la presse doit jouer «un rôle de libérateur, d`éclaireur

publicité
Visite d'État du Président ivoirien en Algérie
Lire en page 24
Retrouvez votre
journal sur son
nouveau site :
latribunedz.com
N° 6368 Prix 10 DA France 1 C
Quotidien national d'information
Mardi 3 mai 2016
DANS UN MESSAGE À L’OCCASION DE LA JOURNÉE MONDIALE
DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE
Bouteflika : la presse doit jouer «un rôle
de libérateur, d’éclaireur et de critique»
Par
voies de réflexion et pose des
jalons. «La Journée mondiale de la
liberté de la presse […], est pour
ELLES SERONT FINALISÉES DANS 18 MOIS
AU PLUS TARD
UN ACCORD pour le financement des études de faisabilité du
gisement minier de Gara Djebilet
(Tindouf), a été signé, hier, à Alger
entre l’Agence nationale des activités minières (Anam) et la Société
nationale du fer et de l’acier
(Feraal). Le document, signé en pré-
sence du ministre de l’Industrie
et des Mines, Abdesselam
Bouchouareb, prévoit un montant de
trois milliards de dinars de financement. Ainsi, l’Anam va octroyer
2 milliards de dinars à Feraal,
chargée d’exploiter ce méga gisement, pour lancer ces études de faisabilité qui seront réalisées par un
cabinet d’experts international.
Suite en page 24
du savoir et l’éclairage de l’opinion
publique», écrit d’emblée
M. Bouteflika. Ces considérations
ont amené l’Etat «à actualiser et à
enrichir les lois de notre pays relatives à la presse, toutes formes
confondues. Cet enrichissement est
venu consolider notre attachement à
la liberté d’expression et l’adapter
également au pluralisme politique
[…]. Cette réforme législative s’est
imposée aussi du fait de la diversité
considérable enregistrée dans notre
pays dans le domaine de la presse et
des médias audiovisuels», note le
Président qui rappelle à ce titre que
la nouvelle Constitution conforte les
droits des journalistes et la liberté
de la presse, sans autre restriction
que celle du respect des constantes
de la nation, et garanti aux journalistes le droit d’accès aux sources
d’information dans le souci d’assurer aux citoyens le droit à l’information.
Suite en page 4
Lire dossier pp 2 à 7
ACTUALITÉ
L’affaire du rachat
du Groupe El Khabar renvoyée
MONDE
„ La situation
en Syrie devient «hors
de contrôle»................p16
Par
Adel Boucherguine
Photo : Archives
Par
presse et de la profession de journaliste sur l’édification des sociétés,
la promotion de l’esprit, la diffusion
SUR DÉCISION DU TRIBUNAL ADMINISTRATIF
DE BIR MOURAD RAÏS
Accord pour le financement
des études de faisabilité
de Gara Djebilet
Smaïl Boughazi
moi un événement saillant qu’il
importe de mettre en avant au vu de
l’impact tangible du secteur de la
CULTURE
„ Soirée Gershwin,
Bernstein et Gospel
à Alger .......................p17
L’AFFAIRE de la
cession du Groupe
médiatique El Khabar
(journal et télévision)
à une filiale du
Groupe industriel
Cevital que le
ministère de la Communication a introduit
en justice a été renvoyée au mercredi
prochain, sur décision
du tribunal administratif de Bir Mourad
Raïs, hier à Alger.
Suite en page 5
Photo : S. Zoheir
LA CÉLÉBRATION de la
Journée mondiale de la liberté de la
presse, le 3 mai, est l’occasion de
dresser les bilans et, si possible,
tracer les perspectives, pour ce secteur qui, en Algérie, a toujours
évolué en montagnes russes. Le
chemin parcouru a été parsemé d’écueils et de fosses, qu’il est inutile
d’énumérer, et devant, l’horizon est
loin d’être dégagé. Pourtant, la
presse reste un acteur actant, même
si lui arrive souvent de surjouer son
rôle, voire en sortir. La mission qui
lui est conférée est de premier plan,
d’où les attentes qu’elle suscite, et
les critiques qu’elle s’attire quand
elle faute.
Cette importance des médias
est souligné par le chef de l’Etat,
Abdelaziz Bouteflika, dans son
message à l’occasion de la Journée
mondiale de la liberté de la presse
où il établit un bilan, ouvre des
Photo : Archives
Hassan Gherab
Supplément international
Alep, bataille clé
dans la tragédie
syrienne
Lire pp 11 à 15
HABITAT
„ Des marchés de gré
à gré pour les sites
AADL.........................p24
2
L ’ É V É N E M E N T
Mardi 3 mai 2016
L’INDÉPENDANCE D’UN MÉDIA A UN COÛT
La presse et le pouvoir de l’argent
Par
Hasna Yacoub
a presse écrite est-elle
vraiment libre ? L’a-t-elle
été un jour ? Même un journaliste ayant près d’une vingtaine
d’années d’ancienneté ne trouve
pas aisément une réponse à cette
question. Et pourtant, il pratique
quotidiennement ce métier, défend
chaque jour la liberté d’expression
et se bat pour une information
vraie, vérifiée et non censurée.
Réussit-il toujours ? Le plus
sincère des journalistes, celui qui
ne se sent pas comme un simple
salarié, mais qui vit son métier,
aime à le croire pour avoir la force
de continuer, d’affronter le lendemain. Mais il ne peut s’empêcher
de se poser perpétuellement la
question. La presse écrite est-elle
vraiment libre ? En fait, il s’agit là
de la question que se pose chacun
de nous, surtout la veille de la célébration de la journée mondiale de
la presse. La question est légitime
car l’influence de la presse écrite,
de par le monde, est connue. La
presse et les médias représentent le
quatrième pouvoir après les pouvoirs judiciaire, exécutif et législatif. Pour tenter de trouver une
réponse, il faut commencer par se
Photo : DR
L
demander à qui appartiennent les
journaux ? Des journalistes ? De
petits patrons, sans aucun lien avec
le monde de l’information, qui
convoitent uniquement le marché
publicitaire ? Ou encore de grands
patrons, propriétaires d’énormes
groupes industriels qui cherchent à
posséder le pouvoir des médias ?
Quel est le nerf de la guerre dans le
monde de la presse ? Pour cette
question, la réponse est connue :
ce n’est malheureusement pas la
plume mais l’argent. Car même s’il
est beau de dire que «la presse ne
vaut non pas par son existence
mais par son lectorat», elle n’en
demeure pas moins constituée
d’entreprises avec leurs impératifs
budgétaires et l’impérieuse nécessité d’atteindre des équilibres
financiers qui leur permettent de
survivre. Alors d’où les journaux
puisent-ils leur argent ? D’une
subvention de l’Etat, d’un patron
qui renfloue les caisses et de la
publicité. Dans les trois cas de
figure, la question de la contrepartie s’impose. Un journal qui
bénéficie d’une subvention de
l’Etat, quelle soit directe ou indirecte (comme la publicité contrôlée
par l’Etat), est-ce le coût de la
démocratie ou est-ce le prix d’un
silence ? Un grand patron industriel, politique ou autre, qui a
acquis un journal est-ce pour jouer
de l’influence du média, pour
s’acheter une nouvelle virginité et
s’ouvrir les portes du pouvoir ? Le
grand patron n’a souvent même pas
besoin d’acquérir la publication, il
lui suffit bien souvent d’user
d’autres moyens : le chantage
publicitaire. Avec son pouvoir
d’asphyxier financièrement un
journal, n’a-t-il pas plus aisément
le pouvoir d’exercer la censure
occulte qui lui permet d’influer sur
la vie nationale. Combien de
directeurs de publications ont-ils
les reins solides pour choisir leur
indépendance en publiant un article
fondé qui leur fera perdre une
source de financement ? Pour s’assurer une indépendance, un journal
doit se battre sur plusieurs fronts et
se doter de moyens qui sont directement liés à son industrie : distribution, impression et publicité. Car
l’indépendance éditoriale ne peut
être garantie que par l’indépendance financière et la capacité
d’imprimer et de distribuer le
journal sans faire appel aux
installations d’impression et de
distribution contrôlées par une
tierce entité. Il faudra que les
sources financières soient multiples
afin qu’aucun lobby n’exerce de
pressions. Il faudra également que
la loi soit en faveur de la liberté de
la presse et son indépendance.
H. Y.
AUSTÉRITÉ BUDGÉTAIRE, OUVERTURE DE L’AUDIOVISUEL ET GÉNÉRALISATION D’INTERNET
La presse algérienne au bord de l’étouffement collectif
Par
Kamel Amghar
LA PRESSE algérienne
traverse en ce moment une période
extrêmement délicate. La chute
drastique des recettes publicitaires,
publiques et privées, l’expose à
une grave crise financière. Tous les
titres sont soumis à une cure
d’amaigrissement qui frôle l’anorexie. Les patrons se retrouvent
contraints de tailler au corps leurs
publications pour survivre à cette
conjoncture meurtrière. Dégraissement des personnels, baisse du
train de vie dans les rédactions,
réduction des charges de production et des tirages, chacun va de
son astuce pour ne pas disparaitre
complètement du paysage. La
stricte rigueur est de mise. Certains
organes ont carrément cessé de
paraître. D’autres, au bord du
gouffre, cumulent des trimestres ou
des semestres d’arriérés de salaires
impayés. Leurs créances auprès des
imprimeries publiques et des
distributeurs enflent aussi. La
politique d’austérité budgétaire,
adoptée par le gouvernement en
réaction à la chute dramatique des
cours du pétrole, est passée par
là. Le volume de la publicité
institutionnelle s’est rétracté de
plus de la moitié. Cette manne,
qui constituait l’essentiel de la
trésorerie des médias nationaux,
n’est plus. Les annonceurs privés,
en dépit d’une baisse notable des
tarifs, ont également revu leurs
budgets de communication à la
baisse en raison d’un repli similaire
de leurs chiffres d’affaires. Durant
les années 2000, à la faveur de
substantiels programmes de développement lancés par l’Etat, des
dizaines de nouveaux titres ont vu
le jour. Profitant d’un portefeuille
publicitaire bien garni, généreusement administré par la puissante
Agence nationale d’édition et de
publicité (Anep), ces publications
ont été vite rattrapées par la crise
avant d’assurer leur autonomie
financière. Cette période des
vaches maigres leur est fatale.
Interrogé à ce propos, le ministre
de la communication invoque une
inflation de journaux et de périodiques ainsi que le manque de
professionnalisme et de rigueur
dans la gestion. Il estime que sur
les 155 publications formant le
paysage éditorial national, «vingt
journaux seulement ont un poids et
une importance sur le marché», at-il souligné en ajoutant que «sur
ces vingt journaux, seule la moitié
est gérée professionnellement».
L’argument du ministre est, certes,
recevable, mais ne justifie pas tout.
L’ouverture du champ audiovisuel,
accompagné par le lancement
d’une vingtaine de chaînes de télévisions privées, a eu aussi une incidence négative sur les commandes
publicitaires des journaux. Faisant
ouvertement dans le dumping, ces
télés «offshore» proposent des
tarifs défiant toute concurrence
pour capter quasiment toutes les
annonces émanant du secteur
privés. Cela étouffe davantage la
presse écrite nationale (domiciliée
et payant ses impôts en Algérie)
qui se retrouve, de facto, obligés
de «louer» ses espaces pour des
clopinettes. A cela, on doit ajouter
aussi les contrecoups de la généralisation d’Internet qui a pratiquement réduit de moitié les ventes de
papiers. En effet, les lecteurs préfèrent, désormais, consulter gratuitement leurs journaux sur le web,
avec le confort et l’instantanéité en
bonus.
Sur le plan strictement
éditorial, ces journaux sont
aujourd’hui rudement concurrencés
par les médias électroniques, les
réseaux sociaux, les sites spécialisés et blogs. Depuis l’instauration
de la liberté de la presse en 1990,
les journaux algériens n’ont pas
connu de crise socioéconomique
majeure de cette ampleur. Leur
survie est manifestement en jeu.
Profitant de ce bouleversement
dramatique, de gros annonceurs
privés lancent des «OPA» amicales
pour se les approprier. D’autres
titres, notamment arabophones, se
tournent vers la peopolisation, le
fait divers sensationnel et la
controverse stérile pour s’assurer
un minimum de visibilité. D’autres
confrères lorgnent du côté des multinationales présentes dans le pays
avec toutes les conséquences que
l’on suppose sur le plan des idéaux,
des opinions et des lignes éditoriales soutenues. On assiste à une
régression terrible sur le plan thématique qui impacte sérieusement
la qualité du service public présenté. Un journal, en dépit de son
caractère d’entreprise économique
et commerciale, a en principe
une noble mission émancipatrice
(politique, sociale et culturelle) à
remplir. C’est l’essence même de
son existence. Le contexte est très
difficile. L’heure n’est plus à la
fête. La qualité, la crédibilité, la
rigueur, le professionnalisme, la
créativité et l’excellence sont les
seuls gages de survie. Pas d’autres
échappatoires possibles.
K. A.
zzz AU FIL DES JOURS
L’information, un «commerce comme les autres» ?
Par
A. Samil
UNE PUBLICITÉ sous forme d’affichettes
fait florès sur les vitrines des pharmacies en
France : «Parce que le médicament n’est pas
un produit comme les autres, votre pharmacie
n’est pas un commerce comme les autres».
Le message de la «réclame» est on ne peut
plus clair. Il ramène sur un même terrain
éthique les préoccupations partagées des
pharmaciens et de leurs clients qui…ne sont
pas des clients comme les autres. Etant
entendu que ces derniers sont souvent des
malades et des patients pour qui le pharmacien -leur pharmacien- est aussi le sympathique héritier de l’apothicaire de bon
conseil. Certains pensent que le message est
une réponse à la grande distribution
(Leclerc) qui a investi le créneau de la vente
au détail du médicament.
On retiendra, pour notre part, qu’un médicament ne s’achète pas chez le boulanger ou
l’épicier du coin. Tout comme une pièce
détachée automobile conforme et sûre ne
s’acquiert pas dans un souk à ciel ouvert.
Est-il permis d’en dire autant des produits
de la presse et de l’information au sens
large ? A priori, oui. Dans tous les pays de
tradition démocratique ancienne, le secteur
de la presse écrite, grand public ou spécialisée, ainsi que celui de l’audiovisuel - et de
plus en plus, la presse dite électronique-,
sont régis par des lois spécifiques, en plus
des lois civiles, pénales et commerciales
ordinaires. La pluralité médiatique,
reconnue et admise comme garante du pluralisme politique, y est encouragée par des
statuts et lois qui protègent les journalistes
et des soutiens financiers aux médias dont
les rentrées publicitaires ne sont pas suffisantes pour couvrir leurs charges. Mais cela
ne se fait pas sans conditions. En France, par
exemple, les journaux d’extrême droite sont
exclus du dispositif d’aide à la presse. Mais
les journaux dont les actionnaires majoritaires sont de richissimes hommes d’affaires
(Le Monde, le Figaro, Libération…) figurent
en tête des bénéficiaires des subventions
étatiques.
En ce jour de célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, l’état des
lieux en Algérie, en dehors de quelques
exceptions notables, tient plus du cafouillis
et de la jungle que du paysage ordonné : les
autorités de régulation tardent à être installées et quand elles le sont, à fonctionner;
la clochardisation de beaucoup de titres s’affiche sans vergogne dans les kiosques, signe
d’un professionnalisme en déclin avancé; l’indigence et la médiocrité des programmes
ainsi qu’une pratique de piratage débridé
sont la marque de fabrique de la plupart des
nouvelles chaines de télévision privées…Il
reste décidément beaucoup à faire dans le
maquis de la presse algérienne pour donner
à la notion de droit à l’information du
citoyen un minimum de sens à travers,
notamment, une exigence de qualité a
minima des vecteurs et supports de l’information, l’instauration d’une transparence
dans la gestion du fonds d’ aide à la presse
qu’il convient de faire fonctionner, le respect
des règles de déontologie de la profession de
journaliste…
A. S.
L ’ É V É N E M E N T
Mardi 3 mai 2016
UNE MULTITUDE DE CHAÎNES TV POUR UN PRODUIT INDIGENT
MENACÉE PAR LA MULTIPLICATION
DES SOURCES D’INFORMATION
Audiovisuel : un paysage loin des normes
La presse devra
négocier sérieusement
le virage des TIC
Par
Moumene Belghoul
e paysage télévisuel algérien
s’est enrichi d’une multitude
de chaînes satellitaires
notamment depuis 2012, une mutation bienvenue dans un monde
médiatique en perpétuelle évolution. Des dizaines de canaux de
droit étranger diffusent aujourd’hui
leurs programmes en direction du
téléspectateur algérien se retrouvant
soudain face à une diversité inattendue. Les chaînes de télévision
estampillées dz, en grande partie
appartenant à des privés, font déjà
partie du paysage et le téléspectateur algérien, il y a peu adepte des
networks des pays du Golfe, s’est
retourné vers ces canaux qui lui parlent directement et s’intéressent à
ses préoccupations directes. Après
des années de diffusion force est de
convenir que le professionnalisme
et la qualité font toujours défaut à
ces médias nouveau. La télévision
étant un média lourd ces canaux ne
laissent évidemment guère indifférent. En attendant les décrets d’application de la loi sur l’audiovisuel
qui devrait réguler le paysage nationale en la matière et l’installation
d’une autorité chargée de le faire
c’est toujours le désordre dans le
secteur. Alors qu’on s’attendait à
une offre télévisuelle digne des
moyens modernes et similaire à ce
qui se fait de mieux dans le monde
dans ce domaine, les nouvelles
chaines de télévision se sont avérées
être une pâle copie de la télévision
publique Entv, longtemps critiquée
pour son manque de professionna-
Par
L
Photo : DR
Smaïl Boughazi
lisme et la qualité médiocre de ses
prestations. Il suffit de zapper d’une
chaîne à l’autre pour constater de
visu que ces nouveaux médias n’arrivent pas à se hisser à un niveau de
qualité de norme internationale.
Usant du bricolage, manquant cruellement de rigueur certaines chaînes,
se considérant comme «leader»,
usent carrément du mensonge, voire
de la désinformation, afin, croientelles, d’influer sur un audimat de
plus en plus dérouté face à ce flux
difforme. Le téléspectateur algérien
regarde perplexe ces nouveaux
médias, où chacun y va de son
appréciation à l’emporte pièce, d’affirmations approximatives où la
rigueur est reléguée aux coulisses.
Les plateaux des émissions proposées sont à de rares exceptions
d’une pauvreté abyssale tant dans la
forme que dans le fond. La qualité
des invités laisse à désirer laissant
croire qu’en Algérie il y a un
manque flagrant de spécialistes ou
d’observateurs capables de produire
du sens sur les différends sujets touchant la société. Cette décrépitude
se résume bien dans un «produit»
télévisuel devenu un classique dans
le paysage algérien : le radio trottoir. Une espèce de sous-produit où
le passant est invité à s’exprimer
face à la caméra, un enregistrement
sommairement monté et projeté
avec un habillage indigent sur des
télés en mal de remplissage de
grille. Séduit au début par ces nouvelles chaînes qui offraient enfin
aux téléspectateurs une information
introuvable sur les télés publiques,
le téléspectateur particulièrement
comparateur aura vite fait de
déchanter lorsqu’il fera face à des
offres en deçà des espérances. Dans
le domaine du sport par exemple, le
privé algérien, comme le secteur
public, aura été dans l’incapacité de
lancer une chaîne de télévision
sportive de niveau international
capable de rivaliser avec les
meilleurs. La qatari BeinSport se
retrouve aujourd’hui en terrain
conquis en Algérie, où ses tarifs
excessifs trouvent preneurs dans
une situation de monopole détestable. Les pouvoirs publics qui hésitent toujours (à dessein ?) à mettre
de l’ordre dans ce secteur semblent
en décalage avec le niveau médiatique mondial. Pourquoi n’a-t-on
pas vu l’émergence d’une où
de plusieurs chaines de télévision
publiques où privée type
«France 24», «Russia Today», ou
même «Al Jazeera», qui défendrait
les intérêts de l’Algérie et ses choix
stratégiques à travers le monde
comme l’on fait plusieurs pays qui
ont compris l’importance géostratégique de se doter de ce type de
moyens ? Une interrogation inlassablement en mal de réponse.
M. B.
DIFFICULTÉS FINANCIÈRES, AVÈNEMENT DU NET ET DE L’AUDIOVISUEL…
Le spectre de la disparition plane sur des titres
de la presse écrite
Par
Karima Mokrani
143 QUOTIDIENS en 2015.
157 en 2016. A en juger par les
chiffres, la famille de la presse
écrite est bien féconde. Rien que
pour l’année 2015, il y a eu 15 nouveaux nés. En pleine crise économique. Un seul cette année 2016,
mais l’année est à peine entamée.
En 2011, il y a eu 18 naissances et
17 en 2013. C’est donc un «mensonge» cette histoire de «disparition de la presse écrite» en raison
du rétrécissement des recettes
publicitaires, d’un côté, et de la
migration vers le web, affirment
certains. Pourtant, à bien analyser
l’évolution de cette même presse
écrite, depuis notamment la
Constitution de 1989 et la loi
d’avril 1990 relative à l’information, en incluant les deux circulaires
Hamrouche, Chef du gouvernement
de l’époque, celle du 19 mars 1990
et celle du 4 avril 1990, la presse
écrite a connu un grand succès. La
première circulaire Hamrouche
autorisant des journalistes à se
constituer en collectifs rédactionnels a permis l’apparition de quotidiens indépendants à grand tirage.
En 1990, il y a eu 5 nouveaux titres
de quotidiens nationaux, 2 en
1994. Les meilleures années de la
presse dite indépendante avant de
perdre certaines de ses meilleures
plumes, tombées sous les balles
d’un terrorisme qui en a fait les pre-
3
mières cibles. S’en sont suivies
d’autres turbulences, d’autres
menaces qui ont lourdement pesé et
pèsent encore sur le fonctionnement
des journaux et le libre exercice du
journalisme. En 1997, ce fut notre
journal la Tribune qui fit l’objet
d’une décision de justice. Il a été
suspendu pendant des mois. Des
journaux ont disparu pour des raisons politiques, d’autres ont «succombé» sous le poids des dettes et
des difficultés financières. Et la
menace de voir d’autres titres disparaître est aujourd’hui réelle, non
seulement parce qu’il y a cette crise
financière induite par le recul, pour
ne pas dire la perte, d’entrées publicitaires mais aussi une mauvaise
gestion certaine de l’argent de l’entreprise de presse. Des directeurs de
journaux se sont enrichis sur le dos
des journalistes et autres employés.
Pas d’augmentations de salaires.
Pas de salaires plutôt. Durant des
mois, des journalistes ont travaillé
sans percevoir le moindre salaire.
Et, bien sûr, aucune indemnité.
El Ahdath est parti sans crier gare,
ne pouvant pas assurer les salaires
et autres charges. El Yaoum paraît
un jour et s’éclipse un autre. Des
journalistes d’un autre organe ont
vu leurs salaires réduits de 15% et
d’autres seraient mis dans la liste
des travailleurs à licencier. Des
rédactions ne disposent pas
d’un minimum de moyens de travail…faute d’argent, dit-on. Au
même moment, des chaînes de télé-
vision percent et marquent des
points. D’accord ou pas d’accord,
elles ramènent l’information. En
temps réel. Des informations diversifiées et vérifiées. Des chaînes de
télévision font parler en direct de
hauts responsables politiques aussi
bien que des citoyens anonymes.
