Moins de poissons
mais plus de CO2
Un conseil à tous ceux qui partent à la mer : mettez un masque, plongez et admirez.
Car, les algues, les posidonies, les anémones et les poissons que vous verrez seront
peut-être les derniers que vous aurez le loisir d’observer dans leur milieu. Délire
journalistique ? Ce nest pas l’avis des participants au programme international
sur l’état des océans (Ipso). Comme vous le lirez dans le dossier de ce numéro, les
chercheurs de 18 institutions ont rendu public, n juin, les principales conclusions du
rapport quils remettront prochainement à l’ONU.
On savait la mer dans un piètre état. Mais pas à ce point ! À la surpêche et aux
pollutions telluriques (déchets, nitrates, phosphates, hydrocarbures) s’ajoutent
les conséquences des changements climatiques : le réchauement des eaux
supercielles et l’acidication. Rien de nouveau, pourrait-on dire. Et pourtant.
La conjugaison accélérée de ces phénomènes produit un détonnant cocktail. Sous
l’eet de l’accroissement du pH et de la montée en température, le zooplancton –
base de la chaîne alimentaire marine – disparaît. Et avec lui, un grand absorbeur de
CO2 atmosphérique. Par ailleurs, sous l’eet des changements climatiques, le régime
des vents marins évolue, entraînant un plus grand brassage des eaux : les eaux froides
du fond remontent en surface. Problème : elles sont riches en carbone et nont pas la
capacité des anciennes eaux supercielles à éponger notre CO2.
En résumé, nous sommes en train de nous priver d’une importante source de
protéines (20 % de nos protéines sont issues des poissons) et d’un grand puits de
carbone. Encore un eort, camarades !
L’USINE A GES©
la lettre des professionnels du changement climatique
www.lusineages.com
Édito
2-4 Entretien
Jean-Marc Jancovici
2 Politique
Faites entrer l’accusé
2 Économie
Aviation : pressions US
et chinoises sur l’Europe
La luzerne, ça rapporte
AEP montre la voie
Au camping, on compense
Un carbone complètement timbré
3 Sciences
Le climat inue bien sur la météo
4 Actions locales
Les succès du Vélib
L’IFP adopte son plan climat
Le coût de l’inadaptation
Des frigos contre le réchauement
5 Initiatives
Les chocolatiers décarbonent
leurs tablettes
6 Actions locales
Anne Ged , directrice de l’Agence
parisienne du climat
7-8 Dossier
Les dernières années de la mer
9-10 Le Carbone a la cote
Pourquoi la tonne de CO2 a fondu
d’un tiers
11-12 Grand Lyon
Laccès à l’énergie : un enjeu climatique
et sociétal
13 Sciences & Technologies
L’Usine à GES© est une publication mensuelle -1- ENERGOGRAD
© DR
78
JUIN 2011
Lettre gratuite et mensuelle.
Suivez Volodia Opritchnik sur Twitter :
http://twitter.com/Opritchnik
139
millions d’euros
C’est la recette des premières enchères
grecques de quotas de CO2.
Ingénieur, créateur du Bilan Carbone®, auteur
de nombreux ouvrages de vulgarisation, conseiller
scientifique du Shift Project d’Ellen Mc Arthur,
Jean-Marc Jancovici est l’un des observateurs français
les plus engagés dans la lutte contre le changement
climatique. Un an avant les présidentielles, il publie
Changer le monde – Tout un programme !
1.
Il nous en livre ici les principaux messages.
Les émissions de GES ne cessent de progresser : l’objectif
des 2 °C en 2100 est-il encore réaliste ?
Jean-Marc Jancovici : Avant même de savoir si l’on saura limiter à 2 °C l’élévation de
température moyenne globale par rapport à 1850, la mention d’un objectif pour 2100
comporte un piège. Car, pour bien des acteurs, évoquer 2100 signie quil ne se passe rien
d’ici là. Or, certaines conséquences du réchauement en cours sont d’ores et déjà visibles.
Comme l’accroissement des événements météorologiques
extrêmes ?
