisemblable est celui que volontiers même de : Le conte de à l'histoire. le les enfants fée le plus in- écoutent le plus contre-sens qui donnait à la fable l'aspect le plus singulier était celui qui souriait le plus à cet auditoire avide de merveilles. Cela n'em- pêchait pas de reproduire exactement, hormis sur un point , la narration primitive il : se forma ainsi une quantité de légendes secondaires, embranchements ca- pricieux près , La du récit principal, et qui s'y rejoignent tous pommes fable des au fond identique est (1). île l'on y regarde de par un homonyme. du jardin des Hespérides à celle que nous avons examinée. de u.-?,lov, Nous y retrouvons du mythe d'Héraclès si d'or Elle tient à la confusion pomme , et chèvre, et de [Lvikow, toutes les circonstances de Géryon. Placées dans une de l'Océan où nul navigateur ne peut aborder, aux lieux mêmes elles sont où Héraclès triomphe du gardées par un dragon, chidna, que la il le soleil lui après qu'il a apporté ; frère Euryslhée, Athéné dire au ciel, car il sur de Typhon et d'Éelles. dieu des eaux, qu'Héraclès apprend le doit les chercher; sa coupe d'or d'Érythie, déesse Hèra a chargé de veiller sur C'est de Nérée, où fils roi les replace prête de nouveau les pommes à son au jardin, c'est-à- n était pas permis qu'elles restassent la terre (2). (I Mav (9) Apollodore, U, Millier, Essai de mythologie comparée. Cornp. Diodorc, IV j, il. , 2»;. FORMATION 11,6 De même que formé aiGGw, qui substantif de sante go xaraiyiç, tempête. la De là au ciel moment de fait le verbe grec d'une part le delà nature bondis- l'autre chèvre joue le fait mots xaxàï^ les une nouvelle avant d'êlre un bouclier le de et , a (à cause c/^^^'re l'animal) de fables où double sens a été le s'élancer, signifie al'^, dont , du mythe de Géryon, point de départ allei\ a verbe i^am, qui veut dire le le substantif LA FABLE. Db] série d'images , et L'égide, le rôle principal. en peau de chèvre, était l'orage; Jupiter aiyio^^o; était le dieu qui envoie la tempête (i); plus tard, on traduisit dieu qui porte l'égide. le de Homère semble première signification, quand la au seul mouvement du bouclier, l'Ida On et qui hommes la qui marquent même le analogie entre les mots frissonnement de probablement s'appliquaient aussi au de nuages, airs sur frappés (2). peut remarquer (ppî^, op'-x-/i, nous montre, tonnerre qui éclate, qui se couvre de nuages et les de terreur et un Phrixos, bélier d'or. core voir dans les mots la le il se souvenir fils mer la ciel de Néphélé, traversant La même dont yeî'jxa, yz^iJ-^'* (orage) et y ifxonpa, (1) (2) U gueule vomit des flammes. la faut entendre C'est ê/w aans son sens au double sens de la racine primitif, (3) les satyres Nous disons aux pieds bondissants, : la mer moutonne. A tête de l'origine veho. àtdaw que nous sommes probablement redevables des satyres aux pieds de chèvre, qui, dans lement les identité se fait en- Chimère, cette chèvre à queue de serpent, à lion, (3), chargé a'-yiirooE;. le principe, étaient seu- FORMATION DE LA FABLE. de le qui d'ailleurs sont jetées toutes dans ces fables, même dont la curci le 117 moule, nous trouvons un phénomène naturel langue, en spécifiant sens des mots, a obs- le souvenir. Quelquefois la fable de Vritra change d'aspect ce sont : des jeunes qui dans habitent encore Apas appelle les vont sur s'en est de\^'Ls, (leva démon le les (les le ciel eaux); mais leur nom déesse , et les On appela Gnâs, les : on (celles qui plus ancien le de dieu, devî le mot signifia nuées brillantes de- mères des vinrent les épouses {devapatnis) eo védas les Eaux), ou Apsarus sens spécifique le naturellement vu[xç?i dans fleuves les qui veut dire les brillantes. Lorsque prit dieux. nymphes enlève. Les mythologie grecque peuplent la mer et la que filles ou •y'jvawe;. les Le double sens de grec, nuhes en latin, rappelle cette concep- tion (1). Dans certains vers des védas les dent encore « Les mères (ou bien tiers elles ; : elles les eaux, car le mêlent le lait avec le miel. » cité plus vers qui se rapporte à cette conception En sanscrit sont les sœurs de ceux qui sacrifient volon- dans sa caverne. Nous avons (1) mot dire l'un et l'autre) s'en vont leur che- Vritra enlève les nymphes célestes et (ôix6(>o;, se confon- : ambajas veut min deux sens sanscrit on trouve la imber), et ambâ même les renferme haut (p. 95) un : « Mariées au parenté entre ambhas, qui veut ou ambi (mère). àke eau FORMATION DE LA FABLE. 118 démon, gardées par Ahi, comme les Eaux étaient enfermées vaches volées par Pani (!); mais Indra, en les tuant Vritra^ a ouvert la caverne qui leur servait de prison. » Il suffit l'esprit du mythe, pour rappeler à d'indiquer ce côté quelques-uns des plus célèbres épisodes de mythologie grecque : Andromède livrée à la un monstre que tue Persée, Perséphoné ravie par Pluton, sont bien nymphes des védas les même rapportée à la ; l'histoire famille de de Pasiphaé doit être fables, quoique, par cer- taines circonstances, elle s'éloigne Serait-il trop hardi de voir dans du thème primitif. double enlèvement le d'Hélène un dernier souvenir du mythe déjà complète- ment transformé, dépouillé de son merveilleux, commodé aux à quitter surtout le exigences d'une poésie qui commençait monde enchanté des dieux, pour s'intéresser aux aventures des hommes peut-être perpétué dans s'est la ? même mythe Le poésie épique de l'Inde célèbre enlèvement de Sîtâ, l'épouse de si le le géant Râvana, qui miki, n'est que la fait le sujet noms de bondance dans sujet de l'un les : Rama, par de l'épopée de Vâl- légende védique déguisée en événe- ment historique, comme on peut est l'un des et ac- la le croire, puisque Sitâ déesse Çri, qui personnifie l'a- védas, les Indous auraient pris pour de leurs grands poëmes, la même fiction qui a fourni aux Grecs leur Iliade. (1) rées P««i, l'un ici (les noiii!? entre elles. de yvilra. Les deux formes du mythe àonl compa- FORMATION DE LA FABLE. 119 La contusion que produisent dans l'idiome védique termes qui signifient à les également Soit laissé sa trace nuage la fois dans la mythologie grecque. que l'ignorance des premiers hommes tablement pour des montagnes dans soit qu'il le ciel, ait y montagne a et les ait pris véri- nuages amoncelés encore dans cette occasion une de ces erreurs de sens causées par l'indéfermination des mots, tous sique veulent dire montagne^ açman, ont une double giri, das. De des vers là tu fis sanscrit clas- pcn'ata, adri^ signification que ceux-ci tels le comme dans les vé- : Indra, qui as fendu avec « C'est toi, grande dans les substantifs qui ta massue cette large montagne, dieu qui lances la foudre et couler les enfermés flots j toi : seul possèdes la force à toujours (1). » « Tu as fait jaiUir la source, tu as répandu les nua- ges, tu as rompu Indra, dis, la les chaînes des fleuves, lorsque tu fen- grande montagne, quand lança et que tu battis les Tu « dans la montagne le trésor avec force le ciel le soleil On pense manqué de (2). » serpent Vriira, tu à tous les yeux fis apparaître (3). » identité de mots n'a pas porter ses fruits dans la mythologie indienne. Rig-véda, (2) Sâma-véda, Rig-véda, le as placé humide; lorsque, o Indra, bien que cette (1) (3) Ddnu fleuve s'é- as ouvert le réservoir des eaux, tu tu frappas dans de fils le I, T, 57, 6. I, 4, l 51, 4. ; 3, 3. FORMATION DE LA FABLE. 120 On plus voit Indra fendre tard son épée ou leur couper dn haut du ailes les montagnes les et précipiter les ou bien encore ce sont ciel(l); de les (levas (dieux) et les daitjas (démons) qui font amitié ensemble et concluent un traité pour se procurer Tambroi- déracinent sie, mont Mandara qui le tombent écrasés sous eux sur la renferme, et montagne d'or qui s'écroule (2). Chez les Grecs, le d'idées fut le dieu premier résultat de cette confusion Àjcf^wv, enclume dans signifie vant Hésychius, langage habituel le àV.aa>v père d'Ouranos. Son désignait d'abord nom mais, sui- : le ciel (3). double acception du védique açman^ qui veut C'est la dire à la fois ciel Qi pierre niens la açman est resté le ou montagne. Chez nom du ciel, et l'on les Ira- se sert en- core aujourd'hui de ce terme dans la langue persane. Les montagnes que le ciel, celles géants entassent pour escalader les sous lesquelles Jupiter les écrase, ne sont pas autre chose, suivant toute apparence, que des mon- mont Abas tagnes védiques. Le s'engage reste de la lutte la (inaccessible) sur lequel d'Héraclès et de Géryon est encore un même représentation. Toutefois les Grecs ne sont pas allés sur ce point aussi loin que les Indous au lieu védas de parvuta (nuage), on trouve souvent dans le moi pur qui a ^ (1) Bhdgavata purâna, (2) Ibid (3) R. Roth, Zcitschrijt , vin, 6, 32. la même origine et qui V!, 12, 26, éd. Burnouf. vergl. Sprachforschung, t. les marque • fur : U, p. 44. Ul FORMATION DE LA FABLE. simplement et Indra métamorphosé en preneur de fut brdhmanus plénitude (I); plus tard />///• signifia vil/e, la ras ou démons, de Tripura, souvent de parlent la triple ville bâtie Nous n'avons pas parlé du mythe qui, sans y remonte pourtant à la forteresse des la purdnas célèbrent et les la la Les Asu- destruction par les ennemis d'Indra. d'une circonstance jusqu'ici tenir villes. d'une façon indissoluble, plus haute antiquité, et jette de lumière sur plusieurs particularités de grecque. Indra, quand il que s'aperçoit la les niythologie vaches lui ont été dérobées, envoie à leur recherche sa chienne Saramâ dans més (2) (c'est-à-dire tempête). Sararnd a la d'après mejau le l'un est : (le tacheté). morts, de elle, il deux petits qui sont (le sombre; Dans un hymne à Yama est dit semble hurler qui nom patronymique leur Çan^ara vent, , et l'autre (3), le nomSdra- Çabala dieu des que ces deux chiens, qu'on dépeint comme ayant chacun quatre yeux, s'en vont en messasans doute pour les conduire gers chez les hommes , dans le invoqué royaume comme infernal (4). Ailleurs est dieu du sommeil, gardien de la maison, préservateur des maladies (5) (1) cf. I, 63, 7; I, (2) Rig-véda. 62, 3. (3) Rig véda, VHl, I, Sdrameja : 53, 7. 6, 15, 16. Voy. Kuhn, dans la Zeitschrift de Haupt, VI, p. 119. (4) L'âme étant regardée comme un chien, est chargé de l'escorter. - (5) Rig-véda, V, 4, 22. souffle, le vent, qui est personnifie par le FORMAMION DE LA FABLE. 122 Toi qui détruis la maladie, qui protèges « qui toutes revêts les Aboie au taire... maison, la formes, sois-nous un ami salu- Sârameya, ou au voleur, brigand, qui cours et reviens. Qu'aboies-tu contre les chantres toi à' Indra sommeil que . chef de le la M. Kuhn découvre la mère, que père, que le le chien, tribu s'endorment et toute la tribu. (1) a reconnu dans les retraites fers, préside grec contre eux? Répands pourquoi gronder ^ EpjjLeîaç ou Ep[j[.