ensembles, disons, pour fixer les idées, à ZF (sans exclure les individus2). En
particulier je considèrerai cette théorie des ensembles comme une théorie
purement logique.
Soit M un langage obtenu à partir du langage de la théorie des ensembles par
adjonction d’un nombre fini de constantes d’objet, a1, ..., an, données dans cet
ordre, tenues pour des signes extra-logiques, et, dont la référence est, comme
on disait autrefois des paramètres en mathématiques élémentaires,
« indéterminée [pour nous], mais fixée [en elle-même] ». M est donc un langage
non-interprété. Voici, exposés librement et de façon informelle, les concepts
fondamentaux de BT appliqués à M. Qu’il soit dit une fois pour toutes que je ne
me laisserai pas arrêter par les paradoxes sémantiques qui rendent la
formulation de certaines définitions explicites impossible dans le cadre choisi.
Pour résoudre cette difficulté, il faut, soit élargir le cadre de départ, en le
remplaçant, par exemple, par celui de la théorie des ensembles du second
ordre, ZF2, soit, si l’on tient à rester dans le cadre de départ, se contenter de
définitions schématiques.
Une interprétation pour M est un n-uplet d’objets, 〈x1, ..., xn〉. Un énoncé A
de M est vrai dans l’interprétation 〈x1, ..., xn〉, si, et seulement si, il devient vrai
lorsque a1, ..., an prennent respectivement les valeurs x1, ..., xn.3 Un modèle
d’un ensemble (fini ou infini) E d’énoncés est une interprétation dans laquelle
les énoncés de E sont vrais. Un énoncé A est conséquence logique d’un
ensemble E d’énoncés si, et seulement si, tout modèle E est un modèle de A. A
partir de là, on peut naturellement définir les notions d’analyticité logique (ou
caractère tautologique), de consistance (ou cohérence), d’inconsistance (ou
incohérence, ou caractère contradictoire), d’un ensemble E d’énoncés ; ou les
2 Pas de guillemets, ici, le terme étant à prendre au sens absolu. On parle souvent, dans le
même sens, d’Urelemente. Les objets de la théorie élémentaire des ensembles sont les
ensembles et, s’il y en a, les individus en ce sens. Les termes primitifs proprement
ensemblistes (set-theoretical) sont le prédicat unaire « ens » (vrai des ensembles et d’eux
seulement)) et le prédicat binaire « ∈ » ; les axiomes proprement ensemblistes sont les
axiomes habituels de ZF revus et corrigés pour tenir compte de la présence éventuelle
d’individus, à savoir les axiomes (Ind), (Ext), (Union), (Power), (Inf), et les clôtures
universelles des formules de la forme (Repl), où « !t» est le quantificateur d’unicité (« il
existe au plus un ») et A[z, t] une formule du langage de la théorie où ne figurent ni « x » ni
« y » :
(Ind) ∀x∀y(x ∈ y ⇒ ens y),
(Ext) ∀x∀y{(ens x & ens y) ⇒ [∀z(z ∈ x ⇔ z ∈ y) ⇒ x = y]},
(Repl) ∀x{(ens x & ∀z!tA[z, t]) ⇒ ∃y[ens y & ∀t(t ∈ y ⇔ ∃z(z ∈ x & A[z, t]))]},
(Union) ∀x{[ens x & ∀y(y ∈ x ⇒ ens y)] ⇒ ∃z[ens z & ∀t(t ∈ z ⇔ ∃u(t ∈ u ∈ x))]},
(Power) ∀x{ens x ⇒ ∃y[ens y & ∀z(z ∈ y ⇔ z ⊆ x)],
(Inf) ∃x[ens x & ∅ ∈ x & ∀y(y ∈ x ⇒ {y} ∈ x)].
3 Je passe ici sur la définition de la vérité, la référence obligée étant évidemment le fameux
mémoire de Tarski sur le sujet (1933, en polonais ; 2e éd. 1936, en allemand).
4