Visite d'État du Président ivoirien en Algérie Lire en page 24 Retrouvez votre journal sur son nouveau site : latribunedz.com N° 6368 Prix 10 DA France 1 C Quotidien national d'information Mardi 3 mai 2016 DANS UN MESSAGE À L’OCCASION DE LA JOURNÉE MONDIALE DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE Bouteflika : la presse doit jouer «un rôle de libérateur, d’éclaireur et de critique» Par voies de réflexion et pose des jalons. «La Journée mondiale de la liberté de la presse […], est pour ELLES SERONT FINALISÉES DANS 18 MOIS AU PLUS TARD UN ACCORD pour le financement des études de faisabilité du gisement minier de Gara Djebilet (Tindouf), a été signé, hier, à Alger entre l’Agence nationale des activités minières (Anam) et la Société nationale du fer et de l’acier (Feraal). Le document, signé en pré- sence du ministre de l’Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, prévoit un montant de trois milliards de dinars de financement. Ainsi, l’Anam va octroyer 2 milliards de dinars à Feraal, chargée d’exploiter ce méga gisement, pour lancer ces études de faisabilité qui seront réalisées par un cabinet d’experts international. Suite en page 24 du savoir et l’éclairage de l’opinion publique», écrit d’emblée M. Bouteflika. Ces considérations ont amené l’Etat «à actualiser et à enrichir les lois de notre pays relatives à la presse, toutes formes confondues. Cet enrichissement est venu consolider notre attachement à la liberté d’expression et l’adapter également au pluralisme politique […]. Cette réforme législative s’est imposée aussi du fait de la diversité considérable enregistrée dans notre pays dans le domaine de la presse et des médias audiovisuels», note le Président qui rappelle à ce titre que la nouvelle Constitution conforte les droits des journalistes et la liberté de la presse, sans autre restriction que celle du respect des constantes de la nation, et garanti aux journalistes le droit d’accès aux sources d’information dans le souci d’assurer aux citoyens le droit à l’information. Suite en page 4 Lire dossier pp 2 à 7 ACTUALITÉ L’affaire du rachat du Groupe El Khabar renvoyée MONDE La situation en Syrie devient «hors de contrôle»................p16 Par Adel Boucherguine Photo : Archives Par presse et de la profession de journaliste sur l’édification des sociétés, la promotion de l’esprit, la diffusion SUR DÉCISION DU TRIBUNAL ADMINISTRATIF DE BIR MOURAD RAÏS Accord pour le financement des études de faisabilité de Gara Djebilet Smaïl Boughazi moi un événement saillant qu’il importe de mettre en avant au vu de l’impact tangible du secteur de la CULTURE Soirée Gershwin, Bernstein et Gospel à Alger .......................p17 L’AFFAIRE de la cession du Groupe médiatique El Khabar (journal et télévision) à une filiale du Groupe industriel Cevital que le ministère de la Communication a introduit en justice a été renvoyée au mercredi prochain, sur décision du tribunal administratif de Bir Mourad Raïs, hier à Alger. Suite en page 5 Photo : S. Zoheir LA CÉLÉBRATION de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai, est l’occasion de dresser les bilans et, si possible, tracer les perspectives, pour ce secteur qui, en Algérie, a toujours évolué en montagnes russes. Le chemin parcouru a été parsemé d’écueils et de fosses, qu’il est inutile d’énumérer, et devant, l’horizon est loin d’être dégagé. Pourtant, la presse reste un acteur actant, même si lui arrive souvent de surjouer son rôle, voire en sortir. La mission qui lui est conférée est de premier plan, d’où les attentes qu’elle suscite, et les critiques qu’elle s’attire quand elle faute. Cette importance des médias est souligné par le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, dans son message à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse où il établit un bilan, ouvre des Photo : Archives Hassan Gherab Supplément international Alep, bataille clé dans la tragédie syrienne Lire pp 11 à 15 HABITAT Des marchés de gré à gré pour les sites AADL.........................p24 2 L ’ É V É N E M E N T Mardi 3 mai 2016 L’INDÉPENDANCE D’UN MÉDIA A UN COÛT La presse et le pouvoir de l’argent Par Hasna Yacoub a presse écrite est-elle vraiment libre ? L’a-t-elle été un jour ? Même un journaliste ayant près d’une vingtaine d’années d’ancienneté ne trouve pas aisément une réponse à cette question. Et pourtant, il pratique quotidiennement ce métier, défend chaque jour la liberté d’expression et se bat pour une information vraie, vérifiée et non censurée. Réussit-il toujours ? Le plus sincère des journalistes, celui qui ne se sent pas comme un simple salarié, mais qui vit son métier, aime à le croire pour avoir la force de continuer, d’affronter le lendemain. Mais il ne peut s’empêcher de se poser perpétuellement la question. La presse écrite est-elle vraiment libre ? En fait, il s’agit là de la question que se pose chacun de nous, surtout la veille de la célébration de la journée mondiale de la presse. La question est légitime car l’influence de la presse écrite, de par le monde, est connue. La presse et les médias représentent le quatrième pouvoir après les pouvoirs judiciaire, exécutif et législatif. Pour tenter de trouver une réponse, il faut commencer par se Photo : DR L demander à qui appartiennent les journaux ? Des journalistes ? De petits patrons, sans aucun lien avec le monde de l’information, qui convoitent uniquement le marché publicitaire ? Ou encore de grands patrons, propriétaires d’énormes groupes industriels qui cherchent à posséder le pouvoir des médias ? Quel est le nerf de la guerre dans le monde de la presse ? Pour cette question, la réponse est connue : ce n’est malheureusement pas la plume mais l’argent. Car même s’il est beau de dire que «la presse ne vaut non pas par son existence mais par son lectorat», elle n’en demeure pas moins constituée d’entreprises avec leurs impératifs budgétaires et l’impérieuse nécessité d’atteindre des équilibres financiers qui leur permettent de survivre. Alors d’où les journaux puisent-ils leur argent ? D’une subvention de l’Etat, d’un patron qui renfloue les caisses et de la publicité. Dans les trois cas de figure, la question de la contrepartie s’impose. Un journal qui bénéficie d’une subvention de l’Etat, quelle soit directe ou indirecte (comme la publicité contrôlée par l’Etat), est-ce le coût de la démocratie ou est-ce le prix d’un silence ? Un grand patron industriel, politique ou autre, qui a acquis un journal est-ce pour jouer de l’influence du média, pour s’acheter une nouvelle virginité et s’ouvrir les portes du pouvoir ? Le grand patron n’a souvent même pas besoin d’acquérir la publication, il lui suffit bien souvent d’user d’autres moyens : le chantage publicitaire. Avec son pouvoir d’asphyxier financièrement un journal, n’a-t-il pas plus aisément le pouvoir d’exercer la censure occulte qui lui permet d’influer sur la vie nationale. Combien de directeurs de publications ont-ils les reins solides pour choisir leur indépendance en publiant un article fondé qui leur fera perdre une source de financement ? Pour s’assurer une indépendance, un journal doit se battre sur plusieurs fronts et se doter de moyens qui sont directement liés à son industrie : distribution, impression et publicité. Car l’indépendance éditoriale ne peut être garantie que par l’indépendance financière et la capacité d’imprimer et de distribuer le journal sans faire appel aux installations d’impression et de distribution contrôlées par une tierce entité. Il faudra que les sources financières soient multiples afin qu’aucun lobby n’exerce de pressions. Il faudra également que la loi soit en faveur de la liberté de la presse et son indépendance. H. Y. AUSTÉRITÉ BUDGÉTAIRE, OUVERTURE DE L’AUDIOVISUEL ET GÉNÉRALISATION D’INTERNET La presse algérienne au bord de l’étouffement collectif Par Kamel Amghar LA PRESSE algérienne traverse en ce moment une période extrêmement délicate. La chute drastique des recettes publicitaires, publiques et privées, l’expose à une grave crise financière. Tous les titres sont soumis à une cure d’amaigrissement qui frôle l’anorexie. Les patrons se retrouvent contraints de tailler au corps leurs publications pour survivre à cette conjoncture meurtrière. Dégraissement des personnels, baisse du train de vie dans les rédactions, réduction des charges de production et des tirages, chacun va de son astuce pour ne pas disparaitre complètement du paysage. La stricte rigueur est de mise. Certains organes ont carrément cessé de paraître. D’autres, au bord du gouffre, cumulent des trimestres ou des semestres d’arriérés de salaires impayés. Leurs créances auprès des imprimeries publiques et des distributeurs enflent aussi. La politique d’austérité budgétaire, adoptée par le gouvernement en réaction à la chute dramatique des cours du pétrole, est passée par là. Le volume de la publicité institutionnelle s’est rétracté de plus de la moitié. Cette manne, qui constituait l’essentiel de la trésorerie des médias nationaux, n’est plus. Les annonceurs privés, en dépit d’une baisse notable des tarifs, ont également revu leurs budgets de communication à la baisse en raison d’un repli similaire de leurs chiffres d’affaires. Durant les années 2000, à la faveur de substantiels programmes de développement lancés par l’Etat, des dizaines de nouveaux titres ont vu le jour. Profitant d’un portefeuille publicitaire bien garni, généreusement administré par la puissante Agence nationale d’édition et de publicité (Anep), ces publications ont été vite rattrapées par la crise avant d’assurer leur autonomie financière. Cette période des vaches maigres leur est fatale. Interrogé à ce propos, le ministre de la communication invoque une inflation de journaux et de périodiques ainsi que le manque de professionnalisme et de rigueur dans la gestion. Il estime que sur les 155 publications formant le paysage éditorial national, «vingt journaux seulement ont un poids et une importance sur le marché», at-il souligné en ajoutant que «sur ces vingt journaux, seule la moitié est gérée professionnellement». L’argument du ministre est, certes, recevable, mais ne justifie pas tout. L’ouverture du champ audiovisuel, accompagné par le lancement d’une vingtaine de chaînes de télévisions privées, a eu aussi une incidence négative sur les commandes publicitaires des journaux. Faisant ouvertement dans le dumping, ces télés «offshore» proposent des tarifs défiant toute concurrence pour capter quasiment toutes les annonces émanant du secteur privés. Cela étouffe davantage la presse écrite nationale (domiciliée et payant ses impôts en Algérie) qui se retrouve, de facto, obligés de «louer» ses espaces pour des clopinettes. A cela, on doit ajouter aussi les contrecoups de la généralisation d’Internet qui a pratiquement réduit de moitié les ventes de papiers. En effet, les lecteurs préfèrent, désormais, consulter gratuitement leurs journaux sur le web, avec le confort et l’instantanéité en bonus. Sur le plan strictement éditorial, ces journaux sont aujourd’hui rudement concurrencés par les médias électroniques, les réseaux sociaux, les sites spécialisés et blogs. Depuis l’instauration de la liberté de la presse en 1990, les journaux algériens n’ont pas connu de crise socioéconomique majeure de cette ampleur. Leur survie est manifestement en jeu. Profitant de ce bouleversement dramatique, de gros annonceurs privés lancent des «OPA» amicales pour se les approprier. D’autres titres, notamment arabophones, se tournent vers la peopolisation, le fait divers sensationnel et la controverse stérile pour s’assurer un minimum de visibilité. D’autres confrères lorgnent du côté des multinationales présentes dans le pays avec toutes les conséquences que l’on suppose sur le plan des idéaux, des opinions et des lignes éditoriales soutenues. On assiste à une régression terrible sur le plan thématique qui impacte sérieusement la qualité du service public présenté. Un journal, en dépit de son caractère d’entreprise économique et commerciale, a en principe une noble mission émancipatrice (politique, sociale et culturelle) à remplir. C’est l’essence même de son existence. Le contexte est très difficile. L’heure n’est plus à la fête. La qualité, la crédibilité, la rigueur, le professionnalisme, la créativité et l’excellence sont les seuls gages de survie. Pas d’autres échappatoires possibles. K. A. zzz AU FIL DES JOURS L’information, un «commerce comme les autres» ? Par A. Samil UNE PUBLICITÉ sous forme d’affichettes fait florès sur les vitrines des pharmacies en France : «Parce que le médicament n’est pas un produit comme les autres, votre pharmacie n’est pas un commerce comme les autres». Le message de la «réclame» est on ne peut plus clair. Il ramène sur un même terrain éthique les préoccupations partagées des pharmaciens et de leurs clients qui…ne sont pas des clients comme les autres. Etant entendu que ces derniers sont souvent des malades et des patients pour qui le pharmacien -leur pharmacien- est aussi le sympathique héritier de l’apothicaire de bon conseil. Certains pensent que le message est une réponse à la grande distribution (Leclerc) qui a investi le créneau de la vente au détail du médicament. On retiendra, pour notre part, qu’un médicament ne s’achète pas chez le boulanger ou l’épicier du coin. Tout comme une pièce détachée automobile conforme et sûre ne s’acquiert pas dans un souk à ciel ouvert. Est-il permis d’en dire autant des produits de la presse et de l’information au sens large ? A priori, oui. Dans tous les pays de tradition démocratique ancienne, le secteur de la presse écrite, grand public ou spécialisée, ainsi que celui de l’audiovisuel - et de plus en plus, la presse dite électronique-, sont régis par des lois spécifiques, en plus des lois civiles, pénales et commerciales ordinaires. La pluralité médiatique, reconnue et admise comme garante du pluralisme politique, y est encouragée par des statuts et lois qui protègent les journalistes et des soutiens financiers aux médias dont les rentrées publicitaires ne sont pas suffisantes pour couvrir leurs charges. Mais cela ne se fait pas sans conditions. En France, par exemple, les journaux d’extrême droite sont exclus du dispositif d’aide à la presse. Mais les journaux dont les actionnaires majoritaires sont de richissimes hommes d’affaires (Le Monde, le Figaro, Libération…) figurent en tête des bénéficiaires des subventions étatiques. En ce jour de célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, l’état des lieux en Algérie, en dehors de quelques exceptions notables, tient plus du cafouillis et de la jungle que du paysage ordonné : les autorités de régulation tardent à être installées et quand elles le sont, à fonctionner; la clochardisation de beaucoup de titres s’affiche sans vergogne dans les kiosques, signe d’un professionnalisme en déclin avancé; l’indigence et la médiocrité des programmes ainsi qu’une pratique de piratage débridé sont la marque de fabrique de la plupart des nouvelles chaines de télévision privées…Il reste décidément beaucoup à faire dans le maquis de la presse algérienne pour donner à la notion de droit à l’information du citoyen un minimum de sens à travers, notamment, une exigence de qualité a minima des vecteurs et supports de l’information, l’instauration d’une transparence dans la gestion du fonds d’ aide à la presse qu’il convient de faire fonctionner, le respect des règles de déontologie de la profession de journaliste… A. S. L ’ É V É N E M E N T Mardi 3 mai 2016 UNE MULTITUDE DE CHAÎNES TV POUR UN PRODUIT INDIGENT MENACÉE PAR LA MULTIPLICATION DES SOURCES D’INFORMATION Audiovisuel : un paysage loin des normes La presse devra négocier sérieusement le virage des TIC Par Moumene Belghoul e paysage télévisuel algérien s’est enrichi d’une multitude de chaînes satellitaires notamment depuis 2012, une mutation bienvenue dans un monde médiatique en perpétuelle évolution. Des dizaines de canaux de droit étranger diffusent aujourd’hui leurs programmes en direction du téléspectateur algérien se retrouvant soudain face à une diversité inattendue. Les chaînes de télévision estampillées dz, en grande partie appartenant à des privés, font déjà partie du paysage et le téléspectateur algérien, il y a peu adepte des networks des pays du Golfe, s’est retourné vers ces canaux qui lui parlent directement et s’intéressent à ses préoccupations directes. Après des années de diffusion force est de convenir que le professionnalisme et la qualité font toujours défaut à ces médias nouveau. La télévision étant un média lourd ces canaux ne laissent évidemment guère indifférent. En attendant les décrets d’application de la loi sur l’audiovisuel qui devrait réguler le paysage nationale en la matière et l’installation d’une autorité chargée de le faire c’est toujours le désordre dans le secteur. Alors qu’on s’attendait à une offre télévisuelle digne des moyens modernes et similaire à ce qui se fait de mieux dans le monde dans ce domaine, les nouvelles chaines de télévision se sont avérées être une pâle copie de la télévision publique Entv, longtemps critiquée pour son manque de professionna- Par L Photo : DR Smaïl Boughazi lisme et la qualité médiocre de ses prestations. Il suffit de zapper d’une chaîne à l’autre pour constater de visu que ces nouveaux médias n’arrivent pas à se hisser à un niveau de qualité de norme internationale. Usant du bricolage, manquant cruellement de rigueur certaines chaînes, se considérant comme «leader», usent carrément du mensonge, voire de la désinformation, afin, croientelles, d’influer sur un audimat de plus en plus dérouté face à ce flux difforme. Le téléspectateur algérien regarde perplexe ces nouveaux médias, où chacun y va de son appréciation à l’emporte pièce, d’affirmations approximatives où la rigueur est reléguée aux coulisses. Les plateaux des émissions proposées sont à de rares exceptions d’une pauvreté abyssale tant dans la forme que dans le fond. La qualité des invités laisse à désirer laissant croire qu’en Algérie il y a un manque flagrant de spécialistes ou d’observateurs capables de produire du sens sur les différends sujets touchant la société. Cette décrépitude se résume bien dans un «produit» télévisuel devenu un classique dans le paysage algérien : le radio trottoir. Une espèce de sous-produit où le passant est invité à s’exprimer face à la caméra, un enregistrement sommairement monté et projeté avec un habillage indigent sur des télés en mal de remplissage de grille. Séduit au début par ces nouvelles chaînes qui offraient enfin aux téléspectateurs une information introuvable sur les télés publiques, le téléspectateur particulièrement comparateur aura vite fait de déchanter lorsqu’il fera face à des offres en deçà des espérances. Dans le domaine du sport par exemple, le privé algérien, comme le secteur public, aura été dans l’incapacité de lancer une chaîne de télévision sportive de niveau international capable de rivaliser avec les meilleurs. La qatari BeinSport se retrouve aujourd’hui en terrain conquis en Algérie, où ses tarifs excessifs trouvent preneurs dans une situation de monopole détestable. Les pouvoirs publics qui hésitent toujours (à dessein ?) à mettre de l’ordre dans ce secteur semblent en décalage avec le niveau médiatique mondial. Pourquoi n’a-t-on pas vu l’émergence d’une où de plusieurs chaines de télévision publiques où privée type «France 24», «Russia Today», ou même «Al Jazeera», qui défendrait les intérêts de l’Algérie et ses choix stratégiques à travers le monde comme l’on fait plusieurs pays qui ont compris l’importance géostratégique de se doter de ce type de moyens ? Une interrogation inlassablement en mal de réponse. M. B. DIFFICULTÉS FINANCIÈRES, AVÈNEMENT DU NET ET DE L’AUDIOVISUEL… Le spectre de la disparition plane sur des titres de la presse écrite Par Karima Mokrani 143 QUOTIDIENS en 2015. 