la presse doit jouer «un rôle de libérateur, d`éclaireur

ELLES SERONT FINALISÉES DANS 18 MOIS
AU PLUS TARD
Accord pour le financement
des études de faisabilité
de Gara Djebilet
Par
Adel Boucherguine
L’AFFAIRE de la
cession du Groupe
médiatique El Khabar
(journal et télévision)
à une filiale du
Groupe industriel
Cevital que le
ministère de la Com-
munication a introduit
en justice a été ren-
voyée au mercredi
prochain, sur décision
du tribunal adminis-
tratif de Bir Mourad
Raïs, hier à Alger.
Suite en page 5
MONDE
La situation
en Syrie devient «hors
de contrôle»................p16
CULTURE
Soirée Gershwin,
Bernstein et Gospel
à Alger .......................p17
HABITAT
Des marchés de gré
à gré pour les sites
AADL.........................p24
ACTUALITÉ
SUR DÉCISION DU TRIBUNAL ADMINISTRATIF
DE BIR MOURAD RAÏS
L’affaire du rachat
du Groupe El Khabar renvoyée
Par
Smaïl Boughazi
UN ACCORD pour le finance-
ment des études de faisabilité du
gisement minier de Gara Djebilet
(Tindouf), a été signé, hier, à Alger
entre l’Agence nationale des acti-
vités minières (Anam) et la Société
nationale du fer et de l’acier
(Feraal). Le document, signé en pré-
sence du ministre de l’Industrie
et des Mines, Abdesselam
Bouchouareb, prévoit un montant de
trois milliards de dinars de finance-
ment. Ainsi, l’Anam va octroyer
2 milliards de dinars à Feraal,
chargée d’exploiter ce méga gise-
ment, pour lancer ces études de fai-
sabilité qui seront réalisées par un
cabinet d’experts international.
Suite en page 24
Par
Hassan Gherab
LA CÉLÉBRATION de la
Journée mondiale de la liberté de la
presse, le 3 mai, est l’occasion de
dresser les bilans et, si possible,
tracer les perspectives, pour ce sec-
teur qui, en Algérie, a toujours
évolué en montagnes russes. Le
chemin parcouru a été parsemé d’é-
cueils et de fosses, qu’il est inutile
d’énumérer, et devant, l’horizon est
loin d’être dégagé. Pourtant, la
presse reste un acteur actant, même
si lui arrive souvent de surjouer son
rôle, voire en sortir. La mission qui
lui est conférée est de premier plan,
d’où les attentes qu’elle suscite, et
les critiques qu’elle s’attire quand
elle faute.
Cette importance des médias
est souligné par le chef de l’Etat,
Abdelaziz Bouteflika, dans son
message à l’occasion de la Journée
mondiale de la liberté de la presse
où il établit un bilan, ouvre des
voies de réflexion et pose des
jalons. «La Journée mondiale de la
liberté de la presse […], est pour
moi un événement saillant qu’il
importe de mettre en avant au vu de
l’impact tangible du secteur de la
presse et de la profession de journa-
liste sur l’édification des sociétés,
la promotion de l’esprit, la diffusion
du savoir et l’éclairage de l’opinion
publique», écrit d’emblée
M. Bouteflika. Ces considérations
ont amené l’Etat «à actualiser et à
enrichir les lois de notre pays rela-
tives à la presse, toutes formes
confondues. Cet enrichissement est
venu consolider notre attachement à
la liberté d’expression et l’adapter
également au pluralisme politique
[…]. Cette réforme législative s’est
imposée aussi du fait de la diversité
considérable enregistrée dans notre
pays dans le domaine de la presse et
des médias audiovisuels», note le
Président qui rappelle à ce titre que
la nouvelle Constitution conforte les
droits des journalistes et la liberté
de la presse, sans autre restriction
que celle du respect des constantes
de la nation, et garanti aux journa-
listes le droit d’accès aux sources
d’information dans le souci d’as-
surer aux citoyens le droit à l’infor-
mation. Suite en page 4
Lire dossier pp 2 à 7
DANS UN MESSAGE À L’OCCASION DE LA JOURNÉE MONDIALE
DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE
Bouteflika : la presse doit jouer «un rôle
de libérateur, d’éclaireur et de critique»
Quotidien national d'information
N° 6368 Prix 10 DA France 1 C Mardi 3 mai 2016
Photo : Archives
Photo : S. Zoheir
Photo : Archives
Visite d'État du Président ivoirien en Algérie
Lire en page 24
Lire pp 11 à 15
Alep, bataille clé
dans la tragédie
syrienne
Supplément international
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journal sur son
nouveau site :
latribunedz.com
L’ÉVÉNEMENT
Mardi 3 mai 2016
2
Par
A. Samil
UNE PUBLICITÉ sous forme d’affichettes
fait florès sur les vitrines des pharmacies en
France : «Parce que le médicament n’est pas
un produit comme les autres, votre pharmacie
n’est pas un commerce comme les autres».
