Hercule et Cacus, étude de mythologie comparée

publicité
w^ïï
ifeilï^:teiSfe
'"
lisiàsî
Ico
Ico
ico
-
Breal, Michel
Hercule et Gaeus, étude
de mythologie comparée
'co
c;^;;;;^
•^i^jj^jHjr
^m^^
-^^^ml
HERCULE ET CACUS
Kll
!)i;
1)K
MYTHOLOGIE COMPARÉE
MICHEL BKÉAL
PAHIS
.
tHKZ
A-.
DURAIND, ÈJÎITKUR
*•
KtE
T>t:s
r.hi--*,
7
fN^i;
|.
HERCULE ET CACUS
ÉTUDE DE
MYTHOLOGIE COMPARÉE
MICHEL BRÉAL
«as>Ç<
PARIS
CHEZ
A.
DURAND, ÉDITEUR
RDK DES GRFS,
1863
7
lii.pi
il.'»
Sdiiiis-Poi-cs,
la.
M. E.
EGGER
MEMBRE DE L'INSTITUT
PROFESSEUR A LA FACULTÉ DES LETTRES DE PARIS
HOMMAGE
D'AFFECTION ET
DE:
RECOINNAISSANCE
INTRODUCTION.
DES MYTHES EN GE.NEKAL.
L'interprétation
pas
le seul
du mythe d'Hercule
objet de ce travail
d'exposer suivant quelles
pée et de parcourir
:
et
de Cacus n'est
notre but est, en outre,
dévelop-
lois cette fable s'est
la série
de ses transformations, en
remontant jusqu'à sa naissance. Après en avoir recherché l'origine, nous nous proposons de suivre
du mythe chez
les différents
l'histoire
peuples qui l'ont reçu, soit
par héritage, soit par emprunt: nous examinerons com-
ment
selon
il
s'est
modifié et a pris les aspects
l'esprit
particulier
les
des religions où
plus divers,
il
est entré.
De même que
l'histoire
avec
générale des nations auxquelles elles ont
l'histoire
de certaines familles se confond
appartenu, et en offre une image abrégée,
les
destinées
du mythe que nous essayons d'étudier pourront nous
i
DES MYTHES EN GÉNÉRAL.
2
apercevoir les caractères essentiels des
faire
dont
est
a
il
fait partie.
enfin, autant qu'il
Nous voudrions
en nous, donner un exemple de
religions
méthode
la
philolo-
gique appliquée aux recherches de mythologie, et
faire
voir que l'étude comparée des langues ne nous fournit
pas seulement
le
moyen de
retrouver
des fables, mais qu'elle nous permet, en
d'en expliquer
la
même
temps,
formation.
Jusqu'à ces dernières années,
gardée
comme
tation
on cherchait bien
:
sens primitif
le
étant
tes merveilleux qui
la
mythologie a été re-
uniquement une science d'interprél'idée
contenue dans ces conbizarres pour ne
semblaient trop
pas renfermer quelque signification cachée; mais ce
qu'on croyait
le
sens intime d'un
mythe, une
fois
dé-
couvert, on ne pensait pas qu'il fût possible d'aller plus
avant, et de déterminer pourquoi cette idée avait pris
telle
forme mythique plutôt que
ies fables étaient
fléchi, soit
considérées
spontané, de
l'intelligence
la
autre.
telle
comme
le
En
effet,
produit, soit ré-
raison ou de la fantaisie
d'un peuple, pas plus que
celle
vidu, ne livre le secret de ses opérations.
aussi impossible d'expliquer pourquoi
Il
de
:
or
l'indi-
paraissait
une conception
avait revêtu précisément tel déguisement merveilleux,
que de rendre compte du mouvement
instinctif qui pré-
sente telle image plutôt que telle autre à l'esprit d'un
poëte ou d'un orateur.
nonçaient
et
On
se demandait bien ce qu'an-
ce que renfermaient ces nuages capricieux
qui flottaient à l'horizon de l'histoire et formaient, en
DES MYTHES EN GÉNÉRAL.
quelque sorle,
ils
s'étaient
le ciel
amassés
poétique de
d'où
et
ils
la
3
Grèce; mais
semblait interdit à l'homme de savoir.
Les recherches
mythologiques restèrent donc bornées
rl'herraéneutique
fois
:
la clef
comment
venaient, c'est ce qu'il
à
un système
de cette écriture inconnue une
supposée trouvée, on ne se demanda pas quelle
son avait
avait
attribuer à
chaque signe
la
valeur qu'il
on aurait cru perdre son temps à un problème
:
insoluble.
sible
fait
rai-
Nous essayerons de prouver
de surprendre
les
qu'il
mythes au moment
leur éclosion et de rendre
compte de
la
est pos-
même
forme
de
qu'ils
adoptent.
Nous
allons plus loin
trompeur, car
un vêtement
mérite de
il
fait
:
l'interprétation est
supposer que
jeté sur la vérité
la
la
pour
un système
fable est
comme
laisser à l'esprit le
découvrir. Tel n'est pas, à notre avis,
vrai caractère de la mythologie. Les
lons seulement des plus anciennes, et
le
fables (nous par-
non pas de
celles
qui, par imitation, peuvent être inventées par les poëtesj, les fables
sont ni des
ni
ne contiennent aucun mystère;
faits
elles
ne
historiques déguisés, ni des allégories,
des métaphores, ni des symboles. Nous ne croyons
pas que l'homme y
traites
pour
ait
enveloppé des idées trop abs-
être comprises sans image,
ni
trop hardies
pour être exposées à découvert, ou de trop grand prix
pour
sortir
vrées à
de l'enseignement des sanctuaires
la foule. Elles
antique sagesse;
elles
et être li-
ne sont pas l'expression d'une
n'ont à nous apprendre aucune
DtS MYTHES KN GENERAL.
4
ne sont
vérité profonde, ni physique, ni morale. Elles
pas davantage
le
de l'imagination poétique d'un
fruit
peuple inventant des contes afin de satisfaire son goût
pour
langage figuré, pour
le
paraboles.
Un mythe de
les allégories
pour
les
pris à
un
et
création populaire,
moment donné de son développement naturel, ne
pas autre chose que ce
ou, pour
mieux
qu'il dit
effet, et la meilleure,
seule manière de l'expliquer,
dire, la
de remonter, à travers
c'est
en
signifie
la série
de ses métamor-
phoses, jusqu'à son origine, et d'en écrire l'histoire.
Pendant longtemps
primitif
comme un
rien,
dans
lent.
Tantôt on
science a considéré
la
l'homme
être à part, obéissant à des lois
la société
dont
moderne, ne peut donner l'équiva-
supposait trop grossier pour saisir
le
une conception sortant quelque peu du monde matériel
on s'imaginait dès
lors
que
semble de signes destinés à
les idées
qu'il n'eut
pu
;
la
mythologie est un en-
lui
rendre compréhensibles
saisir
sans ce secours. Tantôt
on plaçait au berceau de l'humanité une époque de
science sacerdotale
:
les fables seraient
un écho
affaibli
de cette sagesse des premiers temps. En dernier
quelques critiques^
amour
prêtant
lieu,
aux premiers hommes un
singulier de la métaphore, ont pris la mythologie
pour une langue poétique dont s'amusait
main dans son enfance. Toutes
le
genre hu-
ces explications se tou-
chent par un point: elles séparent l'idée de son expression
;
elles
tinction
placent à l'origine de la mythologie la dis-
du sens propre
et
du sens
figuré. Rien, ce
sem-
DES MYTHES EN GÉNÉRAL.
ble,
n'est plus
l'homme
5
opposé à l'ordre naturel des choses
chacune de ses
primitif trouve un terme pour
conceptions, et
il
est difficile
en possession d'une idée,
Les symboles,
de comprendre pourquoi,
l'aurait obscurcie à
il
:
c'est-à-dire
les significations
plaisir.
cachées
attachées à des mots ou à des représentations graphi(jues, n'ont
pu exister qu'à des époques de réflexion,
chez un petit
nombre d'hommes
réunis par une cioyance,
des intérêts ou des habitudes à part. Tels ont été
gnes qu'on trouve dans
les
catacombes de
ont servi aux premiers chrétiens;
figurés sur les
monuments
les si-
et
qui
sont les emblèmes
tels
mithriaques. Les symboles se
retrouvent aussi dans les beaux-arls
peinture,
Rome
:
la
statuaire et la
par impuissance d'exprimer autrement une
foule d'idées qui leur échappent, ont imaginé d'y faire
allusion
par des signes de convention
;
les
obligées de resserrer dans un petit espace
monnaies,
une quan-
tité
de renseignements nécessaires, nous offrent, chez
les
anciens, un exemple de véritable symbolique. Les
hiéroglyphes de l'Egypte ont
enfin des
symboles se former
la
même
à certaines
origine.
On
voit
époques, quand,
l'exégèse d'un texte sacré ou l'interprétation d'anciennes
croyances étant l'occupation générale des esprits,
l'allé-
gorie devient, en quelque sorte, une façon naturelle de
penser. ^lais qu'il y a loin de ces artifices, qui tous sup|,osent
une culture avancée, à
langage! Transporter
les
la
création populaire
raffinements de
l'époque où l'homme a eu, pour
la
du
l'allégorie à
première
fois,
cons-
DES MYTHlvS EN GÉNÉRAL.
f;
ciencede lui-même,
tenir
peu de compte des
Loin de chercher
[îousse;
donne
le
à
doit désigner.
S'il
mystère,
le
la
l'intelligence.
langage primitif
le re-
et ce
nom,
qualité saillante de l'objet qu'il
impose aux idées abstraites des appelne peut
lations matérielles, c'est qu'il
les
de
lois véritables
chaque chose son nom,
d'après
choisit
le
il
il
renverser l'ordre des temps et
c'est
autrement
faire
:
idiomes modernes en font tout autant. Nous ne pre-
nons pas pour des symboles
les
termes concrets qui
nous servent à exprimer des conceptions morales.
C'est à dessein
que nous rapprochons
mythologie de l'origine du langage
fond, est la
:
la
l'origine
de
question,
même. Hérodote (1) raconte que
les
la
au
Pélasges
adoraient des dieux et leur adressaient des prières,
mais
qu'ils
leur
auraient appris les
rendaient
dont
la
hommage
sans
logues;
noms des
les
ils
divinités à qui
le
ils
sentiment des mytho-
cherchent les dieux inconnus que
n'ont pas su
nommer;
de venir en aide
primitif.
Nous croyons, au
ils
à
adoraient
nous
Hi.st. W.b")..
serait
les
hom-
essayent, par leurs expliTinsuffisance
contraire, que,
de connaître l'idiome parlé par
d'hommes de chaque
l'i)
Égyptiens
les
connaître. Celte anecdote,
résume assez bien
cations,
sible
nommer;
les
philologie peut aujourd'hui démontrer aisément
la fausseté,
mes
ne pouvaient
le
du langage
s'il
était
pos-
premier groupe
race, la nature des dieux qu'ils
révélée par
les
noms
qu'ils leur.
DES MYTHES EN GÉNÉRAL.
donnaient,
même
et le
T
simple énoncé des mythes en serait en
temps l'explication.
Pour apporter dans
mythologie
la
cette question de l'origine
clarté nécessaire,
il
de
la
faut distinguer avec
soin les dieux^ qui sont un produit immédiat de Tinlelligence
comme nous
humaine, des fables^ qui,
verrons plus loin, n'en sont qu'un produit indirect
involontaire.
de
nature ses premières divinités:
la
Soleil,
le
La race indo-européenne
l'Aurore,
la
Tempête;
hommage comme
poètes qui chantaient
de
iVlitra et
la
nuit.
encore
le
Pour
le
la
têtes
la
prêta une
des sentiments
tout en
à des êtres supérieurs,
;
la
en célébrant
la
sagesse
volonté est inéhranlafaisaient l'allu-
ils
le
nom
de ces dieux
nom même du phénomène,
:
le Ciel,
succession constante du jour et
temps où
question de symbole
pas
libre,
pensée ne varie jamais^
sion la plus claire à
leur
forces
savaient parfaitement qu'il
de Varuna, dont
hle et dont la
de
nos
adora
et
leur caractère physique. Les
Djaus
est le ciel déployé sur
des
hommes. Mais,
d'amitié ou de haine pour les
on ne perdait pas de vue
elle
elle
âme, une intelligence, une volonté
leur rendant
fit
le
c'est la
nature inerie, mais
la
il
était
ne peut être
nature qu'on adore, non
nature animée et douée par
un peuple naïf des sentiments dont
il
est plein
lui-même.
Qu'est-ce, d'autre part, que ces récits romanesques,
fantastiques, souvent contradictoires,
qui ont
charmé
l'enfance de la Grèce et de l'Inde, et nourri leur poésie?
S'ils
ne sont pas des allégories,
faut-il croire
que ces
DKS MYTHES EN GKNÈHAI,.
s
fictions sur la naissance, les
amours,
rivalités des dieux, ces contes
de bonne heure
les
dont
philosophes et
les
guerres el
frappa
la bizarrerie
les poëtes, et
dont
Pères de l'Église réprouvèrent Timmoralité, ont
leur origine, autant de croyances véritables?
non. Jamais
le
pu
pour
le lait
rier divin
la pluie
des vaches célestes, ni
flancs recèlent la foudre
flammes, ni
Assurément
être les premiers élans
imagination, n'a pu prendre
si vifs
de son
la terre
nuage dont
les
pour un monstre vomissant des
dardant ses rayons pour un guer-
le soleil
lançant des flèches sur
grondement du tonnerre pour
couée par Jupiter,
qui arrose
le
les
été, à
genre humain, dans son enfance,
et si poétiques qu'aient
les
ni
du printemps pour
la
les
le
ses
ennemis,
le
bruit de l'égide se-
premières ardeurs du
pluie d'or
ni
soleil
tombant sur Danaé.
D'où viennent donc ces images qui se retrouvent dans
la
poésie primitive de tous les peuples de race arienne
Du
?
langage, qui les crée spontanément, sans que l'homme
y prenne garde. L'influencé
du langage sur
peu observée en général, inaperçue dans
n'en est pas moins considérable
:
s'y colorant
si
avant d'exprimer une pensée,
Aujourd'hui
traction, nos
l'antiquité,
le
conceptions,
de ses nuances. Habitués à cet in-
termédiaire, nous y faisons
esprit des couleurs
pensée,
on peut comparer
langage à un verre que traversent nos
mais en
la
peu attention que,
elle
se teint
même
dans notre
du langage.
même, avec nos
mots usés
et
idiomes rompus à l'abs-
nos verbes auxiliaires vides
DES MYTHKS KX GENERAL.
de sens, nous faisons de continuels
gences de
quand même
elle
donner un genre,
c'est-à-dire
générale ou non, sans
un sexe
phrase est présenté
soit transitoire
ou permanent,
habitués à redresser en
de réfraction
l'empire
d'une façon
comme un
action, et
chaque
être agis-
acte, qu'il
est
limité
dans sa durée
le
verbe.
Nous sommes
temps ou nous mettons
sorte
lui
déterminer par un article; tout
le
comme une
le
idée,
nous ne pou-
;
qu'il soit considéré
sant, toute idée
par
exi-
désigne une simple qualité, sans
vons parler d'un objet,
sujet dans la
aux
sacrifices
Nous n'exprimons pas une
parole.
la
9
nous-mêmes
les effets
de celle
mais combien a dû être grand
:
du langage dans un temps où chaque mot
était
une image, chaque substantif un être animé, chaque
verbe un acte physique
les
Il
était
impossible que
les idées
plus simples, exprimées par des mois aussi signifi-
catifs,
les
!
ne prissent pas aussitôt un éclat extraordinaire
phénomènes de
la
nature, reflétés
par
la
:
langue,
prenaient l'aspect de scènes dramatiques. Rapportés à
des êtres qu'on supposait doués d'une vie analogue à
celle
mot
de l'homme, traduits dans un idiome où chaque
parlait
aux yeux,
les spectacles
saient être les actes d'un
sonnages, divins
nous par
Ceux
le
de
la
nalure parais-
drame immense dont
par l'origine,
étaient
per-
semblables à
cœur.
qui virent les mythes se former de
furent pas les dupes
soupçonnant
les
pas
la
la
sorte ne
de cette illusion du langage
force
mystérieuse qui
:
ne
chaniïeait
MYIHKS EN GÉNÉRAL.
DIvS
10
toutes leurs pensées en images,
ils
se complurent à ses
enchantements sans y croire. Nous voyons clairement
par
védas que
les
des fables qu'ils répétaient. Mais
même
mots
les
que
vieillissaient,
pas de
certains
des
langue perdait de sa transparence
s'oblitérait, la
noms des
fut
étymologique
sens
le
n'en
il
A mesure que
pour l'époque suivante.
termes
la signification
poètes savaient
les
forces
nature devenaient des
<le la
:
noms
propres, et dès lors les personnages mythiques
commen-
pour
l'époque
cèrent
védique
Dyaiis est
paraître.
à
mais
:
Hellènes
n'en
il
ZrN est en grec un
nom
Jupiter on Janus en
même
On
pour
nom avec eux;
propre.
latin.
ciel
pas ^e
est
ont emporté ce
(|ui
le
Il
Zsuç
même
en est de
les
ou
pour
peut dire d'une façon gé-
nérale que, pour qu'un dieu prenne de la consistance
dans
l'esprit
du langage
d'un peuple,
usuel.
Ouranos
vinité bien distincte
appellatif
:
Il
,
faut
que son
n'est jamais
parce que son
Varuna^ au
sanscrit, s'est élevé
nom
il
nom
soit sorti
devenu une
nom
est resté
au rang d'un dieu personnel, son
ayant cessé de rien représenter à l'intelligence.
ne
fallait
que ce premier changement substituant de
énoncés au sujet des forces de
sent l'aspect d'actions merveilleuses
un
lointain idéal la date des
permanent ou périodique
ainsi
un
contraire, qui lui correspond en
prétendus personnages aux phénomènes, pour que
faits
di-
que
les
:
la
nature pris-
on reporta dans
événements dont
n'était
fables se formèrent.
le
caractère
plus compris.
On
les
peut dire à
C'est
la
ri-
H
DES MYTHES EN GÉNÉRAL.
gueur que l'homme n'y
ses situées en dehors
pour rien; ce sont des cau-
est
de
lui, c'est la
de
riations qui est le véritable auteur
l'homme qui, en créant
plutôt c'est
langue avec ses vala
mythologie; ou
les catégories et les
formes grammaticales, en employant pour exprimer sa
pensée des termes énergiques et colorés, en créant son
langage, non pas seulement avec sa raison, mais avec
éléments de
une à une
ter les fables
de
mythologie
la
langue,
la
du premier coup
a préparé
son imagination,
;
n'eut pas besoin d'inven-
il
:
tous les
moule poétique
jetées dans le
ses idées s'animèrent
d'elles-mêmes et
n'attendirent qu'une occasion pour devenir des mythes.
veux pas
Je ne
sisté
dire pour cela
que l'homme
ait
as-
en simple spectateur à l'éclosion de ce monde de
merveilles.
On
voit les poètes védiques modifier, arran-
de
ger, pétrir en tous sens la matière encore malléable
leur mythologie
:
il
n'est pas impossible qu'ils aient in-
venté certaines fables
veau. Mais
première
c'est la
fois
qu'elle a fait
à la
et
donné à d'autres un tour nou-
Grèce surtout qui a révélé pour
son génie dans l'ordonnance
de ses richesses
fantaisie, et éviter
la
:
du désordre où
se perdit
l'Inde.
Elle
par
allier la précision
tombée
tout en se préservant
,
a su
choix
sécheresse où est
l'Italie,
a su
elle
et le
la
un
art
dont
elle
a
gardé
le
secret, conserver assez le sens de sa mythologie pour
s'en
approprier
le
langage.
Pendant
poêles grecs, sans toucher au fond
mais se jouant avec grâce
de
longtemps
les
leur religion,
à la surface, inventèrent
des
DES MYTHES EN GÉNÉRAL.
12
coordonnèrent des fables,
généalogies, arrangèrent et
d'ingénieux
et ajoutèrent à la tradition
comme une
veloppements. La mythologie fut pour eux
langue dont
ne savaient
ils
ni
ni
lois
les
dé-
et brillants
l'origine,
mais qu'ils parlaient naturellement avec justesse
avec
esprit.
Pindare, qui, de tous
poussé cet art
cepte
:
a
le
plus loin, en
La grâce, qui
humains, donne de
l'incroyable...
moindre.
«
il
I,
le
pré-
de toutes choses un miel aux
l'erreur et fait croire
convient à l'homme de ne rien
sur les dieux
(Oljrnp.
poètes grecs, a
les
donne naïvement
l'autorité à
Mais
dire que de beau
fait
et
:
la
faute
alors
est
str. 2.)
Mais ce qui a été ajouté par l'homme ne peut pas entrer en
balance avec
la
travail latent et continu
masse de
du langage. On reconnaît
leurs aisément les créations de
raison qui
On
manque aux
fables produite par le
l'homme
un
à
d'ail-
air
de
enfants capricieux de la jiarole.
peut rapporter l'origine des fables de cette dernière
espèce à trois
modes de formation que nous
miner rapidement
allons exa-
(1).
Cette surabondance de sève et cette prodigalité insc)uciante qui caractérisent les idiomes jeunes, leur font
employer, pour désigner un seul objet, une quantité
(1)
lui
M. Max MùUer a déci it deux do ces causes, avec
sont habituels,
qui
(luit
la
science et l'éclat qui
dans son Essai de mijlfwlogïe comparée.
marque une époque nouvelle dans
en IVançais- (Durand, lSo9.;
lliistoire
de
Cet ouvrage,
la niytliologie,
a été tra
DES MYTHKS EN GÉNflRAL.
de synonymes.
souvent surprenante
exemple,
nommé
est
façons différentes.
dans
carrière, lui prête
Brillant (Sûrya), l'Ami {Mitra
,,
prend
le
à
un autre
une autre atlitude phv-
le
11
est leur à tour le
Généreux {JryaindU),
Bienfaisant (Bhagn)^ Celui qui nourrit [Pûshan)^
Créateur {Tvashlan,
de
ainsi
le
même
âmes. Mais, une
les
fois
il
que
le
premier âge de l'huma-
Bhaga de Tvashlar
moins,
comme
tituer
sant
:
^
Divaspati
à
seul
de Sii/ya,
Arjanian.
(S!
un
que
Néan-
et
comme
souvent on
les
un
voyait se subs-
l'une à l'autre, on se tira d'embarras en en faile
père et
réunissant
Ainsi
supposa
Mura
à distinguer
chercha à
toutes ces figures avaient entre elles
de parenté,
air
Elle
ne pouvaient appartenir
commença
termes
passion naïve remplissait toutes
mettre de Tordre dans ce chaos.
tant d'appellations
les
ne craignait pas de n'être
l'époque suivante, étonnée,
nité fut passé,
ohjet, et elle
créa tous ces
prodigue à un être chéri
d'affection et de tendresse,
point compris; la
le
Maître du Ciel (Diraspfdi j^ et
Au moment où l'homme
suite.
comme on
noms,
tat
par
soleil,
ne faudrait pas croire que ce sont
Il
sique et un aulre caractère moral.
le
Le
védas de plus de vingt
les
de purs équivalents; chaque terme
moment de sa
13
toutes
commença
elle
le
la
fils,
dans
ou bien des
une seule
qui jusque-là flottaient au hasard,
listes
et
et
même
en
les
famille.
théogonie, qui eut un double résul-
rassembla en un svstème un
dressant des
frères,
généalogiques,
et,
monde de
fii^ures
en second lieu, en
elle introduisit arlifi-
DKS MYTHES
14
ciellement
hi
lîN Gh'.NhiHAL.
chronologie dans
la
fable, et mil sur di-
vers plans les dieux qui jusque-là,
dans
les
comme
les saints
tableaux des écoles primitives, étaient tous
placés au premier ran-g.
Mais cela ne
le
suffit
pas:
il
fallut
expliquer pourquoi
dieu suprême s'appelle tantôt d'un nom, tantôt d'un
autre
:
comme on
on inventa
rents,
croyait qu'il s'agissait d'êtres difféles dynasties célestes, les révolutions
violentes de l'Olympe,
Ouranos renversé par Kronos,
Kronos par Zeus, tous ces événements tragiques qui
in-
vitèrent plus tard les esprits à la réflexion et frappèrent
au plus haut point l'imagination d'Eschyle. On remplit
le
passé mythologique de cataclysmes imaginaires, en y
plaçant,
vieillis
comme
autant de rois déchus
,
synonymes
les
des divinités actuelles. Tout ce travail
s'est
fait
avec plus ou moins de perfection dans chaque mythologie
:
la facilité
avec laquelle
origines sera toujours
un
les
peuples oublient leurs
sujet d'étonnement.
ciens mots les embarrassent autant
ments
et les vieilles
que
les
Les
an-
vieux monu-
coutumes; ne pouvant
ni les
com-
prendre, ni les oublier, toutes les explications qui en
rendent compte leur semblent bonnes.
Au temps d'Homère,
ce travail de classification et de
coordination était déjà en grande partie terminé pour
la
Grèce.. Hésiode, plus tard, nous l'expose d'une façon
didactique. Tous les dieux, tous les êtres fabuleux ont
leur généalogie
:
tout est réglé et expliqué. Les Titans
sont soigneusement distingués des Géants;
la
Gorgone
DES MYTHES EN GÉNÉRAL.
n'esl
pas
la
même que
de
la
Chimère
Méduse. Typliaon, en
la
sant à Échidna, devient
s'iinis-
père de Cerbère, de l'Hydre,
le
et d'Orthros, lequel
sant à sa mère, engendre
dire à la lettre)
15
le
lui-même, en s'unis-
Sphinx. C'est (on peut
un même monstre qui
le
renaît continuel-
lement de lui-même. La généalogie des dieux, n'a pas
plus de raison d'être.
La plupart des dieux secondaires
sont des attributs détachés des dieux primitifs, ou des
surnoms qui, après avoir
tribu, furent insérés plus tard
dans
usités
été
comme
dans une seule
des êtres distincts
nomenclature générale.
la
Un second mode
de formation vient de
des différents sens d'un seul et
a produit
même
la
terme. Cette cause
un moins grand nombre de mythes, mais
les défigure
pommes
davantage. La fable des
Hespérides, où piXov, chèvre j a été pris dans
(xviT^ov,
toire
pomme,
de
n'est pas autre chose,
pose sur une méprise dont
présent
le
:
il
Augias (Aoyeiaç)
dans
la
nuage,
faut
la suite
est
marque à
de ce
qu'il faut
de
sens de
l'his-
travail
nous
nous rappeler
le
par suite
la fois
la
la nuit
;
si
double sens du moi
la
fois
la
qui,
i^o,
vache
et le
double signification de gotra, qui
dans
avec
soleil
entendre par ses écu-
les
védas
l'écurie
changement d'Argus en paon vient de
étoiles
le
au fond, que
un surnom du
langue védique, désigne à
et
d'or des
mot, mais que nous pouvons indiquer dès à
nous voulons savoir ce
ries,
elle
des écuries d'Augias re-
la toison d'or. L'histoire
donnera
confusion
celles
de
la
la
et le ciel.
Le
confusion des
queue de
l'oiseau, et
le
MYTHKS KN GKNKIUl..
l»KS
16
mot Mihasrâks/td
(qui a mille yeux», appliqué à la
nuit en sanscrit, nous laisse entrevoir
former
a
pourrait appeler le répertoire des
du
se
qu'on
Les Métamorphoses d'Ovide,
fable.
la
comment
homonymes mytholo-
giques, nous fourniraient, au besoin, beaucoup d'autres
exemples. Mais nous voulons indiquer une preuve frappante de l'influence qu'une erreur de sens peut exercer
nom
sur un mythe. Le
comme
l'a
de Prométhée,
un bâton dans
le
introduit et tourne
creux d'une roue, pour produire
le frottement.
signe un
Mais
la
racine math^
mouvement physique dans
la
mouvement de
latin.
Une
l'esprit,
fois
que
de
piavô,
la
même
langue de l'Inde,
marquer
p^G, signifia penser, savoir^
Prométhée d'Eschjle, prédisant aux dieux
de
fications
thologie
une
On
:
la
voit
combien
les accidents
langue sont intimement
De
là le
le sort
qui
ouïes modià la
liés
my-
une simple erreur de sens peut produire toute
série nouvelle
de
fables.
L'étymologie a été, de son côté,
la
grand nombre de mythes. Le peuple
naïf qui veut se rendre
source d'un trèsest
compte des noms
un philologue
entend,
qu'il
qui, grâce à son imagination, trouve aisément
toire
le
façon que cogitare
Ilpop,6eu; devint le dieu qui connaît l'avenir.
les attend.
le feu
manth, qui dé-
a été détournée de ce sens en grec pour
en
vient,
démontré M. Kuhn, du védique pramanlha,
c'est-à-dire qu'il désigne celui qui
par
npopt,'/i6e'jç,
pour expliquer un
nom
propre. Plus
conte qu'il invente est bizarre, plus
il
s'y
une
et
his-
même
le
attache, et
DES MYTHES EN GÉNÉRAL.
bieutôl
il
nom comme preuve
cite le
Voici un exemple de ce
mode de
La naissance d'Atliéné,
Zeus, a tout
de
reproduite par
fois
pour
tôt
le
symbole de
pour celui de
de
résultat
la
Ce dieu a disparu de
:
de
tète
la
image tant
cette
qu'on a prise tantôt
jaillissant
,
la
c'est-à-dire
tan-
le ciel,
du cerveau,
fille
est le
de Trilos.
:
où Trita règne sur
Son nom
sur l'atmosphère.
la
mythologie grecque
se retrouve dans les védas,
et
récit.
plus naïve des confusions. Athéné s'ap-
aussi Tpi-oyévcia
pelle
les arts, et
pensée
la
armée de
sortie
foudre éclatant dans
la
du
à l'appui
formation.
une allégorie
d'être
l'air
17
s'est
mais
les
il
eaux
conservé dans
les
mots grecs Triton, Jmphilrile^ Tritopator [surnom des
vents) (1), et dans
celte île
Quand
Ysvc'-a
nom du
le
fleuve Triton qui entoure
enchantée où se passe l'enfance de Bacchus
le
dieu Tritos cessa d'être connu,
devint une énigme, et
dialecte appelaient -piTw la
scoliaste
d'Aristophane (3)
mot
TfiTo-
Éoliens, qui dans leur
les
tête,
et
le
(2j.
comme
l'attestent le
Hésychius (4), n'hésitè-
rent pas à reconnaître dans Athéné la déesse sortie de
tête
de Zeus.
L'étymologie populaire a rempli
récils
(1)
la
apocryphes
Suidas
:
l'histoire
ancienne de
mais combien devait-elle èlre
:
Tpito-iTopî;
'
fertile
At^ij-wv iv tî) 'A-ôiot çr|<7lv àvsixow; elvai îoy; toito-
TiaTopa;.
(2)
Diod. de
(3)
Nuées,
Sicile,
V.
989
:
(4) T&'.T(t).Ntxavôp'j;
m,
08.
Tpi-w
r,
xEsa/.Ti Tiao' Aio).£0<îtv.
ô KoÀoswv'.o; s/^ji
Trjv
y.fS7.'/.r,j /.x.'.zï/
'A6a;xiva;. s. v,
v7
DES MYTHES EN GÉNÉRAL.
18
en inventions à une époque où tous
où
la réflexion, et
les esprits,
les
mots invitaient à
encore jeunes
et crédules,
étaient à la fois disposés à croire tous les récits et
à les inventer
!
au moyen ège
On
,
a constaté
mot
comme un
nous parlons, chaque
qui tentait
tableau en raccourci
des conteurs et ouvrait un
l'imagination
vue
la
mal com-
la signification était
mais, au lemps dont
:
était
que beaucoup de légendes,
n'ont pas eu d'autre origine que
de certains tableaux dont
prise (1)
prompts
champ aux
hypothèses.
Les
trois
tront bien
causes que nous venons de signaler paraî-
humbles aux
esprits
qui se plaisent à
cher-
cher dans les fables l'expression de vérités métaphysiques ou morales. Tous ceux qui, depuis Hésiode jus-
qu'aux interprètes
que, prêtent
comme
les
l'oreille
plus récents de la religion grec-
à ces oracles de la sagesse antique,
les prêtresses
voix des dieux dans
de Dodone croyaient entendre
la
bruit des chênes agités par
le
le
vent, auront quelque peine à reconnaître dans ces
thes qui se forment
d'eux-mêmes
et
au hasard,
les
my-
sym-
boles qu'ils sont habitués à respecter et à aimer. Mais,
pour
la gloire
de
la
Grèce,
il
importe peu comment
ils
sont nés et ce qu'ils étaient au premier jour de leur exissont en effet devenus plus tard
déposi-
tence,
s'ils
taires
des idées morales et des sentiments élevés qu'on
les
y admire. Dans un récent travail, rempli de science et
(1)
M. Alfred Maury, Essai sur
les
légendes pieuses,
p.
95
ss.
DES MYTHES EN GÉNÉRAL.
19
de conviction, un critique qu'à son langage
mé-
et à sa
thode on prendrait pour un contemporain des stoïciens,
M. Louis Ménard
(1), soutient
que
les fables
cachent un sens métaphysique etmoral;,
de
la
Grèce
que la philoso-
et
phie grecque, loin d'avoir découvert les vérités dont
s'enorgueillit,
faible
les
vant par
n'a
que répéter d'une façon
fait
les
créateurs de
mythologie. Sans doute
la
de grands enseignements
qu'il
en
faut
de montrer comment
de
rait
retrouver dans
l'être
une
mais est-ce aux auteurs des
honneur
se forment.
ils
le
:
Nous venons
?
Ce
serait
les sciences naturelles
germe
organes
les
arrivé à son complet
illusion
les
ou par Eschyle renferment
faire
thode dangereuse dans
loir
plu^-
principes exprimés bien des siècles aupara-
fables expliquées par Pindare
mythes
elle
une méde vou-
et les facultés
développement
;
ce se-
encore plus grande de rechercher dans
un mot, au moment où
il
est créé, tous les sens
que
l'u-
sage, le progrès des temps et les événements imprévus
peuvent
lui
donner dans
moindre en mythologie.
pris
la suite.
Si
L'erreur ne serait pas
de
les fables
une signification morale
et
la
Grèce ont
philosophique, elles en
sont redevables aux poëtes et aux philosophes;
prit
de
réflexion,
s'éveillant insensiblement, a attaché
un sens profond à des légendes
forniéesparlehasard,
et
qui
lui
qu'il
ne pouvait croire
paraissaient d'aulant plus
vénérables qu'il en pénétrait moins l'origine.
(1)
La Morale avant
l'es-
les
philoiopkes, Didot, 1860.
DES MYTHES EN GÉNÉRAL.
20
A quoi arriverait-on d'ailleurg,
et
en prêtant
à
l'époque
une sagesse dont
A
flets?
gloire,
oii
les
en renversant les rôles,
mythes se sont créés,
l'âge suivant n'aurait reçu
dépouiller la Grèce de
pour en enrichir
la
que
les re-
plus belle part de sa
peuple anonyme et l'époque
le
inconnue où ces fables ont pris naissance. La portée
inégale des
mêmes
conceptions mythologiques chez les
différentes nations indo-européennes
prouve bien que
ces conceptions ne valaient que par l'usage qu'on en
devait faire. Là où la Grèce a trouvé matière à des spéculations métaphysiques et religieuses, les
Romains n'ont
su voir que des légendes monotones, ou des prétextes à
des cérémonies superstitieuses. Je suis prêt à admirer
Jupiter de Pindare et de Sophocle, auteur des
nemi de
du
la
foyer,
tyrannie, protecteur des opprimés,
vengeur de
mais je salue en
lui
la justice,
le
en-
lois,
gardien
refuge des malheureux;
une création du génie grec,
l'idéal
d'un peuple d'artistes, de penseurs et d'hommes libres (1).
Quel est le fétiche dont l'Athènes de Périclès n'aurait pas
fait
un type de beauté
ingénieux
mais
et
j'y vois
et
de grandeur
profond que
la
?
J'admire
Grèce prête
le
sens
à ses fables;
un privilège du génie qui donne une
signi-
fication à tout ce qu'il touche. Transportée sur la scène,
l'histoire
des dieux et des héros parut féconde en en-
seignements salutaires
luttes
(1)
des
forces
de
Co np. rouvrage de M.
rales dans V antiquité,
t. I,
:
la
J.
les
aventures, les amours, les
nature, créations fortuites
du
Denis, Histoire des (héorie.^ et des idées mo-
p. 7.
DES MYTHES EN GENERAL.
21
langage, furent une source de mâles inspirations
sentiments généreux. Mais est-ce à
passés qu'il faut en faire honneur?
la
et
de
sagesse des siècles
Non
:
c'est à la Grèce,
arrivée à la pleine possession de toutes ses facultés, et
qui communiquait son
vivre de sa vie.
àme
à ces
fantômes
et les faisait
IL
DE l'École symbolique.
Sans vouloir
faire ici,
même
en abrégé,
l'histoire
des
études mythologiques, nous avons l'intention de dire
quelques mots de l'école qui
et qui,
après avoir
élevée en dernier lieu,
s'est
marqué avec
éclat
dans
la
première
moitié de ce siècle, a vu ses théories battues en brèche,
et
en grande partie détruites par
l'expérience.
Nous
voulons parler de l'école symbolique. Quoiqu'elle compte
encore un grand nombre d'adhérents, on peut dire qu'elle
appartient aujourd'hui à l'histoire. Son représentant
le
plus éminent, M. Guigniaut, qui a relevé parmi nous
les
études mythologiques,
cision scientifique
et
qui leur a donné une pré-
inconnue dans notre pays jusqu'alors,
ne défend plus depuis longtemps l'ensemble du système. Nous nous sentons d'autant plus libre pour parler
d'une école qui doit s'honorer ajuste
porté dans ses recherches
un
vif
amour de
titre
d'avoir
la vérité et
une immense érudition. Mais, pourjuger en connaissance
DE L'ÉCOLE SYMBOLIQUE.
de cause cette grande tentative,
un coup d'œil sur
Dans
les
ont précédé.
comme dans
temps modernes,
deux méthodes ont tour
est nécessaire de jeter
il
les écoles qui
23
l'antiquité,
ou simultanément été en
à tour
faveur, l'une qu'on peut appeler historique^ puisqu'elle
avait la prétention de retrouver des faits réels sous les
dans
fables, l'autre qui voyait
mythes des
les
allégories.
Gérard Yossius, Bochart, Huet, Banier, sont
cipaux représentants de
la
les prin-
première méthode, qui
s'est
efforcée en général de mettre les renseignements donnés
par
la
mythologie, d'accord avec
les traditions bibliques.