157 en 2016. A en juger par les chiffres, la famille de la presse écrite est bien féconde. Rien que pour l’année 2015, il y a eu 15 nouveaux nés. En pleine crise économique. Un seul cette année 2016, mais l’année est à peine entamée. En 2011, il y a eu 18 naissances et 17 en 2013. C’est donc un «mensonge» cette histoire de «disparition de la presse écrite» en raison du rétrécissement des recettes publicitaires, d’un côté, et de la migration vers le web, affirment certains. Pourtant, à bien analyser l’évolution de cette même presse écrite, depuis notamment la Constitution de 1989 et la loi d’avril 1990 relative à l’information, en incluant les deux circulaires Hamrouche, Chef du gouvernement de l’époque, celle du 19 mars 1990 et celle du 4 avril 1990, la presse écrite a connu un grand succès. La première circulaire Hamrouche autorisant des journalistes à se constituer en collectifs rédactionnels a permis l’apparition de quotidiens indépendants à grand tirage. En 1990, il y a eu 5 nouveaux titres de quotidiens nationaux, 2 en 1994. Les meilleures années de la presse dite indépendante avant de perdre certaines de ses meilleures plumes, tombées sous les balles d’un terrorisme qui en a fait les pre- 3 mières cibles. S’en sont suivies d’autres turbulences, d’autres menaces qui ont lourdement pesé et pèsent encore sur le fonctionnement des journaux et le libre exercice du journalisme. En 1997, ce fut notre journal la Tribune qui fit l’objet d’une décision de justice. Il a été suspendu pendant des mois. Des journaux ont disparu pour des raisons politiques, d’autres ont «succombé» sous le poids des dettes et des difficultés financières. Et la menace de voir d’autres titres disparaître est aujourd’hui réelle, non seulement parce qu’il y a cette crise financière induite par le recul, pour ne pas dire la perte, d’entrées publicitaires mais aussi une mauvaise gestion certaine de l’argent de l’entreprise de presse. Des directeurs de journaux se sont enrichis sur le dos des journalistes et autres employés. Pas d’augmentations de salaires. Pas de salaires plutôt. Durant des mois, des journalistes ont travaillé sans percevoir le moindre salaire. Et, bien sûr, aucune indemnité. El Ahdath est parti sans crier gare, ne pouvant pas assurer les salaires et autres charges. El Yaoum paraît un jour et s’éclipse un autre. Des journalistes d’un autre organe ont vu leurs salaires réduits de 15% et d’autres seraient mis dans la liste des travailleurs à licencier. Des rédactions ne disposent pas d’un minimum de moyens de travail…faute d’argent, dit-on. Au même moment, des chaînes de télé- vision percent et marquent des points. D’accord ou pas d’accord, elles ramènent l’information. En temps réel. Des informations diversifiées et vérifiées. Des chaînes de télévision font parler en direct de hauts responsables politiques aussi bien que des citoyens anonymes. Elles s’invitent dans les foyers, dans les cafés et dans les espaces publics. Les «alertes», les «annonces d’urgence»…chacun comment il les appelle, passionnent davantage le simple citoyen algérien qui, jusque-là, ne cherchait pas à comprendre ce qui se passait dans son pays ou ailleurs. De sont propre aveu. En plus donc de la perte des recettes publicitaires, il y a cette menace des chaînes de télévision, ainsi que des journaux électroniques. La course vers l’information. Le scoop. Et la bonne lecture du scoop. Il y a aussi «le journalisme citoyen» sur les réseaux sociaux, entre autres, Facebook. Des citoyens qui ramènent euxmêmes l’information et font leurs propres analyses et critiques. Ils deviennent des «spécialistes». Et des journalistes reprennent l’information parfois sans la vérifier. Des titres de presse écrite se voient perdus dans ce tourbillon d’infos, de commentaires et de soucis financiers. Ils craignent de disparaître, ne pouvant pas s’adapter au changement, encore moins supporter les difficultés financières. Ces problèmes financiers et la menace de disparition ne touchent pas que «les petits journaux», des groupes de presse le sont également. Une chose est sûre, c’est que la presse en Algérie, tous supports confondus, a failli quelque part. Elle n’a pas vu venir la crise, préméditée ou pas. Ou a-t-elle fait semblant de ne pas la voir ? En 2016, la presse algérienne ne dispose pas d’un syndicat fort et représentatif, d’une association d’éditeurs, d’une association de diffuseurs, d’un Conseil d’éthique et de déontologie actif. Et c’est le ministère de la Communication qui se charge de délivrer des cartes de presse aux journalistes, alors que cela devait se faire par leurs pairs. Certes, la presse a grandement contribué au développement de la société, de la citoyenneté, l’engagement des journalistes et leur amour du métier aidant, mais elle a aussi ses défaillances qu’elle doit reconnaître. Une organisation véritable du secteur de la presse s’impose et elle doit émaner des journalistes eux-mêmes et des directeurs des journaux. Pas d’une autre partie. Il est vrai que de par le monde, des titres de presse écrite disparaissent pour les raisons évoquées en haut (rétrécissement des recettes publicitaires et arrivée du net) mais ça ne doit pas être une fatalité. D’autant que les autres supports (télévision et net) en Algérie commencent à peine leur aventure et ce ne sera pas sans difficultés. L’information n’est pas n’importe quel produit. K. M. L’ÉVOLUTION technologique qu’a connue le monde, ces dernières décennies, a complètement bouleversé le paysage de la presse et des médias. L’avènement notamment de l’Internet mobile a contraint de nombreuses entreprises de presse à se réorienter vers la Toile pour toucher le maximum de lecteurs et avoir plus d’impact sur l’opinion publique. Ce bouleversement n’est pas sans conséquences sur la presse traditionnelle, appelée communément la presse papier. Cette dernière, faute d’une adaptation rapide aux nouveaux moyens de communication, s’est retrouvée contrainte à subir cette évolution. A présent, les choses commencent à changer mais pas au rythme voulue. En fait, si le passage au tout numérique n’est pas à l’ordre du jour pour diverses raisons, les journaux qui occupaient jusque-là la scène médiatique ont mis à la disposition de leur lectorat des applications mobiles et des sites internet destinés à maintenir leurs «clients» à la page. Une adaptation qui comporte, toutefois, des inconvénients. L’absence des moyens de paiement mobile et électronique en est la principale contrainte qui a fait que l’information en ligne soit perçue comme étant un produit peu rentable pour les entreprises de presse. Pour les professionnels des médias, l’arrivée des TIC n’est pas une menace pour la presse traditionnelle, bien au contraire, il s’agirait d’un moyen complémentaire capable d’étoffer le contenu des médias et de les rendre plus accessibles. Mais, les expériences actuelles montrent que le Net est un second support doté d’un même contenu. En d’autres termes, les entreprises de presse recourent à la Toile non pas pour apporter un contenu différent, adapté, mis à jour mais juste pour diffuser une information provenant du support principal. Quoi qu’il en soit, l’Internet a apporté d’innombrables avantages aux quotidiens d’information mais il faut admettre que cet outil, dont l’impact est indéniable sur l’opinion publique, a apporté les gènes de la disparation - certes lente mais irréversible - de la presse telle qu’on la connait depuis plus d’un siècle. Au jour d’aujourd’hui, le journalisme n’est plus réservé à une catégorie d’individus. Avec l’appariation du journaliste citoyen, les sources d’information se sont multipliées de même que les supports utilisés, devenus multimédias. Ce concept qui commence à faire son petit bonhomme de chemin a gagné les quatre coins de la planète et touche pratiquement toutes les strates de la société. Face à ces bouleversements, la presse n’a plus d’autres choix que s’adapter et utiliser ces nouveaux moyens à son profit afin de survivre. Elle devra notamment négocier le virage des TIC et adopter de nouvelles règles de fonctionnement basées sur la crédibilité, la rigueur, la réactivité et le sérieux. Des principes qui pourraient échapper aux médias en ligne dont le souci principal est la rapidité, le sensationnel et le commentaire. S. B. 4 Mardi 3 mai 2016 L ’ É V É N E M E N T DANS UN MESSAGE À L’OCCASION DE LA JOURNÉE MONDIALE DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE Bouteflika : «Réfléchir davantage afin de promouvoir le secteur de l’information» e président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a adressé, hier, un message à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse (3 mai). La Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée chaque année, est pour moi un événement saillant qu’il importe de mettre en avant au vu de l’impact tangible du secteur de la presse et de la profession de journaliste sur l’édification des sociétés, la promotion de l’esprit, la diffusion du savoir et l’éclairage de l’opinion publique. La presse, et les médias en général, ont de tout temps été à l’avantgarde pour relever les défis dans notre pays. Depuis les débuts de la lutte du Mouvement national, les journaux ont su, malgré leur nombre réduit, contrecarrer les projets d’aliénation coloniale, de mystification politique et d’occultation culturelle, en dépit des méthodes de répression qui les frappaient comme l’interdiction, la saisie et l’intimidation des journalistes par la liquidation, la prison ou la proscription. La presse de la révolution a été un puissant vecteur qui a permis de mettre à nu l’injustice et les crimes de l’occupation, faire entendre la voix de la juste cause algérienne dans les fora internationaux et galvaniser le moral du peuple algérien dans sa lutte contre le colonialisme abject. Un peuple accompagné dans sa détermination et exaltation par la radio Sawt al-Arab. La lutte de la presse nationale s’est poursuivie tout au long du processus d’édification de l’Algérie indépendante et de mise en place des bases à même de garantir sa pérennité. Par la suite, la corporation a été au premier rang de la résistance pour la survie de l’Algérie et le triomphe des lumières de l’islam et de l’honneur de la patrie sur la barbarie du terrorisme. C’est là, une occasion, pour nous recueillir, une nouvelle fois, à la mémoire des martyrs du devoir national, hommes et femmes, victimes du terrorisme. La lutte nationale et les sacrifices incommensurables qui ont jalonné le parcours de la presse nationale, dans le cadre des batailles, des victoires et des douleurs de son peuple, lui valent respect et reconnaissance. C’est ce que nous avons voulu exprimé par l’institution d’une Journée nationale de la presse et d’un Prix national annuel pour honorer les meilleurs journalistes. Partant de notre considération pour la presse et notre conviction qu’elle représente un noble moyen au service de la marche de notre peuple sur la voie de la liberté et de la démocratie, nous nous sommes employés, ces dernières années, à actualiser et à Photo : S. Zoheir L enrichir les lois de notre pays relatives à la presse, toutes formes confondues. Cet enrichissement est venu consolider notre attachement à la liberté d’expression et l’adapter également au pluralisme politique, une réalité irréversible dans notre pays. Cette réforme législative s’est imposée aussi du fait de la diversité considérable enregistrée dans notre pays dans le domaine de la presse et des média audiovisuels. Dans cette optique, nous avons veillé à travers la récente révision Constitutionnelle à conforter les droits des journalistes et la liberté de la presse sans autre restriction que celle du respect des constantes de la nation et à garantir aux journalistes le droit d’accès aux sources d’information dans le souci d’assurer aux citoyens le droit à l’information. Nul doute que ce secteur se renforcera davantage à la faveur du lancement de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel pour devenir l’un des vecteurs de développement de l’action d’information conformément aux règles professionnelles et dans le respect de la loi. De même que l’établissement de mécanismes d’autorégulation pour la presse écrite, à la lumière de l’installation du Conseil d’éthique et de déontologie, confèrera davantage de sérénité aux professionnels de cette noble mission et à leur environnement afin de promouvoir les rapports entre les composantes de la société et entre les institutions pour favoriser une dynamique créative basée sur l’arbitrage d’une législation juste qui garantit à tous l’équité dans les droits et les devoirs et une éthique commune. Je suis convaincu qu’au regard de leur degré élevé de conscience nationale, les acteurs du secteur sauront contribuer à transmettre, par leurs idées et leur professionnalisme, l’image authentique de l’Algérie et à fournir au citoyen algérien un produit médiatique intègre, notamment dans le monde actuel marqué par la tyrannie des plus forts qui œuvrent à minimiser et à dévaloriser tout ce qui va à contre-courant de leurs visions et de leurs intérêts, et le drame que vivent, depuis quelques années, certains pays arabes et musulmans en est la preuve édifiante. L’Algérie fait face aujourd’hui à de nouveaux défis, des défis induits par le saut qualitatif que nous nous devons de poursuivre et sur divers plans ainsi que d’autres imposés par la crise multiformes que traverse le monde. Concernant les défis de la réforme nationale, le secteur de l’information dans notre pays fournira un service important à notre société en contribuant à expliquer l’impératif de la consolidation de l’Etat de droit et à convaincre de la nécessité de réhabiliter l’effort et le travail et de promouvoir la qualité, des valeurs qui permettent d’être au diapason des pays émergents parmi lesquels l’Algérie mériterait légitimement sa place. Et dans ce contexte précisément, la crise pétrolière mondiale doit être un leitmotiv sur lequel doivent s’appuyer les forces vives dans notre pays, à leur tête les médias, pour faire aboutir le processus de réforme nationale. En revanche, les défis imposés par le monde d’aujourd’hui exigent de nous tous une prise de conscience et de la vigilance pour la sauvegarde de la sécurité de notre pays. De même que le pseudo choc des civilisations impose aujourd’hui aux forces vives du pays, dont les médias de déployer davantage d’efforts et de persévérance pour défendre l’Islam des lumières et la grandeur de la civilisation islamique face aux tentatives de certains de ternir l’image de notre sainte religion qui prône la paix et la tolérance, le savoir et le progrès. Cette journée nous interpelle pour réfléchir davantage à notre conjoncture présente et à l’avenir afin de promouvoir le secteur de l’information qui a permis à notre pays de se frayer une place parmi les pays démocratiques. Des pays où la presse joue un rôle de libérateur, d’éclaireur et de critique, mobilisant le peuple pour la poursuite de sa marche vers la consécration de ses aspirations. Je tiens à cette occasion à rendre hommage aux femmes et aux hommes de la famille de la presse nationale, tout en saluant leurs sacrifices et leur courage dans l’exercice de leur métier. Je vous souhaite à tous davantage de succès et de réussite. Bouteflika : la presse doit jouer «un rôle de libérateur, d’éclaireur et de critique» Suite de la page 1 Aussi, M. Bouteflika invitera-t-il les journalistes à être d’authentiques et professionnels journalistes, en se disant, de manière fort courtoise, «convaincu qu’au regard de leur degré élevé de conscience nationale, les acteurs du secteur sauront contribuer à transmettre, par leurs idées et leur professionnalisme, l’image authentique de l’Algérie et à fournir au citoyen algérien un produit médiatique intègre, notamment dans le monde actuel marqué par la tyrannie des plus forts qui œuvrent à minimiser et à dévaloriser tout ce qui va à contre-courant de leurs visions et de leurs intérêts, et le drame que vivent, depuis quelques années, certains pays arabes et musulmans en est la preuve édifiante». La presse est aussi attendue sur le terrain socioéconomique. «Le secteur de l’informa- tion dans notre pays fournira un service important à notre société en contribuant à expliquer l’impératif de la consolidation de l’Etat de droit et à convaincre de la nécessité de réhabiliter l’effort et le travail et de promouvoir la qualité […]. Et dans ce contexte précisément, la crise pétrolière mondiale doit être un leitmotiv sur lequel doivent s’appuyer les forces vives dans notre pays, à leur tête les médias, pour faire aboutir le processus de réforme nationale. En revanche, les défis imposés par le monde d’aujourd’hui exigent de nous tous une prise de conscience et de la vigilance pour la sauvegarde de la sécurité de notre pays. De même que le pseudo choc des civilisations impose aujourd’hui aux forces vives du pays, dont les médias, de déployer davantage d’efforts et de persévérance pour défendre l’Islam des lumières et la grandeur de la civilisation islamique face aux tentatives de certains de ternir l’image de notre sainte religion qui prône la paix et la tolérance, le savoir et le progrès», écrit le chef de l’Etat. Enfin, le Président, avant de rendre hommage aux femmes et aux hommes de la famille de la presse nationale et de saluer leurs sacrifices et leur courage dans l’exercice de leur métier, formule une recommandation : «Cette journée nous interpelle pour réfléchir davantage à notre conjoncture présente et à l’avenir afin de promouvoir le secteur de l’information qui a permis à notre pays de se frayer une place parmi les pays démocratiques. Des pays où la presse joue un rôle de libérateur, d’éclaireur et de critique, mobilisant le peuple pour la poursuite de sa marche vers la consécration de ses aspirations.» H. G. L ’ É V É N E M E N T Mardi 3 mai 2016 5 LA PUBLICITÉ, ENJEU CAPITAL DES MÉDIAS Crédibilité hypothéquée, tabloïds en danger Par Nasser Hannachi a Journée mondiale de la liberté de la presse arrive dans une conjoncture assez complexe en Algérie. Précarité criarde dans la corporation, ruée vers la publicité, crise financière, et mutation difficile vers des TIC. Et l’article 41 consacré à la presse dans la nouvelle Constitution demeure un apanage illusoire de l’avis de quelques confrères, et ne peut atténuer le mal et les menaces qui frappent l’activité journalisme de tout bord. La dépénalisation du délit de presse constitue certes un acquis. Mais une hirondelle ne fait pas le printemps : beaucoup reste à concrétiser pour permettre aux journalistes d’opérer selon les normes et la législation en vigueur. Cette date du 3 mai ne saura servir à de simples constats que vit la corporation. Ou sanctionnée par des titres honorifiques à des «serviteurs» dans un microcosme hermétique loin du concret. Elle devrait dévoiler les réels problèmes minant l’exercice sous ses multiples facettes, et interpeller les pouvoirs publics pour asseoir secteur libre de toute contrainte et bannir ces dérives qu’on voit en particulier dans certaines chaines de télévision privées Photo : Archives L dont les «journalistes» campent le rôle de juges ou moralisateurs. «La presse algérienne est leader par rapport à d’autres pays. Mais rien ne justifie son professionnalisme pour la simple raison qu’elle ne joue plus son rôle. Elle s’adonne à des exercices autres que ses prérogatives se métamorphosant en partis politiques ou carrément s’attitrant le titre d’opposition», analyse un confrère travaillant dans un média national, ajoutant que la presse est devenue accessible à tous, y compris les personnes n’ayant aucun rapport avec le métier. Les dernières années ont connu la multiplication de tabloïdes gérés par des personnes étrangères à la profession. Ils publient pour amasser les recettes des pages de publicité. Le pari de réussir le passage à la presse électronique constitue un autre écueil pour quelques organismes. À ce propos, nous dira Nardjess Kermiche, rédactrice-en-chef au quotidien arabophone An Nasr : «Dans la presse écrite, à mon avis, le journaliste est disposé à garantir cette transition. Des journalistes, la plupart des jeunes, travaillent dans des conditions difficiles, mais excellent dans les nouvelles technologies devant le défi temps. Ils utilisent les médias sociaux pour communiquer et restent compétents dans l’utilisation de la technologie plus que leurs institutions.» Notre interlocutrice mettra l’accent sur la formation qui devra accompagner cette mutation puisque «aujourd’hui le reporter dépeint, écrit et commente la vidéo. Et nous trouvons qu’il réagit rapidement avec les nouvelles et ce qui se passe autour de lui. Il a juste besoin d’être guidé et accompagné à travers des recyclages et perfectionnements pour réussir ce passage». Or estimera-t-elle, «la faiblesse des médias en Algérie ne lui confère pas des paramètres requis afin de s’adapter à la célérité de la presse électronique d’une part, de l’autre la réticence à fournir par les médias des moyens sophistiqués d’accompagnement demeurent quasi absents. Autrement dit, point d’investissement dans ce domaine qui nécessite une équipe rédactionnelle à part entière. Les infos en ligne sont pompées de la version papier». Pessimiste la rédactrice conclura : «Je pense qu’une grande partie des journaux sera vouée à la fermeture, car ils ne sont que des pages pour diffuser la publicité. Ils ne se soucient pas de la tâche journalistique et communicationnelle.» N. H. AVEC LE DÉVELOPPEMENT DES NTIC ET DU JOURNALISME CITOYEN SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX Quel avenir pour la presse papier ? Par Fatiha Ouidir LA QUESTION liée à la résistance de la presse papier face à la presse électronique a suscité un large débat et une grande inquiétude sur l’avenir de la presse papier en Algérie ainsi que les différents enjeux auxquels fait face aujourd’hui la presse papier dans sa course à la primauté de diffusion de l’information face aux nouveaux supports de communication avec cette double contrainte de veiller à la fois à la crédibilité de l’information et à la persévérance de ses acquis économique pour répondre aux besoins socioprofessionnels de ses travailleurs. Il faut dire que l’émergence et le développement des nouvelles technologies ont entraîné la disparition de certains titres de renom en Europe et leur reconversion en journaux électroniques pour des considérations économiques et socioculturelles. Cela a suscité l’inquiétude de la corporation de la presse algérienne sachant que les responsables de ce domaine ont affirmé la possibilité pour la presse papier de continuer à exister si elle veille au professionnalisme dans son travail en publiant des informations justes, vérifiées et crédibles en respectant le goût du lectorat. En effet, la presse est l’un des premiers secteurs touchés par la révolution numérique. D’ailleurs la presse de 2016 n’est plus celle des années 90. L’information n’est plus l’apanage de la presse écrite. Le support est également et surtout numérique. Et par numérique sont désigné les sites d’information, les applications et évidemment les réseaux sociaux. En Algérie l’extinction des titres est encore dépendante d’impératifs économiques ou de rapports de forces politiques. Toutefois la presse numérique est en train de tracer son chemin à un rythme effréné. La réalité du terrain médiatique est là, plusieurs journaux n’existant qu’en version numérique algériens sont devenus des références. Que se soit TSA Alg2rie, Algérie patriotique, Maghreb Emergent ou encore Impact 24. Ces sites sont quotidiennement consultés par les lecteurs algériens et tous ceux qui veulent suivre l’actualité algérienne Une autre est en train de se positionner «Radio Web Sarbacane», le groupe de la Radio publique algérienne en attendant les chaînes de télé fait également sa mutation. Des rédactions web ont été créées depuis quelques temps déjà. Cependant la meilleure illustration de cette évolution est l’émission quotidienne «La matinale 6-9» de la Chaîne 3 de la Radio algérienne. Pour revenir à la presse écrite algé- rienne, elle semble néanmoins se réveiller numériquement au rythme des grands évènements. La couverture de la campagne électorale et de l’élection présidentielle de 2014 a ainsi été plus dynamique sur la toile que sur le papier. Toutefois peu de journaux ont créé des rédactions web en leur sein. Ils sont en train de chercher des modèles économiques. Entre-temps, la relation entre le numérique et la presse écrite change à une vitesse vertigineuse. Il s’agit, maintenant, de suivre la mutation vers une présence accrue sur le digital. Suivre l’actualité sur l’écran d’un PC (ou d’un Mac) est une habitude qui est en train de disparaître. Place, maintenant, au mobile. Ces mutations n’annoncent nullement la fin du papier. La presse écrite et celle du numérique