Le message de la «réclame» est on ne peut
plus clair. Il ramène sur un même terrain
éthique les préoccupations partagées des
pharmaciens et de leurs clients qui…ne sont
pas des clients comme les autres. Etant
entendu que ces derniers sont souvent des
malades et des patients pour qui le pharma-
cien -leur pharmacien- est aussi le sympa-
thique héritier de l’apothicaire de bon
conseil. Certains pensent que le message est
une réponse à la grande distribution
(Leclerc) qui a investi le créneau de la vente
au détail du médicament.
On retiendra, pour notre part, qu’un médi-
cament ne s’achète pas chez le boulanger ou
l’épicier du coin. Tout comme une pièce
détachée automobile conforme et sûre ne
s’acquiert pas dans un souk à ciel ouvert.
Est-il permis d’en dire autant des produits
de la presse et de l’information au sens
large ? A priori, oui. Dans tous les pays de
tradition démocratique ancienne, le secteur
de la presse écrite, grand public ou spécia-
lisée, ainsi que celui de l’audiovisuel - et de
plus en plus, la presse dite électronique-,
sont régis par des lois spécifiques, en plus
des lois civiles, pénales et commerciales
ordinaires. La pluralité médiatique,
reconnue et admise comme garante du plu-
ralisme politique, y est encouragée par des
statuts et lois qui protègent les journalistes
et des soutiens financiers aux médias dont
les rentrées publicitaires ne sont pas suffi-
santes pour couvrir leurs charges. Mais cela
ne se fait pas sans conditions. En France, par
exemple, les journaux d’extrême droite sont
exclus du dispositif d’aide à la presse. Mais
les journaux dont les actionnaires majori-
taires sont de richissimes hommes d’affaires
(Le Monde, le Figaro, Libération…) figurent
en tête des bénéficiaires des subventions
étatiques.
En ce jour de célébration de la Journée mon-
diale de la liberté de la presse, l’état des
lieux en Algérie, en dehors de quelques
exceptions notables, tient plus du cafouillis
et de la jungle que du paysage ordonné : les
autorités de régulation tardent à être ins-
tallées et quand elles le sont, à fonctionner;
la clochardisation de beaucoup de titres s’af-
fiche sans vergogne dans les kiosques, signe
d’un professionnalisme en déclin avancé; l’in-
digence et la médiocrité des programmes
ainsi qu’une pratique de piratage débridé
sont la marque de fabrique de la plupart des
nouvelles chaines de télévision privées…Il
reste décidément beaucoup à faire dans le
maquis de la presse algérienne pour donner
à la notion de droit à l’information du
citoyen un minimum de sens à travers,
notamment, une exigence de qualité a
minima des vecteurs et supports de l’infor-
mation, l’instauration d’une transparence
dans la gestion du fonds d’ aide à la presse
qu’il convient de faire fonctionner, le respect
des règles de déontologie de la profession de
journaliste…
A. S.
L’information, un «commerce comme les autres» ?
zzz AU FIL DES JOURS
L’INDÉPENDANCE D’UN MÉDIA A UN COÛT
La presse et le pouvoir de l’argent
Par
Hasna Yacoub
La presse écrite est-elle
vraiment libre ? L’a-t-elle
été un jour ? Même un jour-
naliste ayant près d’une vingtaine
d’années d’ancienneté ne trouve
pas aisément une réponse à cette
question. Et pourtant, il pratique
quotidiennement ce métier, défend
chaque jour la liberté d’expression
et se bat pour une information
vraie, vérifiée et non censurée.