Yossius (1) reconnaît, par exemple (nous choisissons
mythe qui
le
roi
fait le sujet
Hog, dont il
nier survivant
est parlé
de ce
dans
le
travail), -dans
Deutéronome
d'entre les géants, qui
pays de Basan. D'après Bochart
que Noé
par
les
;
ses trois
Jupiter,
fils,
(3),
et Japliet.
un chef phénicien qui
a
en Gaule
et
en
fable a fait
régnait sur
Neptune
Quant
amené des
Italie; ses exploits
de Typhon un
nous représente
les
l'Egypte, émigré dans
(1)
derle
Saturne n'est autre
et Pluton, pris
Be Theologia
être
à
Hercule, c'est
colonies en Espagne,
fabuleux, ce sont les
luttes qu'il soutint contre les habitants
il
(2), le
le
païens pour des dieux, sont les ancêtres du genre
humain, Sem, Cham
La
Typhon
de ces contrées.
surhumain
la
Cappadoce, à laquelle
Nombres,
Veut, in, 13.
(3:
Phaleg, Canaan et Hierozoïcnn,
TV, b.
],
il
de origine
I, 2(5.
(2)
Cf.
en réalité,
Caphthorims, peuple originaire de
gentili et physiologia chrisiiana, sive
gressu idolatriœ, Amst. 1642,
:
pp. 16G, Cil, 657.
laissa
ef
pro-
DE L'ECOLE SYMBOLIOl'^-
24
son nom,
comme
revenu plus liud dans sa pnlrie,
et
tombeau de Typhon, qu'Hérodote place ex-
l'altesle le
pressément en Egypte
(1).
Le
savant,
évêque d'Avran-
ches, Huet, se sert de la fable pour démontrer l'authenticité
les
de
Bible et des Évangiles
la
:
tous les dieux, tous
personnages merveilleux de l'antiquité, sont pour
lui
un souvenir obscurci de Moïse; Apollon, Vulcain, Orphée, Pan, Priape, Cécrops, Minos, Évandre,
les
Pé-
nates, Theulh, Osiris, Sérapis, Zoroastre, autant d'alté-
rations de la figure de Moïse (2)
cette dernière représenlalion,
il
Typhon également
l'interprétation historique a
roi
j
il
dix-huitième siècle,
gagné en précision
et la
:
Banier
durée de
d'Egypte, avec son frère Typhon, et les événements
la
conséquence
croire qu'une pareille
méthode
de notre temps; mais
elle est
ait
ques de tous
grecs,
les
(3).
On
a peine à
pu se produire encore
poussée à l'extrême dans
l'ouvrage de Clavier (4), qui donne
dieux, présentés
les listes
comme
généalogi-
d'anciens rois
parmi lesquels figurent Jupiter, Prométliée, Mer-
Canaan
ci)
Phaleg.
(2)
Demonsfratio evangelica,
(4)
fléaux qu'il
raconte sérieusement les démêlés d'Osiris,
politiques qui en furent
(3)
les
de l'avènement de Jupiter
fixe la date
son règne
Au
Égyptiens ne
les
surent jamais pardonner entièrement
avait déchaînés sur leur patrie.
:
est vrai, n'est pas flat-
mais
teuse pour le prophète hébreu,
lui
;
et Hierozoicon,
I,
p. 290.
p. 68 sq.
La Mythologie et les Fables expliquées par
Les Premiers Temps de la Grèce.
l'histoire, 1.
1,
p. 473.
DE L'ÉCOLE SYMBOLIQUE.
Poisé(.%
Cille,
A
Pela?gus, Thessali.is, GiiTCiis, nvec
du (emps où
calion
25
ils
l'indi-
ont vécu.
que ces ouvra-
vrai dire, rien n'est plus attristant
ges où l'on voit quelquefois une grande érudition mise
au service des rapprochements
plus
les
puérils,
où
et
la
prétention de tout expliquer est jointe à l'ignorance
la
plus complète de l'esprit de l'antiquité! iMais
juste d'ajouter qu'en suivant cette méthode,
vains n'ont
fait
il
est
ces écri-
qu'imiter les historiens grecs et latins;
sauf le» rapprochements bibliques,
ne disent rien qui
ils
ne se trouve dans Denys d'Halicarnasse
,
Diodore ou
Servius.
L'interprétation allégorique a
sur la méthode historique,
du moins
qu'elle peut
des peintures assez piquantes, quand
un
par
cet
avantage
donner
elle
lieu
maniée
est
Bacon a composé un
esprit ingénieux.
à
petit
explique com-
Traité sur la sagesse des anciens,
où
il
ment
est
dans Homère (1)
le
mythe de Typhon,
tel qu'il
Hésiode, nous représente les révolutions politiques
et
des empires.
On
se rappelle
que Junon,
irritée
de
la fa-
çon dont Jupiter avait donné naissance à Minerve, enfanta
lier
Typhon sans son
anglais, sont en
par les liens du
quand
faire
(1)
ils
secours. Les rois, dit
mariage,
comme
veulent attirer tout
à Apollon,
v,
chance-
quelque sorte unis à leurs peuples
le
d'eux-mêmes, sans s'aider
Hymne
le
305
sv.
Jupiter à
pouvoir à eux
ni
du sénat,
ni
Junon
:
et
(ont
des
dif-
DE L'ÉCOLE SYMBOLIQUE.
26
férents
ordres du
répand dans
royaume, une sourde agitation
l'aristocratie
et le
se
peuple, qui veulent à
leur tour montrer ce qu'ils sont capables de faire. L'en-
fantement de Typhon est Temblème de
qui gagne l'État tout entier, et qui,
la
quand
fermentation
elle
a atteint
son comble, éclate en sédition ouverte. Les cent têtes
du monstre,
les
gueules enflammées, les ceintures de
serpents, les serres d'aigle, le corps couvert de plumes,
représentent les divisions des partis, les incendies, les
pestes,
massacres
les
quelque temps
armée
la
,
les
fausses
rumeurs
va chercher un refuge dans
provinces. C'est ce que la fable a figuré par
de Mercure,
de Jupiter. Mais bientôt, par
c'est à savoir
duite et l'habileté
des forces
,
pendant
monarchie, énervée, c'est-à-dire sans
et sans tinances,
tion et la fuite
;
par
la
les
la
mutila-
le
secours
prudence de sa con-
de ses discours,
la
royauté reprend
se prépare à la lutte, frappe enfin la rébel-
lion et l'écrase.
Il
serait sans intérêt
cations de ce
rique.
Il
mythe chez
les
les écrivains
diverses expli-
de l'école allégo-
L'interprétation étant livrée au libre sentiment
de chacun,
grès.
de comparer
il
est clair qu'elle
ne pouvait
faire
de pro-
ne faut pas d'ailleurs demander à cette école une
rigueur de méthode dont elle ne croyait pas que ces
recherches fussent susceptibles. Le vrai paraissant impossible à trouver, c'était déjà beaucoup,
croire,
semblait-on
que d'exposer quelque chose de vraisemblable.
Court de Gébelin
s enquiert,
non pas de ce que
les
mythes
DE L'ÉCOLE SYMBOLIQUE.
signifient,
mais de ce
qu'ils
peuvent
seul, fait exception par l'étendue
27
Dupuis,
signifier.
de sa science
et ses re-
cherches consciencieuses.
Ce système d'interprétation peut,
comme
siècle
avant
l'ère
chrétienne
,
au
Déjà
dent, s'autoriser de l'exemple des anciens.
cinquième
précé-
le
Anaxagore pre-
VOd/ssée pour un ensemble de fables
nait Y Iliade et
re-
présentant les mystères de la physique ou les vérités de
Le combat des dieux, au XX^ chant de
morale.
la
V Iliade^
expliqué
était
et les vertus,
la
lutte
Apollon représente
physique.
Mercure
ou bien
comme
la raison,
Agamemnon
est
Latone
l'air,
la
guerre entre
les vices
monde
des éléments du
le
l'oubli.
feu,
Neptune
l'eau,
Suivant Métrodore,
Pénélope tissant sa
toile est la
dialectique (1). L'école stoïcienne, introduisant ses idées
philosophiques dans
lisé
dans
les fables le
la
mythologie, voit déjà tout réa-
panthéisme qu'elle professe.
La méthode historique
et la
tagèrent les esprits jusqu'au
lique
méthode allégorique par-
moment où
l'école
marqua par son avènement un progrès
dans ces études. Pour
modernes,
avec un
les
la
première
fois,
dans
sagesse qui avait présidé aux
cette opinion écarta
les
si
l'on
premiers
du moins
pothèse du dix-hui[ième siècle qui, jusque-là
Voyez
temps
les
sentiment de leur importance;
temps de l'humanité,
(1)
véritable
recherches mythologiques furent abordées
plein
s'exagéra
la
symbo-
,
l'hy-
avait été
pages que M. Egger a consacrées à ce sujet dans son Essai sur la
critique, p. 61 sv.
DE L'ÉCOLE SYMBOLIQUE.
28
l'arrière-pensée de la plupart des esprits, à savoir
mythologie
do
fication
une imposture des prêtres ou une
est
Pour
l'histoire.
monuments
consulté,
fut
môme
la
première
cet
fois aussi, toute
Orient incomplet et parfois
apocryphe, vu à travers
la
falsi-
interrogés avec soin; l'Orient aussi
non pas
mais l'Egypte,
les livres
des anciens,
Perse, l'Inde, étudiées dans leurs
numents authentiques
livrer leurs trésors.
la
sa littérature dépouillée en en-
Tantiquité fut fouillée,
tier, ses
que
et
mo-
originaux, qui commençaient à
Quelle que soit donc
la
valeur de
la
doctrine symbolique, elle a donné l'impulsion à des re-
cherches nouvelles et fécondes
et elle a
,
marqué une
période importante dans l'étude de l'antiquité.
Les erreurs où tomba cette école
grande partie par
le
temps où
elle
en
s'expliquent
a pris naissance. La
connaissance, alors toute récente, de l'Égyple et de ses
au mystère;
hiéroglyphes,
prédisposait les esprits
traces visibles
dans cette contrée d'un enseignement sa-
les
cerdotal et d'une écriture hiératique, faisaient croire volontiers
que partout
ples et s'était
la civilisation était
répandue
des symboles. Par une
à l'aide
rencontre qui semblait décider
vrait au
même
la
question, l'Inde ou-
instant ses pagodes remplies de figures
allégoriques et déroulait ces immenses
on
attribuait
un âge fabuleux,
et
philosophie subtile et profonde,
brillant et
tem-
sortie des
énigmatique
;
c'était le
poëmes auxquels
dont on admirait
le
langage
à
la
temps où, sur
des Indous, on donnait auii Purdnas,
les derniers
la
fois
la foi
pro-
DE L'ÉCOLE SYMBOLIQUE.
une antiquité de quatre
duits de la liltéralure indienne,
ou cinq
29
ans. Ajoutez-y l'étude alors nouvelle des
raille
dePom-
vases étrusques et la découverte encore récente
péi et d'Herculanum. L'archéologie prenait
sioPx qu'elle n'avait
fois
qu'on étudiera
une exten-
pas eue jusque-là. Mais, toutes les
la
mythologie d'après
les
monuments
on sera conduit au symbolisme, car ce n'est
figurés,
que par des symboles que
pierre
la
exprime
les idées.
Enfin, par une attraction facile à comprendre, c'est surtout
aux écrivains alexandrins,
dont
le
à Proclus
tour d'esprit se rapprochait
s'adressait
de préférence.
n'a jamais eu
le
On
du
,
sien,
à Porphyre,
que Creuzer
peut dire que l'antiquité
sentiment de ses origines; mais,
eu un temps où l'on a surtout
méconnu
l'esprit
s'il
y a
des âges
primitifs, c'est l'époque alexandrine, qui confondait toutes
les
croyances
et
amalgamait
les religions
après
les
avoir
dissoutes par l'allégorie.
Trompé par des guides
si
peu
surs, n'ayant pas d'ail-
leurs les instruments philologiques qui auraient
pu
le
mettre en garde contre ce genre d'erreur, Creuzer ne
distingue pas les emprunts faits par une religion à une
autre des affinités d'origine, ni les simples rencontres
dues à
l'identité
de
l'esprit
humain des ressemblances
provenant d'une tradition commune.
blier
enfin de joindre
populariser
la suite
de
le
la
Il
ne faut pas^ou-
aux causes qui ont contribué
symbolisme,
l'esprit
Révolution française
à
de mysticisme qui, à
et
pendant l'Empire,
couvait déjà dans beaucoup d'intelligences, et devait
DE L'ÉCOLE SYMBOLIQUE.
30
éclater
un peu plus tard dans
la littérature,
la
philoso-
phie et la politique.
Le système de Greuzer partait d'un principe
testable qu'il
ne tarda pas à soulever
Lobeck, dans son savant
et
traça le
mordant Ji^laophatnus,
et
fit
mieux
:
modèle d'une mythologie nouvelle qui, sans
en tenant compte des différeuces de races
parti pris,
de
con-
objections.
les
ébranla les bases du système. Ottfried Muller
il
si
familles,
et
en se servant de l'analyse étymologique
en s'inspirani par-dessus tout d'un vif sentiment de
,
la
nature, cherchait à pénétrer la signification naturelle ou
historique des fables (1). Les livres de
M. Welcker
et
un certain nombre d'excellents travaux, parmi lesquels
il
faut citer surtout la
çus dans
le
même
Mythologie de
qui avaient
fausse voie.
con-
esprit.
Mais cette science devait
mêmes
Preller, sont
être renouvelée par les études
un moment
failli
La philologie
la
mettre dans une
sanscrite avait suivi son cours,
monuments
et n'avait
pas tardé à reconnaître que
sortis les
premiers du sol de Tlnde, étaient ceux qui
avaient été
le
plus
Purdnas on trouva
on arriva à
vétlas fut
à celle
du
récemment enfouis. Au-dessous des
les
poëmes épiques
la littérature
pour
la
les
védique.
;
un peu plus tard
La connaissance des
mythologie une découverte analogue
sanscrit pour
la
grammaire comparée
:
on ne
pourrait en donner une idée qu'en supposant que les
chants d'Homère, qui auraient
(1)
manqué
jusqu'à présent
Prolegomena zu einer wissemchafllichen Mythologie.
DE L'ÉCOLE SYMBOLIQUE.
31
à la littérature grecque, fussent rendus tout à coup au
jour. Pour la première fois
solide pour juger
une époque primitive
nouveau d'une
tacle
on se trouva sur un
et sur l'enfance
qu'il
de l'humanité.
autre surprise fut de retrouver
rations faites par le temps, et
siècles. Ottfried
grecque,
il
spec-
on sut au juste ce
;
Grèce, mais débarrassés de toutes
(et
le
penser des hypothèses émises sur l'origine des
croyances religieuses
Une
on eut
religion sans théologie, d'un en-
semble de dieux sans théogonie
fallait
:
terrain
dieux de
pu en
nous
comme rajeunis de
plusieurs
la
langue
parvenue dans Homère
est
dire autant
la
additions et les alté-
Muller compare quelque part
telle qu'elle
aurait
les
les
de
la
mythologie), à une
qui aurait été mise en pièces, et recomposée après
toile
coup
:
védas nous montrent
les
former sur
le
la toile
veau signalèrent cette découverte
ceux de M. Kuhn
faut placer
en voie de se
métier. Des travaux d'un genre tout nou-
et
:
au premier rang
de M.
Max
ÏVluller.
il
Le
premier a analysé avec une rare pénétration un certain
nombre de mythes, tels que les Centaures, les Érinnyes, Prométhée
été
également
tielles (1).
(t)
M.
le
ait
par
lui
de ce
travail a
dans ses parties essen-
Muller a exposé avec une grande sù-
aperçu Tanalogie du mythe de Cacus avec celui de
dans son Rig-vedœ spécimen, h. vi,
Les articles de M.
parée, et dans
celui qui fait le sujet
traité
Max
Le premier qui
Vritra, est Rosen,
:
Kuhn
5.
se trouvent dans son
Journal de Philologie comJournal d'Archéologie allemande, de M. Haupt. Le myihe
de Prométhée forme un livre à part, analysé et complété en certains points par
M. Baudty dans la Revue germanique; M. Réville en a donné un exposé dans
la
Revue des Deux-Mondes
(1862).
DE L'ÉCOLE SYMBOLIQUE.
32
de critique
lelé
il
les principes
de
la
mythologie comparée
a joint à sa démonslralion quelques analyses de
thes qui peuvent passer
pour autant de
petits
:
my-
chefs-
d'œuvre.
nous avons choisi
Si
poursuivre
les
européennes,
de Cacus pour en
fable
la
ramifications dans les mylhologies indoet
donner de
sorte
la
un exemple de
la
nouvelle méthode, c'est que l'explication de cette fable a
un caractère de certitude qui frappera tous les yeux. Nous
«
avons dû, en route, nous restreindre autant que possible
et repousser tous
mythe.
On
concerne
livre
la
les
les
développements secondaires du
trouvera groupés avec
mythologie grecque
et
art,
en ce qui
germanique, dans un
de M. Schwartz, rempli d'une science solide
précieux rapprochements (4).
Il
et
de
y a un reproche qu'on
m'adressera probablement, et dont je tiens à m'excuser
avant de
j'ai
finir
suivi est
:
on trouvera sans doute que l'ordre que
peu scientifique,
et qu'il eût été plus ra-
tionnel de partir de la mythologie des védas, pour arriver
suivant l'ordre des temps, à
les
aux
la
Grèce
recherches de ce genre sont encore
esprits
en France, que
j'ai
et à l'Italie;
si
mais
peu familières
craint de dépayser le lec-
teur, en le transportant dès l'abord en pleine littérature
védique.
nissant
temps,
(1)
J'ai
le
mieux aimé
l'y
amener peu
chemin autant que
je l'espère, de
Der Ursprung dcr
à peu, lui apla-
possible, et lui
donnant
le
prendre confiance dans son guide.
Mijlliologie.
DU CABACTERE PRIMITIF DE LA MYTHOLOGIE LATINE ET DE LA
TRANSFORMATION QU'ELLE SUBIT.
Renfermés dans
les
montagnes de
préservés par lem- isolement de
tact
la
l'Italie
centrale et
confusion que
des religions étrangères introduit dans
le
con-
l'esprit
d'un
peuple, les habitants du Latium et de la Sabine conser-
vèrent plus fidèlement que leurs frères de
la
Grèce
traditions religieuses des ancêtres de leur race.
cupations uniformes, déterminées par
le
les
Des oc-
retour des sai-
sons, en les remettant toujours en présence des
mêmes
forces delà nature, c'est-à-dire, d'après leurs croyances,
Ses
mêmes
dieux,
les
empêchaient d'oublier leurs an-
ciennes conceptions mythologiques. L'amour de
dition,
un
esprit timoré et
la tra-
peu propre à l'invention poé-
tique, l'attachement patriotique à des divinités qui eu-
DU CARACTÈRE PRIMITIF
34
de bonne heure un caractère tout national, furent
rent
cause que, pendant de longs siècles, les Romains conservèrent intact le dépôt des vieilles croyances, tandis
que
préludaient aux
les variaient à l'infini et
Grecs
les
créations de leur génie en faisant de leur mythologie leur
première œuvre d'art.
durée
sion
l'autorité
du
causes de
faut ajouter à ces
Il
d'une caste privilégiée, seule en posses-
rituel, et
dont
la
politique était liée au maintien
inviolable de la religion.
Aux
traditions primitives, fonds
arienne,
la
race
mythologie romaine ajouta seulement un
la
nombre de dieux
certain
commun de
sans histoire ni
fort simples,
généalogie, presque sans corps, et indiquant clairement
nom
par leur
l'acte
de
fiaient.
force naturelle ou
la
qualité morale,
la
vie domestique ou guerrière qu'ils personni-
la
Tels furent les Pénales, Saturne,
tumnus, Mercure, Bellone.
Il
Pomone, Ver-
arriva aussi,
comme dans
toutes les mythologies, que certains attributs, se déta-
chant des plus anciens dieux,
nouvelles
;
que Pilumnus
c'est ainsi
surnoms de Mars, devinrent des
(1)
Pilumnus
broie et
le
et
Picumnus^ deux
êtres indépendants (1).
Ptcumnus, deux anciens participes
et
présents, le dieu qui
dieu qui fend. Le pilum, avant d'être Tarme du soldat romain,
célèbre chez les historiens, fut
contraction
et
fornièrent des divinités
de.
pistillum
Pilumnus, comme
boulangers.
Ptcumnus
trouve àanspicus,
le
et vient
le dit
pilon qui sert à broyer le blé.
(^'n.IX,
4),
le
comme
yp»?'''') signifiait
encore employé dans
le
si
une
dieu des
fendre;
on
la
qui creuse le tronc des arbres pour y chercher
sa nourriture et y loger ses petits (Pline, X, 18, 20), et dans le xerhe
qui,
est
de pinscre. PJtaestle vase où Ton broyait,
expressément Servius
vient d'une racine pic qui veut dire
le pic-vert
Pilum
dans
le principe
gratter
,
pingere
graver, et se trouve
sens de broder, par exemple dans Cicéron (Stragulum
DE LA MYTHOLOGIE LATINE.
Quant aux
ilieux aussi abstraits
aux
sidaient
Adeona ou Abeona^ un
noms
d'autres dont les
dieu,
qui
types la
la
une déesse,
vie,
Bonus Eventas^
et
se trouvaient dans les
tamenla^ ce sont les dernières
religion
que nombreux qui pré-
de
accidents
mille
:J6
tant
Iiidigi-
et pâles productions
d'une
ne sut jamais fortement imprimer à ses
marque de
L'originalité des
la personnalité.
Romains
éclate,
au contraire, dans
le
culte: les cérémonies, les sacrifices, les formules sacrées,
les présages,
ne se trouvent nulle part en aussi grande
abondance. Le prêtre, par ses conjurations, exerce son
pouvoir sur
le ciel
en traînant dans la ville une pierre
:
qui se trouvait près delà porte Capène, on faisait tomber
la
pluie (1);
dre
(2).
gieuse
il
y avait des formules pour attirer
Ami de
comme
la règle, le
la
Romain ordonna
vie civile
:
en
latin, le
la
la fou-
vie reli-
même
mot,
agere, s'emploie pour la procédure judiciaire et pour
le rite
du
sacrifice.
Quelques mythes plus anciens que
la
race latine et
les
dieux d'un caractère tout pratique qui sont proprement
l'œuvre de cette race composaient encore, avec
toute la religion des
textile, magnificis
operibus pictum.
voulait dire celtii qui
tins
comme
(1)
cellini
(2)
Romains, quand
fend
signifiant cehii
Tusc. V, 2!). Le
les
le rituel,
guerres puni-
nom de Picummis,
qui
la terre, a été interprété par les étymologistes la-
à qui
est
consacre l'oiseau picus.
Yoy. Festus (dans l'abrégé de Paul Diacre) au mot AquUicium
Cf.
For-
au mot Manalis.
On
rappelait Jupiter Elicius. Les passages relatifs à révocation de la
foudre ont été rassemblés dans un ingénieux travail sur r Électricité cliez les
anciens, de M. Boullel.
DU CARACTÈRE PRIMITIF
ae
Rome
ques, en jetant
hors des frontières de
mirent en présence de
la
mythologie grecque.
la
l'Italie,
Il
est vrai
qu'elle avait déjà rencontré les dieux grecs en Étrurie et
dans
le
sud de
à Rome, dès
ville,
la
la
le
Péninsule
un certain nombre de
par
mer,
la
quand
Syrie, en
Egypte
;
les
hellénique.
trouvèrent en Grèce, mais en
la
la
Romains
pri-
comme
en-
Non-seulement
Asie Mineure, en
donné
religion grecque avait déjà
la
de
siècle
de traditions de
qu'ils se virent
religion
la
divinités et
c'est surtout
rent possession de
vironnés
surtout avait introduit
commencement du quatrième
Grèce (1); mais
ils
Cumes
:
des preuves de sa singulière force d'expansion en s'imposant aux classes lettrées de tous les peuples où avaient
pénétré les armées d'Alexandre; elle la prouva une dernière fois en s'assimilant la religion romaine.
tance
même
avec laquelle
pour
tacte jusqu'alors fut
celle-ci s'était
elle
La
persis-
maintenue
une cause de ruine
naïves croyances du premier âge de
Rome ne
la
foi,
bornée
l'avait créée, sans
ne se
grecque, que
pendant des
les
Ci)
les
Com-
mythologie latine, œuvre d'une époque d'igno-
rance et de
relevé,
:
pouvaien t
convenir plus longtemps aux maîtres du monde.
ment
in-
comme
réponse sur
serait-elle
la libre
l'horizon
les
du peuple qui
questions d'un ordre
pas effacée devant
la
mythologie
imagination du peuple n'avait cessé,
siècles,
de transformer
et d'enrichir,
que
poêles avaient coordonnée et où les philosophes pré-
Moaomseo, Rômische Geschichte,
p. 287.
DE LA MYTHOLOGIE LATINE.
37
tendaient découvrir les symboles des vérités les plus
hautes et les plus abstraites
théâtre,
riches
la
Les arts,
Rome, y
en s'introduisant à
dieux de
?
la
poésie,
le
apportaient les
Grèce avec eux. Bientôt, l'éducation des
Romains, dirigée par des étrangers, devint toute
grecque; tout concourut à faire tomber en oubli, avec
une
rapidité incroyable, chez les
élevées, la religion nationale.
vu
naître ce
mouvement,
fut
Romains des
classes
Le vieux Caton, qui avait
un étranger dans
sa patrie
à la fin de sa vie.
Ceux qui auraient pu
changement des
surveiller ce
esprits, les prêtres, les magistrats, le sénat, n'en tenaient
compte
:
que
cérémonies restaient
les
la
religion leur paraissait intacte
les
mêmes.
du moment
S'ils
quelquefois, c'était contre les corrupteurs
du
sévissaient
non
culte,
contre les réformateurs des croyances. Pourvu que les
consuls continuassent à prendre les auspices et que les
sacrifices traditionnels eussent lieu
au Capitole,
ils
ju-
geaient que Tancienne religion était maintenue. Les rites
d'ailleurs
patriciat
avec
étaient
depuis
devenus eux-mêmes moins chers au
en
qu'il
les plébéiens.
Il
il
la
connaissance
ne faut pas oublier enfin, pour
expliquer cette invasion
pour l'antiquité
partageait
rapide des dieux grecs, que
si
n'y eut jamais de faux dieux
culte était réputé légitime
du moment
qu'il
:
tout
avait
des
adorateurs.
La plupart des anciens dieux furent conservés, mais
de
nom
seulement. Mars,
le
patron des mâles travaux
DU CARACTÈRE PRIMITIF
»8
des champs, à qui Caton, dans son ouvrage sur l'agri-
recommande
culture,
d'offrir
bœufs, que
veille sur les
les
Frères Arvales prient d'arrê-
nom
son
ter les contagions, prêta
des sacrifices pour qu'il
à TArès grec et devint
borné
le
dieu de
à
protéger les semailles et dont l'évliémérisme romain
faisait
Saturne, dont
la guerre.
un ancien
roi
de
de tous
les
mythes que
et hérita
fait
souvenir à temps
qui
le
coq
de l'Athéné grecque,
des
sciences et
d'un ordre tout à
père de Zeus. Minerve, qui
,
fille
arts.
théogonie grecque
la
laboureur de ses travaux (1), à
le
consacré
était
substitué à Kronos,
l'Italie, fut
nom du
avait rattachés au
le rôle s'était
se
vit
appelée à
dignité
de Jupiter, protectrice des
arriva que
Il
la
des
dieux
latins
secondaire se trouvèrent tout à
fait
coup placés au premier rang, pour représenter quelque
grande divinité de
Un
succession.
des biens de
de
l'histoire
Bacchus de
(1)
Le
en
men-dax. Le
monet
l'Asie
Mineure
le
Dionysos thébain,
et celui
Mener va
de
l'Inde.
le
Qu'on juge
vient de la racine
man
(pen-
men-s, me-min-isse, remm-isci, men-tio,
Men-erva est formé à l'aide du même suffixe que protDe Menerva vient le verbe promenervare qui se trouve em-
chant salien avec
(Festus, p. 196).
Servius,
plutôt
là
le
fêtes,
substantif
Menerva chez
(2)
de Bacchus, de son culte et de ses
inenou min. De
ervus, ac-ervus.
ployé dans
recueillaient la
Liber (2), fut mis en possession
la table,
nom de Miner va ou
latin
ils
obscur génie qui présidait à l'abondance
dans sa personne
et réunit
ser),
Grèce, dont
la
Quiutilien,
Géorg.
grec et libare en latin.
le
Minerva
I, 7.
I,
sens de monere.
dicta
Promenervat item pro
(le même, p. 91).
quod bene moneat
4, 17.
Son
nom
renferme
la racine qui
a fait Xeiêeiv
en
DE LA MYTHOLOGIE LATINE.
de tous
dans
les tours
fallut
pour
faire entrer
cadre étroit de la religion romaine
le
complexe
gie
de force qu'il
39
et
savante des Grecs
même
de mot pour
poëte profane: les Camènes,
nymphes qui
Muses à un peuple qui n'avait pas
désigner
le
mytholo-
trouver des
fallut
Il
!
la
rendaient leurs oracles auprès des sources, durent se
prêter à ce rôle. Par une invention qui dépasse les au-
en hardiesse, Livius Andronicus, au début de son
tres
ayant besoin d'une Mnémosyne, invoque
Odyssée,
déesse Moneta, la gardienne de la monnaie
L'histoire
même
des premiers temps de
la
(1).
Rome
ne put
échapper à ce déguisement universel. Une nuée de
Grecs, prétendus historiens, flatteurs du peuple dont
ils
défiguraient les annales, rattachaient, par des généa-
logies fictives et des émigrations imaginaires, Thistoire
de
Rome
à celle de la Grèce (2).
Une
tradition ancienne
déjà, quoique ne remontant pas, suivant toute appa-
rence, au-delà du quatrièuie siècle de
descendre
les
Romains d'Énée,
et
Rome
(3),
faisait
leur donnait ainsi
une place dans l'épopée d'Homère, où tous
les
peuples
voulaient retrouver leurs ancêtres. D'un autre côté, pour
unir plus étroitement les Romains
imaginé
tion,
l'histoire
qui, par toutes ses circonstances, trahit d'elle-
Voy. Hartung, Die Religion der Komer,
(2)
On
I,
p. 253 n.
peut voir dans Festus, au mot Jioma, ou dans Solin
liste d'écrivains
(cliap. l), la lon-
grecs qui se sont appliqués à dénaturer les origines ro-
maines,
(3j
avait
del'Arcadien Évandre, faible concep-
(1)
gue
aux Hellènes, on
Voy. Mommsen, ouvrage
cité, I, p.
303
DU CARACTÈRE PRIMITIF
40
même
plus
on confondit
;
Rome
de
et
sa date récente (1). Mais bientôt cela ne suffit
;
de
traditions falsifiées
les
la
Grèce
pour rendre compte de l'origine des
dif-
férents peuples de l'Italie, on inventa des héros imagi-
naires;
un
et
si
une ressemblance dans
l'on croyait découvrir
nom ou
dans un usage, on concluait à un emprunt,
pour expliquer l'emprunt on supposait des voyages
impossibles.
Nous
citerons
un exemple
singulier de ce
syncrétisme, parce qu'il se rattache au sujet de ce travail et qu'il
vêtit à
nous représente
Rome
l'histoire
la
la
dernière forme que re-
légende que nous allons étudier. C'est
d'Hercule et de Cacus,
telle qu'elle
est
expo-
sée, diaprés beaucoup d'auteurs, dans Denys d'Hali-
carnasse.
Hercule est un général grec,
premier
le
guerre de son temps, grand ami de
homme
de
la civilisation, libé-
rateur désintéressé des nations opprimées.
peuples de sages constitutions, réforme
Il
donne aux
les lois
mau-
vaises, fonde des villes, construit des routes, endigue
les fleuves
débordés.
Il
vient en Itahe,
non pas
chassant un troupeau de bœufs devant
tête
de l'armée avec laquelle
il
le
,
mais à
la
a soumis l'Espagne.
Obligé de séjourner quelque temps en
tendre sa flotte retardée par
lui
seul, ni
Italie
mauvais temps,
pour
il
at-
arrive
Rome et y fait camper ses troupes. Un roi barbare,
du nom de Cacus, surprend son camp pendant la nuit
à
et lui
Ci)
enlève du butin
;
Hercule l'assiège dans sa forte-
Voy. Bormann, Kritik der sage
vom Kônige Euandros.
Halle, 1853.
DE LA MYTHOLOGIE LATINE.
resse, qu'il
prend d'assaut,
territoire est
des Arcadiens,
roi
alliés
Faunus,
et
Avant de s'embarquer,
le
ennemi
et le roi
partagé entre les
41
est tué.
Son
d'Hercule, Évandre,
des Aborigènes.
roi
chef grec licencie ses vété-
rans et fonde une colonie composée d'Épéens, de Phénéates et de Troyens.
Palas,
fils,
11
mort jeune
et
cule,
ville
Faunus
éléen
les
(il
établis à
ne restèrent pas étrangers à
ils
:
aux colons
le
Épéens y introduisirent
le
pays deux
nom au mont
qui donne son
Palatin, et Latinus, adopté par
race latine. Quant
dans
laisse aussi
et
chef de
Rome
la
par Her-
riiistoire
culte de
de
la
Kronos
ne faut pas oublier que l'auteur grec parle de
Saturne); les Phénéates accrurent
le
peuple d'Évandre,
leur compatriote, et les Troyens, qui avaient été engagés
dans Farmée d'Hercule
à
la suite
de
prise de Troie
la
sous Laomédon, firent obtenir un peu plus tard un accueil
amenés par Énée(l}.
bienveillant à leurs concitoyens
L'histoire de
Cacus conservée par Solin
moins extraordinaire. Cacns
en Étrurie par
le roi
(2) n'est pas
un ambassadeur envoyé
est
de Phrygie Marsyas
par Tarchon, roi des Tyrrhéniens,
il
:
mis en prison
trompe
la surveil-
lance de ses gardiens, s'en retourne en Asie et revient
avec des troupes s'emparer des bords du Yulturne
de
(1)
la
Campanie. C'est au moment où
Voy. tout ce
récit
dans Denys d'Haï.
I,
pas là des singularités : toute l'antiquité a la
thologie.
XV;
(2)
il
voulait ajouter
41 et suiv. Ce ne sont d'ailleurs
même
façon d'envisager la
En ce qui concerne Hercule, voyez Diodore, IV; Ammien
Cornélius Népos, Vie d'Annibal, chap.
Chap.
1.
3.
et
my-
Marcellin,
DU CARACTÈRE PRIMITIF
42
concédé aux Arcadiens
à ses Etats le territoire
tué par
On demandera
Hercule.
Marsyas figure dans ce
dont
romaine.
l'histoire
mythologie
la
le
à cause des Marses,
c'est
:
Rome
sonne à
y
vainement chez
mots sur
la
Il
ait
nom (1).
pu
Du moins on
ou
les
Au temps de
ne connaissaient
les plus instruits
:
Cicéron
(2),
parlant de Var-
ron, dit que ses écrits ont rendu leur patrie
qui s'y trouvaient
môme
dont
était
les
fort
comme
étrangers. Mais Varron lui-
noms, conservés par
Il
le
établit toute
qu'il appelle incertains, et
rieux pourtant des
bonne
lieu
Un peu
va dire des autres.
foi
les
peuple ou par
il
une
dieux
le rituel,
classe
que de garantir ce
plus tard Virgile,
si
comme
origines romaines,
il
croyait
il
a
le
consommé
faire,
le
le
mélange des
race, de la Grèce sur ses vainqueurs.
(2)
Academ.
natur.,
II, 3.
III,
17.
au
poëme des
tradi-
tions et consacré cette victoire morale, dont parle
(1) Pline, Hist.
cu-
antiquités de sa patrie, accepte de
toutes les inventions qui avaient cours, et,
d'écrire,
de
aime mieux effacer
tout ce qu'il a dit des dieux certains
qu'il
aux Romains
empêché d'exphquer tous
étaient arrivés jusqu'à lui.
dieux
chercherait
poètes quelques
transformation qu'elle subit.
plus l'ancienne religion
que per-
être dénaturée sans
les historiens
hommes
César, les
traitée
était
ne faut pas s'étonner après cela
garde.
prît
pourquoi
peut-être
comment, au temps d'Auguste,
Voilà
que
expliquer
fallait
il
récit
qu'il est
Ho-
DE LA MYTHOLOGIE LATINE.
Sans doute
travail d'assimilation entrepris sur la
le
pour point de dé-
religion et les traditions latines avait
part
une idée vraie
une
effet à
même
une époque que
épique de
la
43
les
;
deux peuples appartiennent en
race. Mais cette parenté
ni les
souvenirs de
l'Italie,
remonte à
ni la poésie
Grèce ne pouvaient atteindre. Les légendes
inventées après coup, les substitutions de dieux, les altérations
de noms,
loin de mettre
en lumière
primitive des Italiens et des Grecs, ne devaient
curcir
;
pendant ce temps
les titres
l'affinité
que
l'obs-
de parenté authen-
tiques restaient cachés au fond de la langue et dans
quelques mythes antérieurs au développement distinct
des deux religions.
de ces
les
titres,
Il
faut donc, avant de produire l'un
en corriger
les altérations et
additions de seconde main.
La
en retrancher
romaine
religion
ressemble à un de ces manuscrits qui ont reçu récriture
de deux âges différents
faut
supprimer par
pour emprunter
a porté
le
latine est
les
pour
pensée
comme un
:
plus ancienne;,
celle qui l'a
recouverte
termes de l'éciivain qui
(1), la
le
;
il
ou,
premier
mythologie
temple qui aurait été renversé pour
une construction plus moderne, tombée à
c'est
au plus profond du
de deux époques, de deux
Hartung, ouvrage
cité, I, p. ix.
sol
,
sous
les
ruines
civilisations différentes, qu'il
faut chercher les fondations
(I)
lire la
jour dans cet ordre d'études
faire place à
son tour
la
:
de
l'édifice.
II.
LA LÉGENDE LATINE.
SANCLS ET CjECIUS.
Ce qui
l'action
résista le
mieux dans
absorbante de
la
la
mythologie latine
Grèce, ce sont quelques tradi-
tions liées
de temps immémorial aux origines de
de Rome,
et faisant
tutions nationales.
de
les
cité à
supprimer,
la ville
corps en quelque sorte avec les
L'orgueil romain n'eût pas
et, s'il
à
insti-
permis
donnait avec plaisir droit de
des héros grecs, c'était à condition qu'ils ne dé-
rangeraient pas l'ordonnance de ces anciens récits.
Le
peuple d'ailleurs avait sa tradition vivante se perpétuant
à côté de la tradition littéraire, et moins accessible à l'intrusion d'éléments étrangers.
les
noms
La vue des lieux
qui y étaient attachés, les fêtes publiques qui
rappelaient les faits de l'histoire fabuleuse de
les
enfin et
Rome,
et
corps de prêtres spéciaux qui étaient chargés d'en
LA LÉGENDE LATINE.
4S
célébrer la mémoire, étaient autant de soutiens pour les
débris de ces anciennes croyances. C'est ainsi que l'histoire
de Romulus
intacte
Rémus nous
monuments
et les
laient tous les jours
nom de la ville, de vénéaccidents mêmes du sol rappe-
au citoyen romain.
La légende d'Hercule
mêmes
de Cacus a survécu pour
et
grecque a pu changer
raisons. L'influence
noms des personnages; mais
drame
étaient trop fortement
les
ses
la
Rome
monuments
C'est
tin,
la rappelaient à
resserrée entre l'Aventin et le Pala-
On v
vovait
le
la
scène de l'action
forum boariuin où avaient
bœufs amenés par Hercule
sur l'Aventin, on montrait
la
loin
de
par son
latin
,
là
par
,
nom
la
le
le
vainqueur
d'un côté,
nom
la
à^ échelle
lutte,
à Jupiter Inventor.
Trigemina rappelait
porte
Non
également
de l'autre côté, présente plus spécialement
Diod. IV, 21.
et
monstre dompté par Hercule. Le Pa-
souvenir du triomphe
(1)
le
maison de Cacus, théâtre de
la
l'autel élevé
;
descente en pierre qui,
au temps de Diodore(l), portait encore
de Cacus,
vieille
chaque pas.
qui forme en quelque sorte
été parqués les
La
du
des rois, était pleine de cette histoire;
la vallée
légendaire.
du
l'esprit
les effacer.
les
les
traits essentiels
imprimés dans
peuple pour qu'elle essayât de
Rome,
peu près
que le
fable étrangère au récit
rables
est arrivée à
main hardie n'aurait osé substituer une
nulle
:
et
:
là
se
trouvait Wira
le
maxima,
LA LÉGENDE LATINE.
46
consacré à Hercule victorieux
courue par
avec
cule,
le
la
,
voie triomphale par-
héros à son retour, et
même
dieu s'élevait sur
auprès de
l'autel
de Jupiter Inventor
monuments, ce sont
les
temple d'Her-
Un
statue du dieu triomphateur.
la
temple du
Avec
le
bords du Tibre
les
(1).
les
cérémonies dont
ces lieux étaient les témoins qui perpétuaient
venir de la légende
par
le
:
elles
Ni
distingue.
les
les
ni les enfants, ni les affranchis, ni les esclaves,
admis aux
n'étaient
hommes
libres
seulement y prenaient part.
dieux, mais
les autres
comme
deux anciennes
Ils
la
pour
couronné
et
présidait à
cérémonie;
Pinarii
familles, les Potitii et les
les
:
assis-
y
c'était l'usage
découvert
le front
Le préteur urbain
lauriers.
maxima
de Xara
sacrifices
taient sans se voiler la tête,
de
sou
le
ont frappé tous les écrivains
caractère archaïque qui
femmes,
autre
(2),
avaient seules le droit, l'une d'offrir, l'autre de desservir
Aucune autre divinité ne devait
le sacrifice.
dans
les prières.
Après que
lée, elle était partagée,
sistants
;
du pain
et
au
la
invoquée
immo-
victime avait été
nom
du vin
être
d'Hercule, entre les as-
étaient ajoutés au repas
une coupe colossale en bois, donnée par Hercule
(1)
Macrobe, Sat, HT,
partait
xn,
24. Soiiu,
cole.
(2)
Le
sillon qui
et
marquait
Voy. aussi G.-B de Rossi,
I.
la lirai fe
Le nom des
comme
de l'ancienne
18j4, p
28
sv.
Potitii semble indiquer une ancienne prééminence
faisait
Rome
maxima. Tacile, Annales,
l'Ara massima ed il tempio d' Er-
embrassait VAi-a
Mémoires de r Institut archéologique de Rome,
aux Pinarii, on
conte,
G.
du Forum Boarium,
;
lui-
dériver leur
nom du mot
grec
irôîva,
;
quant
en ajipuyant d'un
à l'ordinaire, cette étymologie fictive (Serv. JEn.
W\\,
269). Les
Pinarii sont probablement ceux qui sont chargés des provisions (penarii).
LA LÉGENDE LATINE.
même,
servait
aux
libations (1). Le repas se faisait avec
on n'y
recueillement;
les prêtres saliens se
que
les
les autres,
comme aux
pas couché,
était
autres sacrifices, mais assis (2).
dis
47
Pour terminer
partageaient en
la
fête,
deux chœurs; tan-
plus âgés entonnaient les louanges du dieu,
par
la
pantomime, représentaient aux yeux
sa victoire (3).
Telle était la
forme du
premiers temps de Rome,
sacrifice ordinaire.
il
se
de
Vara maxima^ nourri par
lauriers.
A
mesure que
la
les
renouvelait souvent
tous les dix jours, suivant Varron,
nait de
Dans
ville
le
le
:
peuple s'en revedieu et couronné
s'accrut,
les
repas
devinrent naturellement plus rares, et finirent par se
borner à un sacrifice annuel. Toutefois de riches Romains, Lucullus, Cassius, Hérennius, tinrent à honneur
de renouveler cet antique usage,
peuple entier aux tables de
Mais
il
l'autel
s'y célébrait en outre,
convoquèrent
et
maxime.
aux jours de triomphe,
Et sacer implevit dcxtram scyphus.
(l)
yEn.
Cette coupe avait
un nom
:
elle s'appelait
Vm,
278.
atnmcvium ou atavium
suivant
atanulum ou attanabo suivant d'autres. Les prêtres eux-mêmes
pelaient d'après un vieux mot sabin Ciipenci. (Servius, ,^n. XII, .j39.)
Festus,
Gramineoque
(2)
viros locat ipse sedili
;
Praecipuuraque toro et villosi pelle leonis
Accipit vEnean, solioque invitât acerno.
'
yEn. VIII, 176.
Hic juvenum chorus,
(3)
Herculeas
ille
senum; qui carmiae laudes
et facta feront.
^n.
Comp.
le
le
commentaire de Servius.
VIII, 28S.
s'a|>-
LA LÉGENDE LATINE.
48
des sacrifices extraordinaires; ces jours -là
d'Hercule
jetait revêtue des ornements triomphaux.
(i
Le généial
de
paré à l'image
,
sur un char
victoire sur
la
statue
la
le
parcourait
,
route qu'Hercule avait suivie après sa
Cacus
de
:
même
que
le
dieu avait cédé au
peuple une partie des bœufs reconquis,
déposait
statue
la
chef romain
le
dixième du butin sur Vara maxinia^ pour
être distribué
aux citoyens,
public devant l'autel
(2).
et les conviait à
un repas
Ainsi la victoire d'Hercule sert
en quelque sorte de type aux victoires romaines
tiiomphe dont
riens
fondation est rapportée par
la
:
le
les histo-
à une date historique, se dessine déjà dans
la
légende.
\]ara
il
maxima
ne servait pas seulement à ces
avait un caractère particulier de sainteté. C'est
venait jurer, sous la voûte
la
main,
même
les contrats les
de
l'autel,
du
ciel, tête
nue,
fêtes
là
un
qu'on
silex à
plus sacrés. D'ailleurs le
ara maxima^ en
:
nom
faisait assez ressortir
l'importance.
Les monuments,
le
culte,
les
cérémonies, attestent
l'antiquité et le caractère national
du dieu
:
était
il
en-
core fort en honneur au temps d'Auguste, puisque TiteLive,
au début de son
ploits
romains par
aussitôt
(1)
histoire,
la victoire
que son héros a mis
Cette statue était
si
le
ancienne qu'on
ouvre
Tilulus Mumintanus,
|»
des ex-
d'Hercule, et que Virgile,
pied sur
la
la
terre destinée
regardai plus tard
l'œuvre d'Évandre.
(2) Ritsclil,
la série
II et IX.
comme
étant
LA LÉGENDE LATINE.
à ses descendants,
combat dont ces
Ovide,
les
récit
le
fils
du Tibre. Pendant
de Vulcain, monstre à
le
,
il
les
enlève en
pour empê-
ses génisses, et,
dans son antre. Mais
lui
qu'il laisse paître
trois têtes, lui
cher qu'on ne suive leurs traces
qui
entraîne en ar-
mugissement des vaches
ont été volées avertit Hercule
:
court vers
il
caverne fermée de toutes parts, où son ennemi
plein de terreur, s'est retranché.
avec
tassés
les
ar-
l'Italie et
un brigand, depuis longtemps redouté, Ca-
secret quelques-unes de
rière
et
circonstances principales.
rive sur les bords
cus,
avaient été
lieux, suivant la tradition,
Hercule, vainqueur deGéryon, traverse
ses bœufs,
du premier
Voyons-en, d'après Virgile, Properce
théâtre.
le
entendre
lui fait
49
vaches, tous
les trésors
Il
,
la
déjà
en force l'entrée;
que
le
brigand a en-
dans son antre, paraissent au grand jour. Her-
cule l'accable de ses traits; malgré ses cris, malgré les
flammes
et la
fumée
qu'il
vomit
et
qui l'entourent de
ténèbres, le dieu l'étreint et le tue. Le corps informe
du monstre tombe aux pieds du héros. Hercule élève
alors un autel à Jupiter qui a trouvé les
bœufs (Jupiter
institue le culte qui lui sera
rendu à
Inventor), et
il
même. Une
circonstance moins connue, c'est
sœur deCacus révéla
la retraite
récompense un temple où on
comme pour
(1)
Lactance,
I,
de son frère
Serv., Vill, 190.
qu'une
et obtint
en
brûlait en son honneur,
Vesta, un feu éternel (1).
20, 36
lui-
50
I
Telle est
A LÉGENDE LATINE.
légende réduite à ses
la
traits essentiels.
Nous ne nous arrêterons pas aux commentaires des
écri-
vains qui ont voulu en dégager un événement histori-
que
:
retrancher
primer, et
la
merveilleux d'un mythe, c'est
le
prétention de l'évhémérisme, de
le
sup-
recon-
derrière les figures mythologiques des person-
naître
nages réels que l'imagination populaire aurait transfor-
més en
dieux, est vaine, toutes les fois qu'elle s'appli-
que à une époque primitive. Ce ne sont pas des hommes
divinisés qui
se trouvent sur
le seuil
l'histoire
:
ce
hommes. Reconstituer
sont des dieux transformés en
les
de
premiers temps d'un peuple de l'antiquité à l'aide
de ses légendes
,
c'est prêter
époque où l'homme,
encore
spectacle de la nature
,
distinguer. Considérons
comme un
forme
mythe,
qu'il a
et
sens historique à une
le
ébloui
commençait
donc
le récit
troublé du
et
à
peine
à
s'en
qui nous occupe
essayons de restituer
première
la
eue à Rome.
Une circonstance frappe
tous
yeux
les
:
un mythe
c'est
la
latin.
Ce
présence d'un
héros grec dans
demi-dieu,
de Jupiter, gagnant l'immortalité par
fils
ses exploits,
est à sa place
lénique
une
Il
c'est
:
trait
le
du Romain ne
doute,
l'Italie
sens grec du mot
intermédiaires
il
mythologie hel-
la
figure étrangère à la religion latine.
ne paraît pas que
dans
dans
lui
;
ait
jamais eu
l'esprit à la fois
de
héros
net et abs-
a pas permis de créer des êtres
entre les
dieux
et
les
hommes. Sans
connaît des génies d'un ordre plus ou moins
LA LÉGENDE LATINE.
relevé, qui
président
viennent dans
la vie
;
mais des demi-dieux
tenant à la fois du
la
réussie,
où
elle
et inter-
aux Mânes de
ses ancê-
il
sacrifie
comme
ciel
et
Thésée, Persée, Héraclès,
de
la terre,
Rome
que
fit
est
le
voit pas
Romu-
une tentative tardive
ne renouvela
et
mal
jusqu'au temps
pas,
de César mort un demi-dieu.
Hercule ne peut donc pas être
rait à
on n'en
mythologie latine. La transformation de
en dieu Quirinus
lus
aux actions humaines
mort, ont pris place parmi les dieux;
tres qui, après leur
dans
SI
le
dieu qu'on ado-
Vara maxinia, qui triomphait de Cacus suivant
cérémonial consacré, et que célébraient
Le héros grec a usurpé
frères Saliens.
les
la
chants des
place d'une
ancienne divinité latine dont nous connaîtrons bientôt
nom. Mais, avant de poursuivre
le
celte recherche, qu'on
nous permette de nous arrêter un instant pour préve-
une objection qu'on
nir
ne manquerait pas de nous
faire.
En
disant qu'Héraclès est
nous ne prétendons pas
romaine du
de
la
nom
Sabine
une importation hellénique,
qu'il n'y ait
d'Hercule. Mais l'Hercule
veillant sur l'enclos et la
son
rôle,
se
du Latium
maison. Par sa nature
rapproche du dieu Terminus
déesse Horta, et plus encore des dieux Pénates.
voque parmi
et
un dieu champêtre, un génie domesti-
est
que
il
pas eu une divinité
les
Semones,
de
On
Domesticus^
;
il
la
l'in-
c'est-à-dire les génies,
côté de Cérès, de Paies, de Flora
de Rusticusy de
et
et
à
porte les surnoms
de Genialis, d'Jqres-
LA LÉGENDE
52
//.y(l};
1-ATINE.
sur son autel, qu'il partage avec Silvanus,
offre les prémices des
champs, du troupeau
et
de
oti
la vi-
gne. C'est de cet Hercule et non de l'Héraclès grec que
parle sans doute
Denys d'Halicarnasse, quand
adoré dans toute
qu'il est
l'Italie, et
rencontre ses autels et ses temples
suffit
II
di
(2).
Hercules pour voir
commun. Le nom
gnification, est
'EtsoxV^ç.
Au
que
grec, quelle
les
noms
de
qu'ils n'ont rien
soit d'ailleurs sa si-
un mot composé comme 'ApicroK^Àç ou
contraire, le
nom
latin est
probablement un diminutif. La forme
et
que partout on y
de mettre l'un à côté de l'autre
d' HpajtV^ç et
dit
il
un mot simple,
la
plus ancienne,
conservée par Cicéron, paraît avoir été Herculus
(3),
qu'on peut rapprocher des anciens noms mythologiques
comme Romulus^ Faaslulus, Cœculus. La racine du
nom est le verbe hercere, herciscere^ qui veut dire enclore^ séparer, et qui est
fréquemment employé dans
langue du droit pour désigner
d'un héritage
(1) Orelli,
:
le
partage d'une propriété,
familia herciscunda. Le participe her-
Inscript, lat., 1538. Table votived'Agnone.
regni Neapolit., 4495,5757.
Ritschl,
I,
Cic, Academ.,
vocatif.
On
l,
15.
10.
2,34. L'interjection Hercule, ffercle
la
!
est sans doute
forme ffercle (voca-
trouve sur les monuments Herclus (Mommsen, Unieritalische DiaQuelle que soit d'ailleurs
possible qu'il soit l'équivalent
commencer par un
s.
la
terminaison de ce mot,
du grec Héraclès; autrement,
le
C'est à ce signe qu'on reconnaît les
vement idenfques comme sepie7n,
ëpTieiv.
ii,
Les vases étrusques portent ordinairement
lecte, p. 262).
vrait
Inscript,
40.
(2)
(3)
tiO.
Mommsen,
Monumentaepigraphica tria,\h
Zoëga, Bassi Rilievi, H, p. 115. Macrobe, HT,
un
la
eTita;
sex,
s?;
sequor,
il
nom
est
im
latin de-
mots primiti-
ÊTtofxai;
serpere,
LA LÉGENDE LATINE.
cturn désigne
bien-fonds composant
le
Hercule paraît avoir été
génie protecteur de
Hercules
la
le
ment
Z-/iv
et Janus.
Mnemosyne. Dans
est
il
Ss^ls^yi
cet
et
noms
genre
le
:
la
Stimula, pour Moneta
les
latin a
et
perdu
domestique a disparu
et
de monstres.
appartient du reste à une
plupart des substitutions
double voisinage de l'Étrurie
Grande-Grèce introduisit de bonne heure
chez
de son a
fortuite
arrivé pour nspaeçov/i et
et le génie
époque plus ancienne que
la
divinités originaire-
héros vainqueur de brigands
Cette confusion de
même
le
comme Zeùç et Jupiter,
amalgame, l'Hercule
son véritable caractère,
du
frères,
Ce sont deux
comme
Proserpine, pour
le
dieu veillant sur l'enclos,
qu'une ressemblance
distinctes,
derrière
patrimoine.
Héraclès ne sont donc pas deux formes
et
confondre,
fait
le
maison.
du même nom, deux dieux
comme
5.1
le
et
de
héros grec
peuples de race latine. Les Etrusques voyaient
probablement dans Héraclès, père de Tyrrhénos, une
sorte
de
dieu
national
;
aucune autre
côté opposé,
Gumes
était le centre
raclès; le héros grec y avait construit
des
villes,
pandre
la
d'un culte d'Hé-
une digue, fondé
combattu des géants. Ce qui acheva de
légende de ce dieu chez tous
rains de la Méditerranée, c'est
cru reconnaître en
lui
que
un dieu de
les
les
même
des
récits
qui
ré-
peuples rive-
Phéniciens avaient
leur religion
portèrent en Ligurie, en Sardaigne, dans
nature
n'est
ou leurs miroirs.
plus souvent figurée sur leurs vases
Du
divinité
la
:
ils
l'ap-
Gaule.
se rattachaient à ce
La
fils
LA LÉGENDE LATINE.
54
aimé de Jupiter, injustement persécuté, parcourant
terre et la délivrant des fléaux qui la désolent,
quelquefois par
fiant le
la
courage,
la
guerre contre Pyrrhus
culle d'Héraclès à
première
335 de
fois
la ville
soumission de l'Étrurie
Mais,
et si
fêtait
si
Rome;
il
en
est fait
mention pour
à six divinités grecques, sur l'ordre des
eux-mêmes provenaient de Cumes(l).
prit sans
doute possession vers
semblait
lui
Héraclèsest un emprunt tardif
Hercule est un génie champêtre
maxima
le sacrifice, et
dans
le
même
la victoire
revenir de droit.
étranger aux combats, quel e&t
^ara
la
faut placer l'introduction
qu'il
temps du culte célébré à Vara maxima;
qu'on y
et
à propos d'un lectisternium offert l'an
livres sibyllins, qui
Le héros grec
devait frap-
populaire et faire accueillir partout
son nom. C'est entre
la
emporté
fougue des passions, mais personni-
la force et la générosité,
per l'imagination
du
la
le
fait
à
et
domestique
la
Grèce,
dieu guerrier dont
voyait tous les dix jours se renouveler
dont
la religion
culte
tient
une
si
grande place
romaine? Nous allons essayer de dé-
montrer que ce dieu
nom de Sancus,
le
est Jupiter,
tantôt avec
le
adoré tantôt sous
le
surnom de Recaranus.
Les anciens s'étaient déjà inquiétés de connaître
le
dieu qui avait d'abord été en possession de l'autel. Varron se doutait bien qu'un culte aussi antique ne pouvait
appartenir à un dieu étranger
(1)
Tite-Live, V, 13
;
il
pensa qu'Héraclès avait
LA LÉGENDE LATINE.
été substitué à
Mars
•,$
Ce qui causa son errenr, que
(1).
romains paraissent avoir partagée,
les pontifes
c'est la
présence des prêtres Saliens aux sacrifices de Vara ma-
xima,
Mars
au temps de Varron, que
et l'idée déjà générale,
était
un dieu guerrier. Le nom que cherchait Var-
ron, le peuple le prononçait tous les jours devant
lui-même,
comme nous
verrons tout à l'heure, nous
le
donne dans son ouvrage sur
le
nom, à vrai
d'écrivains. Voici
Properce termine son récit de
Cacus (IV, 9, 74)
A
Tatii
Sans doute
italique
;
Le
c'est-à-dire
pour se mettre en
,
:
«
ou à Sancus, car c'est
dit
sacrifice
le
même
expressément qu'Hercule
en sabin.
Pourquoi Sancus
du dieu
dieu vainqueur
le
(2)
dieu. » Varron enfin (3)
nomme Sancus
orbem
de son côté
dit
route, s'adresse à Hercule
?
comment
composuere Cures.
Cures, on appelait donc Sancus
appelé propter viani
bins
il
d'Hercule et de
la lutte
nianibus purgatum sanxerat
Sancum
du brigand. Festus
se
:
:
Nunc quoniam
Sic
langue latine. Ce
la
un mystère pour personne
dire, n'était
donné par une quantité
est
lui, et
est-il
les
spécialement attribué
aux Sa-
Sabins ont conservé l'ancien
mais
il
s'en faut
que
les
Romains
nom
l'aient
complètement oublié. Sancus a un temple au Quirinal,
un autre dans l'île du Tibre
1)
(2)
3)
tance,
Macrobe, %at,\\\,
12. Serviu?,
Au mot Propter.
De Lingtta lat., V,
I,
!•'>,
».
;
il
y aà
Rome
\d,
porte Sanca-
Enéide, VUI, 275.
66. Cf. RitschI,
Tituhcs
Mummianus,
p
\i.
Lac-
LA LÉGENDE LATINE.
56
et
lis\
une sorte d'oiseau de
gle, s'appelle avis Sancalis
proie, assez semblable à l'ai-
des
;
monuments extrême-
ment nombreux ont été trouvés sur le sol de Rome même,
portant
nom de
le
Romains
Serno Sancus
(1).
La
distinction entre
Sabins est d'ailleurs illusoire
et
ples avaient la
même
origine, la
deux peu-
les
:
même langue, les mêmes
croyances. Mais ce qui put décider les auteurs que nous
venons de
aux deux peuples,
de
aux Sabins un
citer, à attribuer
que
c'est
les
inscriptions
surnoms
comme
et leur roi.
(2) se présente d'ordinaire, sur les
chez
Serno ^ Dius
;
commun
Sabins avaient imaginé
de Sancus leur premier père
faire
Le nom de Sancus
culte
accompagné des
les écrivains,
Fidiiis.
Quaerebani Nonas Sanco Fidione referrem,
An
'<
tibi,
Semo
Cuicunqire ex
Nomina
pater
;
quum
milii
Sancus
ait
:
dederis, ego miinus habebo.
illis
trina fero
:
sic
voluere Cures-
»
Ovide, Fastes, VI, 214.
Le mot Semo s'explique de lui-même
dieu présidant à
la
:
il
fécondité de la nature.
désigne un
Quant à Dius
Fidiusy les anciens avaient déjà reconnu en
de
TCidTioç
la
Grèce, protecteur des contrats et de
jurée (3). Sancus représente donc à
(1)
V.
Preiler,
Rômische Mythologie,
polit; 6770. Orelli, Inscript,
(2)
lut-,
Le mot Sancus renferme
sandre, sanctus, sagmen
la
(l'iierbe
p. 637.
ces
mots
(3)
Denys
d'Haï., IV, 58,
qui Deus Fidius vocafur. »
une force
fois
Mommsen,
même
Inscript, nea-
racine sac, sag, qui a formé sacer,
sacrée qu'on tient à la
la
même
est yoj (sacrifier), dont le y est
grec. Voy. Bopp, Vergleichende
la
la foi
1860, 1861.
ment). Les mots Sytoç, àyo;, aYvo:, sont de
mune de
lui le Zeù;
Grammatik, §
main en prêtant
famille.
ser-
La racine com-
devenu un esprit rude en
19, 2^ éd.
Comparez Festus, au mot Prœbia.
<<
In aede Sanci,
i
LA LÉGENDE LATINE.
physique
et
une idée morale
fécondants de
la
nature (semo), l'auteur de
bonne
{iJius) et le gardien de la
expliquer ce triple caractère,
dans
la
faut faire
il
nous apprend que sancus
Pour nous
un pas de plus
Lydien (1)
le
en sabin
signifie
le ciel
pas autre chose que Zeuç
n'est
nous
Jovis^ pouvait déjà
:
le
Dio'^is\,
,
supposer. Dans les
faire
le
lumière
la
{Fîdius),
foi
connaissance de ce dieu. Jean
mot Dius, qui
des principes
est l'un
il
;
5T
Tables eugubines, Sancus est un surnom
de Jupiter.
nous amènent à penser que
c'est Jupiter
Tous ces
faits
qui était adoré à Xara maxinia sous
Ainsi
s'expUquent l'ancienneté
nom de
le
cérémonies
des
défense de prononcer dans les prières
autre dieu, la sainteté et
pourquoi, de
même
temple de Sancus
de
même
le toit
le
les traités
qu'il était
maxima
pourquoi, de
fendu aux femmes
Maxime
(3). Voilà
les
nom d'aucun
de
l'autel.
Voilà
ouvert dans
le
peuples étrangers (2),
les
le
et
ni les
ni les enfants
Fidius^
il
le
culte célébré à cet autel
,
et
(1)
Des Mois, IV,
(2)
Varron, de Lingua latina, V,
ne
était dé-
aux enfants d'approcher de
pourquoi enfin
de-
inviolables. Voilà
femmes
nom de Dius
nue,
la tète
engagements
une cérémonie consacrée à Jupiter,
l'Autel
triomphe, qui est
se trouve
pourquoi
le
mêlé au
temple de Ju-
58.
rt'Halic, IV, 58.
(3)
le
ciel
allait jurer,
même que
devaient prononcer
avec
la
,
défendu d'invoquer Dius Fidius sous
d'une maison, on
vant Yara
nom même
qu'on gardait à
Sancus.
Deny.sd'Halic, IV, 5S; L\. 60.
66.
Plut.,
Questions rom.,
'^S.
Denys
58
I.A
LÉGENDE LATINE.
bœufs ont
piter Inventov est placé au lieu où les
reconquis sur
Avant
le
été
monstre.
d'examiner l'autre surnom
d'aller plus loin et
sous lequel Jupiter était adoré,
il
nous expliquer
faut
sur celte quantité de
noms
Nous venons de voir
différentes divinités qui ne sont au
fond que des attributs détachés d'un
même
part des divinités se sont formées ainsi
remonte vers
réduire
le
les origines
nombre des
La plu-
dieu.
mesure qu'on
à
:
seul être.
des cultes ariens, on voit se
divinités primitives.
qu'au berceau des idiomes
trons
un
se rapportant à
De même
nous rencon-
les plus riches,
un groupe peu nombreux de racines qui donnent
naissance à
la
langue,
mythologies
les
les
plus exubé-
rantes peuvent être ramenées d'une façon régulière à
quelques conceptions mères de toutes
les autres.
y a
comme des mots dérivés tantôt
comme Jupiter et Janus, tantôt un
des dieux secondaires,
un dieu se dédouble,
Il
:
de ses surnoms prend une existence indépendante, tantôt
ridée morale, prenant
le
dessus sur
renouvelle l'aspect d'un dieu,
comme
Dius Fidius. L'esprit de l'homme suit
la
le
les
côté physique,
on
le
mêmes
nature, qui, après avoir créé un petit
était
à présent l'autre
surnom sous
lois
que
nombre de
pes, les reproduit toujours en les modifiant à
Voyons
voit dans
ty-
l'infini.
lequel Jupiter
invoqué à \ara maxirna. Cette recherche va nous
fournir
un nouvel exemple d'une épithète qui prend vie
en se séparant du dieu auquel
troduit,
comme un
être
elle
appartient, et qui s'in-
nouveau, dans
la
mythologie
et
LÉGENDE LATINE.
I.A
même
dans
origines de
Aurélius Victor
riiisloire.
avant
lui,
caranus, Grec d'origine, berger d'une
belle stature et
avaient
fait
les
l'épisode de Cacus; mais
nomme, comme vainqueur du brigand
que sa
exposant
,
raconte, ainsi que beaucoup d'au-
Rome,
tres l'avaient fait
59
il
un certain Ré-
,
taille
gigantesque,
supériorité de son courage
la
appeler Hercule.
d'ajouter qu'il
a soin
Il
emprunte ce nom à l'ancien annaliste Cassius Hémina.
Un
écrivain
avait fait
une étude
de son côté
ger
du temps d'Auguste, Verrius Flaccus, qui
nommé
(1)
particulière des antiquités latines, dit
que
le
vainqueur de Cacus
Garanus, qu'on appela Hercule, parce qu'on
donnait anciennement ce
extraordinaire.
force
n'est pas
un ber-
était
douteuse
nus, Garanus (2), à
deux
des
empruntent
le
nom
donné
écrivains
de Récara-
populaire, et
la tradition
substituent à celui d'Hercule, croyant
historique qui avait
hommes d'une
à tous les
L'intention
ils
:
nom
le
ils
rétablir le fait
lieu à la légende. Ils
nous ont
conservé, dans ces deux passages, l'ancien surnom de
Jupiter.
La racine renfermée dans Recaranus
(1)
Servius, ^Ën.,
est
VUI, 203. Le passage en question nest pas de Servins,
quoiqu'il se trouve dans toutes les éditions imprimées de ce
est tiré
vraisembla-
d'un manuscrit de Virgile (fonds
latin
,
commentateur
n" 9344) fort ancien
,
:
il
couvert
de gloses marginales.
(2)
La différence entre
les
deux noms
vent indifféremment par un c ou par un
Ci-rmalus
la lettre
et
Germains, (ricesimus
et
>g
est légère;
:
Gains
et
beaucoup de mots
Gahis, Gveeus
frigesimus. etc.
On
et
s'écri-
Cnaeus,
sait d'ailleurs
que
g a été introduite fort tard en latin, et que les plus anciennes inscrip-
tions portent Carthacinienses,
tusttoris linguêc latinx.
pucnarunt,
etc.
voy. M.
I
guer,
lipliquix ve-
LA LÉGENDE LATINE.
60
blement
même
la
dont est formé
mot
le
que Fes-
cerus^
tus (1) explique par creator, et qui se trouve
chant salien appliqué à Janus (2)
Duonus cerus
:
nus Jamis. Une autre expression ayant
est
manus
cerus
le
es, duo-
même
sens
même mot sur une coupe conservée
Musée Grégorien à Rome (4) CERI POCOLOM, et
encore
le
dieu bon (3j. Nous rencontrons
le
,
dans
au
le
sur
:
d'Agnone, où
l'inscription
mot cerus
le
est associé à
différentes divinités rustiques.
donnée par Festus
L'explication
veut dire créateur;
genius à gignere
Le nom
serere.
aux moissons,
génie
présidant
formé
comme sanctinwnia
même
famille. Cette racine était déjà
langue religieuse avant
comme
Hellènes,
le
et
et
le
montrent
les
mot sont formés de
créer,
faire,
et le
nom du
et qui a
x-?ipeç
dieu
la
la
d'Homère
et
des La-
(3)
Festus, au
Dans
Ôavaroio.
L'un
racine kar, qui signifie
le
Kpovo; (5).
verbe
xpaiveiv
Le nom de
de FiciUibus
n.
3.
mot Mater matuta.
les védas,
575
fatales, prési-
mot Mater matuta.
Festus, au
Varron, de la Langue latine, VI,
Ritschl,
la
créateur,
(2)
p.
sont de
Manus
xvipeç
donné au grec
(1)
I,
,
employée dans
des puissances
destruction et à la mort,
la
et l'autre
dent,
le
par un renversement d'idées fréquent dans tou-
dant à
(5)
comme
de Cérès,
séparation des Italioteset des
la
tes les mythologies, sont
(4)
mot cerus
mot cerimonia,
castimonia
d'Hésiode, qui, contrairement au Cerus
tins, et
le
:
correspond à creare^
il
semo à
et
est juste
litteratis
Krdaan,
Latinorum anliquissimis,
p. 17.
dieu créateur. Voy. Benfey, Orient
und
Occi-
l
A I.EGKNDE LATINK.
61
Jupiter Recaranus peut se traduire par Jupiter liecuperalor.
Nous avons essayé de
dieu de Xnra maxirna
sion
restituer les
Sancus
:
Recaranus. La confu-
et
que ces deux synonymes ont dû amener,
l'on n'en
comprit plus
le
sens et où
gner des êtres différents, ne
fut
à l'adoption du héros grec,
qui,
du
deux surnoms du
culte,
semblait mettre
fin à
ils
le
jour où
semblèrent dési-
sans doute pas étranjîère
en prenant possession
toutes les difficultés
et
rentrer dans son héritage légitime (1).
Nous passons maintenant au second personnage de
légeude, Cacus. Lui aussi n'a plus
la
>-on
forme Cacus devait d'autant mieux
lénistes
Rome
de
vrai
nom; mais
satisfaire les hel-
qu'elle rappelait THéraclès àXe^ixaîcoç,
une
et qu'elle formait
avec Évandre, dont
antithèse, parfaite en apparence,
le
nom
désigne l'homme pieux et
bon. Ce qui aurait du faire hésiter cependant sur
de ce nom,
c'est
comme lui,
passait
que
la
une autre
sœur de Cacus,
la
difficulté;
le
sens
qui s'appelait
pour une divinité bienfaisante
labe longue de Càcus et
saient
la
;
la syl-
différence dans l'accent fai-
ce
nom même
n'était pas
si
bien établi dans Tusage que quelques écrivains n'eussent
adopté une autre appellation
Diodore écrivent Kaxio;.
Si
:
Denys d'Halicarnasse
nous rapprochons de ces
dices cette circonstance que Préneste, qui avait en
mun
(1)
avec
Rome un grand nombre de
Voy. Hartung, die Religion der Ronmer,
et
in-
com-
traditions fabuleu-
IF, p.
24.
LA LÉGENDE LATLNE.
62
compte parmi
ses (1),
personnages mythologiques
ses
un Caeculus,filsdeVulcain, brigand qui vomissaitdesflammes, nous serons conduits
par Hartung (2), que
et
mieux Csecius
répond, pour
la
nom
le
dû
primitif a
Nous verrons
(3).
jecture justifiée par
à cette hypothèse, déjà
comme pour
forme
être Cacius
plus tard cette con-
nom
comparaison d'un
la
émise
grec qui
au
fond,
le
latin
Csecius.
Sancus ou Jupiter Recaranus
deux termes du mythe
La
latin.
voilà
et Csecius,
de
suite
ce
les
travail
confirmera une hypothèse pour laquelle nous n'avons
présent que
consulté jusqu'à
Contentons-nous
,
pour
principaux caractères de
moment
le
la
textes
classiques.
de résumer
,
légende
latine.
les
Habitué à
rapporter au sol natal, et à confondre l'histoire
tout
de sa
la
les
avec
ville
celle
de ses dieux,
Romain a
le
scène du mythe, non-seulement sur
même
sur l'emplacement
dieu,
voit
il
comme un
Jupiter
de Rome. Dans
une victoire nationale
terre,
la
et
placé
mais
la victoire
fait
du
triompher
consul. L'esprit latin est, d'ailleurs,
trop sérieux pour développer longuement un récit fabu-
(1) Serv.,
(2)
Ouvr.
(3)
Pour
Mn., VU,
678.
cité, I, p. 319.
le
changement de
comp. Sasturnus
Xsn en a,
de Ficiilibus litteratis Latinorum antiquissimis,
Nous croyons retrouver
Fcstus (p. 260)
:
la
et
Saiurnus. RitschI,
p. 8.
forme Cxcius dans un passage très-corrompu de
Quorum subjecti quifuerint Cœximparum
il
ne serait pas impossible que
et
amené
la corruption
du
la
forme
insolite
Cxcius
texte. Peut-être faut-il lire
fuerint Cxci improbi viri.
..
imperio.
ait
:
viri.
déroulé
.
.
imperio.
les copiste?
Quorum subjecd
qui
LA LÉGENDE LATIN Ç.
leux
:
la
légende se borne à quelques circonstances es-
personnages inutiles
sentielles, rejette les
merveilleux à un petit nombre de
Plus religieux que poétique,
moral du mythe
le
03
triomphe de
et
le
traits nets
Romain
reconnaît dans
la justice, et
une sauvegarde pour
dans
Thomme
la
réduit
et
le
et sobres.
entrevoit
victoire
le
côlé
du dieu
l'autel qui la rappelle
fidèle à la foi jurée,
m.
LA FABLE GBECQLE. HERACLES ET GERYON.
On
pourrait croire que rhistoire d'Hercule et de Cacus,
unie d'une façon
intime aux origines de
si
remonte pas plus haut que cette
l'homme éprouve
traditions qui lui
transplante sur
le
au
Il
n'en est rien
besoin de rapprocher de
lui
sont transmises par ses pères, et
la
où
terre
qu'il y a apportées.
est placée
ville.
Rome, ne
Les
il
récits
loin sont à
se
trouve
les
fabuleux dont
l'ordinaire des
:
les
il
légendes
la
scène
emprunts de
date relativement récente', au contraire, ceux qui semblent enracinés dans
stations
que
la
le sol
se retrouvent sur toutes les
race a parcourues, et ont autant de lieux
d'adoption différents qu'il y a
point de départ.
leur géographie
On
eu d'étapes depuis
le
a constaté que les peuples portent
avec eux,
et
que
les
mêmes noms de
HÉUACLÈS Kl
montagnes
fleuves et de
considérables
appelle locales.
65
se retrouvent à des dislances
même
en est de
il
:
Gh'HVO.N.
des légendes qu'on
Romulus exposé par
L'histoire de
ses
parents, nourri par un dieu, recueilli par des étrangers,
reprenant,
les
armes à
la
main,
trône qui
le
lui
a été
pris injustement, était attribuée en Perse à Cyrus,
temps de Xénophon,
et plus tard,
à Keï Khosrou (1)
on
;
la
du temps de Firdousi,
raconte encore aujourd'hui
dans rinde, ainsi que dans toutes
bouddhisme a répandu
Candragupta
ryas (2).
et
même
titre
qu'à
Quand on
la
la
contrées où
cède
A
la
Mau-
qui nous occupe
;
religieux de la race arienne,
Grèce, où nous allons
le
suivre, au
l'Italie.
passe de
la
mythologie romaine à
Grèce, on sent qu'on pénètre dans un
veau.
le
indiennes, du roi
dynastie des
la
même du mythe
du patrimoine
appartient à
il
les
les traditions
fondateur de
le
en est de
11
partie
fait
il
,
au
celle
de
monde nou-
précision un peu sèche de l'esprit latin suc-
l'éclat et la
aux
richesse,
traditions
conservées les inventions poétiques
tion qui a fourni à la
Grèce
la
:
la
pieusement
même
imagina-
matière de deux épopées,
a créé une profusion de récits fabuleux qui font de
la
religion hellénique le spectacle le plus brillant et le plus
varié. Si le
nom de mythologie ne
un ensemble de conceptions
(1)
Schâh-Namèh,
(2)
Kôppen, die Religion des Buddha
torij
of Ceylan,
I
doit être
écloses
donné qu'à
spontanément
et
éd. MoliI, n, p. 419.
,
[t.
lOI. Tiirnour,
Epitome of thehis-
XXVI.
5
LA
G«
un monde surnaturel orga-
libienienl tiansfoimées, à
nisé
comme
la
non moins peuplé
terre,
agissant, on peut dire
Scandinaves sont
GRECQUE.
FABLI<:
que
et
non moins
Grecs, les Indous et
les
les
peuples ariens qui aient eu
les seuls
une mythologie. Le premier caractère qui distingue
Hellènes des Romains, c'est
cus qui, sur
la
fécondité
reste isolée et
le sol latin,
:
la
les
fable de Ca-
comme
sans re-
jetons, devient chez les Grecs la souche d'une quantité
de mythes qui semblent naître
les
uns des autres, s'en-
lacent, se croisent et se renouvellent en se multipliant.
Chaque contrée de
la
sente à sa façon le
combat du dieu contre
mais toutes
conservé un
les
air
Grèce
et
de l'Asie Mineure repréle
monstre
légendes, malgré leur diversité, ont
de famille.
Non-seulement
première, en se fécondant, s'est
l'idée
répandue dans un grand nombre de mythes, mais
se présente à
seul Jupiter
le
elle
nous à ses différents degrés de dévelop-
pement. Nous trouvons d'abord que
par
:
chez
les
le
combat soutenu
Latins se renouvelle en
Grèce pour chacune des divinités qui personnifient
la
lumière. Zeus, qui, en secouant l'égide, c'est-à-dire les
nuages,
fait
gronder
épée, a
fait
surnommer
phon,
le fils
le
tonnerre, et
que
la
foudre, son
Glirysaor (1), lutte contre Ty-
de l'atmosphère (Héra). Le monstre dresse
en vain ses cent têtes de dragon qui font entendre tantôt
(1) Preller, Mijthologip.
de Piomélhée,
\t.
Iâ3.
grecque
,
I,
p. 78 et 91, noie.
Welcker, la Trilogie
HÉRACLÈS tr GÉKYUN.
du
le mui^isseuibiit
lion, tantôt les
tantôt des sifflements sinistres
dre et
la
le
dans
précipite
le
:
67
aboiements des chiens,
Zeus
le
A
Tartare (1).
célébré à l'envi son double
tyos qui avait osé porter
Latone, et contre
vallée
combat contre
troupeaux
De
sa
mère
du fond de
les
les rivières et faisant périr les
(2).
c'est
géant Ti-
le
une main impure sur
serpent Python qui,
le
,
et les arts ont
de Delphes, s'avançait en dévastant
gnes, desséchant
et les
côté de Jupiter,
La poésie
A'jxr.ysv/;;).
(A'j>c£io;,
la fou-
lumineux
divinité qui règne sur les espaces
Apollon
frappe de
campa-
hommes
deux déesses qui
leur côté, les
représentent, l'une la pureté d'un ciel serein, l'autre
clarté
de la lune, Alhéné
gères à ces luttes
aux
et
la
Artémis, ne restent pas étran-
dieux ou
elles assistent les
:
la
les
héros
prises avec les puissances infernales. Enfin l'ima-
gination grecque, non contente de ces combats isolés,
a réuni dans une mêlée générale
les Titans. Si ce dernier
ments étrangers à
la
les
dieux armés contre
épisode s'est compliqué d'élé-
conception primitive,
s'il
développements qui appartiennent plutôt à
philosophique qu'à
sorti
du
même
la
mythologie,
il
a reçu des
la
réflexion
n'en est pas moins
fonds d'idées, et nous montre, dans un
cadre plus imposant,
la
même
guerre entre deux forces
ennemies.
Mais
(1)
le
mythe a
fait
un pas de
Hésiode, Théog., v. 820. Pindare,
plus
Olymp,
:
les
Grecs, obéis-
lY, 6; P>jifi.,
I,
?A. Eschyle,
Prom., 353.
C?)
Odyssée,
VU,
céramographique,
324. Pind., Pyih., iV, 46. Lenormant et de Witte, Éltle
t.
U, planrhes LV-LVni.
LA FABLE GRECQUE.
ti8
sant au désir naturel chez
se retracer ses
l'homme de
mémoire un
origines, et voulant faire revivre dans leur
souvenir
évanoui, ont emprunté à
temps dont
le
leurs dieux
une partie de leurs exploits,
s'était
bués aux héros. Pour se donner des aïeux,
pas besoin,
comme
les
divinités sur la terre
pour
tirer
:
Romains, de
ils
attri-
n'eurent
descendre leurs
leur imagination était assez riche
des figures nouvelles des types déjà créés, et
pour placer à mi-chemin entre
merveilleux, formés
le
faire
ont
et les
comme
la
terre et le ciel des êtres
à souhait pour l'épopée et
théâtre, et dont la poésie devait s'emparer d'autant
plus aisément qu'ils semblaient appartenir à l'histoire,
quoiqu'ils fussent le pur produit de la fantaisie. Héraclès,
Bellérophon
,
Persée, Cadmus, sont de véritables
dieux de seconde formation, renouvelant parmi
mes
les
hauts
faits
que
les divinités
dont
accomplissent dans les espaces célestes.
chercher des traditions historiques ou
phénomènes locaux dans
récits atteste leur origine
sont sortis
ils
ne faut pas
Il
souvenir de
le
la
ressemblance
commune.
que combat de Zeus qui recommence sur
que chaque peuplade de
hom-
l'épisode de la Gorgone, de
Chimère ou du dragon de Béotie;
de ces
le?
la
la
même
C'est l'anti-
la
terre
,
et
Grèce transforme à son gré,
en en faisant honneur à son héros de prédilection.
Nulle part cette identité ne paraît mieux que dans
l'histoire d'Héraclès.
duquel
la
Ce
fils
massue remplace
de préférence
de Jupiter, entre
la
les
mains
foudre, semble avoir été,
à tous les autres héros, l'héritier
de Zeus.
HÉRACLÈS ET GÉRYOiX.
Non-seulenient
il
69
renouvelle ses exploits, mais
exactement dans l'Olympe
De même que dans
même
la
il
occupe
place que Jupiter.
sa lutte contre les Titans Zeus est
secouru par Athéné, Héraclès est partout suivi par
la
déesse qui l'encourage au combat et lui sourit après
la
victoire.
De même encore que Zeus
sans cesse en
est
guerre avec Héra, qu'il va jusqu'à fouetter dans sa co-
suspendre dans
lère et jusqu'à
nées, les pieds retenus par
le ciel les
mains enchaî-
deux enclumes
doit lutter toute sa vie contre la colère
Héra. C'est
elle
même que
par colère contre Zeus
qui suscite contre
lui
(1),
Héraclès
la
puissante
de
des monstres, de
elle
a enfanté
phon, en s'unissant aux puissances de l'enfer
que
Ty-
Lors-
(2).
héros sort vainqueur d'une de ses épreuves,
le
il
semble que Zeus, que l'Olympe entier, aient vaincu avec
lui
tous les dieux viennent à sa rencontre et célèbrent
:
son triomphe.
Ce qui donne à
c'est le
la
vie d'Héraclès
nombre considérable de
un caractère à
ses
combats
que Zeus, Apollon, ne remportent qu'une
vie
du
faits.
d'AIcmène
fils
Mais toute
la
est
victoire, la
Grèce paraît avoir adopté Héraclès
ses types favoris,
un épisode
son histoire.
commencèrent à ordonner
et à
tandis
une suite interminable de hauts
<'omme un de
à
;
part,
etchaquecontrée a fourni
A une époque où
leur mythologie en
les
Grecs
système
y voir des allégories, ses travaux furent classés sa-
1)
Uiade,
(9.)
Umde,
I.
1.
.i8fi,
39fi,
XV,
18.
XIV, ?70.
LA FABLK GRECQUE.
70
vaniment
el
comparant entre eux, on reconnaît que
les
de ces exploits sont conformes à
que riiydre de Lerne,
ryon
et tant d'autres
différentes d'un
même combat
Entre tous
sons
un modèle unique;
monstres ou géants sont des figures
que
fabuleux, et
être
de
du héros, nous choisis-
la vie
deGéryon, où
contours de
les
signification primitive
clairement. Géryon,
leur de pourpre de leur
loin, près
gnent
Anthémoéis
l'histoire
qui enleva, de cette
Soleil, et qui fut
île
(1) »I>ûivixà;
et
de
cou-
l'indique la
est placée
d'Érythie, que bai-
Aoos
rap-
(2). Si l'on
du géant Alcyonée,
celle
d'Érythie, les
bœufs du
également (ué par Héraclès,
et si l'on
complets que les mythographes, n'ont pas manqué d'expri-
cette circonstance. Voy. Gerhard, Vases,
(2) C'est à uiic épocpie
où
CV, CVI.
l'on voulut reconnaître
l'image de la révolution annuelle du
soleil,
dans
qu'on plaça
les
le
travaux d'Héraclès
séjour de Géryon le
plus loin qu'on i)ut au couchant. Suivant d'autres traditions,
On
de
p6a;, ApoUodore, H, 5, 10. Les vases grecs, qui sont souvent
jilus fidèles ^t plus
de
et
attention au secours qu'Apollon prête au héros dans
fait
mer
deGéryon
même
l'île
et
bœufs
Sa demeure
(1).
de l'Océan, dans
les fleuves
proche de
peau
ressor-
de Chrysaor
fils
comme
vaches, de nature fabuleuse,
donnée
la
du mythe
Kallirhoé, possède de riches troupeaux de
au
c'est le
qu'Héraclès livre toute sa vie.
et la
tent le plus
plupart
la
de Némée, Cerbère, Gé-
lion
le
même
les faits
l'histoire
première
En
arbitrairement réduits à dix ou douze.
entre Argos, Amphilcch uni
et
Gcryon
Amhracie (Hécatée,
contrée situe e
montrait ses ossements et son trône en Lydie ainsi qu'à Oiympie.
la
honoré
comme
Strahon prend
ridionale de
héros en Sicile et
même
m
fipire ((ierliard,
soin de diie(|uo
l'I-sp.isiio. et
qup i>sl
Va.ses grecs,
Géryon netait pas adoré à
la \\f\o
invention (rKplmrc (Ul,
était roi
fr.
t. Il,
la
Il
]>.
343;.
était
70:.
pointe mé-
l).
HÉRACLÈS ET GÉRYON.
nous occupe, on
l'épisode qui
bœufs de Géi von ont
les
les
garder par
fait
deux
ihros, à
Tpiy.apTiVoç, et
ailé
lie,
lui-même
toutes
présence et se précipite sur
Eurytion accourt
emmène
puter
:
et
taille
gigantesque,
la
il
coupe d'or sur laquelle
arrive et passe la nuit
lui
tombe
:
est tué.
il
mais
succombe sous
il
lui le
les flèches
sa
Le berger
tour. Déjà
son
a
troupeaux, quand Géryon vient
les
qui embarque avec
Une
chien Or-
et le
montagne Abas. Le chien du géant remarque
la
Il
Pour aborder dans son
pièces.
Héraclès emprunte au Soleil
sur
supposer que
est appelé Tpicwixaxoç et
d'une
dieu parcourt sa carrière;
le
à
élé ravis par lui à Hélios (l).
est représenté
armé de
et
amené
berger Enrytion
le
tètes;
il
est
71
le
héros
les lui dis-
du demi-dieu
troupeau, prix de sa victoire.
tradition ajoute qu'il fut
suivi par Érythie,
fille
de
Ciéryon (2).
Les vases grecs, qui forment à
la
mythologie un
poétique et fidèle commentaire, ont souvent représenté
l'épisode
de Géryon
dormi dans
ils
:
coupe qui
la
le
nous montrent Héraclès enconduit vers Érythie ou aux
prises avec le monstre. L'un d'entre
sous
la figure
de
trois guerriers,
frappé, est renversé à terre;
va tomber, tandis que
dieu.
Athéné
(1)
ApoUodore,
Welker, Sylloge epigi-,
de.
t.
le
Géryon
premier, déjà
second, blessé
à
mort,
dernier résiste encore au demi-
deux
I. f., 1.
Voy. de Wilie
Bruxelles,
dont
(3) peint
debout auprès d'Hercule; aux
est
(2)
(3)
le
le
eux
vui
,
'20?k
Hennit'
cl Géfijon.
BnUilni ik (Acadrmk royalr
LA FABLE GRECQUE.
72
côtés sont placés la
nymphe
Érythie et
bœufs que
les
le
héros va conquérir.
Ce
n'est
pas
raissent dans ce
diquent
liaste
le
les airs entre
sont
d'Hésiode a pu deviner
comment
si
transparents,
des forces de
prix est l'abondance et
en essayer
et
ils
:
pain-
ils
clairement qu'il est question d'un combat
si
vré dans
dont
mythe
noms qui
d'expliquer les
ici le lieu
la
le
de
la
fécondité,
que
véritable sens
lutte
le
scho-
du
récit
Remarquons seulement
l'interprétation.
l'imagination
nature,
la
li-
Grèce a su conserver au
mythe son aspect merveilleux, quoiqu'elle eût cessé
d'en comprendre le sens
de
le
:
vague où
est laissé le lieu
l'action, les circonstances fabuleuses
tourée,
dont
elle est
en-
contrastent avec la sécheresse et la précision
topographique du
récit latin, qui a laissé
éléments mythiques dont
Nous venons de
voir
tomber tous
la signification était
comment
la
perdue.
même donnée
servi à l'histoire des dieux et à celle des héros.
s'arrête pas le
les
a
Là ne
développement d'une conception qui,
fai-
sant partie de la mythologie grecque, a suivi toutes ses
transformations et n'a cessé de se renouveler qu'au
jour où
la
laissé se
Grèce, prenant possession du
tarir
les
son fabuleuse, emblème de
(1)
Prellcr,
même
réel, a
sources de l'imagination religieuse.
L'expédition des Argonautes à
ce que cette
monde
la
la
recherche d'une
richesse
(-1),
toi-
nous montre
conception, rendue de plus en plus
Myth. grecque,
11,
ji.
,>11.
HERACLES ET GERYON.
humaine, devient dans un temps ou, avec
terrestre et
le
73
progrès de
commencent
navigation,
la
tions guerrières et les aventures maritimes.
enfin signaler
un dernier terme auquel
que
vée, après
la vie intérieure s'en
pour
qu'il n'en resta plus,
comme
si,
poètes et
si
nous
le
ainsi dire,
les
On
expédipourrait
la fable est
arri-
fut déjà retirée et
que l'enveloppe
:
pensons, cette image tant aimée des
souvent figurée sur
un
aigle enlevant et déchirant
les
monuments, d'un
serpent, n'est qu'un sou-
venir du combat de Jupiter contre son ennemi à forme
de dragon,
le
mythe aurait
fini
à
peu près
comme
antiques croyances qui, après s'être éteintes dans
prit
ces
l'es-
d'un peuple et effacées de sa mémoire, subsistent
encore dans son langage sous
De même que
l'histoire
Caecius était perpétuée à
la
forme d'une métaphore.
de Jupiter Récaranus
Rome
maxima
de Vara
liens, la victoire
des dieux
la
le
triomphe,
le
et les chants des frères Saet
des héros avait donné
naissance, chez les Grecs, à des fêtes de
quoique portant
de
par quelques-unes des
plus anciennes cérémonies de la ville,
sacrifice
et
marque du génie
même
origine,
particulier à la race
hellénique. Les jeux, ces antiques institutions destinées
à reoouveler chez tous
leur
descendance
rattachent au
sait
et
les
peuples grecs
le
souvenir de
de leurs traditions communes, se
mythe que nous étudions. Héraclès pas-
pour avoir fondé en l'honneur de Jupiter ceux d'O-
lympie
et
de Néniée
:
ceux de Delphes étaient consacrés
à Apollon Pythien. Les joutes qui s'y livraient rappe-
LA FABl E GRECQUK.
74
victoire
hiieiil la
de
la
divinité protectrice, et la poésie
ne manquait pas d'associer
à
les exploits
ceux du dieu qui présidait à
Delphes,
musique,
la poésie, la
glorifier le
haut
d'Apollon
fait
d'abord
Tempe
Non-seulement,
tous les neuf ans, on
:
monstre, s'élancer sur
tarque, portait encore
du serpent vers
à
la
On
la vallée
poursuite
nom de
voie stœrée. Mais
trouve plus son ennemi, déjà mort et enseveli
vient et l'on entonne alors lePéan,
de
tional
fois lors
rier,
la
du triomphe du dieu
lon, après avoir
comme dans
le
(2)
première
immolé
même victoire,
le
;
que
et
la
quelle
sur
ils
il
:
ne
re-
chant na-
le
la
première
fois aussi l'avait fait
Apol-
monstre. Ainsi, en Grèce
chez
les
deux peuples les plus anciens
si
la
même
mythe.
signification
morale
avaient reconnue à celte fable, daiis
voyaient
l'iniquité;,
il
plus haute antiquité consacrent
nous reste à exaoïiner
les Latins
du
on se couvre de lau-
souvenirs de poésie nous ramènent au
Il
de
Latium, des cérémonies patriotiques, des
usages populaires de
la
devenu
Grèce, et qui avait retenti pour
comme pour la
figurait
route qui, au temps de Plu-
la
le
aux yeux
représentait
voyait Apollon,
puis on
à
danse, concouraient à
circonstances du combat (\).
la lutte et la fuite
:
la
drame qui
y jouait une sorte de
les principales
la fête.
des combattants
le
triomphe remporté par
la-
la justice
se retrouve aussi chez les Grecs. Plus cu-
rieux d'inventer des explications nouvelles que de s'en
(i)
C).)
Plulannie, Questions grecques, Vî.
Calliiiiaquo,
Hymne
à Apollon, t"^.
HÉRACLÈS ET GÉRYON.
75
lenir au sens traditionnel, portes d'ailleuis à altérer la
de leur mythologie en
signification
parence de système,
Grecs ont
les
donnant une ap-
lui
dans l'ombre
laissé
ou ont dénaturé ce côté du mythe. Pour ne parler que
(le la lutte
bien
tre
subir à
des Titans contre
remaniement que
le
la religion,
et
dieux, cet épisode
les
l'esprit
mon-
hellénique a
fait
substitution d'idées nouvelles
la
aux simples croyances d'une époque plus ancienne. En
cherchant à composer une histoire de
Grecs ont été amenés à
faire
des Titans
l'Olympe,
les
ancêtres de
les
Jupiter, dieux d'un âge antérieur, vaincus et jetés par
lui
dans
le
Tariare. Sans doute
mais
impies et malfaisants;
ils
les
guerre
cette
dieux, ce combat à outrance d'un
dépeignent
fils
comme
civile
contre son père,
avait néanmoins quelque chose de choquant qui
siter les
plus nobles esprits de
Xénophane,
et à
la
Heraclite, reprochent
Hésiode d'avoir calomnié
entre
fit
hé-
Pythagore,
Grèce.
violemment à Homère
les
dieux;
Pindare an-
nonce qu'un jour Jupiter se réconciliera avec
les
Titans;
enfin Eschyle prend parti pour l'un d'entre eux, s'indi-
gne contre son supplice
termes de
la
donnée,
triomphe injuste
dra un jour où
l'aide
il
et
et,
fait
de
renversant
la victoire
momentané de
sera défait à son
de sa victime. Ainsi
la
la
hardiment
de Jupiter
violence;
tour
reflexion,
s'il
et)
il
les
le
vien-
n'invoque
s'exerçant
sur un mythe déjà altéré et mêlé d'éléments étrangers,
a
fini
ble,
par
la
le
dissoudre. Par une coïncidence remarqua-
Grèce inaugurait son libre génie en contredi-
LA FABLK GRECQUE.
7(î
sant haulemeuf, au
nom de
des premiers âges, au
vers TAsie
des
mêmes
ment
ciel
la
le
la justice, les
moment même où
peuple perse, dont
sources que
tradition
la
la
conceptions
elle refoulait
mythologie, sortie
sienne et conservant égale-
d'une guerre que se livrent dans
deux puissances ennemies, ne put jamais
le
s'élever
au-dessus du dualisme, dont l'idée de cette lutte avait
été le point
de départ.
IV
COMPARÉE A LA MYTHOLOGIE GRECQUE.
LA jrVTHOLOGIE VEDIQUE
Nous
allons quitter le sol de l'Italie et
pour nous transporter aux bords de
nous trouverons, non
sance,
la
forme
la
loin
;
titre
Indous,
où
et
;
il
fils
aînés de cette grande
plus fidèlement conservé les traditions
la
un temps où
lointain
que
il
a pris nais-
du
l'Inde ait des
au
appartient
à tous les peuples de race arienne. Mais
les
ont trouvé
Grèce
l'explication
non pas que
particuliers à le revendiquer
droits
la
l'Indus. C'est là
la terre
plus ancienne
mythe qui nous occupe
même
de
de
terre
où
ils
famille,
ont
communes.
ont fondé leur
les
le
Ils
empire dans
leurs frères étaient encore engagés dans le
voyage qui devait
chants qui ont charmé
devaient un jour être
les
les
les
conduire en Europe. Les
longues marches de ceux qui
Hellènes et
les Italiotes se
sont
LA MYTHOLOGIE VÉDIQUE
78
perdus dans
venaient
ils
s'est effacé
même
souvenir
les airs; le
de leur
esprit.
pays d'où
(ies
Les Aryas de
rinde, au contraire, à peine arrivés aux rives du Gange,
mémoire
prirent soin de rassembler et de fixer dans leur
prières
les
qu'ils avaient adressées à leurs dieux,
hymnes dont
les
ils
avaient salué les spectacles de
chants guerriers qu'ils avaient
combats;
ainsi furent
commencés
une caste de prêtres dont
server, avec des
les védas.
précautions
infinies,
races barbares indigènes de l'Inde,
mières poésies du peuple
l'idiome
que
se
modifiait,
la religion,
les
la
conquérant.
les
fut
de con-
au milieu des
langue et
la
A
les
pre-
mesure que
coutumes changeaient,
fois
la
superstition populaire de l'aulre,
plus abstraite et plus désordonnée,
brahmanes redoublaient de vigilance pour préserver
de toute atteinte ces chants qui, dès
comme une
dés
révélation primitive.
lors, furent
regar-
Des interprétations
diverses, souvent faussées par l'esprit
de système,
cumulèrent autour des védas
texte
riable, et
de
les
se forma
sous l'influence des écoles philosophi-
ques d'une pari, de
devenait à
que
Il
charge
la principale
nature,
la
entendre dans
fait
les
il
nous
vint jusqu'à
trois mille ans. Ainsi,
arienne, les Indous sonl
;
mais
i
tel qu'il était
de tous
le
le
les
esta inva-
il
y a plus
peuples de souche
seul qui possède des
ments presque contemporains de
s'ac-
l'éclosion
de
monu-
l'intelli-
gence dans celte race.
11
arrive souvent
trons encore
que dans
comme une
les
védas nous rencon-
simple métaphore l'image qui,
.
COMPARÉE
A LA
MYTHOLOGIE GRECQUE.
en se fixant, est devenue une
iiclion raylliique; d'auties
un usage conservé dans Tlnde qui explique
fois, c'est
une donnée religieuse devenue
Grecs et
les
sentent
Latins;
de descriptions
le
est
et répété
exposé
les
plus souvent les védas nous pré-
luxe
tel
sous tant de formes, qu'on en
pénètre aisément l'origine
il
pour
inintelligible
déjà aciievé, mais entouré d'un
mythe
le
laquelle
T'J
d'ailleurs
:
la
langue dans
en quelque sorte de com-
lui sert
mentaire. Les termes qui, en latin ou en grec, ne sont
plus que des
noms
l'idiome védique
celui
où
parence
ils
:
propres, sont
noms communs dans
replacés dans
un milieu analogue à
ont pris naissance,
recouvrent
ils
la
trans-
et la vie
Le mythe dont nous recherchons
l'origine offre
dans
ces chants antiques un intérêt particulier, en ce qu'il y
ses divers degrés
parait à
que
les
hymnes
où
le
d'autres
le
point
dont
le
les
de développement: tandis
plus anciens nous le montrent à un
poëte a encore conscience de sa signification,
comme un événement
présentent
sens leur échappe;
des idées théologiques
les
plus récents y font entrer
complètement étrangères
donnée première. Mais, avant de suivre
tions
ser
que
cette fable a subies
rapidement
les
fabuleux
dans
les
l'Inde,
à la
transforma-
il
caractères principaux de
faut
la
expo-
mytho-
logie védique.
Quand on passe des interminables poëmcs épiques
de l'Inde aux
védas
,
on sent que
idiome façonné à l'excès par
le
l'on
travail
quitte
un
d'une longue
LA MYTHUJ-OGIE VEUIQUE
SO
de
suite
siècles, et
que Ton aborde une époque où
langue, encore fraîche, a
On ne
jeunesse.
venu
sève et
la
verdeur de
la
renconlre plus ces termes à sens con-
rappelant
,
la
la
de l'école ou
théories
les
les
sub-
d'une civihsation raffinée, ces composés énor-
tilités
mes dont
les
parties sont ingénieusement
différentes
combinées pour former un tableau, ces phrases sans
nerf où souvent
le
verbe manque
semblent juxtaposés sur
temps que
l'on voit la
même
le
et
où tous
les
plan. Mais en
mots
même
langue prendre une liberté d'al-
lure
et
une franchise d'expression qu'elle a perdues
dans
les
âges suivants, on remarque qu'elle se rapproche
de plus en plus des idiomes de l'antiquité romaine ou
hellénique; ce ne sont pas seulement les racines et les
flexions grammaticales qu'elle
que
le
grec et
le latin,
mais
emprunte au
littérature
classique.
Il
fond
le tour d'esprit et l'aspect
général du discours rappellent les vieux
la
même
en
est
de
monuments de
même
et
l'on
éprouve une impression analogue, quand on compare
les divers
âges de
la
mythologie indienne. Les dieux
dégénérés et monstrueux des derniers temps n'éveillent
guère
l'idée
d'une parenté originaire avec
l'Italie
ou de
la
Grèce; mais
si,
les
dieux de
de ces productions déré-
glées de l'imagination indienne, nous remontons
chants védiques, nous
sommes
aux
transportés au milieu
des conceptions nobles et simples, des idées tour à tour
naïves, gracieuses ou sublimes qui font
la
la
beauté de
mythologie grecque. C'est donc aux védas
qu'il fau-
COMPARÉE A LA MYTHOLOGIK GRKCQUE.
81
dra d'abord recourir quand nous voudrons constater à
la fois l'identité
de race des peuples ariens
et l'affinité
de leur génie.
y a une différence toutefois qu'il importe de signa-
Il
C'est la
ler.
dans
même
védas
les
la poésie
et
mythologie,
dans
grecque
les
qu'on trouve
monuments de
anciens
les plus
mais
:
est vrai,
il
dieux que
védas nous
les
montrent au lendemain de leur naissance sont déjà arrivés chez
Homère
habitués à voir dans l'épopée grecque
vie religieuse dans son enfance
nous portassent à beaucoup de
nous
faire
Nous sommes
à leur pleine maturité.
:
il
tableau de
le
que
a fallu
siècles en
comprendre quelle différence
il
les
de
se créer.
védas
arrière pour
y
a entre la
mythologie homérique, déjà réduite en système,
religion en voie
la
et
une
L'Olympe, dans Homère,
ressemble à une monarchie établie de longue date où
chaque personnage
a,
par droit de naissance, son em-
ploi, ses titres invariables et son
pas à se départir.
Dans
cette
rang dont
dieux tiennent autour de
.Jupiter, ils se
de leur caractère propre
et
Dieux des
flots
des tempêtes,
trait
ils
il
sorte de cour
ne songe
que
les
sont dépouillés
de leur originalité native.
ou de l'atmosphère, de
la
lumière ou
ont oublié leur première patrie
:
nul
bien accusé, je veux dire nul attribut physique,
ne distingue Poséidon d'Apollon, ou Pallas de Thétis.
Comme
ces dignitaires des anciennes
continuent à porter des
sens,
ils
titres
monarchies qui
depuis longtemps vides de
ont des surnoms dont
ils
semblent ignorer la
C
LA MYTHOLOGIK MiDlQUE
82
valeur.
S'ils
exercent quelque puissance,
uniquement de
le roi, (le la
On
leur parenté plus
volonté ou de
voit bien,
la
ou moins
tirent
la
étroite
avec
faveur du dieu suprême.
par échappées, leur
est vrai, percer,
il
ils
nature primitive; mais c'est dans de rares occasions
par une réminiscence dont
ils
ont à peine conscience
eux-mêmes. Quand Apollon lance ses
mée
flèches sur l'ar-
des Grecs, quand Poséidon ébranle les
trident,
et
îles
de son
reviennent à leur rôle d'autrefois
ces dieux
;
mais ces actes qui constituaient leur essence, Homère
les
transforme en
motifs et dont
historiques dont
faits
indique l'occasion.
il
ments extraordinaires pour
veté habituelle.
les
à contestation
,
dieux de leur
dans une cour où
les
dieux d'Homère ont
oisi-
les droits et
ma-
seules querelles qui divisent
trait
à leurs protégés et à leurs
créatures. Autrefois, les dieux ont lutté entre eux
leur propre
les
faut des événe-
préséances sont trop bien réglés pour donner
tière
les
Comme
tirer les
11
déduit
il
compte; réunis aujourd'hui sous
d'un maître reconnu et redouté de tous,
ils
le
pour
sceptre
ne peuvent
plus donner jour à leurs sentiments qu'en prenant parli
dans
les affaires
comme un
fut
ils
se
la terre.
L'ancienne mythologie est
passé lointain dont
un temps où
brement agi
de
et
les
le
souvenir s'efface
dieux ont aimé, ont souffert, ont
vécu à leur guise; mais,
consument maintenant dans de
:
il
li-
lassés et vieillis,
stériles di?putes,
n'intervenant que rarement et avec l'agrément de Jupiter,
ou bien à son
insu,
dans
les intérêts
humains qui
COMPARÉE A
MYTHOLOGIE GRECQUE.
I.A
sont l'unique sujet de leurs pensées
leurs actes.
Ne
et la
Si
seule cause de
pas que de longs siècles se soient
faut-il
écoulés pour permettre aux dieux homériques de se dé-
gager de
la
sorte
enveloppés,
et
du phénomène naturel où
pour
les
ils
désintéresser à ce
étaient
point de
leur nature première?
Il
n'est pas malaisé
de voir que chez
poque dont nous parlons,
les
Grecs, à
l'é-
réflexion s'était déjà appli-
la
quée aux croyances religieuses. Une certaine chronologie
avait été introduite, et plaçait les mythes, suivant l'an-
cienneté qu'on leur attribuait, sur des plans plus ou moins
éloignés.
Un
pour rattacher tous
effort avait été tenté
dieux entre eux par des
généalogiques
liens
déjà ébauchée la théogonie d'Hésiode.
identifications naïves
chez
les
porte l'un de ces
noms
tageant Tempire du
frères et
dans un rang
:
le
terre
On
403.
il
et
hom-
Neptune, ses
sont
y a douze grands
a déjà cherché un
pour chaque
Homère, Vulcain, précipité du
//., 1, V.
les
D'après une autre classification
dieux, six de chaque sexe.
(l)
donnent
mythe de Jupiter par-
qui trahit des visées astronomiques,
la
lui
toutes les autres divinités
inférieur.
placement sur
Briarée est
monde avec Pluton
égaux
ses
:
une division de l'univers
;
imaginer
trois parties a fait
rencontre des
même
dieux, l'autre est celui que
mes. Les dieux sont classés
en
il
on voit
le
comme celle-ci
personnage qu'/Egseon (1);
On
:
les
ciel,
myîhe
:
em-
suivant
a été recueilli à
Lem-
LA MYTHOLOGIK VÉDIQUE
84
nos; Typhon, tué par Jupiter, a son tombeau chez les
comme
Ariraes (i). Enfin,
et se limitent les
uns
flexion naissante,
il
ces dieux qui se combattent
les autres,
ne satisfont plus
la ré-
commence
à être question
d^une
pui^ance supérieure à
laquelle Jupiter
même
obéit, le
Destin.
Rien de pareil dans
védas
les
au
:
lieu
d'une organi-
sation régulière, on y trouve l'anarchie féconde d'une
époque où tout
demeure,
encore à créer. Les dieux n'ont
ni
déterminées.
Ils
ni généalogie, ni hiérarchie
vivent dans
leurs
est
la
lumière ou dans l'atmosphère, poussent
chevaux à travers
de l'homme,
et s'en
les airs
pour goùler au sacrifice
retournent vaquer, avec une nouvelle
vigueur, au gouvernement des forces de
dieux védiques n'ont pas d'histoire
exercé,
tenus,
ils
l'exercent encore
ils les
;
les
le
:
fin.
nature. Les
pouvoir qu'ils ont
combats
recommenceront sans
la
qu'ils ont sou-
Certaines actions
aucun
leur sont attribuées, mais elles n'appartiennent à
en particulier
;
un fonds commun de
tous puisent à
gendes qui passent incessamment d'une divinité à
tre. Ils
plutôt
n'ont pas d'ancêtres
ils
ils
nomme
rien n'est plus changeant
dieu est
le
le
Iliade,
sont tous éternels, ou
que
père de l'un d'eux
I,
père dans un hymne,
690, H, 782.
;
mais
généalogies védiques
les
dans un autre. Point de mariage
(1)
l'au-
naissent chaque jour.
Quelquefois Ton
tel
;
lé-
;
il
le
frère
ou
le
:
fils
y a peu de déesses
COMPARÉE A LA MYTHOLOGIE GRECQUE.
dans
les
védas, et leurs amours sont aussi changeants que
phénomènes du
les
85
représentent.
ciel qu'ils
pâles divinités féminines qui n'ont pas
qui leur soit propre,
Quant à ces
même
de nom
Indrâni, Varundni, ce ne
comme
sont que des ombres. Point de suprématie reconnue
on
dirait
que
la
Bien que chaque âge védique
soin de son adorateur.
ait
sa divinité suprême,
il
n'en est pas,
rang. La forme
hymne au premier
si
modeste qu'elle
qui ne soit placée dans quelque
par elle-même,
soit
même
des dieux n'a
de constant. Quoiqu'à certains moments
rien
décrits avec
;
puissance du dieu est en raison du be-
une précision poétique digne de
ils
soient
(îrèce,
la
la
plupart ne paraissent vivre qu'aussi longtemps que
lo
poëte leur adresse
la
parole
instant après leur
un
;
tigure s'évanouit pour faire place au
personnifient. Indra paraît
char,
armé de sa massue,
un peu plus
«
ien
de
loin
il
comme un
est le ciel qui
dieux
les
et les
démons
du
foyer, le dieu des richesses,
actions; dans
du
le
sacrifice
:
éloigne les
un autre hymne
ignis.
Soma
divine;
est
il
dans
s'avance
le ciel
:
le
il
;
il
il
comme un
messager qui
fait
la
demeure
est le protecteur
témoin de toutes
est
simplement
est le roi qui
bonheur, l'immortalité;
le
sur nos têtes,
conduit dans
hommes
il
guerrier sur son
brille
comme
des
;
qu'ils
prêt à fondre sur ses ennemis:
plus. Ai^ni est dépeint
va chercher
phénomène
donne
la
le
les
feu
science,
entendre une musique
chef d'armée; sa demeure
quelques vers plus
loin, le sonia est la
boisson du sacrifice. Je ne veux pas dire que les Indous
LA MYTHOLOGIE VEDIQUE.
86
aient jamais
rait
tel
sciemment adoré des objets matériels
certainement aussi erroné de mettre
qu'on
le
berceau de
trouve dans certaines
la
îles
le
:
la
se-
fétichisme,
de l'Océanie, au
mythologie indo-européenne, que de
de l'onomatopée l'unique source de
il
langue.
faire
Mais
la
faculté qui transforme les objets inanimés en êtres per-
sonnels est intermittente; delà,
la
pensée à cette époque
dieux homériques
Mais comme, dans
réglées
par
les
est
les
:
le
le
caractère flottant de
métal où ont été coulés
encore en fusion dans
les
les
védas.
langues qui n'ont pas encore été
grammairiens, chaque anomalie a sa
raison d'être, les contradictions de la mythologie védi-
que sont
plus" instructives
que
dans d'autres raythologies par
l'ordre artificiel introduit
les
hommes.
LU M^ IHK l.MUE.N
IMM'.A
i;i
VRl
lliA.
Le héros habituel du mythe que nous éludions
Indra,
dieu national des Indous à l'époque où, se
le
séparant de leurs frères de
ques
c'est celle qui,
la
consistance de l'image
la
dieux de
l
par
la
la
De
région des sept fleuves.
la
est
Perse,
ils
toutes les divinités védi-
netteté de
,
entrèrent dans
la
conception et
se rapproche le
plus des
Grèce. L'adversaire (ï Indra est
ritra, littéralement celui
le
démon
qui enveloppe^ ou Ahi^
ç^Q^K-^
h-ô\VQ le serpent.
Mais, au
mythe,
il
moment de commencer l'examen de
faut
donner
hymnes nous aideront
la
parole aux védas
à
entrer
dans
notre
quelques
:
l'esprit
de cette
poésie primitive.
A INDRA (1)
«
Quand
(1)
Rig-veda,
C?)
!.a
tu es appelé
Mandula
itl,
:
par nous pour boire
hymne
le
xotna (2),
41.
boisson du sacrifice, sorle de liqueur fermentéc produisant Tivres^c.
LA MYTHOLOGIE VÉDIQUE
88
viens avec tes chevaux
pierres
«
lances des
qui
fauves, dieu
!
Notre sacrificateur
sacrée est étendue
est assis suivant le rite; l'herbe
les
;
pierres ont été assemblées
le
matin.
«
Ces prières
qui reçois les
sont adressées, dieu
le
prières: assieds-toi sur l'herbe sacrée; goûte,
héros,
notre offrande.
«Prends
plaisir à
nos libations
et à ces
chants, vain-
Indra ^ dans nos
(]ueur de Vrilra (1), toi qui es fêté, ô
cérémonies.
«
le
Nos pensées caressent
le
puissant buveur de soma,
maître de toute force, Indra^
son
comme
la
vache caresse
petit.
« Réjouis-toi
de ce breuvage, repais ton corps, grand
dieu, ne fais pas affront à celui qui t'invoque.
«
Nous sommes
de nos libations;
«
Ne délie
à toi,
Indra
et toi, dieu
^
nous chantons arrosés
bon, sois
Que
tes
nous.
pas tes chevaux loin de nous (2)
nous, Indra^ dieu béni, réjouis-toi
«
à
chevaux
:
viens vers
ici.
à la longue crinière t'amènent sur
ton char bien bàli pour t'asscoir sur l'herbe arrosée de
beurre.
Tous
il
«
les
hymnes n'ont pas
celle
extrême simplicité
y en a d'autres qui sont pleins de
(1) c'est le
(5!)
Ne
l'en
démon combattu
par Indra.
va pas vers une autre
tribu,
mouvement
el
;
de
COMPARÉE A LA MYTHOLOGIE GRECQUE.
Voici
vie.
commencement d'une
le
sn
prononcée
prière
pendant une tempête (1):
Pas sur nous... dieu
a
mêlée
Tu
les
mugir comme un tonnerre
comment
;
ne
terre
la
hasards de cette
de
(2)! car nul n'atteint les limites
fais
eaux
dans
fort,
les
ta puissance.
fleuves et les
tremblerait-elle
pas de
crainte? »
Plus loin
Tu
«
poëte s'écrie
le
as ébranlé
sommet du
quand, animé par
immense; quoique
Çambara
fourche aiguisée.
ta
mugissantes sur
tête
la
du
fais éclater tes
faible
Çushna
(4),
ondes
quand,
d'un cœur magnanime, tu accomplis aujourd'hui
exploits
tes
?
Le sombre réservoir des eaux,
«
(3),
l'ivresse, tu as lancé contre ces faibles
Qui peut t'égaler quand tu
«
ciel
dans ton audace précipité
seul, lu as
démons
le
:
était englouti
par Vritra
:
le
nuage tortueux
Indra précipite vers
la terre
tous les flots qu'il tenait enfermés. »
Nous voyons
ques
du mythe que nous nous sommes proposé
traits
Nous
d'analyser.
vant
le
retrouvons encore dans l'hymne
sui-
:
(1)
Rig.,
(2)
Le
I,
04.
ftoëte
foudre sur
(3)
se dessiner dans ces derniers vers quel-
lui
Autre
CO Autre
n'achève pas
m
:
il
demande
a
Indra dr ne pas
l;ii>ser
les siens.
nom de
nom de
Vritra.
Vritra; littéralement
:
celut f/xi dessèche.
tomber sa
LE MYTHE INDIEN.
!)()
INDRA (\)
A
«
Au
tible
«
[j
rapide, au majestueux Itidra, j'apporte
loil, ciu
comme un
nies ehanis
ma
apporte]
aliment; au dieu
illustre, irrésis-
piété et des prières souvent offertes.
veux présenter comme un aliment mes louan-
Je lui
ges pour sa victoire
:
mon cœur, mon âme, mon
une prière
ornent
dement,
:
Indra
|)0ur
le
,
entenmaître
éternel.
Pour
ce
porte dans
lui je
qui ouvre
le ciel
ma bouche
mon hymne
;
sées affectueuses, fera grandir
«
Je
lui
:
«
Comme
par
guerre, je polis
brer
le
Sage. (2).
l'ouvrier
mes chants sont pour
chants transportent;
hymne] qui peut
superbe, plein de pen-
comme
envoie mes vers,
char à son maître
le
ce noble cantique
mes louanges
tout est
pour
le
héros qui est
le
avec
dieu que
le
les
sont pour Indra, [cet
Sage.
amour de la gloire on
mon hymne
amène un
ma
flatte
un cheval de
langue pour célé-
siège de toutes les richesses,
le
destructeur partout vanté des villes (3).
«
Pour
lui,
Tmslitar{\) a fabriqué
la
massue, l'arme
céleste et toute-puissante des combats, avec laquelle le
maître qui donne tous
toucher
le
les
corps de Vritra.
61.
(1)
Ibid.,
(2)
Indra. Les prières soin coimne
(3]
Pur. Nous expliquerons
I,
IVqnivoque qui a
(i)
Tvashfnr,
nvissne.
biens, lançant l'éclair, a su
fait
le
la
nourriture des dieux.
plus loin la double signification do ce
d'Indra un preneur de
Vukain
mot
c.
villes.
indien ^nnot à mot, l'ouvrier). Indra lui df^rohr sa
INDRA KT VRITRA.
«
Dès
goûté
qu'il eut
puissant breuvage et
le
nourriture du sacrifice,
«
Gnds
Les
hymne
vaste ciel
douce
la
massue invincible
et, je-
traversa de part en part le sanglier (2).
il
épouses des dieux, ont
(3),
quand
à //u/ra
la
dieu qui pénètre partout (i)
le
déroba à ce grand ouvrier
tant sa pierre,
01
tua le serpent
il
tissé (4;
embrassa
il
:
un
le
terre; ceux-ci n'égalèrent pas sa gran-
et la
deur.
«
Sa grandeur
dépasse
laisse derrière elle le ciel
de son propre
airs; brillant
les
et la terre et
éclat, célébré
de tous, intrépide, impétueux, I/idra a grandi dans sa
maison
«
pour
(5)
Par
le
combat.
force de sa massue,
la
qui desséchait
monde]
[le
:
il
Indra a foudroyé yritra
a délivré les fleuves sem-
répandu glorieuse-
blables à des vaches enfermées, et
ment
«
ses bienfaits.
Les eaux se réjouirent de son effort quand
ïritid avec sa massue
les
généreux
de
Tiirviii{ià).
M)
Il
texte
vishnu
distinct.
iian.>
le
(2;
Vritra. Comparez
le sanglier
(3)
Les Gnâs sont
nymphes
(4)
même
La
trouve dans
ser; bzT„
plui»art
le
les
métapliore qui
mot grec
iiso:,
tiss7i.
A
-julvo;,
cette
à l'art
dieu
vceliii
i^ui
,
fait
pénètre)
Le
'fi)
>'om d'homme
ciel
Plu?,
les
terres
tard cet attribut
d'Eryniaiithe.
dire au poêle
qui est de
la
même
époque reculée où
la
:
,
c'est-a-dire les nuages.
tisser
tamille
un hymne,
que
se re-
•J:;âw, ûsôo), tis-
l'écriture était inconnue, la
composition d'un morceau poétique sont
du ti<>eraru1,dn constriictenr.
(5)
inondé
a
dompta
généreux envers
fort,
célestes (yjvaîxsc
des mots servant à indiquer
empruntés
le
fougue
de
devenu un dieu
a
)
li'Indra est
plein
,
:
il
c\c.
LE MYTHE INDIEN.
î)-2
w
Hâte-toi, lance ta
prodigne de biens
;
comme
coupe-lui les muscles
bœuf, envoie-nous
dance.
massue sur ce Vrilra, dieu puissant,
tes
eaux,
les
vers que nous venons de citer,
n'est guère de chants
dans
si
La victoire sur
j)oëtes védiques.
type de toute victoire
:
lieu
devenu
mythe
le
est appliqué
De son
côté, le
les vritras.
Géryon
et
de
la
nom de
les
et
dans
la
langue
nous en font pressentir
la lutte
au moment où
d'Héraclès contre
de Jupiter contre Cœcius.
Les circonstances du combat et les
noms
des combat-
tants sont loin d'être cités d'une façon constante.
lieu
pntiy
:
chants védiques, que nous allons
rapprocher de
celle
d'//?-
Les allusions fréquen-
l'antiquité. C'est cette fable, déjà vieille
étudier pour
dans
l'expression
loin
et la trace qu'il a laissée
composés
le
terme générique pour désigner Ven-
nous en révèlent l'importance
furent
pour eux
de rester réservé au seul adversaire
plus vriira d'entre
tes à ce
et
vrilrahan (meurtrier
nemi. C'est ainsi qu'on verra plus
le
soit
à l'usage des
Vritra. est
l'adjectif
sens général de viclorieux.
(Ira^ est
n'en
il
souvent,
si
commun
de Vrilrd), surnom ordinaire d'/W/*«,
au
dire,
hors de propos, qu'on ne peut s'empê-
cher d'y voir une soile de lieu
l rilra^
est plu-
il
A vrai
védas où
les
mention. Cet épisode est rappelé
quelquefois
le
en abon-
fais-les couler
sieurs fois question de la défaite de Vriim.
fait
un
»
Dans
il
à
d'f/idm, on trouve souvent -^gfn\
ou quelque autre dieu, ou
Tr/fn,
même
Au
Brihas-
quelque sage
ET VHITRA.
l.NUHA
«j-i
célèbre par sa piété: tantôt Indni livre seul
tantôt
est aidé des vents
il
ailversaire varie encore
tour l ritra
Ahi,
^
combat,
le
ou Maruts: Le nom de son
davantage
:
s'appelle tom- à
il
Fa la, Çushna, Çamhara,
IVamuci,
Pani. Laissant de côté ces modifications d'un récit qui,
au fond,
même, voyons
est toujours le
le
mythe réduit
à ses éléments essentiels.
Jndra
tes
à
est
berger d'un troupeau de vaches céles-
le
de couleur éclatante,
forme de serpent,
monstre à
f'ritra,
attire à lui le
troupeau
dans son antre. Indra, s'apercevant de
suit le brigand,
la
trois tètes,
et l'enferme
fraude, pour-
force l'entrée de sa caverne,
vaches dont
le lait
tombe
frappe
le
des coups répétés de sa foudre, et ramène au
ciel
les
à flots sur la terre.
Les védas renferment d'innombrables passages ayant
à cette histoire.
trait
Mais
il
faut
remarquer dès à
présent qu'il est rare de trouver l'épisode raconté tout
entier avec cette suite
le
dans
les
poêle, après avoir ébauché
rompt par
donné
lieu
au mythe, ou bien
nomène physique, auquel
choisis
dans
quable (1)
«
A
la
il
En
faits
il
:
le
plus souvent
fabuleux, l'internaturels qui
commence par
le
entremêle quelques
voici
ont
phétraits
un exemple remar-
:
présent je
M) Big-veda,
légende.
le récit
des
description
la
images
I,
32.
veux chanter
les
hauts
faits d7/?<'//Y/, les
IK MYTHK INDIEN.
94
premiers
.4hi (1),
aux
«
qu'il
il
ait
accomplis avec sa foudre
a misses eaux en liberté,
:
a ouvert
il
i!
a tué
la
roule
torrents des nuages.
a tué Jlii qui s'était placé sur
Il
la
montagne
(2)
:
Tvashtar avait fabriqué à Indra une massue divine;
comme
des vaches dont dégoutte
le lait, les
eaux se sont
précipitées vers la mer.
«
comme un taureau, but
cuve; Maghamt {Z), prenant
Bouillant
triple
la
arme, frappa
"
il
gendrant alors
«
monde
foudre pour
de sa massue Indra mit en pièces
terrible
vritra
Pareil à
jour et l'aurore, tu n'eus
le
d'ennemi...
d'entre les vritras
d'arbre abattu par
«
vida
lu frappas le premier-né des ^^^^V,
le soleil,
D'un coup
plus
le
il
confondis les sortilèges des enchanteurs, en-
tu
plus au
la
sorna^
premier-né des Jhis.
le
Quand, ô Indra^
quand
le
la
hache,
homme
un
fort, le destructeur, le
;
Ahi^M
comme un
étendu sur
lâche et ivre,
rapide Indra
la terre.
a provoqué
il
:
tronc
mais
il
ne
pas tète à ses coups multipliés; vaincu, sa chute
éclater les
«
le
eaux
Ir
tint
fit
(4).
Sans pieds, sans mains, combattant
frappa sur l'épaule
:
//zr//-(7,
la
foudre
eunuque, qui prenait l'appa-
cet
rence d'un taureau, tomba haché en mille endroits.
(1)
Le serpent.
(2)
Ou
sur le nuage; parvata, qui marque la plénitiulo,
le
lieux sons en sanscrit.
iV Indra
(3)
Surnom
(4)
Les nuages renlermanl
;
littéralement
les
eau\.
:
le
dieu des ricliosses.
gonilement, a les
I.M)HA 1:T VHITHA.
Étendus sur
«
la
terre
comme
un
95
dont
fleuv e
les
digues
sont rompues, les flots grossissants passèrent sur lui avec
joie
couchéaux
Âlii fui
:
pieds des eaux qu'il avait
tenues dans sa puissance.
La mère de
«
Indra
lui
sur l'autre;
gisait
penchée sur son
T'ritra (1) était
massue; mère
lança sa
comme
et fils
tent ni
nom
petit, ainsi
Ddnu.
Le cadavre repose au milieu des
«
:
tombèrent Tun
vache auprès de son
la
fils
ne reviennent;
de Vritra
:
qui ne s'arrê-
flots
eaux emportent
les
corps sans
le
l'ennemi A' Indra est entré dans
la
nuit éternelle.
étaient
ni
démon
Mariées au
«
['è):
enfermées
gardées par
Cl),
comme
les
vaches
/Ihi,
les
par Pu-
volées
mais Indra^ en tuant Vritra, a ouvert
eaux
la
caverne
qui leurservat de prison.
La foudre,
«
ni le tonnerre, ni la pluie, ni la
servirent de rien. Lorsque
lui
rent ensemble,
et
Aid
combatti-
Magïuwat triompha pour tous
Qui vis-tu s'approcher
a
Indra
massue, ne
l'avoir tué, tu fus saisi
un faucon épouvanté,
d'.y///,
les
temps.
o Indra ^ lorsque, après
de crainte
que, semblable à
et
tu traversas le
monde
et
franchis
quatre- vingt dix-neuf fleuves (i)?
les
«
Ce qui marche
et ce
(1)
Dunn.
(2)
Les eaux sont considérées
(3)
Démon de même
(4)
qui est immobile, ce
ici
comme
nature et jouant
le
Manière de compter ordinaire dans
«jui est
des nympiies enlevées
même
rôle c|um
les védas.
Vritra.
ap-
p;ir Vrifra.
IK MYTHK
9C
IN'DIKN.
privoiséet ce qui est armé, todf a pour loi
tonnerre:
il
règne seul
sur
jante enserre les rayons de
les
hommes; comme
roue, ainsi
la
dieu du
le
il
la
enveloppe
toute chose. »
Les vers que nous venons de citer montrent assez que
le
sens du mythe n'échappait pas aux poètes védiques
:
ils
prennent, quittent et reprennent Timage convenue,
en
hommes
sûrs d'être compris de leurs auditeurs. Et
nous, avons-nous encore besoin d'expliquer
après les vers que nous avons cités et
il
pas clairement aux yeux
La
lutte
la
sens n'en paraît-
le
?
des deux adversaires aux prises dans
est l'orage, plus
soudain
fable,
et plus
dans
terrible
le ciel
les cli-
mats chauds que dans nos contrées. Les nues lumineuses qui contiennent
ce sont
la pluie,
couleur de pourpre qu'un noir
démon
dépend de
l'issue
la
fécondité de la terre
nuages se mettent en marche,
se couvrent d'ombre,
curité
:
ils
ils
vaches
veut enlever
de
la lutte.
:
Les
s'éloignent de nous,
ils
semblent enfermés dans l'obs-
on entend leurs sourds mugissements. L'affreux
serpent dont l'haleine dessèche le
et attirés
dans son antre.
jour, protecteur des
engage
là les
le
C'est alors
hommes,
de
(les vents), tantôt suivi
la
la
les a
que
le
le
dieu du
terrible
adver-
troupe hurlante des Maru/s
de tous
les
dieux On entend
massue divine qui tombent sur
l'entr'ouvrent et en font
enveloppés
bienfaiteur de la tribu,
combat, tantôt seul contre
saire, tantôt escorté
coups de
monde
jaillir
la
les
caverne,
des flammes. Letripledard
INDRA KT VKITHA.
du serpent
brille
déforme,
est mutilé
vue; en
il
même
dans
les ténèbres.
97
Bientôt
en mille endroits,
il
nuage se
le
disparaît à la
temps, les eaux qu'il retenait captives se
précipitent avec fracas sur la terre, et Indra,
dire
le ciel
c'est-à-
bleu, triomphant de son ennemi, se
montre
dans sa splendeur.
Cette explication, qui résulte
du texte
même
des
hym-
nes védiques, n'est pas une interprétation ajustée après
coup
témoignage des com-
peut s'autoriser du
elle
:
mentateurs indiens. Quoique portés à chercher dans
leurs livres sacrés
pas,
un sens mystique qui ne
ou à leur demander
ries philosophiques,
peuvent fermer
les
les
la
confirmation de leurs théo-
Indous des âges suivants ne
yeux sur
le
cet épisode. Les scholiastes des
rayons du
les
véritable caractère de
védas traduisent
de Vritra par nuage (megha)^
ment que
et
vaches volées par
soleil
ou
le
nom
ils
disent expressé-
le
démon
eaux. Le texte
les
s'y trouve
même
sont
les
des védas
ne leur aurait pas permis de s'écarter de cette interprétation
:
dans certains hymnes, vritra
nom commun, dans
le
est
employé comme
sens de nuage ; ahi est
dési-
la
gnation ordinaire du serpent; cushna veut dire celui
qui dessèche
et
pani
est
;
vala
est
également un
un terme de
la
gand^ voleur. Le sanscrit ne
nom du
nuage,
langue qui veut dire bris'est
l'idiome primitif, pour permettre
pas assez éloigné de
aux noms qui figurent
dans cet épisode de se transformer sans retour en personnages historiques.
Si,
malgré
la
limpidité
de
7
la
LE MYTHE INDIEN.
<)«
langue, des mythologues ont essayé de faire dans l'Inde
ce qu'ont tenté les évhéméristes de
la
Grèce et de Rome,
au sens
toute une école d'interprètes, restée attachée
propre des mots, a maintenu contre eux
la signification
physique des mythes. Eugène Burnouf, qui a montré
cette
double direction de l'interprétation indienne,
cite
une curieuse discussion du mythe de Fritra, due au
commentateur Durgdcdrja. Nous demandons
mission de
«
reproduire
la
Si Vritra est
rencontre,
que
(1).
nuage, qu'est-ce donc que celte
le
cette lutte
oindra avec Vrilra dont
hymnes védiques?
parlé à tout instant dans les
comment on répond
Le phénomène de
:
du mélange des eaux
de
et
lumière
la
lorsque les eaux sont échauffées par
clair qui est
d'Indra,
poussé par
que
les
per-
la
le
vent
et
:
il
Voici
la
pluie naît
en
effet, c'est
lumière de
la
est
figuré sous le
l'é-
nom
eaux commencent à couler pour
se
changer en pluie. Cela étant, on peut dire, par forme
de comparaison,
qu'il y
a une sorte de combat entre
l'eau et la lumière qui sont
rimage d'un combat,
bat, puisque
car, en fait,
il
n'y a pas de
la
on voit que
l)
com-
»
valeur scientifique de cette disserl'histoire
de
f'ritra n'est
fhirgâcdrja une fable vide de sens,
(iéryon
l'autre. C'est
Indra ne connaît pas d'ennemi.
Quelle que soit
tation,
opposées l'une à
comme
pour Apollodore. Une analyse
lihdi}ftrnt(i-}iHrihni, \\\, \y
iwvvi
pas pour
celle
de
grammaticale
INDRA ET VRITRA.
plus sûre et plus fine,
'jy
un sentiment plus profond de
nature, une tradition non interrompue,
l'Inde
en
de ce divorce moral, qui
Italie,
entre les croyances de
naissances de l'âge mûr.
s'est
la
la
préservèrent
opéré en Grèce
jeunesse
et les
et
con-
VI.
FORMATION DE LA KABLE.
Ce
faut montrer d'où
ment
de deviner
n'est pas assez
s'est
ils
le
viennent.
formée autour de
empruntée au spectacle de
la
Il
la
sens des mythes;
conception primitive,
nature
cette
,
enveloppe
le
temps,
qu'on peut comparer au bois qui survit pendant des
siècles à la
pour
sève dont
faire celte étude,
ple version
du
com-
faut observer
fabuleuse qui va toujours en s'épaississant avec
et
même
que
il
est sorti.
Ce ne sera pas
de nous servir à
l'Inde, la
la fois
de
trop,
la tri-
Grèce et Tltalie ont conservée
mythe. Sur plusieurs points,
les
Grecs
et les
Latins sont restés plus près de la -donnée première
les
il
que
Indous. Les raytliologies des trois peuples se com-
pléteront de la sorte
tamment pour
Tune
l'autre,
leurs idiomes
:
comme
c'est ainsi
il
arrive cons-
que plusieurs
ra-
FORMATION UE LA FABLt.
cioes
101
survivant seulement en sanscrit
,
dérivés,
et
devinées
quelquefois par
dans certains
la
sagacité des
grammairiens indiens, se retrouvent dans toute leur puen grec.
reté en latin et
La piemière chose qui
héros du mythe n'est pas
de l'Inde
rien
de
et
dans
commun
doit
nous frapper,
même
le
fable classique.
la
dans
avec celui de Zeus
que
le
mythologie
la
nom
Le
c'est
Indra n'a
Ol
bien plus, Indra
:
est
un dieu exclusivement indien, créé à une époque
où
les
ancêtres des races européennes s'étaient déjà sé-
parés de leurs frères de l'Asie; nous assistons en quel-
que
sorte,
dans
les
védas, à son avènement, qui coïncide
à peu près avec la composition
Mais nous avons déjà
extrêmement
flottante,
sent aisément à
un
dit
que la mythologie védique
que
autre, et qu'au lieu
Nous sommes donc
dra
tient
dans ce mythe
plus ancienne. Le
la
nom de
comme
àlndra, d'autres
le
Ciel
vainqueurs de
les
autorisés à penser qu'//^-
place de quelque divinité
ce
dieu
,
donner avec une entière certitude,
Dyaushpitar,
nous pouvons
c'est
premier dieu des nations indo-européennes
en
est
déchu dans
les
les
Grecs
et
védas, quoiqu'il
:
(1)
(la
Terre).
Le thème du mot est d^v «u dïv.
est le
conservé
les Latins,
soit
voqué quelquefois, surtout en compagnie de
Prithwi
le
Dyaus ou
Djaus
père des êtres (1).
dans son rang suprême par
est
d'un dieu pas-
les attributs
dieux sont souvent invoqués
Vritra.
des premiers hymnes.
encore
la
il
in-
déesse
FORMATION DE LA FABLE.
102
On
a souvent montré
le
Djaus, qui
commun
allemand Zio
vieil
de ce
nom
avec
(1)
Diespiter, Dio\>is^ Jovis, avec le grec
le latin Jupitei\
Zeuç,
l'identité
et
se trouve souvent
en sanscrit, avec
le
employé comme nom
sens de
le
Scandinave Tyr ;
ciel^
représente
la
région élevée et sereine où siège la lumière. Ni le latin
ni le grec n'en ont oublié entièrement la signification.
Sub dio vwere, veut dire vwre en plein air; Ovide
emploie sub Jove dans
le
mauvais temps. Ennius
la signification
première, par ce vers ad-
mirable qui ne serait pas déplacé dans un
dique
(2)
sens; malus Jupiter^
le
dans Horace (3), indique
nous reporte à
même
hymne
vé-
:
Adspice hoc sublime candens
De même
mandaient
:
quem
invocant omnes Joveno.
Grecs, pour s'informer
les
Tt
6
Zeùç 1:01a (4)
;
du temps, de-
et appelaient l'eau
du
ciel u^tdp To h, Tou Aïoç.
Antonin nous a conservé cette
prière des Athéniens
Ycov ùaov,
àpoupa;
(1)
:
Dyaus
fait
au
la
comme
génitif divas,
forme
Zrjv
:
le
rapprochements auxquels
nom
Zcû;
sanscrit
Griram, Mythologie allemande,
I, p.
Lassen, Indische Alterthumikunde,
;2)
Fastes,
(3)
Odes,
II,
I. I,
und
Occident,
299.
25.
(4) Aristopb., .Ir., 150t.
(5)
El; iawTov, V. 7.
,
fait
Atô; (AiFô;).
xarà
donne
l,
175.
I,
p. A8, n.
p.
Le
latin
mieux de
chant salien (TertuUien, Apolog.,
Bopp, Glossaire sanscrit, au mot dyu.
Benfey, Orient
ZeO
cette identité ressort encore
Jane, qui se trouvait dans
le
<pi>.s
tvi;
twv tts^iwv (o).
x-^ç 'AÔvîvaiwv y.al
nus correspond à
w
10).
lieu, consultez surtout
Ja-
l'ablatif
Sur les
:
FORMATION DE LA FABLK.
Une circonstance qui montre bien
dieu, c'est que la racine dU'
composé son nom,
nom
le
a formé,
eu
lieu
formes deus,
les
11
l'origine
650c ((^eiFoç),
le
mot
en lithuanien diewas^
tivdr, et c'est
donc pas douteux que Djau.s doit
de
que
idiomes de l'Europe,
les
nom que nous nous servons pour désigner
n'est
est
faut
de bonne heure, car
en irlandais dia, en Scandinave
Il
dont
(briller),
en se modifiant par legunUf
deua se retrouve dans tous
ce
dyu
l'ancienneté de ce
générique de tous les dieux, deua.
cette dérivation ait
sous
,
10$
encore de
la divinité.
être placé à
mythologie indo-européenne. Outre
la
mythes qui se rapportaient à
lui,
il
est
les
permis de sup-
poser que plusieurs de ses surnoms ont passé à Indra
l'un
:
des plus remarquables est celui de sthdtar, qu'Indra
porte en plusieurs
hymnes,
l'esprit l'expression latine
et qui rappelle aussitôt à
de Jupiter Stator.
Le mot
sthdtar est ordinairement complété en sanscrit par un
génitif, tel
mine
le
que ralhasya^ harindmi^V)^ ce qui déter-
véritable sens
celui qui se tient
Quel
tion
est
du
de
celle épithète qui signifie
:
debout sur son char, sur ses coursiers.
ce char? on ne peut douter qu'il ne soit ques-
soleil,
qui est souvent représenté dans les védas
comme une roue d'or roulant dans le firmament. Ainsi
le nom de Jupiter Stator, que les Romains expliquaient
par un événement du règne de Romulus, remonte au
premier âge de
(li
Hig.,
I,
33,
j.
la race.
Sdmaveda, \,2,7,
5, 9.
Ib., U, 8, 1
,
lo. 7.
FORMATION DE LA FABLE.
104
donc
C'est
le
considéré
ciel
agissant qui est
le
comme
un être vivant
et
héros du mythe. Supposons pour un
moment que nous soyons
aussi peu instruits des causes
physiques et météorologiques que l'étaient nos premiers
ancêtres
;
transportons-nous par
que où l'homme
les
prêtait son
grands phénomènes de
nous représenter
ressentir à
gieux
;
le
âme
pensée à cette épo-
et ses facultés à
nature
charme mêlé de terreur que devait
Le
:
comme
les
du
ciel,
rasséréné.
le ciel s'est
premiers linéaments du mythe que
disparaisse
le
comme nom commun de
la
nom de
langue,
restera toujours le souvenir des actes qu'on lui attri-
buait, et à la
la
mena-
ciel s'assombrit, le ciel est
nous étudions. Supposons maintenant que
il
et reli-
ces simples mots que nous prononçons encore
çant^ la foudre tombe
Dyaus
tous
essayons enfin de
;
vue de Torage un peuple timide
la
tous les jours
seront
la
la
vue du
ciel
qui se trouble on parlera de
colère de Zeus.
L'adversaire
Nous trouvons
servé en
&' Indra
s'appelle
nom
de Vrilra
le
grec sous
du chien de Géryon
Vrilra
(1).
Le v sanscrit
par Tesprit doux, et l'aspiration du
sinage de
Tep6peuo{j!.ai
la
,
et
lettre
dans
/,
le
comme dans
zend
Ahi.
parfaitement con-
forme Opôpoç, qui
la
ou
6
est
le
nom
est représenté
est
due au voi-
papaôpov,
apôpov,
verethra (yritra). Vri-
trn veut dire celui qui enveloppe (du verbe vri, clau-
'
(1)
Max
Mùller, Zeilschnft /iir rergleichendc
Sprnchfnrschung , V,
p. 150.
FORMATION
(lercj,
Ton a déjà
et
dit
LA FABl.K.
l)F.
que ce nom
105
est
souvent em-
Oo-
ployé pour exprimer simplement l'idée de nuage.
également une double signification en grec
Opoç a
désigne
dique
le
deux
à
par Hercule,
têtes tué
crépuscule du matin. Ce
le
mirable
chien
du langage
fidélité
rendre compte,
fait
longtemps après que
in-
il
montre bien
l'ad-
qui conserve, sans s'en
,
même mot dans
le
et
il
:
ses
deux
acceptions,
logique qui les reliait entre
le lien
elles a été brisé.
C'est
ici
célèbre dans
fort
nom
comme
,
de parler d'un autre personnage
lieu
le
mythologie grecque,
la
Vritra et Orthros, désigne à
monstre ennemi des dieux
Typhon qu'on
C'est
fumée
la
:
et
est t-jow, tjoow, qui
Typhon
nom de
un
naturel.
Typhaon.
veut &\vq faire
monstre qui obscurcit
est le
typhon ou typhôs
formes de nuages
que
le
l'identité
et
aux trombes
sens du mot (2).
la
au mythe,
(1) «
Cœlum atram
bantiir. » Aulu-Gelle,
Ici
et
et
quas rjîûva; vocabant
Suidas,
(1).
Il
semble
même
des deux conceptions n'ait pas échappé
fois
taire
le
est resté en grec à certaines
aux anciens, qui plus d'une
(2)
et
le
une sorte de Vritra grec Mais d'un autre côté
ciel,
EÎTE
Typhoeus
dont
la fois
un phénomène
appelle aussi
La racine de ce mot
(le
et
,
encore
ont joué sur
langue sert de
a conservé d'une part
lumigantes globi
et figurae
le
le
double
commen-
personnage
quaedam nubium metuendae
inipendere imminereque ac depressura? navein vide-
XIX,
1.
— Tusw;-
7:v£y[i.a y.aîïvâioe;,
sppwYo; à-ô
véxo-j;.
s. v.
Socrate
dit,
par exemple, en plaisantant, au
V. Oripiov -rjy/i'iia
commencement du Phèdre
Tyswvo; TîoXuTtXoxwTêoov xai
u.âÀXov èTt'.TeOyiAuévov
.
.
.
:
Lp
KORMATION
106
de
fabuleiix,
l'aulre
confondait dans
le
LA FABLE,
1)F,
physique avec lequel
l'objet
latin (inguis ^ le
changement
même
gner
veut dire proprement serpent; c'est
le
probablement aussi, par
le
grec
é'/i;,
et
dans l'allemand,
racine se trouve aussi
D'où vient
choix qu'on a
le
textes védiques à Vri-
les
fréquent des aspirées entre elles, 091;;
si
de cette idée dans
l'origine
la
la
(Jnke.
du serpent pour dési-
fait
démon combattu par Indra? On
le
se
principe.
Le second nom donné par
(ra esl J/2/\ qui
il
a vu avec raison
forme tortueuse des
éclairs
qui semblent sillonner les airs en sifflant et dresser dans
leurs tètes terminées par un triple dard. Mais, ou-
le ciel
tre
ressemblance physique que l'imagination popu-
la
laire a
marquée par
nom
le
d'a/ii^
il
y a un motif moins
apparent qui a présidé au choix de ce mol. Les formes
(ingids^
trent
que
nasale, et
le sanscrit
que
rale: ahi^'èK.
lias,
mon-
IJnke^ d'une part, s/tç de l'autre,
â'yye^^uç,
h
le
ahi a renfermé dans
même
principe une
d'une ancienne guttu-
tient la place
donc delà
le
famille
malheur, ag/ia^ méchant, agkdy^
que
les
mots an-
le
mai, qui
faire
renferment tous une idée de malveillance et d'hostilité.
On en
peut conclure que
verbe rjsw
cette seconde
reporte
l'aspiration
forme nous met sur
pour Oûnw, et est de
la
même
sur
sens primitif de aJii est eala
la voie
famille
exhaler des valeurs. Le substantif
lère, est
le
que
6u|jl6:
première syllabe au fu'ur,
de
la véritable
les
mots
Ôûtl'w
Tûçw
;
est
parfum; Oufitâw,
marquer
la co-
une de ces métaphores populaires qui changent en un terme abstrait
substantif
pondons
6û;, 6'jo:,
(en latin/MniMs), pour
des expressions toutes matérielles. Le verbe sanscrit
le
étymologie.
dhûmu
,
fumée
,
rf/Jîî/),
faire
de
la
fumée, et
complètent cette famille de mots que nous ne
indif|ner qu'en passant.
hOKMATlO.N DE LA FABLE.
lequel s'est
riemi,
fidèlement conservé dans
ment aucune induction symbolique
pent l'ennemi par excellence
que
même
le
d'hostilité
nommer le
pour
On
vu combien
a déjà
{X AkiXd.
choisir l'idée
fait
la
forme de
cet animal
au
Grecs
les
cette représentation a été fé-
avant tout on peut rapprocher
:
déesse Échidna qui porte
origine, tels
que
même nom,
le
le
Ophionée
et tant d'autres.
serpent
Python,
les
qu'il
l'aspect
nature et de
la
et l'histoire
qu'il soit
de ces
nécessaire
Une
convenu que l'adversaire de Zeus avait
d'un
serpent
donner carrière
tiques dont le
même
rapports qu'ils offrent avec Ahi.
les
fut
côté d'Échidna
géants Anguipèdes,
La forme
monstres sont trop connues pour
de montrer
suivi
Méduse, l'hydre de Lerne,
la
Chimère,
fois
ser-
serpent, a porté les premiers
fourmille une famille de monstres de
même
du
veux seulement mon-
désinence féminine ^va; mais à
la
faire
ravisseur des nuages.
conde chez
de
je
;
de
et
tour d'esprit qui a
auteurs du mythe à donner
démon
grec,
le
pas l'intention de tirer de ce rapproche-
£/0po;. Je n'ai
trer
10'
,
l'imagination
et créer à
Nous connaissons maintenant
;
nous pouvons
passant avec quelle
put se
son aise tous ces êtres fantas-
bon sens de Socrate
drame mythique
grecque
fidélité
la
était
le
si
choqué.
second acteur du
même
remarquer en
mythologie grecque a
conservé deux circonstances en apparence insignifiantes.
De même que
iriçirns (à
Vrilra est appelé
trois têtes),
tous
le?
dans
les
védas
monstres grecs sont
FORMATION DE LA FABLE.
108
pourvus de deux, de
de
De
têtes.
solument
plus,
comme
trois
vomissent tous des flammes, ab-
ils
nuage fendu par Indra,
le
Mais nous arrivons à
lui
a décidément
ou d'un plus grand nombre
la partie
de notre épisode qui
donné une apparence de
Ce sont ces vaches délivrées par Indra
tastique.
représentent les nuages éclairés par
une invention de poëte, ou
époque reculée on
au
])aissant
récit fan-
ciel ?
ait pris les
faut-il
et qui
le soleil.
Est-ce là
croire
qu'à une
nuées pour un troupeau
Ni Tun ni l'autre. Nous allons essayer
de montrer que ces vaches sont une création du langage,
que
et
c'est l'idiome qui,
en se modifiant, leur a donné
naissance.
Les mots
poûç, hos^ kuli, con',
appartenant à des idio-
mes qui ont reçu
ces mots tout formés, ne présentent
pas d'autre idée à
l'esprit
signent
:
et l'anime
la
et
il
celle
en sanscrit, au contraire,
a formé le substantif
de
que
«r;
de
la
racine verbale qui
(bœuf) subsiste à côté du
nom
Go
vient
en quelque sorte de sa signification.
racme gam,gii
dé-
l'être qu'ils
qui veut dire al/er, marc/ier,
(1),
désigne proprement un être ou un objet doué de
mouvement. Le mot gu a conservé ce sens général en
composition
:
ad/uigu veut dire celui qui marche sans
être arrêté par rien
les forêts
;
;
le
vanargu^
celui qui s'avance
puroga^ui celui qui marche
(i) C'es'l le radical
mand
;
qui a foimé
le
Le Ihèmc sanscrit go
le
fait
dans
On
premier.
verbe to go, anglais, et
verbe paîveiv en vient également, par
se voit aussi flans povç.
le
le
kommen
cbangement du g en
au nominatif j^aî/s.
alle-
b, qui
FORMATION DE
même
trouve
dans
vement dans
dans
le
les
.
même
chaque idée
et
le
ne
go
Il
adjecli-
n'y avait donc pas,
les
nomma deux
attribut
nymes. Plus tard, quand
tance,
.
employé
nuées ^d-
La langue, encore flottante
peu sûre du choix de ces mots,
férents d'après le
raot^'o
10!)
métaphore à appeler
qui marchent
vas\, celles
le
sens de iens (1
principe, de
le
védas
FALîLE.
1,\
;
elle eut
elle créa
objets dif-
deux homode consis-
pris plus
marquée par un terme
fut
ef
à part,
n'eut plus. qu'un seul sens^ celui de vache. Mais
germe du mythe
manqua
était déjà
déposé dans
les esprits et
pas de se développer.
Nous accordons
d'ailleurs volontiers
que
fantaisie
la
d'un peuple enfant put se complaire dans cette image
qu'elle n'avait pas créée, et qu'elle retrouva volontiers
dans
lixer,
il
tableau de la vie pastorale. 3Iais pour se
le ciel le
comme
fallait
que
mythe
:
ne
ne
effort
sortit ni
de
fut
Il
la race,
que dans
la
nécessaire pour créer
le
la tète
nie poétique d'un peuple.
prit
de toute
soutenue par
et qu'elle fût portée et
Aucun
il
l'esprit
cette fable eût ses racines ailleurs
un pur caprice,
langue.
dans
elle l'a fait,
d'un
homme,
ni
du gé-
frappa d'autant plus
des générations qui suivirent
le
l'es-
premier âge de
race, qu'on le trouva partout sans deviner d'où
il
la
était
venu.
Il
lière
(Ij
reste encore à expliquer
qui
faisait
pai'tie
une circonstance singu-
du mythe primitif, car
Samprincûnah sadane gobhir adbhUt
errautPs). liig-veda,
\,
95, 8.
;partagoant
ie
elle
se
séjour des eaux
FORMATION DE LA FABLE.
110
retrouve à
la
comme nous
Dans
du
lui
les Latins,
chez
Grecs,
les
et,
verrons plus loin, chez les Iraniens.
Le
Virgile raconte que, pour dissimuler la trace
:
brigand traîne
vol, le
antre.
le
chez
légende italique, Cacus ne pousse pas les bœufs
la
(levant
fois
même
(1)
:
bœufs
Le fds de Maia,
«
le
clairvoyant
meurtrier d'Argus, détourna du troupeau
bœufs mugissants;
il
dans son
à reculons
raconté d'Hermès dans l'hymne
fait est
Homère
attribué à
les
cinquante
poussa ces animaux errants par
des lieux pleins de sable, ayant renversé leurs traces;
car, fidèle à
son caractère plein de ruse,
il
les
tourna en
sens contraire et marcha lui-même à reculons. » Virgile
n'aurait pas
emprunté à l'hymne grec une circonstance
aussi indifférente et aussi
demment
la
partie
de
peu poétique:
la tradition latine.
elle faisait évi-
Properce et Ovide
rapportent également. D'où vient cette représentation
bizarre?
On
a
vu
plus haut que
la
transcription Kaxia;,
ployée par Diodore et Denys d'Halicarnasse,
la
em-
compa-
raison avec le Cceculus de Préneste et la quantité de la
première syllabe nous ont
soupçonner sous
fait
de Cacus une ancienne forme Caecius. Ce
que parfaitement une
fois
mythe védique. Caecius
ciel
:
il
est
eus avec
(1)
Vers 74
que Ton connaît
est le
avec Typhon dans
TM<ù')Ac,. I\ïais
ss.
ce
nom
nom
le
le
nom
s'expli-
sens du
démon
qui obscurcit Je
même
rapport que ces-
le
se retrouve en grec
dans
.
FORMATION DE LA FABLE.
1
un ancien proverbe qui nous reporte à Tépoque où
mythe
était
1
le
encore compris dans son vrai sens. Aristote,
par Aulu-Gelle
cité
1
(1),
rapporte qu'il y a un vent ap-
pelé Kaixta;, qui a la singulière propriété d'attirer à lui
nuages; de
les
heur,
comme
là la
locution
«
:
attire à lui le
Il
Csecias les nuages (2). »
tation populaire. Si l'on se rappelle la
le
du mot go dans
les
est clair
double significa-
védas, on ne pourra douter que
vent Csecias qui attire les nuages
brigand Caecius qui vole
les
identique au
est
bœufs de
Jupiter.
verbe grec nous rend dans sa forme védique
que
les
que
une ancienne représen-
cette façon de parler repose sur
tion
Il
mal-
Le pro-
le
mythe
Latins ont placé sur la terre.
Qu'est-ce cependant que ce vent qui, au lieu de chasser les nuages devant lui,
question d'un
dans
les
les
en arrière?
attire
phénomène qu'on observe quelquefois
orages, quand, plusieurs couches de l'atmos-
phère se trouvant à des températures différentes,
tablit
des courants en sens contraire
sent alors marcher contre
reste
que
le
;
vent (3).
l'antiquité attribuait
les
Il
le
démon
nuages paraisfaut ajouter
aux serpents
la
puis(4).
il
est tout naturel qu'il
la
exerce dans
u, -n.
(3) Je (lois cette
(4)
du
qui ravit les nuages est figuré sous
forme d'un dragon,
(1)
s'é-
il
sance d'attirer leur proie par une sorte d'aspiration
Comme
est
Il
observation à l'ohligeaiire de
Ctica (Khyndacem) angiies... emergituf
(esque oves, qiiamris alfe
et
n?oii
,
sd\anl ami M. Bau(lr\
atque
fiiant
,
supervolan-
prr)iici/er feranftir, absorbent.
Poinpoiiius
FORMATION DK
112
le ciel le
nainèh
,
le
poëme épique de
accordait sur
lui
Perse,
la
animaux,
et fait
l'haleine attire
tomber des
les
la
Slidk-
le
on rencontre presque à chaque pas
du dragon dont
ture
les
pouvoir d'altracliou qu'on
Dans
terre.
VMiLE.
l.A
pein-
la
hommes
airs la proie qu'il
et
con-
voite.
Une imagination naïve voyant dans
l'orage la lutte
de deux êtres vivants, une confusion résultant du dou-
deux causes qui ont
ble sens d'un mol, telles sont les
fait
prendre au mythe
forme
la
Pour
toute la race indo-européenne.
pression pure et simple de
ser le
malentendu venu de
deux agents physiques
réalité,
la
la
en présence de
nous
il
la nature.
en rêve,
étendons
Mêla
(f,
il
la
;
comme
9). Cf. Pline, Vlll, 14
posés d'après Élien
;
l'on
serre de près les
laisse,
Le
le saisir.
\\,
ciel se
21. je cite les \ers
Apây.ûvTîç Ai6tÔ7i(j)v oè
"', eî
XaîvovTSc àffOiiaîvouaiv
el;
ta;
6r,pav osot,
tôv às&a
xç.£[jLa(7Tà;
àyÉ^a;,
lyyçi Ôcpfxf,; EiaTivoy;; xrjAou|j.£va:,
/.ai i77î(«)(JL£va;
éz
Twv YvàOwv
àvwÔEv
l'expli-
moment même où nous
:
y.al TÔJv •jîcTSivwv
en se dissipant,
fantômes que nous voyons
ces
Élien,
personnelles. Le
mots qui l'expriment leur
disparaît dans le
main pour
sufht de redres-
il
La seule manière de
quer, c'est de donner aux
sens véritable
réduire à l'ex-
langue, et de substituer
mythe s'évanouit au moment où
termes qui l'expriment;
le
deux causes
à
conservée dans
qu'il a
el; y^r'
àôoôa;,
£>.y.oy!jiv ;.; tyiv
YaTTî'pa.
couvre, la
que
Pliilé
a
com-
FORMATION DE LA
foudre traverse
le tiuage^ les
prison
ce
voilà
:
créèrent
fable,
la
mémoire de
Quoique
que
l-ABLE.
eaux
sont, délivrées
de leur
nos pères quand
disaient
que trente
113
siècles n'ont
pu
ils
effacer de
la
leurs descendants.
mythologie hellénique ne sache plus au
la
juste l'origine
du mythe dont
elle a tant varié le récit,
semble indiquer quelquefois qu'elle en a un vague
elle
souvenir. Ordinairement les dragons gardent des sources ou des fleuves.
de
l'accès
le
Le serpent
la fontaine d'Ares,
tué par
Cadmus empêche
auprès de ïhèbes. Quand
serpent Python tomba percé des flèches d'Apollon, un
fleuve
jaillit
antre
le
de
la terre (1).
Eurybate, ayant
monstre Sybaris qui désolait
Delphes, et l'ayant brisé contre
où
disparut, une source s'élança
il
un miroir étrusque connu sous
fontaine, on voit
massue une
dont
les
la
le fait
tête
le
le
les
la
environs
do-
<]e la
pierre (2). Sur
nouj à' Hercule à lu
héros s'apprêtant à frapper de sa
de monstre, sorte de lion sans crinière,
encore plus
dieu de
de son
rochers, à la place
gueule laisse échapper une source
L'antiquité
tiré
clair,
attribuait
une urne
;
pour rendre
est placée à côté (3).
aux monstres vaincus par
le
lumière une puissance prophétique. Le ser-
pent Python rendait anciennement des oracles à Delphes, et
où
il
la
prêtresse qui prophétise
a été englouti, tient de
(1)
Strabou, XVI, 1,1.
(2)
Anton. Libfralis, VIII.
C\.
lui
aux
lieux
mêmes
son pouvoir divina-
Srhwartz, l'isprun/j dev Mythologie
et suiv.
(3)
fierhard, Miroirs étrusques,
\)\.
CXXXV.
8
,
p.
iy
FORMATION DE LA FABLE.
114
teur. C'est encore
l'antre
de
un serpent qui rend des
Trophonius
(1).
Padoue un
à
avait
y
Il
oracles dans
Le point
oracle de Géryon (2). D'où vient cette idée?
de départ de
ver
croyance
cette
M. Schwartz
est
,
comme Fa
le
monstre
fait
dit
que de
entendre des sons
intelli-
,
gibles pour les dieux (4); Pindare appelle
une voix divine
grand rôle dans
l'histoire religieuse
rité
nom du
tonnerre
le
Les oracles, qui ont joué un
(5).
tachent donc à notre mythe;
tenait son
obser-
prophétique du tonnerre.
(3), le bruit
Hésiode, dans sa description de Typhoeus
temps à autre
fait
la
de
la
Pythie, de
si
Grèce, se rat-
même
qu'elle
monstre englouti, semblait avoir hé-
de son essence surnaturelle.
Mais
chez
la fable a pris
Grecs et chez
les
les
Indous
bien d'autres aspects. Transportons-nous par la pensée
dans ces temps où
tout étant
,
rien ne semblait impossible.
mystère pour l'homme,
Le
récit
écoulé avec une attention religieuse
cours de
la
narration
il
:
accoutumé
mais
se présentait
si
était
dans
le
quelque mot à
double sens, qui permettait de donner au mythe une
cette occasion était saisie
avec em-
direction nouvelle
,
pressement, et
conteur, moitié engagé par ses pro-
(1)
le
Scholiasle d'Aristophane,
l\'7t('es,
(2)
Suétone, Vie de Tibère, li.
(3)
Vrsprung der Mythologie,
v. rjOS.
p. âô.
'A/.).OT£ (làv yàç,
(4)
•i^iy^vib'
(tirsxt
Ôsoîci cviviijxgv
Théorj., V. 830.
(5)
P'jlh., IV, 3à0
:
FORMATION DK
l.A
FABLE,
115
près paroles, moitié poussé par ses auditeurs, donnait
un tour imprévu
vraisemblable est celui que
volontiers
même
de
:
Le conte de
à l'histoire.
le
les enfants
fée le plus in-
écoutent
le
plus
contre-sens qui donnait à
la
fable l'aspect le plus singulier était celui qui souriait
le plus
à cet auditoire avide de merveilles. Cela n'em-
pêchait pas de reproduire exactement, hormis sur un
point
,
la
narration
primitive
il
:
se forma
ainsi
une
quantité de légendes secondaires, embranchements ca-
pricieux
près
,
La
du
récit principal, et qui
s'y rejoignent tous
pommes
fable des
au fond identique
est
(1).
île
l'on
y regarde de
par un homonyme.
du jardin des Hespérides
à celle
que nous avons examinée.
de
u.-?,lov,
Nous y retrouvons
du mythe d'Héraclès
si
d'or
Elle tient à la confusion
pomme
,
et
chèvre, et de
[Lvikow,
toutes les circonstances
de Géryon. Placées dans une
de l'Océan où nul navigateur ne peut aborder, aux
lieux
mêmes
elles sont
où Héraclès triomphe du
gardées par un dragon,
chidna, que
la
il
le
soleil lui
après qu'il a apporté
;
frère Euryslhée,
Athéné
dire au ciel, car
il
sur
de Typhon
et d'Éelles.
dieu des eaux, qu'Héraclès apprend
le
doit les chercher;
sa coupe d'or
d'Érythie,
déesse Hèra a chargé de veiller sur
C'est de Nérée,
où
fils
roi
les replace
prête de nouveau
les
pommes
à son
au jardin, c'est-à-
n était pas permis qu'elles restassent
la terre (2).
(I
Mav
(9)
Apollodore, U,
Millier,
Essai de mythologie comparée. Cornp. Diodorc, IV
j, il.
,
2»;.
FORMATION
11,6
De même que
formé
aiGGw, qui
substantif
de
sante
go
xaraiyiç, tempête.
la
De
là
au
ciel
moment de
fait
le
verbe grec
d'une
part
le
delà nature bondis-
l'autre
chèvre joue
le
fait
mots xaxàï^
les
une nouvelle
avant d'êlre un bouclier
le
de
et
,
a
(à cause
c/^^^'re
l'animal)
de fables où
double sens a été
le
s'élancer,
signifie
al'^,
dont
,
du mythe de Géryon,
point de départ
allei\ a
verbe i^am, qui veut dire
le
le substantif
LA FABLE.
Db]
série d'images
,
et
L'égide,
le rôle principal.
en peau de chèvre,
était
l'orage; Jupiter aiyio^^o; était le
dieu qui envoie la tempête (i); plus tard, on traduisit
dieu qui porte l'égide.
le
de
Homère semble
première signification, quand
la
au seul mouvement du bouclier,
l'Ida
On
et qui
hommes
la
qui marquent
même
le
analogie entre les mots
frissonnement de
probablement s'appliquaient aussi au
de nuages,
airs sur
frappés
(2).
peut remarquer
(ppî^, op'-x-/i,
nous montre,
tonnerre qui éclate,
qui se couvre de nuages et les
de terreur
et
un
Phrixos,
bélier d'or.
core voir dans les mots
la
le
il
se souvenir
fils
mer
la
ciel
de Néphélé, traversant
La même
dont
yeî'jxa, yz^iJ-^'*
(orage) et y ifxonpa,
(1)
(2)
U
gueule vomit des flammes.
la
faut entendre
C'est
ê/w aans son sens
au double sens de
la racine
primitif,
(3)
les satyres
Nous disons
aux pieds bondissants,
:
la
mer moutonne.
A
tête
de
l'origine
veho.
àtdaw que nous sommes probablement
redevables des satyres aux pieds de chèvre, qui, dans
lement
les
identité se fait en-
Chimère, cette chèvre à queue de serpent, à
lion,
(3),
chargé
a'-yiirooE;.
le
principe, étaient seu-
FORMATION DE LA FABLE.
de
le
qui d'ailleurs sont jetées toutes dans
ces fables,
même
dont
la
curci
le
117
moule, nous trouvons un phénomène naturel
langue,
en spécifiant
sens des mots, a obs-
le
souvenir.
Quelquefois la fable de Vritra change d'aspect ce sont
:
des jeunes
qui dans
habitent encore
Apas
appelle
les
vont sur
s'en
est
de\^'Ls,
(leva
démon
le
les
(les
le
ciel
eaux); mais leur
nom
déesse
,
et
les
On
appela Gnâs,
les
:
on
(celles qui
plus ancien
le
de dieu, devî
le
mot
signifia
nuées brillantes
de-
mères
des
vinrent les épouses {devapatnis)
eo
védas
les
Eaux), ou Apsarus
sens spécifique
le
naturellement
vu[xç?i
dans
fleuves
les
qui veut dire les brillantes. Lorsque
prit
dieux.
nymphes
enlève. Les
mythologie grecque peuplent
la
mer
et la
que
filles
ou
•y'jvawe;.
les
Le double sens de
grec, nuhes en latin, rappelle cette concep-
tion (1).
Dans
certains vers des védas les
dent encore
«
Les mères (ou bien
tiers
elles
;
:
elles
les
eaux, car
le
mêlent
le lait
avec
le miel. »
cité plus
vers qui se rapporte à cette conception
En
sanscrit
sont les sœurs de ceux qui sacrifient volon-
dans sa caverne. Nous avons
(1)
mot
dire l'un et l'autre) s'en vont leur che-
Vritra enlève les nymphes célestes et
(ôix6(>o;,
se confon-
:
ambajas veut
min
deux sens
sanscrit on trouve la
imber), et
ambâ
même
les
renferme
haut (p. 95) un
:
«
Mariées au
parenté entre ambhas, qui veut
ou ambi (mère).
àke eau
FORMATION DE LA FABLE.
118
démon, gardées par Ahi,
comme
les
Eaux
étaient enfermées
vaches volées par Pani (!); mais Indra, en
les
tuant Vritra^ a ouvert la caverne qui leur servait de
prison. »
Il suffit
l'esprit
du mythe, pour rappeler à
d'indiquer ce côté
quelques-uns des plus célèbres épisodes de
mythologie grecque
:
Andromède
livrée à
la
un monstre
que tue Persée, Perséphoné ravie par Pluton, sont bien
nymphes des védas
les
même
rapportée à la
;
l'histoire
famille
de
de Pasiphaé doit être
fables, quoique, par cer-
taines circonstances, elle s'éloigne
Serait-il trop
hardi de voir dans
du thème
primitif.
double enlèvement
le
d'Hélène un dernier souvenir du mythe déjà complète-
ment transformé, dépouillé de son merveilleux,
commodé aux
à quitter
surtout
le
exigences d'une poésie qui commençait
monde enchanté
des dieux, pour s'intéresser
aux aventures des hommes
peut-être perpétué dans
s'est
la
?
même mythe
Le
poésie épique de l'Inde
célèbre enlèvement de Sîtâ, l'épouse de
si
le
le
géant Râvana, qui
miki, n'est que
la
fait le sujet
noms de
bondance dans
sujet de l'un
les
:
Rama, par
de l'épopée de Vâl-
légende védique déguisée en événe-
ment historique, comme on peut
est l'un des
et ac-
la
le croire,
puisque Sitâ
déesse Çri, qui personnifie
l'a-
védas, les Indous auraient pris pour
de leurs grands poëmes,
la
même
fiction
qui a fourni aux Grecs leur Iliade.
(1)
rées
P««i, l'un
ici
(les noiii!?
entre elles.
de yvilra. Les deux formes du mythe àonl compa-
FORMATION DE LA FABLE.
119
La contusion que produisent dans l'idiome védique
termes qui signifient à
les
également
Soit
laissé sa trace
nuage
la fois
dans
la
mythologie grecque.
que l'ignorance des premiers hommes
tablement pour des montagnes
dans
soit qu'il
le ciel,
ait
y
montagne a
et
les
ait pris véri-
nuages amoncelés
encore dans cette occasion
une de ces erreurs de sens causées par l'indéfermination
des mots, tous
sique veulent dire montagne^
açman, ont une double
giri,
das.
De
des vers
là
tu
fis
sanscrit clas-
pcn'ata, adri^
signification
que ceux-ci
tels
le
comme
dans
les vé-
:
Indra, qui as fendu avec
« C'est toi,
grande
dans
les substantifs qui
ta
massue
cette
large montagne, dieu qui lances la foudre
et
couler les
enfermés
flots
j
toi
:
seul possèdes la
force à toujours (1). »
«
Tu
as fait jaiUir la source, tu as répandu les nua-
ges, tu as
rompu
Indra,
dis,
la
les
chaînes des fleuves, lorsque tu fen-
grande montagne, quand
lança et que tu battis les
Tu
«
dans
la
montagne
le trésor
avec force
le ciel le soleil
On pense
manqué de
(2). »
serpent Vriira, tu
à tous les yeux
fis
apparaître
(3). »
identité
de mots n'a pas
porter ses fruits dans la mythologie indienne.
Rig-véda,
(2)
Sâma-véda,
Rig-véda,
le
as placé
humide; lorsque, o Indra,
bien que cette
(1)
(3)
Ddnu
fleuve s'é-
as ouvert le réservoir des eaux, tu
tu frappas
dans
de
fils
le
I,
T,
57, 6.
I, 4,
l
51, 4.
;
3, 3.
FORMATION DE LA FABLE.
120
On
plus
voit
Indra fendre
tard
son épée ou leur couper
dn haut du
ailes
les
montagnes
les
et
précipiter
les
ou bien encore ce sont
ciel(l);
de
les
(levas
(dieux) et les daitjas (démons) qui font amitié ensemble et concluent un traité pour se procurer Tambroi-
déracinent
sie,
mont Mandara qui
le
tombent écrasés sous
eux
sur
la
renferme, et
montagne d'or qui
s'écroule
(2).
Chez
les Grecs, le
d'idées fut le dieu
premier résultat de cette confusion
Àjcf^wv,
enclume dans
signifie
vant Hésychius,
langage habituel
le
àV.aa>v
père d'Ouranos. Son
désignait d'abord
nom
mais, sui-
:
le
ciel
(3).
double acception du védique açman^ qui veut
C'est la
dire à la fois ciel Qi pierre
niens
la
açman
est resté le
ou montagne. Chez
nom du
ciel, et l'on
les Ira-
se sert en-
core aujourd'hui de ce terme dans la langue persane.
Les montagnes que
le ciel, celles
géants entassent pour escalader
les
sous lesquelles Jupiter
les écrase,
ne sont
pas autre chose, suivant toute apparence, que des mon-
mont Abas
tagnes védiques. Le
s'engage
reste
de
la lutte
la
(inaccessible) sur lequel
d'Héraclès et de Géryon est encore un
même
représentation. Toutefois les Grecs ne
sont pas allés sur ce point aussi loin que les Indous
au
lieu
védas
de parvuta (nuage), on trouve souvent dans
le
moi pur
qui a
^
(1)
Bhdgavata purâna,
(2)
Ibid
(3)
R. Roth, Zcitschrijt
,
vin,
6, 32.
la
même
origine et qui
V!, 12, 26, éd. Burnouf.
vergl.
Sprachforschung,
t.
les
marque
•
fur
:
U, p. 44.
Ul
FORMATION DE LA FABLE.
simplement
et
Indra
métamorphosé en preneur de
fut
brdhmanus
plénitude (I); plus tard />///• signifia vil/e,
la
ras ou démons,
de Tripura,
souvent de
parlent
la triple ville bâtie
Nous n'avons pas parlé
du mythe
qui, sans y
remonte pourtant à
la
forteresse des
la
purdnas célèbrent
et les
la
la
Les
Asu-
destruction
par les ennemis d'Indra.
d'une circonstance
jusqu'ici
tenir
villes.
d'une façon
indissoluble,
plus haute antiquité, et jette de
lumière sur plusieurs particularités de
grecque. Indra, quand
il
que
s'aperçoit
la
les
niythologie
vaches
lui
ont été dérobées, envoie à leur recherche sa chienne
Saramâ
dans
més
(2) (c'est-à-dire
tempête). Sararnd a
la
d'après
mejau
le
l'un est
:
(le tacheté).
morts,
de
elle,
il
deux
petits qui sont
(le
sombre;
Dans un hymne à Yama
est dit
semble hurler
qui
nom patronymique
leur
Çan^ara
vent,
,
et l'autre
(3),
le
nomSdra-
Çabala
dieu des
que ces deux chiens, qu'on dépeint
comme ayant chacun quatre yeux, s'en vont en messasans doute pour les conduire
gers chez les hommes
,
dans
le
invoqué
royaume
comme
infernal (4). Ailleurs
est
dieu du sommeil, gardien de la maison,
préservateur des maladies (5)
(1)
cf. I, 63, 7;
I,
(2)
Rig-véda.
62, 3.
(3)
Rig véda, VHl,
I,
Sdrameja
:
53, 7.
6, 15, 16.
Voy. Kuhn, dans
la
Zeitschrift de Haupt, VI,
p. 119.
(4)
L'âme étant regardée comme un
chien, est chargé de l'escorter.
-
(5)
Rig-véda, V,
4, 22.
souffle, le vent, qui est personnifie par le
FORMAMION DE LA FABLE.
122
Toi qui détruis la maladie, qui protèges
«
qui
toutes
revêts
les
Aboie au
taire...
maison,
la
formes, sois-nous un ami salu-
Sârameya, ou au voleur,
brigand,
qui cours et reviens. Qu'aboies-tu contre les chantres
toi
à' Indra
sommeil
que
.
chef de
le
la
M. Kuhn
découvre
la
mère, que
père, que
le
le
chien,
tribu s'endorment et toute la tribu.
(1) a
reconnu dans
les retraites
fers, préside
grec
contre eux? Répands
pourquoi gronder
^
EpjjLeîaç
ou
Ep[j[.-^ç.
âmes aux en-
des deux
L'identité
que
celle
noms ne
un grand nombre
des mythes que nous avons mentionnés
il
:
va porter à
Phrixos son bélier d'or, assiste Persée contre
gone, cherche Perséphoné aux enfers, dérobe
Soleil.
Quanta Çarvam,
de Kepêepoç dans
classique le
tres
védiques
le
dieu
des fonctions. Ainsi
s'explique la présence d'Hermès dans
du
»
et guérit les maladies, le
paraît pas plus douteuse
royaume de Pluton
dépeint bien
tel
Gor-
la
les
bœufs
se retrouve sous le
il
que
que
chien Sârarneja qui
le
cachées, conduit les
au sommeil
le
l'ont
(2).
conçu
nom
La poésie
les
chan-
:
Cerberus haec ingeiis latratu régna trifauci
Personal, adverso recubans immanis in antro
Dante, qui
place
Cerbère
montre exactement sous
(1)
dans son enfer, nous
même
Zei^scAn/< de Haupt, VI, 125.
(2) A.
(3)
le
Weber, Indische Sfudien, H, 295.
Enéide, y l, il7.
(3).
aspect
:
le
FORMATION DE LA FABLE.
Cerbero, fiera crudele e diversa
Con
tre gole
Sovra
la
l?.".
(1),
caninamente latra
gente, clie quivi è
sommersa
(2).
yeux
n'est pas jusqu'à la circonstance des quatre
Il
qui ne soit conservée quelque part
;
le scholiaste
d'Euri-
pide nous apprend (3) que c'est avec quatre yeux qu'on
se représentait le chien qui gardait la vache lo.
Remarquons
toutefois
en touchant de
comment
sa baguette
poésie grecque,
la
magique
sions, a su les transformer et les purifier.
ventive et fidèle, la Grèce n'a pas oublié
vara
:
mais
elle l'a
elle
en a
fait
un dieu.
le
fié
la
dans
fils
de
Pendant que
Perses amènent un chien au
qu'il les escorte
le
le
la fois in-
chien Çar-
lit
çabala (tacheté) des poètes védiques.
c'est le
rin/erno,
(3)
Phéniciennes, v 1123.
VL
les
Indous
la figure ailée et
mortalisée par les sculpteurs.
(1)
tempête
mais
:
et
les
des mourants, pour
d'Hermès psychopompe, chantée par
(2)
la
noir séjour, les Grecs ont con-
conduite des âmes à
c\i.
A
vi-
relégué au plus profond du Tartare.
Sdrameja,
Elle a conservé
sombres
ces
les
souriante
poètes,
im-
VII.
LE
MYTHE
Nous arrivons à
IRANIEN.
OHMUZD ET AHBIMAN.
nation qui, élargissant d'une façon
la
inattendue les proportions du mythe de Vritra, en a
l'événement capital de sa religion, qu'elle
fait
bordonnée en entier
tie
de
la famille
rameau
la
a su-
nous voulons parler de cette par-
indo-européenne qu'on a
iranien, et qui
comprend
la
Perse,
nommée
le
Médie
et
la
Bactriane.
La Perse
étroits
que
ou
;
lui
le
par
les
liens les plus
leurs langues ne diffèrent pas plus entre elles
;
les
et l'Inde sont unies
idiomes germaniques des idiomes Scandinaves,
provençal de
l'italien.
Certaines parties
du
culte,
certains dieux, sont identiques chez les Perses et les In-
dous.
si
Il
est d'autant plus intéressant d'observer l'usage
différent
the, qui,
que
les
deux nations ont
borné chez
les
Indous
fait
comme
du même mychez
les
Grecs,
LE MYTHE IRANIEN. OHMLZD El AHRIMAN.
au domaine
de. la fable
de
et
la poésie,
une influence décisive sur
traire
de penser des Perses,
et
est
la
125
a eu au con-
manière de voir
devenu pour eux
et
l'histoire
en raccourci de l'univers.
Le dualisme iranien
le
du mythe de Vritra. On
croire d'abord qu'une
pourrait
monde
est sorti
champ de
bataille
dont l'un distribue
doctrine
qui
une pure
suggestion de l'expérience ou un simple produit de
réflexion philosophique.
livres attribués à
arrivé à son
le
dualisme
achèvement, l'analyse philologique
permet de remonter à
la
ception et d'en découvrir
n'est pas autre
In
n'en est rien. Quoique les
Il
Zoroastre nous montrent
plein
du
de deux principes ennemis,
bien, l'autre le mal, est
le
fait
première forme de cette conle
point de départ.
chose que J n'ira grandi
Ahrinmn
'et transformé,
élevé au niveau de son adversaire, et remplissant de sa
lutte
contre
le
dieu suprême l'immensité du temps
et
de l'espace.
Il
ne faudrait pas supposer que cette extension ex-
traordinaire
vre de
la
du mythe de Vritra
Perse.
disputant au
il
en
A
la
dans
possession des vaches célesles,
les
védas qui présentent
sous un jour bien différent
«
Frappez-le,
entièrement l'œu-
côté des vers qui montrent Indra
démon
est d'autres
soit
est-il
dit
le
mythe
:
quelque pari, frappez Vriim
avec force, généreux Marais^ de concert avec Indra
que ce pervers ne règne pas sur nous (1)1 »
(1)
Rig,
I,
23,9.
;
LE MYTHE IRANIEN.
12C
Et
:
La foudre,
«
ne
ailleurs;
lui
servirent de rien. Lorsque
battirent ensemble,
temps
massue,
ni le tonnerre, ni la pluie, ni la
Maghavat
[ndm
Ahi com-
et
{\) triompha pour tous les
(2). »
Dans un autre
endroit^ Vritra porte
le
nom de
adeua,
l'ennemi des dieux, épithète qu'on croirait empruntée
aux idées iraniennes.
Quand
le
le
panthéisme
fut
devenu, non pas seulement
système philosophique des écoles, mais
universelle de l'Inde, au point
que toute autre manière
d'envisager l'univers fut pour
les
commentateurs se trouvèrent
fort
quer ces vers
et
ceux du
même
Indous
lettre close, les
embarrassés d'expli-
genre. Mais, en les rap-
prochant de l'Avesta, nous voyons que
Vritra avait eu dans l'origine
qu'il n'en eut
péens par
chez
la suite.
la
Au
célestes sont le prix,
comme
même
une portée plus grande
indo-euro-
d'un combat dont
on se
ayant pour objet
mythe de
le
plupart des peuples
lieu
croyance
la
la
le
les
représentait quelquefois
domination du monde. Le
caractère s'est conservé dans
la lutte
de Jupiter
contre Typhon, dans celle de tous lesdieux de
contre
les Titans.
Zeus
«
:
autres,
Hésiode
le
nous combattons tous
(I)
Surnom
{))
liicj,
I,
fait
d'iudiyr.
:$2,
i;i.
dieux Titans
les
et
TOlympe
dire expressément à
Depuis longtemps déjà, opposés
et l'empire, les
vaches
les
jours pour
nous,
les
uns aux
la
tils
victoire
de Kro-
ORMLZb ET AHRIMAN.
nos
(1).
)j
de rappeler
suffit
II
127
Prométhée d'Eschyle
le
pour évoquer ces grandes peintures d'une guerre implacable
dont dépendent
du monde. Par un sentiment
Grecs ont placé dans
les
des dieux et l'avenir
le sort
instinctif
les enfers la plupart
sonnages qui dans leur mythologie
analogue à Vritra
;
de ce dualisme,
des per-
un
jouent
Pluton, lai-même,
le roi
rôle
du séjour
détesté des dieux ^ ressemble par beaucoup de côtés au
chez les Germains, la sœur
démon védique. De même,
du serpent
Hel
Donar, a donné son nom
illidgard, tué par
à l'enfer.
La Grèce va encore plus
pose que Jupiter, dans sa
lutte contre
dû
dessous, que les dieux ont
montrait même en Crète
le
loin
:
sup-
elle
Typhon, a eu
du
se sauver
ciel;
le
on
tombeau de Jupiter (2). Sil'on
com-
se reporle au caractère physique du mythe, on
prendra aisément ce qui a pu conduire à cette idée
pendant
règne dans
l'hiver, le dieu qui
mort ou énervé,
les
sources de
leur sont taries, et le
dans
paraît triompher
démon
le
Tir7;ve;
xpiTEo;
àX/.r./.o'.ct
ônri'.
Kçôvoy
7:âvTa
ÈXYcvôjJLSffÔa.
Theolog., 646.
(i;
Calliniaque,
Hymne
Kprite; iz\
à Jupiter,
<\ii\i<r:ai'
Kpf.Tc; lTî*T^va->TO
cha-
stérilité
mythe de Vritra,
r^ty. [j.apvâ[ji£6' f.fAa-ra
tî Ôîo; y.ai
la
germe de dualisme,
'HÔTi vKp [i*Xa or,oov Èvavtîoi
/.al
de
semble
monde.
le
contenait dès Torigine un
'A/.r^;,
et
qui personnifie la
D'où vient cependant que
(1)
lumière
la
le ciel
:
.
v. 8
:
xai yàp totoov,
-v
2'
ù>
âva, Gtïo
oO 6âvî;' èaal yào
alti.
(]ui
n'ait
LE MYTHE IRANIEN,
128
porté ses fruits que dans la Perse? Pourquoi l'idée d'une
deux
lutte entre
preinte dans la
dans
On
les autres
principes, qui s'est
mazdéenne,
religion
fortement em-
si
n'est-elle restée
mythoiogies qu'un incident secondaire?
a donné pour raison
le
climat de l'Iran, tour à tour
du pays, où
bienfaisant et meurtrier, la configuration
les déserts
de sable brûlant succèdent aux plaines
Mais
les (1).
la véritable cause, selon
nous, est ailleurs.
Les di^ux védiques ont un double caractère
même
:
sont,
ils
Varuna^ de Mitra,
moral de
caractère
le
célébré
d'hirira, soit
en termes magnifiques, on s'aperçoit que, plus
ligion indienne
Le panthéisme, en devenant
croyance philosophique de tous
ressa de la mythologie
que des
dans
les esprits, les désinté-
figures fantastiques d'un ordre inférieur;
leur
:
les
L'Iran
s'évanouit.
àses premiers dieux,
plus leur signification morale. Le
cesser d'être
le
le
et la
une forme
fit
au
,
ressortir
mythe de
contraire,
de plus en
f rit/a, sans
combat de deux puissances qui
règne de
l'injuste:
l'homme,
(I)
dieux on ne
plus
resté fidèle
prit
la
vit
autorité rehgieuse
de
la re-
avance en âge, plus ce côté des dieux
rentre dans l'ombre.
et
en
temps, des forces physiques et des êtres moraux.
Quoique dans certains hymnes védiques
putent
ferti-
il
la
nature, fut surtout
fut transporté
de
la lutte
la sorte
se dis-
du juste
au-dedans de
conception ébauchée par l'imagination
définitive
dans
la
conscience.
Voy. Dunckei-, Grschichlc des Allerf/iuins,
t.
H,
\).
'î\>7
ss.
Une
fois
ORMUZD ET AHRIMAN.
reçu dans ce foyer,
m\ Ibe, en rayonnant au dehors,
le
éclaira toute la religion iranienne
partagé entre
les
originalité de
la
deux
le
monde
principes. C'est
:
que
landis
gardé des croyances primitives que
en a conservé
:
l'esprit
:
le
le
entier fut
véritable
la
là
qu'on
religion de l'Avesta,
pour une réforme
tort
129
a prise
brahmanisme
la lettre, le
à
n'a
mazdéisme
Parse, qui voit l'univers par-
tagé entre deux forces partout en présence et tour à
tour victorieuses, jusqu'au triomphe final d'Ormiizd, est
[)Ius
près des représentations mythologiques du premier
âge que l'Indou qui, ne voyant partout qu'apparence
illusion,
enveloppe l'univers
dans l'existence d'un seul
mythe védique. Iritra
est,
Au moment où
deux peuples, ce mot
victorieux, car nous
comme dans
les
les
le
mêmes noms que dans
les
trahan (meurtrier de Vritra)
ihraja (1).
sa propre personnalité
être.
Nous retrouvons en zend
le
et
en zend, verethra^
est
les
Ariens se scindèrent en
avait déjà pris le sens général
védas, pour qualifier, non-seulement
(12).
il
On
est
(1)
Burnouf,
E.
(2)
On
torieux
dit, p-ir
Comm. sur
;
le
ren-
même
propre pour désigner un dieu ou ized
qui personnifie la victoire, rerethraghna , dans
1845, avril, p. 304
de
trouvons employé dans l'Avesta,
contre au comparatif et au superlatif, et
comme nom
et vri-
verelhraghna ou vcre-
dieux, mais les objets les plus divers
usité
et
le
Yaçmi, pp.
les lan-
190, 58'2, et p. cwviii. Joiirn. as.,
juiu, p. 414.
exemple, d'un hymne,
(pi'il
est
vere/hrozançlema
(très-vit-
.
9
LE MYTHE IRAMEN.
130
nom du démon, Ahi
gues modernes Behram. L'autre
(serpent), est, en zend, azi
que
voit
les
l'on recherche
termes sont exactement
dans
les livres
tances du mythe védique, on
comme en
réduites
là,
tout.
mêmes.
Si
trouve dispersées çà et
les
poussière, mais présentes par-
nom de
le
que
n'est autre
Traitana des védas,
l'épopée persane sous
les
zoroastriens les circons-
Le héros Thrdetaona^ qui
Trita (1) ou
auquel vient s'ajou-
aji\
dahâka^ qui veut dire ennemi.
ter d'ordinaire Tépithète
On
ou
et
le
dieu
qui figure dans
Féridoun^ tue
le
ser-
pent azi dahàka, qui a trois têtes, trois queues, six
yeux, mille forces
(2); le
héros Kereçdçpa,
le
Guerscliasp
du Schnh-namèh^&ow{\Qi\om cache probablementuneanciennc divinité solaire, frappe de sa massue
Crrivani
(le
Ailleurs
une
conduit
les
Kspêspo;
lutte
grec,
s'engage
depuis l'origine du
un
etitre
le
la
(3).
dieu Tistrja, qui
mer
céleste, et le
qui veut les retenir. Mais ces combats ne
sont que des épisodes de
la
monde
peut objecter (jue
man), qui
serpent
Çaivara védique)
eaux des nuages vers
démon Apaosha
On
le
le
le
grande guerre commencée
entre
Ormuzd
nom d\4nfô
signifie Y Kspiit des ténèbres^
et
Jhriinan.
niaiiiyus (Ahi'i-
semble indiquer
forme physique que
les
védas allribuent à Jhi. Mais cette expression a été
in-
être immatériel et exclut la
ventée pour faire opposition au surnom ordinaire d'Or-
(IJ
Voy. plus haut,
(2)
Yaçna,
(3)
Yaçna, IX,
IX, 24.
31.
p. 92.
0RML7.U ET AHRIMAN.
mainjus {^Esprit de Lumière). Par un
miizd, çpentô
effet
analogue de
Ahriman
la
symétrie qui règne dans
lui
mière des mauvaises pensées
et des
C'est petit à petit
Parsisme,
obéissent, source pre-
mauvaises actions.
que l'ancien démon védique
au rôle considérable
mesure
o^Ormuzd
prenait
le
pas sur
qu'il
joue dans
un caractère
revêtait
les
zends
recevait de
proportions
du dieu
l'on ajoutait à la majesté
à
:
plus auguste et
Jhriman
autres dieux,
est arrivé
les livres
populaire de plus amples
l'imagination
que
le
devenu créateur d'une partie du monde,
est
chef d'une légion d'êtres qui
tout ce
131
;
faisait
monter d'autant son ennemi. Par une réaction curieuse
à observer, Vritra, uni d'une façon indissoluble à son
adversaire, profitait des progrès que les Perses faisaient
vers
monothéisme,
le
et,
tandis
en puissance, réunissait tous
Ormuzd, grandissant
{\\jl
les attributs célestes, y^hri-
concentrant dans sa personne tous
/naii,
négatifs, arrivait à former le pôle
les
opposé de
éléments
la
religion
donné naissance au dualisme
iranien,
mazdéenne.
Une
fois qu'il a
Alirimaii appartient autant à
mythologie
:
les
la
lutte
mythe a pénétré
croyances d'un peuple,
sous mille formes
de
métaphysique qu'a
son histoire se confond avec celle
sisme. Mais, quand un
ment dans
la
entre
:
du Par-
aussi profondéil
se reproduit
à côté de la représentation principale
deux
principes,
la
fable de
J'rifra
poussa une quantité dé rejelons qui pullulèrent dans
mazdéisme
et
la
survécurent à
la
chute de
la religion.
le
Le
LE MYTHE IRANIEN.
132
Schâh-namèh, ce vaste
traditions
de
curieux recueil poétique de»
et
nous en
la Perse,
preuve
offre la
sous
:
prétexte de raconter les origines de la monarchie persane,
le
Firdousi nous retrace les mythes de
poëme de
l'Avesta, dépouillés de leur merveilleux et arrangés en
événements humains par révhémérisme populaire.
Il
y
a peu de comparaisons qui éclairent autant l'histoire
des mythes que l'étude des légendes du Schâh-namèh,
mises en regard de leur forme originale conservée dans
les livres
On
zends.
a vu plus haut
dique
le
serpent
Schâh-namèh^
Férifloun,
est
;
l'identité
fractions
devenu un
qui délivre
de
tué par
ayant
Thraétaona
noms
la famille
Thraétaona
azi dalidka,
des
(1);
que Thraétaona,, un ancien dieu vé-
de
roi
l'Iran
la
de
usurpateur venu du fond de l'Arabie,
hâk
un exemple
allons en indiquer
commun aux deux
défait
lie,
Nous
la
Azdehâk ou Zo-
est évidente (2).
Le serpent
comme
zends
Schdh-namèh raconte que,
sortit
de chaque épaule un serpent dont
sait à
mesure qu'on
coupait. On
le
tyrannie d'un
arabe Zohàk ayant été un jour embrassé par
la
dans
,
première dynas-
est décrit par les livres
trois têtes; or le
arienne,
le
démon,
la tête
le voit, c'est
le roi
il
repous-
un mélange
singulier d'extrême fidélité dans les moindres circonstances, et d'innovation naïve dans leur interprétation.
(1)
Voy. Roth, die Sage von Ferldun {Zeitschrift der deutschen morgen-
Idndischen Gesellschaft,
(2)
t.
H,
Le changeineut du th en
et le russe
Fédov;
le
p. 216).
/ est
grec ancien
fré(]iient.
Or,o et
le
Comparez
moderne
=r,&
le
(ea
polonais
latin
Theodor
Ica).
ORMIZD ET AHRIMAN.
On
pourrait faire sur
plupart des héros de
la
mière partie diiSc/id/i-namèh,
ridoun.
la
Ils
même
la
leur propre
compte
qu'Orma^r/ soutient dans l'Avesta
lutte
paraît sous la figure d'un prince
prend
alors le dualisme, se matérialisant,
guerre entre l'Iran et
Nous ne
tan-
ennemi
il
se
avec son aspect de dragon lançant des flammes
rant à lui ses ennemis.
;
;
forme d'une
la
Touran; tantôt
le
pre-
même étude que sur AV-
la
recommencent tous pour
Ahriman
tôt
133
montre
et atti-
citerons qu'une seule
de ces innombrables peintures qu'on peut rapprocher de
la
description de
Typhon dans Hésiode
c'est Zal, l'un
:
des plus célèbres guerriers de l'épopée persane, qui raconte lui-même son combat (1).
«
N'eussé-je, moi qui
porte la tête plus haut que les plus fiers
monde que
traces dans le
qui sortit du Ht
comme
la
égalait
la
dislance
remplissait l'espace
hommes
de
ville
la terre
que
et
ma
rendit la terre nue
gloire.
Sa longueur
à une autre, sa largeur
d'une montagne à une autre. Les
tremblaient devant
et nuit. Je vis
à
suffirait
dune
laissé d'autres
destruction de ce dragon
la
du Kaschaf,
main, cela
,
lui, ils étaient
l'air était
au guet jour
vide d'oiseaux,
et la face
privée de bêtes sauvages. Le feu du dragon
brûlait les ailes des vautours^ son venin dévorait la terre.
aurait tiré de l'eau le crocodile farouche, et de
11
l'aigle
et
aux ailes
d'animaux,
(1)
Schâh-namèh,
rapides.
l'air
La terre devenait vide d'hommes
et toute créature lui cédait la place... J'ar-
I, p.
309, Irad. de M. Mohl.
LE iMYÏHE IRANIEN.
134
rivai près
de
montagne, traînant par terre
Sa langue
à des cordes.
gueule
était
les poils
à
mes yeux comme une mer,
nuages sombres...
onzième
par
barrière
ligion, reproduit,
et
»
le
;
me
Il
monde
devant
était
une fumée noire volait
Le poëte mahométan du
du temps, de l'idiome
sans
la
cueilli
Il
semblait,
le savoir,
les
et
mêmes
la
Grèce
de
la re-
images.
ne peut être question d'imitation ni d'emprunt
dans
deux
ses
;
quoique séparé des poètes de
siècle,
la triple
tronc noir, sa
deux bassins remplis de sang.
ô roi, qu'il était rempli de feu
les
tête pareils
chemin
le
hurla et vint à moi avec rage.
vit,
vers
de sa
comme un
était
béante et pendait sur
yeux ressemblaient
me
semblable à une grande
et je le vis
lui,
:
mémoire du peuple persan que Firdousi
ces légendes, aussi anciennes
que
la
Il
c'est
a le-
race indo-
européenne.
Comme
Perse s'est trouvée de bonne heure en
la
contact avec
Judée, on peut se demander
la
the de Vritra n'a pas pénétré chez les Juifs, et
être tenté
de rechercher
avait
le
my-
Ton peut
leurs livres n'en contiennent
si
pas quelques traces. Sans doute
tique
si
le
dualisme systéma-
des Iraniens devait répugner à un peuple qui
fait
du monothéisme
religion. Mais
des légendes
fut frayé
il
si
ne
serait
le
dogme fondamental de sa
pas étonnant que quelqu'une
nombreuses
sorties
un chemin jusqu'en
du mythe de Vritra se
Palestine, et eût pris s a
place dans les livres juifs, en s'accommodant au caractère général de la religion Israélite.
Une
telle
question
ORMUZD ET AHRIMAN.
pourrait paraîlre téméraire
si les
135
hébreux
livres
étaient
purs de tout mélange étranger; mais on peut citer des
preuves, en quelque sorte matérielles, de l'influence du
parsisme sur
des traces évidentes de
bit contient
nienne.
la
livre
Raguel
hommes
démonologie
qui
successivement
tue
et
(1),
sont donnés en mariage,
lui
à la Perse par son
la
sieurs fois
comme
rôle
pai-
nom.
son
uommé
est vrai
même pas
sept
C'est
le
dé-
concupiscence, une sorte de Cupidon, plu-
dans l'Avesta
reux de tous {esdeifs (démons)
Il
ira-
appartient
AésJinia claeVa [en parsi, csheni-dei')^ c'est-à-dire
mon de
de To-
Asniodée, ce mauvais esprit qui aime Sarra,
de
fille
croyances hébraïques. Le
les
le
Bible. Mais,
que
le livre
comme
le
plus dange-
(2).
de Tobit, dont nous n'avons
texte hébreu, est un des plus récents de
si
nous trouvons dans
ciennes des conceptions du
même
les
la
parties plus an-
genre,
il
sera permis
de supposer que des légendes iraniennes ont pénétré
chez
où
la
les Juifs, soit
ils
pendant,
La
foi
à des
même
avant l'époque
communication immédiate avec
se trouvèrent en
Perse.
soit
démons
devait d'autant plus
cilement trouver accès chez les Hébreux, que leurs
fali-
vres contiennent plusieurs passages qui ne sont pas sans
analogie avec les croyances parses. Le livre de Job introduit Satan dans le conseil de Jéhovah; le Lévilique
parle d'un bouc qu'il faut offrir à Hazazel. Ces passages
(1) VI, 14.
(2)
Benfey undStern, die Per sise hen
Monatsnamen
,
p. 201.
LE MYTHE IR.AMRN.
136
sont d'un sens Irès-vague;
mais
vantage pour familiariser
les
démon,
et
tentateur ou d'un
cueillir les
il
n'en
Juifs
poui'
avec
les
pas
fallait
ila-
d'un
l'idée
disposer à ac-
légendes étrangères conçues dans
même
le
esprit (1).
Le
récit
contenu dans
nèse offre avec
le
troisième chapitre de
Ge-
la
croyances mazdéennes un rapport
les
trop frappant, pour que nous puissions nous refuser à
y voir une infiltration des idées iraniennes. Non-seule-
ment
serpent rappelle Ahrinian par sa forme et par
le
son rôle^ mais
le
paradis, l'arbre de vie, l'arbre de
la
science, sont des représentations qui reviennent sou-
vent dans
isolées et
de
la
comme
la
égarées dans
le
Pentateuque. Le reste
Bible (nous ne parlons pas des livres les plus ré-
cents) n'y fait
de
zends, tandis qu'elles se trouvent
les livres
aucune
;
bien plus,
caractère
le
semble indiquer une provenar)ce
narration juive
étrangère. Le
allusion
mythe
est
naïvement défiguré,
et certai-
nes circonstances fabuleuses sont rapportées par
torien sans qu'il en
comprenne
pent, tout en jouant
le
présenté
comme
le
le sens.
rôle <^ AJirinian^ est
inimitié entre toi et la
semence de
léte et tu lui
(1)
,
le
ser-
simplement
plus rusé des animaux que C Eter-
nel Dieu avait faits. Ces paroles de Dieu
la
Ainsi
l'his-
femme,
la femme; cette
mordras
le talon. »
:
«
et entre ta
semence
sont
Je mettrai
semence
te brisera
comme une
Michel Nicolas, Doctrines religieuses des Juifs, p. 241.
et
la
rémi-
ORMUZD ET AHRIMAN.
niscence vogue de
137
i^uerre éternelle ^u\^//nr//û/i fait
la
au genre luimain. La narration biblique porte
tère d'un récit reçu
par
et altéré
circulation.
la
sion d'Jhr/ma/i dans
hébreu dans
ple
carac-
le
de seconde ou do troisième main
le
C'est
le
monde, interprété par
sens du monothéisme,
le
de
tableau
l'inva-
peu-
le
arrangé
et
en apologue.
Au
aux
lés
quand
reste,
Perses
croyances,
ils
les Juifs se
et
ne
s'y
pénétrés
jardin d'Éden. Dans
en
tous sens
trompèrent pas,
connurent Satan dans
le
les
mê-
trouvèrent plus tard
par
leurs
et d'instinct ils re-
serpent, et un païadis dans
le
derniers livres de
la
la
Bible,
ressemblance devient beaucoup plus directe; dans Zacharie (1) et dans le premier livre des Chroniques
Satan s'approprie
comme
l'auteur
que Satan
est
le
caractère (X Ahriman
devenu
role de Dieu (5).
Il
perdre, est
le
le
prince des
tente
il
appar.iîl
démons
l'ennemi de
de Dieu;
entré dans Judas.
est appelé le
il
:
(4.),
le fils
nous montre Satan revêtu des
riman
ç,i
du mal. Plus tard encore, nous voyous
source des mauvaises pensées
pour
,
(•2>,
c'est
(3),
la
la
pa-
lui
qui,
L'Apocalypse
attributs physiques d'^//-
dragon,
le
serpent ancien (6);
des combats à Dieu et à ses anges. Le mythe
livre
(1)
m,
(2)
XXI,
(3)
Matthieu, IX,
(4)
Apoc,
(5)
Luc, VUI,
(6)
XXU,
1.
1.
V, 3.
2.
12.
34.
138
LIî
MYTHE
IRANIEN'.
védique, transformé et agrandi par
pénètre
par celte voie dans
le
les livres iraniens,
Saint
christianisme.
Michel, qu'un passage de Daniel (4) indiquait pour ce
«
Et
il
comme un
dragon
rôle, défait le
y eut une
bataille
combattaient contre
le
au
ciel.
Et
le
et
ils
dragon,
dragon
et le
ils
grand dragon,
ne furent pas
le
serpent ancien, appelé
monde,
fut précipité
anges furent précipités avec
terre, et ses
anges
et ses
ne purent plus se maintenir dans
diable et Satan, qui séduit le
Une
Michel et ses anges
ciel (2);
combattaient contre Michel. Mais
plus forts,
autre TJtraëtaona,
représentation répandue dans tout le
ropéen, l'eut autorisée aux yeux de
monde
C'est sous ce
déguisement que
venu jusqu'à nous
traditions
Georges ou saint
et a
le
mythe védique
encore ses
fêtes
dieu
lance à
la
et ses
main, debout sur
une image aussi familière à tous
il
Indra foulant aux pieds
le
démon
X, 13.
(2) A]poc., XII, 7.
(3)
monu:
saint
dragon,
yeux que
y a trente siècles, à lesprit des Indous^,
droyé.
(1)
les
le
(3).
est par-
ments. Les arts l'ont consacré en mille manières
,
en
indo-eu-
Théodore à Jupiter, Apollon, Hercule ou Persée
pu être
le
lui. »
la foi, les
locales substituèrent saint Michel, saint
est
le
que l'Apocalypse, en donnant place à une
fois
Michel, une
les
Voy.M. Maury,
les
Légendes pieuses,
p. 131
l'a
le
Vvitra fou-
VIII.
LE MYTHE GEBMAMQUE.
La mythologie germanique, qui
en documents de
la
montrée
s'est
riche
plus haute antiquité, depuis qu'on a
su l'interroger, nous offrira un certain
à ajouter à l'histoire
de
Outre
ï'ritra.
par Tacite,
les
nombre de
les
mes allemands ou Scandinaves, encore
dieux décrits
si
faits
anciens poè-
tout pleins des
mythologues allemands
trouvent une mine inépuisable dans les usages,
les tra-
ditions et jusque dans les proverbes et les locutions en-
core en vigueur aujourd'hui.
On peut
persistance; mais les mythes, -qui sont
lisation
lui.
du langage,
En changeant
logie, sans
traire, la
nommer
Germanie
comme
la cristal-
s'y attachent et se perpétuent
d'idiome,
hériter
s'étonner de cette
la
avec
Gaule a perdu sa mytho-
de celle des
conquérants.
Au
con-
parle encore l'idiome qui a servi à
ses anciens dieux
;
elle
prononce leur
nom
sans
LE MYTHE GERMANIQUE.
140
s'en clouter, et
de creuser
suffit
il
le
langage populaire
pour mettre à découvert tonte une religion que
mythologie allemande, M.
aux
désigner
aux animaux,
plantes et
hommes
des
Grimm
J.
fait
la
servir à Tbis-
des dieux les dénominations données anx pier-
toire
res,
temps
Dans son grand ouvrage sur
peine enfouie.
à
a
le
les
des
et
jours de
lieux,
la
les
légendes locales et
fils
dans
les
noms propres
termes employés
les
semaine ou
les fêtes
pour
de l'année,
contes transmis de père
les
campagnes.
les
Comme
en
en sanscrit et en grec,
arrive souvent qu'en ramenant à leur sens étymolo-
il
gique
noms des personnages qui
les
mythe,
la
figurent dans un
un phéno-
disparait, faisant place à
fiction
mène physique.
L'équivalent de Djinis et de Jupiter dans
des anciens Germains est
suprême
le
s'est fractionnée,
au premier rang
Wuolan
dieu Zio
et,
et
à côté
;
mais
de
Zw^
la
religion
la
divinité
paraissent
Donar. Le dieu Douar, en
vieux saxon Thiuiai\ en anglo-saxon Thunor, en nordique Thôn\ représente
ce
nom
le
tonnerre, qui porte encore
en allemand {cloimei^
(1).
Il
lance
le
marteau
Miôlnir, dont le passage est précédé de l'éclair et qui,
après avoir frappé
le
main. Marteau se
dit
d'hui /lamrnei)^
pierre dure,
(1)
mot
but, revient
en
vieil
p. 151.
allemand ^«/w«r (aujour-
qui, anciennement, désignait
un rocher. La
Grimm, Myth.,
de lui-même d'ans sa
lettre
allemande
//
est
une
rem-
LE MYTHE GERMANIQUE.
lil
placée dans les langues slaves Dar un k; /lai/iar, en
slave,
devient kdineii,
(ikincns
^çnidii
en
nous retrouvons
:
ainsi le
grec âV.awv (1).
et le
(ikma
lithuanien
mot sanscrit
Donar
«énilif
^
zend
et
combat au
livre
ser-
pent Midgard, frère de Fenriswolf e.\. de Hel. Ftnris-
wo/fest
loup qui hurle dans
le
donné son nom à
l'enfer
tempête; He/^ qui a
la
germanique,
empoisonnée*
/^o/ïw/*
lui-même, en
le
Midgard
de
récèle (hehlen, cacher) l'orage. L'haleine
est
nuage qui
est le
tuant, est suf-
foqué.
La mythologie allemande raconte que
Thôrr
lui
a été dérobé par un géant
dément dans
peu,
et
D'un
la terre;
au bout de sept ans
et enfouis
dans
trésors
le sol,
tent à la surface (2).
bas,
remonte quelque
il
la
Bavière
la
le
et
La parenté des deux idées
tromper ou vaincre
il
lumière.
l'éclair
sont considérés
la
le
terre
va
le ciel,
pour l'emporter,
;
dragon qui
le
garde
défendait dans les airs. C'est
ici-
là le céil
dans l'épopée germanique. Siegfried,
^r
1(1.,
{;!)
Schwartz, der Uvspruruj der Mythologie,
ibid., p. Ibô.
la
est aisée
lèbre et mystérieux trésor des Nihelungen, dont
tant question
de
à la garde de dragons
trésor qui, après avoir brillé dans
comme
profon-
qui au bout de sept ans remon-
se cacher au plus profond de
faut
marteau de
et enterré
revient à
commis
nuages dorés par
voir. Les
comme un
il
il
autre côté, les légendes de
Souabe parlent de
à
tous les ans
le
Bopp, Lexique sanscrit,
s.
v.
Açmaa.
p. 64.
est
le
LE MYTHE Gr.HiJAMQUE.
.142
héros du poëme, rencontre au pied d'une montagne les
nains ISibelung et Schilburig qui se disputent
le trésor
de leur aïeul. Invité à
il
le
partager entre eux,
reçoit
en récompense Tépée invincible du vieux roi Nibelung; mais
ne parvient pas à diviser
il
reporté dans
la
montagne. Une
descendants de Nibelung
que douze géants
lutte
rend invisible
par qui
il
et
le
il
est
bonnet [larnkappe)
de prêter serment à Siegfried^
est constitué le gardien
damment du combat
ainsi
les lue,
de leurs serviteurs. Le
vaincu également, obligé de céder
le
il
venger ses maîtres; mais
nain Alberich veut
qui
trésor, qui est
s'engage entre les
et Siegfried;
et sept cents
le
du trésor
(1).
contre les I\ibelungs,
Indépenest
fait
mention d'une victoire de Siegfried sur un dragon
{lin-
daarrfi) dont
rend
le
sang, en coulant sur son corps,
Le héros épouse
invulnérable.
il
la
le
princesse bourgui-
gnonne Kriem/ii/d;
il
frappé par Hagen^
qui coimaît la seule place de son
corps
par où
il
périt
dans une partie de chasse,
peut être blessé. Le trésor des Nibe-
àings, qui était la dot de Kriemhild, est descendu par
Rhin. Le poëme, dans sa seconde partie,
elle
dans
fait
intervenir Attila (^Etztl)^ roi des Huns, qui épouse
le
Kriemhild;
celle-ci
emporte avec
elle sa
dot et
la
fait
servir à la vengeance de son premier mari.
Dans
la fable
(1)
les
chants Scandinaves nous retrouvons intacte
dont l'épopée des Nibelungen^ dans sa rédaction
A'ibelungen, 3* aventurée
I.E
actuelle,
MYTHE GERMANIQUE.
nous montre
143
fragments brisés.
les
n'est
Il
pas
question de Huns, ni de Bourguignons; l'action est en-
core placée dans son milieu mythique. Siegfried apparaît
comme
on
lui
le
représentant d'Odin
donne
le
nom de
dans
:
l'un
de ces chants
Sigemu/id, et Sigmundr est un
des surnoms du dieu (1). Tout est merveilleux dans sa
vie;
il
Régino, aimé de
est élevé par le génie
Brunhild^ armé d un casque qui
rie
tue
le
serpent Fdfidr qui garde
c'est-à-dire le roi des
nubes)y et
comme
Que
le
il
le
le
la
walky-
rend invisible
trésor
du
devin Gripir
les
vsçoç,
coups du perfide Hagano,
le lui
avait prédit.
ce mythe, modifié par
mat des peuples du nord,
il
roi Nijling,
nuages (en allemand nebel^
tombe sous
;
génie et d'après
le
soit
le cli-
originairement identique
à celui de Fritra, c'est ce qu'il n'est guère permis de
révoquer en doute. La ressemblance de Siegfried avec
que
Achille est manifeste et conduit à l'hypothèse
a,
comme
fait
les
l'Iliade
Nibelungen, pour donnée première un
mythologique, que des événements
réels, qui y
ont
été mêlés, ont contribué à défigurer. Diverses circons-
tances qui, dans l'histoire de
Donar ou de
Siegfried,
pourront sembler nouvelles, ont leur équivalent dans
la
mythologie de l'Inde ou de
la
Grèce.
De même que
le
marteau de Thôrr revient de lui-même dans sa main,
les flèches
d'Apollon
M y th.
(1)
Griinm,
(2)
Quintus de Smyrne,
lui
sont rapportées par
le
ail., p. .iU.
m,
86. Scliwartz,
ouvrage
cité, p.
105.
vent
(2).
LE MYTHE GERMANIQUE.
144
Le casque qui rend Siegfried invisible
Homère
à Pluton (1); Persée
battre la Gorgone.
Quant
des
se trouve
trésors,
elle
que dans
bien
rappeler
les
la
vers
du dragon gardant
à la fable
dans
les
védas
classique.
Phèdre (3)
de
du dieu pour com-
reçoit
mythologie
spelancatii idtinuini^
lus. »
le
est attribué par
:
«
Il
Àd
(2)
,
aussi
suffit
de
draconis
custodiebat qui thésaurus abdi-
Les mois denXouxwv et de Dis^ appliqués au dieu
même
des enfers, tiennent à
la
différentes mythologies
que nous passons en revue
conception. Ainsi les
com[)lètent l'une l'autre, et les traits
tenié d'abord de regarder
l'une d'elles,
se
comme
mêmes qu'on
se
est
des innovations de
retrouvent, marqués plus ou moins
fortement, dans toutes.
(1)
Iliade, V, 845.
(2)
Dasyum dhaninam
véda,
(3)
I,
33, 4.
Phèdre, IV,
19.
[divitem daenwnem, en parlant de Vrifra), Rig-
IX
ALTERATION DL M\THE CHEZ LES GKECS ET CHEZ LES IM)OLS.
Pour terminer
à
le
l'histoire
suivre dans
quand
il
dans
la
Grèce
et
dans
le
nous reste
l'Inde,
sence de générations nouvelles habituées à
qui
il
dernière partie de son existence,
la
se trouva
de notre mythe,
prirent tour à tour pour
thème à
la
en pré-
réflexion,
leurs créations
poétiques, pour texte à leurs commentaires philosophi-
ques, ou pour point de mire à leurs moqueries.
façons
le
mythe dut
tions auxquelles
vant que ce
il
fut le
se modifier
fut
;
mais
les
toutes
transforma-
exposé sont de deux
peuple ou un seul
De
sortes, sui-
homme
qui
le re-
mania. Quand Eschyle ou Gœlhe s'emparent d'une
gende,
ils
première
la
et
renouvellent de fond en comble
donnée
:
menus
circonstances accessoires, ensemble et
détails, tout
change d'aspect sous
leui-
main.
lé-
On peut
10
ALTtoATIO.N DU MYÏHK
I4G
eu dénainrent à
(lire qu'ils
An
(lu
quand
contraire,
temps,
le
elle est
mœurs
soumise à
la suite
du
d'une force lente
l'actiou
Au moment où
composée par
sit
fidélité
la
trame de
les
conception, se
la
et l'immortalisa
allait être
dé-
est
en
le
défigu-
un épisode de
la
Dieux, n'emprunte guère à
Iqs
noms des personnages. Prométhée, invenl'Olympe, vainqueur
teur des arts utiles, défenseur de
deKronos
imperson-
l'analyse philosophique, Eschyle se sai-
guerre des Géants contre
que
et
inconcevable.
Le Pronukliée enchaîné^ qui
la fable
la religion,
et le corps, c'est-à-
mythologie grecque
du mythe des Titans
rant.
change,
récit et la
conserve avec une
travail
le
des idées, en un mot quand
et
nelle, c'est l'esprit seul qui
dire
modifiée par
la fable est
changement des usages ou de
progrès des
le
l'esprit et le corps.
fois
la
et des Titans, qu'il
enferme dans
le Tartare,
victime de l'ingratitude de Zeus, et attendant sur son
rocher l'époque connue
dieu doit tomber
;
rieuse grandeur,
le
seul
lui
appartient
si
bien
au
ne faut pas confondre
(1)
les
la
la
I,
pp.
le
se-
Grèce antique. Mais
même
que
légende de Faust,
V. Promélhée enchaîné,
tragiques grecs,
à la postérité,
renfermer
lors
du
il
donnée populaire avec l'œuvre
l'erreur serait la
retrouver dans
troisième
méditatif
fait illusion
cret de l'histoire religieuse de la
:
le
génie
mythe des Titans parut dès
du poëte
où
cette conception, pleine d'une mysté-
poëte (1). Eschyle a
que
de
v. 199, sq.
'>.'io-29'( ss.
î).iS
si
nous voulions
telle
sq. e»
qu'elle était
M. PaUii, Éludes sur
vM.
i
CHEZ LES GRECS ET CHEZ LES INDOUS.
jouée sur
les théâtres
du moyen à^e,
147
et telle qu'elle est
racontée encore dans les villages de l'Allemagne,
du drame immense que Gœthe en a tiré.
tée ptiilosophique
Pendant qu'Eschyle donnait aux Titans un éclat
tendu, qui les
fit
logique auquel
por-
la
sortir
pour toujours du groupe mytho-
appartenaient,
ils
inat-
reste de cette famille
le
de monstres continuait une existence modeste, souvent
exposée aux outrages du temps
A moins
foule.
d'une adoption
et
aux moqueries de
de laquelle
l'abri
ils
où
s'éveille, est
laquelle,
la religion,
ont grandi, a cessé de
ger. Cette raillerie grossière,
fruit
de
aux époques de
certaines fables reçoivent
foi,
est
de cette dernière façon
moitié terrible,
si
:
intelligent
lourdement dans
grand que Jupiter
les
pièges de son
C'est ainsi
qne
et
faible et
ennemi, qu'est-ce autre chose, au fond, que
le
le
mythe
Odyssée, IX, 216. L'aventure de Polyphème se renouvelle sous une autre
forme en
Sicile (XII, 260),
d'Hélios.
Remarquez
mais qui appartient
la
ce Cyclope, moitié naïf,
énorme que son bâton ressemblée un
Géryon des matelots grecs (1)?
(1)
L'histoire
un exemple du mythe
vaisseau, qui se croit plus
qui tombe
qui
bien différente delà gaietébienveillanteavec
de Polyphème dans Homère
mât de
à
les proté-
la réflexion
un tour comique de l'imagination populaire.
traité
des my-
illustre, le sort
thes est d'être livrés à la risée, lejour
la
où
les
compagnons
celte circonstance
à la
donnée primitive du mythe
broche, les bœufs mugissent encore
Toît;-/ S' aOxtx' i-z\zx ôiol
alp-Koy
[j.£v
ÔTzta/ix Tï
d'Ulytiso
prennent
les
bœufs
qu'Homère ne peut plus expliquer,
:
(}uoique tués et mis
à
:
xÉpaa Trpoijïatvov
ptvoi, x.psa 5' aij.5' oSi/.oï: ÈaejAvv.s'.
-/ai
waà" powv
o
m- YÎyveTo
cptovr).
Odyssée, XU,
V. 3D4.
ALTÉHATlOiN DU MYTHK
148
des bœufs du Soleil se racontait à bord des navires. Quel-
que chose de
Cjdope
Mais
même
la
gaieté inoffensive a passé dans le
d'Euripide.
il
ne paraît pas, autant qu'on en peut juger par
quelques fragments,
en
qu'il
ait été
même
de
médie grecque, où Géryon semble avoir
livré
aux
r^res
de l'amphithéâtre,
gloutonnerie (1)
en
ridicule
:
un personnage
que provoquent
Sans doute
il
les
récits
de
la
co-
type de
la
servait-il à tourner
Rien n'est fré-
politique.
comme
quent, mais rien n'est vide de sens,
la
simplement
été
comme un
nom
peut-être son
de
cette gaieté
mythologie grecque.
ne faut pas demander aux fables un sens
symbolique qu'elles n'ont pas
;
mais que dire de ceux
qui en font un sujet de dérision, et qui, sans
le
savoir,
emploient pour expliquer ces contes, qui leur paraissent
si
plaisants, les termes
mêmes
L'ignorance n'est pas
vées à
elles
la vieillesse; le
le
pire
d'où
ils
sont sortis?
ennemi des
peuple conserve toujours pour
un fond d'indulgence, comparable à
les enfants portent'
musent. Mais
aux
fables arri-
l'amitié
figures grotesques dont
les fables
ont à subir
les
ils
s'a-
mépris de
science qui s'essaye, et cette sorte de répulsion que
prit
que
la
l'es-
de réflexion, dans ses commencements, éprouve
pour tout ce qui
est irréfléchi et
spontané. Socrate nous
présente la pensée grecque, arrivée à
même,
la
conscience d'elle-
éprise de la dialectique, de la psychologie, de
(1) Meiiifke,
CojHicorHm grifcorum fraijmcn/a,
I,
re-
p.
;}ji;
UF, p. 323.
la
H9
CHtZ LKS GRhXS ET CHEZ LES INDOUS.
morale
désintéressant
se
et
,
croyances du passé. Dans
Max
M.
le
de plus
des
plus
en
début du Phèdre,
cilé
par
Muller, nous voyons Socrale parler avec dé-
dain précisément du mythe que nous avons examiné:
à moi, Phèdre, je pense
« Quant,
que ces explications
sont fort ingénieuses, mais elles exigent
mettent un
fort d'esprit, et elles
homme
un grand
dans une posi-
tion assez difficile; car, après s'être débarrassé
fable,
Hippocentaures
foule
les
et
pour
de cette
le
mythe des
celui des Chimères.
Puis une
est obligé d'en faire autant
il
ef-
pour
de monstres non moins effrayants se présentent,
Gorgones,
et absurdes.
les
Il
Pégases
et
d'autres êtres impossibles
faudrait de grands loisirs h
un homme,
qui ne croirait pas à l'existence de ces créatures, pour
donner une idée plausible de chacune
Pour
d'elles.
moi, je n'ai pas de temps à donner à ces questions, car
je
ne suis pas encoie arrivé, selon
cle
de Delphes, à
me
semble ridicule qu'un
ce qui ne
En
le
venue à
principe de l'ora-
connaître moi-même,
homme
concerne pas.
lisant ces
le
trop bon
exercer sur
marché de
seignement
me
»
mois, on croit entendre la Grèce, par-
l'âge viril, parler
allait
il
qui s'ignore s'occupe de
avec dédain des jeux de son
enfance. Socrate, qui sentait quelle influence
sophie
et
le
monde,
faisait
la
philo-
peut-être
tout ce qui ne relevait pas de l'en-
philosophique.
Il
traite
l'analyse
phistes.
Mais ce mythe des Gorgones,
qu'il
mythologie
abandonne aux so-
comme
du langage,
la
qu'il déclare
in-
ALTÉRATION DU MYTHE
150
digne iroccuper un
homme
sans doute à
de tomber dans Toubli,
la veille
profondément gravé dans
le
pensait;
comme
l'esprit
il
était plus
de l'humanité
devait subsister à côté de
il
socratique, et
caché à
sérieux, el qu'il croyait
la
qu'il
ne
philosophie
subsiste encore aujourd'hui, quoique
l'ombre d'une religion nouvelle. Les peuples,
les individus,
ne sauraient tenir trop de compte
des premières années de leur vie, qui sont
les
plus déci-
sives et les plus fécondes. Us se flatteraient vainement,
quelques connaissances
nouvelles qu'ils .puissent
quérir, d'échapper à leur influence et
ac-
de rompre avec
elles.
Au
reste,
mouvement
après un premier
philosophie revint à
mythes devait
être
fussent regardés
et cette fois ce fut
la fable,
l'accommoder à ses doctrines.
comme l'expression
et
sottes et
vulgaires anecdotes.
de malheur ne
tomba
fut
la
tendus
historiques.
the
que
comme
de
de
Mais ce dernier genre
notre fable. Elle
froids interprètes qui
Nous avons déjà vu
de l'évhcmérisme romain pour dépouiller
de Cacus de tout ce qui en
réduire à un
lois
mythologie pour en extraire de pré-
disséquaient
forts
des grandes
pas épargné à
aussi aux mains de ces
faits
des
valait certes qu'ils
morales,
l'univers
vérités
pour
Si la véritable origine
méconnue, mieux
des
d'orgueil, la
événement de
la
fait
le
les
le
charme,
ef-
myet le
plus triste banalité. La
mythologie grecque n'a pas été exemple du fléau de
l'interprétaliou
anecdotique. Plutarque
,
dans son dia-
CHEZ LES GRECS ET CHEZ LES LNDOUS.
Sur
\os^[iQ
le silence
sonnage qui
fait
des oracles
du serpent Python un ancien lyran qui
la
encore fêtée à Delphes. Ailleurs {%),
rait
explication d'après laquelle
la
rate lycien, appelé Chiraarros,
barque portait sur
poupe
Bellérophon
monté sur
,
Chimère avait
homme dur
le
il
été
lion,
soleil
sur
la
pi-
dont
sur
la
quand
mer,,
Pégase (probablement un
version, la Chimère était une
rayons du
un
et cruel,
infestait la
une
cite
une autre
navire), en débarrassa la Lycie (3). Suivant
les
chute se-
il
proue l'image d'un
la
d'un dragon;
celle
un per-
{X)^ introduit
aurait été mis à mort par ses sujets et dont
la
151
montagne qui renvoyait
'plaine et
la
desséchait au
point qu'elle y semblait lancer des flammes; Bellérophon
la
fit
d'autres, pour montrer jusqu'à quel point
amené
il
beaucoup
raser. Je cite ces interprétations, entre
à
un peuple
est
méconnaître ses premières conceptions, quand
a perdu
le
sentiment instinctif qui
les lui faisait
com-
prendre, et qu'il n'a pas encore les instruments scientifiques pour les analyser.
Comme
dernier terme de cette
décadence des mythes, on peut indiquer
grecque qui désignait
les
Pythons^ par allusion à
ble prétait à tous les
Il
(1
la
locution
le
nom de
ventriloques sous
la faculté
prophétique que
monstres personnifiant
le
y a un autre eenrc d'altération dont l'Inde et
Chap. XV.
(2)
Sm/' les
n)
Ibid.
vertus des femmes, ix.
la fa-
nuage.
la
Perse
ALTÉRATION DU MYTHE
152
offrent
de nombreux exemples
l'inlerprétalion théologique.
mains des brahmanes
On
cerdotal.
dans
principe est
hymnes
les
la
les plus récents,
massue
prière;
(\\x
de toutes paris
:
les
«
Indra com-
au heu des Maruts
ceux qui pour-
a pour alliés les prêtres et
voient au sacrifice
Lorsque, ô Indra! tu enveloppas
deux mondes de
puissance,
ta
ceux qui ne priaient pas avec
dispersas
les
des mages, prend un aspect sa-
dans
ainsi,
:
bat le démon, c'est avec
il
le
Le mythe de Vritra^ entre
ce n'est pas avec la foudre ou la
(les vents),
dont
peut déjà observer celte transformation
védas
les
et
et
de ceux qui prient,
le
démon avec
secours
le
l'aide
lu
des
prê-
tres (1). »
D'autres
fois, c'est
avec
le
secours d'une certaine for-
mule, avec un ustensile du sacrifice, avec un vers du
Rigon avec
(\\i'
le
le
mètre employé dans un certain hymne,
Indra, ou bien Brihaspaii
dieu de
(le
la prière),
qui
remplacé, mettent Vritra en déroute. C'est ainsi que
\QPanc(n'inçali.,
commentaire sur
le
Sâma-véda^
rhythme
parlant d'une espèce particulière de
dit,
«
:
en
Indra
lança sa foudre contre Vritra^ mais celui-ci s'y enroula
seize fois; alors
.••orte
il
[Indra) aperçut cq padastobha (une
de mètre) avec lequel
De même, en Perse,
avec
la
c'est
avec
prière, les instruments
(1)
Itifj.,
(2)
Pancaiinçati, XIU,
I,
le lit
il
les
du
prisonnier (2).
armes
spirituelles,
sacritice, les
formules
.(3.
ô,
52; «itc f!an*
If.^
Indmi/c
»
s/iidini,
I.
IV
CHEZ LES GRECS ET CHEZ LES INDOIS.
magiques, que
Dans
battu.
pour sujet
le
démon
du Vendidad^ qui a
de Zoroastre,
la tentation
repousse toutes
plus efficacement corn-
le
chapitre
célèbre
le
est
le
prophète iranien
démons en
attaques des
les
153
sentant les pierres qui servent à exprimer
leur pré-
breuvage du
le
sacrifice.
Mais
dans
c'est
Purdnas
les
poétiques qui nous montrent
vastes
^
la
compositions
mythologie indienne
arrivée à sa dernière période, qu'on trouve
morphose
Il
n'y
la
plus
plus,
a
morale entre
les
de
singulière
dans ces poëmes,
dieux
et
les
de
fable
la
méta-
la
l'ritra.
aucune différence
démons
:
les
uns
et les
autres sont des êtres sans réalité, des manifestations de
l'âme infinie et éternelle, de simples apparences.
savent bien
existence,
de
la
parfaitement instruits de
parlent et agissent tous
doctrine du Yoga
sens;
s'ils
Brahma,
mais
ils
:
ils
:
ils
la
Ils le
vanité de leur
comme des
adeptes
ne sont pas dupes de leurs
se combattent, c'est pour obéir à la volonté de
la
seule chose au
monde
ne prennent au sérieux
qui ait une réalité;
ni les batailles qu'ils se
livrent, ni les coups qu'ils reçoivent.
Leur seule am-
bition,
au milieu de ce tumulte extérieur, qui ne
distrait
pas du soin de leur salut, c'est de connaître
Loi et de s'unir, après leur mcrt, à l'Esprit.
où
Vritra, qui a déjà
furieux à Indra
rt
celui-ci, couvert df
lutte
:
les
la
Au moment
perdu un bras, a porté un coup
l'a
blessé
à
la
mâchoire,
comme
honte, nose pas lecommencer
la
ALTKRATION DU MYTHE
i:A
Reprends ton arme, Hari (1),
«
frappe
ennemi
Ion
Le seul vainqueur
décourager.
naissance
rusha
de
,
gloire
ou
vie
ou
la
que
naît
la
au
où
mort
:
Cakra
la
mort
ou à
L'homme
est
doit
défaite
la
la
la
,
pas enchaîné qui con-
au sein de
vaincu dans
Le combat
ou
la victoire
faisant tous
Pu-
peine que causent
la
est spectateur
(3),
le
,
combat,
le
mes
efforts
un jeu où
bras
le
pour
mise
la
nature.
la
et
t'arra-
est la vie,
nos montures
les
siè-
monde que
son
paroles de Fritru^
In-
et
(A). »
n'est
adversaire
la
foudre,
lui dit
il
pas moins détaché du
ayant entendu
:
dra loua
les
générosité de son langage, et, reprenant sa
en riant
et sans orgueil
'<
que
((
ta
«
l'univers, qui est l'Esprit
'<
merveille qu'un
((
est la nature, se
heureux d'avoir eu
tu es
dévotion profonde pour
(1)
JNom
(2)
L'âme du monde.
(Il)
Nom
Ah Ddncwa !
!
pensée d'exprimer
souverain et l'ami de
Certes, c'est
cœur comme
soit si
«
le tien,
une grande
dont
la
passion
fermement allaché au bien-
d'Indra.
resserré
»naxinies,
!
le
la
:
A' Indra.
(4) E. Bunioiil',
ai
la
deslruction et de
dés sont nos flèches,
Indra
I
de
maître
celui-là n'est
l'esprit
la vie.
les
ges
se
le
plaisir
armes brisées,
cher
moment de
est
déshonneur,
le
Vois-moi,
les
le
(2) primitif, éternel et omniscient.
indifférent
(3tre
ce n'est pas
:
l'rilra;
crie
lui
le
Bhdgavala piirdna,
discours de
Vi>tr<t
I.
*"n
VI,
c. 12,
1.
supprimaiU
Il,
im
\<-
»V20, cdit. in-Colio.
rerlaiii
nomhre de
CHEZ LES GRECS ET CHEZ LES INDOIS.
