LES SEPT PILIERS DE LA SAGESSE - SIXIÈME SUJET LA QUETE DE LA PURETÉ - LE PILIER DE LA PURETÉ Être philosophe, ce n’est pas seulement avoir des pensées profondes, ni fonder une école, c’est aimer la sagesse à tel point que l’on vit selon ses exigences : une vie de simplicité, d’indépendance, de générosité, de confiance. Henry David Thoreau (1817-1862) Walden ou la vie dans les bois i PRÉSENTATION DU PILIER DE LA PURETÉ 1 - Le cinquième Pilier : la quête de la pureté 2 - Le premier des trois piliers spécifiquement philosophiques, de nature désormais spirituelle 3 - Le début d’une série désormais liée à l’intériorité du sujet, à l’expérience individuelle et intime 4 - Des piliers individualistes et non plus collectifs, liés à notre individualité 5 - Le Pilier de la Pureté, un pilier complémentaire et préparatoire de celui de la perfection II DEFINITION DE LA PURETÉ 1 - Ne pas le confondre avec la purification, l’impureté/souillure ou le puritanisme 2 - Le principe de pureté ou plutôt simplicité, de l’essentialité des choses et des êtres 3 - Se libérer de tout ce qui alourdit, complique, détourne l’Être de sa pleine existence, le rabaisse ou le dégrade 4 - Une notion qui provient de soi, la pureté dont nous parlons n’existe pas comme état primitif 5 - La Pureté ne nous est pas donnée, elle est à conquérir III LA QUETE DE PURETÉ - L’IDÉAL DE PURETÉ 1 - Un idéal de Pureté, arriver à être libre soi-même, de soi et avec les autres 2 - Partir en Quête de Pureté 3 - Les déclinaisons du Pilier de Pureté 4 - Une recherche de Pureté dans toutes les directions du monde et de l’existence 5 - Une recherche constante et perpétuelle 6 - Tendre constamment vers un principe de Pureté supérieure IV VIVRE DANS LA VOIE DE PURETÉ, LA PURETÉ COMME VOIE 1 - Atteindre une recherche de pureté désintéressée : une Pureté comme Action Juste 2 - Insuffler cette quête dans l’ensemble de notre vie quotidienne et de notre Être 3 - Lutter d’abord contre nos tendances contraires et intérieures, contre l’entropie et la dispersion existentielle 4 - Ne plus accepter ce qui est contraire à la Pureté, en nous comme dans ce qui est de nous 5 - Une quête qui nous amène au devoir de Pureté, à l’impérativité de la Pureté mais vis-à vis de soi-même seulement 6 - Toujours respecter, rechercher et protéger la Pureté, en toutes occasions V UN CHEMINEMENT INTÉRIEUR QUI NOUS FAIT DEVENIR ET PROGRESSER 1 - La recherche de la Pureté pour Être - pour être plus soi-même et mieux soi-même 2 - Le progrès en Pureté nous ouvre de nouveaux champs de conscience et d’expériences 3 - Qui nous permet d’être plus en harmonie avec soi, l’Humanité et le monde autour de nous 4 - Progresser dans ce pilier nous fait progresser en Humanité, en qualité d’être humaine Association ALDÉRAN © - Cycle de cours N°1403 100 : “Les sept piliers de la sagesse” - 08/02/2004 - page 39 VI CONCLUSION 1 - Le Pilier de Pureté est un élément constitutif de la prosophia et de la Philosophie 2 - Toute progression dans le Pilier de Pureté est un progrès philosophique 3 - Un Pilier d’autant plus important au regard des problèmes existentiels qu’il pourrait résoudre 4 - Qu’avons-nous fait aujourd’hui pour progresser dans le Pilier de Pureté ? ORA ET LABORA Association ALDÉRAN © - Cycle de cours N°1403 100 : “Les sept piliers de la sagesse” - 08/02/2004 - page 40 Document 1 : La quête de Pureté peut prendre bien des aspects, mais une dimension incontournable est d’arriver à être soi-même, à s’émanciper de l’attention que nous prêtons au regard des autres sur nous, aux apparences superficielles de la réussite sociale. C'est une absolue perfection, et comme divine, de savoir jouir loyalement de son être. Nous cherchons d'autres conditions, pour n'entendre l'usage des nôtres, et sortons hors de nous, pour ne savoir quel il y fait. Si, avons-nous beau monter sur des échasses, car sur des échasses encore faut-il marcher de nos jambes. Et au plus élevé trône du monde, si ne sommes assis que sus notre cul. Michel Eyquem de Montaigne (1533-1592) Essais, tome 