Réussit-il toujours ? Le plus
sincère des journalistes, celui qui
ne se sent pas comme un simple
salarié, mais qui vit son métier,
aime à le croire pour avoir la force
de continuer, d’affronter le lende-
main. Mais il ne peut s’empêcher
de se poser perpétuellement la
question. La presse écrite est-elle
vraiment libre ? En fait, il s’agit là
de la question que se pose chacun
de nous, surtout la veille de la célé-
bration de la journée mondiale de
la presse. La question est légitime
car l’influence de la presse écrite,
de par le monde, est connue. La
presse et les médias représentent le
quatrième pouvoir après les pou-
voirs judiciaire, exécutif et légis-
latif. Pour tenter de trouver une
réponse, il faut commencer par se
demander à qui appartiennent les
journaux ? Des journalistes ? De
petits patrons, sans aucun lien avec
le monde de l’information, qui
convoitent uniquement le marché
publicitaire ? Ou encore de grands
patrons, propriétaires d’énormes
groupes industriels qui cherchent à
posséder le pouvoir des médias ?
Quel est le nerf de la guerre dans le
monde de la presse ? Pour cette
question, la réponse est connue :
ce n’est malheureusement pas la
plume mais l’argent. Car même s’il
est beau de dire que «la presse ne
vaut non pas par son existence
mais par son lectorat», elle n’en
demeure pas moins constituée
d’entreprises avec leurs impératifs
budgétaires et l’impérieuse néces-
sité d’atteindre des équilibres
financiers qui leur permettent de
survivre. Alors d’où les journaux
puisent-ils leur argent ? D’une
subvention de l’Etat, d’un patron
qui renfloue les caisses et de la
publicité. Dans les trois cas de
figure, la question de la contre-
partie s’impose. Un journal qui
bénéficie d’une subvention de
l’Etat, quelle soit directe ou indi-
recte (comme la publicité contrôlée
par l’Etat), est-ce le coût de la
démocratie ou est-ce le prix d’un
silence ? Un grand patron indus-
triel, politique ou autre, qui a
acquis un journal est-ce pour jouer
de l’influence du média, pour
s’acheter une nouvelle virginité et
s’ouvrir les portes du pouvoir ? Le
grand patron n’a souvent même pas
besoin d’acquérir la publication, il
lui suffit bien souvent d’user
d’autres moyens : le chantage
publicitaire. Avec son pouvoir
d’asphyxier financièrement un
journal, n’a-t-il pas plus aisément
le pouvoir d’exercer la censure
occulte qui lui permet d’influer sur
la vie nationale. Combien de
directeurs de publications ont-ils
les reins solides pour choisir leur
indépendance en publiant un article
fondé qui leur fera perdre une
source de financement ? Pour s’as-
surer une indépendance, un journal
doit se battre sur plusieurs fronts et
se doter de moyens qui sont direc-
tement liés à son industrie : distri-
bution, impression et publicité. Car
l’indépendance éditoriale ne peut
être garantie que par l’indépen-
dance financière et la capacité
d’imprimer et de distribuer le
journal sans faire appel aux
installations d’impression et de
distribution contrôlées par une
tierce entité. Il faudra que les
sources financières soient multiples
afin qu’aucun lobby n’exerce de
pressions. Il faudra également que
la loi soit en faveur de la liberté de
la presse et son indépendance.H. Y.
Photo : DR
AUSTÉRITÉ BUDGÉTAIRE, OUVERTURE DE L’AUDIOVISUEL ET GÉNÉRALISATION D’INTERNET
La presse algérienne au bord de l’étouffement collectif
Par
Kamel Amghar
LA PRESSE algérienne
traverse en ce moment une période
extrêmement délicate. La chute
drastique des recettes publicitaires,
publiques et privées, l’expose à
une grave crise financière. Tous les
titres sont soumis à une cure
d’amaigrissement qui frôle l’ano-
rexie. Les patrons se retrouvent
contraints de tailler au corps leurs
publications pour survivre à cette
conjoncture meurtrière. Dégraisse-
ment des personnels, baisse du
train de vie dans les rédactions,
réduction des charges de produc-
tion et des tirages, chacun va de
son astuce pour ne pas disparaitre
complètement du paysage. La
stricte rigueur est de mise. Certains
organes ont carrément cessé de
paraître. D’autres, au bord du
gouffre, cumulent des trimestres ou
des semestres d’arriérés de salaires
impayés. Leurs créances auprès des
imprimeries publiques et des
distributeurs enflent aussi. La
politique d’austérité budgétaire,
adoptée par le gouvernement en
réaction à la chute dramatique des
cours du pétrole, est passée par
là. Le volume de la publicité
institutionnelle s’est rétracté de
plus de la moitié. Cette manne,
qui constituait l’essentiel de la
trésorerie des médias nationaux,
n’est plus. Les annonceurs privés,
en dépit d’une baisse notable des
tarifs, ont également revu leurs
budgets de communication à la
baisse en raison d’un repli similaire
de leurs chiffres d’affaires. Durant
les années 2000, à la faveur de
substantiels programmes de déve-
loppement lancés par l’Etat, des
dizaines de nouveaux titres ont vu
le jour. Profitant d’un portefeuille
publicitaire bien garni, généreuse-
ment administré par la puissante
Agence nationale d’édition et de
publicité (Anep), ces publications
ont été vite rattrapées par la crise
avant d’assurer leur autonomie
financière. Cette période des
vaches maigres leur est fatale.