-^ç. âmes aux en- des deux L'identité que celle noms ne un grand nombre des mythes que nous avons mentionnés il : va porter à Phrixos son bélier d'or, assiste Persée contre gone, cherche Perséphoné aux enfers, dérobe Soleil. Quanta Çarvam, de Kepêepoç dans classique le tres védiques le dieu des fonctions. Ainsi s'explique la présence d'Hermès dans du » et guérit les maladies, le paraît pas plus douteuse royaume de Pluton dépeint bien tel Gor- la les bœufs se retrouve sous le il que que chien Sârarneja qui le cachées, conduit les au sommeil le l'ont (2). conçu nom La poésie les chan- : Cerberus haec ingeiis latratu régna trifauci Personal, adverso recubans immanis in antro Dante, qui place Cerbère montre exactement sous (1) dans son enfer, nous même Zei^scAn/< de Haupt, VI, 125. (2) A. (3) le Weber, Indische Sfudien, H, 295. Enéide, y l, il7. (3). aspect : le FORMATION DE LA FABLE. Cerbero, fiera crudele e diversa Con tre gole Sovra la l?.". (1), caninamente latra gente, clie quivi è sommersa (2). yeux n'est pas jusqu'à la circonstance des quatre Il qui ne soit conservée quelque part ; le scholiaste d'Euri- pide nous apprend (3) que c'est avec quatre yeux qu'on se représentait le chien qui gardait la vache lo. Remarquons toutefois en touchant de comment sa baguette poésie grecque, la magique sions, a su les transformer et les purifier. ventive et fidèle, la Grèce n'a pas oublié vara : mais elle l'a elle en a fait un dieu. le fié la dans fils de Pendant que Perses amènent un chien au qu'il les escorte le le la fois in- chien Çar- lit çabala (tacheté) des poètes védiques. c'est le rin/erno, (3) Phéniciennes, v 1123. VL les Indous la figure ailée et mortalisée par les sculpteurs. (1) tempête mais : et les des mourants, pour d'Hermès psychopompe, chantée par (2) la noir séjour, les Grecs ont con- conduite des âmes à c\i. A vi- relégué au plus profond du Tartare. Sdrameja, Elle a conservé sombres ces les souriante poètes, im- VII. LE MYTHE Nous arrivons à IRANIEN. OHMUZD ET AHBIMAN. nation qui, élargissant d'une façon la inattendue les proportions du mythe de Vritra, en a l'événement capital de sa religion, qu'elle fait bordonnée en entier tie de la famille rameau la a su- nous voulons parler de cette par- indo-européenne qu'on a iranien, et qui comprend la Perse, nommée le Médie et la Bactriane. La Perse étroits que ou ; lui le par les liens les plus leurs langues ne diffèrent pas plus entre elles ; les et l'Inde sont unies idiomes germaniques des idiomes Scandinaves, provençal de l'italien. Certaines parties du culte, certains dieux, sont identiques chez les Perses et les In- dous. si Il est d'autant plus intéressant d'observer l'usage différent the, qui, que les deux nations ont borné chez les Indous fait comme du même mychez les Grecs, LE MYTHE IRANIEN. OHMLZD El AHRIMAN. au domaine de. la fable de et la poésie, une influence décisive sur traire de penser des Perses, et est la 125 a eu au con- manière de voir devenu pour eux et l'histoire en raccourci de l'univers. Le dualisme iranien le du mythe de Vritra. On croire d'abord qu'une pourrait monde est sorti champ de bataille dont l'un distribue doctrine qui une pure suggestion de l'expérience ou un simple produit de réflexion philosophique. livres attribués à arrivé à son le dualisme achèvement, l'analyse philologique permet de remonter à la ception et d'en découvrir n'est pas autre In n'en est rien. Quoique les Il Zoroastre nous montrent plein du de deux principes ennemis, bien, l'autre le mal, est le fait première forme de cette conle point de départ. chose que J n'ira grandi Ahrinmn 'et transformé, élevé au niveau de son adversaire, et remplissant de sa lutte contre le dieu suprême l'immensité du temps et de l'espace. Il ne faudrait pas supposer que cette extension ex- traordinaire vre de la du mythe de Vritra Perse. disputant au il en A la dans possession des vaches célesles, les védas qui présentent sous un jour bien différent « Frappez-le, entièrement l'œu- côté des vers qui montrent Indra démon est d'autres soit est-il dit le mythe : quelque pari, frappez Vriim avec force, généreux Marais^ de concert avec Indra que ce pervers ne règne pas sur nous (1)1 » (1) Rig, I, 23,9. ; LE MYTHE IRANIEN. 12C Et : La foudre, « ne ailleurs; lui servirent de rien. Lorsque battirent ensemble, temps massue, ni le tonnerre, ni la pluie, ni la Maghavat [ndm Ahi com- et {\) triompha pour tous les (2). » Dans un autre endroit^ Vritra porte le nom de adeua, l'ennemi des dieux, épithète qu'on croirait empruntée aux idées iraniennes. Quand le le panthéisme fut devenu, non pas seulement système philosophique des écoles, mais universelle de l'Inde, au point que toute autre manière d'envisager l'univers fut pour les commentateurs se trouvèrent fort quer ces vers et ceux du même Indous lettre close, les embarrassés d'expli- genre. Mais, en les rap- prochant de l'Avesta, nous voyons que Vritra avait eu dans l'origine qu'il n'en eut péens par chez la suite. la Au célestes sont le prix, comme même une portée plus grande indo-euro- d'un combat dont on se ayant pour objet mythe de le plupart des peuples lieu croyance la la le les représentait quelquefois domination du monde. Le caractère s'est conservé dans la lutte de Jupiter contre Typhon, dans celle de tous lesdieux de contre les Titans. Zeus « : autres, Hésiode le nous combattons tous (I) Surnom {)) liicj, I, fait d'iudiyr. :$2, i;i. dieux Titans les et TOlympe dire expressément à Depuis longtemps déjà, opposés et l'empire, les vaches les jours pour nous, les uns aux la tils victoire de Kro- ORMLZb ET AHRIMAN. nos (1). )j de rappeler suffit II 127 Prométhée d'Eschyle le pour évoquer ces grandes peintures d'une guerre implacable dont dépendent du monde. Par un sentiment Grecs ont placé dans les des dieux et l'avenir le sort instinctif les enfers la plupart sonnages qui dans leur mythologie analogue à Vritra ; de ce dualisme, des per- un jouent Pluton, lai-même, le roi rôle du séjour détesté des dieux ^ ressemble par beaucoup de côtés au chez les Germains, la sœur démon védique. De même, du serpent Hel Donar, a donné son nom illidgard, tué par à l'enfer. La Grèce va encore plus pose que Jupiter, dans sa lutte contre dû dessous, que les dieux ont montrait même en Crète le loin : sup- elle Typhon, a eu du se sauver ciel; le on tombeau de Jupiter (2). Sil'on com- se reporle au caractère physique du mythe, on prendra aisément ce qui a pu conduire à cette idée pendant règne dans l'hiver, le dieu qui mort ou énervé, les sources de leur sont taries, et le dans paraît triompher démon le Tir7;ve; xpiTEo; àX/.r./.o'.ct ônri'. Kçôvoy 7:âvTa ÈXYcvôjJLSffÔa. Theolog., 646. (i; Calliniaque, Hymne Kprite; iz\ à Jupiter, <\ii\i<r:ai' Kpf.Tc; lTî*T^va->TO cha- stérilité mythe de Vritra, r^ty. [j.apvâ[ji£6' f.fAa-ra tî Ôîo; y.ai la germe de dualisme, 'HÔTi vKp [i*Xa or,oov Èvavtîoi /.al de semble monde. le contenait dès Torigine un 'A/.r^;, et qui personnifie la D'où vient cependant que (1) lumière la le ciel : . v. 8 : xai yàp totoov, -v 2' ù> âva, Gtïo oO 6âvî;' èaal yào alti. (]ui n'ait LE MYTHE IRANIEN, 128 porté ses fruits que dans la Perse? Pourquoi l'idée d'une deux lutte entre preinte dans la dans On les autres principes, qui s'est mazdéenne, religion fortement em- si n'est-elle restée mythoiogies qu'un incident secondaire? a donné pour raison le climat de l'Iran, tour à tour du pays, où bienfaisant et meurtrier, la configuration les déserts de sable brûlant succèdent aux plaines Mais les (1). la véritable cause, selon nous, est ailleurs. Les di^ux védiques ont un double caractère même : sont, ils Varuna^ de Mitra, moral de caractère le célébré d'hirira, soit en termes magnifiques, on s'aperçoit que, plus ligion indienne Le panthéisme, en devenant croyance philosophique de tous ressa de la mythologie que des dans les esprits, les désinté- figures fantastiques d'un ordre inférieur; leur : les L'Iran s'évanouit. àses premiers dieux, plus leur signification morale. Le cesser d'être le le et la une forme fit au , ressortir mythe de contraire, de plus en f rit/a, sans combat de deux puissances qui règne de l'injuste: l'homme, (I) dieux on ne plus resté fidèle prit la vit autorité rehgieuse de la re- avance en âge, plus ce côté des dieux rentre dans l'ombre. et en temps, des forces physiques et des êtres moraux. Quoique dans certains hymnes védiques putent ferti- il la nature, fut surtout fut transporté de la lutte la sorte se dis- du juste au-dedans de conception ébauchée par l'imagination définitive dans la conscience. Voy. Dunckei-, Grschichlc des Allerf/iuins, t. H, \). 'î\>7 ss. Une fois ORMUZD ET AHRIMAN. reçu dans ce foyer, m\ Ibe, en rayonnant au dehors, le éclaira toute la religion iranienne partagé entre les originalité de la deux le monde principes. C'est : que landis gardé des croyances primitives que en a conservé : l'esprit : le le entier fut véritable la là qu'on religion de l'Avesta, pour une réforme tort 129 a prise brahmanisme la lettre, le à n'a mazdéisme Parse, qui voit l'univers par- tagé entre deux forces partout en présence et tour à tour victorieuses, jusqu'au triomphe final d'Ormiizd, est [)Ius près des représentations mythologiques du premier âge que l'Indou qui, ne voyant partout qu'apparence illusion, enveloppe l'univers dans l'existence d'un seul mythe védique. Iritra est, Au moment où deux peuples, ce mot victorieux, car nous comme dans les les le mêmes noms que dans les trahan (meurtrier de Vritra) ihraja (1). sa propre personnalité être. Nous retrouvons en zend le et en zend, verethra^ est les Ariens se scindèrent en avait déjà pris le sens général védas, pour qualifier, non-seulement (12). il On est (1) Burnouf, E. (2) On torieux dit, p-ir Comm. sur ; le ren- même propre pour désigner un dieu ou ized qui personnifie la victoire, rerethraghna , dans 1845, avril, p. 304 de trouvons employé dans l'Avesta, contre au comparatif et au superlatif, et comme nom et vri- verelhraghna ou vcre- dieux, mais les objets les plus divers usité et le Yaçmi, pp. les lan- 190, 58'2, et p. cwviii. Joiirn. as., juiu, p. 414. exemple, d'un hymne, (pi'il est vere/hrozançlema (très-vit- . 9 LE MYTHE IRAMEN. 130 nom du démon, Ahi gues modernes Behram. L'autre (serpent), est, en zend, azi que voit les l'on recherche termes sont exactement dans les livres tances du mythe védique, on comme en réduites là, tout. mêmes. Si trouve dispersées çà et les poussière, mais présentes par- nom de le que n'est autre Traitana des védas, l'épopée persane sous les zoroastriens les circons- Le héros Thrdetaona^ qui Trita (1) ou auquel vient s'ajou- aji\ dahâka^ qui veut dire ennemi. ter d'ordinaire Tépithète On ou et le dieu qui figure dans Féridoun^ tue le ser- pent azi dahàka, qui a trois têtes, trois queues, six yeux, mille forces (2); le héros Kereçdçpa, le Guerscliasp du Schnh-namèh^&ow{\Qi\om cache probablementuneanciennc divinité solaire, frappe de sa massue Crrivani (le Ailleurs une conduit les Kspêspo; lutte grec, s'engage depuis l'origine du un etitre le la (3). dieu Tistrja, qui mer céleste, et le qui veut les retenir. Mais ces combats ne sont que des épisodes de la monde peut objecter (jue man), qui serpent Çaivara védique) eaux des nuages vers démon Apaosha On le le le grande guerre commencée entre Ormuzd nom d\4nfô signifie Y Kspiit des ténèbres^ et Jhriinan. niaiiiyus (Ahi'i- semble indiquer forme physique que les védas allribuent à Jhi. Mais cette expression a été in- être immatériel et exclut la ventée pour faire opposition au surnom ordinaire d'Or- (IJ Voy. plus haut, (2) Yaçna, (3) Yaçna, IX, IX, 24. 