Elles s’invitent dans les foyers,
dans les cafés et dans les espaces
publics. Les «alertes», les
«annonces d’urgence»…chacun
comment il les appelle, passionnent
davantage le simple citoyen algérien qui, jusque-là, ne cherchait pas
à comprendre ce qui se passait dans
son pays ou ailleurs. De sont propre
aveu. En plus donc de la perte des
recettes publicitaires, il y a cette
menace des chaînes de télévision,
ainsi que des journaux électroniques. La course vers l’information. Le scoop. Et la bonne lecture
du scoop. Il y a aussi «le journalisme citoyen» sur les réseaux
sociaux, entre autres, Facebook.
Des citoyens qui ramènent euxmêmes l’information et font leurs
propres analyses et critiques. Ils
deviennent des «spécialistes». Et
des journalistes reprennent l’information parfois sans la vérifier. Des
titres de presse écrite se voient
perdus dans ce tourbillon d’infos,
de commentaires et de soucis financiers. Ils craignent de disparaître, ne
pouvant pas s’adapter au changement, encore moins supporter les
difficultés financières. Ces problèmes financiers et la menace de
disparition ne touchent pas que «les
petits journaux», des groupes de
presse le sont également. Une chose
est sûre, c’est que la presse en
Algérie, tous supports confondus, a
failli quelque part. Elle n’a pas vu
venir la crise, préméditée ou pas.
Ou a-t-elle fait semblant de ne pas
la voir ? En 2016, la presse algérienne ne dispose pas d’un syndicat
fort et représentatif, d’une association d’éditeurs, d’une association de
diffuseurs, d’un Conseil d’éthique
et de déontologie actif. Et c’est le
ministère de la Communication qui
se charge de délivrer des cartes de
presse aux journalistes, alors que
cela devait se faire par leurs pairs.
Certes, la presse a grandement
contribué au développement de la
société, de la citoyenneté, l’engagement des journalistes et leur amour
du métier aidant, mais elle a aussi
ses défaillances qu’elle doit reconnaître. Une organisation véritable
du secteur de la presse s’impose et
elle doit émaner des journalistes
eux-mêmes et des directeurs des
journaux. Pas d’une autre partie. Il
est vrai que de par le monde, des
titres de presse écrite disparaissent
pour les raisons évoquées en haut
(rétrécissement des recettes publicitaires et arrivée du net) mais ça ne
doit pas être une fatalité. D’autant
que les autres supports (télévision
et net) en Algérie commencent à
peine leur aventure et ce ne sera pas
sans difficultés. L’information n’est
pas n’importe quel produit. K. M.
L’ÉVOLUTION technologique qu’a connue le monde, ces
dernières décennies, a complètement bouleversé le paysage de la
presse et des médias. L’avènement
notamment de l’Internet mobile a
contraint de nombreuses entreprises
de presse à se réorienter vers la
Toile pour toucher le maximum de
lecteurs et avoir plus d’impact sur
l’opinion publique. Ce bouleversement n’est pas sans conséquences
sur la presse traditionnelle, appelée
communément la presse papier.
Cette dernière, faute d’une adaptation rapide aux nouveaux moyens
de communication, s’est retrouvée
contrainte à subir cette évolution. A
présent, les choses commencent à
changer mais pas au rythme voulue.
En fait, si le passage au tout numérique n’est pas à l’ordre du jour
pour diverses raisons, les journaux
qui occupaient jusque-là la scène
médiatique ont mis à la disposition
de leur lectorat des applications
mobiles et des sites internet destinés à maintenir leurs «clients» à la
page. Une adaptation qui comporte,
toutefois, des inconvénients. L’absence des moyens de paiement
mobile et électronique en est la
principale contrainte qui a fait que
l’information en ligne soit perçue
comme étant un produit peu rentable pour les entreprises de presse.
Pour les professionnels des médias,
l’arrivée des TIC n’est pas une
menace pour la presse traditionnelle, bien au contraire, il s’agirait
d’un moyen complémentaire
capable d’étoffer le contenu des
médias et de les rendre plus accessibles. Mais, les expériences
actuelles montrent que le Net est un
second support doté d’un même
contenu. En d’autres termes, les
entreprises de presse recourent à la
Toile non pas pour apporter un
contenu différent, adapté, mis à
jour mais juste pour diffuser une
information provenant du support
principal.
Quoi qu’il en soit, l’Internet a
apporté d’innombrables avantages
aux quotidiens d’information mais
il faut admettre que cet outil, dont
l’impact est indéniable sur l’opinion publique, a apporté les gènes
de la disparation - certes lente mais
irréversible - de la presse telle
qu’on la connait depuis plus d’un
siècle. Au jour d’aujourd’hui, le
journalisme n’est plus réservé à une
catégorie d’individus. Avec l’appariation du journaliste citoyen, les
sources d’information se sont multipliées de même que les supports
utilisés, devenus multimédias. Ce
concept qui commence à faire son
petit bonhomme de chemin a gagné
les quatre coins de la planète et
touche pratiquement toutes les
strates de la société. Face à ces bouleversements, la presse n’a plus
d’autres choix que s’adapter et utiliser ces nouveaux moyens à son
profit afin de survivre. Elle devra
notamment négocier le virage des
TIC et adopter de nouvelles règles
de fonctionnement basées sur la
crédibilité, la rigueur, la réactivité
et le sérieux. Des principes qui
pourraient échapper aux médias en
ligne dont le souci principal est la
rapidité, le sensationnel et le commentaire.
S. B.
4
Mardi 3 mai 2016
L ’ É V É N E M E N T
DANS UN MESSAGE À L’OCCASION DE LA JOURNÉE MONDIALE DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE
Bouteflika : «Réfléchir davantage afin
de promouvoir le secteur de l’information»
e président de la
République, Abdelaziz
Bouteflika, a adressé, hier,
un message à l’occasion de la
célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse
(3 mai).
La Journée mondiale de la
liberté de la presse, célébrée
chaque année, est pour moi un
événement saillant qu’il importe
de mettre en avant au vu de l’impact tangible du secteur de la
presse et de la profession de
journaliste sur l’édification des
sociétés, la promotion de l’esprit,
la diffusion du savoir et l’éclairage de l’opinion publique. La
presse, et les médias en général,
ont de tout temps été à l’avantgarde pour relever les défis dans
notre pays. Depuis les débuts de
la lutte du Mouvement national,
les journaux ont su, malgré leur
nombre réduit, contrecarrer les
projets d’aliénation coloniale, de
mystification politique et d’occultation culturelle, en dépit des
méthodes de répression qui les
frappaient comme l’interdiction,
la saisie et l’intimidation des
journalistes par la liquidation, la
prison ou la proscription.
La presse de la révolution a
été un puissant vecteur qui a
permis de mettre à nu l’injustice
et les crimes de l’occupation,
faire entendre la voix de la juste
cause algérienne dans les fora
internationaux et galvaniser le
moral du peuple algérien dans sa
lutte contre le colonialisme
abject. Un peuple accompagné
dans sa détermination et exaltation par la radio Sawt al-Arab.
La lutte de la presse nationale
s’est poursuivie tout au long du
processus d’édification de
l’Algérie indépendante et de
mise en place des bases à même
de garantir sa pérennité.
Par la suite, la corporation a
été au premier rang de la résistance pour la survie de l’Algérie
et le triomphe des lumières de
l’islam et de l’honneur de la
patrie sur la barbarie du terrorisme. C’est là, une occasion,
pour nous recueillir, une nouvelle fois, à la mémoire des martyrs du devoir national, hommes
et femmes, victimes du terrorisme. La lutte nationale et les
sacrifices incommensurables qui
ont jalonné le parcours de la
presse nationale, dans le cadre
des batailles, des victoires et des
douleurs de son peuple, lui
valent respect et reconnaissance.
C’est ce que nous avons voulu
exprimé par l’institution d’une
Journée nationale de la presse et
d’un Prix national annuel pour
honorer les meilleurs journalistes.
Partant de notre considération
pour la presse et notre conviction
qu’elle représente un noble
moyen au service de la marche
de notre peuple sur la voie de la
liberté et de la démocratie, nous
nous sommes employés, ces dernières années, à actualiser et à
Photo : S. Zoheir
L
enrichir les lois de notre pays
relatives à la presse, toutes
formes confondues. Cet enrichissement est venu consolider notre
attachement à la liberté d’expression et l’adapter également au
pluralisme politique, une réalité
irréversible dans notre pays.
Cette réforme législative s’est
imposée aussi du fait de la diversité considérable enregistrée
dans notre pays dans le domaine
de la presse et des média audiovisuels.
Dans cette optique, nous
avons veillé à travers la récente
révision Constitutionnelle à
conforter les droits des journalistes et la liberté de la presse
sans autre restriction que celle
du respect des constantes de la
nation et à garantir aux journalistes le droit d’accès aux
sources d’information dans le
souci d’assurer aux citoyens le
droit à l’information. Nul doute
que ce secteur se renforcera
davantage à la faveur du lancement de l’Autorité de régulation
de l’audiovisuel pour devenir
l’un des vecteurs de développement de l’action d’information
conformément aux règles professionnelles et dans le respect de la
loi. De même que l’établissement de mécanismes d’autorégulation pour la presse écrite, à la
lumière de l’installation du
Conseil d’éthique et de déontologie, confèrera davantage de
sérénité aux professionnels de
cette noble mission et à leur
environnement afin de promouvoir les rapports entre les composantes de la société et entre les
institutions pour favoriser une
dynamique créative basée sur
l’arbitrage d’une législation juste
qui garantit à tous l’équité dans
les droits et les devoirs et une
éthique commune.
Je suis convaincu qu’au
regard de leur degré élevé de
conscience nationale, les acteurs
du secteur sauront contribuer à
transmettre, par leurs idées et
leur professionnalisme, l’image
authentique de l’Algérie et à
fournir au citoyen algérien un
produit médiatique intègre,
notamment dans le monde actuel
marqué par la tyrannie des plus
forts qui œuvrent à minimiser et
à dévaloriser tout ce qui va à
contre-courant de leurs visions et
de leurs intérêts, et le drame que
vivent, depuis quelques années,
certains pays arabes et musulmans en est la preuve édifiante.
L’Algérie fait face aujourd’hui à de nouveaux défis, des
défis induits par le saut qualitatif
que nous nous devons de poursuivre et sur divers plans ainsi
que d’autres imposés par la crise
multiformes que traverse le
monde. Concernant les défis de
la réforme nationale, le secteur
de l’information dans notre pays
fournira un service important à
notre société en contribuant à
expliquer l’impératif de la
consolidation de l’Etat de droit
et à convaincre de la nécessité de
réhabiliter l’effort et le travail et
de promouvoir la qualité, des
valeurs qui permettent d’être au
diapason des pays émergents
parmi lesquels l’Algérie mériterait légitimement sa place. Et
dans ce contexte précisément, la
crise pétrolière mondiale doit
être un leitmotiv sur lequel doivent s’appuyer les forces vives
dans notre pays, à leur tête les
médias, pour faire aboutir le processus de réforme nationale.
En revanche, les défis
imposés par le monde d’aujourd’hui exigent de nous tous une
prise de conscience et de la vigilance pour la sauvegarde de la
sécurité de notre pays. De même
que le pseudo choc des civilisations impose aujourd’hui aux
forces vives du pays, dont les
médias de déployer davantage
d’efforts et de persévérance pour
défendre l’Islam des lumières et
la grandeur de la civilisation
islamique face aux tentatives de
certains de ternir l’image de
notre sainte religion qui prône la
paix et la tolérance, le savoir et
le progrès.
Cette journée nous interpelle
pour réfléchir davantage à notre
conjoncture présente et à l’avenir
afin de promouvoir le secteur de
l’information qui a permis à
notre pays de se frayer une place
parmi les pays démocratiques.
Des pays où la presse joue un
rôle de libérateur, d’éclaireur et
de critique, mobilisant le peuple
pour la poursuite de sa marche
vers la consécration de ses aspirations.
Je tiens à cette occasion à
rendre hommage aux femmes et
aux hommes de la famille de la
presse nationale, tout en saluant
leurs sacrifices et leur courage
dans l’exercice de leur métier. Je
vous souhaite à tous davantage
de succès et de réussite.
Bouteflika : la presse doit jouer «un rôle
de libérateur, d’éclaireur et de critique»
Suite de la page 1
Aussi, M. Bouteflika invitera-t-il les journalistes à être d’authentiques et professionnels journalistes, en se disant, de manière
fort courtoise, «convaincu qu’au regard de
leur degré élevé de conscience nationale, les
acteurs du secteur sauront contribuer à
transmettre, par leurs idées et leur professionnalisme, l’image authentique de
l’Algérie et à fournir au citoyen algérien un
produit médiatique intègre, notamment dans
le monde actuel marqué par la tyrannie des
plus forts qui œuvrent à minimiser et à dévaloriser tout ce qui va à contre-courant de
leurs visions et de leurs intérêts, et le drame
que vivent, depuis quelques années, certains
pays arabes et musulmans en est la preuve
édifiante».
La presse est aussi attendue sur le terrain
socioéconomique. «Le secteur de l’informa-
tion dans notre pays fournira un service
important à notre société en contribuant à
expliquer l’impératif de la consolidation de
l’Etat de droit et à convaincre de la nécessité de réhabiliter l’effort et le travail et de
promouvoir la qualité […]. Et dans ce
contexte précisément, la crise pétrolière
mondiale doit être un leitmotiv sur lequel
doivent s’appuyer les forces vives dans notre
pays, à leur tête les médias, pour faire
aboutir le processus de réforme nationale.
En revanche, les défis imposés par le monde
d’aujourd’hui exigent de nous tous une prise
de conscience et de la vigilance pour la sauvegarde de la sécurité de notre pays. De
même que le pseudo choc des civilisations
impose aujourd’hui aux forces vives du
pays, dont les médias, de déployer davantage d’efforts et de persévérance pour
défendre l’Islam des lumières et la grandeur
de la civilisation islamique face aux tentatives de certains de ternir l’image de notre
sainte religion qui prône la paix et la tolérance, le savoir et le progrès», écrit le chef
de l’Etat.
Enfin, le Président, avant de rendre hommage aux femmes et aux hommes de la
famille de la presse nationale et de saluer
leurs sacrifices et leur courage dans l’exercice de leur métier, formule une recommandation : «Cette journée nous interpelle pour
réfléchir davantage à notre conjoncture présente et à l’avenir afin de promouvoir le secteur de l’information qui a permis à notre
pays de se frayer une place parmi les pays
démocratiques. Des pays où la presse joue
un rôle de libérateur, d’éclaireur et de critique, mobilisant le peuple pour la poursuite
de sa marche vers la consécration de ses
aspirations.»
H. G.
L ’ É V É N E M E N T
Mardi 3 mai 2016
5
LA PUBLICITÉ, ENJEU CAPITAL DES MÉDIAS
Crédibilité hypothéquée, tabloïds en danger
Par
Nasser Hannachi
a Journée mondiale de la
liberté de la presse arrive
dans une conjoncture
assez complexe en Algérie.
Précarité criarde dans la corporation, ruée vers la publicité,
crise financière, et mutation
difficile vers des TIC. Et
l’article 41 consacré à la presse
dans la nouvelle Constitution
demeure un apanage illusoire
de l’avis de quelques confrères,
et ne peut atténuer le mal et les
menaces qui frappent l’activité
journalisme de tout bord.
La dépénalisation du délit de
presse constitue certes un
acquis. Mais une hirondelle ne
fait pas le printemps : beaucoup
reste à concrétiser pour permettre aux journalistes d’opérer
selon les normes et la législation en vigueur. Cette date du
3 mai ne saura servir à de
simples constats que vit la
corporation. Ou sanctionnée par
des titres honorifiques à des
«serviteurs» dans un microcosme hermétique loin du
concret. Elle devrait dévoiler
les réels problèmes minant
l’exercice sous ses multiples
facettes, et interpeller les pouvoirs publics pour asseoir secteur libre de toute contrainte et
bannir ces dérives qu’on voit en
particulier dans certaines
chaines de télévision privées
Photo : Archives
L
dont les «journalistes» campent
le rôle de juges ou moralisateurs.
«La presse algérienne est
leader par rapport à d’autres
pays. Mais rien ne justifie son
professionnalisme pour la
simple raison qu’elle ne joue
plus son rôle. Elle s’adonne à
des exercices autres que ses
prérogatives se métamorphosant en partis politiques ou
carrément s’attitrant le titre
d’opposition», analyse un
confrère travaillant dans un
média national, ajoutant que la
presse est devenue accessible à
tous, y compris les personnes
n’ayant aucun rapport avec le
métier. Les dernières années
ont connu la multiplication
de tabloïdes gérés par des
personnes étrangères à la
profession. Ils publient pour
amasser les recettes des pages
de publicité.
Le pari de réussir le passage
à la presse électronique
constitue un autre écueil pour
quelques organismes. À ce
propos, nous dira Nardjess
Kermiche, rédactrice-en-chef
au quotidien arabophone
An Nasr : «Dans la presse
écrite, à mon avis, le journaliste est disposé à garantir cette
transition. Des journalistes, la
plupart des jeunes, travaillent
dans des conditions difficiles,
mais excellent dans les nouvelles technologies devant le
défi temps. Ils utilisent les
médias sociaux pour communiquer et restent compétents dans
l’utilisation de la technologie
plus que leurs institutions.»
Notre interlocutrice mettra l’accent sur la formation qui devra
accompagner cette mutation
puisque «aujourd’hui le
reporter dépeint, écrit et commente la vidéo. Et nous trouvons qu’il réagit rapidement
avec les nouvelles et ce qui se
passe autour de lui. Il a juste
besoin d’être guidé et accompagné à travers des recyclages
et perfectionnements pour
réussir ce passage». Or estimera-t-elle, «la faiblesse des
médias en Algérie ne lui
confère pas des paramètres
requis afin de s’adapter à la
célérité de la presse électronique d’une part, de l’autre
la réticence à fournir par
les médias des moyens
sophistiqués d’accompagnement demeurent quasi absents.
Autrement dit, point d’investissement dans ce domaine
qui nécessite une équipe
rédactionnelle à part entière.
Les infos en ligne sont
pompées de la version papier».
Pessimiste la rédactrice
conclura : «Je pense qu’une
grande partie des journaux
sera vouée à la fermeture, car
ils ne sont que des pages pour
diffuser la publicité. Ils ne se
soucient pas de la tâche journalistique et communicationnelle.»
N. H.
AVEC LE DÉVELOPPEMENT DES NTIC ET DU JOURNALISME CITOYEN SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX
Quel avenir pour la presse papier ?
Par
Fatiha Ouidir
LA QUESTION liée à la
résistance de la presse papier
face à la presse électronique a
suscité un large débat et une
grande inquiétude sur l’avenir
de la presse papier en Algérie
ainsi que les différents enjeux
auxquels fait face aujourd’hui
la presse papier dans sa course
à la primauté de diffusion
de l’information face aux
nouveaux supports de communication avec cette double
contrainte de veiller à la fois à
la crédibilité de l’information et
à la persévérance de ses acquis
économique pour répondre aux
besoins socioprofessionnels de
ses travailleurs. Il faut dire que
l’émergence et le développement des nouvelles technologies ont entraîné la disparition
de certains titres de renom en
Europe et leur reconversion en
journaux électroniques pour des
considérations économiques et
socioculturelles. Cela a suscité
l’inquiétude de la corporation
de la presse algérienne sachant
que les responsables de ce
domaine ont affirmé la possibilité pour la presse papier de
continuer à exister si elle veille
au professionnalisme dans
son travail en publiant des
informations justes, vérifiées et
crédibles en respectant le goût
du lectorat. En effet, la presse
est l’un des premiers secteurs
touchés par la révolution
numérique. D’ailleurs la presse
de 2016 n’est plus celle des
années 90. L’information n’est
plus l’apanage de la presse
écrite. Le support est également
et surtout numérique. Et par
numérique sont désigné les
sites d’information, les applications et évidemment les réseaux
sociaux. En Algérie l’extinction
des titres est encore dépendante
d’impératifs économiques ou
de rapports de forces politiques.
Toutefois la presse numérique
est en train de tracer son
chemin à un rythme effréné. La
réalité du terrain médiatique est
là, plusieurs journaux n’existant qu’en version numérique
algériens sont devenus des
références. Que se soit TSA
Alg2rie, Algérie patriotique,
Maghreb Emergent ou encore
Impact 24. Ces sites sont quotidiennement consultés par les
lecteurs algériens et tous ceux
qui veulent suivre l’actualité
algérienne Une autre est en
train de se positionner «Radio
Web Sarbacane», le groupe de
la Radio publique algérienne en
attendant les chaînes de télé fait
également sa mutation. Des
rédactions web ont été créées
depuis quelques temps déjà.
Cependant la meilleure illustration de cette évolution est
l’émission quotidienne «La
matinale 6-9» de la Chaîne 3 de
la Radio algérienne. Pour
revenir à la presse écrite algé-
rienne, elle semble néanmoins
se réveiller numériquement au
rythme des grands évènements.
La couverture de la campagne
électorale et de l’élection
présidentielle de 2014 a ainsi
été plus dynamique sur la toile
que sur le papier.
Toutefois peu de journaux
ont créé des rédactions web en
leur sein. Ils sont en train de
chercher des modèles économiques. Entre-temps, la relation
entre le numérique et la presse
écrite change à une vitesse
vertigineuse.
Il s’agit, maintenant, de
suivre la mutation vers une
présence accrue sur le digital.
Suivre l’actualité sur l’écran
d’un PC (ou d’un Mac) est une
habitude qui est en train de
disparaître. Place, maintenant,
au mobile. Ces mutations
n’annoncent nullement la fin du
papier. La presse écrite et celle
du numérique ne peuvent
qu’être complémentaires, avec,
au bout, l’objectif de donner
aux lecteurs des informations
fiables et vérifiées. Mais cela
est un autre défit pour la presse
algérienne.
Enfin, la presse algérienne
fait désormais face au défi de
la révolution numérique chose
qui pourra causer sérieusement
la disparition de la presse
papier notamment avec le
développement progressif des
nouvelles technologies de
l’information et de la communication.
F. O.
L’affaire du rachat du Groupe El Khabar renvoyée
Suite de la page 1
Dès la matinée, les caméras des
télévisions privées étaient toutes sur leurs
trépieds faisant face à l’édifice du tribunal.
Vers 11h, la salle d’audience était pleine
comme un œuf. Avocats, journalistes et
patrons de presse, venus assister à
l’examen de la requête introduite par le
département de Hamid Grine pour
l’examen de la transaction du rachat
d’El Khabar par l’homme d’affaire, P-dg
de Cevital, Issad Rebrab.
Quand le griffer de justice appelle, vers
midi, cette affaire, une armada de blouses
noires coordonnée par Me Khaled
Bourayou s’approche de la barre.