ne peuvent qu’être complémentaires, avec, au bout, l’objectif de donner aux lecteurs des informations fiables et vérifiées. Mais cela est un autre défit pour la presse algérienne. Enfin, la presse algérienne fait désormais face au défi de la révolution numérique chose qui pourra causer sérieusement la disparition de la presse papier notamment avec le développement progressif des nouvelles technologies de l’information et de la communication. F. O. L’affaire du rachat du Groupe El Khabar renvoyée Suite de la page 1 Dès la matinée, les caméras des télévisions privées étaient toutes sur leurs trépieds faisant face à l’édifice du tribunal. Vers 11h, la salle d’audience était pleine comme un œuf. Avocats, journalistes et patrons de presse, venus assister à l’examen de la requête introduite par le département de Hamid Grine pour l’examen de la transaction du rachat d’El Khabar par l’homme d’affaire, P-dg de Cevital, Issad Rebrab. Quand le griffer de justice appelle, vers midi, cette affaire, une armada de blouses noires coordonnée par Me Khaled Bourayou s’approche de la barre. Ce dernier converse avec le juge, Taâni Mohamed. Après que ce dernier ait annoncé le renvoi de l’affaire au 4 mai prochain, l’avocat réplique : «On veut prendre connaissance de la requête et les éléments du dossier avec un délai réglementaire pour qu’on puisse répondre.» Le mercredi prochain, «le tribunal de la deuxième chambre communiquera le dossier et nous donnera un délai, en principe d’une semaine, selon la tradition, pour répondre par conclusions écrites», explique l’un des avocats du collectif d’El Khabar, en marge de l’audience. Mais pourquoi ce renvoi ? «On ne sait pas. C’est une affaire interne à la justice», répond calmement, Me Bourayou. Le Groupe El Khabar a constitué un nouveau conseil d’administration, a-t-on annoncé, hier, sur son site électronique. Ce conseil est composé de Ahmed Nemmar, Haitem Mehdi Benaissa, Hakim Bouchicha, Zher-Eddine Semati et Cherif Rezki. A cet effet, ce dernier a été nommé président du conseil et directeur de publication du quotidien El Khabar et M. Haïtem directeur général de KBC (El Khabar-TV), précise la même source. A. B. 6 L ’ É V É N E M E N T Mardi 3 mai 2016 ÉDITORIAL Cap sur la rigueur et la préférence nationale Par Noureddine Khelassi L’ACTUEL Premier ministre ou son éventuel successeur sait à quoi s’en tenir désormais en matière de politique économique. Le président de la République vient en effet d’en fixer les principes directeurs et la philosophie dans un message aux travailleurs à l’occasion de la fête du Premier mai. Il est donc question d’opérer résolument le grand virage de la rigueur budgétaire, de la rationalisation la plus stricte des dépenses publiques, d’encourager davantage la production nationale et de consommer algérien. Bref, le chef de l’Etat opte pour plus d’austérité et pour la préférence nationale. En d’autres mots, il entend appliquer le nationalisme économique là où il serait possible de le pratiquer. Mais avant de préconiser ce tournant de la rigueur, il a réitéré le constat du rétrécissement des ressources en devises du pays. Rappel utile à bon entendeur. Et c’est peut-être la première fois qu’il reconnaisse de manière nette que «nous faisons face aujourd’hui à une dépendance quasi-totale aux recettes des hydrocarbures», en même temps à «l’implosion de nos importations commerciales, avec une augmentation spectaculaire de leurs coûts qui nous oblige à recourir à nos réserves de change». Et qui dit surcroît d’importations, dit forte pression sur les réserves de change et le bas de laine qu’est le Fonds de régulation des recettes. Equation difficile à tenir à moyen terme. Des efforts de réduction du volume des importations ont été certes accomplis, mais le président de la République semble estimer qu’ils sont insuffisants, tout en les trouvant de bon aloi. Donc Abdelmalek Sellal doit mieux faire et il peut le faire. Et pour mieux réduire la facture salée des importations, quoi de mieux à faire par conséquent que d’inciter les entreprises algériennes, publiques et privées, à se tailler plus de parts de marché ? Bien sûr, la préférence nationale ne signifie nullement consommer strictement et exclusivement algérien. D’ailleurs, l’aurions-nous voulu que nous ne le pourrions pas. Nous n’avons pas les moyens d’entrer en autarcie et d’ailleurs aucun pays au monde n’a les moyens de consommer à 100% local, même pas la Corée du Nord ! De plus, les règles et les conventions internationales signées par l’Algérie en matière de commerce international nous l’interdisent. A ce propos, le chef de l’Etat précise qu’il faudrait «accorder la priorité au produit national dans les marchés publics lorsqu’il est disponible et répond aux critère requis». C’est on ne peut plus réaliste et clair. Mais pour que nos entreprises puissent mettre à la disposition du consommateur un produit qui réponde aux «critères requis», c’est-à-dire aux canons de la qualité, il faudrait qu’elles soient performantes et compétitives. Et pour qu’elles le soient, il faudrait que le gouvernement améliore davantage le climat des affaires, l’accès au foncier et au crédit bancaire. Cela passe notamment par une réforme vitale du secteur des banques qui ont un fonctionnement bureaucratique qui paralyse et décourage les initiatives. La structure antédiluvienne des banques et la culture administrative qui préside à la gestion du crédit sont un véritable danger pour l’économie nationale. La réforme des banques, chantier colossal et prioritaire tarde à être lancée, soulignons-le avec du rouge ! N. K. SON ÉVOLUTION EST LIÉE AU DÉVELOPPEMENT DU CAPITAL HUMAIN La presse sportive face au défi du professionnalisme Par Abdallah Kaddour a presse écrite sportive algérienne regroupe les titres de presse traitant principalement de sports, et fournissant en général les principaux résultats del’actualité sportive. Avec l’arrivée des médias modernes avec dans l’ordre chronologique la presse écrite, la radio, la télévision puis Internet, le sport dispose actuellement de puissants supports médiatiques. Certains médias sportifs sont généralistes et se consacrent à divers sports tandis que d’autres se spécialisent dans une discipline. La presse sportive algérienne a connu une évolution certaine, mais reste menacée et doit résisté aux défis imposés par les télévisions, sites électroniques et réseaux sociaux qui montent en puissance. Dans un paysage qui est en train de connaître un grand «boom» en matière de nombre de journaux spécialisés, la presse sportive algérienne tente tant bien que mal de faire face à la réalité du terrain, parfois truffé d’embûches pour permettre aux lecteurs d’être informés. L’avènement de l’Internet, représenté notamment par les réseaux sociaux, a fini par porter préjudice à la presse sportive en Algérie, dont le nombre de titres a dépassé la barre de 10, estiment les observateurs. Au lendemain de l’indépendance de l’Algérie en 1962, quatre quotidiens (deux en arabe et deux autres en français), dominaient le paysage médiatique national avec un espace dédié au sport en général et au football en particulier. Le quotidien francophone El Moudjahid était le premier à consacrer dès 1966 une place aux informations sportives avec son supplément «Sports actualités» qui paraissait chaque week-end. 1972 verra le lancement du premier hebdomadaire sportif francophone, El-Hadef, dont la rédaction était composée de journalistes issus du quotidien El-Nasr. Il fallait attendre 13 ans pour assister à la naissance de l’hebdomadaire El-Mountakhab. Ces deux derniers titres qui appartenaient au secteur public ont disparu avec l’avènement du pluralisme au début des années 1990. Le secteur privé avait alors pris le relais pour essayer de dominer un marché «vide». En mai 1993, Echibek voit le jour, suivi quelques mois plus tard par l’hebdoma- L LE MAL-ÊTRE DES JOURNALISTES CULTURELS EN QUÊTE D’ÉTHIQUE ET DE DÉONTOLOGIE Nécessité d’une formation, de réglementation et considération Par Quotidien national d’information Sihem Bounabi Edité par la SARL Omnium maghrébin de presse au capital de 100 000 DA AVEC L’INSCRIPTION du droit du citoyen à la culture dans la Constitution, adoptée en février dernier par l’Assemblée populaire nationale (APN), une première depuis l’indépendance de l’Algérie, la dimension culturelle de la nation algérienne est un droit constitutionnel. Ainsi, avec les nouveaux articles concernant la culture et le patrimoine contenus dans la nouvelle Constitution, l’espoir est que la culture puisse retrouver toute sa dimension d’expression identitaire, d’âme d’une nation et de vitrine du pays sur les scènes internationales. Par ricochet, les journalistes des rubriques culturelles doivent être conscients de leur rôle et de leurs devoirs d’être l’interface entre le fait ou l’action culturelle et les citoyens. Il s’agit également d’être le bastion de la transmission objective et éthique et de dénonciation de tout ce qui peut porter atteinte à la culture et au patrimoine algérien, être les lanceurs d’alertes, au chevet d’un secteur en constante structuration. Hélas dans les faits, les médias et la presse écrite culturels, ont du mal à accomplir pleinement leur mission citoyenne faute de moyens, de formation et de considération. Toutefois, ces dernières années, avec l’intensité des activités culturelles, notamment les festivals sous toutes leurs formes, une nouvelle génération de journalistes est apparue sur la scène médiatique. Des émissions radio et télévision spécialisées se multiplient sur les différents supports et le reflexe de la page culturelle en tant que page morte que l’on sacrifie en premier est devenu désuet. Aujourd’hui, la rubrique culturelle retrouve sa raison d’être, ancrée dans l’actualité afin d’informer sur les multiples Maison de la Presse Tahar Djaout - 1, rue Bachir Attar Place du 1er Mai, Alger http://www.latribunedz.com Directeur de la publication-Gérant Hassen BACHIR-CHERIF Directeur de la rédaction Hassan Gherab Administratrice Sabira Boushaki Publicité : Rédaction : e-mail: [email protected] e-mail: [email protected] Tél.: 021.67.63.31/021.66.02.60 Alger : Tél.: 021.68.54.24 021.66.02.66/0770.32.98.24 Fax.: 021.68.54.23 Fax: 021.68.54.22 Béjaïa : Tél./Fax: 034.21.29.11 Impression : Oran : Tél./Fax: 041.58.79.06 Centre : SIA - Est : SIE - Ouest : SIO Constantine : Tél./Fax: 031.92.17.03 Sud : SIA Ouargla Tizi Ouzou : Tél./Fax: 026.22.37.32 Diffusion : Centre : OMP la Tribune Bouira : Tél./Fax: 026.94.81.38 Est : AMP - Ouest : KDPO ANEP: Tél.: 021.71.16.64 / 021.73.71.28 Sud : SARL TDS Fax: 021.73.95.59 / 021.73.99.19 Membres fondateurs Ameyar Kheïreddine, Cherif Tifaoui, Hassen Bachir-Cherif, Baya Gacemi, Djamel Djerad Tous les documents remis au journal ne peuvent faire l'objet d'aucune réclamation, sauf accord préalable avec la direction. daire Compétition, devenu quotidien en 2007. Echibek, toujours en vente, est considéré actuellement comme le doyen de la presse sportive nationale. En 1999, El Heddaf, suivi deux années plus tard par Le Buteur, ont permis au champ de la presse sportive algérienne d’avoir plus de «concurrence». Depuis, plusieurs titres à l’image de Planète Sport, El Khabar Erriadhi et autre Maracana, tentent de s’imposer en séduisant des lecteurs de plus en plus exigeants. El Heddaf a même lancé sa chaîne de télévision. Cependant la presse sportive connaît toujours des hauts et des bas, cette dernière est souvent pointée du doigt comme vecteur de la violence dans les stades, alors que certains journaux ont perdu complètement leur crédibilité auprès des lecteurs. Selon certains observateurs la presse sportive algérienne manque encore de professionnalisme et d’objectivité dans la transmission de l’information sportive et du respect de la vie privée des joueurs et sportifs. Le ministre de la Communication, Hamid Grine avait indiqué dans ce sens que les journalistes sportifs ont «de grandes capacités, mais doivent diversifier leurs connaissances pour être polyvalents et plus performants». La formation des journalistes sportifs fait malheureusement défaut notamment dans la presse arabophone. On constate souvent des titres qui incitent à la violence et qui manquent d’objectivité, un journaliste doit rester objectif et pourtant certains journalistes prennent position pour un club ou un autre ce qui est contraire à l’éthique et la déontologie journalistique. Ce qu’on reproche à la presse sportive c’est aussi son orientation vers le football sans les autres disciplines sportives, le penchant pour le sport masculin au détriment du féminin et la couverture marginale de manifestations sportives des personnes aux besoins spéciaux. Certains spécialistes appellent à mettre en place une charte ou plateforme de règles et principes déontologiques que les journalistes spécialisés en sports peuvent se référer lors de l’exercice de leur profession. L’essor de la presse sportive dépend de la formation et l’investissement dans le capital humain pour fournir des journalistes sportifs de métier et atteindre le professionnalisme. A. K. actions qui se déroulent sur le terrain notamment amplifiées par les festivals étatiques. Mais, le revers de la médaille et que dans cette dynamique plusieurs carences sont à signaler, une certaine mentalité du mépris de la culture, considérée comme cinquième roue du carrosse, perdure, de même qu’un manque de formation de spécialisation dans le secteur de l’information culturelle. En effet, hormis dans le secteur de la littérature et du 4e art, il n’existe pas de cursus universitaire pour former les journalistes dans le domaine de l’analyse culturelle et les parents pauvres de la culture restent le cinéma, le patrimoine, la musique et les arts plastique. C’est sur le terrain que les journalistes font leur formation selon la volonté et le parcours de chacun, Il y a également un autre phénomène qui est apparu ces dernières années, celui d’être juge et partie, avec la multiplication des festivals. Afin de pallier aux carences de communication et médiatiser leurs événements, les organisateurs ont recours aux journalistes culturels pour gérer leur communication. Par la force des choses, certains nom sont devenus incontournables et ont renforcé leur réseau et leur clan. Ainsi, l’information culturelle se retrouve au cœur d’intérêts mercantiles qui portent parfois atteinte à l’objectivité et l’impartialité du journaliste. Ce dernier est vulnérable d’autant plus que sa condition socioprofessionnelle ne lui facilite pas la tâche d’être en accord avec l’éthique de la profession. Heureusement qu’il existe quelques exceptions qui arrivent à concilier les deux, mais les cas sont rares. Il devient ainsi urgent que le secteur soit assaini sur la base sur des règles d’éthique et de déontologie, notamment à travers des formations, une amélioration des conditions sociales, de l’environnement professionnel et aussi une véritable considération du métier du journaliste culturel. S. B. L ’ É V É N E M E N T CATASTROPHISME ET ALARMISME CARACTÉRISENT UNE GRANDE PARTIE DES TITRES Ressenti d’une presse satirique Par A. Lemili es médias algériens sont-ils génétiquement alarmistes ? La presse algérienne est-elle génétiquement catastrophiste ? En tout état de cause c’est ce que laisse penser la lecture de la «Une» quotidienne d’une grande partie des journaux dits indépendants. Autant dire que c’est à celui qui fait preuve de plus de négativisme dans la titraille que se multiplient les chances d’accrocher le lectorat. Il y a une douzaine d’années, nombreux étaient les lecteurs auprès desquels l’opportunité nous a été donnée d’apprendre qu’ils faisaient leur choix de lecture une fois à hauteur des étals de journaux, plus particulièrement en prenant connaissance du titre principal, soulignant leurs propos par le fait que tout semble aller bien dans le pays, des journaux s’efforçaient de noircir au maximum les lendemains. «Le paroxysme de cette démarche a été atteint lors de la campagne comptant pour l’élection présidentielle de 2004 en faisant notamment de l’un des candidats une cible à abattre au mépris du respect de l’éthique et de la déontologie», considérait à l’époque un cadre d’une importante entreprise nationale. Il était de fait clair que dans leur majorité les dizaines de journaux de langue nationale ou française ne faisaient que peu cas d’objectivité dans l’information et pour cause leur soutien claironné aux uns ou aux autres parmi les candidats en course. Quoiqu’il en soit et quoi que pourrait dire, soutenir ou affirmer Reporters sans frontières, la liberté de la presse est plus que consacrée en Algérie. Les L n’arriveront pas à garder la cadence pour diverses raisons, dont celles de manque de professionnalisme au niveau de toutes leurs strates, de défaut d’appel d’air financièrement parlant et surtout en l’absence, sinon le retrait, de bailleurs de fonds très rapidement échaudés par une expérience de laquelle ils tireront la rapide conclusion selon laquelle la seule vente de papier ne génère pas la fortune et encore moins ne nourrit pas son homme…encore moins l’armada de commis aux écritures qui peuplait les rédactions. Pourtant au jour d’aujourd’hui et malgré les déboires des uns et des autres, les échecs, les tentatives avortées, certains continuent à tenter le «coup» d’autant plus que leur est offerte l’aubaine de créer des journaux, locaux notamment, sans grande exigence en mettant notamment à profit l’information continue grâce à internet et le filon offert via les réseaux sociaux pour qui sait exploiter l’information qui y circule. Néanmoins dans tout cela, il demeure fort regrettable que l’univers médiatique national ne dispose pas de presse satirique laquelle, ailleurs, occupe une place plutôt essentielle dans l’espace médiatique, et ce n’est pourtant pas faute d’une société comme celle algérienne qui par la diversité de ses cultures, de son personnel politique atypique et à la limite anecdotique, la formidable bonhommie de ses populations constitue un véritable gisement inépuisable de matière. Les deux ou trois titres qui ont existé au lendemain du pluralisme de la presse n’ont malheureusement pas résisté et c’est bien dommage en ce sens qu’un média satirique est aussi essentiel que pourrait être le sel dans un mets. A. L. LE JOURNALISME, ce métier qui doit être aimé avant d’être exercer. Malheureusement, de nos jours, des centaines d’universitaires ont choisi de l’étudier par hasard, par obligation ou pour d’autres raisons, mais peu nombreux sont ceux qui l’ont choisi par amour. Au niveau des universités ou des écoles de journalisme, les étudiants profitent des formations théoriques, d’un programme qui n’a rien à voir avec le métier en pratique, ce qui fait que l’étudiant est diplômé en journalisme mais ignore complètement la pratique et les spécificités et particularités du métier. En parlant du professionnalisme, de l’amour du métier ou de l’amour du pays, plusieurs journalistes algériens l’ont prouvé durant la décennie noire, là où être journaliste comporté des dangers. Nombreux parmi ces derniers, ont perdu leur vie pendant les années de braise car ils ont continué a exercé leur métier malgré tous les risques et les menaces, entre autres Smail Yefsah, Said Mekbel et Tahar Djaout. Où sont les journalistes de cette trempe, ces personnalités qui ont marqué l’histoire ? Si on demande aux anciens quel est le secret de votre réussite, ils ABSENCE D’UN SYNDICAT REPRÉSENTATIF DE LA CORPORATION Le paysage médiatique en proie à de nombreuses dérives Par Ziad Abdelhadi en plus de l’inadaptation du programme du cursus universitaire avec le journalisme en tant que métier, cette dernière s’est habituée de la facilité, explique un autre journaliste. «Les journalistes, de nos jours, n’ont pas savouré le fruit de leurs efforts», a-t-il estimé. «Auparavant, nous n’avions pas les moyens que possèdent les journalistes aujourd’hui mais nous avions la volonté. Les générations précédentes ont su créer le professionnalisme, ils ont respecté leur métier et leurs noms avant tout, ils ont fait de bon travail», a-t-il poursuivi. Le journalisme n’est pas un métier qui nécessite une formation ou des études supérieures. Il est plutôt une activité qui exige l’amour du métier et l’amour du savoir. Il existe beaucoup de journalistes connus et réputés et qui font du bon travail mais qui ne sont pas diplômés en journalisme. Certes un encadrement s’avère nécessaire mais le journaliste n’a qu’à être passionné de son métier pour accomplir sa mission qui est de donner de l’information correcte aux lecteurs ou aux téléspectateurs. «La multitude des médias entre chaînes de télévision, journaux et autres actuellement, devrait améliorer le niveau de ce métier, paradoxalement elle l’a détérioré et cela pour de différentes raisons, dont la première est que ce métier est devenu malheureusement un commerce», a estimé un citoyen. C. C. Par République très affaibli, M. Saâdani a affirmé très brièvement que ce n’est pas un tweet qui va changer le Président Bouteflika qui a été élu par le peuple algérien. Dans cette optique, il a estimé que le Premier ministre français a twitté parce qu’il n’avait pas obtenu les contrats qu’il était venu chercher. Concernant la tournée de Chakib Khelil dans les zaouias, M. Saâdani a défendu l’ancien ministre de l’Energie. «Les zaouias sont des lieux purs. Nous allons tous dans les zaouias. A mon sens, il n’y a aucune anomalie», dira-til. Par ailleurs, le secrétaire général du FLN a affirmé que la Journée mondiale de la liberté de la presse coïncide cette année avec un acquis indéniable pour la corporation en Algérie, à savoir la consécration au sens noble du terme de la liberté d’expression dans la Constitution amendée. «La liberté de la presse écrite, audiovisuelle et sur les réseaux d’information est garantie et n’est restreinte par aucune forme de censure préalable stipule l’article 41 de la Constitution amendée», a-t-il martelé. Et d’ajouter que cette liberté ne peut être utilisée pour attenter à la dignité, aux libertés et aux droits d’autrui. «La diffusion des informations, des idées, des images et des opinions en toute liberté est garantie dans le cadre de la loi et du respect des constantes et des valeurs religieuses, morales et culturelles de la nation» a-t-il dit. F. O. Photo : Archives précisent que pour être un journaliste