Jean-Marc Jancovici : Cest l’une des conséquences attendues dans le cadre d’un climat
qui se réchaue. Mais, il sera toujours impossible d’imputer au changement climatique
telle inondation aux États-Unis ou telle canicule en Europe. Seule la multiplication de ces
événements conrmera les projections des rapports du Giec. Cela étant, il est déjà possible
de relier à l’énergie et au climat ce qui sest produit en Égypte ou en Tunisie.
Et pas à leur endettement ?
Jean-Marc Jancovici : L’Égypte et la Tunisie dépendent pour une large part de l’extérieur
pour leur approvisionnement en produits alimentaires. La hausse des prix des céréales sur
les marchés mondiaux, due à l’utilisation croissante des récoltes pour faire des carburants et
aux épisodes caniculaires de 2010, a engendré une ination sur les produits alimentaires qui
a contribué à braquer la population. D’où les troubles que nous connaissons depuis l’hiver
dernier et qui en annoncent bien d’autres.
Politique
Faites entrer l’accusé
Aux États-Unis, tout se termine devant un
tribunal. Et le climat ne fait pas exception à
cette règle. Selon une note de la Deutsche
Bank, le contentieux climatique se déve-
loppe doucement mais sûrement. Jusqu’en
2004, on comptait sur les doigts des deux
mains le nombre d’aaires opposant un
émetteur de CO2 à un État ou des ONG. En
2007, une cinquantaine d’aaires ont été ju-
gées. Mais c’est en 2010 que les avocats ont
commencé à se faire du gras : 130 litiges !
Globalement, le tiers des actions a pour ob-
jectif d’empêcher l’application de lois fédé-
rales (l’EPA est particulièrement visée), mais
23 % visent l’industrie du charbon.
http://www.dbadvisors.com/content/_media/
US_CC_Litigation.pdf
Économie
Aviation : pressions US
et chinoises sur l’Europe
Les compagnies aériennes américaines et
chinoises accentuent leur pression sur l’Eu-
rope. Les transporteurs du Nouveau Monde
et de l’Empire du Milieu veulent éviter d’être
intégrés, l’an prochain, au système commu-
nautaire de quotas d’émissions. Lassocia-
tion américaine du transport aérien a d’ail-
leurs engagé une action judiciaire contre la
Commission. La Cour européenne de justice
devrait prochainement examiner l’aaire.
De son côté, Hong Kong Airlines a diéré sa
commande de 10 Airbus A 380 (3,8 milliards
de dollars au prix catalogue) pour protester
contre la politique climatique communau-
taire.
La luzerne, ça rapporte
CDC Climat vient d’acquérir près de 140 000
crédits carbone, délivrés en mars par l’État
à Coop de France Déshydratation et repré-
sentant les réductions d’émissions réali-
sées dans la lière de transformation de la
luzerne. Cette opération permet à Coop de
France de nancer l’installation d’une chau-
dière à biomasse pour le séchage de cet ali-
ment pour bétail et de mettre en œuvre une
technique de préséchage en plein champ.
Lémission de 650 000 tonnes d’équivalent
CO2 pourra ainsi être évitée d’ici à 2013 et
6 M€ apportés au secteur. C’est la première
concrétisation des « projets domestiques
CO2 » pilotés par CDC Climat dans le cadre
du dispositif encadré par le ministère char-
gé de l’écologie pour la période expérimen-
tale 2008-2012.
denis.lechatelier@neuf.fr
…/…
L’Usine à GES© est une publication mensuelle -2- ENERGOGRAD
Jean-Marc Jancovici
Entretien Propos recueillis par Volodia OPRITCHNIK
D.R.
…/…
(1) Changer le monde - Tout un programme, éditions Calmann-Lévy, 2011.
Comment éviter de se faire aspirer par cette spirale ?
Jean-Marc Jancovici : L’abondance d’énergies carbonées structure notre expansion
industrielle depuis un siècle et demi. Grâce au pétrole, au charbon et au gaz, la productivité
a explosé, permettant la croissance très forte des productions agricole puis industrielle et,
de ce fait, le développement des services avec les travailleurs qui ne sont plus nécessaires
ailleurs. Mais tout cela nest possible qu’avec une énergie largement disponible et à bas coût.