Ce dernier converse avec le juge,
Taâni Mohamed. Après que ce dernier ait
annoncé le renvoi de l’affaire au 4 mai
prochain, l’avocat réplique : «On veut
prendre connaissance de la requête et les
éléments du dossier avec un délai réglementaire pour qu’on puisse répondre.» Le
mercredi prochain, «le tribunal de la
deuxième chambre communiquera le dossier et nous donnera un délai, en principe
d’une semaine, selon la tradition, pour
répondre par conclusions écrites»,
explique l’un des avocats du collectif
d’El Khabar, en marge de l’audience. Mais
pourquoi ce renvoi ? «On ne sait pas. C’est
une affaire interne à la justice», répond
calmement, Me Bourayou.
Le Groupe El Khabar a constitué un
nouveau conseil d’administration, a-t-on
annoncé, hier, sur son site électronique. Ce
conseil est composé de Ahmed Nemmar,
Haitem Mehdi Benaissa, Hakim
Bouchicha, Zher-Eddine Semati et Cherif
Rezki. A cet effet, ce dernier a été nommé
président du conseil et directeur de publication du quotidien El Khabar et
M. Haïtem directeur général de KBC
(El Khabar-TV), précise la même source.
A. B.
6
L ’ É V É N E M E N T
Mardi 3 mai 2016
ÉDITORIAL
Cap sur la rigueur
et la préférence nationale
Par
Noureddine Khelassi
L’ACTUEL Premier ministre ou son éventuel successeur sait à
quoi s’en tenir désormais en matière de politique économique. Le
président de la République vient en effet d’en fixer les principes
directeurs et la philosophie dans un message aux travailleurs à l’occasion de la fête du Premier mai. Il est donc question d’opérer résolument le grand virage de la rigueur budgétaire, de la rationalisation
la plus stricte des dépenses publiques, d’encourager davantage la
production nationale et de consommer algérien. Bref, le chef de
l’Etat opte pour plus d’austérité et pour la préférence nationale. En
d’autres mots, il entend appliquer le nationalisme économique là où
il serait possible de le pratiquer. Mais avant de préconiser ce tournant de la rigueur, il a réitéré le constat du rétrécissement des ressources en devises du pays. Rappel utile à bon entendeur. Et c’est
peut-être la première fois qu’il reconnaisse de manière nette que
«nous faisons face aujourd’hui à une dépendance quasi-totale aux
recettes des hydrocarbures», en même temps à «l’implosion de nos
importations commerciales, avec une augmentation spectaculaire
de leurs coûts qui nous oblige à recourir à nos réserves de change».
Et qui dit surcroît d’importations, dit forte pression sur les réserves
de change et le bas de laine qu’est le Fonds de régulation des
recettes. Equation difficile à tenir à moyen terme. Des efforts de
réduction du volume des importations ont été certes accomplis, mais
le président de la République semble estimer qu’ils sont insuffisants,
tout en les trouvant de bon aloi. Donc Abdelmalek Sellal doit mieux
faire et il peut le faire. Et pour mieux réduire la facture salée des
importations, quoi de mieux à faire par conséquent que d’inciter les
entreprises algériennes, publiques et privées, à se tailler plus de parts
de marché ? Bien sûr, la préférence nationale ne signifie nullement
consommer strictement et exclusivement algérien. D’ailleurs, l’aurions-nous voulu que nous ne le pourrions pas. Nous n’avons pas les
moyens d’entrer en autarcie et d’ailleurs aucun pays au monde n’a
les moyens de consommer à 100% local, même pas la Corée du Nord
! De plus, les règles et les conventions internationales signées par
l’Algérie en matière de commerce international nous l’interdisent. A
ce propos, le chef de l’Etat précise qu’il faudrait «accorder la priorité au produit national dans les marchés publics lorsqu’il est disponible et répond aux critère requis». C’est on ne peut plus réaliste
et clair. Mais pour que nos entreprises puissent mettre à la disposition du consommateur un produit qui réponde aux «critères requis»,
c’est-à-dire aux canons de la qualité, il faudrait qu’elles soient performantes et compétitives. Et pour qu’elles le soient, il faudrait que le
gouvernement améliore davantage le climat des affaires, l’accès au
foncier et au crédit bancaire. Cela passe notamment par une réforme
vitale du secteur des banques qui ont un fonctionnement bureaucratique qui paralyse et décourage les initiatives. La structure antédiluvienne des banques et la culture administrative qui préside à la
gestion du crédit sont un véritable danger pour l’économie nationale.
La réforme des banques, chantier colossal et prioritaire tarde à être
lancée, soulignons-le avec du rouge !
N. K.
SON ÉVOLUTION EST LIÉE AU DÉVELOPPEMENT DU CAPITAL HUMAIN
La presse sportive face au défi
du professionnalisme
Par
Abdallah Kaddour
a presse écrite sportive algérienne regroupe les
titres de presse traitant principalement de
sports, et fournissant en général les principaux
résultats del’actualité sportive. Avec l’arrivée des
médias modernes avec dans l’ordre chronologique la
presse écrite, la radio, la télévision puis Internet, le
sport dispose actuellement de puissants supports
médiatiques. Certains médias sportifs sont généralistes
et se consacrent à divers sports tandis que d’autres se
spécialisent dans une discipline. La presse sportive
algérienne a connu une évolution certaine, mais reste
menacée et doit résisté aux défis imposés par les télévisions, sites électroniques et réseaux sociaux qui
montent en puissance. Dans un paysage qui est en
train de connaître un grand «boom» en matière de
nombre de journaux spécialisés, la presse sportive
algérienne tente tant bien que mal de faire face à la
réalité du terrain, parfois truffé d’embûches pour permettre aux lecteurs d’être informés. L’avènement de
l’Internet, représenté notamment par les réseaux
sociaux, a fini par porter préjudice à la presse sportive
en Algérie, dont le nombre de titres a dépassé la barre
de 10, estiment les observateurs. Au lendemain de
l’indépendance de l’Algérie en 1962, quatre
quotidiens (deux en arabe et deux autres en français),
dominaient le paysage médiatique national avec un
espace dédié au sport en général et au football en particulier. Le quotidien francophone El Moudjahid était
le premier à consacrer dès 1966 une place aux informations sportives avec son supplément «Sports actualités» qui paraissait chaque week-end. 1972 verra le
lancement du premier hebdomadaire sportif francophone, El-Hadef, dont la rédaction était composée de
journalistes issus du quotidien El-Nasr. Il fallait
attendre 13 ans pour assister à la naissance de l’hebdomadaire El-Mountakhab. Ces deux derniers titres qui
appartenaient au secteur public ont disparu avec l’avènement du pluralisme au début des années 1990. Le
secteur privé avait alors pris le relais pour essayer de
dominer un marché «vide». En mai 1993, Echibek voit
le jour, suivi quelques mois plus tard par l’hebdoma-
L
LE MAL-ÊTRE DES JOURNALISTES CULTURELS EN QUÊTE D’ÉTHIQUE ET DE DÉONTOLOGIE
Nécessité d’une formation, de réglementation
et considération
Par
Quotidien national d’information
Sihem Bounabi
Edité par la SARL Omnium maghrébin de presse
au capital de 100 000 DA
AVEC L’INSCRIPTION du droit du citoyen à la
culture dans la Constitution, adoptée en février dernier
par l’Assemblée populaire nationale (APN), une
première depuis l’indépendance de l’Algérie, la
dimension culturelle de la nation algérienne est un
droit constitutionnel.
Ainsi, avec les nouveaux articles concernant la
culture et le patrimoine contenus dans la nouvelle
Constitution, l’espoir est que la culture puisse
retrouver toute sa dimension d’expression identitaire,
d’âme d’une nation et de vitrine du pays sur les scènes
internationales.
Par ricochet, les journalistes des rubriques
culturelles doivent être conscients de leur rôle et de
leurs devoirs d’être l’interface entre le fait ou l’action
culturelle et les citoyens. Il s’agit également d’être le
bastion de la transmission objective et éthique et de
dénonciation de tout ce qui peut porter atteinte à la
culture et au patrimoine algérien, être les lanceurs
d’alertes, au chevet d’un secteur en constante
structuration.
Hélas dans les faits, les médias et la presse écrite
culturels, ont du mal à accomplir pleinement leur mission citoyenne faute de moyens, de formation et de
considération.
Toutefois, ces dernières années, avec l’intensité des
activités culturelles, notamment les festivals sous
toutes leurs formes, une nouvelle génération de
journalistes est apparue sur la scène médiatique. Des
émissions radio et télévision spécialisées se multiplient sur les différents supports et le reflexe de la
page culturelle en tant que page morte que l’on
sacrifie en premier est devenu désuet. Aujourd’hui, la
rubrique culturelle retrouve sa raison d’être, ancrée
dans l’actualité afin d’informer sur les multiples
Maison de la Presse Tahar Djaout - 1, rue Bachir Attar Place du 1er Mai, Alger
http://www.latribunedz.com
Directeur de la publication-Gérant
Hassen BACHIR-CHERIF
Directeur de la rédaction
Hassan Gherab
Administratrice
Sabira Boushaki
Publicité :
Rédaction :
e-mail: [email protected]
e-mail: [email protected]
Tél.: 021.67.63.31/021.66.02.60
Alger : Tél.: 021.68.54.24
021.66.02.66/0770.32.98.24
Fax.: 021.68.54.23
Fax: 021.68.54.22
Béjaïa : Tél./Fax: 034.21.29.11
Impression :
Oran : Tél./Fax: 041.58.79.06
Centre : SIA - Est : SIE - Ouest : SIO
Constantine : Tél./Fax: 031.92.17.03
Sud : SIA Ouargla
Tizi Ouzou : Tél./Fax: 026.22.37.32
Diffusion : Centre : OMP la Tribune Bouira : Tél./Fax: 026.94.81.38
Est : AMP - Ouest : KDPO
ANEP: Tél.: 021.71.16.64 / 021.73.71.28
Sud : SARL TDS
Fax: 021.73.95.59 / 021.73.99.19
Membres fondateurs
Ameyar Kheïreddine, Cherif Tifaoui,
Hassen Bachir-Cherif, Baya Gacemi, Djamel Djerad
Tous les documents remis au journal ne peuvent faire l'objet d'aucune
réclamation, sauf accord préalable avec la direction.
daire Compétition, devenu quotidien en 2007.
Echibek, toujours en vente, est considéré actuellement
comme le doyen de la presse sportive nationale. En
1999, El Heddaf, suivi deux années plus tard par Le
Buteur, ont permis au champ de la presse sportive
algérienne d’avoir plus de «concurrence». Depuis,
plusieurs titres à l’image de Planète Sport, El Khabar
Erriadhi et autre Maracana, tentent de s’imposer en
séduisant des lecteurs de plus en plus exigeants.
El Heddaf a même lancé sa chaîne de télévision.
Cependant la presse sportive connaît toujours des
hauts et des bas, cette dernière est souvent pointée du
doigt comme vecteur de la violence dans les stades,
alors que certains journaux ont perdu complètement
leur crédibilité auprès des lecteurs. Selon certains
observateurs la presse sportive algérienne manque
encore de professionnalisme et d’objectivité dans la
transmission de l’information sportive et du respect de
la vie privée des joueurs et sportifs. Le ministre de la
Communication, Hamid Grine avait indiqué dans ce
sens que les journalistes sportifs ont «de grandes
capacités, mais doivent diversifier leurs connaissances pour être polyvalents et plus performants». La
formation des journalistes sportifs fait malheureusement défaut notamment dans la presse arabophone. On
constate souvent des titres qui incitent à la violence et
qui manquent d’objectivité, un journaliste doit rester
objectif et pourtant certains journalistes prennent position pour un club ou un autre ce qui est contraire à l’éthique et la déontologie journalistique. Ce qu’on
reproche à la presse sportive c’est aussi son orientation vers le football sans les autres disciplines sportives, le penchant pour le sport masculin au détriment
du féminin et la couverture marginale de manifestations sportives des personnes aux besoins spéciaux.
Certains spécialistes appellent à mettre en place
une charte ou plateforme de règles et principes déontologiques que les journalistes spécialisés en sports
peuvent se référer lors de l’exercice de leur profession.
L’essor de la presse sportive dépend de la formation et
l’investissement dans le capital humain pour fournir
des journalistes sportifs de métier et atteindre le professionnalisme.
A. K.
actions qui se déroulent sur le terrain notamment
amplifiées par les festivals étatiques. Mais, le revers
de la médaille et que dans cette dynamique plusieurs
carences sont à signaler, une certaine mentalité du
mépris de la culture, considérée comme cinquième
roue du carrosse, perdure, de même qu’un manque de
formation de spécialisation dans le secteur de l’information culturelle. En effet, hormis dans le secteur de
la littérature et du 4e art, il n’existe pas de cursus universitaire pour former les journalistes dans le domaine
de l’analyse culturelle et les parents pauvres de la culture restent le cinéma, le patrimoine, la musique et les
arts plastique. C’est sur le terrain que les journalistes
font leur formation selon la volonté et le parcours de
chacun,
Il y a également un autre phénomène qui est
apparu ces dernières années, celui d’être juge et partie,
avec la multiplication des festivals. Afin de pallier aux
carences de communication et médiatiser leurs événements, les organisateurs ont recours aux journalistes
culturels pour gérer leur communication. Par la force
des choses, certains nom sont devenus incontournables
et ont renforcé leur réseau et leur clan. Ainsi, l’information culturelle se retrouve au cœur d’intérêts mercantiles qui portent parfois atteinte à l’objectivité et
l’impartialité du journaliste. Ce dernier est vulnérable
d’autant plus que sa condition socioprofessionnelle ne
lui facilite pas la tâche d’être en accord avec l’éthique
de la profession. Heureusement qu’il existe quelques
exceptions qui arrivent à concilier les deux, mais les
cas sont rares. Il devient ainsi urgent que le secteur
soit assaini sur la base sur des règles d’éthique et de
déontologie, notamment à travers des formations, une
amélioration des conditions sociales, de l’environnement professionnel et aussi une véritable considération
du métier du journaliste culturel.
S. B.
L ’ É V É N E M E N T
CATASTROPHISME ET ALARMISME CARACTÉRISENT UNE GRANDE PARTIE DES TITRES
Ressenti d’une presse satirique
Par
A. Lemili
es médias algériens sont-ils
génétiquement alarmistes ?
La presse algérienne est-elle
génétiquement catastrophiste ? En
tout état de cause c’est ce que
laisse penser la lecture de la «Une»
quotidienne d’une grande partie
des journaux dits indépendants.
Autant dire que c’est à celui qui
fait preuve de plus de négativisme
dans la titraille que se multiplient
les chances d’accrocher le lectorat.
Il y a une douzaine d’années,
nombreux étaient les lecteurs
auprès desquels l’opportunité nous
a été donnée d’apprendre qu’ils
faisaient leur choix de lecture une
fois à hauteur des étals de journaux, plus particulièrement en prenant connaissance du titre
principal, soulignant leurs propos
par le fait que tout semble aller
bien dans le pays, des journaux
s’efforçaient de noircir au
maximum les lendemains. «Le
paroxysme de cette démarche a été
atteint lors de la campagne comptant pour l’élection présidentielle
de 2004 en faisant notamment de
l’un des candidats une cible à
abattre au mépris du respect de
l’éthique et de la déontologie»,
considérait à l’époque un cadre
d’une importante entreprise
nationale.
Il était de fait clair que dans
leur majorité les dizaines de journaux de langue nationale ou
française ne faisaient que peu cas
d’objectivité dans l’information et
pour cause leur soutien claironné
aux uns ou aux autres parmi les
candidats en course. Quoiqu’il en
soit et quoi que pourrait dire, soutenir ou affirmer Reporters sans
frontières, la liberté de la presse est
plus que consacrée en Algérie. Les
L
n’arriveront pas à garder la
cadence pour diverses raisons, dont
celles de manque de professionnalisme au niveau de toutes leurs
strates, de défaut d’appel d’air
financièrement parlant et surtout en
l’absence, sinon le retrait, de
bailleurs de fonds très rapidement
échaudés par une expérience de
laquelle ils tireront la rapide
conclusion selon laquelle la seule
vente de papier ne génère pas la
fortune et encore moins ne nourrit
pas son homme…encore moins
l’armada de commis aux écritures
qui peuplait les rédactions.
Pourtant au jour d’aujourd’hui
et malgré les déboires des uns et
des autres, les échecs, les tentatives
avortées, certains continuent à
tenter le «coup» d’autant plus que
leur est offerte l’aubaine de créer
des journaux, locaux notamment,
sans grande exigence en mettant
notamment à profit l’information
continue grâce à internet et le filon
offert via les réseaux sociaux pour
qui sait exploiter l’information qui
y circule. Néanmoins dans tout
cela, il demeure fort regrettable
que l’univers médiatique national
ne dispose pas de presse satirique
laquelle, ailleurs, occupe une place
plutôt essentielle dans l’espace
médiatique, et ce n’est pourtant pas
faute d’une société comme celle
algérienne qui par la diversité de
ses cultures, de son personnel politique atypique et à la limite anecdotique, la formidable bonhommie
de ses populations constitue un
véritable gisement inépuisable de
matière. Les deux ou trois titres qui
ont existé au lendemain du pluralisme de la presse n’ont malheureusement pas résisté et c’est bien
dommage en ce sens qu’un média
satirique est aussi essentiel que
pourrait être le sel dans un mets.
A. L.
LE JOURNALISME, ce
métier qui doit être aimé avant
d’être exercer. Malheureusement,
de nos jours, des centaines d’universitaires ont choisi de l’étudier
par hasard, par obligation ou pour
d’autres raisons, mais peu nombreux sont ceux qui l’ont choisi par
amour.
Au niveau des universités ou
des écoles de journalisme, les étudiants profitent des formations
théoriques, d’un programme qui
n’a rien à voir avec le métier en
pratique, ce qui fait que l’étudiant
est diplômé en journalisme mais
ignore complètement la pratique et
les spécificités et particularités du
métier. En parlant du professionnalisme, de l’amour du métier ou de
l’amour du pays, plusieurs journalistes algériens l’ont prouvé durant
la décennie noire, là où être journaliste comporté des dangers. Nombreux parmi ces derniers, ont perdu
leur vie pendant les années de
braise car ils ont continué a exercé
leur métier malgré tous les risques
et les menaces, entre autres Smail
Yefsah, Said Mekbel et Tahar
Djaout. Où sont les journalistes de
cette trempe, ces personnalités qui
ont marqué l’histoire ? Si on
demande aux anciens quel est le
secret de votre réussite, ils
ABSENCE D’UN SYNDICAT
REPRÉSENTATIF DE LA CORPORATION
Le paysage
médiatique en proie
à de nombreuses
dérives
Par
Ziad Abdelhadi
en plus de l’inadaptation du programme du cursus universitaire
avec le journalisme en tant que
métier, cette dernière s’est habituée
de la facilité, explique un autre
journaliste. «Les journalistes, de
nos jours, n’ont pas savouré le
fruit de leurs efforts», a-t-il estimé.
«Auparavant, nous n’avions pas
les moyens que possèdent les journalistes aujourd’hui mais nous
avions la volonté. Les générations
précédentes ont su créer le professionnalisme, ils ont respecté leur
métier et leurs noms avant tout, ils
ont fait de bon travail», a-t-il
poursuivi.
Le journalisme n’est pas un
métier qui nécessite une formation
ou des études supérieures. Il est
plutôt une activité qui exige
l’amour du métier et l’amour du
savoir. Il existe beaucoup de journalistes connus et réputés et qui
font du bon travail mais qui ne sont
pas diplômés en journalisme.
Certes un encadrement s’avère
nécessaire mais le journaliste n’a
qu’à être passionné de son métier
pour accomplir sa mission qui est
de donner de l’information correcte
aux lecteurs ou aux téléspectateurs.
«La multitude des médias entre
chaînes de télévision, journaux et
autres actuellement, devrait améliorer le niveau de ce métier, paradoxalement elle l’a détérioré et
cela pour de différentes raisons,
dont la première est que ce métier
est devenu malheureusement un
commerce», a estimé un citoyen.
C. C.
Par
République très affaibli,
M. Saâdani a affirmé très brièvement que ce n’est pas un tweet qui
va changer le Président Bouteflika
qui a été élu par le peuple algérien.
Dans cette optique, il a estimé que
le Premier ministre français
a twitté parce qu’il n’avait pas
obtenu les contrats qu’il était venu
chercher. Concernant la tournée de
Chakib Khelil dans les zaouias,
M. Saâdani a défendu l’ancien
ministre de l’Energie. «Les zaouias
sont des lieux purs. Nous allons
tous dans les zaouias. A mon sens,
il n’y a aucune anomalie», dira-til. Par ailleurs, le secrétaire général
du FLN a affirmé que la Journée
mondiale de la liberté de la presse
coïncide cette année avec un acquis
indéniable pour la corporation en
Algérie, à savoir la consécration au
sens noble du terme de la liberté
d’expression dans la Constitution
amendée. «La liberté de la presse
écrite, audiovisuelle et sur les
réseaux d’information est garantie
et n’est restreinte par aucune
forme de censure préalable stipule
l’article 41 de la Constitution
amendée», a-t-il martelé. Et
d’ajouter que cette liberté ne peut
être utilisée pour attenter à la
dignité, aux libertés et aux droits
d’autrui. «La diffusion des informations, des idées, des images et
des opinions en toute liberté est
garantie dans le cadre de la loi et
du respect des constantes et des
valeurs religieuses, morales et culturelles de la nation» a-t-il dit.
F. O.
Photo : Archives
précisent que pour être un
journaliste professionnel il faut être
tout d’abord passionné par l’écriture, la lecture, curieux, aventurier
et surtout aimer son métier.
«Le vrai journaliste, ne peut
pas traiter n’importe quel sujet, il
doit le sentir avant le traiter. Il doit
chercher, creuser et frapper à
toute les portes pour accomplir sa
mission», nous a affirmé un ancien
journaliste. «La décennie noire à
donner naissance à de meilleures
plumes, puisque on était sous pression. De plus, personne ne travaillait pour son intérêt, on
travaillait tous pour le bien du
pays. Aucun de nous n’a pensé à
son avenir mais à l’avenir de ce
pays», nous a-t-il confié. En ce qui
concerne cette nouvelle génération,
dirigeants des pouvoirs qui s’y sont
succédé depuis 1988 ayant désormais compris que les médias
demeuraient l’un des marqueurs
essentiels sinon le plus probant de
l’exercice d’une réelle démocratie,
et surtout que c’était de la liberté
dont disposait la presse que se
mesurait celle-ci.
Pour revenir sur le penchant des
médias nationaux à faire dans le
catastrophisme, voire dans l’alarmisme, n’y aurait-il pas lieu également de s’interroger sur les
capacités, pour ne pas dire les
compétences, en la matière des
membres de la corporation tant il
est vrai qu’au lendemain de la naissance d’une presse plurielle et,
exception faite des journalistes
déjà en poste et pratiquement tous
issus d’organes publics et pour
cause le monopole, jusque-là
établi, de l’information et la communication, les titres naissants ont
fait feu de tout bois en assurant et
assumant, et c’est d’ailleurs un bon
point pour tout le monde, l’intégration d’amateurs de l’écriture à l’insolence et l’irrévérence certaines,
même si tout cela se faisait, toujours, au détriment de l’éthique et
la déontologie. Mais en cette
période chahutée, sans repères,
désordonnée, qui aurait eu la présence d’esprit, voire même le courage sinon l’audace, d’arrêter une
telle impétuosité ou tenter de
brider à nouveau une parole bridée
depuis l’indépendance du pays.