31. p. 92. 0RML7.U ET AHRIMAN. mainjus {^Esprit de Lumière). Par un miizd, çpentô effet analogue de Ahriman la symétrie qui règne dans lui mière des mauvaises pensées et des C'est petit à petit Parsisme, obéissent, source pre- mauvaises actions. que l'ancien démon védique au rôle considérable mesure o^Ormuzd prenait le pas sur qu'il joue dans un caractère revêtait les zends recevait de proportions du dieu l'on ajoutait à la majesté à : plus auguste et Jhriman autres dieux, est arrivé les livres populaire de plus amples l'imagination que le devenu créateur d'une partie du monde, est chef d'une légion d'êtres qui tout ce 131 ; faisait monter d'autant son ennemi. Par une réaction curieuse à observer, Vritra, uni d'une façon indissoluble à son adversaire, profitait des progrès que les Perses faisaient vers monothéisme, le et, tandis en puissance, réunissait tous Ormuzd, grandissant {\\jl les attributs célestes, y^hri- concentrant dans sa personne tous /naii, négatifs, arrivait à former le pôle les opposé de éléments la religion donné naissance au dualisme iranien, mazdéenne. Une fois qu'il a Alirimaii appartient autant à mythologie : les la lutte mythe a pénétré croyances d'un peuple, sous mille formes de métaphysique qu'a son histoire se confond avec celle sisme. Mais, quand un ment dans la entre : du Par- aussi profondéil se reproduit à côté de la représentation principale deux principes, la fable de J'rifra poussa une quantité dé rejelons qui pullulèrent dans mazdéisme et la survécurent à la chute de la religion. le Le LE MYTHE IRANIEN. 132 Schâh-namèh, ce vaste traditions de curieux recueil poétique de» et nous en la Perse, preuve offre la sous : prétexte de raconter les origines de la monarchie persane, le Firdousi nous retrace les mythes de poëme de l'Avesta, dépouillés de leur merveilleux et arrangés en événements humains par révhémérisme populaire. Il y a peu de comparaisons qui éclairent autant l'histoire des mythes que l'étude des légendes du Schâh-namèh, mises en regard de leur forme originale conservée dans les livres On zends. a vu plus haut dique le serpent Schâh-namèh^ Férifloun, est ; l'identité fractions devenu un qui délivre de tué par ayant Thraétaona noms la famille Thraétaona azi dalidka, des (1); que Thraétaona,, un ancien dieu vé- de roi l'Iran la de usurpateur venu du fond de l'Arabie, hâk un exemple allons en indiquer commun aux deux défait lie, Nous la Azdehâk ou Zo- est évidente (2). Le serpent comme zends Schdh-namèh raconte que, sortit de chaque épaule un serpent dont sait à mesure qu'on coupait. On le tyrannie d'un arabe Zohàk ayant été un jour embrassé par la dans , première dynas- est décrit par les livres trois têtes; or le arienne, le démon, la tête le voit, c'est le roi il repous- un mélange singulier d'extrême fidélité dans les moindres circonstances, et d'innovation naïve dans leur interprétation. (1) Voy. Roth, die Sage von Ferldun {Zeitschrift der deutschen morgen- Idndischen Gesellschaft, (2) t. H, Le changeineut du th en et le russe Fédov; le p. 216). / est grec ancien fré(]iient. Or,o et le Comparez moderne =r,& le (ea polonais latin Theodor Ica). ORMIZD ET AHRIMAN. On pourrait faire sur plupart des héros de la mière partie diiSc/id/i-namèh, ridoun. la Ils même la leur propre compte qu'Orma^r/ soutient dans l'Avesta lutte paraît sous la figure d'un prince prend alors le dualisme, se matérialisant, guerre entre l'Iran et Nous ne tan- ennemi il se avec son aspect de dragon lançant des flammes rant à lui ses ennemis. ; ; forme d'une la Touran; tantôt le pre- même étude que sur AV- la recommencent tous pour Ahriman tôt 133 montre et atti- citerons qu'une seule de ces innombrables peintures qu'on peut rapprocher de la description de Typhon dans Hésiode c'est Zal, l'un : des plus célèbres guerriers de l'épopée persane, qui raconte lui-même son combat (1). « N'eussé-je, moi qui porte la tête plus haut que les plus fiers monde que traces dans le qui sortit du Ht comme la égalait la dislance remplissait l'espace hommes de ville la terre que et ma rendit la terre nue gloire. Sa longueur à une autre, sa largeur d'une montagne à une autre. Les tremblaient devant et nuit. Je vis à suffirait dune laissé d'autres destruction de ce dragon la du Kaschaf, main, cela , lui, ils étaient l'air était au guet jour vide d'oiseaux, et la face privée de bêtes sauvages. Le feu du dragon brûlait les ailes des vautours^ son venin dévorait la terre. aurait tiré de l'eau le crocodile farouche, et de 11 l'aigle et aux ailes d'animaux, (1) Schâh-namèh, rapides. l'air La terre devenait vide d'hommes et toute créature lui cédait la place... J'ar- I, p. 309, Irad. de M. Mohl. LE iMYÏHE IRANIEN. 134 rivai près de montagne, traînant par terre Sa langue à des cordes. gueule était les poils à mes yeux comme une mer, nuages sombres... onzième par barrière ligion, reproduit, et » le ; me Il monde devant était une fumée noire volait Le poëte mahométan du du temps, de l'idiome sans la cueilli Il semblait, le savoir, les et mêmes la Grèce de la re- images. ne peut être question d'imitation ni d'emprunt dans deux ses ; quoique séparé des poètes de siècle, la triple tronc noir, sa deux bassins remplis de sang. ô roi, qu'il était rempli de feu les tête pareils chemin le hurla et vint à moi avec rage. vit, vers de sa comme un était béante et pendait sur yeux ressemblaient me semblable à une grande et je le vis lui, : mémoire du peuple persan que Firdousi ces légendes, aussi anciennes que la Il c'est a le- race indo- européenne. Comme Perse s'est trouvée de bonne heure en la contact avec Judée, on peut se demander la the de Vritra n'a pas pénétré chez les Juifs, et être tenté de rechercher avait le my- Ton peut leurs livres n'en contiennent si pas quelques traces. Sans doute tique si le dualisme systéma- des Iraniens devait répugner à un peuple qui fait du monothéisme religion. Mais des légendes fut frayé il si ne serait le dogme fondamental de sa pas étonnant que quelqu'une nombreuses sorties un chemin jusqu'en du mythe de Vritra se Palestine, et eût pris s a place dans les livres juifs, en s'accommodant au caractère général de la religion Israélite. Une telle question ORMUZD ET AHRIMAN. pourrait paraîlre téméraire si les 135 hébreux livres étaient purs de tout mélange étranger; mais on peut citer des preuves, en quelque sorte matérielles, de l'influence du parsisme sur des traces évidentes de bit contient nienne. la livre Raguel hommes démonologie qui successivement tue et (1), sont donnés en mariage, lui à la Perse par son la sieurs fois comme rôle pai- nom. son uommé est vrai même pas sept C'est le dé- concupiscence, une sorte de Cupidon, plu- dans l'Avesta reux de tous {esdeifs (démons) Il ira- appartient AésJinia claeVa [en parsi, csheni-dei')^ c'est-à-dire mon de de To- Asniodée, ce mauvais esprit qui aime Sarra, de fille croyances hébraïques. Le les le Bible. Mais, que le livre comme le plus dange- (2). de Tobit, dont nous n'avons texte hébreu, est un des plus récents de si nous trouvons dans ciennes des conceptions du même les la parties plus an- genre, il sera permis de supposer que des légendes iraniennes ont pénétré chez où la les Juifs, soit ils pendant, La foi à des même avant l'époque communication immédiate avec se trouvèrent en Perse. soit démons devait d'autant plus cilement trouver accès chez les Hébreux, que leurs fali- vres contiennent plusieurs passages qui ne sont pas sans analogie avec les croyances parses. Le livre de Job introduit Satan dans le conseil de Jéhovah; le Lévilique parle d'un bouc qu'il faut offrir à Hazazel. Ces passages (1) VI, 14. (2) Benfey undStern, die Per sise hen Monatsnamen , p. 201. LE MYTHE IR.AMRN. 136 sont d'un sens Irès-vague; mais vantage pour familiariser les démon, et tentateur ou d'un cueillir les il n'en Juifs poui' avec les pas fallait ila- d'un l'idée disposer à ac- légendes étrangères conçues dans même le esprit (1). Le récit contenu dans nèse offre avec le troisième chapitre de Ge- la croyances mazdéennes un rapport les trop frappant, pour que nous puissions nous refuser à y voir une infiltration des idées iraniennes. Non-seule- ment serpent rappelle Ahrinian par sa forme et par le son rôle^ mais le paradis, l'arbre de vie, l'arbre de la science, sont des représentations qui reviennent sou- vent dans isolées et de la comme la égarées dans le Pentateuque. Le reste Bible (nous ne parlons pas des livres les plus ré- cents) n'y fait de zends, tandis qu'elles se trouvent les livres aucune ; bien plus, caractère le semble indiquer une provenar)ce narration juive étrangère. Le allusion mythe est naïvement défiguré, et certai- nes circonstances fabuleuses sont rapportées par torien sans qu'il en comprenne pent, tout en jouant le présenté comme le le sens. rôle <^ AJirinian^ est inimitié entre toi et la semence de léte et tu lui (1) , le ser- simplement plus rusé des animaux que C Eter- nel Dieu avait faits. Ces paroles de Dieu la Ainsi l'his- femme, la femme; cette mordras le talon. » : « et entre ta semence sont Je mettrai semence te brisera comme une Michel Nicolas, Doctrines religieuses des Juifs, p. 241. et la rémi- ORMUZD ET AHRIMAN. niscence vogue de 137 i^uerre éternelle ^u\^//nr//û/i fait la au genre luimain. La narration biblique porte tère d'un récit reçu par et altéré circulation. la sion d'Jhr/ma/i dans hébreu dans ple carac- le de seconde ou do troisième main le C'est le monde, interprété par sens du monothéisme, le de tableau l'inva- peu- le arrangé et en apologue. Au aux lés quand reste, Perses croyances, ils les Juifs se et ne s'y pénétrés jardin d'Éden. Dans en tous sens trompèrent pas, connurent Satan dans le les mê- trouvèrent plus tard par leurs et d'instinct ils re- serpent, et un païadis dans le derniers livres de la la Bible, ressemblance devient beaucoup plus directe; dans Zacharie (1) et dans le premier livre des Chroniques Satan s'approprie comme l'auteur que Satan est le caractère (X Ahriman devenu role de Dieu (5). Il perdre, est le le prince des tente il appar.iîl démons l'ennemi de de Dieu; entré dans Judas. est appelé le il : (4.), le fils nous montre Satan revêtu des riman ç,i du mal. Plus tard encore, nous voyous source des mauvaises pensées pour , (•2>, c'est (3), la la pa- lui qui, L'Apocalypse attributs physiques d'^//- dragon, le serpent ancien (6); des combats à Dieu et à ses anges. Le mythe livre (1) m, (2) XXI, (3) Matthieu, IX, (4) Apoc, (5) Luc, VUI, (6) XXU, 1. 1. V, 3. 2. 12. 34. 