Ce qui sera de moins en moins le cas.
Le
peak oil
?
Jean-Marc Jancovici : Nous sommes eectivement parvenus à la n d’une période où l’on
produisait toujours plus de pétrole et de gaz. Dans quelques années, nous commencerons
à extraire de moins en moins de pétrole. Cela aura deux eets : une hausse du prix du baril
et, comme l’énergie fonde tout le reste, un accroissement de la fréquence des récessions.
D’autre part, si nous voulons que la concentration de gaz à eet de serre reste en deçà des
450 ppm, nous devons, pays industrialisés, émergés et en développement, réduire de moitié
nos émissions carbonées. Or, celles-ci proviennent majoritairement de la combustion du
pétrole, du charbon et du gaz. Donc, pour réduire notre dépendance à une source d’énergie
qui va devenir de plus en plus chère et pour tenter de préserver notre climat, nous devons
massivement réduire nos consommations d’hydrocarbures et de charbon.
Ce qui va bouleverser nos économies…
Jean-Marc Jancovici : Il est évident qu’avec moins d’énergie à bon marché dans les champs
et les usines, il va falloir remettre de la main d’œuvre dans les secteurs primaire et secondaire.
Terminée, la défense du pouvoir d’achat…
Jean-Marc Jancovici : Il est clair qu’en passant de l’emploi de bureau à l’usine ou à la
coopérative agricole, bon nombre de salariés vont voir leurs revenus diminuer. Mais cela
nest peut-être pas le point le plus important.
C’est-à-dire ?
Jean-Marc Jancovici : À la campagne, une partie de ce que nous avons à notre disposition
nest plus marchand, alors quen ville tout l’est. Par ailleurs, se pose la question, dans un
monde sous contrainte énergétique, de l’occupation du territoire, de la place des villes et
de leur taille.
Quels sont les chantiers prioritaires pour décarboniser
« en douceur » une économie comme la nôtre ?
Jean-Marc Jancovici : Sans être sûr d’énoncer les pistes dans le bon ordre, la première est
de recongurer les espaces urbains. Nous sommes arrivés à un moment où les mégapoles
sont devenues non durables, et déjà – selon moi – à cause de la contrainte énergétique,
des fabriques de ghettos sociaux. Ensuite, il faut dimensionner nos infrastructures (routes,
voies ferrées, réseaux d’énergie, d’eau et de télécommunications) pour les rendre résistantes
aux contraintes à venir, climatiques ou énergétiques. Nous devons aussi développer une
agriculture moins énergivore, plus diversiée et adaptée aux climats à venir. Cela suppose de
revenir à la polyculture, moins gourmande en engrais de synthèse (issus de la pétrochimie)
que les grandes cultures actuelles. Enn les lières industrielles vont devoir être revues à
l’aune de cette contrainte.
Quel serait le bon mix énergétique ?
Jean-Marc Jancovici : Selon moi, le parc de production d’électricité doit reposer sur trois
axes : les centrales thermiques captant et stockant le carbone (CSC), les centrales nucléaires
et les centrales solaires à concentration.
AEP montre la voie
American Electric Power (AEP) se prépare à
réduire ses émissions de CO2. Cette impor-
tante compagnie d’électricité va investir
8 milliards de dollars pour fermer 6 000 MW
de centrales au charbon, améliorer l’eca-
cité énergétique (et du même coup réduire
les rejets) d’autres centrales thermiques et
construire de nouvelles installations au gaz.
Ses grands concurrents, Duke, Dominion
Resources, Progress Energy ou la Tennessee
Valley Authority, devraient prochainement
lui emboîter le pas. Selon certaines projec-
tions, de 30 000 à 70 000 MW de centrales
au charbon devraient être fermées outre-
Atlantique dans les toutes prochaines
années. De quoi éviter l’émission de 120 à
280 millions de tonnes de CO2 par an.
http://www.aep.com/newsroom/
newsreleases/?id=1697
Au camping, on compense
Les responsables du camping Esterel Cavara-
ning, à Agay (83), proposent à leurs hôtes de
compenser les émissions de leurs vacances.
