Les arguments économiques
à l'appui du transport
collectif au Canada
Les réseaux de transport en commun dépensent chaque année
au Canada plus de 4 milliards de dollars pour leurs services et
infrastructures—un investissement considérable aux retombées
économiques encore plus importantes.
Les secteurs public et privé reconnaissent tout ce que fait le
transport en commun pour améliorer notre économie et rendre
nos villes plus compétitives. De récentes études à ce sujet nous
aident à mieux le comprendre et permettront aux pouvoirs publics
à tous les échelons de prendre des décisions d’investissement
plus éclairées dans le domaine du transport en commun.
La nature des avantages économiques du
transport en commun
On connaît bien nombre des avantages du transport en commun :
réduction de la congestion et de la pollution atmosphérique, par
exemple, ou facilitation des déplacements vers le travail ou les
études. D’autres avantages sont moins évidents et plus complexes,
tels que l’influence sur la valeur immobilière et les retombées
économiques dans des secteurs particuliers.
Voici certains des avantages les plus courants de l’investissement
dans le transport en commun :
Stimulation de l’économie par le biais des chaînes d’approvi-
sionnement industriel, de l’exploitation, de la recherche et de la
création de produits;
Plus grande mobilité de la main-d’oeuvre pour de
nombreux secteurs de l’économie et surtout pour les
commerces et entreprises des zones centrales;
Plus grande mobilité personnelle pour des millions de
gens qui choisissent de ne pas conduire ou qui ne peuvent
compter sur l’automobile pour avoir accès au travail, aux
magasins, aux soins de santé ou autres services;
Avantages pour la santé publique et la sécurité
provenant notamment de la réduction de la pollution
atmosphérique et des accidents de la route.
Les villes qui grandissent et qui investissent de différentes
manières dans le transport en commun en récoltent d’énormes
bienfaits, sous forme notamment de retombées dans le secteur
immobilier à cause d’une plus grande accessibilité aux terres
qui fait augmenter les valeurs résidentielles et commerciales.
Une autre retombée est la réduction du temps perdu et des
coûts dus à la congestion, surtout dans les localités où les
embouteillages sont fréquents.
La Figure 1 illustre l’accumulation des bienfaits du transport
en commun au fur et à mesure qu’une ville grandit. Ce qui est
représenté est un cadre conceptuel et non une courbe des coûts-
avantages. Plus les avantages sont élevés dans l’échelle, plus ils
peuvent exiger des investissements importants. Par exemple, les
retombées dans le secteur immobilier seront vraisemblablement
plus considérables dans les villes qui investissent dans des réseaux
de transport en commun rapides tels que les métros, les trains
légers ou les voies rapides réservées aux autobus. Le Canada ne
cesse de s’urbaniser et nos villes s’engagent dans cette voie.
Celles qui continuent à investir dans le transport en commun
ne manqueront pas d’en récolter les avantages plus tard.
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Exposé
analytique
Exposé
analytique
Note: Le présent exposé s’inspire d’un rapport spécial de recherche
portant le même titre, publié en 2003 par l’Association canadienne du
transport urbain, la Fédération canadienne des municipalités et Moving the
Economy. Pour en acheter un exemplaire, veuillez visiter www.cutaactu.ca
ou appeler au (416) 365-9800 x113.
L’efficience et autres avantages pour
les économies urbaines
Les études le confirment systématiquement : le transport en commun
est plus efficient que le transport par automobile. Deux publications
récentes apportent des faits irréfutables :
• Selon une étude internationale, le coût moyen du kilomètre-passager
dans cinq grandes villes canadiennes (Montréal, Toronto, Ottawa,
Vancouver et Calgary) s’élève à 0,12 $ dans le cas du transport
en commun et à 0,46 $ dans le cas de l’automobile—une économie
de 74 %.a
• Selon une analyse effectuée pour le compte du gouvernement
fédéral, le coût marginal social du transport en commun s’élève à
0,30 $ le kilomètre-passager, comparativement à 0,46 $ pour le
transport par automobile—démontrant que le transport en commun
est un moyen beaucoup moins cher de répondre à la demande
grandissante en transport.b
L’efficience du transport en commun a d’immenses conséquences
pour nos grandes villes. Une étude visant une douzaine de villes
dans le monde a dégagé une corrélation entre l’achalandage élevé du
transport en commun et la réussite commerciale générale et un niveau
de vie élevé.cLa même étude révèle que les réseaux de transport des
grandes villes canadiennes et européennes, où le transport en commun
occupe une place importante, sont plus efficients que ceux des grandes
villes américaines—consommant un peu plus de 7 % du produit
régional brut, contre presque 13 % dans ces dernières.