professionnel il faut être tout d’abord passionné par l’écriture, la lecture, curieux, aventurier et surtout aimer son métier. «Le vrai journaliste, ne peut pas traiter n’importe quel sujet, il doit le sentir avant le traiter. Il doit chercher, creuser et frapper à toute les portes pour accomplir sa mission», nous a affirmé un ancien journaliste. «La décennie noire à donner naissance à de meilleures plumes, puisque on était sous pression. De plus, personne ne travaillait pour son intérêt, on travaillait tous pour le bien du pays. Aucun de nous n’a pensé à son avenir mais à l’avenir de ce pays», nous a-t-il confié. En ce qui concerne cette nouvelle génération, dirigeants des pouvoirs qui s’y sont succédé depuis 1988 ayant désormais compris que les médias demeuraient l’un des marqueurs essentiels sinon le plus probant de l’exercice d’une réelle démocratie, et surtout que c’était de la liberté dont disposait la presse que se mesurait celle-ci. Pour revenir sur le penchant des médias nationaux à faire dans le catastrophisme, voire dans l’alarmisme, n’y aurait-il pas lieu également de s’interroger sur les capacités, pour ne pas dire les compétences, en la matière des membres de la corporation tant il est vrai qu’au lendemain de la naissance d’une presse plurielle et, exception faite des journalistes déjà en poste et pratiquement tous issus d’organes publics et pour cause le monopole, jusque-là établi, de l’information et la communication, les titres naissants ont fait feu de tout bois en assurant et assumant, et c’est d’ailleurs un bon point pour tout le monde, l’intégration d’amateurs de l’écriture à l’insolence et l’irrévérence certaines, même si tout cela se faisait, toujours, au détriment de l’éthique et la déontologie. Mais en cette période chahutée, sans repères, désordonnée, qui aurait eu la présence d’esprit, voire même le courage sinon l’audace, d’arrêter une telle impétuosité ou tenter de brider à nouveau une parole bridée depuis l’indépendance du pays. Toutefois la démesure n’aura pas trop duré avec des journaux qui Le journalisme entre passion et formation Par 7 26 ANS de presse indépendante et toujours pas de syndicat puissant ou du moins représentatif. Et en cette occasion de célébration de la liberté de la presse, cet état des lieux ne fait pas honneur à la corporation. Pourtant, il y eu des tentatives pour créer un syndicat, mais qui malheureusement ont vite tourné court. Cette situation d’absence de syndicat arrange certains patrons pour qui l’avenir socioprofessionnel de leurs journalistes est le dernier de leur souci. Pour preuve, tout récemment, l’ensemble du personnel du quotidien El Ahdath s’est retrouvé du jour au lendemain au chômage, une note placardée leur ayant annoncé laconiquement la fermeture du journal, sans préavis. Pis, le patron n’a pas dédaigné rencontrer les représentants du personnel. Un comportement qui en dit long sur l’intérêt porté par ce patron au sort de ses employés qui se sont retrouvés livrés à euxmêmes faute de ne pouvoir être défendus par un syndicat officiel. A travers de ce qui vient de se passer au journal El Ahdath, comme il existe d’autres exemples au sein du monde de la presse, il devient facile de comprendre pourquoi des responsables de journaux peuvent agir impunément et sans s’inquiéter du fait de l’absence d’un syndicat de journalistes et agents techniques. Certes au sein de la corporation des voies se sont élevées pour dénoncer des dépassements mis à nu sur la scène médiatique, mais sans aller plus loin c’est-à-dire de mener une véritable bataille pour faire cesser les dérives auxquelles fait face la corporation de la presse écrite. Jusqu’à quand cette situation va-t-elle durer ? Selon certains journalistes, il faut créer un syndicat des plus représentatifs de la coopération. C’est tout à fait à notre portée pour peu que la corporation unis ses rangs pour trouver les voies et moyens pour fonder sur le terrain un syndicat puissant, et non pas limité, afin qu’il puisse défendre les intérêts de la presse. L’initiative relève beaucoup plus du bon vouloir des journalistes. Faut-il encore qu’il y ait d’autres dépassements, plus graves, pour convaincre les journalistes sceptiques qu’il y va de l’intérêt de tous de créer au plus vite un syndicat. Z. A. LE MÉTIER EXIGE DE L’ENGAGEMENT ET UN BON ENCADREMENT Chahira Cheref Mardi 3 mai 2016 Amar Saâdani : «La liberté de la presse confortée par la Constitution amendée» Fatiha Ouidir S’EXPRIMANT lors d’une réception organisée à Alger à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse, le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Amar Saâdani, a affirmé que le président de la République se porte bien et l’Algérie de même. Interrogé sur le tweet de Manuel Valls montrant le président de la 8 C O N J O N C T U R E Mardi 3 mai 2016 APRÈS PLUSIEURS MOIS DE TRACTATIONS Halliburton et Baker Hughes renoncent à créer un nouveau géant des services pétroliers Par Sophie Estienne de l’AFP aute de pouvoir vaincre l’opposition des autorités de la concurrence, les groupes américains de services pétroliers Halliburton et Baker Hughes ont renoncé dimanche à leur projet de fusion à plusieurs dizaines de milliards. «Les difficultés pour obtenir les autorisations réglementaires restantes et les conditions générales du secteur, qui ont gravement endommagé les raisons économiques de la transaction, ont conduit à la conclusion que l’abandon était la meilleure chose à faire», a indiqué Dave Lesar, le PDG de Halliburton, cité dans un communiqué commun des deux sociétés. «C’était une transaction mondiale, extrêmement complexe, et en fin de compte on n’a pas pu trouver de solution pour satisfaire les inquiétudes des régulateurs sur la concurrence, à la fois aux Etats-Unis et à l’étranger», a commenté de son côté le P-dg de Baker Hughes, Martin Craighead. L’accord de fusion annoncé fin 2014 prévoyait que Halliburton achète Baker Hughes pour 34,6 milliards de dollars. Halliburton comptait toutefois s’acquitter d’une partie de la somme avec ses propres actions, qui se sont depuis dépréciées. Sur la base du cours de clôture de vendredi soir, Baker Hughes n’aurait plus été valorisé qu’à 28,6 milliards de dollars. Halliburton va finalement lui Photo : DR F verser à la place, d’ici le 4 mai, une indemnité d’annulation de 3,5 milliards de dollars, comme le prévoyait leur contrat. Halliburton et Baker Hughes sont spécialisés dans les services liés au forage ou à la construction des puits et plateformes de pétrole. Ils sont respectivement numéros deux et trois mondiaux des services pétroliers, et leur fusion leur aurait potentiellement permis de détrôner l’actuel numéro un, le francoaméricain Schlumberger: Halliburton et Baker Hughes ont réalisé un chiffre d’affaires cumulé de 39,37 milliards de dollars l’an dernier, contre 35,48 milliards pour Schlumberger. Le rapprochement visait à réagir à la crise provoquée par la chute des cours de l’or noir, qui pousse les grands groupes pétroliers à réduire leurs investissements et à faire pression sur leurs sous-traitants comme Halliburton et Baker Hughes pour qu’ils baissent leurs tarifs. En augmentant sa taille, Halliburton pouvait espérer se retrouver dans une meilleure position dans ses négociations commerciales avec les groupes pétroliers. Plusieurs régulateurs se sont toutefois inquiétés de l’émergence d’un duopole qui contrôlerait la plus grosse part du marché, et d’un manque de concurrence risquant à terme de surenchérir les prix de l’énergie. Les deux groupes avaient tenté de les amadouer en promettant des milliards de dollars de cessions d’actifs après leur mariage, sans succès. Après plusieurs mois de tractations avec les deux groupes, les services antitrust du département américain de la justice (DoJ) avaient finalement lancé début avril une procédure judiciaire pour faire bloquer une fusion qui selon eux «éliminerait une concurrence essentielle, déséquilibrerait le marché de l’énergie et nuirait aux consommateurs américains». La Commission européenne avait pour sa part ouvert depuis janvier une enquête approfondie sur cette opération. «La transaction soulevait des inquiétudes en terme de concurrence sur un très grand nombre de marchés», a commenté lundi dans un communiqué la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, en disant prendre acte du renoncement. Elle a précisé que la Commission avait mené ses investigations en étroite coopération avec le DoJ mais aussi avec les autorités de régulation du Brésil et d’Australie. «La décision des entreprises d’abandonner cette transaction qui aurait laissé beaucoup de marchés de services pour les champs pétroliers aux mains d’un duopole - est une victoire pour l’économie américaine et pour tous les Américains», s’est félicitée dimanche la ministre fédérale de la Justice, Loretta Lynch, dans un communiqué. «Très peu de choses sont aussi importantes pour notre économie que le pétrole et le gaz», a rappelé son adjoint David Gelfand, qui travaille pour les services antitrust du DoJ. «Mais la fusion entre Halliburton et Baker Hughes aurait augmenté les prix, réduit la production et diminué l’innovation sur au moins 23 produits et services pour les champs pétroliers cruciaux pour l’approvisionnement en énergie de la nation.» AFP DANS UN VENEZUELA EN CRISE Changement d’heure et hausse des salaires LE VENEZUELA a changé de fuseau horaire dimanche pour économiser l’électricité, une mesure ordonnée par le président socialiste Nicolas Maduro, qui veut mobiliser ses partisans et calmer le mécontentement populaire dû à la crise en augmentant le salaire minimum. Excédés par les rayons vides des supermarchés et les coupures de courant intempestives, les habitants du pays sud-américain ont en outre perdu, dans la nuit de samedi à dimanche, une demi-heure de sommeil : à 2h30 locales, le Venezuela a avancé ses aiguilles de 30 minutes pour adopter le fuseau horaire de -4h GMT. Quelques heures plus tôt, samedi soir, le président Maduro, dont 68% des habitants souhaitent le départ selon un récent sondage, a cherché à apaiser les esprits en annonçant à la télévision une hausse de 30% du salaire minimum. Il espérait mobiliser son camp dimanche à l’occasion de la fête d e s t r a v a i l l e u r s d u 1 er m a i , qui devait être marquée par des manifestations importantes dans les rues. Dans ce pays pétrolier à l’économie dévastée par la chute des cours du brut, le gouvernement n’a cessé d’annoncer des mesures ces dernières semaines pour contrer la crise, qui se double d’une pénurie d’électricité. Le Venezuela est miné par d’innombrables coupures de courant liées au phénomène météorologique El Nino, qui a engendré la pire sécheresse en 40 ans, selon le gouvernement. Certaines des mesures décrétées sont spectaculaires : les fonctionnaires ne travaillent désormais plus que les lundis et mardi. Et dans presque tout le pays (sauf Caracas), l’électricité est coupée au moins quatre heures par jour. Une situation qui a provoqué cette semaine des émeutes et pillages à Maracaibo (nord-ouest), deuxième ville du pays avec 1,5 million d’habitants, démonstrations de colère de Vénézuéliens lassés de la crise. En changeant d’heure, le pays retrouve le fuseau qu’il avait jusqu’au 9 décembre 2007, quand le président de l’époque, le défunt Hugo Chavez (1999-2013), avait décidé de passer à -4h30 GMT, disant vouloir éviter aux enfants de se rendre à l’école dans le noir le matin. «Cela va être aussi simple que d’avancer nos montres d’une demiheure, cela va permettre de mieux profiter de la lumière du jour, car il fera nuit plus tard», avait déclaré, en annonçant la mesure, le ministre des Sciences Jorge Arreaza. Jesus Escalona, responsable de l’Heure légale au Venezuela, a assuré dans un communiqué que les mouvements bancaires et les arrivées ou départs de vols dans la nuit ne seraient pas affectés par le changement. La compagnie téléphonique d’Etat Cantv a aussi assuré que ses services de voix et de données se synchroniseraient sans problème à la nouvelle heure. Pour cette journée de 1er mai, le pouvoir a appelé ses soutiens à défiler dans les rues de Caracas, le président Maduro espérant redorer sa popularité en augmentant le salaire minimum. Ce dernier passera à 15 051 bolivars (près de 40 dollars par mois au taux de change officiel plus élevé, 14 dollars au taux du marché noir), une hausse concernant aussi fonctionnaires, militaires et retraités. Depuis le début de l’année, le salaire minimum a déjà été augmenté de 56%, après l’avoir été de 98% en 2015. Mais cela semble bien insuffisant alors que le pays souffre de la pire inflation au monde, 180,9% en 2015, un chiffre qui explosera à 700% cette année selon le Fonds monétaire international (FMI). Le président Maduro, au pouvoir depuis 2013, est par ailleurs soumis à une forte pression de l’opposition, majoritaire au Parlement, qui a recueilli cette semaine près de deux millions de signatures pour demander son départ, une première étape pour pouvoir organiser un référendum pour sa révocation. Elle a aussi voté jeudi au Parlement une motion de défiance contre son ministre de l’Alimentation pour cause de pénuries, alors que des milliers de Vénézuéliens font chaque jour la queue pendant des heures devant les supermarchés pour acheter de la farine, du riz ou du café. «Nous faisons face à la pire urgence alimentaire qu’ait connue le Venezuela», a dénoncé le député Ismael Garcia, à l’origine de ce texte. AFP Photo : DR Par Ernesto Tovar de l’AFP C O N J O N C T U R E Mardi 3 mai 2016 9 LA VÉRITABLE IDENTITÉ DU CONCEPTEUR DE LA MONNAIE NUMÉRIQUE ENFIN DÉVOILÉE Craig Wright, un entrepreneur australien, révèle être l’inventeur du Bitcoin Par Maureen Cofflard de l’AFP près des années de spéculation et de mystère, le véritable créateur de la monnaie numérique bitcoin a choisi lundi de révéler son identité à la BBC, The Economist et le magazine GQ : il s’agit de l’entrepreneur australien Craig Wright. Craig Wright a fourni aux trois médias des pièces connues comme étant seulement détenues par le créateur de bitcoin pour prouver qu’il en était bien l’inventeur. «Ce sont les lots utilisés pour envoyer 10 bitcoins à Hal Finney en janvier (2009) lors de la première transaction en bitcoin», a-t-il déclaré pendant sa démonstration. Il a ajouté que Hal Finney, un cryptographe réputé, était l’un des ingénieurs qui a contribué à créer le bitcoin. «Je suis celui qui en était principalement à l’origine mais d’autres m’ont aidé», a déclaré l’entrepreneur australien, installé à Sydney, qui a publié sur son blog (http://www.drcraigwright.net/jean-paul-sartresigning-significance/) des informations permettant de vérifier qu’il est bien Satoshi Nakamoto, le pseudonyme associé au créateur de la monnaie numérique. Lors d’une rencontre avec la BBC, Craig Steven Wright a signé numériquement des messages en utilisant des clés cryptographiques créées pendant les premiers jours du développement de cette monnaie numérique. Photo : DR A Les médias traquaient depuis plusieurs années le ou les mystérieux informaticiens qui, derrière ce pseudonyme, ont conçu en 2009 le logiciel à l’origine du bitcoin. Jon Matonis, un économiste et l’un des directeurs de la fondation Bitcoin, s’est dit convaincu: «J’ai eu l’opportunité d’examiner les données selon trois critères: cryptographique, social et technique», a-t-il dit à la BBC. «J’ai la ferme conviction que Craig Wright remplit les trois catégories», a-t-il ajouté. The Economist, qui se montrait plus sceptique que les deux autres médias sur l’irréfutabilité des preuves apportées par l’entrepreneur, dévoile quelques éléments de son curriculum vitae : l’Australien a ainsi été dans le passé vice-président du «Centre for Strategic Cyberspace and Security Science», une ONG installée à Londres et dont le but affiché sur son site internet est «d’améliorer la sécurité et la prospérité du cyberespace mondial». Il est titulaire, selon l’hebdomadaire économique, de plusieurs masters en statistiques, droit, informatique et management d’universités australiennes et britanniques, ainsi que de deux doctorats en sciences informatiques et théologie. Craig Wright a précisé s’être senti contraint de dévoiler son identité pour préserver ses proches qui sont poursuivis par des journalistes depuis que le magazine américain Wired et le blog Gizmodo ont avancé en décembre 2015 que l’entrepreneur australien était l’un des possibles créateurs du bitcoin. «Cela n’affecte pas seulement moi ou mon travail mais aussi ma famille, mes employés et tout le reste», a-t-il dit. «Je n’ai pas fait ça parce que je le voulais», a-t-il dit ajoutant : «Je ne veux vraiment pas être l’image publique de quoi que ce soit». «Je veux travailler, continuer de faire ce qui me plait. Je ne veux pas d’argent. Je ne veux pas de gloire. Je ne veux pas d’adoration. Je veux juste qu’on me laisse tranquille», a-t-il affirmé. L’Australien a expliqué à The Economist avoir choisi le pseudonyme de Nakamoto en référence à un philosophe japonais du 17e siècle, Tominaga Nakamoto, qui était très critique de la pensée normative de l’époque et défendait le libre échange. Il n’a en revanche pas expliqué à quoi faisait référence le prénom «Satoshi», préservant une part de mystère. Zhenya Tsvetnenko, un entrepreneur qui a rencontré Craig Wright, avait déclaré à l’AFP en décembre dernier que c’était «un type très mystérieux» mais «ultra intelligent», jugeant crédible, à l’époque, qu’il soit le créateur du Bitcoin. Contrairement aux devises physiques telles que l’euro ou le dollar, les bitcoins ne sont régis par aucune banque centrale, mais générés par des milliers d’ordinateurs dans le monde (un processus baptisé «minage»). Désormais utilisés par des milliers de sites web et même certaines boutiques «réelles», ils peuvent être échangés contre des services (payer la course d’un taxi par exemple), des marchandises ou même d’autres devises, du moment que l’autre partie à la transaction en accepte le principe. Instrument selon ses détracteurs de tous les trafics illégaux du fait de l’anonymat des paiements, le bitcoin est, dans sa forme actuelle, vulnérable au vol ou toute autre opération frauduleuse, et de nombreux pays songent à en encadrer l’usage. AFP TROIS QUESTIONS POUR MIEUX COMPRENDRE Le bitcoin, un moyen de paiement innovant mais sulfureux LE BITCOIN, très controversé en raison de son manque de transparence et de son utilisation dans des affaires criminelles, est une monnaie immatérielle internationale autorégulée dont le mystère entourant la création a été dissipé avec la révélation de l’identité de son fondateur lundi. Qu’est-ce que le bitcoin ? Le terme dérive de l’anglais «coin», pièce de monnaie, et «bit», unité de mesure informatique binaire. Il désigne à la fois Bitcoin, système de paiement utilisable sur Internet, et le bitcoin, devise monétaire employée par ce système. En principe, Bitcoin tient à jour un registre à la fois public et infalsifiable de toutes les transactions qui permet d’identifier chaque bitcoin depuis sa création. Il tire son origine d’un logiciel mis en ligne en février 2009 par un ou plusieurs informaticiens, se cachant derrière le pseudonyme Satoshi Nakamoto. Après des années de spéculation et de mystère, le véritable créateur de la monnaie numérique bitcoin a révélé hier son identité à la BBC, The Economist et le magazine GQ : il s’agit de l’entrepreneur australien Craig Wright. Lors d’une rencontre avec la BBC, il a signé numériquement des messages en utilisant des clés cryptographiques créées pendant les premiers jours du développement de cette monnaie numérique. Ces clés sont «inextricablement liées» à des lots de bitcoins connus pour avoir été créés par Satoshi Nakamoto. Combien vaut un bitcoin et comment sont-ils créés ? Le taux, qui est extrêmement fluctuant, est défini sur différentes plateformes (où les valeurs peuvent être différentes au même instant). Ces dernières années, il a culminé jusqu’à plus de 1 000 dollars contre quelques centimes à son lancement. Hier matin, un bitcoin valait environ 400 euros. Ces évolutions très importantes lui ont attiré de nombreux détracteurs, qui dénoncent la création d’une bulle spéculative. De fait, certaines personnes achètent des bitcoins uniquement pour les revendre plus cher. Pour obtenir des bitcoins, il faut tout d’abord télécharger un logiciel gratuit pour pouvoir en fabriquer. Le chercheur de bitcoins, appelé le «mineur», rejoint alors un réseau réunissant des dizaines de milliers d’ordinateurs dans le monde. Celui-ci se voit récompensé en bitcoins lorsqu’il résout des séries d’équations. Avant de pouvoir obtenir son dû, la solution trouvée par le mineur est immédiatement vérifiée par les autres utilisateurs. Grâce à un algorithme produisant à chaque fois un petit puzzle mathématique, un nombre précis de bitcoins est émis à intervalles réguliers. Les utilisateurs peuvent dupliquer des bitcoins pour en produire de nouveaux, seulement si leur ordinateur est équipé de ce logiciel complexe. La création d’un bitcoin à partir d’un codage informatique crypté valorise l’aspect collaboratif en «peer-to-peer» de la vaste communauté d’internautes chargée de contrôler le réseau, qui ne dispose pas d’une autorité centrale. Il est en effet en théorie impossible de générer un bitcoin avec un seul ordinateur, celui-ci ne disposant pas d’assez de puissance de calcul. En revanche, si la machine d’un membre du réseau qui met à disposition son ordinateur dans le traitement des transactions est la première à valider une transaction, il reçoit lui-même automatiquement quelques bitcoins. Quels sont les applications du bitcoin ? Le bitcoin permet de régler un achat auprès d’un vendeur qui accepte ce type de paiement, qui se fera nécessairement via une plateforme de serveurs nommés «mineur de bitcoins», qui agrègent la puissance d’ordinateurs privés. Contrairement par exemple aux paiements par Paypal, le bitcoin est sans frais, aucun intermédiaire ne touchant de commission. Il peut notamment être échangé contre des devises et, dans certains pays, il est désormais possible de payer la course d’un taxi, de réserver une chambre d’hôtes ou même de se faire verser son salaire en bitcoins. Certains distributeurs de bitcoins ont été installés, permettant de faire des transactions. Mais ils ne délivrent pas de bitcoin physique. Cette monnaie a été utilisée par des