138 LIî MYTHE IRANIEN'. védique, transformé et agrandi par pénètre par celte voie dans le les livres iraniens, Saint christianisme. Michel, qu'un passage de Daniel (4) indiquait pour ce « Et il comme un dragon rôle, défait le y eut une bataille combattaient contre le au ciel. Et le et ils dragon, dragon et le ils grand dragon, ne furent pas le serpent ancien, appelé monde, fut précipité anges furent précipités avec terre, et ses anges et ses ne purent plus se maintenir dans diable et Satan, qui séduit le Une Michel et ses anges ciel (2); combattaient contre Michel. Mais plus forts, autre TJtraëtaona, représentation répandue dans tout le ropéen, l'eut autorisée aux yeux de monde C'est sous ce déguisement que venu jusqu'à nous traditions Georges ou saint et a le mythe védique encore ses fêtes dieu lance à la et ses main, debout sur une image aussi familière à tous il Indra foulant aux pieds le démon X, 13. (2) A]poc., XII, 7. (3) monu: saint dragon, yeux que y a trente siècles, à lesprit des Indous^, droyé. (1) les le (3). est par- ments. Les arts l'ont consacré en mille manières , en indo-eu- Théodore à Jupiter, Apollon, Hercule ou Persée pu être le lui. » la foi, les locales substituèrent saint Michel, saint est le que l'Apocalypse, en donnant place à une fois Michel, une les Voy.M. Maury, les Légendes pieuses, p. 131 l'a le Vvitra fou- VIII. LE MYTHE GEBMAMQUE. La mythologie germanique, qui en documents de la montrée s'est riche plus haute antiquité, depuis qu'on a su l'interroger, nous offrira un certain à ajouter à l'histoire de Outre ï'ritra. par Tacite, les nombre de les mes allemands ou Scandinaves, encore dieux décrits si faits anciens poè- tout pleins des mythologues allemands trouvent une mine inépuisable dans les usages, les tra- ditions et jusque dans les proverbes et les locutions en- core en vigueur aujourd'hui. On peut persistance; mais les mythes, -qui sont lisation lui. du langage, En changeant logie, sans traire, la nommer Germanie comme la cristal- s'y attachent et se perpétuent d'idiome, hériter s'étonner de cette la avec Gaule a perdu sa mytho- de celle des conquérants. Au con- parle encore l'idiome qui a servi à ses anciens dieux ; elle prononce leur nom sans LE MYTHE GERMANIQUE. 140 s'en clouter, et de creuser suffit il le langage populaire pour mettre à découvert tonte une religion que mythologie allemande, M. aux désigner aux animaux, plantes et hommes des Grimm J. fait la servir à Tbis- des dieux les dénominations données anx pier- toire res, temps Dans son grand ouvrage sur peine enfouie. à a le les des et jours de lieux, la les légendes locales et fils dans les noms propres termes employés les semaine ou les fêtes pour de l'année, contes transmis de père les campagnes. les Comme en en sanscrit et en grec, arrive souvent qu'en ramenant à leur sens étymolo- il gique noms des personnages qui les mythe, la figurent dans un un phéno- disparait, faisant place à fiction mène physique. L'équivalent de Djinis et de Jupiter dans des anciens Germains est suprême le s'est fractionnée, au premier rang Wuolan dieu Zio et, et à côté ; mais de Zw^ la religion la divinité paraissent Donar. Le dieu Douar, en vieux saxon Thiuiai\ en anglo-saxon Thunor, en nordique Thôn\ représente ce nom le tonnerre, qui porte encore en allemand {cloimei^ (1). Il lance le marteau Miôlnir, dont le passage est précédé de l'éclair et qui, après avoir frappé le main. Marteau se dit d'hui /lamrnei)^ pierre dure, (1) mot but, revient en vieil p. 151. allemand ^«/w«r (aujour- qui, anciennement, désignait un rocher. La Grimm, Myth., de lui-même d'ans sa lettre allemande // est une rem- LE MYTHE GERMANIQUE. lil placée dans les langues slaves Dar un k; /lai/iar, en slave, devient kdineii, (ikincns ^çnidii en nous retrouvons : ainsi le grec âV.awv (1). et le (ikma lithuanien mot sanscrit Donar «énilif ^ zend et combat au livre ser- pent Midgard, frère de Fenriswolf e.\. de Hel. Ftnris- wo/fest loup qui hurle dans le donné son nom à l'enfer tempête; He/^ qui a la germanique, empoisonnée* /^o/ïw/* lui-même, en le Midgard de récèle (hehlen, cacher) l'orage. L'haleine est nuage qui est le tuant, est suf- foqué. La mythologie allemande raconte que Thôrr lui a été dérobé par un géant dément dans peu, et D'un la terre; au bout de sept ans et enfouis dans trésors le sol, tent à la surface (2). bas, remonte quelque il la Bavière la le et La parenté des deux idées tromper ou vaincre il lumière. l'éclair sont considérés la le terre va le ciel, pour l'emporter, ; dragon qui le garde défendait dans les airs. C'est ici- là le céil dans l'épopée germanique. Siegfried, ^r 1(1., {;!) Schwartz, der Uvspruruj der Mythologie, ibid., p. Ibô. la est aisée lèbre et mystérieux trésor des Nihelungen, dont tant question de à la garde de dragons trésor qui, après avoir brillé dans comme profon- qui au bout de sept ans remon- se cacher au plus profond de faut marteau de et enterré revient à commis nuages dorés par voir. Les comme un il il autre côté, les légendes de Souabe parlent de à tous les ans le Bopp, Lexique sanscrit, s. v. Açmaa. p. 64. est le LE MYTHE Gr.HiJAMQUE. .142 héros du poëme, rencontre au pied d'une montagne les nains ISibelung et Schilburig qui se disputent le trésor de leur aïeul. Invité à il le partager entre eux, reçoit en récompense Tépée invincible du vieux roi Nibelung; mais ne parvient pas à diviser il reporté dans la montagne. Une descendants de Nibelung que douze géants lutte rend invisible par qui il et le il est bonnet [larnkappe) de prêter serment à Siegfried^ est constitué le gardien damment du combat ainsi les lue, de leurs serviteurs. Le vaincu également, obligé de céder le il venger ses maîtres; mais nain Alberich veut qui trésor, qui est s'engage entre les et Siegfried; et sept cents le du trésor (1). contre les I\ibelungs, Indépenest fait mention d'une victoire de Siegfried sur un dragon {lin- daarrfi) dont rend le sang, en coulant sur son corps, Le héros épouse invulnérable. il la le princesse bourgui- gnonne Kriem/ii/d; il frappé par Hagen^ qui coimaît la seule place de son corps par où il périt dans une partie de chasse, peut être blessé. Le trésor des Nibe- àings, qui était la dot de Kriemhild, est descendu par Rhin. Le poëme, dans sa seconde partie, elle dans fait intervenir Attila (^Etztl)^ roi des Huns, qui épouse le Kriemhild; celle-ci emporte avec elle sa dot et la fait servir à la vengeance de son premier mari. Dans la fable (1) les chants Scandinaves nous retrouvons intacte dont l'épopée des Nibelungen^ dans sa rédaction A'ibelungen, 3* aventurée I.E actuelle, MYTHE GERMANIQUE. nous montre 143 fragments brisés. les n'est Il pas question de Huns, ni de Bourguignons; l'action est en- core placée dans son milieu mythique. Siegfried apparaît comme on lui le représentant d'Odin donne le nom de dans : l'un de ces chants Sigemu/id, et Sigmundr est un des surnoms du dieu (1). Tout est merveilleux dans sa vie; il Régino, aimé de est élevé par le génie Brunhild^ armé d un casque qui rie tue le serpent Fdfidr qui garde c'est-à-dire le roi des nubes)y et comme Que le il le le la walky- rend invisible trésor du devin Gripir les vsçoç, coups du perfide Hagano, le lui avait prédit. ce mythe, modifié par mat des peuples du nord, il roi Nijling, nuages (en allemand nebel^ tombe sous ; génie et d'après le soit le cli- originairement identique à celui de Fritra, c'est ce qu'il n'est guère permis de révoquer en doute. La ressemblance de Siegfried avec que Achille est manifeste et conduit à l'hypothèse a, comme fait les l'Iliade Nibelungen, pour donnée première un mythologique, que des événements réels, qui y ont été mêlés, ont contribué à défigurer. Diverses circons- tances qui, dans l'histoire de Donar ou de Siegfried, pourront sembler nouvelles, ont leur équivalent dans la mythologie de l'Inde ou de la Grèce. De même que le marteau de Thôrr revient de lui-même dans sa main, les flèches d'Apollon M y th. (1) Griinm, (2) Quintus de Smyrne, lui sont rapportées par le ail., p. .iU. m, 86. Scliwartz, ouvrage cité, p. 105. vent (2). LE MYTHE GERMANIQUE. 144 Le casque qui rend Siegfried invisible Homère à Pluton (1); Persée battre la Gorgone. Quant des se trouve trésors, elle que dans bien rappeler les la vers du dragon gardant à la fable dans les védas classique. Phèdre (3) de du dieu pour com- reçoit mythologie spelancatii idtinuini^ lus. » le est attribué par : « Il Àd (2) , aussi suffit de draconis custodiebat qui thésaurus abdi- Les mois denXouxwv et de Dis^ appliqués au dieu même des enfers, tiennent à la différentes mythologies que nous passons en revue conception. Ainsi les com[)lètent l'une l'autre, et les traits tenié d'abord de regarder l'une d'elles, se comme mêmes qu'on se est des innovations de retrouvent, marqués plus ou moins fortement, dans toutes. (1) Iliade, V, 845. (2) Dasyum dhaninam véda, (3) I, 33, 4. Phèdre, IV, 19. [divitem daenwnem, en parlant de Vrifra), Rig- IX ALTERATION DL M\THE CHEZ LES GKECS ET CHEZ LES IM)OLS. Pour terminer à le l'histoire suivre dans quand il dans la Grèce et dans le nous reste l'Inde, sence de générations nouvelles habituées à qui il dernière partie de son existence, la se trouva de notre mythe, prirent tour à tour pour thème à la en pré- réflexion, leurs créations poétiques, pour texte à leurs commentaires philosophi- ques, ou pour point de mire à leurs moqueries. façons le mythe dut tions auxquelles vant que ce il fut le se modifier fut ; mais les toutes transforma- exposé sont de deux peuple ou un seul De sortes, sui- homme qui le re- mania. Quand Eschyle ou Gœlhe s'emparent d'une gende, ils première la et renouvellent de fond en comble donnée : menus circonstances accessoires, ensemble et détails, tout change d'aspect sous leui- main. lé- On peut 10 ALTtoATIO.N DU MYÏHK I4G eu dénainrent à (lire qu'ils An (lu quand contraire, temps, le elle est mœurs soumise à la suite du d'une force lente l'actiou Au moment où composée par sit fidélité la trame de les conception, se la et l'immortalisa allait être dé- est en le défigu- un épisode de la Dieux, n'emprunte guère à Iqs noms des personnages. Prométhée, invenl'Olympe, vainqueur teur des arts utiles, défenseur de deKronos imperson- l'analyse philosophique, Eschyle se sai- guerre des Géants contre que et inconcevable. Le Pronukliée enchaîné^ qui la fable la religion, et le corps, c'est-à- mythologie grecque du mythe des Titans rant. change, récit et la conserve avec une travail le des idées, en un mot quand et nelle, c'est l'esprit seul qui dire modifiée par la fable est changement des usages ou de progrès des le l'esprit et le corps. fois la et des Titans, qu'il enferme dans le Tartare, victime de l'ingratitude de Zeus, et attendant sur son rocher l'époque connue dieu doit tomber ; rieuse grandeur, le seul lui appartient si bien au ne faut pas confondre (1) les la la I, pp. le se- Grèce antique. Mais même que légende de Faust, V. Promélhée enchaîné, tragiques grecs, à la postérité, renfermer lors du il donnée populaire avec l'œuvre l'erreur serait la retrouver dans troisième méditatif fait illusion cret de l'histoire religieuse de la : le génie mythe des Titans parut dès du poëte où cette conception, pleine d'une mysté- poëte (1). Eschyle a que de v. 199, sq. '>.'io-29'( ss. î).iS si nous voulions telle sq. e» qu'elle était M. PaUii, Éludes sur vM. i CHEZ LES GRECS ET CHEZ LES INDOUS. jouée sur les théâtres du moyen à^e, 147 et telle qu'elle est racontée encore dans les villages de l'Allemagne, du drame immense que Gœthe en a tiré. tée ptiilosophique Pendant qu'Eschyle donnait aux Titans un éclat tendu, qui les fit logique auquel por- la sortir pour toujours du groupe mytho- appartenaient, ils inat- reste de cette famille le de monstres continuait une existence modeste, souvent exposée aux outrages du temps A moins foule. d'une adoption et aux moqueries de de laquelle l'abri ils où s'éveille, est laquelle, la religion, ont grandi, a cessé de ger. Cette raillerie grossière, fruit de aux époques de certaines fables reçoivent foi, est de cette dernière façon moitié terrible, si : intelligent lourdement dans grand que Jupiter les pièges de son C'est ainsi qne et faible et ennemi, qu'est-ce autre chose, au fond, que le le mythe Odyssée, IX, 216. L'aventure de Polyphème se renouvelle sous une autre forme en Sicile (XII, 260), d'Hélios. Remarquez mais qui appartient la ce Cyclope, moitié naïf, énorme que son bâton ressemblée un Géryon des matelots grecs (1)? (1) L'histoire un exemple du mythe vaisseau, qui se croit plus qui tombe qui bien différente delà gaietébienveillanteavec de Polyphème dans Homère mât de à les proté- la réflexion un tour comique de l'imagination populaire. traité des my- illustre, le sort thes est d'être livrés à la risée, lejour la où les compagnons celte circonstance à la donnée primitive du mythe broche, les bœufs mugissent encore Toît;-/ S' aOxtx' i-z\zx ôiol alp-Koy [j.