Interrogé à ce propos, le ministre
de la communication invoque une
inflation de journaux et de pério-
diques ainsi que le manque de
professionnalisme et de rigueur
dans la gestion. Il estime que sur
les 155 publications formant le
paysage éditorial national, «vingt
journaux seulement ont un poids et
une importance sur le marché», a-
t-il souligné en ajoutant que «sur
ces vingt journaux, seule la moitié
est gérée professionnellement».
L’argument du ministre est, certes,
recevable, mais ne justifie pas tout.
L’ouverture du champ audiovisuel,
accompagné par le lancement
d’une vingtaine de chaînes de télé-
visions privées, a eu aussi une inci-
dence négative sur les commandes
publicitaires des journaux. Faisant
ouvertement dans le dumping, ces
télés «offshore» proposent des
tarifs défiant toute concurrence
pour capter quasiment toutes les
annonces émanant du secteur
privés. Cela étouffe davantage la
presse écrite nationale (domiciliée
et payant ses impôts en Algérie)
qui se retrouve, de facto, obligés
de «louer» ses espaces pour des
clopinettes. A cela, on doit ajouter
aussi les contrecoups de la généra-
lisation d’Internet qui a pratique-
ment réduit de moitié les ventes de
papiers. En effet, les lecteurs préfè-
rent, désormais, consulter gratuite-
ment leurs journaux sur le web,
avec le confort et l’instantanéité en
bonus.
Sur le plan strictement
éditorial, ces journaux sont
aujourd’hui rudement concurrencés
par les médias électroniques, les
réseaux sociaux, les sites spécia-
lisés et blogs. Depuis l’instauration
de la liberté de la presse en 1990,
les journaux algériens n’ont pas
connu de crise socioéconomique
majeure de cette ampleur. Leur
survie est manifestement en jeu.
Profitant de ce bouleversement
dramatique, de gros annonceurs
privés lancent des «OPA» amicales
pour se les approprier. D’autres
titres, notamment arabophones, se
tournent vers la peopolisation, le
fait divers sensationnel et la
controverse stérile pour s’assurer
un minimum de visibilité. D’autres
confrères lorgnent du côté des mul-
tinationales présentes dans le pays
avec toutes les conséquences que
l’on suppose sur le plan des idéaux,
des opinions et des lignes édito-
riales soutenues. On assiste à une
régression terrible sur le plan thé-
matique qui impacte sérieusement
la qualité du service public pré-
senté. Un journal, en dépit de son
caractère d’entreprise économique
et commerciale, a en principe
une noble mission émancipatrice
(politique, sociale et culturelle) à
remplir. C’est l’essence même de
son existence. Le contexte est très
difficile. L’heure n’est plus à la
fête. La qualité, la crédibilité, la
rigueur, le professionnalisme, la
créativité et l’excellence sont les
seuls gages de survie. Pas d’autres
échappatoires possibles. K. A.
L’ÉVÉNEMENT
Mardi 3 mai 2016
UNE MULTITUDE DE CHAÎNES TV POUR UN PRODUIT INDIGENT
Audiovisuel : un paysage loin des normes
DIFFICULTÉS FINANCIÈRES, AVÈNEMENT DU NET ET DE L’AUDIOVISUEL…
Le spectre de la disparition plane sur des titres
de la presse écrite
Par
Karima Mokrani
143 QUOTIDIENS en 2015.
157 en 2016. A en juger par les
chiffres, la famille de la presse
écrite est bien féconde. Rien que
pour l’année 2015, il y a eu 15 nou-
veaux nés. En pleine crise écono-
mique. Un seul cette année 2016,
mais l’année est à peine entamée.