individus pour financer des activités illégales, criminelles ou terroristes, en garantissant l’anonymat de la transaction qui passe sous les radars des autorités. AFP 10 Mardi 3 mai 2016 F O C U S LES GRANDES BANQUES PERSISTENT DANS LA VOIE DU SURENDETTEMENT De nouvelles tempêtes sur l’économie mondiale ? Par Simon Johnson* i-avril, la réunion de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM) à Washington s’est déroulée dans un climat d’inquiétude. Le FMI avait révisé une fois de plus à la baisse ses projections relatives à la croissance mondiale, avec un taux de croissance annuel prévu à peine supérieur à 3% pour cette année et l’année prochaine. Si cela se passe ainsi, ce sera un triste résultat. Avant 2007, la croissance mondiale (mesurée selon la méthodologie du FMI) était de l’ordre de 4,5% à 5% grâce à l’amélioration de la productivité des pays industrialisés et à la hausse rapide du niveau de vie dans de grands pays émergents comme la Chine, le Brésil et la Russie. Aujourd’hui les USA sont confrontés aux incertitudes de l’élection présidentielle, les pays les plus faibles de la zone euro continuent à se débattre dans les difficultés, le Japon risque de subir une contraction économique marquée, le Brésil est en pleine crise politique, la Chine fait face aux conséquences d’une expansion budgétaire prolongée et à l’onde de choc générée par la croissance explosive de son système des «banques de l’ombre», tandis que le faible prix des matières premières nuit aux résultats économiques de beaucoup d’autres pays émergents. Par ailleurs les Britanniques pourraient voter en juin leur sortie de l’UE. La confiance a un impact sur l’activité économique : les consommateurs s’attendent-ils à une augmentation de leurs revenus (ou simplement à leur pérennité) et les entreprises pensent-elles que les perspectives de croissance sont suffisamment favorables pour justifier des investissements ? Aujourd’hui le pessimisme l’emporte. Pourtant une stagnation mondiale est peu probable à moyen terme. De nouvelles technologies apparaissent tous les jours et des milliards d’hommes et de femmes aspirent à améliorer leurs conditions de vie par l’éducation et le travail. Depuis une dizaine d’années, les grands pays industrialisés font preuve d’une résilience remarquable face aux crises du secteur financier - et il en est de même de la Chine. Aux USA le taux de chômage est redescendu à 5% et la situation de l’emploi est tout à fait satisfaisante dans certains pays européens. Quant au cycle du prix des matières premières, il ne faut pas oublier que c’est… un cycle : la demande pour les matières premières varie rapidement, ce qui n’est pas le cas de l’offre, d’où la volatilité du prix des matières premières et du pétrole. La grande question est de savoir si l’on peut sortir de ces montagnes russes économiques et revenir à une croissance mondiale robuste sans creuser une dette générée due à la surconsommation comme cela s’est passé aux USA avant la crise de 2008, sans surinvestir comme l’a fait la Chine et sans faire exploser les dépenses publiques (ce qui reste encore un problème dans certains pays européens). Nous agissons comme si le crédit était le seul moyen de financer des investissements productifs et d’améliorer le capital humain. Cela tient en partie à la réglementation fiscale qui permet dans certains pays aux emprunteurs de déduire le montant des intérêts (par exemple sur les prêts immobiliers aux USA) de leur revenu imposable. Et le plus souvent les intérêts Photo : DR M versés par les entreprises sont eux aussi déductibles. Mais le principal attrait du crédit est de reposer sur un contrat des plus simples : soit on rembourse les sommes convenues, soit on ne le fait pas. Si tout se passe bien, une entreprise très endettée ou un acheteur immobilier rentabilisera facilement son investissement. Par contre, en cas de crise économique investir peut conduire à des pertes importantes. C’est ce qui s’est passé pour les acheteurs de biens immobiliers en 2008, pour les conglomérats coréens en 1997 et à de multiples reprises pour les pays émergents. Les responsables politiques savent que le surendettement conduit à la fragilité financière. Depuis une dizaine d’années on cherche à diminuer l’endettement en procédant à des réformes financières. Mais il est difficile de le faire durant une crise économique lorsque la principale préoccupation est de relancer la croissance. A ce moment là les dirigeants politiques trouvent beaucoup plus simple de maintenir telles qu’elles réglementation, incitations et garanties financières. Les grandes firmes financières s’accommodant parfaitement d’un endettement important, elles font un lobbying intensif contre toute réforme visant à exiger d’elles une plus grande part de fonds propres dans leur bilan. La taille des grandes banques américaines - mais c’est la même chose presque partout - est plus importante aujourd’hui qu’elle ne l’était avant 2008. Les informations recueillies en toute honnêteté montrent que leurs systèmes d’incitations internes n’ont guère évolués et que les limitations apportées à leurs activités ne seront sans doute pas efficaces lorsque la croissance mondiale reprendra. Aux USA les autorités espèrent que les grandes firmes financières devront finalement respecter une disposition de la loi Dodd-Frank de 2010 qui exige qu’elles établissent un plan de secours explicitant les mesures qu’elles prendraient en cas de faillite, sans aide publique et sans conséquences pour l’économie mondiale. Or malgré des demandes répétées, la plupart des grandes banques n’ont pas fourni de plan convaincant en ce sens, mais aucune n’a véritablement été sanctionnée pour cela. La croissance va reprendre. Les entrepreneurs vont créer de nouvelles entreprises et financer leur prise de risque par la participation de fonds de capital-risque. Hors secteur financier, les entreprises ont appris sur le terrain qu’elles doivent être attentives à leur endettement et conserver une marge de liquidité suffisante. Or les grandes banques persistent à choisir la voie du surendettement et trop de responsables politiques se soumettent à leur volonté. Que cela plaise ou pas, on peut donc s’attendre à de nouvelles tempêtes sur l’économie mondiale. S. J. (Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz) *Professeur au MIT Sloan, chercheur principal à l’Institut Peterson d’économie internationale et co-fondateur de Scénario de référence, un blog d’économie de premier plan. Ancien économiste en chef du FMI. In project-syndicate.org Publicité INTERNATIONALE SUPPLÉMENT HEBDOMADAIRE PP12-13 P15 Les limites de l'enrôlement des chercheurs La mer de Chine, un autre défi pour le droit international Des islamologues contre l'Organisation de l'Etat islamique Respecter les règles en Asie DERNIÈRE GRANDE VILLE ENTRE LES MAINS DES GROUPES ARMÉS Alep bataille clé dans la tragédie syrienne L’armée syrienne tente de récupérer la ville d’Alep et sa province, tombée entre les mains des groupes armés depuis quatre ans. L’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura réitère ses préoccupations face à la situation dans cette ville où les bombardements ont fait des centaines de morts et des centaines de blessés. Alep, deuxième ville de Syrie, est divisée depuis 2012 entre des quartiers Ouest récupérés par l’armée syrienne et des quartiers Est sous contrôle des groupes armés. Pour le gouvernement syrien reprendre Alep, c’est trouver une nouvelle stature dans le cadre de futurs négociations. Cette position de force pourrait renforcer Damas face à une opposition très plurielle et dont une partie est entre les mains de l’Arabie saoudite Par Moumene Belghoul armée syrienne tente de récupérer la ville d’Alep et sa province, tombée entre les mains des groupes armés depuis quatre ans. La ville d’Alep, dans le nord de la Syrie constitue une zone clé dans la bataille en cours en Syrie. Des civiles pris en otage par les groupes armés payent le prix d’une situation désastreuse voulue par les grandes puissances. L’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura réitère ses préoccupations face à la situation dans cette ville où les bombardements ont fait des centaines de morts et des centaines de blessés. Alep, deuxième ville de Syrie, est divisée depuis 2012 entre des quartiers Ouest récupérés par l’armée syrienne et des quartiers Est sous contrôle des groupes armés. Les Occidentaux se sont soudain souvenus d’Alep en critiquant le fait que l’armée syrienne avance pour récupérer la ville et ses environs. Les dégâts humains et matériels induit par cette opération sont automatiquement imputés à l’armée syrienne alors que les groupes armés comme ceux d’Al-Nosra tentent de «résister» en prenant en otage la population civile. La pression des Occidentaux revient de plus belle au travers des médias. L’ONU exprime son inquiétude face au coup humain de cette bataille. La tragédie dans ce pays qui est entrée dans sa sixième année a fait plus de 270 000 morts et poussé la moitié de la population à quitter son foyer. Aujourd’hui la tension est souvent montée d’un cran dans certains médias généralement hostile au gouvernement syrien actuel et à ses alliés l’Iran, la Russie et une partie du champ politique libanais. Les médias occidentaux et ceux des pays du Golfe ressortent de nouveau la discutable rengaine du «dictateur qui massacre son peuple» et tentent de faire monter la pression en prenant à témoin une opinion internationale particulièrement désinformée. Pour le gouvernement syrien reprendre Alep, c’est trouver une nouvelle stature dans le cadre de futurs négociations. Cette position de force pourrait renforcer Damas face à une opposition très plurielle et dont une partie est entre les mains de l’Arabie saoudite. Alors que la question syrienne revient au devant de la scène médiatique occidentale, les responsables politiques occidentaux pour qui la population civiles dans cette contrée n’aura constitué qu’un élément pour faire pression Photo : DR L’ contre Damas exprime un certain agacement. Kerry a rencontré l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, qui a assuré prendre contacte avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, pour plaider un rétablissement du cessez-le-feu. De Mistura devrait se rendre à Moscou pour rencontrer le chef de la diplomatie russe, avec toujours le même sujet à l’ordre du jour : le rétablissement du cessez-le-feu, entré en vigueur le 27 février. Moscou et Washington initiateurs du processus de paix en Syrie, et De Mistura a indiqué que si les deux pays ne parviennent pas à s’entendre il n’est guère probable qu’il y ait des avancées. Cependant les deux puissances paraissent peu enclines à vouloir peser sur la situation. Guerre médiatique La Russie a fait état dimanche de pourparlers en cours pour parvenir à une suspension des combats actuels à Alep. Les Etats-Unis avaient auparavant appelé à l’arrêt des bombardements faisant uniquement référence à l’armée syrienne. Les Saoudiens y ont trouvé occasion de fustiger le régime syrien et continuer à mener une pression contre leur «ennemi» viscéral. Riyad a ainsi accusé les Russes et le Président syrien de «violer tous les accords conclus» pour soutenir le processus de paix toujours pendant à Genève. Le secrétaire d’Etat américain a, quant à lui, expliqué que Washington allait demander aux «rebelles modérés» de se distancer à Alep du Front Al-Nosra, le plus important groupe djihadiste en Syrie après Daech. De quoi croire que les Américains ont le choix de tirer sur le fil qu’ils désirent parmi ceux en leurs possessions. La Russie et le gouvernement syrien ont beau expliquer que c’est bien la présence d’Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda qui pose problème dans l’offensive de récupération de la ville rien n’y fait. Le renforcement de l’armée syrienne et du régime en place semble tou- jours constituer une obsession pour certaines capitales arabes qui appréhendent un lendemain avec le régime syrien indemne. Moscou avait annoncé que des «négociations actives» étaient en cours pour faire taire les armes dans la province d’Alep. Le Centre russe pour la réconciliation des parties belligérantes en Syrie, créé par l’armée russe pour superviser la trêve, souligne que ces négociations se poursuivent. Le 3 e round de négociations qui avait commencé le 13 avril s’est achevé le 27 avril à Genève. Les principaux représentants de l’opposition hétéroclite ont quitté la table des pourparlers affichant comme prétexte la dégradation de la situation humanitaire et la mise à mal de la trêve. De Mistura a demandé à Washington et Moscou à ce que le cessez-le-feu soit «revitalisé» espérant lancer un 4e round de pourparlers courant mai. Un round qui sera indéniablement marqué par les conséquences de la bataille d’Alep. M. B. 12 INTERNATIONALE Mardi 3 mai 2016 Mardi 3 mai 2016 13 LES LIMITES DE L’ENRÔLEMENT DES CHERCHEURS Des islamologues contre l’Organisation de l’Etat islamique Les attentats de janvier et novembre 2015 à Paris ont généré un vaste débat sur la place des chercheurs travaillant en France sur les questions liées à l’islam et au monde arabe. Ils ont amené en réaction les pouvoirs publics à souhaiter les voir jouer un rôle plus actif dans le dispositif de lutte contre le terrorisme. Des recrutements ont ainsi été annoncés et des projets ponctuels financés. Une telle approche de la recherche publique ne va pas sans poser problème La crise de la recherche sur les problématiques proche-orientales, nord-africaines et islamiques doit tout d’abord être appréhendée à l’aune des difficultés partagées par l’ensemble des chercheurs en sciences sociales. Pénuries criantes de postes, manque d’encadrement et de finance- ments, abus liés au «mandarinat», discriminations et sexisme sont des réalités que l’ensemble des sociologues, historiens, politistes et anthropologues subissent, quel que soit leur domaine de spécialité. Toutefois, il n’est pas faux de considérer qu’en termes de dotations, les études sur le Proche-Orient et l’Afrique du Nord sont mieux loties que celles consacrées à d’autres régions, comme l’Afrique subsaharienne. Les recrutements au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et à l’université de ces quatre dernières années rendent compte de cette réalité et d’une prime offerte Photo : DR Une crise des sciences sociales ? Photo : DR «L’ à des candidats qui travaillent sur des objets en lien avec l’actualité arabe et musulmane. Même si les temps sont difficiles sur le plan budgétaire, les centres de recherche français à l’étranger, tel l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo) basé à Beyrouth ou l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (IRMC) à Tunis favorisent les liens entre les chercheurs et le terrain et constituent des outils extrêmement précieux et uniques au monde. La fermeture, en janvier 2016, du Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le ProcheOrient (Gremmo), laboratoire rattaché à l’université Lyon 2 et la disparition en 2010 de la chaire «Monde arabe et musulman» portée de longue date par Gilles Kepel à l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris ont été parfois utilisés pour dénoncer une soi-disant faillite du modèle universitaire français et expliquer aussi un aveuglement coupable de nos gouvernants face à l’islamisme qui les aurait conduits à saboter des institutions fonctionnelles (5). C’est sans doute là excessif. La fermeture de ces deux filières de formation et de recherche a avant tout obéi à des considérations comptables et scientifiques, et non politiques. La recherche française sur le monde arabe contemporain continue de jouir d’une reconnaissance réelle à l’échelle internationale. Travaux de terrain et réflexions théoriques, par exemple sur la portée de l’islamisme, trouvent des débouchés éditoriaux dans de grandes revues ou chez de prestigieux éditeurs liés aux grandes universités anglo-saxonnes. Une critique émise dès 2014 dans le livre blanc des études françaises sur le Proche-Orient et les mondes musulmans pointait la faiblesse des recherches françaises sur l’islamologie, l’économie et l’histoire et une certaine relégation des études sur le Maghreb. Elle était pour une large part fondée. Elle résultait en même temps d’un léger biais introduit par les rédacteurs du rapport, eux-mêmes marqués par ces sous-disciplines particulières et par là portés à considérer leur spécialité comme sous-représentée. Ces rédacteurs étaient en outre parfois amenés à mépriser quelque peu la science politique et les recherches sur l’islamisme, très visibles dans l’espace médiatique et donc ramenés à une vulgaire expertise. Les limites de l’islamologie Voir le gouvernement en France, principal pourvoyeur de financements et de postes, établir des priorités et considérer qu’il est légitime d’orienter sa politique en fonction de ses intérêts n’est pas surprenant ni même nécessairement choquant. Dans le contexte post-attentats, le problème réside toutefois dans un diagnostic erroné et dans une logique utilitariste de court terme qui s’accorde mal avec la temporalité propre à la formation d’un chercheur. Créer un appel d’air aujourd’hui sur certaines problématiques liées au djihadisme dans le monde arabe et à ses répercussions en Europe revient à générer dans quelques années un trop plein. Par ailleurs, cela conduit à récompenser aujourd’hui ceux qui, il y a une décennie, ont eu du flair en orientant leurs travaux. Un tel procédé ne permet pas stricto sensu de valoriser les meilleurs et est donc fréquemment décrié par les jurys de recrutement (6). Au-delà de cet aspect technique lié au fonctionnement de l’université et des disciplines se posent d’autres problèmes, davantage politiques. Depuis novembre 2015, la principale réponse apportée par le gouvernement français a été concentrée sur un effort de recrutement, mené dans une grande précipitation. Le ministère de l’éducation a certes prétendu appuyer sa campagne de recrutement sur divers rapports remis en 2014 et 2015 sur les «disciplines rares», mais il est entendu que les attentats du 13 novembre ont été le principal déclencheur de cette dynamique. Moins de trois semaines après le 13 novembre 2015, un dotation. La direction du CNRS veille ensuite à valoriser les travaux existants à travers le réseau Alliance Athéna qui doit permettre de favoriser des synergies et des échanges entre les chercheurs et les décideurs. Une production abondante et souvent ignorée Le second volet du débat concernant le rôle des chercheurs travaillant sur le ProcheOrient, l’Afrique du Nord et l’islam impose de dresser un inventaire précis des travaux, en Europe, mais aussi ailleurs, sur les phénomènes de violence dite «islamiste». A cet égard, le panel est large, les travaux nombreux et évoquer des carences manifestes dans les analyses et objets abordés est parfois spécieux. Les manquements sont sans doute bien davantage à chercher du côté des politiques, incapables d’entendre ce que les chercheurs disent et écrivent depuis longtemps, arguments et études à l’appui. Les controverses et oppositions, portés notamment par François Burgat (7), Gilles Kepel et Olivier Roy ne sont que la partie émergée d’un iceberg qui n’intègre pas seulement des chercheurs français, il va sans dire. Néanmoins, le débat qui structure les échanges entre ces trois «collègues» ne peut être perçu uniquement comme une bataille d’égos. Il dessine en effet des options politiques, des explications, des méthodes de travail et des enjeux divergents qui constituent autant d’idéaux types et de paradigmes que chacun peut discuter et affiner. Ils pointent le doigt vers des responsabilités et des racines des phénomènes djihadistes foncièrement différentes. Pour le premier, les déséquilibres politiques internes et internationaux, passés et présents, expliquent la force et la capacité de mobilisation de l’islamisme. Sans correctif apporté à la politique occidentale, l’OEI continuera à recruter. Le deuxième pointe du doigt les évolutions internes aux communautés musulmanes et l’emprise idéologique du salafisme, porte d’entrée supposée vers le Photo : DR islamologie est un sport de combat» (1) titrait un récent article de l’historienne Leyla Dakhli consacré aux débats et aux querelles internes au champ (viril !) des spécialistes français de l’islamisme - qui, soit dit en passant, ne sont pas à proprement parler des islamologues (2), mais des politistes et des historiens. Dans le sillage des attentats de Paris, les critiques adressées par les responsables politiques et certains chercheurs à leurs collègues au sujet d’un manque supposé de clairvoyance, d’impasses analytiques sur les mouvements dits djihadistes ou de la persistance d’angles morts n’étaient pas toutes illégitimes ou dysfonctionnelles. En écho à ce débat, la fameuse phrase de Manuel Valls considérant qu’expliquer un phénomène social c’était déjà commencer à l’excuser était évidemment outrancière autant que stupide (3). Il importe d’appréhender le débat sur la place de la recherche face à la violence dite terroriste avec sérénité et hors des querelles de personnes qui ont jusqu’à présent occupé une place trop importante. Les passes d’armes entre collègues, comme celle entre Gilles Kepel et Olivier Roy, ont signalé l’âpreté d’enjeux qui ne sont manifestement pas uniquement scientifiques (4). Par-delà ces considérations et afin de ne pas faire fausse route, il convient de dresser un diagnostic clair sur l’état de la recherche d’une part et d’autre part, sur ce que disent réellement des racines du «djihadisme» les spécialistes des diverses disciplines concernées. appel a été transmis aux présidents d’universités qui devaient, dans l’urgence, établir des dossiers de candidatures. Vingt-sept d’entre eux y ont répondu. Dès mi-février 2016, six postes, axés sur «l’islamologie et la radicalisation», ont été affichés dans diverses universités de Paris et de province. Quatre autres devraient l’être prochainement pour des prises de fonction en 2016. La labellisation disciplinaire initiale de ces postes témoigne du diagnostic hautement problématique des tutelles administratives : ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche et présidences des universités. Sans préjuger du profil de celles et ceux qui seront recrutés et de la capacité des comités de sélection