Toutefois la démesure n’aura pas
trop duré avec des journaux qui
Le journalisme entre passion et formation
Par
7
26 ANS de presse indépendante et toujours pas de syndicat
puissant ou du moins représentatif. Et en cette occasion de célébration de la liberté de la presse,
cet état des lieux ne fait pas honneur à la corporation. Pourtant, il
y eu des tentatives pour créer un
syndicat, mais qui malheureusement ont vite tourné court. Cette
situation d’absence de syndicat
arrange certains patrons pour qui
l’avenir socioprofessionnel de
leurs journalistes est le dernier de
leur souci. Pour preuve, tout
récemment, l’ensemble du personnel du quotidien El Ahdath
s’est retrouvé du jour au
lendemain au chômage, une note
placardée leur ayant annoncé
laconiquement la fermeture du
journal, sans préavis. Pis, le
patron n’a pas dédaigné rencontrer les représentants du personnel. Un comportement qui en
dit long sur l’intérêt porté par ce
patron au sort de ses employés
qui se sont retrouvés livrés à euxmêmes faute de ne pouvoir être
défendus par un syndicat officiel.
A travers de ce qui vient de se
passer au journal El Ahdath,
comme il existe d’autres
exemples au sein du monde de la
presse, il devient facile de comprendre pourquoi des responsables de journaux peuvent agir
impunément et sans s’inquiéter du
fait de l’absence d’un syndicat de
journalistes et agents techniques.
Certes au sein de la corporation
des voies se sont élevées pour
dénoncer des dépassements mis à
nu sur la scène médiatique, mais
sans aller plus loin c’est-à-dire de
mener une véritable bataille pour
faire cesser les dérives auxquelles
fait face la corporation de la
presse écrite. Jusqu’à quand cette
situation va-t-elle durer ? Selon
certains journalistes, il faut créer
un syndicat des plus représentatifs
de la coopération. C’est tout à fait
à notre portée pour peu que la
corporation unis ses rangs pour
trouver les voies et moyens pour
fonder sur le terrain un syndicat
puissant, et non pas limité, afin
qu’il puisse défendre les intérêts
de la presse. L’initiative relève
beaucoup plus du bon vouloir des
journalistes. Faut-il encore qu’il
y ait d’autres dépassements, plus
graves, pour convaincre les
journalistes sceptiques qu’il y va
de l’intérêt de tous de créer au
plus vite un syndicat.
Z. A.
LE MÉTIER EXIGE DE L’ENGAGEMENT ET UN BON ENCADREMENT
Chahira Cheref
Mardi 3 mai 2016
Amar Saâdani : «La liberté de la presse confortée par la Constitution amendée»
Fatiha Ouidir
S’EXPRIMANT lors d’une
réception organisée à Alger à l’occasion de la célébration de la
Journée internationale de la liberté
de la presse, le secrétaire général
du Front de libération nationale
(FLN), Amar Saâdani, a affirmé
que le président de la République
se porte bien et l’Algérie de même.
Interrogé sur le tweet de Manuel
Valls montrant le président de la
8
C O N J O N C T U R E
Mardi 3 mai 2016
APRÈS PLUSIEURS MOIS DE TRACTATIONS
Halliburton et Baker Hughes renoncent
à créer un nouveau géant des services pétroliers
Par
Sophie Estienne de l’AFP
aute de pouvoir vaincre l’opposition des autorités de la
concurrence, les groupes
américains de services pétroliers
Halliburton et Baker Hughes ont
renoncé dimanche à leur projet de
fusion à plusieurs dizaines de
milliards.
«Les difficultés pour obtenir les
autorisations réglementaires
restantes et les conditions générales du secteur, qui ont gravement
endommagé les raisons économiques de la transaction, ont
conduit à la conclusion que
l’abandon était la meilleure chose
à faire», a indiqué Dave Lesar, le
PDG de Halliburton, cité dans un
communiqué commun des deux
sociétés.
«C’était une transaction
mondiale, extrêmement complexe,
et en fin de compte on n’a pas pu
trouver de solution pour satisfaire
les inquiétudes des régulateurs
sur la concurrence, à la fois aux
Etats-Unis et à l’étranger», a
commenté de son côté le P-dg de
Baker Hughes, Martin Craighead.
L’accord de fusion annoncé fin
2014 prévoyait que Halliburton
achète Baker Hughes pour
34,6 milliards de dollars.
Halliburton comptait toutefois
s’acquitter d’une partie de la
somme avec ses propres actions,
qui se sont depuis dépréciées. Sur
la base du cours de clôture de
vendredi soir, Baker Hughes
n’aurait plus été valorisé qu’à
28,6 milliards de dollars.
Halliburton va finalement lui
Photo : DR
F
verser à la place, d’ici le 4 mai, une
indemnité d’annulation de
3,5 milliards de dollars, comme le
prévoyait leur contrat.
Halliburton et Baker Hughes
sont spécialisés dans les services
liés au forage ou à la construction
des puits et plateformes de pétrole.
Ils sont respectivement numéros
deux et trois mondiaux des services
pétroliers, et leur fusion leur aurait
potentiellement permis de détrôner
l’actuel numéro un, le francoaméricain Schlumberger:
Halliburton et Baker Hughes ont
réalisé un chiffre d’affaires cumulé
de 39,37 milliards de dollars l’an
dernier, contre 35,48 milliards pour
Schlumberger. Le rapprochement
visait à réagir à la crise provoquée
par la chute des cours de l’or noir,
qui pousse les grands groupes
pétroliers à réduire leurs investissements et à faire pression sur leurs
sous-traitants comme Halliburton
et Baker Hughes pour qu’ils
baissent leurs tarifs.
En augmentant sa taille,
Halliburton pouvait espérer se
retrouver dans une meilleure
position dans ses négociations
commerciales avec les groupes
pétroliers.
Plusieurs régulateurs se sont
toutefois inquiétés de l’émergence
d’un duopole qui contrôlerait la
plus grosse part du marché, et d’un
manque de concurrence risquant à
terme de surenchérir les prix de
l’énergie.
Les deux groupes avaient tenté
de les amadouer en promettant des
milliards de dollars de cessions
d’actifs après leur mariage, sans
succès.
Après plusieurs mois de tractations avec les deux groupes, les
services antitrust du département
américain de la justice (DoJ)
avaient finalement lancé début
avril une procédure judiciaire pour
faire bloquer une fusion qui selon
eux «éliminerait une concurrence
essentielle, déséquilibrerait le
marché de l’énergie et nuirait aux
consommateurs américains».
La Commission européenne
avait pour sa part ouvert depuis
janvier une enquête approfondie
sur cette opération.
«La transaction soulevait des
inquiétudes en terme de concurrence sur un très grand nombre de
marchés», a commenté lundi dans
un communiqué la commissaire
européenne à la Concurrence,
Margrethe Vestager, en disant
prendre acte du renoncement. Elle
a précisé que la Commission avait
mené ses investigations en étroite
coopération avec le DoJ mais aussi
avec les autorités de régulation du
Brésil et d’Australie.
«La décision des entreprises
d’abandonner cette transaction qui aurait laissé beaucoup de marchés de services pour les champs
pétroliers aux mains d’un duopole
- est une victoire pour l’économie
américaine et pour tous les
Américains», s’est félicitée
dimanche la ministre fédérale de la
Justice, Loretta Lynch, dans un
communiqué.
«Très peu de choses sont aussi
importantes pour notre économie
que le pétrole et le gaz», a rappelé
son adjoint David Gelfand, qui
travaille pour les services antitrust
du DoJ. «Mais la fusion entre
Halliburton et Baker Hughes
aurait augmenté les prix, réduit la
production et diminué l’innovation
sur au moins 23 produits et services pour les champs pétroliers
cruciaux pour l’approvisionnement
en énergie de la nation.»
AFP
DANS UN VENEZUELA EN CRISE
Changement d’heure et hausse des salaires
LE VENEZUELA a changé de
fuseau horaire dimanche pour
économiser l’électricité, une
mesure ordonnée par le président
socialiste Nicolas Maduro, qui veut
mobiliser ses partisans et calmer le
mécontentement populaire dû à la
crise en augmentant le salaire
minimum.
Excédés par les rayons vides
des supermarchés et les coupures
de courant intempestives, les
habitants du pays sud-américain
ont en outre perdu, dans la nuit de
samedi à dimanche, une
demi-heure de sommeil : à
2h30 locales, le Venezuela a
avancé ses aiguilles de 30 minutes
pour adopter le fuseau horaire
de -4h GMT.
Quelques heures plus tôt,
samedi soir, le président Maduro,
dont 68% des habitants souhaitent
le départ selon un récent sondage, a
cherché à apaiser les esprits
en annonçant à la télévision
une hausse de 30% du salaire
minimum.
Il espérait mobiliser son camp
dimanche à l’occasion de la fête
d e s t r a v a i l l e u r s d u 1 er m a i ,
qui devait être marquée par des
manifestations importantes dans les
rues.
Dans ce pays pétrolier à
l’économie dévastée par la chute
des cours du brut, le gouvernement
n’a cessé d’annoncer des mesures
ces dernières semaines pour contrer
la crise, qui se double d’une
pénurie d’électricité.
Le Venezuela est miné par
d’innombrables coupures de
courant liées au phénomène
météorologique El Nino, qui a
engendré la pire sécheresse en
40 ans, selon le gouvernement.
Certaines des mesures
décrétées sont spectaculaires : les
fonctionnaires ne travaillent désormais plus que les lundis et mardi.
Et dans presque tout le pays (sauf
Caracas), l’électricité est coupée au
moins quatre heures par jour.
Une situation qui a provoqué
cette semaine des émeutes et
pillages à Maracaibo (nord-ouest),
deuxième ville du pays avec
1,5 million d’habitants, démonstrations de colère de Vénézuéliens
lassés de la crise.
En changeant d’heure, le pays
retrouve le fuseau qu’il avait jusqu’au 9 décembre 2007, quand le
président de l’époque, le défunt
Hugo Chavez (1999-2013), avait
décidé de passer à -4h30 GMT,
disant vouloir éviter aux enfants de
se rendre à l’école dans le noir le
matin.
«Cela va être aussi simple que
d’avancer nos montres d’une demiheure, cela va permettre de mieux
profiter de la lumière du jour, car il
fera nuit plus tard», avait déclaré,
en annonçant la mesure, le ministre
des Sciences Jorge Arreaza. Jesus
Escalona, responsable de l’Heure
légale au Venezuela, a assuré dans
un communiqué que les mouvements bancaires et les arrivées ou
départs de vols dans la nuit ne
seraient pas affectés par le changement. La compagnie téléphonique
d’Etat Cantv a aussi assuré que ses
services de voix et de données se
synchroniseraient sans problème à
la nouvelle heure.
Pour cette journée de 1er mai,
le pouvoir a appelé ses soutiens à
défiler dans les rues de Caracas, le
président Maduro espérant redorer
sa popularité en augmentant le
salaire minimum. Ce dernier
passera à 15 051 bolivars (près de
40 dollars par mois au taux de
change officiel plus élevé,
14 dollars au taux du marché noir),
une hausse concernant aussi
fonctionnaires, militaires et
retraités. Depuis le début de
l’année, le salaire minimum a déjà
été augmenté de 56%, après l’avoir
été de 98% en 2015.
Mais cela semble bien
insuffisant alors que le pays souffre
de la pire inflation au monde,
180,9% en 2015, un chiffre qui
explosera à 700% cette année selon
le Fonds monétaire international
(FMI).
Le président Maduro, au
pouvoir depuis 2013, est par
ailleurs soumis à une forte pression
de l’opposition, majoritaire au
Parlement, qui a recueilli cette
semaine près de deux millions de
signatures pour demander son
départ, une première étape pour
pouvoir organiser un référendum
pour sa révocation.
Elle a aussi voté jeudi au
Parlement une motion de défiance
contre son ministre de l’Alimentation pour cause de pénuries, alors
que des milliers de Vénézuéliens
font chaque jour la queue pendant
des heures devant les supermarchés
pour acheter de la farine, du riz ou
du café. «Nous faisons face à la
pire urgence alimentaire qu’ait
connue le Venezuela», a dénoncé le
député Ismael Garcia, à l’origine
de ce texte.
AFP
Photo : DR
Par
Ernesto Tovar de l’AFP
C O N J O N C T U R E
Mardi 3 mai 2016
9
LA VÉRITABLE IDENTITÉ DU CONCEPTEUR DE LA MONNAIE NUMÉRIQUE ENFIN DÉVOILÉE
Craig Wright, un entrepreneur australien,
révèle être l’inventeur du Bitcoin
Par
Maureen Cofflard de l’AFP
près des années de
spéculation et de mystère,
le véritable créateur de la
monnaie numérique bitcoin a
choisi lundi de révéler son
identité à la BBC, The Economist
et le magazine GQ : il s’agit de
l’entrepreneur australien Craig
Wright.
Craig Wright a fourni aux
trois médias des pièces connues
comme étant seulement détenues
par le créateur de bitcoin pour
prouver qu’il en était bien
l’inventeur.
«Ce sont les lots utilisés pour
envoyer 10 bitcoins à Hal Finney
en janvier (2009) lors de la
première transaction en bitcoin»,
a-t-il déclaré pendant sa
démonstration.
Il a ajouté que Hal Finney, un
cryptographe réputé, était l’un
des ingénieurs qui a contribué à
créer le bitcoin.
«Je suis celui qui en était
principalement à l’origine mais
d’autres m’ont aidé», a déclaré
l’entrepreneur australien,
installé à Sydney, qui a publié sur
son blog (http://www.drcraigwright.net/jean-paul-sartresigning-significance/) des
informations permettant de
vérifier qu’il est bien Satoshi
Nakamoto, le pseudonyme
associé au créateur de la monnaie
numérique.
Lors d’une rencontre avec la
BBC, Craig Steven Wright a
signé numériquement des
messages en utilisant des clés
cryptographiques créées
pendant les premiers jours du
développement de cette monnaie
numérique.
Photo : DR
A
Les médias traquaient depuis
plusieurs années le ou les
mystérieux informaticiens qui,
derrière ce pseudonyme,
ont conçu en 2009 le logiciel à
l’origine du bitcoin.
Jon Matonis, un économiste et
l’un des directeurs de la
fondation Bitcoin, s’est dit
convaincu: «J’ai eu l’opportunité
d’examiner les données selon
trois critères: cryptographique,
social et technique», a-t-il dit à la
BBC.
«J’ai la ferme conviction que
Craig Wright remplit les trois
catégories», a-t-il ajouté.
The Economist, qui se
montrait plus sceptique que les
deux autres médias sur
l’irréfutabilité des preuves
apportées par l’entrepreneur,
dévoile quelques éléments de son
curriculum vitae : l’Australien
a ainsi été dans le passé
vice-président du «Centre for
Strategic Cyberspace and
Security Science», une ONG
installée à Londres et dont le but
affiché sur son site internet est
«d’améliorer la sécurité
et la prospérité du cyberespace
mondial».
Il est titulaire, selon
l’hebdomadaire économique, de
plusieurs masters en statistiques,
droit, informatique et
management d’universités
australiennes et britanniques,
ainsi que de deux doctorats en
sciences informatiques et
théologie.
Craig Wright a précisé s’être
senti contraint de dévoiler son
identité pour préserver ses
proches qui sont poursuivis par
des journalistes depuis que le
magazine américain Wired et le
blog Gizmodo ont avancé
en décembre 2015 que
l’entrepreneur australien était l’un
des possibles créateurs du
bitcoin.
«Cela n’affecte pas seulement
moi ou mon travail mais aussi ma
famille, mes employés et tout le
reste», a-t-il dit.
«Je n’ai pas fait ça parce que
je le voulais», a-t-il dit ajoutant :
«Je ne veux vraiment pas être
l’image publique de quoi que ce
soit».
«Je veux travailler, continuer
de faire ce qui me plait. Je ne
veux pas d’argent. Je ne veux pas
de gloire. Je ne veux pas
d’adoration. Je veux juste qu’on
me laisse tranquille», a-t-il
affirmé.
L’Australien a expliqué à
The Economist avoir choisi le
pseudonyme de Nakamoto en
référence à un philosophe
japonais du 17e siècle, Tominaga
Nakamoto, qui était très
critique de la pensée normative
de l’époque et défendait le libre
échange. Il n’a en revanche pas
expliqué à quoi faisait référence
le prénom «Satoshi», préservant
une part de mystère.
Zhenya Tsvetnenko, un
entrepreneur qui a rencontré
Craig Wright, avait déclaré à
l’AFP en décembre dernier que
c’était «un type très mystérieux»
mais «ultra intelligent», jugeant
crédible, à l’époque, qu’il soit le
créateur du Bitcoin.
Contrairement aux devises
physiques telles que l’euro ou le
dollar, les bitcoins ne sont régis
par aucune banque centrale, mais
générés par des milliers
d’ordinateurs dans le monde (un
processus baptisé «minage»).
Désormais utilisés par des
milliers de sites web et même
certaines boutiques «réelles», ils
peuvent être échangés contre des
services (payer la course d’un
taxi par exemple), des
marchandises ou même d’autres
devises, du moment que l’autre
partie à la transaction en accepte
le principe.
Instrument selon ses
détracteurs de tous les trafics
illégaux du fait de l’anonymat des
paiements, le bitcoin est, dans sa
forme actuelle, vulnérable au vol
ou toute autre opération
frauduleuse, et de nombreux pays
songent à en encadrer l’usage.
AFP
TROIS QUESTIONS POUR MIEUX COMPRENDRE
Le bitcoin, un moyen de paiement innovant mais sulfureux
LE BITCOIN, très
controversé en raison de son
manque de transparence et de son
utilisation dans des affaires
criminelles, est une monnaie
immatérielle internationale
autorégulée dont le mystère
entourant la création a été
dissipé avec la révélation de
l’identité de son fondateur lundi.
Qu’est-ce que le bitcoin ?
Le terme dérive de l’anglais
«coin», pièce de monnaie, et
«bit», unité de mesure
informatique binaire. Il désigne
à la fois Bitcoin, système de
paiement utilisable sur Internet,
et le bitcoin, devise monétaire
employée par ce système.
En principe, Bitcoin tient à jour
un registre à la fois public et
infalsifiable de toutes les
transactions qui permet
d’identifier chaque bitcoin
depuis sa création.
Il tire son origine d’un logiciel
mis en ligne en février
2009 par un ou plusieurs
informaticiens, se cachant
derrière le pseudonyme Satoshi
Nakamoto. Après des années
de spéculation et de mystère, le
véritable créateur de la
monnaie numérique bitcoin a
révélé hier son identité à la
BBC, The Economist et le
magazine GQ : il s’agit de
l’entrepreneur australien Craig
Wright.
Lors d’une rencontre avec la
BBC, il a signé numériquement
des messages en utilisant des
clés cryptographiques créées
pendant les premiers jours du
développement de cette
monnaie numérique.
Ces clés sont «inextricablement liées» à des lots de
bitcoins connus pour avoir été
créés par Satoshi Nakamoto.
Combien vaut un bitcoin et
comment sont-ils créés ?
Le taux, qui est extrêmement
fluctuant, est défini sur
différentes plateformes (où les
valeurs peuvent être différentes
au même instant). Ces
dernières années, il a culminé
jusqu’à plus de 1 000 dollars
contre quelques centimes à son
lancement. Hier matin, un
bitcoin valait environ
400 euros.
Ces évolutions très importantes
lui ont attiré de nombreux
détracteurs, qui dénoncent la
création d’une bulle spéculative. De fait, certaines
personnes achètent des bitcoins
uniquement pour les revendre
plus cher.
Pour obtenir des bitcoins, il
faut tout d’abord télécharger un
logiciel gratuit pour pouvoir en
fabriquer. Le chercheur de
bitcoins, appelé le «mineur»,
rejoint alors un réseau réunissant des dizaines de milliers
d’ordinateurs dans le monde.
Celui-ci se voit récompensé en
bitcoins lorsqu’il résout des
séries d’équations. Avant de
pouvoir obtenir son dû, la
solution trouvée par le mineur
est immédiatement vérifiée par
les autres utilisateurs.
Grâce à un algorithme
produisant à chaque fois un
petit puzzle mathématique, un
nombre précis de bitcoins est
émis à intervalles réguliers.
Les utilisateurs peuvent
dupliquer des bitcoins pour en
produire de nouveaux, seulement si leur ordinateur est
équipé de ce logiciel complexe.
La création d’un bitcoin à
partir d’un codage informatique crypté valorise l’aspect
collaboratif en «peer-to-peer»
de la vaste communauté d’internautes chargée de contrôler
le réseau, qui ne dispose pas
d’une autorité centrale.
Il est en effet en théorie
impossible de générer un
bitcoin avec un seul ordinateur,
celui-ci ne disposant pas
d’assez de puissance de calcul.
En revanche, si la machine
d’un membre du réseau qui
met à disposition son
ordinateur dans le traitement
des transactions est la première
à valider une transaction, il
reçoit lui-même automatiquement quelques bitcoins.
Quels sont les applications du
bitcoin ?
Le bitcoin permet de régler un
achat auprès d’un vendeur qui
accepte ce type de paiement,
qui se fera nécessairement via
une plateforme de serveurs
nommés «mineur de bitcoins»,
qui agrègent la puissance
d’ordinateurs privés.
Contrairement par exemple aux
paiements par Paypal, le
bitcoin est sans frais, aucun
intermédiaire ne touchant de
commission.
Il peut notamment être échangé
contre des devises et, dans
certains pays, il est désormais
possible de payer la course
d’un taxi, de réserver une
chambre d’hôtes ou même de
se faire verser son salaire en
bitcoins. Certains distributeurs
de bitcoins ont été installés,
permettant de faire des
transactions. Mais ils ne
délivrent pas de bitcoin
physique.
Cette monnaie a été utilisée par
des individus pour financer des
activités illégales, criminelles
ou terroristes, en garantissant
l’anonymat de la transaction
qui passe sous les radars des
autorités.
AFP
10
Mardi 3 mai 2016
F O C U S
LES GRANDES BANQUES PERSISTENT DANS LA VOIE DU SURENDETTEMENT
De nouvelles tempêtes sur l’économie mondiale ?
Par
Simon Johnson*
i-avril, la réunion de printemps
du Fonds monétaire international
(FMI) et de la Banque mondiale
(BM) à Washington s’est déroulée dans
un climat d’inquiétude. Le FMI avait
révisé une fois de plus à la baisse ses projections relatives à la croissance mondiale, avec un taux de croissance annuel
prévu à peine supérieur à 3% pour cette
année et l’année prochaine.
Si cela se passe ainsi, ce sera un triste
résultat. Avant 2007, la croissance mondiale (mesurée selon la méthodologie du
FMI) était de l’ordre de 4,5% à 5% grâce
à l’amélioration de la productivité des
pays industrialisés et à la hausse rapide du
niveau de vie dans de grands pays émergents comme la Chine, le Brésil et la
Russie.