En fonction du kilométrage parcouru et de
la puissance du véhicule, les touristes volon-
taires achètent des équivalents palétuvier.
Les dirigeants du camping ont nancé, l’an
passé, la plantation, par EcoBénin, de 20 000
palétuviers sur les rives du lac Ahémé. Du-
rant sa croissance, cette petite forêt devrait
stocker 10 000 tonnes de CO2.
contact@esterel-caravaning.fr
Un carbone complètement
timbré
La poste belge propose depuis quelques
semaines d’acheminer le courrier des entre-
prises au moindre coût climatique. Moyen-
nant un surcoût de 0,1 % sur le tarif normal
d’aranchissement, BPost compense les
émissions imputables au tri et au transport
des plis. Avec la petite contribution carbone,
BPost nance un parc éolien en Turquie.
http://www.bpost.be/site/fr/postgroup/green-
post/index.html
Sciences
Le climat influe bien
sur la météo
Regroupés au sein de l’Attribution Climate
Events, des climatologues américains,
britanniques, australiens et sud-africains
devraient démontrer les liens entre la sur-
venue d’événements climatiques extrêmes
(ouragans, inondations, vagues de séche-
resse) et les changements climatiques. Les
résultats de leurs travaux seront présentés
lors du prochain colloque du Programme
mondial de recherche sur le climat, à Den-
ver, en octobre prochain.
L’Usine à GES© est une publication mensuelle -3- ENERGOGRAD
Entretien Propos recueillis par Volodia OPRITCHNIK
…/…
…/…
Le dernier rapport du Giec estime pourtant que les renouvelables
ont un grand avenir…
Jean-Marc Jancovici : Ce rapport donne une fourchette très large et, sans surprise, le
scénario « le plus renouvelable » est aussi celui où nous consommons le moins d’énergie. Il
reste cependant à choisir les bonnes options et nous n’avons pas le temps d’attendre que
des contributions anecdotiques deviennent prépondérantes. En Europe, sans division de la
consommation par 10, et sans stockage de masse, l’éolien plafonnera à 10 % de l’électricité
et le photovoltaïque restera marginal.
Ce schéma est-il aussi valable dans d’autres contextes
énergétiques, le sud de la Méditerranée par exemple ?
Jean-Marc Jancovici : Les pays de cette région peuvent probablement déployer
signicativement du solaire à concentration pour produire de l’électricité et/ou dessaler
l’eau de mer. Cette option me paraît à terme plus intéressante que le photovoltaïque.
Quid
des solutions technologiques de compensation
du réchauffement, comme la géoingénierie ?
Jean-Marc Jancovici : Je suis contre. Faire croire que l’on peut réguler le thermostat
planétaire simplement en injectant des sulfates ou en mettant des miroirs en orbite c’est
montrer que l’on ignore tout de la complexité de la machine climatique.
Pourtant, des scientifiques plaident en faveur de ces techniques…
Jean-Marc Jancovici : Elles ont de grosses faiblesses : soit elles nécessitent d’être
employées ad vitam aeternam – ce qui nest pas durable – soit elles tentent de compenser
une modication globale par un déséquilibre local (cas des miroirs) et il y a fort à parier que
le remède ne sera pas meilleur que le mal.
14 % des émissions mondiales de GES sont le fait des transports.
La voiture électrique, c’est une solution ou un faux-nez ?
Jean-Marc Jancovici : Le plus simple pour les décennies qui viennent est de sen tenir
à la voiture à pétrole mais ne consommant que 1,5 litres aux 100. Cela passe par une
taxation accrue des carburants et par des normes drastiques imposées aux constructeurs.
Le déploiement massif des véhicules électriques sera long à mettre en place et nécessite des
capacités électriques supplémentaires, qui, dans le contexte actuel, ont toutes les chances
d’être issues du charbon puis du gaz.
Nombre de spécialistes estiment qu’il faut replanter des arbres
pour stocker le carbone dans la biomasse. Est-ce aussi votre avis ?