à tirer profit scientifiquement de ces opportunités, l’accent mis sur l’islamologie revient à faire reposer la violence dite terroriste sur l’islam et sur ses interprétations. Un tel biais nie en quelque sorte la dimension relationnelle de la violence, les effets de domination à l’échelle internationale ou liés au sort des minorités musulmanes en Europe. Une telle labellisation opère in fine une dépolitisation des enjeux et valide une déconnexion entre un produit fini, dit «radical» ou «terroriste», et les processus qui ont conduit à son émergence. Cette logique sous-tend qu’il reviendrait aux chercheurs de participer à la réforme de l’islam pour imposer une «juste» lecture des textes, sans jamais finalement se soucier de corriger les biais politiques et la domination occidentale qui sont pourtant au cœur des dynamiques de (contre-)violence. Face à ces annonces de recrutement scientifique se pose également la question de l’existence de compétences concrètes permettant de pourvoir ces postes hautement spécialisés. La faible attractivité des universités (avec des salaires inférieurs à 2 000 euros par mois en début de carrière pour des bac +10), le caractère ingrat de certaines tâches administratives couplé à un nombre finalement réduit de candidats potentiels n’assure en aucune manière que les meilleurs jeunes chercheurs seront recrutés et que, d’ici vingt ans, ils continueront à répondre à des demandes d’enseignement et à des enjeux sociaux pertinents. Plutôt que de courir après l’actualité, ne serait-il pas également judicieux de prendre les devants et d’encourager la formation dirigée vers les «marges» africaines ou asiatiques du monde musulman qui ont toutes les chances de supplanter le monde arabe dans l’actualité au cours des décennies à venir ? Certes, les recrutements de nouveaux collègues sont une impérieuse nécessité. Toutefois, ils ne peuvent avoir pour unique fonction de combler les attentes des gouvernants ni de répondre à des considérations de court terme. Ces dernières risqueraient au final de saper la légitimité de l’ensemble des chercheurs travaillant sur le monde arabe, accusés par leurs pairs d’être des «nantis» instrumentalisés par le pouvoir. Les enjeux scientifiques et disciplinaires doivent rester centraux dans les concours de recrutement. Face à cette stratégie problématique de recrutement visant en quelque sorte à placer des islamologues en première ligne face à l’organisation de l’Etat islamique (OEI), le CNRS s’est montré plus prudent. Sa direction a tout d’abord tenté de financer des initiatives de recherche ponctuelles suite à un appel auquel 268 chercheurs ont répondu. Cinquante-trois projets ont reçu une djihadisme. Le troisième trace un parallèle entre l’action directe d’extrême gauche des années 1970 et l’actuelle violence et se focalise sur la construction d’imaginaires et d’expériences individuelles de rupture. Les réflexions menées sur la «radicalisation» par Farhad Khosrokhavar, Francesco Ragazzi ou Scott Attran ; les recherches menées in situ sur les mouvements islamistes par Stéphane Lacroix, Muhammad Abu Ruman, Bernard Rougier, Monica Marks, Mohamed Mahmoud Ould Mohammedou ou Marie Vannetzel ; les travaux sur les sociétés du Levant par Tine Gade, Jean-Pierre Filiu, Loulouwa Al-Rachid ou Thomas Pierret ; sur les États et sociétés du Golfe par Laurence Louër, Pascal Ménoret, Claire Beaugrand ou Laure Assaf ; les enquêtes sur les mobilisations musulmanes en France par Mayanthi Fernando, Vincent Geisser ou Leyla Arslan complètent un panel immensément riche et aux implications politiques souvent claires. Avant de pointer du doigt des supposés manquements, il conviendrait sans doute de commencer par lire ce qui se produit et éventuellement d’en tirer les conséquences, qui Photo : DR Par Laurent Bonnefoy* sont bien davantage politiques qu’islamologiques. L. B. (1) La revue du crieur, n° 3, 2016. (2) L’islamologie, en tant que sous-discipline, s’intéresse à la religion musulmane, à son histoire, à ses textes théologiques et éventuellement à son droit. Les travaux sur l’islamisme incorporent des réflexions sur les relations internationales, la science politique, l’étude des partis et la sociologie des mobilisations et, de fait, ne se focalisent que marginalement sur les idéologies et les fondements religieux ou textuels. (3) Bernard Lahire, Pour la sociologie. Et pour en finir avec une prétendue «culture de l’excuse », La Découverte, 2016. (4) Cécile Daumas, «Olivier Roy et Gilles Kepel, querelle française sur le jihadisme », Libération, 14 avril 2016. (5) Dans un entretien à L’Humanité publié le 26 février 2016, Gilles Kepel affirmait : «Depuis le quinquennat de Nicolas Sarkozy, les études arabes ont été complètement détruites en France. A Sciences-Po, la filière dont je me suis occupé pendant vingt-cinq ans, laquelle formait des docteurs, des hauts fonctionnaires, des acteurs associatifs ou des journalistes, a été fermée en décembre 2010. Nous avons aujourd’hui un véritable déficit de compétences. Nous sommes également victimes, en France, d’énarques omniscients, estimant tout savoir alors qu’ils sont incultes. Quant aux politiciens, ils sont réduits à des astuces qui vont leur permettre de conclure des accords avec des organisations islamistes X ou Y supposées assurer la paix sociale.» (6) Note du conseil scientifique du CNRS, 25 mai 2015. (7) «Réponse à Olivier Roy : les non-dits de «l’islamisation de la radicalité», L’Obs, 1er décembre 2015. *Chargé de recherche au CNRS, affecté au CERI depuis janvier 2013, politologue et arabisant, spécialiste des mouvements salafistes et de la péninsule arabique contemporaine. Chercheur associé au Centre français d’archéologie et de sciences sociales de Sanaa (CEFAS), chercheur MAE à l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo) et responsable de son antenne palestinienne de 2010 à 2012. Docteur en science politique (mention relations internationales), diplômé de Sciences Po, ancien consultant pour l’International Crisis Group (2009). In orientxxi.info 15 INTERNATIONALE Mardi 3 mai 2016 LA MER DE CHINE, UN AUTRE DÉFI POUR LE DROIT INTERNATIONAL Respecter les règles en Asie Dans ce monde imparfait, la tolérance est considérable pour toutes sortes de comportements imparfaits. Mais l’hypocrisie vous rattrape toujours. Prêcher à d’autres les vertus d’un ordre fondé sur des règles et se faire prier pour appliquer certaines d’entre elles, c’est renvoyer une bien mauvaise image de soi-même Par Gareth Evans* Photo : DR L’ comme d’avoir outrepassé, en 2011, lors de l’intervention militaire en Libye (aux côtés du Royaume-Uni et de la France), le mandat accordé par le Conseil de sécurité des Nations unies, et Jessica Mathews considère que c’est une véritable «friche pour les engagements internationaux» qui résulte de l’attitude des Etats-Unis envers les traités contraignants, comme la Convention sur la biodiversité, le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), le Protocole sur la torture, ou la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (Cnudm/Unclos), en rapport plus direct avec la mer de Chine méridionale. C’est la Chine qui est d’abord visée dans le Livre blanc australien. Car, dans tous les cas, ce qui se passe en mer de Chine méridionale ne témoigne pas du respect d’un ordre mondial fondé sur des règles. Respecter ces règles impliquerait un certain nombre de changements dans le comportement des Chinois. Il faudrait tout d’abord que les revendications de souveraineté soient exprimées clairement, en arguant de l’usage ou de l’occupation prolongée de certaines îles habitables, que ce soit dans le groupe des Paracels ou des Spratleys ou même ailleurs. Dès lors que ces revendications heurtent celles d’autres États, ce qui est généralement le cas, la Chine doit accepter de s’en remettre à une décision ou à un arbitrage international, ce qu’elle a jusqu’à présent fermement refusé, sinon, et c’est le moins, se Photo : DR aventurisme chinois en mer de Chine méridionale est à l’origine d’une évolution de la politique étrangère australienne qui mérite l’attention de la communauté internationale. Faisant de la défense d’un «ordre mondial fondé sur des règles» une priorité stratégique essentielle, le nouveau Livre blanc de la défense australienne adopte un langage qu’on ne trouve guère, ailleurs, au cœur des chartes de défense nationale. C’est d’autant plus surprenant venant de la part d’un gouvernement conservateur habituellement enclin à suivre les Etats-Unis sur tous les chemins qu’ils empruntent. L’Australie voulait pouvoir défendre lisiblement sa contestation des revendications chinoises, sans qu’on puisse lui reprocher de prendre une fois de plus à son compte la position américaine. Pour un pays qui tente, à l’instar d’autres pays de la région, d’éviter les choix à somme nulle entre son partenaire stratégique, les Etats-Unis, et son partenaire économique, la Chine, les termes du Livre blanc sont opportunément choisis et méritent de trouver un écho. Ce qui fait l’intérêt, pour partie, d’un «ordre mondial fondé sur des règles», c’est qu’il oblige tous les acteurs impliqués. Les responsables politiques américains, à la différence de ceux de la plupart des autres pays, n’en trouvent pas le concept particulièrement attirant. Si, comme tout le monde, ils y sont rituellement attachés, la propension à se lier par des règles internationales ne fait pas partie de l’ADN des officiels américains. L’invasion de l’Irak en 2003 en demeure l’exemple type. Mais il y en a d’autres, résoudre à de véritables négociations, sur la base de concessions mutuelles. Deuxième point, la Chine devrait renoncer à sa «ligne en neuf traits», à l’intérieur de laquelle elle revendique non seulement sa souveraineté sur les terres émergées, mais dont elle considère aussi qu’elle délimite ses «eaux historiques» ou des «zones de pêche traditionnelles chinoises», concepts dont la définition pose problème. Etant données les intrusions constantes des navires de pêche chinois dans des eaux qui appartiennent jusqu’à présent de façon incontestée à la zone économique exclusive (ZEE) de 200 milles nautiques d’autres pays riverains, telle que celle-ci est définie par la Cnudm, ces revendications sont la cause de frictions réelles avec certains de ses voisins, comme l’Indonésie. La Cnudm – généralement acceptée comme fondement du droit coutumier international, même par des pays qui ne l’ont pas ratifiée, comme les Etats-Unis – offre le seul cadre satisfaisant pour la résolution de ces problèmes. Quand bien même la souveraineté de la Chine serait acceptée sur tous les îlots habitables qu’elle revendique, les 12 milles nautiques d’eaux territoriales et les 200 milles de ZEE associés à chacun d’entre eux seraient encore loin d’atteindre les 80% de la mer de Chine méridionale aujourd’hui compris dans la ligne en neuf traits. Troisième point, la Chine doit sérieusement restreindre ses initiatives concernant les récifs et les hauts-fonds, qui ne furent jamais habitables, qui font désormais l’objet de revendications territoriales et sur lesquels elle a construit des pistes d’atterrissage et d’autres installations susceptibles d’un usage militaire, autour desquels elle cherche à dénier aux autres pays l’accès de l’espace maritime et aérien. Le droit international tolère certaines de ces constructions – que les Philippines, le Viêt-Nam et la Malaisie pratiquent depuis des années, quoiqu’à une échelle bien moindre. Mais il n’accepte en aucun cas qu’on en fasse un usage militaire, ou qu’elles servent de prétexte à autre chose qu’une «zone de sécurité» de 500 mètres alentour, et certainement pas à la définition d’eaux territoriales, d’une ZEE ou d’une quelconque «zone d’identification de la défense aérienne». Quatrième point, la Chine doit tempérer sa position concernant l’interdiction à tout navire ou avion de franchir pour une mission de surveillance ou de renseignement non seulement la limite de ses eaux territoriales – ce sur quoi le droit international est clair –, mais de toute sa ZEE – ce sur quoi ses arguments sont beaucoup moins fondés. Le main- tien de cette position comporte un risque constant de provocations et d’incidents. Tant que la Chine refusera de respecter les règles internationales usuelles, les autres pays peuvent légitimement chercher à faire pression, y compris par les exercices aériens ou navals au nom de la «liberté de navigation», entrepris par les Etats-Unis, et que l’Australie ou d’autres devraient à leur tour imiter. La Chine ne cesse de répéter qu’elle n’a pas l’intention de perturber le trafic maritime ou aérien. On doit la croire car elle agirait sinon contre son intérêt. Mais son comportement met à rude épreuve la patience et la compréhension régionale et mondiale. L’autre intérêt d’un «ordre mondial fondé sur des règles», dès lors qu’il est revendiqué comme doctrine centrale de la politique australienne, c’est la discipline qu’il impose à l’Australie elle-même – et à tout Etat qui adopte ce langage. Si nous voulons être pris au sérieux, nos actes doivent être en accord avec nos paroles, et nous devons accepter nos responsabilités et nos devoirs internationaux – par exemple contribuer à faire cesser les atrocités commises loin de nos côtes –, en étant cohérents avec notre prétention à une bonne citoyenneté internationale, même si ces responsabilités et ces devoirs ne servent pas directement nos intérêts traditionnels économiques ou de défense. Dans le cas de l’Australie, cela signifie que nous devons reconsidérer certaines de nos tentatives visant à contester notre responsabilité devant la Cour internationale de justice et à éviter certains mécanismes de résolution des litiges au titre de la Cnudm. Dans ce monde imparfait, la tolérance est considérable pour toutes sortes de comportements imparfaits. Mais l’hypocrisie vous rattrape toujours. Prêcher à d’autres les vertus d’un ordre fondé sur des règles et se faire prier pour appliquer certaines d’entre elles, c’est renvoyer une bien mauvaise image de soi-même. G. E. (Traduction François Boisivon) *Chancelier de l’Université nationale australienne. Ancien ministre des Affaires étrangères de l’Australie (1988-1996) et ancien président de l’International Crisis Group (2000-2009). Il a co-présidé le Global center pour la responsabilité de protéger basé à New York et le Centre pour non-prolifération nucléaire et le désarmement basé à Canberra. In project-syndicate.org 16 M O N D E Mardi 3 mai 2016 SELON LE SECRÉTAIRE D’ETAT AMÉRICAIN JOHN KERRY La situation en Syrie devient «hors de contrôle» Staffan de Mistura doit se rendre à Moscou, aujourd’hui, pour rencontrer le chef de la diplomatie russe, avec toujours le même sujet à l’ordre du jour : le rétablissement du cessez-le-feu, entré en vigueur le 27 février, mais gravement compromis ces derniers jours Par Dave Clark et Karam al-Masri de l’AFP e secrétaire d’Etat américain John Kerry qui tente de sauver la trêve en Syrie a reconnu lundi à Genève que la situation devenait «hors de contrôle» même si les bombardements du régime ont baissé d’intensité sur la ville d’Alep. M. Kerry, qui a rencontré l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a annoncé qu’il allait appeler son homologue russe Sergueï Lavrov pour plaider un rétablissement du cessez-le-feu. «Le conflit devient à bien des égards hors de contrôle», a déclaré John Kerry. Staffan de Mistura doit pour sa part se rendre à Moscou, aujourd’hui, pour rencontrer le chef de la diplomatie russe, avec toujours le même sujet à l’ordre du jour : le rétablissement du cessezle-feu, entré en vigueur le 27 février mais gravement compromis ces derniers jours. Moscou et Washington sont les initiateurs du processus de paix en Syrie, et M. de Mistura a indiqué que si les deux pays ne parviennent pas à s’entendre il n’est guère probable qu’il y ait des avancées. Alliée du président syrien Bachar al-Assad, la Russie a fait état dimanche de pourparlers en cours pour parvenir à une suspension des combats à Alep. Les Etats-Unis avaient auparavant appelé à l’arrêt des bombardements du gouvernement sur la partie de la Photo : DR L ville du nord de la Syrie tenue par les rebelles. Après plusieurs raids et affrontements dans la nuit entre régime syrien et rebelles dans la deuxième ville de Syrie, aucun raid ou tir n’a été entendu depuis le matin dans le secteur rebelle, selon un correspondant de l’AFP. Des habitants se sont aventurés dans la rue, profitant du calme, et quelques échoppes ont ouvert leurs portes, mais la circulation restait faible. D’intenses raids aériens avaient eu lieu dans la nuit selon le journaliste de l’AFP. Aucune indication n’a pu être obtenue dans l’immédiat sur d’éventuelles victimes. Plus de 250 civils dont une cinquantaine d’enfants ont péri depuis la reprise le 22 avril des violences à Alep, la majorité dans des raids menés par l’aviation du régime, en violation de la trêve. «Ce qui se passe à Alep est une honte. C’est une violation du droit humanitaire. C’est un crime», a affirmé lundi le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir, avant sa rencontre à Genève avec John Kerry. Il a également accusé les Russes et le président Bachar al-Assad de violer «tous les accords conclus» pour soutenir le processus de paix. Le secrétaire d’Etat américain a, quant à lui, expliqué que Washington allait demander aux rebelles modérés de se distancer à Alep du Front Al-Nosra, le plus important groupe jihadiste en Syrie après l’Etat islamique (EI). La Russie et le gouvernement de Bachar al-Assad ont justifié l’offensive sur Alep par la présence d’Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda, qui n’est pas englobé par l’accord de trêve du 27 février. Moscou avait annoncé dimanche que des «négociations actives» étaient en cours pour faire terme les armes dans la province d’Alep. Le Centre russe pour la réconciliation des parties belligérantes en Syrie, créé par l’armée russe pour superviser la trêve, a indiqué lundi que ces négociations se poursuivaient. A Paris, le ministère des Affaires étrangères a souhaité l’organisation rapide d’une réunion ministérielle du groupe international de soutien à la Syrie pour «restaurer la trêve», et a appelé les alliés russe et iranien de Damas à faire pression sur le régime syrien. «La France condamne avec force les attaques du régime qui ont causé de nombreuses victimes» et «appelle les soutiens du régime à prendre leurs responsabilités et à user de leur influence sur Damas pour faire taire les armes», a déclaré le porteparole du Quai d’Orsay Romain Nadal. Le 3e round de négociations qui avait commencé le 13 avril s’est achevé le 27 avril à Genève. Les principaux représentants de l’opposition ont quitté la table des négociations pour protester contre la dégradation de la situation humanitaire et les violations de la trêve. M. de Mistura a demandé à ce que le cessez-le-feu soit «revitalisé», avec l’aide de Washington et Moscou, et espère lancer un 4e round de pourparlers courant mai. La guerre en Syrie a fait plus de 270 000 morts depuis 2011, selon l’OSDH. Face à la tragédie à Alep, le hashtag «îAleppoIsburning» a été relayé massivement sur les réseaux sociaux, appelant à des manifestations de solidarité dans plusieurs pays du 30 avril au 7 mai. AFP L’OPPOSITION VÉNÉZUÉLIENNE EST À L’ŒUVRE Semaine cruciale pour le projet de référendum anti-Maduro L’OPPOSITION au Venezuela a entamé, hier, une semaine décisive, espérant faire valider par les autorités les 2,5 millions de signatures recueillies en faveur d’un référendum contre le président socialiste Nicolas Maduro, cible d’une exaspération populaire croissante. La coalition de la Table pour l’unité démocratique (MUD), majoritaire au Parlement, remettra lundi ou mardi au Conseil national électoral (CNE) les signatures. Celles-ci ont été obtenues en à peine deux jours la semaine dernière, les habitants s’étant déplacés en masse aux différents points de collecte installés dans le pays. Un tel succès en quelques heures «est probablement un record mondial», s’est félicité dimanche l’un des chefs de l’opposition, Henrique Capriles, dans une intervention filmée et diffusée via Twitter. «C’est en outre une démonstration de poids que nous les Vénézuéliens choisissons la voie constitutionnelle, démocratique, pacifique, nous voulons décider avec notre voix, notre vote, l’avenir de notre pays», a ajouté le candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2013. Le CNE, réputé proche du gouvernement, vérifiera si le minimum de voix requis (195 721, 1% de l’électorat) a été atteint, appellera les signataires à confirmer en personne leur choix, avant de procéder à une ultime vérification. L’ensemble du processus pourrait prendre un mois, voire plus si le CNE tente de le retarder, puis l’opposition devra franchir une deuxième étape en réunissant quatre millions de voix en trois jours pour convoquer le référendum, qu’elle espère organiser dès fin novembre. Le référendum révocatoire n’a été utilisé qu’une seule fois dans l’histoire du pays, contre l’ex-président Hugo Chavez (1999-2013) en 2004 : il s’était soldé par un échec. Cette fois, il pourrait bénéficier du climat de grogne sociale croissante, illustrée par les émeutes et pillages de ces derniers jours à Maracaibo (nord-ouest), deuxième ville du pays. Près de 68% des Vénézuéliens, excédés par les pénuries et une inflation à trois chiffres, souhaitent un départ du président le plus vite possible et une nouvelle élection, selon un sondage de Venebarometro publié jeudi. Mais l’héritier politique d’Hugo Chavez garde un pouvoir important, contrôlant le gouvernement et la plupart des institutions. Il a exhorté ses partisans à entrer en «rébellion» en cas de succès du référendum, mais de manière «pacifique», se définissant comme «l’être humain le plus attaqué au Venezuela». Alors qu’une crise économique et énergétique frappe de plein fouet le pays sud-américain, ses 30,7 millions d’habitants ont vu ces dernières semaines leur quotidien chamboulé, devant se plier à une batterie de mesures, parfois spectaculaires, imposées par l’exécutif. Le 25 avril, des coupures de courant d’au moins quatre heures par jour sont entrées en vigueur dans une grande partie du territoire. Le 26, le président Maduro a décrété que les fonctionnaires ne travailleraient plus que les lundi et mardi. Le 1er mai, enfin, le