Aujourd’hui les USA sont confrontés
aux incertitudes de l’élection présidentielle, les pays les plus faibles de la zone
euro continuent à se débattre dans les difficultés, le Japon risque de subir une
contraction économique marquée, le
Brésil est en pleine crise politique, la
Chine fait face aux conséquences
d’une expansion budgétaire prolongée et à
l’onde de choc générée par la croissance
explosive de son système des «banques de
l’ombre», tandis que le faible prix des
matières premières nuit aux résultats économiques de beaucoup d’autres pays
émergents. Par ailleurs les Britanniques
pourraient voter en juin leur sortie
de l’UE.
La confiance a un impact sur l’activité
économique : les consommateurs s’attendent-ils à une augmentation de leurs
revenus (ou simplement à leur pérennité)
et les entreprises pensent-elles que les
perspectives de croissance sont suffisamment favorables pour justifier des investissements ? Aujourd’hui le pessimisme
l’emporte.
Pourtant une stagnation mondiale est
peu probable à moyen terme. De nouvelles technologies apparaissent tous les
jours et des milliards d’hommes et de
femmes aspirent à améliorer leurs conditions de vie par l’éducation et le travail.
Depuis une dizaine d’années, les grands
pays industrialisés font preuve d’une résilience remarquable face aux crises du secteur financier - et il en est de même de la
Chine.
Aux USA le taux de chômage est
redescendu à 5% et la situation de l’emploi est tout à fait satisfaisante dans certains pays européens. Quant au cycle du
prix des matières premières, il ne faut pas
oublier que c’est… un cycle : la demande
pour les matières premières varie rapidement, ce qui n’est pas le cas de l’offre,
d’où la volatilité du prix des matières premières et du pétrole.
La grande question est de savoir si l’on
peut sortir de ces montagnes russes économiques et revenir à une croissance
mondiale robuste sans creuser une dette
générée due à la surconsommation comme
cela s’est passé aux USA avant la crise de
2008, sans surinvestir comme l’a fait la
Chine et sans faire exploser les dépenses
publiques (ce qui reste encore un problème dans certains pays européens).
Nous agissons comme si le crédit était le
seul moyen de financer des investissements productifs et d’améliorer le capital
humain. Cela tient en partie à la réglementation fiscale qui permet dans certains
pays aux emprunteurs de déduire le montant des intérêts (par exemple sur les prêts
immobiliers aux USA) de leur revenu
imposable. Et le plus souvent les intérêts
Photo : DR
M
versés par les entreprises sont eux aussi
déductibles.
Mais le principal attrait du crédit est de
reposer sur un contrat des plus simples :
soit on rembourse les sommes convenues,
soit on ne le fait pas. Si tout se passe bien,
une entreprise très endettée ou un acheteur immobilier rentabilisera facilement
son investissement. Par contre, en cas de
crise économique investir peut conduire à
des pertes importantes. C’est ce qui s’est
passé pour les acheteurs de biens immobiliers en 2008, pour les conglomérats
coréens en 1997 et à de multiples reprises
pour les pays émergents.
Les responsables politiques savent que
le surendettement conduit à la fragilité
financière. Depuis une dizaine d’années
on cherche à diminuer l’endettement en
procédant à des réformes financières.
Mais il est difficile de le faire durant une
crise économique lorsque la principale
préoccupation est de relancer la croissance. A ce moment là les dirigeants politiques trouvent beaucoup plus simple de
maintenir telles qu’elles réglementation,
incitations et garanties financières. Les
grandes firmes financières s’accommodant parfaitement d’un endettement
important, elles font un lobbying intensif
contre toute réforme visant à exiger
d’elles une plus grande part de fonds
propres dans leur bilan.
La taille des grandes banques américaines - mais c’est la même chose presque
partout - est plus importante aujourd’hui
qu’elle ne l’était avant 2008. Les informations recueillies en toute honnêteté montrent que leurs systèmes d’incitations
internes n’ont guère évolués et que les
limitations apportées à leurs activités ne
seront sans doute pas efficaces lorsque la
croissance mondiale reprendra.
Aux USA les autorités espèrent que les
grandes firmes financières devront finalement respecter une disposition de la loi
Dodd-Frank de 2010 qui exige qu’elles
établissent un plan de secours explicitant
les mesures qu’elles prendraient en cas de
faillite, sans aide publique et sans conséquences pour l’économie mondiale. Or
malgré des demandes répétées, la plupart
des grandes banques n’ont pas fourni de
plan convaincant en ce sens, mais aucune
n’a véritablement été sanctionnée pour
cela.
La croissance va reprendre. Les entrepreneurs vont créer de nouvelles entreprises et financer leur prise de risque par
la participation de fonds de capital-risque.
Hors secteur financier, les entreprises ont
appris sur le terrain qu’elles doivent être
attentives à leur endettement et conserver
une marge de liquidité suffisante. Or les
grandes banques persistent à choisir la
voie du surendettement et trop de responsables politiques se soumettent à leur
volonté. Que cela plaise ou pas, on peut
donc s’attendre à de nouvelles tempêtes
sur l’économie mondiale.
S. J.
(Traduit de l’anglais par
Patrice Horovitz)
*Professeur au MIT Sloan, chercheur
principal à l’Institut Peterson d’économie internationale et co-fondateur
de Scénario de référence, un blog d’économie de premier plan. Ancien économiste en chef du FMI.
In project-syndicate.org
Publicité
INTERNATIONALE
SUPPLÉMENT
HEBDOMADAIRE
PP12-13
P15
Les limites de l'enrôlement
des chercheurs
La mer de Chine, un autre défi
pour le droit international
Des islamologues
contre l'Organisation
de l'Etat islamique
Respecter les règles
en Asie
DERNIÈRE GRANDE VILLE ENTRE LES MAINS DES GROUPES ARMÉS
Alep bataille clé dans la tragédie syrienne
L’armée syrienne tente de récupérer la ville d’Alep et sa province, tombée entre les mains des groupes armés depuis
quatre ans. L’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura réitère ses préoccupations face à la situation dans
cette ville où les bombardements ont fait des centaines de morts et des centaines de blessés. Alep, deuxième ville de
Syrie, est divisée depuis 2012 entre des quartiers Ouest récupérés par l’armée syrienne et des quartiers Est sous
contrôle des groupes armés. Pour le gouvernement syrien reprendre Alep, c’est trouver une nouvelle stature dans le
cadre de futurs négociations. Cette position de force pourrait renforcer Damas face à une opposition très plurielle et
dont une partie est entre les mains de l’Arabie saoudite
Par
Moumene Belghoul
armée syrienne tente de récupérer
la ville d’Alep et sa province,
tombée entre les mains des
groupes armés depuis quatre ans. La ville
d’Alep, dans le nord de la Syrie constitue
une zone clé dans la bataille en cours en
Syrie. Des civiles pris en otage par les
groupes armés payent le prix d’une situation désastreuse voulue par les grandes
puissances. L’émissaire de l’ONU pour la
Syrie, Staffan de Mistura réitère ses préoccupations face à la situation dans cette ville
où les bombardements ont fait des centaines
de morts et des centaines de blessés. Alep,
deuxième ville de Syrie, est divisée depuis
2012 entre des quartiers Ouest récupérés
par l’armée syrienne et des quartiers Est
sous contrôle des groupes armés. Les
Occidentaux se sont soudain souvenus
d’Alep en critiquant le fait que l’armée
syrienne avance pour récupérer la ville et
ses environs. Les dégâts humains et matériels induit par cette opération sont automatiquement imputés à l’armée syrienne alors
que les groupes armés comme ceux
d’Al-Nosra tentent de «résister» en prenant
en otage la population civile. La pression
des Occidentaux revient de plus belle au
travers des médias. L’ONU exprime son
inquiétude face au coup humain de cette
bataille. La tragédie dans ce pays qui est
entrée dans sa sixième année a fait plus de
270 000 morts et poussé la moitié de la
population à quitter son foyer. Aujourd’hui
la tension est souvent montée d’un cran
dans certains médias généralement hostile
au gouvernement syrien actuel et à ses
alliés l’Iran, la Russie et une partie du
champ politique libanais. Les médias occidentaux et ceux des pays du Golfe ressortent de nouveau la discutable rengaine du
«dictateur qui massacre son peuple» et tentent de faire monter la pression en prenant à
témoin une opinion internationale particulièrement désinformée. Pour le gouvernement syrien reprendre Alep, c’est trouver
une nouvelle stature dans le cadre de futurs
négociations. Cette position de force pourrait renforcer Damas face à une opposition
très plurielle et dont une partie est entre les
mains de l’Arabie saoudite. Alors que la
question syrienne revient au devant de la
scène médiatique occidentale, les responsables politiques occidentaux pour qui la
population civiles dans cette contrée n’aura
constitué qu’un élément pour faire pression
Photo : DR
L’
contre Damas exprime un certain agacement. Kerry a rencontré l’envoyé spécial de
l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura,
qui a assuré prendre contacte avec son
homologue russe, Sergueï Lavrov, pour
plaider un rétablissement du cessez-le-feu.
De Mistura devrait se rendre à Moscou
pour rencontrer le chef de la diplomatie
russe, avec toujours le même sujet à l’ordre
du jour : le rétablissement du cessez-le-feu,
entré en vigueur le 27 février. Moscou et
Washington initiateurs du processus de paix
en Syrie, et De Mistura a indiqué que si les
deux pays ne parviennent pas à s’entendre
il n’est guère probable qu’il y ait des
avancées. Cependant les deux puissances
paraissent peu enclines à vouloir peser sur
la situation.
Guerre médiatique
La Russie a fait état dimanche de pourparlers en cours pour parvenir à une suspension des combats actuels à Alep. Les
Etats-Unis avaient auparavant appelé à
l’arrêt des bombardements faisant uniquement référence à l’armée syrienne. Les
Saoudiens y ont trouvé occasion de fustiger
le régime syrien et continuer à mener une
pression contre leur «ennemi» viscéral.
Riyad a ainsi accusé les Russes et le
Président syrien de «violer tous les accords
conclus» pour soutenir le processus de paix
toujours pendant à Genève. Le secrétaire
d’Etat américain a, quant à lui, expliqué
que Washington allait demander aux
«rebelles modérés» de se distancer à Alep
du Front Al-Nosra, le plus important
groupe djihadiste en Syrie après Daech. De
quoi croire que les Américains ont le choix
de tirer sur le fil qu’ils désirent parmi ceux
en leurs possessions. La Russie et le gouvernement syrien ont beau expliquer que
c’est bien la présence d’Al-Nosra, branche
syrienne d’Al-Qaïda qui pose problème
dans l’offensive de récupération de la ville
rien n’y fait. Le renforcement de l’armée
syrienne et du régime en place semble tou-
jours constituer une obsession pour certaines capitales arabes qui appréhendent un
lendemain avec le régime syrien indemne.
Moscou avait annoncé que des «négociations actives» étaient en cours pour faire
taire les armes dans la province d’Alep. Le
Centre russe pour la réconciliation des parties belligérantes en Syrie, créé par l’armée
russe pour superviser la trêve, souligne que
ces négociations se poursuivent. Le
3 e round de négociations qui avait commencé le 13 avril s’est achevé le 27 avril à
Genève. Les principaux représentants de
l’opposition hétéroclite ont quitté la table
des pourparlers affichant comme prétexte la
dégradation de la situation humanitaire et la
mise à mal de la trêve. De Mistura a
demandé à Washington et Moscou à ce que
le cessez-le-feu soit «revitalisé» espérant
lancer un 4e round de pourparlers courant
mai. Un round qui sera indéniablement
marqué par les conséquences de la bataille
d’Alep.
M. B.
12
INTERNATIONALE
Mardi 3 mai 2016
Mardi 3 mai 2016
13
LES LIMITES DE L’ENRÔLEMENT DES CHERCHEURS
Des islamologues contre l’Organisation de l’Etat islamique
Les attentats de janvier et novembre 2015 à Paris ont généré un vaste débat sur la place des chercheurs travaillant en France sur les questions liées à l’islam et au monde
arabe. Ils ont amené en réaction les pouvoirs publics à souhaiter les voir jouer un rôle plus actif dans le dispositif de lutte contre le terrorisme. Des recrutements ont ainsi
été annoncés et des projets ponctuels financés. Une telle approche de la recherche publique ne va pas sans poser problème
La crise de la recherche sur les problématiques proche-orientales, nord-africaines et
islamiques doit tout d’abord être
appréhendée à l’aune des difficultés partagées par l’ensemble des chercheurs en
sciences sociales. Pénuries criantes de
postes, manque d’encadrement et de finance-
ments, abus liés au «mandarinat», discriminations et sexisme sont des réalités que
l’ensemble des sociologues, historiens,
politistes et anthropologues subissent, quel
que soit leur domaine de spécialité.
Toutefois, il n’est pas faux de considérer
qu’en termes de dotations, les études sur le
Proche-Orient et l’Afrique du Nord sont
mieux loties que celles consacrées à d’autres
régions, comme l’Afrique subsaharienne.
Les recrutements au Centre national de la
recherche scientifique (CNRS) et à l’université de ces quatre dernières années rendent
compte de cette réalité et d’une prime offerte
Photo : DR
Une crise des sciences
sociales ?
Photo : DR
«L’
à des candidats qui travaillent sur des objets
en lien avec l’actualité arabe et musulmane.
Même si les temps sont difficiles sur le plan
budgétaire, les centres de recherche français
à l’étranger, tel l’Institut français du
Proche-Orient (Ifpo) basé à Beyrouth ou
l’Institut de recherche sur le Maghreb
contemporain (IRMC) à Tunis favorisent les
liens entre les chercheurs et le terrain et
constituent des outils extrêmement précieux
et uniques au monde. La fermeture, en
janvier 2016, du Groupe de recherches et
d’études sur la Méditerranée et le ProcheOrient (Gremmo), laboratoire rattaché à
l’université Lyon 2 et la disparition en
2010 de la chaire «Monde arabe et
musulman» portée de longue date par Gilles
Kepel à l’Institut d’études politiques (IEP)
de Paris ont été parfois utilisés pour
dénoncer une soi-disant faillite du modèle
universitaire français et expliquer aussi un
aveuglement coupable de nos gouvernants
face à l’islamisme qui les aurait conduits à
saboter des institutions fonctionnelles (5).
C’est sans doute là excessif. La fermeture de
ces deux filières de formation et de
recherche a avant tout obéi à des
considérations comptables et scientifiques, et
non politiques.
La recherche française sur le monde
arabe contemporain continue de jouir d’une
reconnaissance réelle à l’échelle
internationale. Travaux de terrain et
réflexions théoriques, par exemple sur la
portée de l’islamisme, trouvent des
débouchés éditoriaux dans de grandes revues
ou chez de prestigieux éditeurs liés aux
grandes universités anglo-saxonnes. Une
critique émise dès 2014 dans le livre blanc
des études françaises sur le Proche-Orient et
les mondes musulmans pointait la faiblesse
des recherches françaises sur l’islamologie,
l’économie et l’histoire et une certaine
relégation des études sur le Maghreb. Elle
était pour une large part fondée. Elle résultait
en même temps d’un léger biais introduit par
les rédacteurs du rapport, eux-mêmes
marqués par ces sous-disciplines
particulières et par là portés à considérer leur
spécialité comme sous-représentée. Ces
rédacteurs étaient en outre parfois amenés à
mépriser quelque peu la science politique et
les recherches sur l’islamisme, très visibles
dans l’espace médiatique et donc ramenés à
une vulgaire expertise.
Les limites de l’islamologie
Voir le gouvernement en France,
principal pourvoyeur de financements et de
postes, établir des priorités et considérer
qu’il est légitime d’orienter sa politique en
fonction de ses intérêts n’est pas surprenant
ni même nécessairement choquant. Dans le
contexte post-attentats, le problème réside
toutefois dans un diagnostic erroné et dans
une logique utilitariste de court terme qui
s’accorde mal avec la temporalité propre à la
formation d’un chercheur. Créer un appel
d’air aujourd’hui sur certaines problématiques liées au djihadisme dans le monde
arabe et à ses répercussions en Europe
revient à générer dans quelques années un
trop plein. Par ailleurs, cela conduit à
récompenser aujourd’hui ceux qui, il y a une
décennie, ont eu du flair en orientant leurs
travaux. Un tel procédé ne permet pas stricto
sensu de valoriser les meilleurs et est donc
fréquemment décrié par les jurys de
recrutement (6).
Au-delà de cet aspect technique lié au
fonctionnement de l’université et des
disciplines se posent d’autres problèmes,
davantage politiques. Depuis novembre
2015, la principale réponse apportée par le
gouvernement français a été concentrée sur
un effort de recrutement, mené dans une
grande précipitation. Le ministère de
l’éducation a certes prétendu appuyer sa
campagne de recrutement sur divers rapports
remis en 2014 et 2015 sur les «disciplines
rares», mais il est entendu que les attentats
du 13 novembre ont été le principal déclencheur de cette dynamique. Moins de trois
semaines après le 13 novembre 2015, un
dotation. La direction du CNRS veille
ensuite à valoriser les travaux existants à
travers le réseau Alliance Athéna qui doit
permettre de favoriser des synergies et des
échanges entre les chercheurs et les
décideurs.
Une production abondante
et souvent ignorée
Le second volet du débat concernant le
rôle des chercheurs travaillant sur le ProcheOrient, l’Afrique du Nord et l’islam impose
de dresser un inventaire précis des travaux,
en Europe, mais aussi ailleurs, sur les
phénomènes de violence dite «islamiste». A
cet égard, le panel est large, les travaux nombreux et évoquer des carences manifestes
dans les analyses et objets abordés est
parfois spécieux. Les manquements sont
sans doute bien davantage à chercher du côté
des politiques, incapables d’entendre ce que
les chercheurs disent et écrivent depuis
longtemps, arguments et études à l’appui.
Les controverses et oppositions, portés
notamment par François Burgat (7), Gilles
Kepel et Olivier Roy ne sont que la partie
émergée d’un iceberg qui n’intègre pas seulement des chercheurs français, il va sans
dire. Néanmoins, le débat qui structure les
échanges entre ces trois «collègues» ne peut
être perçu uniquement comme une bataille
d’égos. Il dessine en effet des options
politiques, des explications, des méthodes de
travail et des enjeux divergents qui
constituent autant d’idéaux types et de
paradigmes que chacun peut discuter et
affiner. Ils pointent le doigt vers des responsabilités et des racines des phénomènes
djihadistes foncièrement différentes. Pour le
premier, les déséquilibres politiques internes
et internationaux, passés et présents, expliquent la force et la capacité de mobilisation
de l’islamisme. Sans correctif apporté à la
politique occidentale, l’OEI continuera à
recruter. Le deuxième pointe du doigt les
évolutions internes aux communautés
musulmanes et l’emprise idéologique du
salafisme, porte d’entrée supposée vers le
Photo : DR
islamologie est un sport de
combat» (1) titrait un récent
article de l’historienne Leyla
Dakhli consacré aux débats et aux querelles
internes au champ (viril !) des spécialistes
français de l’islamisme - qui, soit dit en
passant, ne sont pas à proprement parler des
islamologues (2), mais des politistes et des
historiens. Dans le sillage des attentats de
Paris, les critiques adressées par les
responsables politiques et certains
chercheurs à leurs collègues au sujet d’un
manque supposé de clairvoyance, d’impasses analytiques sur les mouvements dits
djihadistes ou de la persistance d’angles
morts n’étaient pas toutes illégitimes ou
dysfonctionnelles. En écho à ce débat, la
fameuse phrase de Manuel Valls considérant
qu’expliquer un phénomène social c’était
déjà commencer à l’excuser était évidemment outrancière autant que stupide (3).
Il importe d’appréhender le débat sur la
place de la recherche face à la violence dite
terroriste avec sérénité et hors des querelles
de personnes qui ont jusqu’à présent occupé
une place trop importante. Les passes
d’armes entre collègues, comme celle entre
Gilles Kepel et Olivier Roy, ont signalé l’âpreté d’enjeux qui ne sont manifestement pas
uniquement scientifiques (4). Par-delà ces
considérations et afin de ne pas faire fausse
route, il convient de dresser un diagnostic
clair sur l’état de la recherche d’une part et
d’autre part, sur ce que disent réellement des
racines du «djihadisme» les spécialistes des
diverses disciplines concernées.
appel a été transmis aux présidents
d’universités qui devaient, dans l’urgence,
établir des dossiers de candidatures.
Vingt-sept d’entre eux y ont répondu. Dès
mi-février 2016, six postes, axés sur
«l’islamologie et la radicalisation», ont été
affichés dans diverses universités de Paris et
de province. Quatre autres devraient l’être
prochainement pour des prises de fonction
en 2016.
La labellisation disciplinaire initiale de
ces postes témoigne du diagnostic hautement
problématique des tutelles administratives :
ministère de l’Enseignement supérieur et de
la recherche et présidences des universités.
Sans préjuger du profil de celles et ceux qui
seront recrutés et de la capacité des comités
de sélection à tirer profit scientifiquement de
ces opportunités, l’accent mis sur
l’islamologie revient à faire reposer la
violence dite terroriste sur l’islam et sur ses
interprétations. Un tel biais nie en quelque
sorte la dimension relationnelle de la
violence, les effets de domination à l’échelle
internationale ou liés au sort des minorités
musulmanes en Europe. Une telle labellisation opère in fine une dépolitisation des
enjeux et valide une déconnexion entre un
produit fini, dit «radical» ou «terroriste», et
les processus qui ont conduit à son
émergence. Cette logique sous-tend qu’il
reviendrait aux chercheurs de participer à la
réforme de l’islam pour imposer une «juste»
lecture des textes, sans jamais finalement se
soucier de corriger les biais politiques et la
domination occidentale qui sont pourtant au
cœur des dynamiques de (contre-)violence.
Face à ces annonces de recrutement
scientifique se pose également la question de
l’existence de compétences concrètes
permettant de pourvoir ces postes hautement
spécialisés. La faible attractivité des universités (avec des salaires inférieurs à
2 000 euros par mois en début de carrière
pour des bac +10), le caractère ingrat de
certaines tâches administratives couplé à un
nombre finalement réduit de candidats
potentiels n’assure en aucune manière que
les meilleurs jeunes chercheurs seront
recrutés et que, d’ici vingt ans, ils continueront à répondre à des demandes d’enseignement et à des enjeux sociaux pertinents.
Plutôt que de courir après l’actualité, ne
serait-il pas également judicieux de prendre
les devants et d’encourager la formation
dirigée vers les «marges» africaines ou
asiatiques du monde musulman qui ont
toutes les chances de supplanter le monde
arabe dans l’actualité au cours des décennies
à venir ?
Certes, les recrutements de nouveaux
collègues sont une impérieuse nécessité.
Toutefois, ils ne peuvent avoir pour unique
fonction de combler les attentes des
gouvernants ni de répondre à des considérations de court terme. Ces dernières risqueraient au final de saper la légitimité de
l’ensemble des chercheurs travaillant sur le
monde arabe, accusés par leurs pairs d’être
des «nantis» instrumentalisés par le pouvoir.
Les enjeux scientifiques et disciplinaires
doivent rester centraux dans les concours de
recrutement.
Face à cette stratégie problématique de
recrutement visant en quelque sorte à placer
des islamologues en première ligne face à
l’organisation de l’Etat islamique (OEI), le
CNRS s’est montré plus prudent. Sa
direction a tout d’abord tenté de financer des
initiatives de recherche ponctuelles suite à
un appel auquel 268 chercheurs ont répondu.