£v ÔTzta/ix Tï d'Ulytiso prennent les bœufs qu'Homère ne peut plus expliquer, : (}uoique tués et mis à : xÉpaa Trpoijïatvov ptvoi, x.psa 5' aij.5' oSi/.oï: ÈaejAvv.s'. -/ai waà" powv o m- YÎyveTo cptovr). Odyssée, XU, V. 3D4. ALTÉHATlOiN DU MYTHK 148 des bœufs du Soleil se racontait à bord des navires. Quel- que chose de Cjdope Mais même la gaieté inoffensive a passé dans le d'Euripide. il ne paraît pas, autant qu'on en peut juger par quelques fragments, en qu'il ait été même de médie grecque, où Géryon semble avoir livré aux r^res de l'amphithéâtre, gloutonnerie (1) en ridicule : un personnage que provoquent Sans doute il les récits de la co- type de la servait-il à tourner Rien n'est fré- politique. comme quent, mais rien n'est vide de sens, la simplement été comme un nom peut-être son de cette gaieté mythologie grecque. ne faut pas demander aux fables un sens symbolique qu'elles n'ont pas ; mais que dire de ceux qui en font un sujet de dérision, et qui, sans le savoir, emploient pour expliquer ces contes, qui leur paraissent si plaisants, les termes mêmes L'ignorance n'est pas vées à elles la vieillesse; le le pire d'où ils sont sortis? ennemi des peuple conserve toujours pour un fond d'indulgence, comparable à les enfants portent' musent. Mais aux fables arri- l'amitié figures grotesques dont les fables ont à subir les ils s'a- mépris de science qui s'essaye, et cette sorte de répulsion que prit que la l'es- de réflexion, dans ses commencements, éprouve pour tout ce qui est irréfléchi et spontané. Socrate nous présente la pensée grecque, arrivée à même, la conscience d'elle- éprise de la dialectique, de la psychologie, de (1) Meiiifke, CojHicorHm grifcorum fraijmcn/a, I, re- p. ;}ji; UF, p. 323. la H9 CHtZ LKS GRhXS ET CHEZ LES INDOUS. morale désintéressant se et , croyances du passé. Dans Max M. le de plus des plus en début du Phèdre, cilé par Muller, nous voyons Socrale parler avec dé- dain précisément du mythe que nous avons examiné: à moi, Phèdre, je pense « Quant, que ces explications sont fort ingénieuses, mais elles exigent mettent un fort d'esprit, et elles homme un grand dans une posi- tion assez difficile; car, après s'être débarrassé fable, Hippocentaures foule les et pour de cette le mythe des celui des Chimères. Puis une est obligé d'en faire autant il ef- pour de monstres non moins effrayants se présentent, Gorgones, et absurdes. les Il Pégases et d'autres êtres impossibles faudrait de grands loisirs h un homme, qui ne croirait pas à l'existence de ces créatures, pour donner une idée plausible de chacune Pour d'elles. moi, je n'ai pas de temps à donner à ces questions, car je ne suis pas encoie arrivé, selon cle de Delphes, à me semble ridicule qu'un ce qui ne En le venue à principe de l'ora- connaître moi-même, homme concerne pas. lisant ces le trop bon exercer sur marché de seignement me » mois, on croit entendre la Grèce, par- l'âge viril, parler allait il qui s'ignore s'occupe de avec dédain des jeux de son enfance. Socrate, qui sentait quelle influence sophie et le monde, faisait la philo- peut-être tout ce qui ne relevait pas de l'en- philosophique. Il traite l'analyse phistes. Mais ce mythe des Gorgones, qu'il mythologie abandonne aux so- comme du langage, la qu'il déclare in- ALTÉRATION DU MYTHE 150 digne iroccuper un homme sans doute à de tomber dans Toubli, la veille profondément gravé dans le pensait; comme l'esprit il était plus de l'humanité devait subsister à côté de il socratique, et caché à sérieux, el qu'il croyait la qu'il ne philosophie subsiste encore aujourd'hui, quoique l'ombre d'une religion nouvelle. Les peuples, les individus, ne sauraient tenir trop de compte des premières années de leur vie, qui sont les plus déci- sives et les plus fécondes. Us se flatteraient vainement, quelques connaissances nouvelles qu'ils .puissent quérir, d'échapper à leur influence et ac- de rompre avec elles. Au reste, mouvement après un premier philosophie revint à mythes devait être fussent regardés et cette fois ce fut la fable, l'accommoder à ses doctrines. comme l'expression et sottes et vulgaires anecdotes. de malheur ne tomba fut la tendus historiques. the que comme de de Mais ce dernier genre notre fable. Elle froids interprètes qui Nous avons déjà vu de l'évhcmérisme romain pour dépouiller de Cacus de tout ce qui en réduire à un lois mythologie pour en extraire de pré- disséquaient forts des grandes pas épargné à aussi aux mains de ces faits des valait certes qu'ils morales, l'univers vérités pour Si la véritable origine méconnue, mieux des d'orgueil, la événement de la fait le les le charme, ef- myet le plus triste banalité. La mythologie grecque n'a pas été exemple du fléau de l'interprétaliou anecdotique. Plutarque , dans son dia- CHEZ LES GRECS ET CHEZ LES LNDOUS. Sur \os^[iQ le silence sonnage qui fait des oracles du serpent Python un ancien lyran qui la encore fêtée à Delphes. Ailleurs {%), rait explication d'après laquelle la rate lycien, appelé Chiraarros, barque portait sur poupe Bellérophon monté sur , Chimère avait homme dur le il été lion, soleil sur la pi- dont sur la quand mer,, Pégase (probablement un version, la Chimère était une rayons du un et cruel, infestait la une cite une autre navire), en débarrassa la Lycie (3). Suivant les chute se- il proue l'image d'un la d'un dragon; celle un per- {X)^ introduit aurait été mis à mort par ses sujets et dont la 151 montagne qui renvoyait 'plaine et la desséchait au point qu'elle y semblait lancer des flammes; Bellérophon la fit d'autres, pour montrer jusqu'à quel point amené il beaucoup raser. Je cite ces interprétations, entre à un peuple est méconnaître ses premières conceptions, quand a perdu le sentiment instinctif qui les lui faisait com- prendre, et qu'il n'a pas encore les instruments scientifiques pour les analyser. Comme dernier terme de cette décadence des mythes, on peut indiquer grecque qui désignait les Pythons^ par allusion à ble prétait à tous les Il (1 la locution le nom de ventriloques sous la faculté prophétique que monstres personnifiant le y a un autre eenrc d'altération dont l'Inde et Chap. XV. (2) Sm/' les n) Ibid. vertus des femmes, ix. la fa- nuage. la Perse ALTÉRATION DU MYTHE 152 offrent de nombreux exemples l'inlerprétalion théologique. mains des brahmanes On cerdotal. dans principe est hymnes les la les plus récents, massue prière; (\\x de toutes paris : les « Indra com- au heu des Maruts ceux qui pour- a pour alliés les prêtres et voient au sacrifice Lorsque, ô Indra! tu enveloppas deux mondes de puissance, ta ceux qui ne priaient pas avec dispersas les des mages, prend un aspect sa- dans ainsi, : bat le démon, c'est avec il le Le mythe de Vritra^ entre ce n'est pas avec la foudre ou la (les vents), dont peut déjà observer celte transformation védas les et et de ceux qui prient, le démon avec secours le l'aide lu des prê- tres (1). » D'autres fois, c'est avec le secours d'une certaine for- mule, avec un ustensile du sacrifice, avec un vers du Rigon avec (\\i' le le mètre employé dans un certain hymne, Indra, ou bien Brihaspaii dieu de (le la prière), qui remplacé, mettent Vritra en déroute. C'est ainsi que \QPanc(n'inçali., commentaire sur le Sâma-véda^ rhythme parlant d'une espèce particulière de dit, « : en Indra lança sa foudre contre Vritra^ mais celui-ci s'y enroula seize fois; alors .••orte il [Indra) aperçut cq padastobha (une de mètre) avec lequel De même, en Perse, avec la c'est avec prière, les instruments (1) Itifj., (2) Pancaiinçati, XIU, I, le lit il les du prisonnier (2). armes spirituelles, sacritice, les formules .(3. ô, 52; «itc f!an* If.^ Indmi/c » s/iidini, I. IV CHEZ LES GRECS ET CHEZ LES INDOIS. magiques, que Dans battu. pour sujet le démon du Vendidad^ qui a de Zoroastre, la tentation repousse toutes plus efficacement corn- le chapitre célèbre le est le prophète iranien démons en attaques des les 153 sentant les pierres qui servent à exprimer leur pré- breuvage du le sacrifice. Mais dans c'est Purdnas les poétiques qui nous montrent vastes ^ la compositions mythologie indienne arrivée à sa dernière période, qu'on trouve morphose Il n'y la plus plus, a morale entre les de singulière dans ces poëmes, dieux et les de fable la méta- la l'ritra. aucune différence démons : les uns et les autres sont des êtres sans réalité, des manifestations de l'âme infinie et éternelle, de simples apparences. savent bien existence, de la parfaitement instruits de parlent et agissent tous doctrine du Yoga sens; s'ils Brahma, mais ils : ils : ils la Ils le vanité de leur comme des adeptes ne sont pas dupes de leurs se combattent, c'est pour obéir à la volonté de la seule chose au monde ne prennent au sérieux qui ait une réalité; ni les batailles qu'ils se livrent, ni les coups qu'ils reçoivent. Leur seule am- bition, au milieu de ce tumulte extérieur, qui ne distrait pas du soin de leur salut, c'est de connaître Loi et de s'unir, après leur mcrt, à l'Esprit. où Vritra, qui a déjà furieux à Indra rt celui-ci, couvert df lutte : les la Au moment perdu un bras, a porté un coup l'a blessé à la mâchoire, comme honte, nose pas lecommencer la ALTKRATION DU MYTHE i:A Reprends ton arme, Hari (1), « frappe ennemi Ion Le seul vainqueur décourager. naissance rusha de , gloire ou vie ou la que naît la au où mort : Cakra la mort ou à L'homme est doit défaite la la la , pas enchaîné qui con- au sein de vaincu dans Le combat ou la victoire faisant tous Pu- peine que causent la est spectateur (3), le , combat, le mes efforts un jeu où bras le pour mise la nature. la et