définit les enjeux dans une bourse « en épuration »4. Enfin, les principaux apports de cette
recherche sont repris en conclusion.
L’organisation de la Bourse de Paris
La Bourse de Paris pendant la guerre révèle cet apparent paradoxe : la très forte
augmentation des cours ne correspond pas à la conjoncture économique et cette hausse a lieu
alors que les transactions boursières, contrôlées par une stricte régulation anti-spéculation,
diminuent significativement5.
Jacques Marseille6 explique ainsi l’augmentation violente du prix des actions (cf. fig. 1) :
les investisseurs, dans le cadre d’anticipations rationnelles, auraient escompté les profits des
entreprises dans l’après-guerre. Sans exclure qu’au moment de choisir les titres, les
investisseurs prennent en considération la future rentabilité des émetteurs parmi d’autres
variables (localisation des entreprises, bombardement, commandes étatiques, nationalisations
envisagées), ils décident d’investir en actions car leur valeur n’est pas directement affectée
par la forte inflation de la période. En outre, les possibilités d’investissement dans d’autres
actifs sont particulièrement réduites par la pénurie, la baisse des taux sur les titres à revenu
fixe (eux aussi soumis à l’érosion monétaire) et par les contraintes réglementaires, bien plus
strictes que celles encadrant l’investissement en actions, qui entravent les opérations
immobilières, les transactions internationales et le commerce de devises et or.
Insérer Figure 1 plus ou moins ici.
Cette « hausse de misère »7, les autorités allemandes et françaises ont voulu la contenir,
au nom de la lutte contre le gain spéculatif, pour diriger les capitaux vers les titres d’Etat. En
fait, le gouvernement français contrôle strictement le marché financier pour boucler son
4 Marc BERGERE, Une société en épuration. Épuration vécue et perçue en Maine-et-Loire de la Libération au
début des années 50, Rennes, PUR, 2004.
5 Kim OOSTERLINCK, « Market microstructure and Nazi influences on the Paris stock exchange during
WWII », Université Libre de Bruxelles, Solvay Business School, Working Paper, WP-CEB 04/026 ; Albert
LAMOULEN Le fonctionnement de la Bourse de Paris de 1939 à 1945, thèse de doctorat, Université de Paris,
Faculté de droit, 1946.
6 Jacques MARSEILLE, « La Bourse sous l’Occupation », dans Olivier DARD, Jean-Claude DAUMAS,
François MARCOT (dir.), L’Occupation, l’Etat français et les entreprises. Actes du colloque organisé par
l'Université de Franche-Comté (Laboratoire des sciences historiques, Centre d'histoire contemporaine) et le
Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon, mars 1999, ADHE, Paris, 2000, p. 415-425.
7 Albert LAMOULEN, op. cit., p. 136.
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