Cinquante-trois projets ont reçu une
djihadisme. Le troisième trace un parallèle
entre l’action directe d’extrême gauche des
années 1970 et l’actuelle violence et se
focalise sur la construction d’imaginaires et
d’expériences individuelles de rupture.
Les réflexions menées sur la «radicalisation» par Farhad Khosrokhavar, Francesco
Ragazzi ou Scott Attran ; les recherches
menées in situ sur les mouvements islamistes
par Stéphane Lacroix, Muhammad Abu
Ruman, Bernard Rougier, Monica Marks,
Mohamed Mahmoud Ould Mohammedou ou
Marie Vannetzel ; les travaux sur les sociétés
du Levant par Tine Gade, Jean-Pierre Filiu,
Loulouwa Al-Rachid ou Thomas Pierret ; sur
les États et sociétés du Golfe par Laurence
Louër, Pascal Ménoret, Claire Beaugrand ou
Laure Assaf ; les enquêtes sur les mobilisations musulmanes en France par Mayanthi
Fernando, Vincent Geisser ou Leyla Arslan
complètent un panel immensément riche et
aux implications politiques souvent claires.
Avant de pointer du doigt des supposés
manquements, il conviendrait sans doute de
commencer par lire ce qui se produit et éventuellement d’en tirer les conséquences, qui
Photo : DR
Par
Laurent Bonnefoy*
sont bien davantage politiques
qu’islamologiques.
L. B.
(1) La revue du crieur, n° 3, 2016.
(2) L’islamologie, en tant que sous-discipline, s’intéresse à la religion musulmane, à son histoire, à ses textes
théologiques et éventuellement à son droit.
Les travaux sur l’islamisme incorporent
des réflexions sur les relations internationales, la science politique, l’étude des
partis et la sociologie des mobilisations et,
de fait, ne se focalisent que marginalement sur les idéologies et les fondements
religieux ou textuels.
(3) Bernard Lahire, Pour la sociologie.
Et pour en finir avec une prétendue «culture de l’excuse », La Découverte, 2016.
(4) Cécile Daumas, «Olivier Roy et
Gilles Kepel, querelle française sur le jihadisme », Libération, 14 avril 2016.
(5) Dans un entretien à L’Humanité
publié le 26 février 2016, Gilles Kepel
affirmait : «Depuis le quinquennat de
Nicolas Sarkozy, les études arabes ont été
complètement détruites en France. A
Sciences-Po, la filière dont je me suis
occupé pendant vingt-cinq ans, laquelle
formait des docteurs, des hauts fonctionnaires, des acteurs associatifs ou des journalistes, a été fermée en décembre 2010.
Nous avons aujourd’hui un véritable déficit
de compétences. Nous sommes également
victimes, en France, d’énarques omniscients, estimant tout savoir alors qu’ils
sont incultes. Quant aux politiciens, ils sont
réduits à des astuces qui vont leur
permettre de conclure des accords avec des
organisations islamistes X ou Y
supposées assurer la paix sociale.»
(6) Note du conseil scientifique du
CNRS, 25 mai 2015.
(7) «Réponse à Olivier Roy : les non-dits
de «l’islamisation de la radicalité», L’Obs,
1er décembre 2015.
*Chargé de recherche au CNRS,
affecté au CERI depuis janvier 2013,
politologue et arabisant, spécialiste des
mouvements salafistes et de la péninsule
arabique contemporaine. Chercheur
associé au Centre français d’archéologie
et de sciences sociales de Sanaa (CEFAS),
chercheur MAE à l’Institut français du
Proche-Orient (Ifpo) et responsable de
son antenne palestinienne de 2010 à 2012.
Docteur en science politique (mention
relations internationales), diplômé de
Sciences Po, ancien consultant pour
l’International Crisis Group (2009).
In orientxxi.info
15
INTERNATIONALE
Mardi 3 mai 2016
LA MER DE CHINE, UN AUTRE DÉFI POUR LE DROIT INTERNATIONAL
Respecter les règles en Asie
Dans ce monde imparfait,
la tolérance est
considérable pour toutes
sortes de comportements
imparfaits. Mais
l’hypocrisie vous rattrape
toujours. Prêcher à
d’autres les vertus d’un
ordre fondé sur des règles
et se faire prier pour
appliquer certaines
d’entre elles, c’est
renvoyer une bien
mauvaise image de
soi-même
Par
Gareth Evans*
Photo : DR
L’
comme d’avoir outrepassé, en 2011, lors de
l’intervention militaire en Libye (aux côtés
du Royaume-Uni et de la France), le mandat
accordé par le Conseil de sécurité des
Nations unies, et Jessica Mathews considère
que c’est une véritable «friche pour les
engagements internationaux» qui résulte de
l’attitude des Etats-Unis envers les traités
contraignants, comme la Convention sur la
biodiversité, le Traité d’interdiction
complète des essais nucléaires (TICE), le
Protocole sur la torture, ou la Convention des
Nations unies sur le droit de la mer
(Cnudm/Unclos), en rapport plus direct avec
la mer de Chine méridionale.
C’est la Chine qui est d’abord visée dans
le Livre blanc australien. Car, dans tous les
cas, ce qui se passe en mer de Chine
méridionale ne témoigne pas du respect d’un
ordre mondial fondé sur des règles.
Respecter ces règles impliquerait un certain
nombre de changements dans le
comportement des Chinois.
Il faudrait tout d’abord que les revendications de souveraineté soient exprimées
clairement, en arguant de l’usage ou de l’occupation prolongée de certaines îles habitables, que ce soit dans le groupe des
Paracels ou des Spratleys ou même ailleurs.
Dès lors que ces revendications heurtent
celles d’autres États, ce qui est généralement
le cas, la Chine doit accepter de s’en
remettre à une décision ou à un arbitrage
international, ce qu’elle a jusqu’à présent
fermement refusé, sinon, et c’est le moins, se
Photo : DR
aventurisme chinois en mer de
Chine méridionale est à l’origine
d’une évolution de la politique
étrangère australienne qui mérite
l’attention de la communauté internationale.
Faisant de la défense d’un «ordre mondial
fondé sur des règles» une priorité stratégique
essentielle, le nouveau Livre blanc de la
défense australienne adopte un langage
qu’on ne trouve guère, ailleurs, au cœur des
chartes de défense nationale. C’est d’autant
plus surprenant venant de la part d’un
gouvernement conservateur habituellement
enclin à suivre les Etats-Unis sur tous les
chemins qu’ils empruntent.
L’Australie voulait pouvoir défendre
lisiblement sa contestation des
revendications chinoises, sans qu’on puisse
lui reprocher de prendre une fois de plus à
son compte la position américaine. Pour un
pays qui tente, à l’instar d’autres pays de la
région, d’éviter les choix à somme nulle
entre son partenaire stratégique, les
Etats-Unis, et son partenaire économique, la
Chine, les termes du Livre blanc sont
opportunément choisis et méritent de trouver
un écho.
Ce qui fait l’intérêt, pour partie, d’un
«ordre mondial fondé sur des règles», c’est
qu’il oblige tous les acteurs impliqués. Les
responsables politiques américains, à la
différence de ceux de la plupart des
autres pays, n’en trouvent pas le concept
particulièrement attirant. Si, comme tout le
monde, ils y sont rituellement attachés, la
propension à se lier par des règles
internationales ne fait pas partie de l’ADN
des officiels américains.
L’invasion de l’Irak en 2003 en demeure
l’exemple type. Mais il y en a d’autres,
résoudre à de véritables négociations, sur la
base de concessions mutuelles.
Deuxième point, la Chine devrait
renoncer à sa «ligne en neuf traits», à
l’intérieur de laquelle elle revendique non
seulement sa souveraineté sur les terres
émergées, mais dont elle considère aussi
qu’elle délimite ses «eaux historiques» ou
des «zones de pêche traditionnelles
chinoises», concepts dont la définition pose
problème. Etant données les intrusions
constantes des navires de pêche chinois dans
des eaux qui appartiennent jusqu’à présent
de façon incontestée à la zone économique
exclusive (ZEE) de 200 milles nautiques
d’autres pays riverains, telle que celle-ci est
définie par la Cnudm, ces revendications
sont la cause de frictions réelles avec
certains de ses voisins, comme l’Indonésie.
La Cnudm – généralement acceptée
comme fondement du droit coutumier
international, même par des pays qui ne l’ont
pas ratifiée, comme les Etats-Unis – offre le
seul cadre satisfaisant pour la résolution de
ces problèmes. Quand bien même la
souveraineté de la Chine serait acceptée sur
tous les îlots habitables qu’elle revendique,
les 12 milles nautiques d’eaux territoriales et
les 200 milles de ZEE associés à chacun
d’entre eux seraient encore loin d’atteindre
les 80% de la mer de Chine méridionale
aujourd’hui compris dans la ligne en neuf
traits.
Troisième point, la Chine doit sérieusement restreindre ses initiatives concernant
les récifs et les hauts-fonds, qui ne furent
jamais habitables, qui font désormais l’objet
de revendications territoriales et sur lesquels
elle a construit des pistes d’atterrissage et
d’autres installations susceptibles d’un usage
militaire, autour desquels elle cherche à
dénier aux autres pays l’accès de l’espace
maritime et aérien. Le droit international
tolère certaines de ces constructions – que
les Philippines, le Viêt-Nam et la Malaisie
pratiquent depuis des années, quoiqu’à une
échelle bien moindre. Mais il n’accepte en
aucun cas qu’on en fasse un usage militaire,
ou qu’elles servent de prétexte à autre chose
qu’une «zone de sécurité» de 500 mètres
alentour, et certainement pas à la définition
d’eaux territoriales, d’une ZEE ou d’une
quelconque «zone d’identification de la
défense aérienne».
Quatrième point, la Chine doit tempérer
sa position concernant l’interdiction à tout
navire ou avion de franchir pour une mission
de surveillance ou de renseignement non
seulement la limite de ses eaux territoriales –
ce sur quoi le droit international est clair –,
mais de toute sa ZEE – ce sur quoi ses arguments sont beaucoup moins fondés. Le main-
tien de cette position comporte un risque
constant de provocations et d’incidents.
Tant que la Chine refusera de respecter
les règles internationales usuelles, les autres
pays peuvent légitimement chercher à faire
pression, y compris par les exercices
aériens ou navals au nom de la «liberté de
navigation», entrepris par les Etats-Unis, et
que l’Australie ou d’autres devraient à leur
tour imiter. La Chine ne cesse de répéter
qu’elle n’a pas l’intention de perturber le
trafic maritime ou aérien. On doit la croire
car elle agirait sinon contre son intérêt. Mais
son comportement met à rude épreuve la
patience et la compréhension régionale et
mondiale.
L’autre intérêt d’un «ordre mondial fondé
sur des règles», dès lors qu’il est revendiqué
comme doctrine centrale de la politique australienne, c’est la discipline qu’il impose à
l’Australie elle-même – et à tout Etat qui
adopte ce langage. Si nous voulons être pris
au sérieux, nos actes doivent être en accord
avec nos paroles, et nous devons accepter
nos responsabilités et nos devoirs internationaux – par exemple contribuer à faire cesser
les atrocités commises loin de nos côtes –, en
étant cohérents avec notre prétention à une
bonne citoyenneté internationale, même si
ces responsabilités et ces devoirs ne servent
pas directement nos intérêts traditionnels
économiques ou de défense.
Dans le cas de l’Australie, cela signifie
que nous devons reconsidérer certaines de
nos tentatives visant à contester notre
responsabilité devant la Cour internationale
de justice et à éviter certains mécanismes de
résolution des litiges au titre de la Cnudm.
Dans ce monde imparfait, la tolérance est
considérable pour toutes sortes de
comportements imparfaits. Mais l’hypocrisie
vous rattrape toujours. Prêcher à d’autres les
vertus d’un ordre fondé sur des règles et se
faire prier pour appliquer certaines d’entre
elles, c’est renvoyer une bien mauvaise
image de soi-même.
G. E.
(Traduction François Boisivon)
*Chancelier de l’Université nationale
australienne. Ancien ministre des
Affaires étrangères de l’Australie
(1988-1996) et ancien président de
l’International Crisis Group (2000-2009).
Il a co-présidé le Global center pour la
responsabilité de protéger basé à New
York et le Centre pour non-prolifération
nucléaire et le désarmement basé à
Canberra.
In project-syndicate.org
16
M O N D E
Mardi 3 mai 2016
SELON LE SECRÉTAIRE D’ETAT AMÉRICAIN JOHN KERRY
La situation en Syrie devient «hors de contrôle»
Staffan de Mistura doit se rendre à Moscou, aujourd’hui, pour rencontrer le chef de la diplomatie russe,
avec toujours le même sujet à l’ordre du jour : le rétablissement du cessez-le-feu, entré en vigueur le
27 février, mais gravement compromis ces derniers jours
Par
Dave Clark et Karam al-Masri de l’AFP
e secrétaire d’Etat américain
John Kerry qui tente de
sauver la trêve en Syrie a
reconnu lundi à Genève que la
situation devenait «hors de
contrôle» même si les bombardements du régime ont baissé
d’intensité sur la ville d’Alep.
M. Kerry, qui a rencontré l’envoyé
spécial de l’ONU pour la Syrie,
Staffan de Mistura, a annoncé qu’il
allait appeler son homologue russe
Sergueï Lavrov pour plaider un
rétablissement du cessez-le-feu.
«Le conflit devient à bien des
égards hors de contrôle», a déclaré
John Kerry. Staffan de Mistura doit
pour sa part se rendre à Moscou,
aujourd’hui, pour rencontrer le
chef de la diplomatie russe, avec
toujours le même sujet à l’ordre du
jour : le rétablissement du cessezle-feu, entré en vigueur le
27 février mais gravement compromis ces derniers jours. Moscou
et Washington sont les initiateurs
du processus de paix en Syrie, et
M. de Mistura a indiqué que si les
deux pays ne parviennent pas à
s’entendre il n’est guère probable
qu’il y ait des avancées.
Alliée du président syrien
Bachar al-Assad, la Russie a fait
état dimanche de pourparlers en
cours pour parvenir à une suspension des combats à Alep. Les
Etats-Unis avaient auparavant
appelé à l’arrêt des bombardements
du gouvernement sur la partie de la
Photo : DR
L
ville du nord de la Syrie tenue par
les rebelles. Après plusieurs raids
et affrontements dans la nuit entre
régime syrien et rebelles dans la
deuxième ville de Syrie, aucun raid
ou tir n’a été entendu depuis le
matin dans le secteur rebelle, selon
un correspondant de l’AFP.
Des habitants se sont aventurés
dans la rue, profitant du calme, et
quelques échoppes ont ouvert leurs
portes, mais la circulation restait
faible. D’intenses raids aériens
avaient eu lieu dans la nuit selon le
journaliste de l’AFP. Aucune indication n’a pu être obtenue dans
l’immédiat sur d’éventuelles victimes. Plus de 250 civils dont une
cinquantaine d’enfants ont péri
depuis la reprise le 22 avril des
violences à Alep, la majorité dans
des raids menés par l’aviation du
régime, en violation de la trêve.
«Ce qui se passe à Alep est une
honte. C’est une violation du droit
humanitaire. C’est un crime», a
affirmé lundi le ministre saoudien
des Affaires étrangères Adel
al-Jubeir, avant sa rencontre à
Genève avec John Kerry. Il a
également accusé les Russes et le
président Bachar al-Assad de
violer «tous les accords conclus»
pour soutenir le processus de paix.
Le secrétaire d’Etat américain a,
quant à lui, expliqué que
Washington allait demander aux
rebelles modérés de se distancer à
Alep du Front Al-Nosra, le plus
important groupe jihadiste en Syrie
après l’Etat islamique (EI).
La Russie et le gouvernement
de Bachar al-Assad ont justifié
l’offensive sur Alep par la
présence d’Al-Nosra, branche
syrienne d’Al-Qaïda, qui n’est pas
englobé par l’accord de trêve du
27 février. Moscou avait annoncé
dimanche que des «négociations
actives» étaient en cours pour faire
terme les armes dans la province
d’Alep. Le Centre russe pour la
réconciliation des parties belligérantes en Syrie, créé par l’armée
russe pour superviser la trêve, a
indiqué lundi que ces négociations
se poursuivaient. A Paris, le
ministère des Affaires étrangères a
souhaité l’organisation rapide
d’une réunion ministérielle du
groupe international de soutien à la
Syrie pour «restaurer la trêve», et
a appelé les alliés russe et iranien
de Damas à faire pression sur le
régime syrien. «La France
condamne avec force les attaques
du régime qui ont causé de nombreuses victimes» et «appelle les
soutiens du régime à prendre leurs
responsabilités et à user de leur
influence sur Damas pour faire
taire les armes», a déclaré le porteparole du Quai d’Orsay Romain
Nadal.
Le 3e round de négociations qui
avait commencé le 13 avril s’est
achevé le 27 avril à Genève.
Les principaux représentants de
l’opposition ont quitté la table des
négociations pour protester contre
la dégradation de la situation
humanitaire et les violations de la
trêve. M. de Mistura a demandé à
ce que le cessez-le-feu soit
«revitalisé», avec l’aide de
Washington et Moscou, et espère
lancer un 4e round de pourparlers
courant mai. La guerre en Syrie a
fait plus de 270 000 morts depuis
2011, selon l’OSDH. Face à la
tragédie à Alep, le hashtag «îAleppoIsburning» a été relayé massivement sur les réseaux sociaux,
appelant à des manifestations de
solidarité dans plusieurs pays du
30 avril au 7 mai.
AFP
L’OPPOSITION VÉNÉZUÉLIENNE EST À L’ŒUVRE
Semaine cruciale pour le projet de référendum anti-Maduro
L’OPPOSITION au
Venezuela a entamé, hier, une
semaine décisive, espérant faire
valider par les autorités les
2,5 millions de signatures
recueillies en faveur d’un
référendum contre le président
socialiste Nicolas Maduro, cible
d’une exaspération populaire croissante. La coalition de la Table pour
l’unité démocratique (MUD),
majoritaire au Parlement, remettra
lundi ou mardi au Conseil national
électoral (CNE) les signatures.
Celles-ci ont été obtenues en à
peine deux jours la semaine dernière, les habitants s’étant déplacés
en masse aux différents points de
collecte installés dans le pays.
Un tel succès en quelques
heures «est probablement un
record mondial», s’est félicité
dimanche l’un des chefs de l’opposition, Henrique Capriles, dans une
intervention filmée et diffusée via
Twitter. «C’est en outre une
démonstration de poids que nous
les Vénézuéliens choisissons la
voie constitutionnelle, démocratique, pacifique, nous voulons
décider avec notre voix, notre vote,
l’avenir de notre pays», a ajouté le
candidat malheureux à l’élection
présidentielle de 2013.
Le CNE, réputé proche du
gouvernement, vérifiera si
le minimum de voix requis
(195 721, 1% de l’électorat) a été
atteint, appellera les signataires à
confirmer en personne leur choix,
avant de procéder à une ultime
vérification. L’ensemble du processus pourrait prendre un mois,
voire plus si le CNE tente de le
retarder, puis l’opposition devra
franchir une deuxième étape en
réunissant quatre millions de voix
en trois jours pour convoquer le
référendum, qu’elle espère organiser dès fin novembre.
Le référendum révocatoire n’a
été utilisé qu’une seule fois dans
l’histoire du pays, contre l’ex-président Hugo Chavez (1999-2013)
en 2004 : il s’était soldé par un
échec. Cette fois, il pourrait bénéficier du climat de grogne sociale
croissante, illustrée par les émeutes
et pillages de ces derniers jours à
Maracaibo (nord-ouest), deuxième
ville du pays. Près de 68% des
Vénézuéliens, excédés par les
pénuries et une inflation à trois
chiffres, souhaitent un départ du
président le plus vite possible et
une nouvelle élection, selon un
sondage de Venebarometro publié
jeudi.
Mais l’héritier politique d’Hugo
Chavez garde un pouvoir important, contrôlant le gouvernement et
la plupart des institutions. Il a
exhorté ses partisans à entrer en
«rébellion» en cas de succès du
référendum, mais de manière
«pacifique», se définissant comme
«l’être humain le plus attaqué au
Venezuela».
Alors qu’une crise économique
et énergétique frappe de plein fouet
le pays sud-américain, ses
30,7 millions d’habitants ont vu
ces dernières semaines leur quotidien chamboulé, devant se plier à
une batterie de mesures, parfois
spectaculaires, imposées par l’exécutif. Le 25 avril, des coupures de
courant d’au moins quatre heures
par jour sont entrées en vigueur
dans une grande partie du
territoire.
Le 26, le président Maduro a
décrété que les fonctionnaires ne
travailleraient plus que les lundi et
mardi. Le 1er mai, enfin, le pays a
avancé ses aiguilles de 30 minutes,
passant au fuseau horaire -4h GMT
pour profiter plus longtemps de la
lumière du jour.
L’objectif de ces mesures ?
Economiser l’électricité, qui fait
cruellement défaut alors que le
phénomène climatique El Nino a
engendré la pire sécheresse en
40 ans selon le gouvernement. Le
Venezuela n’a plus les ressources
nécessaires pour importer de
l’énergie : son économie, fondée
presque uniquement sur ses abondantes ressources pétrolières, s’est
effondrée quand les cours du brut
ont chuté. Les coupures sont «un
sacrifice nécessaire», a plaidé
dimanche le président Maduro lors
de la traditionnelle manifestation
du 1er mai, tentant de redorer un
peu sa popularité en augmentant de
30% le salaire minimum. Mais la
situation économique du pays
«n’est pas tenable à moyen terme»,
a prévenu récemment Alejandro
Werner, chef du département
Amérique latine du Front monétaire international (FMI).
«Clairement, il s’agit d’une
situation où les effets sur la qualité
de vie, sur la santé de la population commencent à être très importants», a-t-il souligné. Après une
inflation de 180,9% en 2015, la
plus élevée du monde, le FMI table
sur 700% cette année, tandis que le
PIB devrait chuter de 8% selon la
Banque centrale.
AFP
UN ATTENTAT à la voiture
piégée a visé, hier, des fidèles
chiites à Bagdad, faisant au moins
14 morts et 41 blessés dont des
femmes et des enfants, selon des
responsables irakiens. Un responsable de la sécurité a affirmé qu’un
kamikaze avait fait détoner sa voiture bourrée d’explosifs au milieu
de la procession de fidèles dans le
sud de Baghdad, mais d’autres
responsables ont fait état de
l’explosion d’une voiture piégée
sans parler d’attentat suicide.
Au moins 14 personnes ont péri et
41 ont été blessées, selon un
dernier bilan fourni par des sources
de sécurité et médicales qui ont fait
état de plusieurs femmes et enfants
parmi les victimes.
L’attentat n’a pas été revendiqué dans l’immédiat mais ce
genre d’attaque est habituellement
mené par le groupe jihadiste
sunnite Etat islamique (EI) qui
considère la communauté musulmane chiite comme hérétique.
L’EI a perpétré une attaque similaire contre des pèlerins chiites
samedi à la périphérie de Bagdad
tuant au moins 23 personnes.