Jean-Marc Jancovici : Cest utile, mais demande de réduire, globalement, la consommation
de viande rouge. Car, l’élevage bovin contribue massivement à la déforestation, en obligeant
à consacrer 70 % des terres agricoles mondiales à l’alimentation du bétail (lire L’Usine à GES
n° 59). Avec du poulet et des légumes, il faut moins de terres agricoles et cela permet
d’utiliser la biomasse pour autre chose.
Vous mis à part, qui porte un tel programme climatique ?
Jean-Marc Jancovici : Cest aussi la question que je me pose ! À part en Grande Bretagne
peut-être, je n’ai toujours pas identié de chef de meute politique, en Europe, qui comprenne
le lien profond entre économie et énergie et qui porte un tel projet de société. L’adopter
serait pourtant la meilleure option.
Mais encore ?
Jean-Marc Jancovici : L’Union européenne importe 75 % de son pétrole, 40 % de son gaz
et la moitié de son charbon. En décidant de décarboner son économie, l’Europe inventerait
l’économie du futur, réduirait son bilan carbone, diminuerait la facture des importations
d’énergie fossile et entraînerait avec elle d’autres pays. Ce serait vraiment une politique
« no regret ».
Actions locales
Les succès du Vélib’
Quatre ans après son lancement, c’est
l’heure du bilan pour le service parisien
de vélos en libre service. Selon la mairie
de Paris, les gros cycles gris ont réalisé 100
millions de trajets. Ce qui a permis d’éviter
l’émission de 40 000 tonnes équivalent CO2.
L’IFP adopte son plan climat
Le conseil régional d’Île-de-France a voté, le
24 juin, le plan climat de la région capitale
(PCR). Conformément à la loi du 10 juillet
2010, ce programme, assorti de 24 actions
concrètes, prévoit une réduction des émis-
sions (79 Mt/an) et une politique d’adapta-
tion aux conséquences des changements cli-
matiques. Il entend aussi entraîner d’autres
acteurs à alléger leur empreinte carbone, via
les leviers de la commande publique, des -
nancements ou de la gestion du patrimoine.
La première action du PCR sera le lancement
du Club Climat, au mois de septembre : une
instance de concertation et de suivi.
http://www.iledefrance.fr/leadmin/contrib_folder/
Rubriques/Environnement/24_action_-_PRC.pdf
Le coût de l’inadaptation
Trois milliards de dollars : c’est le coût, en
2030, de l’inadaptation aux conséquences
des changements climatiques pour Alexan-
drie (Egypte), Tunis (Tunisie) et Casablanca
(Maroc). Telle est du moins lévaluation faite
par la Banque mondiale. Dans un rapport
publié le 4 juin, l’institution de Washington
rappelle que ces métropoles seront sou-
mises à la montée du niveau de la mer, à des
vagues de chaleur plus nombreuses et des
crues brutales. Inquiétant, si l’on se souvient
que leur population va croître de 70 % au
cours des 20 prochaines années. Conclusion :
il est urgent d’investir dans l’adaptation. Le
montant de la facture sera moins élevé que
le coût de la réparation. Un conseil égale-
ment valable pour bien des zones urbani-
sées de la côte nord de la Méditerranée.
Contact : David Theis au [email protected]
Des frigos
contre le réchauffement
Hydro-Québec vient de lancer une heureuse
initiative. Lélectricien public québécois sub-
ventionne le remplacement de vieux frigos
par des appareils neufs et sobres. Dédié aux
ménages à faible revenu, ce programme a
plusieurs objectifs : la lutte contre la précari-
té énergétique, la réduction des consomma-
tions d’électricité. Les vieux réfrigérateurs
étant récupérés par des organismes agréés,
les fuites de gaz réfrigérants (puissants gaz
à eet de serre) imputables aux appareils
jetés en décharge sont aussi évitées.
www.hydroquebec.com/fr/
L’Usine à GES© est une publication mensuelle -4- ENERGOGRAD
Entretien Propos recueillis par Volodia OPRITCHNIK
Initié par de petites chocolateries, l’allègement du bilan carbone contamine la planète chocolat.