Les incidences de ces faits ne se limitent pas à la simple réalisation
d’économies. L’efficience accrue des réseaux de transport nous permet
d’orienter les ressources publiques et privées vers d’autres besoins tels
que l’éducation ou la santé, et il en résulte une meilleure qualité de
vie et une plus grande compétitivité économique.
La création d’emploi et retombées connexes
Les réseaux canadiens de transport en commun emploient plus
de 40 000 Canadiens, soit des effectifs comparables à ceux de nos
secteurs de la radiodiffusion, de la publicité ou de l’extraction pétrolière.
Leur masse salariale de 2,1 milliards de dollars—représentant deux tiers
des budgets de fonctionnement au Canada pour le transport en
commun—alimente les économies locales et crée des emplois directs
et indirects.e
Que l’investissement dans le transport en commun peut créer des
emplois est une certitude pour le Conseil du Trésor de la Colombie-
Britannique, qui a bien vu que les sommes consacrées au transport
en commun sont plus efficaces économiquement pour la création
d’emplois que les sommes consacrées aux autres modes de transport.
On a estimé là-bas que un million de dollars consacré au transport en
commun crée en moyenne 21,4 nouveaux emplois, comparativement
à 7,5 dans le secteur de l’automobile et seulement 4,5 dans celui du
pétrole.f
L’accès à l’emploi
Selon le Recensement canadien de 2001, environ 10 % des
Canadiens—plus de 1,4 million de personnes—empruntent le
transport en commun pour aller au travail. Dans nos grandes
villes, le chiffre grimpe à 22 %.gLes employeurs sont de plus
en plus nombreux à reconnaître le lien entre l’accès au transport
en commun et la viabilité fondamentale de leurs entreprises.
Les usines, les centres d’appels et les établissements du secteur
du tourisme surtout comptent sur le transport en commun
pour offrir à leurs travailleurs un moyen de déplacement sûr,
économique et fiable.
Dans les centres-villes des grands centres d’affaires tels que
Toronto, Montréal et Vancouver, le transport en commun est
le seul mode de transport pratique pour beaucoup de travailleurs
à cause de la congestion, des restrictions sur les places de
stationnement et du prix de celles-ci. En effet, les liens entre
la croissance de l’emploi dans les centres-villes et les taux
d’achalandage du transport en commun montrent que ces
réseaux sont d’importants moteurs de croissance dans nos
zones centrales congestionnées.
Le transport en commun permet également aux jeunes et aux
petits salariés d’avoir accès aux emplois du secteur du tourisme.
C’est ce que l’on constate dans des villes telles que Vancouver,
Victoria, Calgary, Toronto, Niagara Falls et Halifax. Dans
la région de Niagara, ce secteur avait tellement besoin de
travailleurs qu’il a commandé un service spécial de transport
en commun pour aller les chercher jusque dans les collectivités
avoisinantes. Les réseaux de transport urbain de Welland,
St. Catherines et Niagara Falls examinent un service
intermunicipal qui permettrait de répondre à ce besoin.
La réduction des embouteillages
Les embouteillages entraînent un coût économique certain.
Le travail de modélisation effectué pour la région du Grand
Toronto révèle que s’il n’y a pas d’autres investissements dans
le transport en commun, la durée d’un déplacement quotidien
ordinaire pourrait augmenter de 50 % d’ici à 2021.hC’est
l’équivalent d’environ 28 millions de dollars de plus par jour
en coûts dus à la congestion, ou 7 milliards de dollars par année.
Mesurer les coûts et les avantages du transport en commun
Transports Canada a créé un modèle informatique permettant d’évaluer
les coûts et avantages relatifs des projets de transport en commun.
Trois études de cas ont été utilisées pour faire la démonstration initiale
du modèle :
Améliorations proposées des services réguliers de transport en
commun à Kelowna
• Exploitation d’un train léger le long de l’avenue Spadina à Toronto
• Projet de réseau d’autobus rapide à Winnipeg
Pour l’évaluation de ces cas,le modèle a quantifié les divers effets de la
congestion (p.ex.,durée des déplacements, sécurité routière,réduction
des coûts et des émissions) ainsi que les bienfaits pour la mobilité des
personnes à faibles revenus.