La plupart des principales
artères de la capitale irakienne sont
fermées avant les célébrations
commémorant l’anniversaire de la
mort de l’imam Moussa Kazem,
une importante date dans le
calendrier chiite. Septième des
12 imams vénérés par l’islam
chiite, l’imam Moussa est mort en
799. Le pèlerinage paralyse la ville
pendant plusieurs jours en raison
de l’importante foule qu’il attire.
La principale commémoration au
mausolée de l’imam Kazem dans
le quartier de Kazimiyah dans le
nord de Baghdad est prévue
aujourd’hui.
Nouvel attentat antichiite à Baghdad, au moins 14 morts
C U L T U R E
Mardi 3 mai 2016
17
CONCERT DE L’OSN ET LA SOPRANO AMÉRICAINE FE AVOUGLAN AU TNA
Soirée Gershwin, Bernstein et Gospel à Alger
Lors de cette soirée exceptionnelle, s’est dévoilée l’âme de l’Amérique profonde dans toute la beauté
de sa spiritualité
Par
à différents concours de chant
d’opéra et a obtenu en 2013 le
1er prix au Summerfest Europe,
à Verviers en Belgique. Elle se
produit dans plusieurs festivals
en France et aux Etats-Unis
notamment et est distribuée à
Pittsburgh en Pennsylvanie dans
A New Kind of Fallout, un
nouvel opéra dont les musiques
sont de Gilda Lyons.
Lors de cette soirée
exceptionnelle, s’est dévoilée
l’âme de l’Amérique profonde
dans toute la beauté de sa
spiritualité, enchaînant dans le
genre Gospel les pièces Ain’t
Gonna Let Nobody Turn Me
Around, Amazing Grace, Evry
Time I Feel The Spirit et l’incontournable morceau du genre, la
chanson culte Freedom. Après
les spirituels, place à des
partitions plus enjouées et plus
rythmées qui ont marqué
plusieurs générations d’amateurs
de musique de film à l’instar de
Hoe-Down (From Rodéo)
incarnant les airs festifs des Cow
Boys et également, West side
story, Symphonic Dances et
América de Léonard Bernstein.
Sihem Bounabi
e Théâtre national
Mahieddine-Bachetarzi
(TNA) a accueilli, samedi
dernier, un concert exceptionnel
de l’Orchestre symphonique
national (OSN), dirigé par
le maestro Amine Kouider,
accompagnée par la soprano
américaine Fe Avouglan pour
une soirée musicale inédite sous
le thème «Une américaine à
Alger», en concordance avec la
célébration de la journée
internationale du Jazz, célébré
chaque année le 30 avril. A cette
occasion, les plus grandes
œuvres classiques de la musique
américaine du siècle dernier,
étaient à honneur sublimée par
les talentueux musiciens de
l’OSN et la voix cristalline et
jazzy de la soprano américaine.
Le concert a débuté avec
l’interprétation des partitions de
Crazy Girl et Porgy and Bess de
George Gershwin, donnant le La
au programme musicale de la
soirée qui durant plus d’une
heure a agréablement surpris les
présents découvrant le large
éventail des prouesses des musiciens de l’OSN sous la baquette
d’Amine Kouider, où la musique
symphonique était revigorée par
la souplesse et les rythmes
emplis de liberté enchanteresse
du Jazz.
La Soprane Fe Avouglan a
également envouté le public par
la large tessiture de sa voix,
Photo : DR
L
s’amplifiant dans l’envolée
lyrique poignante dans des
pièces aussi puissante que
Summertime et My Man
Is Gone Now, du grand
compositeur George. Accompa-
gnée par plusieurs grands
orchestres aux Etats- Unis et en
Europe, Fe Avouglan a participé
La soirée a été clôturée,
par un hommage à un chant
spirituel du patrimoine algérien, en
l’occurrence, «Ya Rassoul Allah,
enta El Habib», et le mythique Oh
! Susanna , qui mêle harmonieusement chant, danse, musique et
comédie de Stephen Foster, repris
en version berouali, créent ainsi
une passerelle entre la musique
S. B.
algérienne et américaine.
COMMÉMORATION DU 8 MAI 1945 AU THÉÂTRE RÉGIONAL KATEB-YACINE
Par
Rédaction Culturelle
UN EMOUVANT hommage
sera rendu, le 8 mai prochain, par
le théâtre régional Kateb-Yacine
de Tizi Ouzou (TRT) à l’actrice
Chafia Boudraâ dans le cadre
des festivités commémoratives
des évènements du 8 mai 1945
prévues dans la wilaya de
Tizi Ouzou.
A propos de cet hommage,
organisé, sous l’égide de la
direction de la culture de
la wilaya de Tizi Ouzou, le
directeur du tri a déclaré à l’APS
que «nous rendrons cette fois-ci
hommage à Chafia Bouraâ,
l’une des grandes icônes du
cinéma algérien connue particulièrement pour son rôle dans le
feuilleton L’incendie de
Mustapha Badie, extrait de
l’œuvre de Mohammed Dib, qui
retrace une période de l’histoire
d’Algérie sous le règne du colonialisme. C’est pour cette raison
que nous avons tenu à l’honorer
dans la journée du 8 mai».
Il a rappelé que cette actrice
est veuve d’un Chahid qui a
combattu au sein du FLN
durant la guerre de libération
nationale et tombée au champs
d’honneur à l’âge de 41 ans,
d’où également le choix de cette
date symbole de long combat
pour le recouvrement de
l’indépendance du pays.
De son vrai nom Atika
Latrèche, Chafia Boudraâ est née
le 22 avril 1930 à Constantine.
En 1964 elle a quitté sa ville
natale pour s’installer à Alger et
exercer différents métiers pour
subvenir aux besoins de ses cinq
enfants. Elle s’est rapprochée
ensuite de l’entreprise de la
Radio et télévision algériennes
(RTA) pour commencer à
travailler au cachet dans des
productions audio-visuelles.
Chafia Boudraâ était révélée
au grand public grâce à son rôle
dans le feuilleton El Hariq réalisé par Mustapha Badie en 1976.
Deux ans auparavant, elle avait
joué dans le film L’évasion
d’Hassan Terro de même
réalisateur, avant d’interpréter
d’autres rôles dans d’autres productions cinématographiques
telles que Leila et les autres de
Sid Ali Masif, Une femme pour
mon fils d’Ali Ghalem, Le thé à
la menthe d’Abdelkrim Bahloul
et Hors-la-loi de Rachid
Bouchouareb. Au théâtre, elle a
joué dans une pièce montée par
le Théâtre national algérien
(TNA) intitulée La Mégère
apprivoisée, puis une deuxième
expérience dans Cercle de craie.
Pendant ses 45 ans de carrière,
l’actrice s’est imposée grâce à
son talent et son dévouement et a
brillé par ses rôles dans une
trentaine de films réalisés
entre l’Algérie, la Tunisie, la
France et les Etats-Unis
d’Amérique.Précédemment, le
théâtre régional Kateb-Yacine a
rendu hommage à d’autres
figures de la scène artistique
algérienne à l’image de Fatiha
Berber, Krikèche, Hamid Ben
Tayeb, Mohammed ben Guettaf,
Kaci Tizi Ouzou, Rouiched,
Salima Labidi et Djamila.
Le directeur du TRT a affirmé
que «dans le cadre de la
préparation de cet hommage
nous avons rendu visite à Chafia
Boudraâ qui a manifesté une
grande joie et satisfaction et
nous a rassuré de sa présence le
8 mai prochain à Tizi Ouzou»,
précisant que beaucoup de
cinéastes et acteurs algériens
seront également présents à ce
rendez-vous.
Mohammed Ben Zirari, Amel
Himer, Mohammed Adjaïmi et
Meziane Yala apporteront leurs
témoignages sur le long et riche
parcours de cette dame qui a su
subjuguer le public par son
professionnalisme.
R. C.
Photo : DR
Hommage à Chafia Boudraâ, icône du feuilleton l’Incendie
18
S P O R T S
Mardi 3 mai 2016
EQUITATION CONCOURS NATIONAL DE SAUT D’OBSTACLES
Accueil chaleureux
aux MC Saida et «Hawaa
Saïda» détentrices
de la Coupe d’Algérie
Le cavalier Mesrati remporte
le Grand prix d’Oran
Cette compétition équestre de trois jours, organisée par le club hippique «Etrier
Oranais» en collaboration avec la Fédération équestre algérienne dans le cadre des
festivités du 1er mai, Journée mondiale des travailleurs
Par
Algérie presse service
e cavalier du club
équestre de Bordj El
Bahri Mesrati Brahim
montant «Vasco», a remporté
le Grand prix de la ville
d’Oran comptant pour le
concours de saut d’obstacles,
clôturé samedi soir au centre
équestre «Antar Ibn Chedad»
d’Es-Sénia (Oran).
Mesrati a dominé cette
épreuve réservée aux chevaux
6 ans et plus aux cavaliers et
cavalières seniors titulaires de
2e degré, en accomplissant un
parcours sans fautes devant le
cavalier Chlef Bouabdellah
sociétaire du CHM Blida montant «United» et Boughrab Ali
du CHM Blida enfourchant
«Batadin» qui a complété le
podium.
Le prix cadets mémorial
«Belkacem Ghazi», ancien
président de l’association
«Etrier Oranais» a été remporté par la jeune cavalière
Insaf Metougui montant
«Ikram» du club «Etrier
Oranais» devant le cavalier
Rezni Nawfel de Sidi BelAbbès montant «Djadid» et
Abdelwahab Bentan du même
Photo : DR
L
club de Sidi Bel-Abbes sur
«Asad». Chez les juniors du
prix du 65 e anniversaire de
l’association équestre «Etrier
oranais», le cavalier Mahi
Amine du Club Haras «Hocine
El Mansour» de Mostaganem
et son étalon «Etang» s’est
illustré de fort belle manière
en décrochant la première
place devant Saada Halim
du club équestre de Bordj
El Bahri montant «Artiste» et
Malik Azouaou montant «Vent
des Forêts» du club équestre
de Bordj El Bahri Alger.
Cette compétition équestre
de trois jours, organisée par le
club hippique «Etrier Oranais» en collaboration avec la
Fédération équestre algérienne
dans le cadre des festivités du
1er mai, journée mondiale des
travailleurs, a enregistré la
participation de 140 chevaux
et 180 cavaliers et cavaliers,
cadets, juniors et seniors de
23 clubs équestres de différentes wilayas du pays.
Douze épreuves se sont
déroulées lors de cette manifestation équestre, la plus en
vue, le Grand prix de la ville
d’Oran, offrant un beau spectacle aux mordus du cheval,
jugé d’un niveau technique
«appréciable», selon les spécialistes présents.
APS
TENNIS/CHAMPIONNAT NATIONAL 2016 DES JEUNES CATÉGORIES
Large domination du GS Pétroliers
LE GS PÉTROLIERS a
dominé le championnat
national 2016 des jeunes catégories de tennis, clôturé
dimanche à Sidi-Fredj (Alger)
en étant présent sur pratiquement tous les podiums, en
simple et double, aussi bien
chez les garçons que chez les
filles.
Chez les 15-16 ans (filles),
c’est Lynda Benkaddour (GSP)
qui a pris la première place du
tableau simple, suite à sa victoire par deux sets à zéro en
finale (6-4, 6-2) contre Nesrine
Troubia, sociétaire du COST
2000.
En double, Benkaddour et
Troubia sont imposées (6-0,
6-0) contre le tandem composé
de Selma Oussalah (MBB) et
Nada Laraba (TCP).
Chez les garçons, toujours
dans la catégorie des 15-16 ans,
c’est Hani Kedjour (GSP) qui a
pris la 2e place dans le tableau
simple après sa défaite en finale
contre Youcef Rihane, sociétaire de Hydra AC, sur le score
de deux sets à zéro (6-0, 6-2).
En double, le GSP n’a réussi
à placer aucun de ses représentants en finale, puisque celle-ci
a opposé la paire composée de
Khalil Radja (CTM) et Racim
Rahim (COST2000) au tandem
Ryad Anseur (CRBBK) et Anis
Ali-Moussa (CRBBK) et la victoire est revenue aux deux premiers cités (6-0, 6-4).
Le GSP a été tout aussi
dominateur dans la catégorie
des 17-18 ans, en plaçant là
encore un grand nombre de
joueurs sur le podium, en
simple et double, aussi bien
chez les garçons que chez les
filles. En simple (garçons), la
victoire est revenue à Toufik
Sahtali (GSP) ayant battu en
finale Fazil Habbouche (Hydra
AC) sur le score de deux sets à
zéro (6-1, 6-2).
En double, Sahtali et
Habbouche l’ont emporté en
finale (6-0, 6-4) contre le
tandem composé d’Anis
Mokhbi (HAC) et Hamdane
Sayah (TCP).
Chez les filles, c’est également une pétrolière qui s’est
imposée en finale du simple, à
savoir Sihem Sahli, suite à sa
victoire par deux sets à un (1-6,
6-2, 6-3) contre Inès AliMoussa, sociétaire du CRBBK.
En double, Sihem Sahli
(GSP) et Inès Ali-Moussa se
sont imposées (6-0, 6-1), contre
le tandem composé de Sabrina
Oussalah (MBB) et Inès
Benseka (CATS).
Le championnat national
des catégories inférieures
(9-14 ans) s’est déroulé à
Tlemcen et à Boufarik.
APS
Demi-finales de Coupe d’Algérie de boxe : les pugilistes
de l’équipe nationale militaire se distinguent
LES PUGILISTES de l’équipe nationale de boxe se sont
distingués, dimanche en fin
d’après-midi, aux demi-finales
de la Coupe d’Algérie de boxe
qui se tient depuis jeudi à la
salle Baaziz de Blida.
La sélection militaire a
assuré la quasi-totalité de ses
représentants aux finales de
cette compétition qui se tiendront demain lundi, grâce
notamment à Soltani Mohamed
(49 kg), Aggar Cherif (75 kg)
et Bougherara Mabrouk (91kg)
qui ont assuré leur qualification
aux finales. Les autres combats
se sont soldés par la qualification des boxeurs fettih Nabil
(71 kg) de Médéa, Bekki Nacer
(49 kg) de Blida, Mourad
Abdelhadi (65 kg) d’Oran,
kennouche (56 kg) d’Alger,
Bensaid Nacerredine (64 kg) de
Boumerdes, Chaouche Fayçal
(64 kg) de la Protection civile
et Goumeziane Rafik (75 kg)
de Béjaia.
La présence d’un public
nombreux à la salle Baaziz a eu
un impact positif sur le niveau
de la compétition, a estimé le
directeur technique nationale
Mourad Meziane, pour qui ces
finales de la Coupe d’Algérie
constituent une opportunité aux
pugilistes d’améliorer davantage leurs qualités techniques.
«Les combats de la finale
seront d’un niveau encore
meilleur, au vu de l’évolution
constatée depuis le début de la
compétition», a-t-il affirmé à
l’APS, souhaitant que le public
soit encore plus nombreux à la
dernière journée de la compétition.
APS
Les équipes de hand-ball du MC
Saïda (seniors garçons) et «Hawaa
Saïda» (cadettes), détentrices de la
Coupe d’Algérie 2016 dans leurs
catégories, ont fait l’objet d’un
accueil des plus chaleureux,
dimanche soir, au chef-lieu de
wilaya.
Les vainqueurs de cette fameuse
coupe tant convoitée, ont été
accueillis au niveau de la place de
l’Emir Abdelkader, au centre ville,
par les autorités locales, à leur tête
le Wali, Djelloul Boukarabila, et une
foule nombreuse, venue féliciter les
champions de la ville.
L’entraîneur du MC Saïda seniors,
évoluant au super-championnat
national de handball, Abdelkrim
Dahmani, a souligné que la victoire a
été l’objectif tracé depuis le début
de la saison, en dépit des difficultés
financières rencontrées et des problèmes confrontés le long de la
saison sportive.
Le coach s’est dit «très fier» de ses
poulains qui ont permis à leur
équipe de décrocher, pour la première fois dans son histoire, cette
haute distinction.
Pour sa part, le directeur technique
de l’équipe cadette de «Hawaa
Saïda», Rahal Ahmed a exprimé sa
grande joie après cette consécration, fruit de grands efforts déployés
par les joueuses, encouragées tout
le long de leur parcours par un
public fidèle en or.
Pour lui, la wilaya de Saïda a
démontré qu’elle est devenue un
pôle d’excellence de handball.
Le MC Saïda a remporté la Coupe
d’Algérie, samedi dernier, à la salle
Harcha- Hassan (Alger), face au
Chabab Baraki sur un score de 22 à
21, après prolongations.
Les joueuses cadettes de «Hawaa
Saïda» (moins de 20 ans) ont pris le
meilleur sur Chabibat Ouazelagan
par un score de 30 à 24.
Judo/Grand Chelem
de Baku :
six Algériens engagés
Six judokas algériens (4 messieurs et
2 dames) seront engagés dans le
tournoi international «Grand Chelem
de Baku», prévu du 6 au 8 mai courant en Azerbaïdjan, a appris l’APS
hier auprès de la Direction technique nationale (DTN).
Il s’agit de Houd Zourdani (-66 kg),
Abderrahmane Benamadi (-90 kg),
Lyès Bouyacoub
(-100 kg) et Mohamed Amine Tayeb
(+100 kg) chez les messieurs, ainsi
que Sonia Asselah (+78 kg) et
Ratiba Tariket (-57 kg) chez les
dames.
Soit les six meilleurs judokas algériens du moment, puisque les cinq
premiers cités sont qualifiés pour les
olympiades de Rio (5-21 août), alors
que Ratiba Tariket est médaillée
d’or aux derniers championnats
d’Afrique, disputés en Tunisie.
Un total de 519 judokas (329 messieurs et 190 dames), de 82 pays,
participent à ce tournoi international dans la capitale azérie, Baku.
19
S P O R T S
Mardi 3 mai 2016
BAYERN MUNICH – ATHLETICO MADRID
Ligue 1 française :
l’Algérien Boudebouz
dans l’équipe
de la 36e journée
Les Bavarois à l’assaut
d’une citadelle quasi-imprenable
Photo : DR
Les Allemands du Bayern restent favoris compte tenu de leur capacité
de transcendance. Si le Bayern passe cette demi-finale, le trophée
ne saurait lui échapper
Par
A. Lemili
ncore heureux que
Guardiola quitte le
Bayern Munich en fin
de saison pour rejoindre
Manchester City. En effet, le
magicien du ballon, celui à qui
tout réussit ne semble plus
avoir la cote auprès des médias
allemands notamment ceux
proches du club bavarois.
La défaite contre l’Athletico
Madrid lors de la première
manche des demi-finales de
Ligue des champions en est
certes la raison mais ce qui est
encore beaucoup plus reproché
à l’Espagnol c’est la nature de
l’équipe alignée face aux
Colchoneros.
L’absence de Franck Ribéry
et Thomas Muller, habituellement incontournables, a fait
sortir de leurs gonds les journalistes de la presse nationale
allemande. Les deux pourtant
n’étaient pas au mieux de leur
forme et revenaient de blessure
plutôt sérieuse s’agissant
notamment du Français
Pep Guardiola démarre la
rencontre décisive d’aujourd’hui avec un but de retard que
les spécialistes qui ont pour
habitude de décortiquer le jeu
de la formation de Diego
Simeone affirment impossible
sinon vraiment difficile à
remonter en raison de l’imperméabilité du compartiment
défensif madrilène et surtout
d’une rugosité à la limite de
l’agressivité des éléments qui
la compose. Les mauvais choix
E
tactiques faits au match aller,
Guardiola a dû en répondre
devant des dizaines de journalistes lors d’une conférence de
presse tenue la semaine en
cours à l’issue d’un match de
championnat «vous m’avez
tué» n’a-t-il cessé de répondre
à la batterie de questions des
représentants des médias. Le
coach du club bavarois
considérant que tant que le
match retour n’était pas
bouclé, il s’agissait pour lui
tout simplement d’un procès
d’intention.
Effectivement au lendemain
du (1-0) encaissé à hauteur de
la capitale espagnole, les journaux et magazines spécialisés
parmi les plus influents sur le
plan national ont littéralement
sorti la grosse Bertha à travers
des titres du genre «mauvaise
composition de Pep» (Bild)
«choix risqué et faux» (Kicker)
et plus féroce «un but contre
son camp» (Die Welt). A
l’unanimité, les spécialistes
estimant que Ribéry et Muller
auraient donné une toute autre
configuration à la rencontre.
Ce que n’est pas faux. Quoiqu’il en soit, il n’est plus ques-
tion de refaire le match mais
surtout d’aborder celui d’aujourd’hui et trouver les astuces
techniques qui permettraient de
venir à bout d’un adversaire
qui étonne d’année en année
depuis celle 2014 où il est parvenu en finale de Ligue des
champions et perdu face à
l’autre équipe de la capitale en
l’occurrence le Réal. A titre
indicatif, le coach argentin des
Colchoneros a fait de la
défense de la formation qu’il
entraîne la meilleure d’Europe.
Si tel est le cas, en l’absence encore une fois de
Ribéry, il paraît pour le moins
improbable que le Bayern
Munich arrive à passer ce tour
d’autant plus que c’est dans
leur quasi-totalité que les
joueurs allemands ne «sentent»
pas cette demi-finale, Muller
ne s’en est pas caché en déclarant : «Nous ne sommes pas
bons ces derniers temps», le
buteur maison (31 buts) n’essayant même pas d’avoir la
mine des grands jours à la
veille d’un match des plus
importants.
Un autre argument plus
terre-à-terre ne plaide pas en
faveur des Bavarois : les Espagnols terminent très forts leur
championnat en se classant à
un seul point du FC Barcelone
et sont, jusqu’à preuve du
contraire, encore mieux placés
pour aller en finale de LCDE.
Ce qui n’est pas le cas de leur
adversaire qui termine la
saison sur les genoux, les
meilleurs de ses éléments
connaissant un coup de mou
comme par exemple Gotze, en
disgrâce depuis quelques
semaines, ou encore Lewandovski muet depuis un bon
bout de temps.
Toutefois, les Allemands du
Bayern restent favoris compte
tenu de la capacité de transcendance. Pour l’histoire, ne faudrait-il pas se souvenir de ce
qu’avait dit un jour Garry
Lineker en parlant du football
mondial et de la propension de
la manschafft à se sortir de
toutes les situations «le football est un sport qui met deux
équipes l’une face à l’autre
et ce sont toujours les…
Allemands qui gagnent». C’est
dire. Si le Bayern passe cette
demi-finale, le trophée ne saurait lui échapper.
A. L.
Ribéry : «Je dois jouer» contre l’Atlético
FRANCK RIBÉRY estime qu’il «doit jouer» avec le Bayern
Munich contre l’Atlético Madrid mardi, ayant récupéré de
son problème dorsal, a-t-il déclaré à la veille de cette demifinale retour de Ligue des champions à l’Allianz Arena.
«Je suis prêt pour le match. J’ai une énorme envie de jouer et je
dois jouer», a dit l’ailier français, comme un message à l’entraîneur Pep Guardiola qui l’avait fait débuter sur le banc lors de
la courte défaite du Bayern en match aller (1-0), mercredi
dernier à Madrid.
Le Boulonnais de 33 ans avait manqué samedi le match de
championnat contre Mönchengladbach (1-1) car «il souffre du
dos» avait expliqué le coach catalan.
De retour après une année 2015 quasi-blanche, Ribéry a fait
18 apparitions cette saison dont les six derniers matchs de
Ligue des champions.