pays a avancé ses aiguilles de 30 minutes, passant au fuseau horaire -4h GMT pour profiter plus longtemps de la lumière du jour. L’objectif de ces mesures ? Economiser l’électricité, qui fait cruellement défaut alors que le phénomène climatique El Nino a engendré la pire sécheresse en 40 ans selon le gouvernement. Le Venezuela n’a plus les ressources nécessaires pour importer de l’énergie : son économie, fondée presque uniquement sur ses abondantes ressources pétrolières, s’est effondrée quand les cours du brut ont chuté. Les coupures sont «un sacrifice nécessaire», a plaidé dimanche le président Maduro lors de la traditionnelle manifestation du 1er mai, tentant de redorer un peu sa popularité en augmentant de 30% le salaire minimum. Mais la situation économique du pays «n’est pas tenable à moyen terme», a prévenu récemment Alejandro Werner, chef du département Amérique latine du Front monétaire international (FMI). «Clairement, il s’agit d’une situation où les effets sur la qualité de vie, sur la santé de la population commencent à être très importants», a-t-il souligné. Après une inflation de 180,9% en 2015, la plus élevée du monde, le FMI table sur 700% cette année, tandis que le PIB devrait chuter de 8% selon la Banque centrale. AFP UN ATTENTAT à la voiture piégée a visé, hier, des fidèles chiites à Bagdad, faisant au moins 14 morts et 41 blessés dont des femmes et des enfants, selon des responsables irakiens. Un responsable de la sécurité a affirmé qu’un kamikaze avait fait détoner sa voiture bourrée d’explosifs au milieu de la procession de fidèles dans le sud de Baghdad, mais d’autres responsables ont fait état de l’explosion d’une voiture piégée sans parler d’attentat suicide. Au moins 14 personnes ont péri et 41 ont été blessées, selon un dernier bilan fourni par des sources de sécurité et médicales qui ont fait état de plusieurs femmes et enfants parmi les victimes. L’attentat n’a pas été revendiqué dans l’immédiat mais ce genre d’attaque est habituellement mené par le groupe jihadiste sunnite Etat islamique (EI) qui considère la communauté musulmane chiite comme hérétique. L’EI a perpétré une attaque similaire contre des pèlerins chiites samedi à la périphérie de Bagdad tuant au moins 23 personnes. La plupart des principales artères de la capitale irakienne sont fermées avant les célébrations commémorant l’anniversaire de la mort de l’imam Moussa Kazem, une importante date dans le calendrier chiite. Septième des 12 imams vénérés par l’islam chiite, l’imam Moussa est mort en 799. Le pèlerinage paralyse la ville pendant plusieurs jours en raison de l’importante foule qu’il attire. La principale commémoration au mausolée de l’imam Kazem dans le quartier de Kazimiyah dans le nord de Baghdad est prévue aujourd’hui. Nouvel attentat antichiite à Baghdad, au moins 14 morts C U L T U R E Mardi 3 mai 2016 17 CONCERT DE L’OSN ET LA SOPRANO AMÉRICAINE FE AVOUGLAN AU TNA Soirée Gershwin, Bernstein et Gospel à Alger Lors de cette soirée exceptionnelle, s’est dévoilée l’âme de l’Amérique profonde dans toute la beauté de sa spiritualité Par à différents concours de chant d’opéra et a obtenu en 2013 le 1er prix au Summerfest Europe, à Verviers en Belgique. Elle se produit dans plusieurs festivals en France et aux Etats-Unis notamment et est distribuée à Pittsburgh en Pennsylvanie dans A New Kind of Fallout, un nouvel opéra dont les musiques sont de Gilda Lyons. Lors de cette soirée exceptionnelle, s’est dévoilée l’âme de l’Amérique profonde dans toute la beauté de sa spiritualité, enchaînant dans le genre Gospel les pièces Ain’t Gonna Let Nobody Turn Me Around, Amazing Grace, Evry Time I Feel The Spirit et l’incontournable morceau du genre, la chanson culte Freedom. Après les spirituels, place à des partitions plus enjouées et plus rythmées qui ont marqué plusieurs générations d’amateurs de musique de film à l’instar de Hoe-Down (From Rodéo) incarnant les airs festifs des Cow Boys et également, West side story, Symphonic Dances et América de Léonard Bernstein. Sihem Bounabi e Théâtre national Mahieddine-Bachetarzi (TNA) a accueilli, samedi dernier, un concert exceptionnel de l’Orchestre symphonique national (OSN), dirigé par le maestro Amine Kouider, accompagnée par la soprano américaine Fe Avouglan pour une soirée musicale inédite sous le thème «Une américaine à Alger», en concordance avec la célébration de la journée internationale du Jazz, célébré chaque année le 30 avril. A cette occasion, les plus grandes œuvres classiques de la musique américaine du siècle dernier, étaient à honneur sublimée par les talentueux musiciens de l’OSN et la voix cristalline et jazzy de la soprano américaine. Le concert a débuté avec l’interprétation des partitions de Crazy Girl et Porgy and Bess de George Gershwin, donnant le La au programme musicale de la soirée qui durant plus d’une heure a agréablement surpris les présents découvrant le large éventail des prouesses des musiciens de l’OSN sous la baquette d’Amine Kouider, où la musique symphonique était revigorée par la souplesse et les rythmes emplis de liberté enchanteresse du Jazz. La Soprane Fe Avouglan a également envouté le public par la large tessiture de sa voix, Photo : DR L s’amplifiant dans l’envolée lyrique poignante dans des pièces aussi puissante que Summertime et My Man Is Gone Now, du grand compositeur George. Accompa- gnée par plusieurs grands orchestres aux Etats- Unis et en Europe, Fe Avouglan a participé La soirée a été clôturée, par un hommage à un chant spirituel du patrimoine algérien, en l’occurrence, «Ya Rassoul Allah, enta El Habib», et le mythique Oh ! Susanna , qui mêle harmonieusement chant, danse, musique et comédie de Stephen Foster, repris en version berouali, créent ainsi une passerelle entre la musique S. B. algérienne et américaine. COMMÉMORATION DU 8 MAI 1945 AU THÉÂTRE RÉGIONAL KATEB-YACINE Par Rédaction Culturelle UN EMOUVANT hommage sera rendu, le 8 mai prochain, par le théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi Ouzou (TRT) à l’actrice Chafia Boudraâ dans le cadre des festivités commémoratives des évènements du 8 mai 1945 prévues dans la wilaya de Tizi Ouzou. A propos de cet hommage, organisé, sous l’égide de la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou, le directeur du tri a déclaré à l’APS que «nous rendrons cette fois-ci hommage à Chafia Bouraâ, l’une des grandes icônes du cinéma algérien connue particulièrement pour son rôle dans le feuilleton L’incendie de Mustapha Badie, extrait de l’œuvre de Mohammed Dib, qui retrace une période de l’histoire d’Algérie sous le règne du colonialisme. C’est pour cette raison que nous avons tenu à l’honorer dans la journée du 8 mai». Il a rappelé que cette actrice est veuve d’un Chahid qui a combattu au sein du FLN durant la guerre de libération nationale et tombée au champs d’honneur à l’âge de 41 ans, d’où également le choix de cette date symbole de long combat pour le recouvrement de l’indépendance du pays. De son vrai nom Atika Latrèche, Chafia Boudraâ est née le 22 avril 1930 à Constantine. En 1964 elle a quitté sa ville natale pour s’installer à Alger et exercer différents métiers pour subvenir aux besoins de ses cinq enfants. Elle s’est rapprochée ensuite de l’entreprise de la Radio et télévision algériennes (RTA) pour commencer à travailler au cachet dans des productions audio-visuelles. Chafia Boudraâ était révélée au grand public grâce à son rôle dans le feuilleton El Hariq réalisé par Mustapha Badie en 1976. Deux ans auparavant, elle avait joué dans le film L’évasion d’Hassan Terro de même réalisateur, avant d’interpréter d’autres rôles dans d’autres productions cinématographiques telles que Leila et les autres de Sid Ali Masif, Une femme pour mon fils d’Ali Ghalem, Le thé à la menthe d’Abdelkrim Bahloul et Hors-la-loi de Rachid Bouchouareb. Au théâtre, elle a joué dans une pièce montée par le Théâtre national algérien (TNA) intitulée La Mégère apprivoisée, puis une deuxième expérience dans Cercle de craie. Pendant ses 45 ans de carrière, l’actrice s’est imposée grâce à son talent et son dévouement et a brillé par ses rôles dans une trentaine de films réalisés entre l’Algérie, la Tunisie, la France et les Etats-Unis d’Amérique.Précédemment, le théâtre régional Kateb-Yacine a rendu hommage à d’autres figures de la scène artistique algérienne à l’image de Fatiha Berber, Krikèche, Hamid Ben Tayeb, Mohammed ben Guettaf, Kaci Tizi Ouzou, Rouiched, Salima Labidi et Djamila. Le directeur du TRT a affirmé que «dans le cadre de la préparation de cet hommage nous avons rendu visite à Chafia Boudraâ qui a manifesté une grande joie et satisfaction et nous a rassuré de sa présence le 8 mai prochain à Tizi Ouzou», précisant que beaucoup de cinéastes et acteurs algériens seront également présents à ce rendez-vous. Mohammed Ben Zirari, Amel Himer, Mohammed Adjaïmi et Meziane Yala apporteront leurs témoignages sur le long et riche parcours de cette dame qui a su subjuguer le public par son professionnalisme. R. C. Photo : DR Hommage à Chafia Boudraâ, icône du feuilleton l’Incendie 18 S P O R T S Mardi 3 mai 2016 EQUITATION CONCOURS NATIONAL DE SAUT D’OBSTACLES Accueil chaleureux aux MC Saida et «Hawaa Saïda» détentrices de la Coupe d’Algérie Le cavalier Mesrati remporte le Grand prix d’Oran Cette compétition équestre de trois jours, organisée par le club hippique «Etrier Oranais» en collaboration avec la Fédération équestre algérienne dans le cadre des festivités du 1er mai, Journée mondiale des travailleurs Par Algérie presse service e cavalier du club équestre de Bordj El Bahri Mesrati Brahim montant «Vasco», a remporté le Grand prix de la ville d’Oran comptant pour le concours de saut d’obstacles, clôturé samedi soir au centre équestre «Antar Ibn Chedad» d’Es-Sénia (Oran). Mesrati a dominé cette épreuve réservée aux chevaux 6 ans et plus aux cavaliers et cavalières seniors titulaires de 2e degré, en accomplissant un parcours sans fautes devant le cavalier Chlef Bouabdellah sociétaire du CHM Blida montant «United» et Boughrab Ali du CHM Blida enfourchant «Batadin» qui a complété le podium. Le prix cadets mémorial «Belkacem Ghazi», ancien président de l’association «Etrier Oranais» a été remporté par la jeune cavalière Insaf Metougui montant «Ikram» du club «Etrier Oranais» devant le cavalier Rezni Nawfel de Sidi BelAbbès montant «Djadid» et Abdelwahab Bentan du même Photo : DR L club de Sidi Bel-Abbes sur «Asad». Chez les juniors du prix du 65 e anniversaire de l’association équestre «Etrier oranais», le cavalier Mahi Amine du Club Haras «Hocine El Mansour» de Mostaganem et son étalon «Etang» s’est illustré de fort belle manière en décrochant la première place devant Saada Halim du club équestre de Bordj El Bahri montant «Artiste» et Malik Azouaou montant «Vent des Forêts» du club équestre de Bordj El Bahri Alger. Cette compétition équestre de trois jours, organisée par le club hippique «Etrier Oranais» en collaboration avec la Fédération équestre algérienne dans le cadre des festivités du 1er mai, journée mondiale des travailleurs, a enregistré la participation de 140 chevaux et 180 cavaliers et cavaliers, cadets, juniors et seniors de 23 clubs équestres de différentes wilayas du pays. Douze épreuves se sont déroulées lors de cette manifestation équestre, la plus en vue, le Grand prix de la ville d’Oran, offrant un beau spectacle aux mordus du cheval, jugé d’un niveau technique «appréciable», selon les spécialistes présents. APS TENNIS/CHAMPIONNAT NATIONAL 2016 DES JEUNES CATÉGORIES Large domination du GS Pétroliers LE GS PÉTROLIERS a dominé le championnat national 2016 des jeunes catégories de tennis, clôturé dimanche à Sidi-Fredj (Alger) en étant présent sur pratiquement tous les podiums, en simple et double, aussi bien chez les garçons que chez les filles. Chez les 15-16 ans (filles), c’est Lynda Benkaddour (GSP) qui a pris la première place du tableau simple, suite à sa victoire par deux sets à zéro en finale (6-4, 6-2) contre Nesrine Troubia, sociétaire du COST 2000. En double, Benkaddour et Troubia sont imposées (6-0, 6-0) contre le tandem composé de Selma Oussalah (MBB) et Nada Laraba (TCP). Chez les garçons, toujours dans la catégorie des 15-16 ans, c’est Hani Kedjour (GSP) qui a pris la 2e place dans le tableau simple après sa défaite en finale contre Youcef Rihane, sociétaire de Hydra AC, sur le score de deux sets à zéro (6-0, 6-2). En double, le GSP n’a réussi à placer aucun de ses représentants en finale, puisque celle-ci a opposé la paire composée de Khalil Radja (CTM) et Racim Rahim (COST2000) au tandem Ryad Anseur (CRBBK) et Anis Ali-Moussa (CRBBK) et la victoire est revenue aux deux premiers cités (6-0, 6-4). Le GSP a été tout aussi dominateur dans la catégorie des 17-18 ans, en plaçant là encore un grand nombre de joueurs sur le podium, en simple et double, aussi bien chez les garçons que chez les filles. En simple (garçons), la victoire est revenue à Toufik Sahtali (GSP) ayant battu en finale Fazil Habbouche (Hydra AC) sur le score de deux sets à zéro (6-1, 6-2). En double, Sahtali et Habbouche l’ont emporté en finale (6-0, 6-4) contre le tandem composé d’Anis Mokhbi (HAC) et Hamdane Sayah (TCP). Chez les filles, c’est également une pétrolière qui s’est imposée en finale du simple, à savoir Sihem Sahli, suite à sa victoire par deux sets à un (1-6, 6-2, 6-3) contre Inès AliMoussa, sociétaire du CRBBK. En double, Sihem Sahli (GSP) et Inès Ali-Moussa se sont imposées (6-0, 6-1), contre le tandem composé de Sabrina Oussalah (MBB) et Inès Benseka (CATS). Le championnat national des catégories inférieures (9-14 ans) s’est déroulé à Tlemcen et à Boufarik. APS Demi-finales de Coupe d’Algérie de boxe : les pugilistes de l’équipe nationale militaire se distinguent LES PUGILISTES de l’équipe nationale de boxe se sont distingués, dimanche en fin d’après-midi, aux demi-finales de la Coupe d’Algérie de boxe qui se tient depuis jeudi à la salle Baaziz de Blida. La sélection militaire a assuré la quasi-totalité de ses représentants aux finales de cette compétition qui se tiendront demain lundi, grâce notamment à Soltani Mohamed (49 kg), Aggar Cherif (75 kg) et Bougherara Mabrouk (91kg) qui ont assuré leur qualification aux finales. Les autres combats se sont soldés par la qualification des boxeurs fettih Nabil (71 kg) de Médéa, Bekki Nacer (49 kg) de Blida, Mourad Abdelhadi (65 kg) d’Oran, kennouche (56 kg) d’Alger, Bensaid Nacerredine (64 kg) de Boumerdes, Chaouche Fayçal (64 kg) de la Protection civile et Goumeziane Rafik (75 kg) de Béjaia. La présence d’un public nombreux à la salle Baaziz a eu un impact positif sur le niveau de la compétition, a estimé le directeur technique nationale Mourad Meziane, pour qui ces finales de la Coupe d’Algérie constituent une opportunité aux pugilistes d’améliorer davantage leurs qualités techniques. «Les combats de la finale seront d’un niveau encore meilleur, au vu de l’évolution constatée depuis le début de la compétition», a-t-il affirmé à l’APS, souhaitant que le public soit encore plus nombreux à la dernière journée de la compétition. APS Les équipes de hand-ball du MC Saïda (seniors garçons) et «Hawaa Saïda» (cadettes), détentrices de la Coupe d’Algérie 2016 dans leurs catégories, ont fait l’objet d’un accueil des plus chaleureux, dimanche soir, au chef-lieu de wilaya. Les vainqueurs de cette fameuse coupe tant convoitée, ont été accueillis au niveau de la place de l’Emir Abdelkader, au centre ville, par les autorités locales, à leur tête le Wali, Djelloul Boukarabila, et une foule nombreuse, venue féliciter les champions de la ville. L’entraîneur du MC Saïda seniors, évoluant au super-championnat national de handball, Abdelkrim Dahmani, a souligné que la victoire a été l’objectif tracé depuis le début de la saison, en dépit des difficultés financières rencontrées et des problèmes confrontés le long de la saison sportive. Le coach s’est dit «très fier» de ses poulains qui ont permis à leur équipe de décrocher, pour la première fois dans son histoire, cette haute distinction. Pour sa part, le directeur technique de l’équipe cadette de «Hawaa Saïda», Rahal Ahmed a exprimé sa grande joie après cette consécration, fruit de grands efforts déployés par les joueuses, encouragées tout le long de leur parcours par un public fidèle en or. Pour lui, la wilaya de Saïda a démontré qu’elle est devenue un pôle d’excellence de handball. Le MC Saïda a remporté la Coupe d’Algérie, samedi dernier, à la salle Harcha- Hassan (Alger), face au Chabab Baraki sur un score de 22 à 21, après prolongations. Les joueuses cadettes de «Hawaa Saïda» (moins de 20 ans) ont pris le meilleur sur Chabibat Ouazelagan par un score de 30 à 24. Judo/Grand Chelem de Baku : six Algériens engagés Six judokas algériens (4 messieurs et 2 dames) seront engagés dans le tournoi international «Grand Chelem de Baku», prévu du 6 au 8 mai courant en Azerbaïdjan, a appris l’APS hier auprès de la Direction technique nationale (DTN). Il s’agit de Houd Zourdani (-66 kg), Abderrahmane Benamadi (-90 kg), Lyès Bouyacoub (-100 kg) et Mohamed Amine Tayeb (+100 kg) chez les messieurs, ainsi que Sonia Asselah (+78 kg) et Ratiba Tariket (-57 kg) chez les dames. Soit les six meilleurs judokas algériens du moment, puisque les cinq premiers cités sont qualifiés pour les olympiades de Rio (5-21 août), alors que Ratiba Tariket est médaillée d’or aux derniers championnats d’Afrique, disputés en Tunisie. Un total de 519 judokas (329 messieurs et 190 dames), de 82 pays, participent à ce tournoi international dans la capitale azérie, Baku. 19 S P O R T S Mardi 3 mai 2016 BAYERN MUNICH – ATHLETICO MADRID Ligue 1 française : l’Algérien Boudebouz dans l’équipe de la 36e journée Les Bavarois à l’assaut d’une citadelle quasi-imprenable Photo : DR Les Allemands du Bayern restent favoris compte tenu de leur capacité de transcendance. Si le Bayern passe cette demi-finale, le trophée ne saurait lui échapper Par A. Lemili ncore heureux que Guardiola quitte le Bayern Munich en fin de saison pour rejoindre Manchester City. En effet, le magicien du ballon, celui à qui tout réussit ne semble plus avoir la cote auprès des médias allemands notamment ceux proches du club bavarois. La défaite contre l’Athletico Madrid lors de la première manche des demi-finales de Ligue des champions en est certes la raison mais ce qui est encore beaucoup plus reproché à l’Espagnol c’est la nature de l’équipe alignée face aux Colchoneros. L’absence de Franck Ribéry et Thomas Muller, habituellement incontournables, a fait sortir de leurs gonds les journalistes de la presse nationale allemande. Les deux pourtant n’étaient pas au mieux de leur forme et revenaient de blessure plutôt sérieuse s’agissant notamment du Français Pep Guardiola démarre la rencontre décisive d’aujourd’hui avec un but de retard que les spécialistes qui ont pour habitude de décortiquer le jeu de la formation de Diego Simeone affirment impossible sinon vraiment difficile à remonter en raison de l’imperméabilité du compartiment défensif madrilène et surtout d’une rugosité à la limite de l’agressivité des éléments qui la compose. Les mauvais choix E tactiques faits au match aller, Guardiola a dû en répondre devant des dizaines de journalistes lors d’une conférence de presse tenue la semaine en cours à l’issue d’un match de championnat «vous m’avez tué» n’a-t-il cessé de répondre à la batterie de questions des représentants des médias. Le coach du club bavarois considérant que tant que le match retour n’était pas bouclé, il s’agissait pour lui tout simplement d’un procès d’intention. Effectivement au lendemain du (1-0) encaissé à hauteur de la capitale espagnole, les journaux et magazines spécialisés parmi les plus influents sur le plan national ont littéralement sorti la grosse Bertha à travers des titres du genre «mauvaise composition de Pep» (Bild) «choix risqué et faux» (Kicker) et plus féroce «un but contre son camp» (Die Welt). A l’unanimité, les spécialistes estimant que Ribéry et Muller auraient donné une toute autre configuration à la rencontre. Ce que n’est pas faux. Quoiqu’il en soit, il n’est plus ques- tion de refaire le match mais surtout d’aborder celui d’aujourd’hui et trouver les astuces techniques qui permettraient de venir à bout d’un adversaire qui étonne d’année en année depuis celle 2014 où il est parvenu en finale de Ligue des champions et perdu face à l’autre équipe de la capitale en l’occurrence le Réal. A titre indicatif, le coach argentin des Colchoneros a fait de la défense de la formation qu’il entraîne la meilleure d’Europe. Si tel est le cas, en l’absence encore une fois de Ribéry, il paraît pour le moins improbable que le Bayern Munich arrive à passer ce tour d’autant plus que c’est dans leur quasi-totalité que les joueurs allemands ne «sentent» pas cette demi-finale, Muller ne s’en est pas caché en déclarant : «Nous ne sommes pas bons ces derniers temps», le buteur maison (31 buts) n’essayant même pas d’avoir la mine des grands jours à la veille d’un match des plus importants. Un autre argument plus terre-à-terre ne plaide pas en faveur des Bavarois : les Espagnols terminent très forts leur championnat en se classant à un seul point du FC Barcelone et sont, jusqu’à preuve du contraire, encore mieux placés pour aller en finale de LCDE. Ce qui n’est pas le cas de leur adversaire qui termine la saison sur les genoux, les meilleurs de ses éléments connaissant un coup de mou comme par exemple Gotze, en disgrâce depuis quelques semaines, ou encore Lewandovski muet depuis un bon bout de temps. Toutefois, les Allemands du Bayern restent favoris compte tenu de la capacité de transcendance. Pour l’histoire, ne faudrait-il pas se souvenir de ce qu’avait dit un jour Garry Lineker en parlant du football mondial et de la propension de la manschafft à se sortir de toutes les situations «le football est un sport qui met deux équipes l’une face à l’autre et ce sont toujours les… Allemands qui gagnent». C’est dire. Si le Bayern passe cette demi-finale, le trophée ne saurait lui échapper. A. L. Ribéry : «Je dois jouer» contre l’Atlético FRANCK RIBÉRY estime qu’il «doit jouer» avec le Bayern Munich contre l’Atlético Madrid mardi, ayant récupéré de son problème dorsal, a-t-il déclaré à la veille de cette demifinale retour de Ligue des champions à l’Allianz Arena. «Je suis prêt pour le