2 - Livret - La philosophie de la Renaissance

CINQUIÈME SUJET
PIC DE LA MIRANDOLE ET LE SYNCRÉTISME UNIVERSEL
I PRÉSENTATION
1 - Jean Pic de la Mirandole (Giovanni Pico della Mirandola)
2 - Un auteur de la fin de la Renaissance italienne de la fin du 15ème siècle
3 - Ses relations avec les autres humanistes de son temps
4 - Un penseur sur lequel on se trompe le plus souvent, érigé en représentant de l’Humanisme
5 - Une légende qui cache le vrai et complexe Pic de la Mirandole
II ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES (1463-1494)
1 - Des origines familiales illustres, un jeune homme promis à un haut destin
2 - Ses études précoces à 14 ans à Bologne en droit canonique
3 - En 1479, le début d’un nomadisme universitaire et humaniste à la quête du savoir
4 - Des études de philosophie à Férarre en 1479 à 16 ans
5 - Un séjour à l’université de Padoue de 1480 à 1482
6 - En 1484, à Florence il rencontre Ange Politien, Marsile Ficin et Laurent de Médicis
7 - Son séjour parisien en 1485
8 - L’affaire de la lettre à Hermolao Barbaro en 1485
10 - De retour à Florence en 1486, il rédige ses 900 thèses et propose une disputatio à Rome
11 - L’épisode malheureux d’Arrezo l’oblige à séjourner à Pérouse et à Fratta
12 - Il se rend à Rome pour publier son Oraison et propose d’en débattre publiquement
13 - Le début de ses démêlés avec l’église en février 1487
14 - Une seconde condamnation pour l’Apologia, entraînant une condamnation définitive
15 - Fin 1487, il s’enfuit en France mais est arrêté et emprisonné à Vincennes
16 - Grâce à la protection de Laurent de Médicis il est peut rentrer à Florence
17 - Cet épisode l’a profondément marqué, le point de rupture et une deuxième vie plus religieuse
18 - Il se rapproche de Savonarole
19 - Il continue son œuvre philosophique, mais avec une nouvelle orientation
20 - En 1492, Pierre II de Médicis succède à Laurent de Médicis, Pic s’installe à Ferrare
21 - En 1493, il est enfin absous par le nouveau Pape Alexandre VI
22 - En 1494, début de la Première Guerre d’Italie par Charles VIII qui marche vers Florence
23 - Sa mort mystérieuse le 17 novembre 1494 à l’âge de 31 ans, élucidée en 2008 !
III SON ŒUVRE
1 - Une œuvre brisée en plein élan, le plus souvent réduite à l’Oratio
2 - Une œuvre compliquée en raison de son changement philosophique
3 - Ses œuvres principales
A - Des poésies
B - Commentaire sur une chanson d'amour de Jérôme Benivieni (1486)
C - Conclusiones philosophicae, cabalasticae et theologicae (1486)
D - Oratio de hominis dignitate (1486)
E - Apologia (1487)
F - Heptaplus id est de Dei creatoris opere (1489)
G - De Ente et Uno (1491)
H - Disputationes adversus astrologiam divinatricem (1492, publié en 1496)
I - Lettres et écrits divers
4 - Son ouvrage “principal” : Oratio de hominis dignitate
Association ALDÉRAN © - cycle de cours “La philosophie de la Renaissance” - Code 4310 - 10/01/2011 - page 69

IV PRINCIPALES THÈSES DE LA PENSÉE DE PIC DE LA MIRANDOLE
1 - Un néoplatonicien, mais plus syncrétique et ésotérique que Marsile Ficin
2 - Le princeps concordiae, la recherche d’une synthèse universelle
3 - La volonté de concilier Platon et Aristote, religion et philosophie
4 - Un syncrétisme intégrant des sources hébraïques, orphiques, hermétistes, arabe, etc.
5 - À la recherche d’un syncrétisme révélant la tradition immémoriale, la prisca theologia
6 - La relation entre le monde et Dieu, de l’ordre de l’un et du multiple
7 - Sa conception du monde, un macrocosme dominé par Dieu
8 - L’homme est un microsme ternaire
9 - L’homme est un être libre de sa nature, créateur de lui-même dans le monde divin
10 - Mais une liberté très limitée dans un monde bien particulier, théocentrique et ordonné
11 - Un univers vitaliste, à l’harmonie secrète et régit par des “sympathies universelles”
12 - Un attrait pour les sciences occultes et la magie
13 - Il abandonnera certaines de ces positions pour une critique du néoplatonisme et un retour vers
le thomisme
V CONCLUSION
1 - Un penseur emblématique de l’Humanisme, mais est-il bien celui que l’on pense ?
2 - Emblème de l'humanisme, il est surtout une figure atypique et singulière de l’humanisme
3 - Surtout qu’il n’eut presque aucune importance en son temps
4 - Il contribuera néanmoins à renouveller la question de la dignité humaine
5 - Un des initiateurs de la kabballe chrétienne
6 - La postérité retiendra le vain désir d’une connaissance universelle, omni re scibili
7 - Sa descendance philosophique sera du coté de l’ésotérisme
ORA ET LABORA
Association ALDÉRAN © - cycle de cours “La philosophie de la Renaissance” - Code 4310 - 10/01/2011 - page 70

Document 1 : À gauche, Pierre II de Médicis par Agnolo Bronzino, à droite, Charles VIII de France. En
dessous, Jérôme Savonarole par Fra Bartolomeo dans sa cellule au couvent San Marco en 1498.
Association ALDÉRAN © - cycle de cours “La philosophie de la Renaissance” - Code 4310 - 10/01/2011 - page 71

Document 2 : Un temps proche de Savonarole, Pic de la Mirandole n’assista pas à sa prise de pouvoir de
Florence, puis à sa chute. Le 23 mai 1498, après quatre ans au pouvoir, Savonarole est condamné au
bûcher sur la Piazza della Signoria. Ceux qui assistent à la scène apparaissent ici étrangement indifférents
alors que la place de la Seigneurie fut emplie d'une foule exaltée, persuadée d'assister au martyre d'un saint
(peinture anonyme du XVè-XVIème siècle, musée de la ville de Florence).
Association ALDÉRAN © - cycle de cours “La philosophie de la Renaissance” - Code 4310 - 10/01/2011 - page 72

Document 3 :
DE LA DIGNITÉ DE L’HOMME par Giovanni Pico Della Mirandola
Très vénérables Pères, j'ai lu dans les écrits des Arabes que le Sarrasin Abdallah,
comme on lui demandait quel spectacle lui paraissait le plus digne d'admiration sur cette
sorte de scène qu'est le monde, répondit qu'il n'y avait à ses yeux rien de plus admirable
que l'homme. Pareille opinion est en plein accord avec l'exclamation de Mercure: «O
Asclepius, c'est une grande merveille que l'être humain».
Réfléchissant au bien-fondé de ces assertions, je n'ai pas trouvé suffisante la foule de
raisons qu'avancent, en faveur d'une supériorité de la nature humaine, une foule de
penseurs : l'homme, disent-ils, est un intermédiaire entre les créatures, familier des êtres
supérieurs, souverain des inférieurs, interprète de la nature - grâce à l'acuité de ses sens,
à la perspicacité de sa raison, à la lumière de son intelligence -, situé entre l'éternel
immobile et le flux du temps, copule ou plutôt hymen du monde selon les Perses, à peine
inférieur aux anges selon le témoignage de David. De tels arguments sont certes de
taille, mais ce ne sont pas les arguments fondamentaux, je veux dire ceux qui réclament
à bon droit le privilège de la plus haute admiration. Car pourquoi ne pas admirer
davantage les anges eux-mêmes et les bienheureux choeurs du ciel ?
Finalement, j'ai cru comprendre pourquoi l'homme est le mieux loti des êtres animés,
digne par conséquent de toute admiration, et quelle est en fin de compte cette noble
condition qui lui est échue dans l'ordre de l'univers, où non seulement les bêtes
pourraient l'envier, mais les astres, ainsi que les esprits de l'au-delà. Chose incroyable et
merveilleuse ! Comment ne le serait-elle pas, puisque de ce fait l'homme est à juste titre
proclamé et réputé une grande grande merveille, un être décidément admirable ? Mais ce
qu'est cette condition, Pères, veuillez l'entendre de ma bouche ; prêtez-moi une oreille
bienveillante et ayez la bonté de me pardonner ce discours.
Déjà Dieu, Père et architecte suprême, avait construit avec les lois d'une sagesse secrète
cette demeure du monde que nous voyons, auguste temple de sa divinité : il avait orné
d'esprits la région supra-céleste, il avait vivifié d'âmes éternelles les globes éthérés, il
avait empli d'une foule d'êtres de tout genre les parties excrémentielles et bourbeuses du
monde inférieur. Mais, son œuvre achevée, l'architecte désirait qu'il y eût quelqu'un pour
peser la raison d'une telle œuvre, pour en aimer la beauté, pour en admirer la grandeur.
Association ALDÉRAN © - cycle de cours “La philosophie de la Renaissance” - Code 4310 - 10/01/2011 - page 73