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Plein de choses. Après quinze années de travail
en compagnie rythmées par les périodes de produc-
tion, de répétition et de tournée, on a envie de
faire l'expérience de la durée avec le public.
Lors des tournées, on ne fait que passer et
j'avais la volonté d'ancrer la compagnie sur un
territoire, d'aller à la rencontre d'un public,
d'aller chercher aussi de nouveaux publics sur
ce même territoire. C'est quelque chose qui me
tient vraiment à cœur.
Peut-être parce que j'étais animateur social
à la base, parce que j'ai grandi dans un univers
avec une grande mixité sociale et culturelle.
Au théâtre, il faut par exemple parvenir à attirer
davantage de gens qui ont trente-quarante ans,
tout en préservant l'acquis sur les scolaires
et les spectateurs plus âgés. Je veux aussi que
l'on tisse davantage de liens avec les grandes
structures environnantes : Quimper, Brest, Vannes,
Rennes, Saint-Brieuc, mais aussi avec les scènes
du territoire.
J'ai découvert le CDN il y a longtemps en jouant
sous la direction d'Éric Ruf, mais aussi d'Éric
Vigner
pour Marion de Lorme. Je sais qu'ici, il
y a depuis
l'origine un travail énorme sur les
RODOLPHE DANA, QU'EST-CE
QUI DONNE ENVIE DE POSTULER
À LA DIRECTION D'UN CENTRE
DRAMATIQUE NATIONAL (CDN) ?
POURQUOI ?
ITVI
textes contemporains et que le public
est habitué à une certaine exigence
littéraire. Mais c'est aussi l'outil
à disposition qui m'a attiré, un outil
très excitant, avec trois salles et la vocation
pluridisciplinaire du nouvel EPCC*.
Cette saison nous avons choisi d'ouvrir largement
la programmation aux collectifs et aux écritures
de plateau. Ces termes recouvrent pas mal de
réalités différentes mais se retrouvent tous
autour d'une même conception du rapport à la
représentation : une représentation qui n'est
pas figée et qui privilégie l'ici et maintenant.
On peut commencer par les deux artistes associées
au théâtre cette année. D'un côté, Julie Deliquet
et le collectif In vitro ont pour habitude de
ne pas garder de trace écrite du texte qu'ils
ont créé ensemble. Les comédiens et la metteure
en scène se réunissent en amont de chaque
représentation pour discuter des personnages
et décider des inflexions de la représentation
du soir. Cela donne donc des spectacles qui
diffèrent tout le temps et pour lesquels les
comédiens sont toujours sur la brèche. Du côté
de Jeanne Candel, autre artiste associée, cette
PARLEZ-NOUS DE LORIENT.
CÔTÉ PROGRAMMATION
JUSTEMENT, QUELLE SERA
VOTRE LIGNE DIRECTRICE ?
Un rapport
à la représentation
qui n'est pas figé
par ERIC DEMEY
Fusion entre le CDDB et le Grand Théâtre,
diversification des publics, mise en avant du collectif…
Les chantiers de Rodolphe Dana sont nombreux à l'aube
de cette première saison à la tête
du Centre dramatique national de Lorient.
Découverte des projets mais aussi des désirs
qui animent son arrivée en terre bretonne.
POUVEZ-VOUS NOUS DONNER
QUELQUES EXEMPLES ?
*
Établissement Public
de Coopération Cultu-
relle : nouveau statut
juridique du Théâtre
de Lorient regroupant
depuis le 1er juillet
2016 le théâtre muni-
cipal et le Centre
dramatique national.
rodolphe danarodolphe dana