t'arra- est la vie, nos montures les siè- monde que son paroles de Fritru^ In- et (A). » n'est adversaire la foudre, lui dit il pas moins détaché du ayant entendu : dra loua les générosité de son langage, et, reprenant sa en riant et sans orgueil '< que (( ta « l'univers, qui est l'Esprit '< merveille qu'un (( est la nature, se heureux d'avoir eu tu es dévotion profonde pour (1) JNom (2) L'âme du monde. (Il) Nom Ah Ddncwa ! ! pensée d'exprimer souverain et l'ami de Certes, c'est cœur comme soit si « le tien, une grande dont la passion fermement allaché au bien- d'Indra. resserré »naxinies, ! le la : A' Indra. (4) E. Bunioiil', ai la deslruction et de dés sont nos flèches, Indra I de maître celui-là n'est l'esprit la vie. les ges se le plaisir armes brisées, cher moment de est déshonneur, le Vois-moi, les le (2) primitif, éternel et omniscient. indifférent (3tre ce n'est pas : l'rilra; crie lui le Bhdgavala piirdna, discours de Vi>tr<t I. *"n VI, c. 12, 1. supprimaiU Il, im \<- »V20, cdit. in-Colio. rerlaiii nomhre de CHEZ LES GRECS ET CHEZ LES INDOIS. " heureux Fdsudei'ci s'enlretenant avec que, ainsi Indra loi, dans qui (1), Vritra^ et voit que le le deux ces les batailles, reprirent le On est tout désir la forts guerriers maîtres combat dont la fable, bonté.» C'est de connaître (2). » panthéisme brahmanique non pas seulement de 15.S il s'est emparé, a altéré l'esprit, mais des personnages eux-mêmes. Mais ce n'est pas lout sous ce premier déguisement : , un trouve s'en second. La vaste organisation theocratique qui enveloppait rinde^, au temps dans se réfléchit où furent composés \idsPuidnas, mise en scène de notre mythe la combat de Vritra contre Indra est présenté : le comme un épisode de cette longue guerre des brahmanes contre les rois, qui et dont est le conservé ait poëme le la on f3), souvenir perce dans tant de légendes, événement historique dont seul l'Inde mémoire. Dans un autre endroit du que dit lutte la d'Indra contre Vritra a eu pour cause une querelle qui s'est élevée entre le des dieux, Indra^ et son précepteur spirituel Viçva- roi râpa Le dieu (4). triple tête sacrifice, tagne mais, pour un géant noircie le Krishna, qui rsoiiide (2) Bhàgavata-puvâna «) L. VI, chap. 17 C'est venger, brahmane sa du du naquit, il feu, et qui perçait , et sq.; est liii-mémc identifié ibid. t. W, p. .)«1. nn des noms de Vritra dans le? vcdas. feu une mon- terrible, qui ressemblait à par (1) (4 le de son javelot flamlwyant. terre la : avait coupé au irrité le ciel et Sa bouche, pro- avec Dralimn. ALTERATION DU MYTHE I6fi comme une fonde et saisissait tandis de pour , dévorer, les que sa langue mondes et léchait les astres. qu'Indra les austérités (1), reçut nom Il d'une nuée de flèches l'assaillirent fallut mondes Fritra les : aiguiser sa foudre par fit d'un célèbre pénitent (2). La et celle de flèches mais bataille s'en- des démons brisées, les une grêle Alors encore. pour resta seul s'engage entre Voyant leurs Asuras lancent des rochers, des les les. deux adversaires, (1) le ('2) Nous indiquons seulement le Dud/njaric de ( lui prêter ses outre les démojis. Le Brahma VrUra avec est l'origine Dadhyanc posriil ce cf. ici le fuite et lutte la que Vritra et B/idga- le démon perd qui successi- sens général d'un épisode bizarre ra- iiieux. et ne s'aperçoit la foudre membres, pour même qu'il se de ce conte V il est Indra demande an s'en servir fait rishi (sage) d'une arme, i)as que son corps Indra est parti. vient imiquement d'une fausse élymologie et comme s'il du mot se com- a)iga (niembrei. L'bistoire forgée d'après hymne védique Maliàblidrnfa, Viinnpnri'a, tue fabriquer avec les os du solitaire. Quelle (au nominatil' DarfyaHj;) qui a été interprété ancienne; un comme ascète y consent, s'abîme dans la contemplation de dndlii (celui qui donne) nom la tranchèrent les ciel, l'air et la terre. conté au long dans le BluUjavata-purdna. de dieux Jndra. Dans tète à Paràiia décrit avec éclat, i'ala le ciel. Asuras prirent tenir les dieux cou- arbres et des pierres; mais les : les ; pent pendant leur course à travers armes prière et la Vriira et les siens font tomber sur les dieux et les combattre efficacement, le gage alors entre l'armée des dieux de glaives le Les dieux se précipitèrent contre d'obscurité. absorba entièrement. Pour il trois les enveloppe), parce qu'il enveloppait l'riira (qui lui caverne, engloutissait l'atmosphère t. I, y fait déjà allusion. p. 5ôi. Riçi , 1, 84, t.'t. CHEZ LKS GKKCS tT CHKZ LES vement ses (Jeux bras l'épaule, ['Jsura (1), du le Avec « dieu de inférieure; qui, privées de leurs ailes (3) plaça sur la terre sa porta jusqu'au il comme une langue redoutable trois mondes avec de mort, la le mâchoire supérieure; et ou- ciel la vrant une bouche profonde s'agitait de sang, ressem- foudre (2), furent précipitées du haut la Le Dditya ciel. i:,7 coupés jusqu'à ses bras tout dégouttant une de ces montagnes blait à par : LNbOL'S. l'atmosphère, où saisissant presque les , ses dents semblables à celles démon du dieu au corps monstrueusement énorme, qui dans sa course renversait les monlagnes, et broyait sous ses pas terre la , comme eut fait des monts, s'approcha du dieu de roi gloutit tile, avec sa monture, de doué d'une grande vigueur, avale un même foudre, la tête le : foudre et l'en- force vitale et d'une extrême éléphant... Mais, quoique englouti, fendant le la force d'une montagne les (1) Démon. (2) ^ous avons il eût abattu anachronismes amenés par ici et trancha le sommet (3) Démon. (4) L'ascétisme indien. (5) Bhûg., n, p 633. le changement des idées, on aperçoit encore un exemple de vata (montagne). t. comme et (5). » mœurs complet des du mysté- ventre de XAsura avec sa dieu puissant sortit (de sa prison) de son ennemi, Malgré la le qu'un immense rep- Indra ne mourut pas, protégé par rieux ^o^'-a (4) en marchant la condition de pur cala (nuage) tl les par- AITF'R. 1.^8 Irails la DU MYTHt: CHEZ LES GUECS ET CHEZ LES LNDÔUS. principaux du mythe. description contre rité le si démon, I>.es trois têtes frappante de Vritra, le de Vicvarupa^ la lutte monstre privé de ses bras, particula- qui se rapporte à un passage du Rig que nous avons cilé(i), loules ces circonstances se retrouvent cit du dieu moderne. Le se reproduit ici fait : mythologie, mais dans le ré- que nous avons observé plusieurs fois le peuple change l'aspect général de sa il en respecte qui transforment les religions, le détail. comme versent les empires, renouvellent la Les révolutions celles qui boule- face extérieure des choses, mais sont obligées de compter avec les croyances et les pas usages fondés sur une longue tradition, le pouvoir de les détruire, elles les et, n'ayant font entrer, tant bien que mal, dans le nouveau système qu'elles introduisent. (1) V.plus haut, p. 94. X. LA FABLE 1) HERCULE Eï DE CACUS DANS Nous avons épuisé notre mythe : série des un instant à notre point de départ, passage où Virgile le latine. Peut-être le On a au a raconté légende la long circuit que nous avons aux qui nous a conduit presque prêtera- t-il métamorphoses de mais, avant de finir, qu'on nous permette de revenir pour pour rehre la L ENEIDE. du poëte un récit origines de intérêt nouveau. vu plus haut, par l'exemple d'Eschyle, com- moule où quelquefois qu'un passé et ayant quelque sorte ral où race, la ment un penseur peut immortaliser un mythe en éclater le fait et le était génie don de la fable elle était il née dans et lui jeté. Mais il faisant arrive aussi pénétré de respect pour le le faire le revivre, reporte en milieu intellectuel et mu- rende son aspect primitif. LA FABLE D'HERCULE ET DE (.ACES IGO Parmi tant d'autres aventures favorables celle rare fortune n'a pas raanqué à notre mythe. ces sources qui rendent pour un instant séchées jeuni, ou contraires, l'éclat et la fraîcheur, le aux Comme fleurs des- génie de Virgile a ra- non pas pour un moment, mais pour tous siècles à venir, la fable déjà si ancienne et si les flétrie du Latium. On qu'en abordant ce voit ment de son antiquité Non liacc superstitio le senti- : solemnia nobis, Has ex more dapes, hanc Vana poëte a récit, le numinis aram, tanti veterumque ignara deorum Irii()OSuit. En écrivant ces vers, Virgile pense aux liens, aux prêtres Sa- aux repas de Varn maxima. sacrifices et Mais, involontairement, notre pensée va plus loin, notie vue plonge au-delà do hymnes celle les poëte, et le souvenir des pleins d'un indiens, tout mêmes images que du bout à l'autre des vers de Virgile, s'impose à notre esprit. Dans fidèle le au vers qui suivent, récit populaire, qui mythe védique, mots la les qu'il leur sens primitif, le poëte latin est resté lui-même serre de nous suffira de si si près restituer aux pour retrouver à chaque ligne poésie des védas. Souvenons-nous d'abord fiiontd^ne du double sens du mot : Jain priinuni saxis suspciisain hanc adspice rupciii Disjfcla' procul ul moles, deserlatyie inonlis : . DAMS L'ENÉIDE. Stat domus, et scopuli ingeiitem traxere ruiiiam Hic speluncâ Quoique ble que fuif, vasto submota recessu remplacé par Hercule, Soleil soit le l'astre qui autrefois livrait le démon joue encore un est fait 161 dans rôle la il sem- combat contre lutte, tant il souvent mention, tant l'auteur revient sur idées de lumière et de ténèbres. Ainsi, dès qu'il scène Cacus en les met en : Semihominis Caci Solis le inaccessam faciès quarn dira tenebat radiis... La description de Cacus conviendrait parfaitement au nuage chargé de la foudre : Huie monstro Vulcanus erat pater ; illius atros Ore vomens igaes, luagna se mole ferebat. Vient ensuite rés à reculons Atque le trait dans vraiment antique des bœufs l'antre ti- : hos... saxo occultabat opaco. Les sourds mugissements des bœufs, c'est-à-dire le bruit des nuages qui s'éloignent en grondant, sont sou- vent rappelés par les poètes indiens Discessu mugire boves, atque omne : querelis Impleri nemus, et colles clamure relinqui. Les védas ne décrivent pas avec plus d'élan d'Indra vers son ennemi Hic vero A'tidîo l'uriis et acrii i iir>ii : cxarseiat atro Fellcdolor; rapit arma Robur. la manu [ii'tit nodis(]uc f;ra\atum ardua motrlis. 