En 2011, il y a eu 18 naissances et
17 en 2013. C’est donc un «men-
songe» cette histoire de «dispari-
tion de la presse écrite» en raison
du rétrécissement des recettes
publicitaires, d’un côté, et de la
migration vers le web, affirment
certains. Pourtant, à bien analyser
l’évolution de cette même presse
écrite, depuis notamment la
Constitution de 1989 et la loi
d’avril 1990 relative à l’informa-
tion, en incluant les deux circulaires
Hamrouche, Chef du gouvernement
de l’époque, celle du 19 mars 1990
et celle du 4 avril 1990, la presse
écrite a connu un grand succès. La
première circulaire Hamrouche
autorisant des journalistes à se
constituer en collectifs rédaction-
nels a permis l’apparition de quoti-
diens indépendants à grand tirage.
En 1990, il y a eu 5 nouveaux titres
de quotidiens nationaux, 2 en
1994. Les meilleures années de la
presse dite indépendante avant de
perdre certaines de ses meilleures
plumes, tombées sous les balles
d’un terrorisme qui en a fait les pre-
mières cibles. S’en sont suivies
d’autres turbulences, d’autres
menaces qui ont lourdement pesé et
pèsent encore sur le fonctionnement
des journaux et le libre exercice du
journalisme. En 1997, ce fut notre
journal la Tribune qui fit l’objet
d’une décision de justice. Il a été
suspendu pendant des mois. Des
journaux ont disparu pour des rai-
sons politiques, d’autres ont «suc-
combé» sous le poids des dettes et
des difficultés financières. Et la
menace de voir d’autres titres dis-
paraître est aujourd’hui réelle, non
seulement parce qu’il y a cette crise
financière induite par le recul, pour
ne pas dire la perte, d’entrées publi-
citaires mais aussi une mauvaise
gestion certaine de l’argent de l’en-
treprise de presse. Des directeurs de
journaux se sont enrichis sur le dos
des journalistes et autres employés.
Pas d’augmentations de salaires.
Pas de salaires plutôt. Durant des
mois, des journalistes ont travaillé
sans percevoir le moindre salaire.
Et, bien sûr, aucune indemnité.
El Ahdath est parti sans crier gare,
ne pouvant pas assurer les salaires
et autres charges. El Yaoum paraît
un jour et s’éclipse un autre. Des
journalistes d’un autre organe ont
vu leurs salaires réduits de 15% et
d’autres seraient mis dans la liste
des travailleurs à licencier. Des
rédactions ne disposent pas
d’un minimum de moyens de tra-
vail…faute d’argent, dit-on. Au
même moment, des chaînes de télé-
vision percent et marquent des
points. D’accord ou pas d’accord,
elles ramènent l’information. En
temps réel. Des informations diver-
sifiées et vérifiées. Des chaînes de
télévision font parler en direct de
hauts responsables politiques aussi
bien que des citoyens anonymes.
Elles s’invitent dans les foyers,
dans les cafés et dans les espaces
publics. Les «alertes», les
«annonces d’urgence»…chacun
comment il les appelle, passionnent
davantage le simple citoyen algé-
rien qui, jusque-là, ne cherchait pas
à comprendre ce qui se passait dans
son pays ou ailleurs. De sont propre
aveu. En plus donc de la perte des
recettes publicitaires, il y a cette
menace des chaînes de télévision,
ainsi que des journaux électro-
niques. La course vers l’informa-
tion. Le scoop. Et la bonne lecture
du scoop. Il y a aussi «le journa-
lisme citoyen» sur les réseaux
sociaux, entre autres, Facebook.
Des citoyens qui ramènent eux-
mêmes l’information et font leurs
propres analyses et critiques. Ils
deviennent des «spécialistes». Et
des journalistes reprennent l’infor-
mation parfois sans la vérifier. Des
titres de presse écrite se voient
perdus dans ce tourbillon d’infos,
de commentaires et de soucis finan-
ciers. Ils craignent de disparaître, ne
pouvant pas s’adapter au change-
ment, encore moins supporter les
difficultés financières. Ces pro-
blèmes financiers et la menace de
disparition ne touchent pas que «les
petits journaux», des groupes de
presse le sont également. Une chose
est sûre, c’est que la presse en
Algérie, tous supports confondus, a
failli quelque part. Elle n’a pas vu
venir la crise, préméditée ou pas.
Ou a-t-elle fait semblant de ne pas
la voir ? En 2016, la presse algé-
rienne ne dispose pas d’un syndicat
fort et représentatif, d’une associa-
tion d’éditeurs, d’une association de
diffuseurs, d’un Conseil d’éthique
et de déontologie actif. Et c’est le
ministère de la Communication qui
se charge de délivrer des cartes de
presse aux journalistes, alors que
cela devait se faire par leurs pairs.