S’il compte 2 buts et 5 passes décisives en championnat,
(Francky) ne compte pour l’heure qu’un carton jaune à ses
statistiques européennes.
Le meneur de jeu international algérien de Montpellier, Ryad Boudebouz,
figure dans l’équipe-type de la
semaine, dévoilée dimanche soir, à
l’issue de la 36e journée de Ligue 1
française de football, ayant vu l’ancien
sochalien délivrer trois passes décisives sur le terrain du Stade de Reims,
contribuant ainsi à l’importante victoire de son équipe (3-2).
Boudebouz était impliqué en effet
dans la totalité des buts inscrits par
Montpellier au cours de cette
36e journée, ce qui lui a valu une place
de choix parmi les meilleurs joueurs
du championnat de France cette
semaine.
Il s’agit de la 2e consécration de suite
pour l’international algérien, ayant
figuré dans l’équipe-type de la
semaine précédente (ndlr, la 35 e
journée), portant au passage son
capital personnel à douze passes décisives depuis l’entame de la saison en
cours.
Une performance qui ramène le
joueur de 26 ans à une petite longueur
du suédois Zlatan Ibrahimovic (Paris
SG), qui caracole en tête de ce classement des meilleurs passeurs du championnat de France, avec 13 unités.
Grâce à sa dernière victoire chez le
Stade Rémois, Montpellier a définitivement assuré son maintien en
Ligue 1.
Outre Boudebouz, l’équipe-type de la
semaine comporte également le gardien de Saint-Etienne, Stéphane
Ruffier, magistral contre Toulouse,
ainsi que les défenseurs parisiens,
Maxwell et Thiago Silva.
A leurs côtés, le monégasque Fabinho
et le Lyonnais Maxime Gonalons, alors
que le milieu de terrain est composé
de Javier Pastore (PSG) Bernardo Silva
(Monaco) et le Lillois Morgan
Amalfitano.
La meilleure attaque de la semaine,
quant à elle, elle est composée du
bordelais Diego Rolan et du parisien
Zlatan Ibrahimovic.
Ligue 1 Mobilis/
28 journée : MC Alger
Hachoud et Kacem
suspendus face
au CS Constantine
e
Le défenseur et vice-capitaine du MC
Alger Abderrahmane Hachoud ainsi
que le milieu de terrain Kacem Mehdi,
seront suspendus pour la réception du
CS Constantine vendredi 13 mai au
stade Omar-Hamadi (17h) dans le
cadre de la 28 e journée du championnat de Ligue 1 Mobilis de football.
Les deux joueurs ont reçu dimanche
lors de la finale de la Coupe d’Algérie
face au NA Hussein Dey (1-0), leur
quatrième carton jaune, synonyme de
suspension.
Hachoud s’est distingué de fort belle
manière lors de cette finale en offrant
la victoire aux siens grâce à son but
marqué à la 82e minute de jeu.
Du coup, l’entraîneur du Doyen
Lotfi Amrouche devrait remplacer
Hachoud par Ayoub Azzi, alors que
Antar Boucherit suppléera Kacem.
A trois journées de la fin du championnat, le MCA pointe à la 12e place
au classement avec 34 points, alors
que le CSC occupe la 11e position en
comptant 36 unités.
M A G A Z I N E
Mardi 3 mai 2016
21
3 771 PERSONNES, DONT DES FEMMES ET DES ENFANTS, ONT PÉRI EN MÉDITERRANÉE EN 2015
Une centaine de disparus au large
de la Libye
Par
Olivier Baube avec Nina Larson
de l’AFP à Genève
ne centaine de migrants
sont portés disparus
depuis vendredi après
deux naufrages au large de la
Libye, nouveaux drames en
Méditerranée où plus de
1 200 personnes ont déjà trouvé
la mort depuis le début de
l’année.
Un bateau de fortune
transportant 120 personnes a fait
naufrage vendredi peu après
avoir quitté les côtes libyennes,
et au moins quinze personnes
sont depuis portées disparues, a
déclaré dimanche à l’AFP
Carlotta Sami, porte-parole du
Haut-commissariat des Nations
unies aux réfugiés (HCR) en
Italie.
Parmi ces dernières, quatre
étaient originaires du Nigeria,
trois de Guinée, deux de Côte
d’Ivoire, deux du Soudan et une
du Mali, a-t-elle précisé sur la
base du récit des rescapés.
Huit des passagers de
l’embarcation ont été transportés
samedi soir d’urgence à Pozzallo
en Sicile (sud) pour y être
hospitalisés.
Le même jour, et dans des
circonstances similaires, quelque
84 autres personnes ont disparu
dans les eaux de la Méditerranée,
selon un porte-parole de
l’Organisation internationale
pour les migrations (OIM),
Flavio Di Giacomo. Comme
dans d’autres naufrages, ce sont
Photo : DR
U
les rescapés, 26 au total, dont
quatre femmes et cinq mineurs
non accompagnés, âgés de 16 et
17 ans, qui ont fait connaître ce
nouveau drame. Mme Sami a de
son côté fait état de 27 rescapés,
dont certains sont «dans un état
sérieux».
D’après leur récit, 110 personnes, toutes originaires
d’Afrique de l’Ouest, avaient
embarqué en Libye, à Sabrata, à
bord d’un canot pneumatique. Ce
canot «était en très mauvais état,
il prenait l’eau et de nombreuses
personnes sont tombées à l’eau
et se sont noyées», a précisé
M. Di Giacomo à l’AFP. «Dix
sont très vite tombées et plusieurs autres ont suivi quelques
minutes plus tard», a-t-il ajouté.
«Deux heures après son départ,
le canot prenait déjà l’eau», a
quant à elle dit Mme Sami.
Le drame a eu lieu à moins de
quatre milles marins (7,4 km)
des côtes, donc peu de temps
après le départ, mais le canot à
moitié dégonflé était déjà en
train de couler.
La mer agitée vendredi, avec
des vagues d’environ deux
mètres de haut, a vite eu raison
de cette embarcation et a rendu
difficiles les opérations de
recherche de la part du cargo
venu secourir ces migrants, ont
expliqué les garde-côtes italiens,
qui coordonnent toutes les
opérations de sauvetage dans
cette partie de la Méditerranée.
Ce navire battant pavillon
italien a été rapidement contraint
de faire route vers le nord, hors
des eaux territoriales libyennes,
pour confier les rescapés à deux
bateaux des garde-côtes italiens.
Ces personnes ont ensuite gagné
l’île de Lampedusa, entre la
Libye et la Sicile, où l’OIM a pu
recueillir leurs premiers
témoignages à leur arrivée
samedi. La très grande majorité
des plus de 27 000 migrants
ayant débarqué ces quatre derniers mois sur les côtes italiennes
proviennent d’Afrique noire,
Nigeria en tête, suivi de la
Gambie et du Sénégal.
1.261 personnes ont trouvé la
mort en Méditerranée, essentiellement en Grèce, depuis le début
de l’année, selon un comptage
fait jeudi avant ces deux
naufrages par le HCR.
Et d’autres périront encore si
rien n’est fait, a averti dimanche
dans un communiqué la
Fédération internationale des
sociétés de la Croix-Rouge et du
Croissant-Rouge.
«L’an dernier, des milliers de
personnes sont mortes en tentant
de traverser (la Méditerranée) si nous ne travaillons pas
ensemble pour agir, les gens
vont continuer à mourir», a
souligné le patron de la
Croix-Rouge italienne Francesco
Rocca, cité dans ce
communiqué.
«La mort ne devrait pas être
une conséquence inévitable pour
qui lutte en vue de trouver une
vie meilleure et plus sûre», a
pour sa part jugé le directeur
régional pour l’Europe de cette
fédération, Simon Missiri.
En 2015, 3 771 personnes,
dont des centaines de femmes et
d’enfants, ont péri en Méditerranée, a déploré le HCR.
AFP
APRÈS LES IMMENSES FEUX DE FORÊT L’AN PASSÉ
L’Indonésie s’attaque aux nouvelles plantations
d’huile de palme
Par
Kiki Siregar de l’AFP
L’INDONESIE envisage
d’interdire les nouvelles
plantations d’huile de palme
après les immenses feux de forêt
l’an passé, imputés en partie à
l’expansion de cette industrie,
mais les producteurs redoutent
des effets négatifs pour
l’économie et des défenseurs de
l’environnement sont sceptiques.
Le président Joko Widodo a
proposé en avril de mettre fin à
l’octroi de nouveaux terrains
pour les plantations d’huile de
palme dans ce pays d’Asie du
Sud-Est, premier producteur
mondial de cette huile végétale
utilisée dans de nombreux
produits de consommation
courante, allant des gâteaux aux
shampoings en passant par le
maquillage.
«Les concessions existantes
pour l’huile de palme sont
suffisantes», avait déclaré
M. Widodo, appelant les producteurs à utiliser de meilleures
graines pour augmenter leurs
rendements. Les plantations sur
l’île de Sumatra et dans la partie
indonésienne de l’île de Bornéo
se sont multipliées ces dernières
années, afin de répondre à la
demande croissante d’huile de
palme, permettant aux
entreprises d’amasser d’énormes
profits et à l’Etat d’engranger
des recettes fiscales.
Mais cette croissance
exponentielle a entraîné la
destruction de forêts tropicales
abritant des espèces animales en
voie de disparition, et elle a été
mise en cause pour expliquer les
incendies de forêts provoqués
par la culture sur brûlis pour
défricher des terrains pendant la
saison sèche.
Ces immenses feux de forêts,
les pires depuis des années, ont
été favorisés par la sécheresse
accentuée par le courant chaud
El Nino. D’importants
dégagements de fumées toxiques
dans le ciel de plusieurs pays
d’Asie du Sud-Est ont entraîné
des milliers d’infections respiratoires et l’annulation de
centaines de vols. La proposition
d’introduire un moratoire sur les
nouvelles concessions vise à
réduire la destruction de
l’environnement provoquée par
l’industrie de l’huile de palme et
à mettre fin aux importants
incendies de forêts qui se
répètent chaque année.
Mais l’Association
indonésienne d’huile de palme a
averti qu’une telle mesure
pourrait menacer un pilier de la
première économie d’Asie du
Sud-Est, une industrie qui
représente 24 millions d’emplois
directs ou indirects.
«L’huile de palme est un
secteur stratégique qui a
contribué en 2015 à hauteur de
19 milliards de dollars aux
exportations», a déclaré Tofan
Madjii, porte-parole de l’association qui représesente 650 entreprises. «Cela contribue à la
croissance économique, en particulier dans des régions isolées»,
a-t-il souligné.
Des défenseurs de l’environnement ont réagi, eux, avec scepticisme à la nouvelle proposition.
Greanpeace estime ainsi que
cette mesure ne sera efficace
qu’à condition que le
gouvernement introduise une
réglementation stricte.
Les détails du moratoire
proposé sont toujours en discussion, et il n’a pas encore été
décidé à quel moment cette
mesure entrerait en vigueur,
selon le ministère indonésien de
l’Environnement.
De plus, un travail de
coordination au sein du
gouvernement serait nécessaire
pour que la mesure soit efficace,
avertit un responsable local de
Greenpeace, Kiki Taufik.
«C’est sans doute l’un des
points les plus difficiles. Car le
manque de coordination entre
les autorités est courant
et entraîne souvent une
mauvaise application des réglementations», dit-il.
Un moratoire sur de
nouveaux permis de déboisement
de forêts primaires et
l’exploitation de tourbières
riches en carbone est en vigueur
depuis 2011, mais des ONG de
défense de l’environnement
accusent certaines administrations locales de l’ignorer.
Le gouvernement a aussi
promis de punir plus de
50 sociétés mises en cause dans
les feux de forêts l’an passé.
Mais il a subi un revers en
décembre dernier, quand un
tribunal a rejeté une requête du
ministère de l’Environnement
qui réclamait 565 millions de
dollars de dédommagements à
une société de production d’huile
de palme et de pâte à papier
accusée d’avoir sciemment
allumé des feux pour favoriser le
renouvellement des cultures.
Certains estiment par ailleurs
qu’il sera difficile d’éviter les
feux de forêts annuels compte
tenu des gains à réaliser avec
l’huile de palme.
«La principale cause des feux
de forêts, c’est la cupidité»,
estime le scientifique Herry
Purnomo.
«Tant que les gens seront à la
recherche de profits rapides, les
forêts continueront de brûler»,
dit-il.
AFP
www.latribunedz.com
Mardi 3 mai 2016
MÉTÉO
SELON LE MINISTRE DE L’HABITAT, ABDELMADJID TEBBOUNE
Des marchés de gré à gré
pour les sites AADL
Centre Max. 23° Ensoleillé
Min 10°
Ouest
Max. 28°
Ensoleillé
Min 14°
Est
Max. 19°
Ensoleillé
Min 04°
Sud
Max. 28°
Ensoleillé
Min 13°
Par
Algérie presse service
e ministre de l’Habitat,
de l’Urbanisme et de la
Ville, Abdelmadjid Tebboune, a fait savoir, hier, que le
gouvernement examinait des
marchés de gré à gré pour la
réalisation de structures
publiques dans les nouveaux
quartiers Aadl. «Le ministère
de l’Habitat a soumis au gouvernement des marchés gré à
gré avec des sociétés chargées
actuellement de projets de logements à réceptionner prochainement afin d’entamer dans
l’immédiat la réalisation de
structures publiques au niveau
de ces mêmes sites», a déclaré à
la presse le ministre qui inspectait des chantiers de logements
à Sidi Abdallah et Ouled Fayet.
«La priorité sera accordée
a la réalisation de structures
scolaires, notamment les établissements d’enseignement
primaire», a-t-il dit.
Les autorités publiques
comptent distribuer courant
juin prochain quelque
20 000 logements au niveau
de la wilaya d’Alger, dont
8 000 unités de type location
vente (2 500 à Aïn El Malha,
2 200 à Ouled Fayet, 1 800 à
Sidi Abdallah, 1 000 à Bouinan
et 500 à Reghaïa) outre les
logements publics locatifs
(LPL, au titre du programme de
relogement) sociaux participatifs (LSP) ou promotionnels
publics (LPP).
L’Agence nationale d’amélioration et de développement
du logement (Aadl) s’emploie
également à accélérer la
réalisation des voiries et
L
Source
http://fr.weather.yahoo.com
Horaires des prières
Fadjr...........04.15
Echourouk ...05.52
Dohr...........12.45
Assar ..........16.32
Maghreb ....19.41
Icha ............21.09
Photo : Archives
„ Les souscriptions à l’emprunt obligataire élargies aux compagnies
d’assurances
réseaux divers pour assurer la
livraison des nouveaux quartiers dont la distribution est
prévue fin juin. A ce propos,
M. Tebboune a exprimé sa
satisfaction quant à l’avancement des travaux sur les sites
de Sidi Abdallah, Zaatria et
Ouled Fayet se disant confiant
pour ce qui est de la concrétisation, dans les délais arrêtés, des
objectifs tracés. «Nous serons
au rendez-vous et vous constaterez par vous mêmes le niveau
d’avancement lors de notre
prochaine visite le 29 mai», a
assuré le ministre qui était
accompagné par le wali
d’Alger, Abdelkader Zoukh.
Pour le ministre, la wilaya
d’Alger enregistre une
dynamique sans précédent en
matière d’habitat. Aucune
ville du pays n’a réceptionné
60 000 logements en une année,
a-t-il argué. A une question
concernant les constructions
inachevées, M. Tebboune a
affirmé que tous les locaux
commerciaux ouverts dans ces
constructions seront fermés.
D’autres mesures allant jusqu’à
la démolition seront mise en
œuvres contre les propriétaires
qui «défient la loi» a-t-il averti
rappelant qu’une circulaire
récente du Premier ministre fait
interdiction aux notaires
d’établir des actes de vente ou
location des constructions
inachevées ou des commerces
s’y trouvant. Le ministre de
l’Habitat a, par ailleurs, évoqué
les efforts consentis par son
département en coordination
avec «le ministère des
Transports pour desservir les
nouveaux quartiers avec le
concours de transporteurs
publics et privés».
APS
Accord pour le financement des études
de faisabilité de Gara Djebilet
Suite de la page 1
En outre, la même agence injectera, par le
biais du Fonds des mines, un montant d’un milliard de dinars dans le capital social de Feraal,
créée en 2014 pour exploiter ce gisement à travers un partenariat entre Sonatrach, et les
groupes publics Gica (cimenterie), Manadjim
El Djazaïr (Manal) et Sider, selon les explications M. Bouchouareb. Le ministre a ajouté que
le lancement des études de faisabilité économique intervient après la réussite d’une première
étude technique (étude-laboratoire) qui a permis
le traitement du minerai en parvenant à réduire le
taux du phosphore dans le fer pour le porter de
0,8% à 0,03%. Ces résultats, a-t-il avancé,
donnent la possibilité à l’Algérie soit d’exporter
le fer à l’état brut soit de le transformer localement. L’étude de faisabilité devrait être finalisée
dans 12 à 18 mois, avant d’entamer la phase
d’exploitation de cet important gisement qui renferme un minerai avec une teneur appréciable en
fer et dont les réserves avoisinent les 3 milliards
de tonnes, selon le ministre. «Cette phase sera
accompagnée par le ministère de l’Industrie
pour donner plus de chance, de garanties et de
visibilité au projet, et pour pouvoir lever toutes
les difficultés qui l’entravent», a assuré
Bouchouareb. Rappelons que la valorisation de
Gara Djebilet, une immense mine à ciel ouvert
située à Tindouf, avait été pénalisée, auparavant,
par des difficultés techniques notamment celles
liées à la teneur élevée du minerai en phosphore
et en arsenic qui rendaient son exploitation peu
rentable. Ce projet structurant, créateur de
richesse et d’emplois, va accompagner la
stratégie industrielle nationale en répondant à la
demande nationale et en réduisant les importations algériennes d’acier. La dynamisation du
secteur sera accélérée avec la création de quatre
usines de transformation de phosphate. Il s’agit
notamment du projet de transformation du phosphate en engrais, conclu en mars dernier entre
Manal et le groupe français Rouiller. Deux autres
projets pour la création d’usines similaires à
Hadjer-Soud et à Oued El Kebrit (Souk Ahras)
sont prévus prochainement avec des partenaires
saoudiens et indonésiens. La signature de ces
deux accords est prévue pour la fin mai ou début
juin, a précisé le ministre.
S. B./APS
Les souscriptions à l’emprunt obligataire national seront élargies, à partir de la semaine
prochaine, aux agences des compagnies d’assurances, a révélé, hier, le ministre des
Finances, Abderrahmane Benkhelfa. Outres les agences bancaires, les bureaux de
poste et les guichets de la banque d’Algérie, les agences des compagnies d’assurances
cèderont les titres relatifs à cet emprunt.
„ Les ports commerciaux seront équipés de scanners mobiles
Tous les ports commerciaux seront dotés de scanners mobiles pour effectuer les
opérations douanières sur les containers et les camions en un temps record, a indiqué,
hier, le ministre des Transports, Boudjemaâ Talaï, lors d’une cérémonie de réception
de ce genre d’équipements au port d’Alger. «Il y a un gain de temps grâce aux scanners
mobiles déjà disponibles dans tous les ports secs alors que les ports commerciaux d’Algérie
seront dotés de ces équipements», a indiqué le ministre.
„ 2e édition de la conférence «Oran, Silicon Valley algérienne»
La deuxième édition de la conférence «Oran, Silicon Valley algérienne», une rencontre
qui réunit des acteurs nationaux et internationaux dans le domaine des TIC, se tiendra
samedi prochain à Oran, a indiqué, hier, le Forum des chefs d’entreprises (FCE),
organisateur de l’évènement. Cette conférence vise, comme l’explique le chef de la
délégation du FCE à Oran, Ghaouti Abdelhalim, à réunir les acteurs du numérique, à
favoriser le partage d’expériences avec les participants étrangers (principalement
français) et à sensibiliser les administrations et les autorités sur les besoins des
entrepreneurs en matière de numérique.
„ 1 500 logements AADL supplémentaires pour Constantine
Un quota supplémentaire de 1 500 unités de type location-vente vient d’être notifié à
l’actif de la wilaya de Constantine, ont indiqué, hier, des responsables locaux de
l’Agence nationale d’amélioration et de développement du logement (Aadl). Ce
supplément qui vient s’ajouter à un programme initial de 8 150 unités, accordé à
Constantine sera d’un impact «appréciable» dans la satisfaction de la forte demande
exprimée localement pour ce type de logement (plus de 13 000 demandes). Ce quota
supplémentaire sera implanté à l’extension ouest de la ville Ali-Mendjeli. Le chantier de
réalisation sera lancé au fur et à mesure la finalisation des procédures d’usage.
„ Plus de 200 projets du dispositif Tup-Himo à M’Sila
Pas moins de 206 projets au titre du dispositif des Travaux d’utilité publique à haute
intensité de main-d’œuvre (TUP-Himo) ont été accordés à la wilaya de M’sila pour
l’année 2016. Le programme TUP-Himo sera réparti selon la stratégie du
développement établie par les responsables locaux. L’essentiel de ces projets
concerneront les secteurs de l’hydraulique, des forêts, des travaux publics et de la
santé. Visant l’amélioration de l’environnement et du milieu urbain, à travers l’entretien
des réseaux d’assainissement, la réhabilitation des écoles, le reboisement et la
maintenance des espaces verts, ces projets contribueront également à générer des
postes d’emplois et donneront aux jeunes l’opportunité de créer leur propres
micro-entreprises.
„ Un atelier et 20 bombes de confection artisanale détruits
à Skikda, Boumerdès et Bouira
Un atelier et 20 bombes de confection artisanale ont été découverts et détruits,
dimanche dernier, par des détachements de l’Armée nationale populaire (ANP) près
de la localité de Kerkera, dans la wilaya de Skikda, ainsi qu’à Boumerdès et Bouira, a
indiqué le ministère de la Défense nationale dans un communiqué. Par ailleurs, un
détachement combiné a appréhendé, à Aïn Témouchent, un narcotrafiquant et saisi
150 kilogrammes de kif traité et un véhicule touristique.
Visite d’Etat du Président ivoirien en Algérie
LE PRÉSIDENT de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara, a
entamé, hier, une visite d’Etat de quatre jours en Algérie, à l’invitation du président de
la République, Abdelaziz Bouteflika. M. Ouattara a été accueilli à son arrivée à
l’aéroport international Houari-Boumediene, par le président du Conseil de la nation,
Abdelkader Bensalah, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal et des membres du
gouvernement. Cette visite, la première d’un chef d’Etat ivoirien en Algérie, offrira
l’opportunité aux deux chefs d’Etat de «donner ensemble une impulsion nouvelle au
dialogue et à la coopération entre les deux pays, et de passer en revue des questions
d’intérêt commun, liées notamment à la situation sur le continent africain en général, et
notamment la paix et la sécurité dans la région», a indiqué un communiqué de la
présidence de la République. Le séjour de M. Ouattara en Algérie permettra également
aux délégations des deux pays, y compris les opérateurs économiques, d’identifier les
champs de dynamisation de la coopération intergouvernementale ainsi que les
opportunités de partenariats économiques que favorise au demeurant la
complémentarité des économies algérienne et ivoirienne.
Téléchargement