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Résumé synthétique
La commémoration, cette année, du centenaire de la Première Guerre mondiale invite à
s’interroger : la société française serait-elle capable aujourd’hui de résister à un choc aussi
brutal que celui de 1914, puis de se reconstruire et de poursuivre sa destinée collective ?
Le concept de résilience, emprunté à la science et étendu à de nombreux domaines, est apparu
dès le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2008. Le renforcement de la
résilience de la société française s’est imposé depuis comme l’un des objectifs poursuivis par
les politiques publiques.
Dans l’absolu, la société française actuelle semble en capacité de faire face à un choc majeur
et de le surmonter. La France de 2014 possède des atouts que celle de 1914 n’avait pas. Le
système politique a été conçu pour résister aux chocs, la chaîne de décision est louée par les
partenaires étrangers. La société française a pour elle une démographie plus dynamique, un
niveau d’éducation plus élevé, une plus grande mobilité, une plus grande diversité.
Mais il est vrai que quarante années de marasme économique, débouchant sur un
accroissement massif du chômage et de la dette, sont venues saper le moral et les forces. Le
modèle apparaît, parfois, à bout de souffle. La quête d’identité et la multiplication des actes
d’incivisme témoignent d’un malaise français.
Pour analyser la notion de choc majeur, on peut utiliser une matrice croisant quatre facteurs :
choc exogène / choc endogène ; agression / accident. Cette matrice permet de travailler sur les
scénarios imaginables : catastrophes naturelles, épidémies, accidents industriels, krach
boursier, émeutes urbaines, attentats, cyber-attaques, guerre conventionnelle, guerre nucléaire.
Il est utile également de se demander ce qu’il en est de la résilience française en cas d’une
succession de chocs de basse intensité minant progressivement la confiance ? La société
française apparaît alors insuffisamment préparée.
Ces constats amènent donc à formuler des recommandations pour accroître la résilience :
un discours qui prépare les esprits et les confronte à la réalité des menaces ;
une plus large diffusion de la culture de défense, pour renforcer le lien Armées-
Nation ;
une meilleure préparation opérationnelle, en exerçant les individus et les institutions
à l’éventualité d’un choc majeur ;
une mise en posture des corps intermédiaires, pour s’appuyer sur un maillage de
relais dans la société ;
enfin, un renforcement de la cohésion nationale, en travaillant sur ce qui rassemble et
crée le lien social, pour faire aimer la France.