11 course LA FABLE D'HERCULE ET bE CACUS l«2 Le héros enfonce caverne du monstre: la lance sur celte caverne, dans comme dans que la foudre. dre le croyance des Romains la des Indous, n'est pas autre chose celle On le silex qu'il croit, retentissement dans vers suivant, en enten- le : Inde repente Impulit : impulsu qiio maximus insonat œther; Dissultant ripae, refluitque exterritus amnis. Le combat qui s'engage a lout <Jc la d'une lutte lumière et de l'ombre; un instant l'antre de Cacus même comparé est à fait l'air au règne infernal : At specus et Caci détecta apparuit ingens Regia, et unibrosae penilus patuere caverna; Non secus ac si qua penilus : vi terra dehiscens Infernas reseret sedes, et régna recludat Pallida, dis invisa ; superque iminane baratiirum Cernatur, trepidentque iiiimisso lumine Mânes. Le poëte revient encore sur Ergo inspeiata deprensnni in même la idée : luce repen'e, Inclusunique cavo saxo, atque insuela rudentem... C'est le bruit dre ; voici les du toimerre que coups répétés de Desuper Alcides telis premit, la le démon foudre fait enten- : omniaque arma Advocat, et remis vastisque molaribus instat. Virgile n'a garde de négliger rancietine tradition des tlammes vomies par le démon : llle aiitom... Faucibus ingenlem fumuni, mirabilo tvoinit, iiivo vifqiie domum Prospectum eripiens oculis ; dictii, caligine ca'ca, glomeratque Fumiferam norlom comniixlis igné siib tenobris. antro DANS Nous trouvons dans venir de le L'K.NKIDK. les 1G3 vers suivants légende qui veut que la le un sou- dieu se jette dans corps du monstre, c'est-à-dire dans déchirer comme nuage pour le le : Non liilit Alcides anirnis, seque ipse per ignem Praecipiti injecit saltu, Fumus agit, quand Enfin, est vaincu, il qua plurinius undam nebulaque ingens specus aestuat unda. la lutte est terminée, quand de nouveau est Panditur e\templo foribus fait domus mention du le monstre soleil : atra revulsis, Ai)stractaeque boves, abjurateeque rapinse Cœlo ostenduntiir. Nous gile la légende répétons le : notre but n'est pas de prêter à Vir- connaissance de lui il ; a suffi la signification primitive de de retracer avec vérité et la avec poésie un récit ancien dont les circonstances principales dans s'étaient bien conservées pour se rencontrer avec Mais c'est surtout poésie dans mémoire du peuple, hymnes védiques. la courte invocation des prê- semble que Virgile a retrouvé tres Saliens qu'il la les la du premier âge. le ton de n'y a pas de vers dans ce Il morceau qu'on ne pourrait commenter avec des centaines de vers tirés des védas. termes, des exploits de les cite, et Il même nature poètes de l'Inde, en invitant le sacrifice il mêmes termine comme divinité à venir goûter : Tu nubigonas, flylœiimque Plioluinque Pro<iij;ia, et Te la ; les dans invicte, bimembres inaiiii, tu vasium ^enl(a .sub Cresia niacfas lupe leonein St\"ii trcniucn' lanis, 1o iHiiildi Orci LA FABLE D'HERCULE ET DE CACUS DANS L'ËNËIDE. 164 Ossa super recubaiis antro Nec te iillee faciès, .seinesa cruenfo ; non terruit ipso Typhœus Arduus, arma tenens; non te rationis egenteni Lernaeus turba capitutn circnnisletit anguis. Salve, vera Jovis proies, decus addite divis. Et nos et tua dexter adi pede sacra si'cundo. Rien ne peut donner une idée plus exacte de sie védique que ce morceau. (l(\xier, qui se trouve dans la poé- Il n'est pas jusqu'au mot le dernier vers, qui n'ait son équivalent dans l'Inde. Ce mol doit être pris dans sens propre : les le poëtes védiques invitent les dieux à venir du côté droit, dakshinatus, dakshinit (1). N'est-il pas intéressant de trouver, dans le chef-d'œu- vre de l'épopée savante, un fiagn>ent qui tiendrait sa place parmi les créations de la poésie la plus spontanée qui ait jamais été réveiller des ? C'est le privilège du génie échos endormis depuis des siècles. qui a inspiré les premiers chants de l'humanité core entendre de loin en loin ses accents. (I) Atharva-véda, IV, 32, 7. : il peut La Muse fait en- RESUME. ne sera peut-être pas inutile de rassembler en quel- Il ques pages conduits : les résultats auxquels cette étude nous a nous laisserons de côté les circonstances se- condaires et les hypothèses, ou du moins nous séparerons avec soin ce qui est conjectural des pouvons regarder comme Le mythe d'Hercule que nous acquis. et ciens, sinon le plus ancien, s'est faits de Cacus, lun des plus ande conservé avec une rare la race indo-européenne, fidélité, quoique avec changements accessoires qu'y a apportés le génie les diffé- rent de chaque peuple, en Italie, en Grèce, dans l'Inde, dans Ce la Perse et dans la Germanie. n'est pas par l'uniformité des lois de l'esprit encore moins par ressemblance des le hasard, qu'on récits humain, peut expliquer la que nous avons comparés, car 166 UKSL'MÉ. l'analyse philologique nous a noms présence de certains commune. Sans le constater partout fait qui attestent une secours de la philologie, la filiation recher- les ches de mythologie comparée courent risque d'aller à l'aveugle, car le champ de l'interprétation est illimité mais, avec l'aide des noms, qui sont attachée à son origine, la fable et attestant d'erreur se trouvent comme semblances mythe, moins pour dans les plus frap[)antes et les récits l'idée l'identité primitive, Epfxeiaç, Kawtiaç, suivant leur formation. les En qu'un seul lois peuples les est la nom mythi- dans Sdrales di- devait s'y at- les religions à de tous croyances qui peuvent leur être communes doute son philosophie. Mais la utilité, : doit rester ré- mythologie comparée développement des conceptions leur plus ou les res- mythologie comparée n'a la avant tout une science historique, et le Une phonétiques qui ont présidé effet, cette étude, qui a sans servée à que Képêepoç, comme on pas pour but de rechercher dans les chances générale d'un Csecius, conservé verses langues, et transformé, tendre, les mieux concordants prouvent les que comme Vritra^ OpÔpoç, Çarvara, nieya^ marque singulièrement diminuées. seule preuve grammaticale parle plus haut ; la moins de ressemblance, et c'est l'origine religieuses, et non qu'elle se propose d'observer. Dirigée d'après ce principe, ne doit pas mythologie comparée recherches étendre ses crovanres d'une seule race la : au - delà car elle écartera, des comme r.ÉsniÉ. une hypolhèse fier, l'idée dans (ju'elle est impossibilité de véri- 1 commune d'une religion primordiale comme peuples. Si pourtant, les ir,7 nous cela à tons est arrivé, rencontrer dans une autre race des traces évi- elle croit dentes de croyances identiques, elle devra rechercher si ce n'est pas par un emprunt qu'elles ont passé d'une re- une autre. ligion à Prenant pour point de départ avons reconnu dans la fable de Cacus une légende ayant ses racines dans lique, terrain même signe, nous où la Rome de Virgile, nous le récit des du Latium, sur sol le A rois était assise. avons présumé son itale ce antiquité, car les peu- ples ont rhabitude de placer tout près d'eux la scène des mythiques actions composent qui le fond de leurs croyances. Les cérémonies qui se rattachent à cette histoire, telles que les sacrifices dix jours à Vara Rome, la qui se célébraient tous maxinm^ dans les les premiers temps de présence des prêtres Saliens à l'autel, les noms du forum ùoarium, de la porte Trige//tf/iff, du temple de Jupiter /n^entor^ de la maison Cacus, le caractère archaïque du time qui existe entre nie si la victoire de du dieu de la et l'union irj- cérémo- la le carac- légende. Le mouvement d'esprit qui, de Rome, de l'escalier rite, enfin romaine du triomphe, nous ont confirmé tère latin siècle et a à partir du quatrième eu pour but de transformer italique d'après le modèle de de chercher des rapports, la la la religion mythologie grecque, plupart du temps et fictifs. RÉSUMÉ. 168 entre les dieux du Latium et les divinités ou helléniques, n'a pas épargné noms des personnages ont légende de Cacus. Les changés; mais on été res- l'ordonnance du récit et Taspect général de pecta fable. D'après la un ensemble de circonstances que nous ne pouvons rappeler le la héros les ici, nous avons reconnu dans Hercule dieu Sancus, c'est-à-dire Jupiter, qui portait à l'Autel Maxime rator. était surnom de Recaraiius, le c'est-à-dire Quant au brigand vaincu par le d'abord Caecius. Les hellénistes de plus tard Cacus, c'est-à-dire Evandre, le Recupe- dieu, son Rome Méchant ; on nom en tirent l'opposa à Bon, personnage complètement apocryphe, le inventé de toutes pièces par les mythologues. Sou? ce vêtement grec, auxquelles elle cérémonies fable s'est conservée, et les la donnait lieu en perpétuèrent le souve- nir. Tandis que veau sur la jusqu'à nous domination romaine, qui passa son la province, étouffa les ou empêcha ni- d'arriver légendes probablement bien variées des diverses cités de l'Italie, la Grèce, libre et divisée, con- serva presque autant de formes différentes du mythe hellénique, qu'elle comptaitde peuplades. Par une fiction qui leur appartient en propre, les Grecs placèrent au- dessous des dieux et comme procédant d'eux, un monde de héros qui répètent leurs hauts faits sur la terre. La légende latine se trouve donc reflétée chez eux dans une infinité de fables semblables par détail, rapportant aux noms le fond, variées dans les plus divers le un exploit RÉSUME. toujours IfiO même. Le combat des Dieux contre le les Géants, celui de Jupiter contre Typhon, d'Apollon contre le serpent Python, de Persée contre lérophon contre la Gorgone, de Bel- la Chimère, d'Héraclès contre Géryon, sont autant de variétés locales de même la donnée my- thique. Grâce à un esprit plus poétique et plus liant que une partie des cir- celui des Latins, les Grecs conservent constances purement fabuleuses nairement dans noms les le ciel : la lutte se passe ordi- ou dans des contrées imaginaires; sont restés plus transparents et laissent entre- voir, sans autre secours que la langue grecque, question d'un combat entre des forces de la qu'il est nature. Non-seulement chaque tribu hellénique modifia mythe à son que le gré, mais changea de caractère à mesure il peuple grec avança en âge. Argonautes nous représente époque où commencent expéditions maritimes ques traits : le les la fable L'expédition des de Géryon à une aventures lointaines peut-être et les voir aussi quel- faut-il de notre mythe, mêlés sans doute à des évé- nements historiques, dans l'enlèvement d'Hélène et la guerre de Troie. Un peuple qui aimait autant le merveilleux devait choisir avec joie tous les prétextes pour orner et varier la narration primitive homonymes : il en trouva l'occasion dans qui se présentaient dans le cours du récit, et qui, invitant le conteur à sortir de le mettaient sur la voie d'aventures nouvelles dinaires. En la les roule habituelle, et extraor- suivant ces sentiers de traverse, on ren- 1 7" RÉSUMÉ. contra la fable de celle la des Pommes d'or du jardin desHespérides. Toison d'or et de TÉgide, celles d'Andro- mède, d'Ariane naît le point ;) la et de Pasiphaé. Une de rencontre par où ces fables aboutissent donnée première, s'expliquent d'elles-mêmes, elles car elles reproduisent fidèlement (ians les circonstances de Si la numents que Ton con- fois du thème primitif. Grèce nous passons dans littéraires détail toutes le l'Inde, où des mo- incomparablement plus anciens per- mettent de remonter bien au-delà des temps homéri- ques nous retrouvons notre mythe, , circonstances et le avec toutes nombre des noms plus grand les qui s'y rattachent, parfaitement raconté dans les védas. Seu- sommes lement, au lieu d'une aventure fabuleuse, nous en présence d'un une Il fois arrivé, fait naturel ; au d'un événement lieu nous voyons un phénomène périodique. n'est pas question d'une lutte entre des héros naires Indra : , c'est Dpuis , c'est-à-dire ciel, le qui déchire Vriira^ c'est-à-dire frappant de sa foudre, délivre les eaux que le il en tient nuage le enfermées. de Vritra^ nous trouvons aussi, pour désigner le nom peuple d'/^Ay, c'est-à-dire le sc^rpent ail du nuage, triple : lui en le : ^oiii Au il lieu le nuage, qu'en