Les ratios avantages-coûts des trois cas étaient respectivement 1.4,1.7
et 2.1—ce qui veut dire que les avantages économiques des projets de
transport en commun dépassaient les coûts de ces projets de 40 à
110 %.On a calculé que les projets produiraient des avantages
économiques totalisant presque 500 millions $,contre un coût de
moins de 220 millions $.d
LRT d'Edmonton
Les marchandises aussi sont exposées aux embouteillages, et les
effets toujours plus importants de la congestion inquiètent de
plus en plus les associations commerciales canadiennes qui
craignent pour la compétitivité internationale de leurs membres.
Selon certaines estimations, les coûts dus à la congestion
assumés par les industries du transport des marchandises à
Toronto, Montréal, Ottawa et Vancouver et sa région totalisent
plus de 3 milliards de dollars par année.
La productivité personnelle
Beaucoup d’usagers du transport en commun profitent de leur
temps à bord pour faire des choses utiles. Certains se détendent
en lisant, d’autres s’occupent de tâches de dernière minute :
appeler quelqu’un, lire un rapport ou même vérifier le courrier
électronique. Les modèles de Transports Canada tiennent
compte de ces activités et en défalquent la valeur (25 %) des
coûts du temps de déplacement.n
C’est ainsi que si l’on prend le nombre d’usagers du transport en
commun à Vancouver, Toronto et Montréal, mais en utilisant
l’estimation la moins élevée du nombre de personnes qui travaillent
à bord (5 % plutôt que 25 %), on obtient quand même des gains
de productivité évalués à 33 millions de dollars par année.
« La congestion croissante entrave la compétitivité de l’économie et la qualité de
vie des centres urbains du Canada.En outre,elle nuit à l’investissement car l’accès
aux routes et aux transports publics sont des facteurs clés qui sous-tendent les
décisions des entreprises en matière d’emplacement et d’expansion. [...] le
renforcement et l’expansion des réseaux de transport public,en plus de diminuer
la congestion,contribuent à la salubrité de l’environnement,au contrôle de la
croissance urbaine et ont des retombées positives sur le plan économique.»
- Chambre de commerce du Canada i
« L’Ontario étant une province commerçante,il est essentiel que toutes ses
régions soient dotées des routes et des services de transport en commun qui
nous permettront de nous engager résolument dans les entreprises de demain.»
- Chambre de commerce de Windsor j
« On a calculé que les embouteillages dans le Grand Montréal coûtent plus de
500 millions de dollars par année aux usagers de la route.»
- KPMG Consulting LP k
« La congestion routière attribuable à l’usage accru de l’automobile pour les
déplacements quotidiens et des véhicules commerciaux pour le transport des
marchandises rend la région moins attrayante aux commerces et entreprises
ainsi qu’aux ménages.»
– York Region l
« Les commerces et entreprises ont dit clairement que les priorités en matière de
transport étaient importantes.Ils voulaient surtout des services de transport en
commun et des milieux accueillants pour les piétons afin que les travailleurs et les
clients puissent avoir accès à leurs établissements.»
- Chambre de commerce du Grand Victoria m
Avantages pour les commerçants
Une plus grande affluence de la clientèle est ce que les commerçants
peuvent attendre du transport en commun. Les locaux commerciaux
aménagés de manière à s’intégrer aux installations adjacentes de
transport en commun assurent l’accès à une clientèle nombreuse et
fidèle sans qu’il soit nécessaire de construire de coûteuses installations
de stationnement.
Les commerces de la zone centrale des grandes villes comptent
souvent sur les services de transport en commun pour leur acheminer
la majorité de leurs clients, et selon une enquête effectuée à Ottawa,
plus du tiers des usagers du transport en commun affirmaient que les
circuits d’autobus influençaient leur choix de magasins.p
La station du Transitway au centre commercial St.Laurent à Ottawa
Développement autour des stations de métro à Toronto
Augmentation de la valeur des propriétés
Dans des douzaines d’études aux États-Unis, on a comparé la
valeur de propriétés situées près des stations de transport en
commun rapide à la valeur de propriétés semblables dans
d’autres secteurs. Dans presque toutes ces études, on conclut
que la proximité à des services de transport en commun de
qualité fait augmenter la valeur des propriétés.
