La Sérendipité - Association ALDERAN

CYCLE «LES MOTS DE LA PHILOSOPHIE»
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
LA SÉRENDIPITÉ
CYCLE DE CONFÉRENCES PAR ÉRIC LOWEN
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : [phone]
Email : [email protected]
Site : www.alderan-philo.org conférence N°1401-025

LES MOTS DE LA PHILOSOPHIE
LA SÉRENDIPITÉ
Conférence d’Éric Lowen donnée le 14/12/2015
à la salle du Sénéchal à Toulouse
Pour bien comprendre le monde qui nous entoure et la vie, il nous faut réfléchir et penser.
Mais les concepts que nous utilisons sont-ils toujours les bons ? Comprenons-nous
toujours le sens des mots que nous employons ? Connaissons-nous d’ailleurs toujours le
nom qui décrit la chose ? Les concepts sont les outils de la pensée, plus ils sont
adéquats, plus nous pourrons penser correctement. Ces conférences thématiques, d’une
durée d’une heure, sont destinées à présenter les grandes notions et concepts de la
philosophie. Un retour sur les fondamentaux de la pensée et de la philosophie.
Association ALDÉRAN © - Conférence 1401-25 : “Les mots de la philosophie : La sérendipité” - 14/12/2015 - page 2

LA SÉRENDIPITÉ
Dans l’aventure de la science et des techniques, la recherche planifiée et l’expérience
minutieusement préparée sont des procédés incontournables, ils sont au coeur de la
méthodologie scientifique. Mais il faut aussi compter avec le hasard et l’imprévu. L'esprit
scientifique doit donc faire preuve d’une autre qualité : la sérendipité. Il s’agit bien d’une qualité
mentale, car ce n’est jamais le hasard qui fait la découverte, mais l’esprit qui profite des
circonstances offertes par le hasard. Nous examinerons l’origine et les principes de la sérendipité.
I UNE NOTION : LA SÉRENDIPITÉ
1 - Une notion très récente en France, venant du monde anglo-saxon
2 - Une notion relative à l’épistémologie, à la découverte et à la démarche scientifique
3 - Mais aussi un terme à la mode, dont l’usage flou s’éloigne de la notion réelle de sérendipité
4 - A tel point qu’on veut voir de la sérendipité partout, lui faisant ainsi perdre tout sens
II LES FONDEMENTS DE CETTE NOTION
1 - L’origine de cette expression : d’un conte persan à l’épistémologie par Horace Walpole en 1754
2 - La définition de la sérendipité, un heureux hasard suscitant une recherche novatrice
3 - Les exemples de découvertes faites par sérendipité
4 - Et les faux cas de sérendipité
5 - La première erreur courante : confondre sérendipité et découverte fortuite
6 - La seconde erreur courante : confondre sérendipité et hasard heureux, la réduire à la chance
7 - La seconde erreur courante : confondre sérendipité et intuition
8 - Dans la sérendipité, le hasard ne fait pas la découverte, il sert de point d’appui à un esprit
cherchant
9 - La sérendipité ne remplace donc nullement les autres compétences scientifiques (logique,
rationalité, connaissances préalables, méthodes, expériences), sans elles pas de sérendipité
10 - C’est faire montre d’ouverture d’esprit et de curiosité à l’égard de l’imprévu et du hasard
11 - La sérendipité n’est pas dans le hasard, mais l’esprit cherchant qui a su profiter d’un
hasard imprévu
III LES CONSÉQUENCES DE LA NOTION DE SÉRENDIPITÉ
1 - La sérendipité n’est pas une compétence, elle n’est pas enseignable, méthodologisable ou
«rationalisable»
2 - Une notion essentiellement rétrospective et accidentelle
3 - La réhabilitation du hasard et l’accidentel dans la démarche scientifique et la créativité
4 - L’obligation de la préparation à l’imprévu dans l’esprit scientifique
5 - Connaissance ne fait pas esprit scientifique pour autant
6 - La réintroduction de la psychologie en épistémologie
7 - L’esprit scientifique ne peut se résumer à la logique, à la rationalité formelle ou à une méthode
IV LA RÉSONANCE ACTUELLE DE CES NOTIONS
1 - Un concept au coeur des réflexions épistémologiques contemporaines
2 - Mais attention à ne pas en faire un nouveau mythe «scientifique»