effet le cru voir l'image d'un serpent dans les replis et qu'il ait pris le langue du monstre, signifié après des flarumes, et fait jaillir monstre ef ima2;i- dard de soit plutôt d'abord Vennetnl, confusion occasionnée par la que et qu'il faille le langage la foudre pour la mot ahi ait le attribuera une forme de dra- HÉSUMÉ. gon donnée par tous ITI du dieu peuples à l'ennemi les suprême. Quant aux vaches volées par le démon, elles sont certainement une création de l'idiome primilif, chaque objet d'après sa qualité qui, désignant mouvement avait choisi l'idée de saillante, pour nommer dans le ciel le de bœuf d'une l'autre. Ainsi, mythe s'explique, gam), s'en va même instant où le s'évanouit il nuée qui part, la dans (^^vi, on peut dire : plus la le qu'il n'existe qu'à condition de n'être pas compris. Les auteurs des plus anciens chants védiques ne se pas duper par laissent emploient ils : leur il et à la plaît, succéder tout à coup les la réalité vaches volées par tombe sur méchant Dans le la terre, et, le tradition. peinture fantastique montrent ils des êtres, fait la la les supposer que donnée. Les langue linil par Grçcs, des équi- produisent de nouvelles formes double sens de ^^t^i'(nuée le plus phénomène périodique en une ancienne thiques peut-être le naturel se change en une scène détail fit l'eau qui emploient son ils Grèce, De même encore que chez le font nue. Après avoir dépeint voques de ; cesser l'illusion après avoir appelé Vritra comme dans s'obscurcir, et le le font sens ordinaire de nuage. l'Inde fabuleuse, ils brigand, et le plus lâche nom dans qu'ils s'amusent des images que leur idiome de lui-même, mais leur fournit quand double sens des mots le } rilra enlevait les poëme du Rdnidjcuia my- brillante, déesse), nymphes célestes; repose-t-il sur cette mots patvala (nuage, montagne), pm 172 RÉSUMÉ. (nuage, montagnes en preneur de et En comparant la Grèce et jusque-là huha transformèrent ville), celle entre elles de villes. la fable de l'Inde, celle s'éclaircissent d'elles-mêmes. Plusieurs des malentendus qui ont donné mythes nouveaux doivent la être rapportés à un idiome est le nœud de D'autre part, des divinités ou des êtres montrent dans l'erreur. fabuleux se védas sous leur première forme les i'ard) le chien l'aile qui hurle dans des vents : de lui leur la tempête et qui em- âmes des morts. Sdrameya les un autre nom du même faisant langue que nous avons reconnu dans Cerbère. ((^«/- c'est ainsi est la plus rapprochée de cet idiome, nous per- met souvent de deviner quel porte sur à des lieu antérieur au grec, au latin et au sanscrit; mais des védas, de beaucoup de circonstances l'Italie, inexplicables en deslrucleur de être Hermès : mais Eppia;), ( les lui Grecs, en tirent même amour Géryon comme un don de la forme humaine. C'est ce de lart qui les porta à représenter guerrier grec, tandis qu'ils cachent figure du chien à deux têtes, Orthros. du mythe indien nous permet Vriua sous monstre le la La comparaison aussi de reconnaître d'où vient l'idée des bœufs tirés à reculons vers l'antre de Cacus : c'est l'image des nuées qui, par un aisé à expliquer, ont l'air et qui une de marcher contre physique le vent, parurent attirées par l'haleine embrasée du serpent, fois forme effet le qu'on fut convenu de représenter sous ravisseur des nuages. cette . Ht'SUMÉ. La nature de riioinnie 173 complexe, est et lui il serait impossible de ne pas mettre quelque chose de son être moral dans les Le démon qui mythes qui occupent son imagination. retient les un type de méchanceté comme foudroie, religieux Grecs, , eaux du de perversité, et vengeur de le indiqué chez déjà dans très-visible regardé ciel fut Romains pour prolongea temps la lutte I titra ils en des deux êtres merveilleux se : morale avant tout, où cha- lutte est le prix. Cette conception n'empêche pas la de tous gigantesque légende primitive de survivre dans sa forme plus restreinte et plus modeste Parsisme Hvrent pour leur compte soutient contre firent le védique devint chez doit prendre parti, et dont l'avenir de chacun mes, chez les Perses à travers l'immensité du les de Tespace et que homme et et et donnant au mythe de ; Fritra un développement extraordinaire, eux Ahriman^ le hymnes védiques, certains cadre de leur religion. Le dieu qui la justice. C'est ce côté les qui frappa surtout les Perses le comme Ahriman, et le le ; tous les saints du combat (\\\Ormuzd dragon lançant des flam- attirant à lui sa proie, se rencontre sous les pas de tous les prophètes de l'Avesta et de tous les rois du Schàh-namèh La Judée appropria au monothéisme, en apologue la légende de du troisième chapitre de tement Ahrinian l'Iran. La même , la la Perse: le et transforma serpent tentateui- Genèse rappelle trop direc- pour ne pas être une importation de croyance reparaît d'une façon encore RltSUJlK. 174 plus dislincle dans le l'Apocalypse, et se répandit de diiiis monde chrétien les traditions locales : là sur des monstres vaincus par des héros purent continuer de vivre, en s'autorisant du récit sacré, et en substituant aux anciens vainqueurs les de saints la religion chré- tienne. La Germanie enfin a reçu, et conserve encore aujour- d'hui sa part des croyances primitives locutions, de noms et une quantité de : d'usages se rapportent au mythe de Fritra. D'un autre côté Tancienne littérature de Germanie du souvenir de ce mythe. Le poëme est pleine des Nibelungeii célèbre serpent qui gardait les de Siegfried sur la victoire trésors du roi ar (le Tonnerre) même le exploit, et le dégageant des éléments étrangers que le Nifling (roi des nuages). Les chants Scandinaves rapportent au dieu it la le Do- racontent en le poëme germa- nique y a mêlés. Nous avons essayé de montrer ce que deviennent mythes quand l'âge qui les soutenait de foi est commence passé, et que à se dissoudre. la Ils les religion sont ex- posés à se survivre à eux-mêmes, au milieu de généra- moquerie tions nouvelles qui tantôt les tournent en tantôt les interprètent servent de thème à les dénature et les écrits : s'ils de la façon la plus arbitraire. la poésie, celle-ci subsistent dans des compilateurs, un mélange singulier de ils fidélité la en les et S'ils embellissant mémoire du peuple se perpétuent dans les avec circonstances secondaires, et d'erreurs dans l'aspect général. Eschyle RÉSUMÉ. immotlalise 175 table des Titans en la déKgiiranl la ; Denys d'Hnlicarnasse, au contraire, raconie avec une grande exactitude nnythe de Cacus tout en faisant d'Hercule le un prince grec, de Cacus un et poëmes modernes de peints que comme deux pour obéir : que qu'ils sachent qu'apparence Indra l'Inde, et sont dé- monde le combat, bien se livrent ils eux-mêmes et tuais les circonstances ; Vvitra les adeptes du panthéisme brahmani- braluna, a du Lalium. Dans roi de la ne sont lutte sont exactenjent celles du mythe védique. Livrés à des mains marbre ces blocs de d'ouvriers, d'une construction dans une autre Il ils tombent aux s'ils ; mains de quelque ?culpteur de génie, célèbres, mais obscurément {«assent ils deviennent cessent d'être reconnaissables. y a toutefois d'heureuses rencontres dans l'histoire des mythes : peut rendre un la ment les ranimer les comprenne contours de créations du ces à Pour de l'humanité. saire qu'il les vie la : il la temps védiques, et les hymnes de a suive exacte- et de naïveté des la pu fnire vers qu'il met dans la pas néces- raconté l'histoire d'Her- l'aurait prêtres Saliens ne seraient ancien des premier âge n'est il suffit qu'il foi croyances primitives. Virgile comme , passe, narration populaire, et qu'il v mette quelque chose de cule et de Cacus amoureux du poétique, esprit un poêle des la bouche des pas déplacés dans le plus race arienne. La longue suite des aventures de notre fable nous montre avec quelle persistance une conception se maintient KÉSUMÉ. 17G dans souvenir des peuples le persistance qui n'est pas ; que pour plus étonnante, après (oui, pour la mythologie la langue, car on peut dire que nous répétons encore dans mêmes termes les les fables qui ont charmé nos pre- miers pères. Mais ce qui, à nos yeux, n'est pas moins remarquable que cette durée qui ressemble presque à l'immortalité, c'est même mythe diverses fractions de les ropéenne. Chez l'usage bien différent qu'ont fait les Romains, Grecs, race indo-eu- U est réservé à il poésie une tradition nationale, chez les dans la vie religieuse et il la est politique du du peuple; et entre les devenus étrangers à leur mythologie, en font ; Indous, le texte des interprétations les plus forcées, et y cherchent la confirmation de leurs spéculations philosophiques. Les donnant un tour métaphysique Iraniens, irouvent la à la fable, y matière d'une religion. Mais partout, quel que soit le sort réservé les plus anciennes institutions, lés s'y rapportent et le les usages rappellent. au mythe, les plus véné- Les dieux de la Grèce, les oracles de Delphes, les premiers sacrifices et le plus grand autel de dition : neur de le Péan Rome nous ramènent retentit |)our la la victoire que première à cette tra- fois en l'hon- l'Inde et la Perse ont prise pour type de toute victoire. Peut-être faut-il voir dans cette haute place dans conception, qui occupe une si gions et dans les usages de la race premier fait les reli- indo-européenne, le de sa vie intellecluelle. Partout aussi la poésie s'en empare : elle retourne ::: n: ne peut oublier. Le RÉSUMÉ. constamment à ces drame joué tous les cinq ans à Delphes, et des frères Saliens, les chandas de , l'Inde comme regarder mêmes fait célèbrent que même et frères , Ce leur : poésie s'abreuve aux instinctivement nourrie de s'est aux grands événements le même et l'Iliade ces qu'elle reposent peut-être donnée^, et l'Odyssée, l'Enéide, \q^ Nibelun- Sdiâh-namèh contiennent certainement des épisodes qui, sous des el un thème unique. peuples ariens peuvent se les Le Rdmâyana représente. gen les communauté du langage'et des idées, et les a mêlées la et sources. L'épopée surtout, cette fleur de l'esprit indo-européen sur chœurs les odes chantées à Olympie n'est pas seulement la croyances qui qu'elle récits fait. noms différents, retracent un seul Tel est l'attrait invincible des fables : l'é- popée, qu'elle soit l'œuvre collective d'une nation ou fruit du génie poétique d'un complu à fixer les mières dans seul homme, s'est images qui se sont réfléchies l'esprit de la le partout les pre- race. FIN. 12 TABLE DES CHAPITRES. IMRODLCTIOX. Des mythes en général De Du Pag. caractère primitif de la mythologie latine et de la fransformati 'n 33 qu'elle subit La légende 1 22 symbolique l'école latine. 44 Sancus et Caecius La fable grecque. Héraclès et Géryon 6'i ~' La mythologie védique comparée Le mythe indien. Indra Formation de \jR mythe à la mythologie grecque S7 et Vritra 100 la fable iranien. Orrnuzd et 124 Ahriman 139 Le mythe germanique Altération du myihe chez les Grecs et chez les Indous • . La fable d'Hercule et de Cacus dans Y Enéide Résumé i4ô 1 à'-* ... 165 % h^' 1 PLEASE DO NOT REMOVE CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY