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Tout d’abord l’Union européenne ne souhaite ni un euro fort, ni un euro faible
mais la plus grande stabilité possible de sa monnaie, gage de sa crédibilité.
Mais surtout, l’expérience a suffisamment prouvé l’importance du
développement du commerce mondial comme facteur de croissance.
L’Union européenne, espace commercial le plus ouvert du monde, ne peut donc
envisager conduire un jour une politique protectionniste. Ce serait contraire à
ses intérêts.
Je voudrais être ici d’autant plus clair sur nos intentions, que je connais
l’importance pour la Chine du lien étroit entre sa politique courageuse de
réformes et l’ouverture de son économie au commerce mondial.
Ce lien est naturel, et il sera encore plus efficace s’il est possible de
l’accompagner de davantage de stabilité financière au niveau mondial.
2. Une sécurité financière renforcée
Le système monétaire international, brutalement secoué ces derniers mois, est
en déséquilibre. Plus de 25 ans après la fin du système de Bretton Woods, le
dollar intervient encore dans 64% des réserves de change, 56% des
exportations commerciales et près de la moitié des transactions de change
mondiales, alors que la part des Etats-Unis dans le commerce mondial est de
l’ordre de 17%. Un tel déséquilibre n’est pas un facteur de stabilité monétaire.
Les perturbations actuelles le montrent clairement.
Avec l’arrivée de l’euro, un rééquilibrage devrait se produire. L’euro devrait, en
effet, devenir rapidement une grande monnaie internationale, non seulement
dans la zone euro, mais au-delà :
−dans les autres Etats membres de l’Union européenne ne participant pas à
l’euro, mais qui ont également vocation à l’adopter : leurs principales entreprises
ont déjà mis en place leur plan de basculement et d’incitation de leurs clients et
de leurs fournisseurs à travailler en euro;
−en Europe centrale et orientale : la plupart des pays, candidats à l’adhésion,
ancrent déjà, en fait ou en droit, leur monnaie à une ou plusieurs monnaies
européennes;
−dans le pourtour méditerranéen : l’euro sera rapidement utilisé comme monnaie
de facturation, dans la perspective d’une zone de libre échange avec l’Union
européenne en 2010;
−dans la zone CFA : l’euro va officiellement remplacer le Franc français comme
monnaie de référence.
−D’autre part, la politique macro-économique de stabilité poursuivie par les Etats
membres et la politique de la Banque Centrale Européenne, orientée vers la
stabilité des prix, sont des facteurs de confiance pour les opérateurs financiers.
−La taille du marché financier de l’euro et la concurrence accrue entre les
institutions financières permettront, en outre, d’abaisser le coût d’utilisation de
l’euro à un niveau voisin de celui du dollar.
−Plus de 100 milliards d’euros (soit près de 1000 milliards de yuans) d’obligations
ont déjà été émis, notamment par des émetteurs souverains non européens,
comme l’Argentine, le Brésil, ou l’Ukraine. Selon certaines estimations, en
particulier celle du Professeur Bergsten de l’université d’Harvard, plus de 700
milliards de dollars d’obligations devraient être ainsi, à terme, libellés en euro.