3 En thèse générale, c'est notre nature animale qui est la base de notre être, et par conséquent aussi de notre bonheur. L'essentiel pour le bien-être, c'est donc la santé et ensuite les moyens nécessaires à notre entretien, et par conséquent une existence libre de soucis. L'honneur, l'éclat, la grandeur, la gloire, quelque valeur qu'on leur attribue, ne peuvent entrer en concurrence avec ces biens essentiels ni les remplacer ; bien au contraire, le cas échéant, on n'hésiterait pas un instant à les échanger contre les autres. Il sera donc très utile pour notre bonheur, de connaître à temps ce fait si simple que chacun vit d'abord et effectivement dans sa propre peau et non dans l'opinion des autres, et qu'alors naturellement notre condition réelle et personnelle, telle qu'elle est déterminée par la santé, le tempérament, les facultés intellectuelles, le revenu, la femme, les enfants, la résidence, etc., est cent fois plus importante pour notre bonheur que ce qu'il plaît aux autres de faire de nous. L'illusion contraire rend malheureux. S'écrier avec emphase : «L'honneur passe avant la vie», c'est dire en réalité : «La vie et la santé ne sont rien ; ce que les autres pensent de nous, voilà l'affaire.» tout au plus cette maxime peut-elle être considérée comme une hyperbole au fond de laquelle se trouve cette prosaïque vérité que, pour avancer et se maintenir parmi les hommes, l'honneur, c'est-àdire leur opinion à notre égard, est souvent d'une utilité indispensable : je reviendrai plus loin sur ce sujet. Lorsqu'on voit, au contraire, comment presque tout ce que les hommes poursuivent pendant leur vie entière, au prix d'efforts incessants, de mille dangers et de mille difficultés, a pour dernier objet de les élever dans l'opinion, car non seulement les emplois, les titres et les cordons, mais encore la richesse et même la science et les arts sont, au fond, recherchés principalement dans ce seul but, lorsqu'on voit le résultat définitif auquel on travaille à arriver est d'obtenir plus de respect de la part des autres, tout cela ne prouve, hélas ! que la grandeur de la folie humaine. Attacher beaucoup trop de valeur à l'opinion est une superstition universellement répandue ; qu'elle ait ses racines dans notre nature même, ou qu'elle ait suivi la naissance des sociétés et de la civilisation, il est certain qu'elle exerce en tout cas sur toute notre conduite une influence démesurée et hostile à notre bonheur. Arthur Schopenhauer (1788-1860) Aphorismes sur la sagesse dans la vie Document 2 : La quête de pureté oblige à reconsidérer les conditions de la satisfaction et de l’épanouissement de soi, qui pensées de prime abord sont généralement considérées comme extérieures et liées aux possessions matérielles. Il faut du temps pour se rendre compte que ces éléments, s’il ne sont pas mauvais, sont des moyens et non des finalités de l’existence. - Bonjour, dit le petit prince. - Bonjour, dit le marchand. C'était un marchand de pilules perfectionnées qui apaisent la soif. On en avale une par semaine et l'on n'éprouve plus le besoin de boire. - Pourquoi vends-tu ça ? dit le petit prince. - C'est une grosse économie de temps, dit le marchand. Les experts ont fait des calculs. On épargne cinquante-trois minutes par semaine. - Et que fait-on de ces cinquante-trois minutes ? - On en fait ce que l'on veut... «Moi, se dit le petit prince, si j'avais cinquante-trois minutes à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine...» Saint-Exupéry (1900-1944) Le petit prince, Ch. 23 Association ALDÉRAN © - Cycle de cours N°1403 100 : “Les sept piliers de la sagesse” - 08/02/2004 - page 41 Document 3 : Face à la vie centrifuge, entropique, dispersante, absorbante, oubliante, ..., la quête de pureté invite à reprendre conscience de soi et de ce qui est important pour soi. Elle oblige à une forme de fidélité intérieure vis-à-vis de soi-même. Fidélité non pas historique mais fidélité à soi. La première forme de fidélité qu'il faut revendiquer pour pouvoir en assumer d'autres, c'est