Certes, la presse a grandement
contribué au développement de la
société, de la citoyenneté, l’engage-
ment des journalistes et leur amour
du métier aidant, mais elle a aussi
ses défaillances qu’elle doit recon-
naître. Une organisation véritable
du secteur de la presse s’impose et
elle doit émaner des journalistes
eux-mêmes et des directeurs des
journaux. Pas d’une autre partie. Il
est vrai que de par le monde, des
titres de presse écrite disparaissent
pour les raisons évoquées en haut
(rétrécissement des recettes publici-
taires et arrivée du net) mais ça ne
doit pas être une fatalité. D’autant
que les autres supports (télévision
et net) en Algérie commencent à
peine leur aventure et ce ne sera pas
sans difficultés. L’information n’est
pas n’importe quel produit. K. M.
3
Par
Moumene Belghoul
Le paysage télévisuel algérien
s’est enrichi d’une multitude
de chaînes satellitaires
notamment depuis 2012, une muta-
tion bienvenue dans un monde
médiatique en perpétuelle évolu-
tion. Des dizaines de canaux de
droit étranger diffusent aujourd’hui
leurs programmes en direction du
téléspectateur algérien se retrouvant
soudain face à une diversité inat-
tendue. Les chaînes de télévision
estampillées dz, en grande partie
appartenant à des privés, font déjà
partie du paysage et le téléspecta-
teur algérien, il y a peu adepte des
networks des pays du Golfe, s’est
retourné vers ces canaux qui lui par-
lent directement et s’intéressent à
ses préoccupations directes. Après
des années de diffusion force est de
convenir que le professionnalisme
et la qualité font toujours défaut à
ces médias nouveau. La télévision
étant un média lourd ces canaux ne
laissent évidemment guère indiffé-
rent. En attendant les décrets d’ap-
plication de la loi sur l’audiovisuel
qui devrait réguler le paysage natio-
nale en la matière et l’installation
d’une autorité chargée de le faire
c’est toujours le désordre dans le
secteur. Alors qu’on s’attendait à
une offre télévisuelle digne des
moyens modernes et similaire à ce
qui se fait de mieux dans le monde
dans ce domaine, les nouvelles
chaines de télévision se sont avérées
être une pâle copie de la télévision
publique Entv, longtemps critiquée
pour son manque de professionna-
lisme et la qualité médiocre de ses
prestations. Il suffit de zapper d’une
chaîne à l’autre pour constater de
visu que ces nouveaux médias n’ar-
rivent pas à se hisser à un niveau de
qualité de norme internationale.
Usant du bricolage, manquant cruel-
lement de rigueur certaines chaînes,
se considérant comme «leader»,
usent carrément du mensonge, voire
de la désinformation, afin, croient-
elles, d’influer sur un audimat de
plus en plus dérouté face à ce flux
difforme. Le téléspectateur algérien
regarde perplexe ces nouveaux
médias, où chacun y va de son
appréciation à l’emporte pièce, d’af-
firmations approximatives où la
rigueur est reléguée aux coulisses.
Les plateaux des émissions pro-
posées sont à de rares exceptions
d’une pauvreté abyssale tant dans la
forme que dans le fond. La qualité
des invités laisse à désirer laissant
croire qu’en Algérie il y a un
manque flagrant de spécialistes ou
d’observateurs capables de produire
du sens sur les différends sujets tou-
chant la société. Cette décrépitude
se résume bien dans un «produit»
télévisuel devenu un classique dans
le paysage algérien : le radio trot-
toir. Une espèce de sous-produit où
le passant est invité à s’exprimer
face à la caméra, un enregistrement
sommairement monté et projeté
avec un habillage indigent sur des
télés en mal de remplissage de
grille. Séduit au début par ces nou-
velles chaînes qui offraient enfin
aux téléspectateurs une information
introuvable sur les télés publiques,
le téléspectateur particulièrement
comparateur aura vite fait de
déchanter lorsqu’il fera face à des
offres en deçà des espérances. Dans
le domaine du sport par exemple, le
privé algérien, comme le secteur
public, aura été dans l’incapacité de
lancer une chaîne de télévision
sportive de niveau international
capable de rivaliser avec les
meilleurs. La qatari BeinSport se
retrouve aujourd’hui en terrain
conquis en Algérie, où ses tarifs
excessifs trouvent preneurs dans
une situation de monopole détes-
table. Les pouvoirs publics qui hési-
tent toujours (à dessein ?) à mettre
de l’ordre dans ce secteur semblent
en décalage avec le niveau média-
tique mondial. Pourquoi n’a-t-on
pas vu l’émergence d’une où
de plusieurs chaines de télévision
publiques où privée type
«France 24», «Russia Today», ou
même «Al Jazeera», qui défendrait
les intérêts de l’Algérie et ses choix
stratégiques à travers le monde
comme l’on fait plusieurs pays qui
ont compris l’importance géostraté-
gique de se doter de ce type de
moyens ? Une interrogation inlas-
sablement en mal de réponse. M. B.