"
heureux
Fdsudei'ci
s'enlretenant avec
que,
ainsi
Indra
loi,
dans
qui
(1),
Vritra^
et
voit
que
le
le
deux
ces
les batailles, reprirent le
On
est tout
désir
la
forts guerriers maîtres
combat
dont
la fable,
bonté.» C'est
de connaître
(2). »
panthéisme brahmanique
non pas seulement de
15.S
il
s'est
emparé,
a altéré l'esprit,
mais des personnages eux-mêmes. Mais ce n'est pas
lout
sous ce premier déguisement
:
,
un
trouve
s'en
second. La vaste organisation theocratique qui enveloppait rinde^, au temps
dans
se réfléchit
où furent composés \idsPuidnas,
mise en scène de notre mythe
la
combat de Vritra contre Indra
est présenté
:
le
comme un
épisode de cette longue guerre des brahmanes contre
les rois,
qui
et
dont
est
le
conservé
ait
poëme
le
la
on
f3),
souvenir perce dans tant de légendes,
événement historique dont
seul
l'Inde
mémoire. Dans un autre endroit du
que
dit
lutte
la
d'Indra contre Vritra
a eu pour cause une querelle qui s'est élevée entre le
des dieux, Indra^ et son précepteur spirituel Viçva-
roi
râpa
Le dieu
(4).
triple tête
sacrifice,
tagne
mais, pour
un géant
noircie
le
Krishna, qui
rsoiiide
(2)
Bhàgavata-puvâna
«) L. VI, chap. 17
C'est
venger,
brahmane
sa
du
du
naquit,
il
feu,
et
qui
perçait
,
et sq.;
est liii-mémc identifié
ibid.
t.
W, p.
.)«1.
nn des noms de Vritra dans
le? vcdas.
feu
une mon-
terrible, qui ressemblait à
par
(1)
(4
le
de son javelot flamlwyant.
terre
la
:
avait coupé au
irrité
le
ciel
et
Sa bouche, pro-
avec Dralimn.
ALTERATION DU MYTHE
I6fi
comme une
fonde
et saisissait
tandis
de
pour
,
dévorer,
les
que sa langue
mondes
et
léchait les astres.
qu'Indra
les austérités
(1),
reçut
nom
Il
d'une nuée de flèches
l'assaillirent
fallut
mondes
Fritra les
:
aiguiser sa foudre par
fit
d'un célèbre pénitent
(2).
La
et celle
de flèches
mais
bataille s'en-
des démons
brisées,
les
une grêle
Alors
encore.
pour
resta seul
s'engage entre
Voyant
leurs
Asuras lancent des rochers,
des
les
les.
deux adversaires,
(1)
le
('2)
Nous indiquons seulement
le
Dud/njaric de
(
lui
prêter ses
outre les démojis. Le
Brahma
VrUra avec
est l'origine
Dadhyanc
posriil
ce
cf.
ici le
fuite
et
lutte
la
que
Vritra
et
B/idga-
le
démon perd
qui
successi-
sens général d'un épisode bizarre ra-
iiieux.
et
ne s'aperçoit
la
foudre
membres, pour
même
qu'il se
de ce conte
V
il
est
Indra demande an
s'en servir
fait
rishi (sage)
d'une arme,
i)as
que son corps
Indra
est parti.
vient imiquement d'une fausse élymologie
et
comme
s'il
du mot
se
com-
a)iga (niembrei. L'bistoire forgée d'après
hymne védique
Maliàblidrnfa, Viinnpnri'a,
tue
fabriquer avec les os du solitaire. Quelle
(au nominatil' DarfyaHj;) qui a été interprété
ancienne; un
comme
ascète y consent, s'abîme dans la contemplation
de dndlii (celui qui donne)
nom
la
tranchèrent
les
ciel, l'air et la terre.
conté au long dans le BluUjavata-purdna.
de
dieux
Jndra. Dans
tète à
Paràiia décrit avec éclat,
i'ala
le ciel.
Asuras prirent
tenir
les
dieux
cou-
arbres et des pierres; mais
les
:
les
;
pent pendant leur course à travers
armes
prière et
la
Vriira et les siens font tomber sur les dieux
et
les
combattre efficacement,
le
gage alors entre l'armée des dieux
de glaives
le
Les dieux se précipitèrent contre
d'obscurité.
absorba entièrement. Pour
il
trois
les
enveloppe), parce qu'il enveloppait
l'riira (qui
lui
caverne, engloutissait l'atmosphère
t. I,
y fait déjà allusion.
p. 5ôi.
Riçi
,
1,
84,
t.'t.
CHEZ LKS GKKCS tT CHKZ LES
vement
ses (Jeux bras
l'épaule, ['Jsura (1),
du
le
Avec
«
dieu de
inférieure;
qui, privées de leurs ailes
(3) plaça sur la terre sa
porta jusqu'au
il
comme
une langue redoutable
trois
mondes avec
de
mort,
la
le
mâchoire
supérieure; et ou-
ciel la
vrant une bouche profonde
s'agitait
de sang, ressem-
foudre (2), furent précipitées du haut
la
Le Dditya
ciel.
i:,7
coupés jusqu'à
ses bras
tout dégouttant
une de ces montagnes
blait à
par
:
LNbOL'S.
l'atmosphère, où
saisissant presque les
,
ses dents semblables à celles
démon
du dieu
au corps monstrueusement énorme,
qui dans sa course renversait les monlagnes, et broyait
sous ses pas
terre
la
,
comme
eut
fait
des monts, s'approcha du dieu de
roi
gloutit
tile,
avec sa monture, de
doué d'une grande
vigueur, avale
un
même
foudre,
la tête
le
:
foudre et l'en-
force vitale et d'une extrême
éléphant... Mais, quoique englouti,
fendant
le
la force
d'une montagne
les
(1)
Démon.
(2)
^ous avons
il
eût abattu
anachronismes amenés par
ici
et
trancha
le
sommet
(3)
Démon.
(4)
L'ascétisme indien.
(5)
Bhûg.,
n, p 633.
le
changement
des idées, on aperçoit encore
un exemple de
vata (montagne).
t.
comme
et
(5). »
mœurs
complet des
du mysté-
ventre de XAsura avec sa
dieu puissant sortit (de sa prison)
de son ennemi,
Malgré
la
le
qu'un immense rep-
Indra ne mourut pas, protégé par
rieux ^o^'-a (4)
en marchant
la
condition de
pur cala (nuage)
tl
les
par-
AITF'R.
1.^8
Irails
la
DU MYTHt: CHEZ LES GUECS ET CHEZ LES LNDÔUS.
principaux du mythe.
description
contre
rité
le
si
démon,
I>.es
trois têtes
frappante de Vritra,
le
de Vicvarupa^
la lutte
monstre privé de ses bras, particula-
qui se rapporte à un passage du Rig que nous avons
cilé(i), loules ces circonstances se retrouvent
cit
du dieu
moderne. Le
se reproduit ici
fait
:
mythologie, mais
dans
le
ré-
que nous avons observé plusieurs
fois
le
peuple change l'aspect général de sa
il
en respecte
qui transforment
les religions,
le détail.
comme
versent les empires, renouvellent
la
Les révolutions
celles qui boule-
face extérieure des
choses, mais sont obligées de compter avec les croyances
et les
pas
usages fondés sur une longue tradition,
le
pouvoir de
les détruire, elles les
et,
n'ayant
font entrer, tant
bien que mal, dans le nouveau système qu'elles introduisent.
(1)
V.plus haut,
p. 94.
X.
LA FABLE
1)
HERCULE Eï DE CACUS DANS
Nous avons épuisé
notre mythe
:
série des
un instant à notre point de départ,
passage où Virgile
le
latine. Peut-être le
On
a
au
a raconté
légende
la
long circuit que nous avons
aux
qui nous a conduit presque
prêtera- t-il
métamorphoses de
mais, avant de finir, qu'on nous permette
de revenir pour
pour rehre
la
L ENEIDE.
du poëte un
récit
origines de
intérêt
nouveau.
vu plus haut, par l'exemple d'Eschyle, com-
moule où
quelquefois qu'un
passé et ayant
quelque sorte
ral
où
race,
la
ment un penseur peut immortaliser un mythe en
éclater le
fait et
le
était
génie
don de
la fable
elle était
il
née
dans
et lui
jeté.
Mais
il
faisant
arrive
aussi
pénétré de respect pour
le
le
faire
le
revivre, reporte en
milieu intellectuel et
mu-
rende son aspect primitif.
LA FABLE D'HERCULE ET DE (.ACES
IGO
Parmi
tant d'autres aventures favorables
celle rare fortune n'a pas
raanqué à notre mythe.
ces sources qui rendent pour un instant
séchées
jeuni,
ou contraires,
l'éclat et la fraîcheur,
le
aux
Comme
fleurs des-
génie de Virgile a ra-
non pas pour un moment, mais pour tous
siècles à venir, la fable déjà
si
ancienne
et
si
les
flétrie
du
Latium.
On
qu'en abordant ce
voit
ment de son antiquité
Non
liacc
superstitio
le senti-
:
solemnia nobis,
Has ex more dapes, hanc
Vana
poëte a
récit, le
numinis aram,
tanti
veterumque ignara deorum
Irii()OSuit.
En
écrivant ces vers, Virgile pense
aux
liens,
aux
prêtres Sa-
aux repas de Varn maxima.
sacrifices et
Mais, involontairement, notre pensée va plus loin, notie
vue plonge au-delà do
hymnes
celle
les
poëte, et le souvenir des
pleins d'un
indiens, tout
mêmes images que
du
bout à
l'autre
des
vers de Virgile, s'impose à notre
esprit.
Dans
fidèle
le
au
vers qui suivent,
récit populaire, qui
mythe védique,
mots
la
les
qu'il
leur sens primitif,
le
poëte latin est resté
lui-même serre de
nous
suffira
de
si
si
près
restituer
aux
pour retrouver à chaque ligne
poésie des védas.
Souvenons-nous d'abord
fiiontd^ne
du
double sens du mot
:
Jain priinuni saxis suspciisain hanc adspice rupciii
Disjfcla' procul ul moles, deserlatyie inonlis
:
.
DAMS L'ENÉIDE.
Stat
domus,
et scopuli ingeiitem traxere ruiiiam
Hic speluncâ
Quoique
ble
que
fuif,
vasto submota recessu
remplacé par Hercule,
Soleil soit
le
l'astre qui autrefois livrait le
démon joue encore un
est fait
161
dans
rôle
la
il
sem-
combat contre
lutte,
tant
il
souvent mention, tant l'auteur revient sur
idées de lumière et de ténèbres. Ainsi, dès qu'il
scène Cacus
en
les
met en
:
Semihominis Caci
Solis
le
inaccessam
faciès
quarn dira tenebat
radiis...
La description de Cacus conviendrait parfaitement
au nuage chargé de
la
foudre
:
Huie monstro Vulcanus erat pater
;
illius
atros
Ore vomens igaes, luagna se mole ferebat.
Vient ensuite
rés à reculons
Atque
le trait
dans
vraiment antique des bœufs
l'antre
ti-
:
hos...
saxo occultabat opaco.
Les sourds mugissements des bœufs, c'est-à-dire
le
bruit des nuages qui s'éloignent en grondant, sont sou-
vent rappelés par
les
poètes indiens
Discessu mugire boves, atque
omne
:
querelis
Impleri nemus, et colles clamure relinqui.
Les védas ne décrivent pas avec plus d'élan
d'Indra vers son ennemi
Hic vero A'tidîo
l'uriis
et acrii
i
iir>ii
:
cxarseiat atro
Fellcdolor; rapit arma
Robur.
la
manu
[ii'tit
nodis(]uc f;ra\atum
ardua motrlis.
11
course
LA FABLE D'HERCULE ET bE CACUS
l«2
Le héros enfonce
caverne du monstre:
la
lance sur celte caverne, dans
comme dans
que
la foudre.
dre
le
croyance des Romains
la
des Indous, n'est pas autre chose
celle
On
le silex qu'il
croit,
retentissement
dans
vers suivant, en enten-
le
:
Inde repente
Impulit
:
impulsu
qiio
maximus
insonat œther;
Dissultant ripae, refluitque exterritus amnis.
Le combat qui s'engage a lout
<Jc la
d'une
lutte
lumière et de l'ombre; un instant l'antre de Cacus
même comparé
est
à fait l'air
au règne infernal
:
At specus et Caci détecta apparuit ingens
Regia, et unibrosae penilus patuere caverna;
Non
secus ac
si
qua penilus
:
vi terra dehiscens
Infernas reseret sedes, et régna recludat
Pallida, dis invisa
;
superque iminane baratiirum
Cernatur, trepidentque iiiimisso lumine Mânes.
Le poëte revient encore sur
Ergo inspeiata deprensnni
in
même
la
idée
:
luce repen'e,
Inclusunique cavo saxo, atque insuela rudentem...
C'est le bruit
dre
;
voici les
du toimerre que
coups répétés de
Desuper Alcides
telis premit,
la
le
démon
foudre
fait
enten-
:
omniaque arma
Advocat, et remis vastisque molaribus instat.
Virgile n'a garde de négliger rancietine tradition des
tlammes vomies par
le
démon
:
llle aiitom...
Faucibus ingenlem fumuni, mirabilo
tvoinit, iiivo vifqiie
domum
Prospectum eripiens oculis
;
dictii,
caligine ca'ca,
glomeratque
Fumiferam norlom comniixlis igné
siib
tenobris.
antro
DANS
Nous trouvons dans
venir de
le
L'K.NKIDK.
les
1G3
vers suivants
légende qui veut que
la
le
un sou-
dieu se jette dans
corps du monstre, c'est-à-dire dans
déchirer
comme
nuage pour
le
le
:
Non
liilit
Alcides anirnis, seque ipse per ignem
Praecipiti injecit saltu,
Fumus
agit,
quand
Enfin,
est vaincu,
il
qua plurinius undam
nebulaque ingens specus aestuat unda.
la lutte est
terminée, quand
de nouveau
est
Panditur e\templo foribus
fait
domus
mention du
le
monstre
soleil
:
atra revulsis,
Ai)stractaeque boves, abjurateeque rapinse
Cœlo ostenduntiir.
Nous
gile la
légende
répétons
le
:
notre but n'est pas de prêter à Vir-
connaissance de
lui
il
;
a
suffi
la signification
primitive de
de retracer avec vérité
et
la
avec
poésie un récit ancien dont les circonstances principales
dans
s'étaient bien conservées
pour se rencontrer avec
Mais
c'est surtout
poésie
dans
mémoire du peuple,
hymnes védiques.
la
courte invocation des prê-
semble que Virgile a retrouvé
tres Saliens qu'il
la
les
la
du premier âge.
le
ton de
n'y a pas de vers dans ce
Il
morceau qu'on ne pourrait commenter avec des centaines de vers
tirés
des védas.
termes, des exploits de
les
cite, et
Il
même
nature
poètes de l'Inde, en invitant
le sacrifice
il
mêmes
termine
comme
divinité à venir goûter
:
Tu nubigonas,
flylœiimque Plioluinque
Pro<iij;ia, et
Te
la
;
les
dans
invicte,
bimembres
inaiiii, tu
vasium ^enl(a
.sub
Cresia niacfas
lupe leonein
St\"ii trcniucn' lanis, 1o iHiiildi Orci
LA FABLE D'HERCULE ET DE CACUS DANS L'ËNËIDE.
164
Ossa super recubaiis antro
Nec
te
iillee
faciès,
.seinesa
cruenfo
;
non terruit ipso Typhœus
Arduus, arma tenens; non
te rationis egenteni
Lernaeus turba capitutn circnnisletit anguis.
Salve, vera Jovis proies, decus addite divis.
Et nos et tua dexter adi
pede sacra si'cundo.
Rien ne peut donner une idée plus exacte de
sie
védique que ce morceau.
(l(\xier,
qui se trouve dans
la
poé-
Il
n'est pas jusqu'au
mot
le
dernier vers, qui n'ait
son équivalent dans l'Inde. Ce mol doit être pris dans
sens propre
:
les
le
poëtes védiques invitent les dieux à
venir du côté droit, dakshinatus, dakshinit (1).
N'est-il
pas intéressant de trouver, dans
le
chef-d'œu-
vre de l'épopée savante, un fiagn>ent qui tiendrait sa
place parmi les créations de la poésie la plus spontanée
qui ait jamais été
réveiller des
?
C'est le privilège
du génie
échos endormis depuis des
siècles.
qui a inspiré les premiers chants de l'humanité
core entendre de loin en loin ses accents.
(I)
Atharva-véda, IV,
32, 7.
:
il
peut
La Muse
fait
en-
RESUME.
ne sera peut-être pas inutile de rassembler en quel-
Il
ques pages
conduits
:
les
résultats
auxquels cette étude nous a
nous laisserons de côté
les
circonstances se-
condaires et les hypothèses, ou du moins nous séparerons avec soin ce qui est conjectural des
pouvons regarder
comme
Le mythe d'Hercule
que nous
acquis.
et
ciens, sinon le plus ancien,
s'est
faits
de Cacus, lun des plus ande
conservé avec une rare
la
race indo-européenne,
fidélité,
quoique avec
changements accessoires qu'y a apportés
le
génie
les
diffé-
rent de chaque peuple, en Italie, en Grèce, dans l'Inde,
dans
Ce
la
Perse et dans
la
Germanie.
n'est pas par l'uniformité des lois de l'esprit
encore moins par
ressemblance des
le
hasard, qu'on
récits
humain,
peut expliquer
la
que nous avons comparés, car
166
UKSL'MÉ.
l'analyse philologique nous a
noms
présence de certains
commune. Sans
le
constater partout
fait
qui attestent une
secours de
la philologie,
la
filiation
recher-
les
ches de mythologie comparée courent risque d'aller à
l'aveugle, car le
champ de
l'interprétation est illimité
mais, avec l'aide des noms, qui sont
attachée à
son origine,
la fable et attestant
d'erreur se
trouvent
comme
semblances
mythe,
moins pour
dans
les plus frap[)antes
et les
récits
l'idée
l'identité primitive,
Epfxeiaç, Kawtiaç,
suivant
leur formation.
les
En
qu'un seul
lois
peuples
les
est
la
nom
mythi-
dans
Sdrales
di-
devait s'y at-
les religions
à
de tous
croyances qui peuvent leur être communes
doute son
philosophie. Mais
la
utilité,
:
doit rester ré-
mythologie comparée
développement des conceptions
leur plus ou
les res-
mythologie comparée n'a
la
avant tout une science historique,
et le
Une
phonétiques qui ont présidé
effet,
cette étude, qui a sans
servée à
que
Képêepoç,
comme on
pas pour but de rechercher dans
les
chances
générale d'un
Csecius, conservé
verses langues, et transformé,
tendre,
les
mieux concordants prouvent
les
que comme Vritra^ OpÔpoç, Çarvara,
nieya^
marque
singulièrement diminuées.
seule preuve grammaticale parle plus haut
;
la
moins de ressemblance,
et c'est l'origine
religieuses, et
non
qu'elle se propose
d'observer.
Dirigée d'après ce principe,
ne
doit
pas
mythologie comparée
recherches
étendre ses
crovanres d'une seule race
la
:
au
-
delà
car elle écartera,
des
comme
r.ÉsniÉ.
une hypolhèse
fier,
l'idée
dans
(ju'elle est
impossibilité de véri-
1
commune
d'une religion primordiale
comme
peuples. Si pourtant,
les
ir,7
nous
cela
à tons
est arrivé,
rencontrer dans une autre race des traces évi-
elle croit
dentes de croyances identiques, elle devra rechercher
si
ce n'est pas par un emprunt qu'elles ont passé d'une re-
une autre.
ligion à
Prenant pour point de départ
avons reconnu dans
la
fable
de Cacus une légende
ayant ses racines dans
lique,
terrain
même
signe, nous
où
la
Rome
de Virgile, nous
le récit
des
du Latium, sur
sol
le
A
rois était assise.
avons présumé son
itale
ce
antiquité, car les peu-
ples ont rhabitude de placer tout près d'eux la scène des
mythiques
actions
composent
qui
le
fond de
leurs
croyances. Les cérémonies qui se rattachent à cette histoire, telles
que
les sacrifices
dix jours à Vara
Rome,
la
qui se célébraient tous
maxinm^ dans
les
les
premiers temps de
présence des prêtres Saliens à
l'autel, les
noms
du forum ùoarium, de
la
porte Trige//tf/iff, du temple
de Jupiter /n^entor^ de
la
maison
Cacus,
le
caractère archaïque du
time qui existe entre
nie
si
la
victoire
de
du dieu
de
la
et
l'union
irj-
cérémo-
la
le
carac-
légende.
Le mouvement d'esprit qui,
de Rome,
de
l'escalier
rite, enfin
romaine du triomphe, nous ont confirmé
tère latin
siècle
et
a
à
partir
du quatrième
eu pour but de transformer
italique d'après le
modèle de
de chercher des rapports,
la
la
la
religion
mythologie grecque,
plupart du
temps
et
fictifs.
RÉSUMÉ.
168
entre les dieux du Latium et les divinités ou
helléniques, n'a pas épargné
noms des personnages ont
légende de Cacus. Les
changés; mais on
été
res-
l'ordonnance du récit et Taspect général de
pecta
fable. D'après
la
un ensemble de circonstances que nous ne
pouvons rappeler
le
la
héros
les
ici,
nous avons reconnu dans Hercule
dieu Sancus, c'est-à-dire Jupiter, qui portait à l'Autel
Maxime
rator.
était
surnom de Recaraiius,
le
c'est-à-dire
Quant au brigand vaincu par
le
d'abord Caecius. Les hellénistes de
plus tard Cacus, c'est-à-dire
Evandre,
le
Recupe-
dieu, son
Rome
Méchant ; on
nom
en tirent
l'opposa à
Bon, personnage complètement apocryphe,
le
inventé de toutes pièces par les mythologues. Sou? ce
vêtement grec,
auxquelles
elle
cérémonies
fable s'est conservée, et les
la
donnait lieu en
perpétuèrent
le
souve-
nir.
Tandis que
veau sur
la
jusqu'à nous
domination romaine, qui passa son
la
province, étouffa
les
ou
empêcha
ni-
d'arriver
légendes probablement bien variées des
diverses cités de
l'Italie, la
Grèce, libre et divisée, con-
serva presque autant de formes différentes du mythe
hellénique, qu'elle comptaitde peuplades. Par
une
fiction
qui leur appartient en propre, les Grecs placèrent au-
dessous des dieux
et
comme
procédant d'eux, un monde
de héros qui répètent leurs hauts
faits
sur
la terre.
La
légende latine se trouve donc reflétée chez eux dans une
infinité
de fables semblables par
détail, rapportant
aux noms
le
fond, variées dans
les plus divers
le
un exploit
RÉSUME.
toujours
IfiO
même. Le combat des Dieux contre
le
les
Géants, celui de Jupiter contre Typhon, d'Apollon contre
le
serpent Python, de Persée contre
lérophon contre
la
Gorgone, de Bel-
la
Chimère, d'Héraclès contre Géryon,
sont autant de variétés locales de
même
la
donnée my-
thique. Grâce à un esprit plus poétique et plus liant
que
une partie des
cir-
celui des Latins, les Grecs conservent
constances purement fabuleuses
nairement dans
noms
les
le ciel
:
la lutte
se passe ordi-
ou dans des contrées imaginaires;
sont restés plus transparents et laissent entre-
voir, sans autre secours
que
la
langue grecque,
question d'un combat entre des forces de
la
qu'il est
nature.
Non-seulement chaque tribu hellénique modifia
mythe à son
que
le
gré, mais
changea de caractère à mesure
il
peuple grec avança en âge.
Argonautes nous représente
époque où commencent
expéditions maritimes
ques
traits
:
le
les
la
fable
L'expédition des
de Géryon à une
aventures lointaines
peut-être
et
les
voir aussi quel-
faut-il
de notre mythe, mêlés sans doute à des évé-
nements historiques, dans l'enlèvement d'Hélène
et
la
guerre de Troie.
Un
peuple qui aimait autant
le
merveilleux devait
choisir avec joie tous les prétextes pour orner et varier
la
narration primitive
homonymes
:
il
en trouva l'occasion dans
qui se présentaient dans
le
cours du récit,
et
qui, invitant
le
conteur à sortir de
le
mettaient sur
la
voie d'aventures nouvelles
dinaires.
En
la
les
roule habituelle,
et
extraor-
suivant ces sentiers de traverse, on ren-
1
7"
RÉSUMÉ.
contra
la fable
de
celle
la
des Pommes d'or du jardin desHespérides.
Toison d'or et de TÉgide, celles d'Andro-
mède, d'Ariane
naît le point
;)
la
et
de Pasiphaé. Une
de rencontre par où ces fables aboutissent
donnée première,
s'expliquent d'elles-mêmes,
elles
car elles reproduisent fidèlement (ians
les circonstances
de
Si
la
numents
que Ton con-
fois
du thème
primitif.
Grèce nous passons dans
littéraires
détail toutes
le
l'Inde,
où des mo-
incomparablement plus anciens per-
mettent de remonter bien au-delà des temps homéri-
ques
nous retrouvons notre mythe,
,
circonstances et
le
avec toutes
nombre des noms
plus grand
les
qui s'y
rattachent, parfaitement raconté dans les védas. Seu-
sommes
lement, au lieu d'une aventure fabuleuse, nous
en présence d'un
une
Il
fois arrivé,
fait
naturel
;
au
d'un événement
lieu
nous voyons un phénomène périodique.
n'est pas question d'une lutte entre des héros
naires
Indra
:
,
c'est
Dpuis
,
c'est-à-dire
ciel,
le
qui déchire Vriira^ c'est-à-dire
frappant de sa foudre,
délivre les eaux
que
le
il
en
tient
nuage
le
enfermées.
de Vritra^ nous trouvons aussi, pour désigner
le
nom
peuple
d'/^Ay, c'est-à-dire le sc^rpent
ail
du nuage,
triple
:
lui
en
le
:
^oiii
Au
il
lieu
le
nuage,
qu'en
effet le
cru voir l'image d'un serpent dans les replis
et qu'il ait pris le
langue du monstre,
signifié
après
des flarumes, et
fait jaillir
monstre
ef
ima2;i-
dard de
soit plutôt
d'abord Vennetnl,
confusion occasionnée par
la
que
et qu'il faille
le
langage
la
foudre pour
la
mot ahi
ait
le
attribuera une
forme de dra-
HÉSUMÉ.
gon donnée par tous
ITI
du dieu
peuples à l'ennemi
les
suprême. Quant aux vaches volées par
le
démon,
elles
sont certainement une création de l'idiome primilif,
chaque objet d'après sa qualité
qui, désignant
mouvement
avait choisi l'idée de
saillante,
pour
nommer
dans
le ciel
le
de
bœuf d'une
l'autre. Ainsi,
mythe s'explique,
gam),
s'en va
même instant où
le
s'évanouit
il
nuée qui
part, la
dans
(^^vi,
on peut dire
:
plus
la
le
qu'il
n'existe qu'à condition de n'être pas compris.
Les auteurs des plus anciens chants védiques ne se
pas duper par
laissent
emploient
ils
:
leur
il
et à la
plaît,
succéder tout à coup
les
la réalité
vaches volées par
tombe sur
méchant
Dans
le
la terre, et,
le
tradition.
peinture fantastique
montrent
ils
des êtres,
fait
la
la
les
supposer que
donnée.
Les
langue
linil
par
Grçcs, des équi-
produisent de nouvelles formes
double sens de ^^t^i'(nuée
le
plus
phénomène périodique en une ancienne
thiques
peut-être
le
naturel se change en une scène
détail
fit
l'eau qui
emploient son
ils
Grèce,
De même encore que chez
le
font
nue. Après avoir dépeint
voques de
;
cesser l'illusion
après avoir appelé Vritra
comme dans
s'obscurcir, et le
le
font
sens ordinaire de nuage.
l'Inde
fabuleuse,
ils
brigand,
et le plus lâche
nom dans
qu'ils
s'amusent des images que leur idiome
de lui-même, mais
leur fournit
quand
double sens des mots
le
}
rilra enlevait
les
poëme du Rdnidjcuia
my-
brillante, déesse),
nymphes
célestes;
repose-t-il sur cette
mots patvala (nuage, montagne),
pm
172
RÉSUMÉ.
(nuage,
montagnes
en preneur de
et
En comparant
la
Grèce
et
jusque-là
huha
transformèrent
ville),
celle
entre elles
de
villes.
la fable
de
l'Inde, celle
s'éclaircissent
d'elles-mêmes.
Plusieurs des malentendus qui ont donné
mythes
nouveaux doivent
la
être rapportés à
un idiome
est le
nœud de
D'autre part, des divinités ou des êtres
montrent dans
l'erreur.
fabuleux se
védas sous leur première forme
les
i'ard) le chien
l'aile
qui hurle dans
des vents
:
de
lui
leur
la
tempête
et qui
em-
âmes des morts. Sdrameya
les
un autre nom du même
faisant
langue
que nous avons reconnu dans Cerbère. ((^«/-
c'est ainsi
est
la
plus rapprochée de cet idiome, nous per-
met souvent de deviner quel
porte sur
à des
lieu
antérieur au grec, au latin et au sanscrit; mais
des védas,
de
beaucoup de circonstances
l'Italie,
inexplicables
en deslrucleur de
être
Hermès
:
mais
Eppia;),
(
les
lui
Grecs, en
tirent
même amour
Géryon comme un
don
de
la
forme humaine. C'est ce
de lart
qui
les
porta à représenter
guerrier
grec, tandis qu'ils cachent
figure
du chien
à
deux
têtes, Orthros.
du mythe indien nous permet
Vriua sous
monstre
le
la
La comparaison
aussi de reconnaître d'où
vient l'idée des bœufs tirés à reculons vers l'antre de
Cacus
:
c'est l'image
des nuées qui, par un
aisé à expliquer, ont l'air
et qui
une
de marcher contre
physique
le
vent,
parurent attirées par l'haleine embrasée du serpent,
fois
forme
effet
le
qu'on
fut
convenu de représenter sous
ravisseur des nuages.
cette
.
Ht'SUMÉ.
La nature de riioinnie
173
complexe,
est
et
lui
il
serait
impossible de ne pas mettre quelque chose de son être
moral dans
les
Le démon qui
mythes qui occupent son imagination.
retient les
un type de méchanceté
comme
foudroie,
religieux
Grecs,
,
eaux du
de perversité,
et
vengeur de
le
indiqué chez
déjà
dans
très-visible
regardé
ciel fut
Romains
pour
prolongea
temps
la lutte
I titra
ils
en
des deux êtres merveilleux se
:
morale avant tout, où cha-
lutte
est le prix. Cette conception
n'empêche pas
la
de tous
gigantesque
légende primitive de survivre dans sa
forme plus restreinte
et plus
modeste
Parsisme Hvrent pour leur compte
soutient contre
firent le
védique devint chez
doit prendre parti, et dont l'avenir
de chacun
mes,
chez les
Perses à travers l'immensité du
les
de Tespace
et
que homme
et
et
et
donnant au mythe de
;
Fritra un développement extraordinaire,
eux Ahriman^
le
hymnes védiques,
certains
cadre de leur religion. Le
dieu qui
la justice. C'est ce côté
les
qui frappa surtout les Perses
le
comme
Ahriman,
et le
le
;
tous les saints
du
combat (\\\Ormuzd
dragon lançant des flam-
attirant à lui sa proie, se rencontre sous les pas
de tous
les
prophètes de l'Avesta
et
de tous
les
rois
du
Schàh-namèh
La Judée appropria au monothéisme,
en apologue
la
légende de
du troisième chapitre de
tement Ahrinian
l'Iran.
La
même
,
la
la
Perse:
le
et
transforma
serpent tentateui-
Genèse rappelle trop direc-
pour ne pas être une importation de
croyance reparaît d'une façon encore
RltSUJlK.
174
plus dislincle
dans
le
l'Apocalypse, et se répandit de
diiiis
monde
chrétien
les traditions locales
:
là
sur des
monstres vaincus par des héros purent continuer de
vivre, en s'autorisant du récit sacré, et en substituant
aux anciens vainqueurs
les
de
saints
la religion
chré-
tienne.
La Germanie enfin a reçu,
et
conserve encore aujour-
d'hui sa part des croyances primitives
locutions,
de noms
et
une quantité de
:
d'usages se rapportent au mythe
de Fritra. D'un autre côté Tancienne littérature de
Germanie
du souvenir de ce mythe. Le poëme
est pleine
des Nibelungeii célèbre
serpent qui gardait
les
de Siegfried sur
la victoire
trésors
du
roi
ar
(le
Tonnerre)
même
le
exploit, et
le
dégageant des éléments étrangers que
le
Nifling (roi des
nuages). Les chants Scandinaves rapportent au dieu
it
la
le
Do-
racontent en
le
poëme germa-
nique y a mêlés.
Nous avons essayé de montrer ce que deviennent
mythes quand
l'âge
qui les soutenait
de
foi est
commence
passé, et que
à se dissoudre.
la
Ils
les
religion
sont ex-
posés à se survivre à eux-mêmes, au milieu de généra-
moquerie
tions nouvelles qui tantôt les tournent en
tantôt les interprètent
servent de thème à
les
dénature
et
les écrits
:
s'ils
de
la
façon
la
plus arbitraire.
la poésie, celle-ci
subsistent dans
des compilateurs,
un mélange singulier de
ils
fidélité
la
en
les
et
S'ils
embellissant
mémoire du peuple
se perpétuent
dans
les
avec
circonstances
secondaires, et d'erreurs dans l'aspect général. Eschyle
RÉSUMÉ.
immotlalise
175
table des Titans en
la
déKgiiranl
la
;
Denys
d'Hnlicarnasse, au contraire, raconie avec une grande
exactitude
nnythe de Cacus tout en faisant d'Hercule
le
un prince grec,
de Cacus un
et
poëmes modernes de
peints
que
comme deux
pour obéir
:
que
qu'ils sachent
qu'apparence
Indra
l'Inde,
et
sont dé-
monde
le
combat, bien
se livrent
ils
eux-mêmes
et
tuais les circonstances
;
Vvitra
les
adeptes du panthéisme brahmani-
braluna,
a
du Lalium. Dans
roi
de
la
ne sont
lutte
sont
exactenjent celles du mythe védique. Livrés à des mains
marbre
ces blocs de
d'ouvriers,
d'une construction dans une autre
Il
ils
tombent aux
s'ils
;
mains de quelque ?culpteur de génie,
célèbres, mais
obscurément
{«assent
ils
deviennent
cessent d'être reconnaissables.
y a toutefois d'heureuses rencontres dans l'histoire
des mythes
:
peut rendre
un
la
ment
les
ranimer
les
comprenne
contours de
créations du
ces
à
Pour
de l'humanité.
saire qu'il les
vie
la
:
il
la
temps védiques,
et les
hymnes de
a
suive exacte-
et
de
naïveté des
la
pu
fnire
vers qu'il met dans
la
pas néces-
raconté l'histoire d'Her-
l'aurait
prêtres Saliens ne seraient
ancien des
premier âge
n'est
il
suffit qu'il
foi
croyances primitives. Virgile
comme
,
passe,
narration populaire, et qu'il v
mette quelque chose de
cule et de Cacus
amoureux du
poétique,
esprit
un poêle des
la
bouche des
pas déplacés dans
le
plus
race arienne.
La longue suite des aventures de notre fable nous montre
avec quelle persistance une conception se maintient
KÉSUMÉ.
17G
dans
souvenir des peuples
le
persistance qui n'est pas
;
que pour
plus étonnante, après (oui, pour la mythologie
la
langue, car on peut dire que nous répétons encore
dans
mêmes termes
les
les fables
qui ont charmé nos pre-
miers pères. Mais ce qui, à nos yeux, n'est pas moins
remarquable que cette durée qui ressemble presque à
l'immortalité, c'est
même mythe
diverses fractions de
les
ropéenne. Chez
l'usage bien différent qu'ont fait
les
Romains,
Grecs,
race indo-eu-
U
est réservé à
il
poésie
une tradition nationale,
chez
les
dans
la vie religieuse et
il
la
est
politique
du
du peuple;
et entre
les
devenus étrangers à leur mythologie, en font
;
Indous,
le
texte
des interprétations les plus forcées, et y cherchent
la
confirmation de leurs spéculations philosophiques. Les
donnant un tour métaphysique
Iraniens,
irouvent
la
à la
fable,
y
matière d'une religion.
Mais partout, quel que
soit le sort réservé
les plus
anciennes institutions,
lés s'y
rapportent
et
le
les
usages
rappellent.
au mythe,
les plus
véné-
Les dieux de
la
Grèce, les oracles de Delphes, les premiers sacrifices et
le
plus grand autel de
dition
:
neur de
le
Péan
Rome nous ramènent
retentit |)our la
la victoire
que
première
à cette tra-
fois
en l'hon-
l'Inde et la Perse ont prise
pour
type de toute victoire. Peut-être faut-il voir dans cette
haute place dans
conception, qui occupe une
si
gions et dans les usages de
la race
premier
fait
les reli-
indo-européenne,
le
de sa vie intellecluelle.
Partout aussi
la
poésie s'en empare
:
elle
retourne
:::
n:
ne peut oublier.
Le
RÉSUMÉ.
constamment à ces
drame joué tous
les
cinq ans à Delphes, et
des frères Saliens,
les
chandas de
,
l'Inde
comme
regarder
mêmes
fait
célèbrent
que
même
et
frères
,
Ce
leur
:
poésie
s'abreuve aux
instinctivement nourrie de
s'est
aux grands événements
le
même
et l'Iliade
ces
qu'elle
reposent peut-être
donnée^, et l'Odyssée, l'Enéide, \q^ Nibelun-
Sdiâh-namèh contiennent certainement des
épisodes qui, sous des
el
un thème unique.
peuples ariens peuvent se
les
Le Rdmâyana
représente.
gen
les
communauté du langage'et des
idées, et les a mêlées
la
et
sources. L'épopée surtout, cette fleur de l'esprit
indo-européen
sur
chœurs
les
odes chantées à Olympie
n'est pas seulement la
croyances qui
qu'elle
récits
fait.
noms
différents, retracent
un seul
Tel est l'attrait invincible des fables
:
l'é-
popée, qu'elle soit l'œuvre collective d'une nation ou
fruit
du génie poétique d'un
complu à
fixer les
mières dans
seul
homme,
s'est
images qui se sont réfléchies
l'esprit
de
la
le
partout
les pre-
race.
FIN.
12
TABLE DES CHAPITRES.
IMRODLCTIOX.
Des mythes en général
De
Du
Pag.
caractère primitif de la mythologie latine et
de
la
fransformati
'n
33
qu'elle subit
La légende
1
22
symbolique
l'école
latine.
44
Sancus et Caecius
La fable grecque. Héraclès
et
Géryon
6'i
~'
La mythologie védique comparée
Le mythe indien. Indra
Formation de
\jR
mythe
à la mythologie grecque
S7
et Vritra
100
la fable
iranien. Orrnuzd et
124
Ahriman
139
Le mythe germanique
Altération du
myihe chez
les
Grecs et chez
les
Indous
•
.
La fable d'Hercule et de Cacus dans Y Enéide
Résumé
i4ô
1 à'-*
...
165
%
h^'
1
PLEASE DO NOT REMOVE
CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET
UNIVERSITY OF
TORONTO LIBRARY
Téléchargement