Selon des études menées à Vancouver, Scarborough et Calgary,
la valeur des propriétés augmente lorsque celles-ci sont situées
près des métros et des trains de banlieue. Une étude détaillée
menée par des chercheurs de l’Université de Toronto a révélé
que les maisons situées près d’une station de métro valaient
4 000 $ de plus que les autres maisons du secteur parce
qu’elles présentaient une meilleure accessibilité.o
Imprimé au Canada sur du papier recyclé. May 2003
Bienfaits pour la santé publique et la sécurité
L’air pur est une grande question de santé publique au Canada et les
véhicules sont l’une des principales causes de la mauvaise qualité de
l’air dans nos villes. Le transport en commun peut améliorer la qualité
de l’air en offrant à la place de l’automobile un moyen de déplacement
qui est éconergétique et qui produit moins d’émissions. De plus, le
transport en commun peut aider à limiter les coûts économiques de
la pollution atmosphérique — les milliards de dollars que coûtent
chaque année les soins de santé, la perte de productivité, la souffrance
et les décès.
Par ailleurs, le transport en commun aide concrètement à
améliorer la sécurité routière au Canada, car son taux de
collisions mortelles par kilomètre-passager est environ un
vingtième de celui de l’automobile. En 1998, les coûts
économiques des accidents de la route au Canada étaient
estimés à 10,5 milliards de dollars pour les dépenses en soins
médicaux, la perte de productivité, les dommages matériels et
aussi les souffrances et douleurs et les pertes humaines.q
Sans les services de transport en commun, il y aurait au
Canada, chaque année, à peu près 150 collisions mortelles de
plus et 11 000 collisions avec blessures de plus, dont le coût
pour l’économie s’élèverait à au moins 1,1 milliard de dollars.
Textes de référence
a) J. Kenworthy et F. Laube, The Millennium Cities Database for Sustainable Transport, Union
internationale des transports publics (UITP), cité par le Centre pour le transport durable dans
le Bulletin du transport durable no 7, 2002
b) HLB Decision Economics pour le Comité d’examen de la Loi sur les transports au Canada,
Proposition sur la valeur de l’investissement, des subventions et de la participation fédérale dans les
transports publics, 2001
c) J. Kenworthy et al. pour la Banque mondiale, Indicators of Transit Efficiency in
37 Global Cities, 1997
d) HLB Decision Economics en collaboration avec ICF Consulting et PB Consult pour
Transports Canada, Cadre et modèle d’analyse des coûts-avantages pour l’évaluation des
investissements dans le transport en commun et le réseau routier, 2002
e) Transports Canada, Rapport annuel sur les transports au Canada, 2001
f) British Columbia Treasury Board, BC Input-Output Table, 1996
g) Statistique Canada, Où travaillent les Canadiens et comment s’y rendent-ils?, 2003
h) McCormick Rankin Corporation en collaboration avec Metropolitan Knowledge
International pour le ministère des Transports de l’Ontario, Central Ontario Highway
Transportation Perspective, 2002
i) Chambre de commerce du Canada, Renforcer les réseaux de transports urbains au Canada, 2002
j) Windsor Chamber of Commerce, Chambers of Commerce Call on Government to Examine
Proposed Transportation Authority, communiqué de presse du 14 février 2001
k) KPMG Consulting LP, Comparative Study of Socio-Economic Factors Related to
Concrete and Asphalt Highway Surfaces pour la Cement Association of Canada, 2000
l) York Region, Transportation Master Plan Policy Paper #5—Goods Movement
and the Economy, 1999
m) Greater Victoria Chamber of Commerce, Survey of Members, 2002
n)Transports Canada, Guide de l’analyse des coûts-avantages, 1997
o) M. Haider et E.J. Miller, Effects of Transportation Infrastructure and Location on
Residential Real Estate Values: Application of Spatial Autoregressive Techniques,
Transportation Research Record 1400, National Academy Press, 2000
p) R. Cervero, Transit Metropolis, Island Press, 1996
q) Transports Canada, L’État de la sécurité routière au Canada en 1998, 2000
L’Association canadienne du transport urbain (ACTU) se
fait le porte-parole du secteur du transport en commun
au Canada. Pour obtenir un complément d’information –
rapports de recherche, mises à jour du secteur, bulletins de
nouvelles et autres – veuillez communiquer avec nous ou
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