la fidélité à soi-même. Être fidèle à soi-même, c'est trouver la force de continuer sa propre histoire, d'oublier certains modes d'être pour en valoriser ou en inventer d'autres. J'en prendrai pour modèle Ulysse. À la fin de La République [X, 617d-621d], Platon évoque, par le biais d'un mythe, l'entrelacs de nécessité et de liberté qui fait la condition de chacun de nous. Les âmes en chemin vers une nouvelle vie terrestre doivent choisir, parmi un très grand nombre de possibles, la vie qui sera désormais la leur. Une fois ce choix validé et scellé à jamais par Lachésis, Clotho et Atropos, les trois Moires qui symbolisent respectivement le passé, le présent et le futur, l'âme traverse la plaine de Léthé, dont le nom signifie oubli, et boit l'eau du fleuve Amélès, ce qui veut dire négligence. Elle oublie alors le destin qu'elle a élu et dont elle est seule responsable ; elle s'apprête à vivre une vie dont les événements lui apparaîtront accidentels, alors même que leur enchaînement est réglé par une logique interne, celle d'un choix singulier commandé par un passé oublié et méconnu : le bouillant Ajax choisit en effet la vie d'un lion, le fier Agamemnon celle d'un aigle, tandis que le sage Ulysse, «soulagé de l'ambition par le souvenir de ses épreuves passées», recherche une vie négligée de tous, celle d'un homme ordinaire mais juste, et y trouve son plein contentement. La maladie à certains égards est analogue aux malheurs d'Ulysse : elle redonne son prix aux choses. Ulysse est l'homme de la fidélité : fidélité à Pénélope sans doute, mais plus essentiellement fidélité à soi-même et à des choix de vie réfléchis et assumés, même quand ils ont été imposés par des circonstances ou des volontés extérieures. Rester soimême, ce n'est pas rester à jamais identique à soi-même (idem), figé dans une posture, mais savoir découvrir en soi la ligne ferme et souple à la fois, qui demeure derrière les variations mélodiques de la vie. Jacqueline Lagrée Le médecin, le malade et le philosophe Document 4 : La quête de pureté revient dans notre existence à «voyager léger», à apprendre à ne plus se faire absorber par nos tendances à l’accumulation, qu’elles soient matérielles, mentales ou nos habitudes. C’est un esprit de la simplicité plus qu’un anti-consumérisme. Quand je songe à cette masse de bric-à-brac débarquée avant le voyage, je me demande si la plupart de ceux qui vivent à bord de leur bateau ne sont pas comme la «pie-chercheuse», cet oiseau tellement hanté par la crainte de manquer un jour du nécessaire, qu’il ramasse et accumule tout ce qui passe dans sa ligne de mire. Bernard Moitessier (1925-1994) La Longue Route Association ALDÉRAN © - Cycle de cours N°1403 100 : “Les sept piliers de la sagesse” - 08/02/2004 - page 42 POUR APPROFONDIR CE SUJET, NOUS VOUS CONSEILLONS - Les cours et conférences sans nom d’auteurs sont d’Éric Lowen - Conférences en relation avec ce sujet - Conscience et existence - -Individualité et norme sociale : être soi-même - L’individualité de l’être humain, éloge de l’individualité - Universalité de l’Humanité et unicité de l’individu - La simplicité volontaire, une philosophie de vie, par Jean-Claude Boutémy - Henry-David Thoreau et Walden ou la vie dans les bois - L'émancipation humaine, le premier combat pour sa liberté - Philosophie et vie quotidienne 1600-162 1600-100 1600-069 1600-119 0600-012 4313-08 1600-334 1600-001 Quelques livres sur le sujet - L'individualisme est un humanisme, François de Singly, Éditions de L'aube, 2005 - La conscience, Nathalie Depraz, Armand Colin, 2001 - Tamata et l’alliance, Bernard Moitessier, J’ai lu, 1995 - L’Homme révolté, Albert Camus (1951), Éditions Gallimard, 1988 - Babbit, Sinclair Lewis (1922), Stock, 1969 - Walden ou la vie dans les bois, Henry David Thoreau (1854), Gallimard, 1990 - Les Essais, Montaigne - Pensées pour moi-même, suivies du manuel d'Epictète, Marc Aurèle, Flammarion, 1992 Association ALDÉRAN © - Cycle de cours N°1403 100 : “Les sept piliers de la sagesse” - 08/02/2004 - page 43