3 - Car la sérendipité est «un grand mot qui fait bien» pour souvent désigner du « jourdainisme »
4 - La sérendipité n’est qu’une des multiples voies de la découverte scientifique
5 - Il ne faut pas y voir une opposition à la science classique, c’est même un des dispositifs du
progrès scientifique
6 - Attention à son usage « large » au quotidien, rendant la notion de plus en plus floue et imprécise
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V L’ATTITUDE PHILOSOPHIQUE A L’ÉGARD DE CETTE NOTION
1 - La reconnaissance de la valeur de la sérendipité
2 - L’esprit de la sérendipité transposable dans la démarche philosophique, l’esprit du kairos
ORA ET LABORA
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Document 1 : Exemples d’emploi flou de la notion de sérendipité, le plus souvent réduit au hasard, soit
réduit à la sagacité
« L’un des enjeux actuels de l’urbanisme est donc de favoriser les lieux, les moments et les
situations favorables à la sérendipité. Pour cela, il faut multiplier les possibilités et les
occasions de rencontres non programmées et non immédiatement en plus spécifiques, pour
chaque situation, pour chaque environnement, pour chaque individu.
Ariella Masboungi, Organiser la ville hypermoderne
in François Ascher, Grand Prix de l’urbanisme 2009, Parenthèses, 2009
Cette aptitude à accepter d’aller vers l’inconnu, à être ouvert à de nouvelles découvertes, cette
ouverture à la sérendipité, raffermit ces adolescents dans une attitude de recherche plutôt que
de résultats. Pratiques juvéniles d’information : de l’incertitude à la sérendipité,
www.cairn.info, 2012
Document 2 : Sur l’origine du mot « Sérendipité » et de sa signification moderne.
Acte 1 : le nom « Sérendip » dans un conte pseudo-oriental
attribué à Cristoforo Armeno (en fait Michele Tramezzino) en 1557
Serendip : ancien nom de l’île ce Ceylan, de Sri Lanka, d'après un conte supposé traditionnel
persan Voyages et aventures des trois princes de Serendip de Cristoforo Armeno dans lequel
les héros étaient tout le temps en train de trouver par accident ce qu’ils ne recherchaient pas.
Cristoforo Armeno est le nom donné comme étant celui du traducteur du conte, dans son editio
princeps de Venise par l'imprimeur Michele Tramezzino en 1557.
Acte 2 : la naissance de la notion de sérendipité en 1754
... cette découverte est presque de l’espèce que j’appelle serendipity, un mot très expressif
que je vais m’efforcer, faute d’avoir mieux à vous narrer, de vous expliquer : vous le
comprendrez mieux par l’origine que par la définition. J’ai lu autrefois un conte de fées
saugrenu, intitulé Les Trois Princes de Serendip : tandis que leurs altesses voyageaient, elles
faisaient toutes sortes de découvertes, par accident et sagacité, de choses qu’elles ne
cherchaient pas du tout : par exemple, l’un des princes découvre qu’une mule borgne de l’œil
droit vient de parcourir cette route, parce que l’herbe n’a été broutée que sur le côté gauche,
où elle est moins belle qu’à droite – maintenant saisissez-vous le sens de serendipity ? L’un
des exemples les plus remarquables de cette sagacité accidentelle (...). Horace Walpole (1717-1797)
Lettre à Horace Mann à Florence
le 28 janvier 1754
trad. dans Les Aventures des trois princes de Serendip et Voyage en sérendipité,
Thierry Marchaisse, 2011
Acte 3 : son arrivée tardive en France,
notamment par les travaux du sociologue américain Robert K. Merton
La sérendipité, découverte par chance et sagacité de résultats pertinents que l’on ne cherchait
pas, se rapporte au fait assez courant d’observer une donnée inattendue, aberrante et capitale
(«stratégique») qui donne l’occasion de développer une nouvelle théorie ou d’étendre une
théorie existante. Robert King Merton (1910-2003)
Éléments de théorie et de méthode sociologique
traduit par Henri Mendras, Librairie Plon, 2e édition, 1965, p. 47)
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