match. J’ai une énorme envie de jouer et je dois jouer», a dit l’ailier français, comme un message à l’entraîneur Pep Guardiola qui l’avait fait débuter sur le banc lors de la courte défaite du Bayern en match aller (1-0), mercredi dernier à Madrid. Le Boulonnais de 33 ans avait manqué samedi le match de championnat contre Mönchengladbach (1-1) car «il souffre du dos» avait expliqué le coach catalan. De retour après une année 2015 quasi-blanche, Ribéry a fait 18 apparitions cette saison dont les six derniers matchs de Ligue des champions. S’il compte 2 buts et 5 passes décisives en championnat, (Francky) ne compte pour l’heure qu’un carton jaune à ses statistiques européennes. Le meneur de jeu international algérien de Montpellier, Ryad Boudebouz, figure dans l’équipe-type de la semaine, dévoilée dimanche soir, à l’issue de la 36e journée de Ligue 1 française de football, ayant vu l’ancien sochalien délivrer trois passes décisives sur le terrain du Stade de Reims, contribuant ainsi à l’importante victoire de son équipe (3-2). Boudebouz était impliqué en effet dans la totalité des buts inscrits par Montpellier au cours de cette 36e journée, ce qui lui a valu une place de choix parmi les meilleurs joueurs du championnat de France cette semaine. Il s’agit de la 2e consécration de suite pour l’international algérien, ayant figuré dans l’équipe-type de la semaine précédente (ndlr, la 35 e journée), portant au passage son capital personnel à douze passes décisives depuis l’entame de la saison en cours. Une performance qui ramène le joueur de 26 ans à une petite longueur du suédois Zlatan Ibrahimovic (Paris SG), qui caracole en tête de ce classement des meilleurs passeurs du championnat de France, avec 13 unités. Grâce à sa dernière victoire chez le Stade Rémois, Montpellier a définitivement assuré son maintien en Ligue 1. Outre Boudebouz, l’équipe-type de la semaine comporte également le gardien de Saint-Etienne, Stéphane Ruffier, magistral contre Toulouse, ainsi que les défenseurs parisiens, Maxwell et Thiago Silva. A leurs côtés, le monégasque Fabinho et le Lyonnais Maxime Gonalons, alors que le milieu de terrain est composé de Javier Pastore (PSG) Bernardo Silva (Monaco) et le Lillois Morgan Amalfitano. La meilleure attaque de la semaine, quant à elle, elle est composée du bordelais Diego Rolan et du parisien Zlatan Ibrahimovic. Ligue 1 Mobilis/ 28 journée : MC Alger Hachoud et Kacem suspendus face au CS Constantine e Le défenseur et vice-capitaine du MC Alger Abderrahmane Hachoud ainsi que le milieu de terrain Kacem Mehdi, seront suspendus pour la réception du CS Constantine vendredi 13 mai au stade Omar-Hamadi (17h) dans le cadre de la 28 e journée du championnat de Ligue 1 Mobilis de football. Les deux joueurs ont reçu dimanche lors de la finale de la Coupe d’Algérie face au NA Hussein Dey (1-0), leur quatrième carton jaune, synonyme de suspension. Hachoud s’est distingué de fort belle manière lors de cette finale en offrant la victoire aux siens grâce à son but marqué à la 82e minute de jeu. Du coup, l’entraîneur du Doyen Lotfi Amrouche devrait remplacer Hachoud par Ayoub Azzi, alors que Antar Boucherit suppléera Kacem. A trois journées de la fin du championnat, le MCA pointe à la 12e place au classement avec 34 points, alors que le CSC occupe la 11e position en comptant 36 unités. M A G A Z I N E Mardi 3 mai 2016 21 3 771 PERSONNES, DONT DES FEMMES ET DES ENFANTS, ONT PÉRI EN MÉDITERRANÉE EN 2015 Une centaine de disparus au large de la Libye Par Olivier Baube avec Nina Larson de l’AFP à Genève ne centaine de migrants sont portés disparus depuis vendredi après deux naufrages au large de la Libye, nouveaux drames en Méditerranée où plus de 1 200 personnes ont déjà trouvé la mort depuis le début de l’année. Un bateau de fortune transportant 120 personnes a fait naufrage vendredi peu après avoir quitté les côtes libyennes, et au moins quinze personnes sont depuis portées disparues, a déclaré dimanche à l’AFP Carlotta Sami, porte-parole du Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) en Italie. Parmi ces dernières, quatre étaient originaires du Nigeria, trois de Guinée, deux de Côte d’Ivoire, deux du Soudan et une du Mali, a-t-elle précisé sur la base du récit des rescapés. Huit des passagers de l’embarcation ont été transportés samedi soir d’urgence à Pozzallo en Sicile (sud) pour y être hospitalisés. Le même jour, et dans des circonstances similaires, quelque 84 autres personnes ont disparu dans les eaux de la Méditerranée, selon un porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), Flavio Di Giacomo. Comme dans d’autres naufrages, ce sont Photo : DR U les rescapés, 26 au total, dont quatre femmes et cinq mineurs non accompagnés, âgés de 16 et 17 ans, qui ont fait connaître ce nouveau drame. Mme Sami a de son côté fait état de 27 rescapés, dont certains sont «dans un état sérieux». D’après leur récit, 110 personnes, toutes originaires d’Afrique de l’Ouest, avaient embarqué en Libye, à Sabrata, à bord d’un canot pneumatique. Ce canot «était en très mauvais état, il prenait l’eau et de nombreuses personnes sont tombées à l’eau et se sont noyées», a précisé M. Di Giacomo à l’AFP. «Dix sont très vite tombées et plusieurs autres ont suivi quelques minutes plus tard», a-t-il ajouté. «Deux heures après son départ, le canot prenait déjà l’eau», a quant à elle dit Mme Sami. Le drame a eu lieu à moins de quatre milles marins (7,4 km) des côtes, donc peu de temps après le départ, mais le canot à moitié dégonflé était déjà en train de couler. La mer agitée vendredi, avec des vagues d’environ deux mètres de haut, a vite eu raison de cette embarcation et a rendu difficiles les opérations de recherche de la part du cargo venu secourir ces migrants, ont expliqué les garde-côtes italiens, qui coordonnent toutes les opérations de sauvetage dans cette partie de la Méditerranée. Ce navire battant pavillon italien a été rapidement contraint de faire route vers le nord, hors des eaux territoriales libyennes, pour confier les rescapés à deux bateaux des garde-côtes italiens. Ces personnes ont ensuite gagné l’île de Lampedusa, entre la Libye et la Sicile, où l’OIM a pu recueillir leurs premiers témoignages à leur arrivée samedi. La très grande majorité des plus de 27 000 migrants ayant débarqué ces quatre derniers mois sur les côtes italiennes proviennent d’Afrique noire, Nigeria en tête, suivi de la Gambie et du Sénégal. 1.261 personnes ont trouvé la mort en Méditerranée, essentiellement en Grèce, depuis le début de l’année, selon un comptage fait jeudi avant ces deux naufrages par le HCR. Et d’autres périront encore si rien n’est fait, a averti dimanche dans un communiqué la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. «L’an dernier, des milliers de personnes sont mortes en tentant de traverser (la Méditerranée) si nous ne travaillons pas ensemble pour agir, les gens vont continuer à mourir», a souligné le patron de la Croix-Rouge italienne Francesco Rocca, cité dans ce communiqué. «La mort ne devrait pas être une conséquence inévitable pour qui lutte en vue de trouver une vie meilleure et plus sûre», a pour sa part jugé le directeur régional pour l’Europe de cette fédération, Simon Missiri. En 2015, 3 771 personnes, dont des centaines de femmes et d’enfants, ont péri en Méditerranée, a déploré le HCR. AFP APRÈS LES IMMENSES FEUX DE FORÊT L’AN PASSÉ L’Indonésie s’attaque aux nouvelles plantations d’huile de palme Par Kiki Siregar de l’AFP L’INDONESIE envisage d’interdire les nouvelles plantations d’huile de palme après les immenses feux de forêt l’an passé, imputés en partie à l’expansion de cette industrie, mais les producteurs redoutent des effets négatifs pour l’économie et des défenseurs de l’environnement sont sceptiques. Le président Joko Widodo a proposé en avril de mettre fin à l’octroi de nouveaux terrains pour les plantations d’huile de palme dans ce pays d’Asie du Sud-Est, premier producteur mondial de cette huile végétale utilisée dans de nombreux produits de consommation courante, allant des gâteaux aux shampoings en passant par le maquillage. «Les concessions existantes pour l’huile de palme sont suffisantes», avait déclaré M. Widodo, appelant les producteurs à utiliser de meilleures graines pour augmenter leurs rendements. Les plantations sur l’île de Sumatra et dans la partie indonésienne de l’île de Bornéo se sont multipliées ces dernières années, afin de répondre à la demande croissante d’huile de palme, permettant aux entreprises d’amasser d’énormes profits et à l’Etat d’engranger des recettes fiscales. Mais cette croissance exponentielle a entraîné la destruction de forêts tropicales abritant des espèces animales en voie de disparition, et elle a été mise en cause pour expliquer les incendies de forêts provoqués par la culture sur brûlis pour défricher des terrains pendant la saison sèche. Ces immenses feux de forêts, les pires depuis des années, ont été favorisés par la sécheresse accentuée par le courant chaud El Nino. D’importants dégagements de fumées toxiques dans le ciel de plusieurs pays d’Asie du Sud-Est ont entraîné des milliers d’infections respiratoires et l’annulation de centaines de vols. La proposition d’introduire un moratoire sur les nouvelles concessions vise à réduire la destruction de l’environnement provoquée par l’industrie de l’huile de palme et à mettre fin aux importants incendies de forêts qui se répètent chaque année. Mais l’Association indonésienne d’huile de palme a averti qu’une telle mesure pourrait menacer un pilier de la première économie d’Asie du Sud-Est, une industrie qui représente 24 millions d’emplois directs ou indirects. «L’huile de palme est un secteur stratégique qui a contribué en 2015 à hauteur de 19 milliards de dollars aux exportations», a déclaré Tofan Madjii, porte-parole de l’association qui représesente 650 entreprises. «Cela contribue à la croissance économique, en particulier dans des régions isolées», a-t-il souligné. Des défenseurs de l’environnement ont réagi, eux, avec scepticisme à la nouvelle proposition. Greanpeace estime ainsi que cette mesure ne sera efficace qu’à condition que le gouvernement introduise une réglementation stricte. Les détails du moratoire proposé sont toujours en discussion, et il n’a pas encore été décidé à quel moment cette mesure entrerait en vigueur, selon le ministère indonésien de l’Environnement. De plus, un travail de coordination au sein du gouvernement serait nécessaire pour que la mesure soit efficace, avertit un responsable local de Greenpeace, Kiki Taufik. «C’est sans doute l’un des points les plus difficiles. Car le manque de coordination entre les autorités est courant et entraîne souvent une mauvaise application des réglementations», dit-il. Un moratoire sur de nouveaux permis de déboisement de forêts primaires et l’exploitation de tourbières riches en carbone est en vigueur depuis 2011, mais des ONG de défense de l’environnement accusent certaines administrations locales de l’ignorer. Le gouvernement a aussi promis de punir plus de 50 sociétés mises en cause dans les feux de forêts l’an passé. Mais il a subi un revers en décembre dernier, quand un tribunal a rejeté une requête du ministère de l’Environnement qui réclamait 565 millions de dollars de dédommagements à une société de production d’huile de palme et de pâte à papier accusée d’avoir sciemment allumé des feux pour favoriser le renouvellement des cultures. Certains estiment par ailleurs qu’il sera difficile d’éviter les feux de forêts annuels compte tenu des gains à réaliser avec l’huile de palme. «La principale cause des feux de forêts, c’est la cupidité», estime le scientifique Herry Purnomo. «Tant que les gens seront à la recherche de profits rapides, les forêts continueront de brûler», dit-il. AFP www.latribunedz.com Mardi 3 mai 2016 MÉTÉO SELON LE MINISTRE DE L’HABITAT, ABDELMADJID TEBBOUNE Des marchés de gré à gré pour les sites AADL Centre Max. 23° Ensoleillé Min 10° Ouest Max. 28° Ensoleillé Min 14° Est Max. 19° Ensoleillé Min 04° Sud Max. 28° Ensoleillé Min 13° Par Algérie presse service e ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune, a fait savoir, hier, que le gouvernement examinait des marchés de gré à gré pour la réalisation de structures publiques dans les nouveaux quartiers Aadl. «Le ministère de l’Habitat a soumis au gouvernement des marchés gré à gré avec des sociétés chargées actuellement de projets de logements à réceptionner prochainement afin d’entamer dans l’immédiat la réalisation de structures publiques au niveau de ces mêmes sites», a déclaré à la presse le ministre qui inspectait des chantiers de logements à Sidi Abdallah et Ouled Fayet. «La priorité sera accordée a la réalisation de structures scolaires, notamment les établissements d’enseignement primaire», a-t-il dit. Les autorités publiques comptent distribuer courant juin prochain quelque 20 000 logements au niveau de la wilaya d’Alger, dont 8 000 unités de type location vente (2 500 à Aïn El Malha, 2 200 à Ouled Fayet, 1 800 à Sidi Abdallah, 1 000 à Bouinan et 500 à Reghaïa) outre les logements publics locatifs (LPL, au titre du programme de relogement) sociaux participatifs (LSP) ou promotionnels publics (LPP). L’Agence nationale d’amélioration et de développement du logement (Aadl) s’emploie également à accélérer la réalisation des voiries et L Source http://fr.weather.yahoo.com Horaires des prières Fadjr...........04.15 Echourouk ...05.52 Dohr...........12.45 Assar ..........16.32 Maghreb ....19.41 Icha ............21.09 Photo : Archives Les souscriptions à l’emprunt obligataire élargies aux compagnies d’assurances réseaux divers pour assurer la livraison des nouveaux quartiers dont la distribution est prévue fin juin. A ce propos, M. Tebboune a exprimé sa satisfaction quant à l’avancement des travaux sur les sites de Sidi Abdallah, Zaatria et Ouled Fayet se disant confiant pour ce qui est de la concrétisation, dans les délais arrêtés, des objectifs tracés. «Nous serons au rendez-vous et vous constaterez par vous mêmes le niveau d’avancement lors de notre prochaine visite le 29 mai», a assuré le ministre qui était accompagné par le wali d’Alger, Abdelkader Zoukh. Pour le ministre, la wilaya d’Alger enregistre une dynamique sans précédent en matière d’habitat. Aucune ville du pays n’a réceptionné 60 000 logements en une année, a-t-il argué. A une question concernant les constructions inachevées, M. Tebboune a affirmé que tous les locaux commerciaux ouverts dans ces constructions seront fermés. D’autres mesures allant jusqu’à la démolition seront mise en œuvres contre les propriétaires qui «défient la loi» a-t-il averti rappelant qu’une circulaire récente du Premier ministre fait interdiction aux notaires d’établir des actes de vente ou location des constructions inachevées ou des commerces s’y trouvant. Le ministre de l’Habitat a, par ailleurs, évoqué les efforts consentis par son département en coordination avec «le ministère des Transports pour desservir les nouveaux quartiers avec le concours de transporteurs publics et privés». APS Accord pour le financement des études de faisabilité de Gara Djebilet Suite de la page 1 En outre, la même agence injectera, par le biais du Fonds des mines, un montant d’un milliard de dinars dans le capital social de Feraal, créée en 2014 pour exploiter ce gisement à travers un partenariat entre Sonatrach, et les groupes publics Gica (cimenterie), Manadjim El Djazaïr (Manal) et Sider, selon les explications M. Bouchouareb. Le ministre a ajouté que le lancement des études de faisabilité économique intervient après la réussite d’une première étude technique (étude-laboratoire) qui a permis le traitement du minerai en parvenant à réduire le taux du phosphore dans le fer pour le porter de 0,8% à 0,03%. Ces résultats, a-t-il avancé, donnent la possibilité à l’Algérie soit d’exporter le fer à l’état brut soit de le transformer localement. L’étude de faisabilité devrait être finalisée dans 12 à 18 mois, avant d’entamer la phase d’exploitation de cet important gisement qui renferme un minerai avec une teneur appréciable en fer et dont les réserves avoisinent les 3 milliards de tonnes, selon le ministre. «Cette phase sera accompagnée par le ministère de l’Industrie pour donner plus de chance, de garanties et de visibilité au projet, et pour pouvoir lever toutes les difficultés qui l’entravent», a assuré Bouchouareb. Rappelons que la valorisation de Gara Djebilet, une immense mine à ciel ouvert située à Tindouf, avait été pénalisée, auparavant, par des difficultés techniques notamment celles liées à la teneur élevée du minerai en phosphore et en arsenic qui rendaient son exploitation peu rentable. Ce projet structurant, créateur de richesse et d’emplois, va accompagner la stratégie industrielle nationale en répondant à la demande nationale et en réduisant les importations algériennes d’acier. La dynamisation du secteur sera accélérée avec la création de quatre usines de transformation de phosphate. Il s’agit notamment du projet de transformation du phosphate en engrais, conclu en mars dernier entre Manal et le groupe français Rouiller. Deux autres projets pour la création d’usines similaires à Hadjer-Soud et à Oued El Kebrit (Souk Ahras) sont prévus prochainement avec des partenaires saoudiens et indonésiens. La signature de ces deux accords est prévue pour la fin mai ou début juin, a précisé le ministre. S. B./APS Les souscriptions à l’emprunt obligataire national seront élargies, à partir de la semaine prochaine, aux agences des compagnies d’assurances, a révélé, hier, le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhelfa. Outres les agences bancaires, les bureaux de poste et les guichets de la banque d’Algérie, les agences des compagnies d’assurances cèderont les titres relatifs à cet emprunt. Les ports commerciaux seront équipés de scanners mobiles Tous les ports commerciaux seront dotés de scanners mobiles pour effectuer les opérations douanières sur les containers et les camions en un temps record, a indiqué, hier, le ministre des Transports, Boudjemaâ Talaï, lors d’une cérémonie de réception de ce genre d’équipements au port d’Alger. «Il y a un gain de temps grâce aux scanners mobiles déjà disponibles dans tous les ports secs alors que les ports commerciaux d’Algérie seront dotés de ces équipements», a indiqué le ministre. 2e édition de la conférence «Oran, Silicon Valley algérienne» La deuxième édition de la conférence «Oran, Silicon Valley algérienne», une rencontre qui réunit des acteurs nationaux et internationaux dans le domaine des TIC, se tiendra samedi prochain à Oran, a indiqué, hier, le Forum des chefs d’entreprises (FCE), organisateur de l’évènement. Cette conférence vise, comme l’explique le chef de la délégation du FCE à Oran, Ghaouti Abdelhalim, à réunir les acteurs du numérique, à favoriser le partage d’expériences avec les participants étrangers (principalement français) et à sensibiliser les administrations et les autorités sur les besoins des entrepreneurs en matière de numérique. 1 500 logements AADL supplémentaires pour Constantine Un quota supplémentaire de 1 500 unités de type location-vente vient d’être notifié à l’actif de la wilaya de Constantine, ont indiqué, hier, des responsables locaux de l’Agence nationale d’amélioration et de développement du logement (Aadl). Ce supplément qui vient s’ajouter à un programme initial de 8 150 unités, accordé à Constantine sera d’un impact «appréciable» dans la satisfaction de la forte demande exprimée localement pour ce type de logement (plus de 13 000 demandes). Ce quota supplémentaire sera implanté à l’extension ouest de la ville Ali-Mendjeli. Le chantier de réalisation sera lancé au fur et à mesure la finalisation des procédures d’usage. Plus de 200 projets du dispositif Tup-Himo à M’Sila Pas moins de 206 projets au titre du dispositif des Travaux d’utilité publique à haute intensité de main-d’œuvre (TUP-Himo) ont été accordés à la wilaya de M’sila pour l’année 2016. Le programme TUP-Himo sera réparti selon la stratégie du développement établie par les responsables locaux. L’essentiel de ces projets concerneront les secteurs de l’hydraulique, des forêts, des travaux publics et de la santé. Visant l’amélioration de l’environnement et du milieu urbain, à travers l’entretien des réseaux d’assainissement, la réhabilitation des écoles, le reboisement et la maintenance des espaces verts, ces projets contribueront également à générer des postes d’emplois et donneront aux jeunes l’opportunité de créer leur propres micro-entreprises. Un atelier et 20 bombes de confection artisanale détruits à Skikda, Boumerdès et Bouira Un atelier et 20 bombes de confection artisanale ont été découverts et détruits, dimanche dernier, par des détachements de l’Armée nationale populaire (ANP) près de la localité de Kerkera, dans la wilaya de Skikda, ainsi qu’à Boumerdès et Bouira, a indiqué le ministère de la Défense nationale dans un communiqué. Par ailleurs, un détachement combiné a appréhendé, à Aïn Témouchent, un narcotrafiquant et saisi 150 kilogrammes de kif traité et un véhicule touristique. Visite d’Etat du Président ivoirien en Algérie LE PRÉSIDENT de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara, a entamé, hier, une visite d’Etat de quatre jours en Algérie, à l’invitation du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. M. Ouattara a été accueilli à son arrivée à l’aéroport international Houari-Boumediene, par le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal et des membres du gouvernement. Cette visite, la première d’un chef d’Etat ivoirien en Algérie, offrira l’opportunité aux deux chefs d’Etat de «donner ensemble une impulsion nouvelle au dialogue et à la coopération entre les deux pays, et de passer en revue des questions d’intérêt commun, liées notamment à la situation sur le continent africain en général, et notamment la paix et la sécurité dans la région», a indiqué un communiqué de la présidence de la République. Le séjour de M. Ouattara en Algérie permettra également aux délégations des deux pays, y compris les opérateurs économiques, d’identifier les champs de dynamisation de la coopération intergouvernementale ainsi que les opportunités de partenariats économiques que favorise au demeurant la complémentarité des économies algérienne et ivoirienne.