MENACÉE PAR LA MULTIPLICATION
DES SOURCES D’INFORMATION
La presse devra
négocier sérieusement
le virage des TIC
Par
Smaïl Boughazi
L’ÉVOLUTION technolo-
gique qu’a connue le monde, ces
dernières décennies, a complète-
ment bouleversé le paysage de la
presse et des médias. L’avènement
notamment de l’Internet mobile a
contraint de nombreuses entreprises
de presse à se réorienter vers la
Toile pour toucher le maximum de
lecteurs et avoir plus d’impact sur
l’opinion publique. Ce bouleverse-
ment n’est pas sans conséquences
sur la presse traditionnelle, appelée
communément la presse papier.
Cette dernière, faute d’une adapta-
tion rapide aux nouveaux moyens
de communication, s’est retrouvée
contrainte à subir cette évolution. A
présent, les choses commencent à
changer mais pas au rythme voulue.
En fait, si le passage au tout numé-
rique n’est pas à l’ordre du jour
pour diverses raisons, les journaux
qui occupaient jusque-là la scène
médiatique ont mis à la disposition
de leur lectorat des applications
mobiles et des sites internet des-
tinés à maintenir leurs «clients» à la
page. Une adaptation qui comporte,
toutefois, des inconvénients. L’ab-
sence des moyens de paiement
mobile et électronique en est la
principale contrainte qui a fait que
l’information en ligne soit perçue
comme étant un produit peu ren-
table pour les entreprises de presse.
Pour les professionnels des médias,
l’arrivée des TIC n’est pas une
menace pour la presse tradition-
nelle, bien au contraire, il s’agirait
d’un moyen complémentaire
capable d’étoffer le contenu des
médias et de les rendre plus acces-
sibles. Mais, les expériences
actuelles montrent que le Net est un
second support doté d’un même
contenu. En d’autres termes, les
entreprises de presse recourent à la
Toile non pas pour apporter un
contenu différent, adapté, mis à
jour mais juste pour diffuser une
information provenant du support
principal.
Quoi qu’il en soit, l’Internet a
apporté d’innombrables avantages
aux quotidiens d’information mais
il faut admettre que cet outil, dont
l’impact est indéniable sur l’opi-
nion publique, a apporté les gènes
de la disparation - certes lente mais
irréversible - de la presse telle
qu’on la connait depuis plus d’un
siècle. Au jour d’aujourd’hui, le
journalisme n’est plus réservé à une
catégorie d’individus. Avec l’appa-
riation du journaliste citoyen, les
sources d’information se sont mul-
tipliées de même que les supports
utilisés, devenus multimédias. Ce
concept qui commence à faire son
petit bonhomme de chemin a gagné
les quatre coins de la planète et
touche pratiquement toutes les
strates de la société. Face à ces bou-
leversements, la presse n’a plus
d’autres choix que s’adapter et uti-
liser ces nouveaux moyens à son
profit afin de survivre. Elle devra
notamment négocier le virage des
TIC et adopter de nouvelles règles
de fonctionnement basées sur la
crédibilité, la rigueur, la réactivité
et le sérieux. Des principes qui
pourraient échapper aux médias en
ligne dont le souci principal est la
rapidité, le sensationnel et le com-
mentaire. S. B.
Photo : DR
L’ÉVÉNEMENT
Le président de la
République, Abdelaziz
Bouteflika, a adressé, hier,
un message à l’occasion de la
célébration de la Journée mon-
diale de la liberté de la presse
(3 mai).