Les croqueurs lui connaissent trois qualités : être noir, au lait ou blanc. En
voici une quatrième : sous l’impulsion de petits producteurs, le chocolat est
doucement en train de se décarboner. Le mouvement a été lancé, il y a une
poignée d’années, par des chocolatiers belges et suisses. Deux patries reines
du chocolat européen.
100 g de chocolat, 280 g de CO2
Créés en 1933, les Chocolats Halba travaillent de longue date sur les questions
de traçabilité de leurs produits. Il était naturel que l’entreprise zurichoise
s’interroge sur le bilan carbone de sa production. La mission a été conée à
la fondation suisse MyClimate. Verdict : la mise sur le marché d’une plaque de
chocolat noir de 100 g génère entre 150 et 180 g de CO2, contre 220 et 280
g pour une tablette de chocolat au lait. Pour alléger son bilan, Halba a choisi
de compenser une partie de ses émissions en participant à des opérations
de reboisement de forêts tropicales, gérées par
la société Pureprojet. Résultat : seize produits
Halba vendus aux Pays-Bas et en Allemagne sont
désormais labellisés « Carbon Neutral Product ».
Chez Doln, la vision est un peu plus large. Il s’agit
de réduire l’empreinte écologique et sociale de
l’activité de la chocolaterie belge. Comme pour
son concurrent helvétique, tout commence par
un Bilan Carbone®, réalisé par co2logic, selon
la méthodologie développée pour l’Ademe. La
réponse de l’entreprise se fera en trois temps. Dans
sa charte sociale et environnementale, la compagnie
dirigée par Jean-Jacques de Gruben sengage à
réduire ses émissions. Pour ce faire, elle participe
au nancement d’un projet MDP en Inde. Avec
d’autres partenaires européens, Dolphin nance
la réalisation d’une chaudière à biomasse (déchets
agricoles), grâce à laquelle un village du Rajasthan
produit son électricité, sans émettre de CO2.
Chocolat bio et renouvelable
Tout l’eort n’est pas réalisé en compensation. Chaque année, le
chocolatier belge consacre 15 000 euros à l’amélioration de sa
performance environnementale. Un audit énergétique de ses installations
permet d’identier les sources d’économies les plus évidentes. Le
changement des sources lumineuses, l’installation de minuteries et la
réduction de la température des locaux permettent de réduire d’un quart
la consommation d’électricité. Grâce à un contrat particulier, les électrons
consommés sont réputés être produits par des énergies renouvelables.
Fort de ce bilan, Dolphin se proclame premier chocolatier belge neutre
en carbone.
Lentreprise n’en reste pas là. Elle développe une nouvelle marque, vitrine
de son savoir-faire éthique et environnemental. Baptisée Tohi, cette
gamme est la première du Royaume à intégrer les
principes de commerce équitable (labelisée Max
Havelaar), à n’utiliser que des emballages issus de
forêts durables (label FSC). Les matières premières
proviennent toutes de l’agriculture biologique,
certicat Certisys à l’appui. Enn, les crédits
carbone (URCE) générés par la petite centrale
électrique indienne compensent largement
« les émissions persistantes » de Dolphin.
Signe des temps, Kraft Food se joint à la danse de
ses petits concurrents. Le premier chocolatier de
la planète (Milka, Cadbury, Côte d’Or) souscrit à
l’appel lancé lors de la conférence climatique de
Cancun, en décembre dernier. Signe de sa bonne
volonté : le géant de Northbrook s’engage à
abattre d’un tiers ses émissions de CO2 entre 2005
et 2015. Ça vaut bien un petit carré ?
L’Usine à GES© est une publication mensuelle -5- ENERGOGRAD
Sophie d’ANHALT
Les chocolatiers
décarbonent leurs tablettes
Initiatives
Les émissions
du chocolat (en %)
Production matières
premières
Production chocolat
Transport
Christoph Inauen (Halba) : [email protected]
Jacques de Gruben (Dolphin) : jean-jacques@doln.be
41 31
28
© FRéDéRic BoutaRD
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