La Journée mondiale de la
liberté de la presse, célébrée
chaque année, est pour moi un
événement saillant qu’il importe
de mettre en avant au vu de l’im-
pact tangible du secteur de la
presse et de la profession de
journaliste sur l’édification des
sociétés, la promotion de l’esprit,
la diffusion du savoir et l’éclai-
rage de l’opinion publique. La
presse, et les médias en général,
ont de tout temps été à l’avant-
garde pour relever les défis dans
notre pays. Depuis les débuts de
la lutte du Mouvement national,
les journaux ont su, malgré leur
nombre réduit, contrecarrer les
projets d’aliénation coloniale, de
mystification politique et d’oc-
cultation culturelle, en dépit des
méthodes de répression qui les
frappaient comme l’interdiction,
la saisie et l’intimidation des
journalistes par la liquidation, la
prison ou la proscription.
La presse de la révolution a
été un puissant vecteur qui a
permis de mettre à nu l’injustice
et les crimes de l’occupation,
faire entendre la voix de la juste
cause algérienne dans les fora
internationaux et galvaniser le
moral du peuple algérien dans sa
lutte contre le colonialisme
abject. Un peuple accompagné
dans sa détermination et exalta-
tion par la radio Sawt al-Arab.
La lutte de la presse nationale
s’est poursuivie tout au long du
processus d’édification de
l’Algérie indépendante et de
mise en place des bases à même
de garantir sa pérennité.
Par la suite, la corporation a
été au premier rang de la résis-
tance pour la survie de l’Algérie
et le triomphe des lumières de
l’islam et de l’honneur de la
patrie sur la barbarie du terro-
risme. C’est là, une occasion,
pour nous recueillir, une nou-
velle fois, à la mémoire des mar-
tyrs du devoir national, hommes
et femmes, victimes du terro-
risme. La lutte nationale et les
sacrifices incommensurables qui
ont jalonné le parcours de la
presse nationale, dans le cadre
des batailles, des victoires et des
douleurs de son peuple, lui
valent respect et reconnaissance.
C’est ce que nous avons voulu
exprimé par l’institution d’une
Journée nationale de la presse et
d’un Prix national annuel pour
honorer les meilleurs journa-
listes.
Partant de notre considération
pour la presse et notre conviction
qu’elle représente un noble
moyen au service de la marche
de notre peuple sur la voie de la
liberté et de la démocratie, nous
nous sommes employés, ces der-
nières années, à actualiser et à
enrichir les lois de notre pays
relatives à la presse, toutes
formes confondues. Cet enrichis-
sement est venu consolider notre
attachement à la liberté d’expres-
sion et l’adapter également au
pluralisme politique, une réalité
irréversible dans notre pays.
Cette réforme législative s’est
imposée aussi du fait de la diver-
sité considérable enregistrée
dans notre pays dans le domaine
de la presse et des média audio-
visuels.
Dans cette optique, nous
avons veillé à travers la récente
révision Constitutionnelle à
conforter les droits des journa-
listes et la liberté de la presse
sans autre restriction que celle
du respect des constantes de la
nation et à garantir aux journa-
listes le droit d’accès aux
sources d’information dans le
souci d’assurer aux citoyens le
droit à l’information. Nul doute
que ce secteur se renforcera
davantage à la faveur du lance-
ment de l’Autorité de régulation
de l’audiovisuel pour devenir
l’un des vecteurs de développe-
ment de l’action d’information
conformément aux règles profes-
sionnelles et dans le respect de la
loi. De même que l’établisse-
ment de mécanismes d’autorégu-
lation pour la presse écrite, à la
lumière de l’installation du
Conseil d’éthique et de déonto-
logie, confèrera davantage de
sérénité aux professionnels de
cette noble mission et à leur
environnement afin de promou-
voir les rapports entre les com-
posantes de la société et entre les
institutions pour favoriser une
dynamique créative basée sur
l’arbitrage d’une législation juste
qui garantit à tous l’équité dans
les droits et les devoirs et une
éthique commune.
Je suis convaincu qu’au
regard de leur degré élevé de
conscience nationale, les acteurs
du secteur sauront contribuer à
transmettre, par leurs idées et
leur professionnalisme, l’image
authentique de l’Algérie et à
fournir au citoyen algérien un
produit médiatique intègre,
notamment dans le monde actuel
marqué par la tyrannie des plus
forts qui œuvrent à minimiser et
à dévaloriser tout ce qui va à
contre-courant de leurs visions et
de leurs intérêts, et le drame que
vivent, depuis quelques années,
certains pays arabes et musul-
mans en est la preuve édifiante.
L’Algérie fait face aujour-
d’hui à de nouveaux défis, des
défis induits par le saut qualitatif
que nous nous devons de pour-
suivre et sur divers plans ainsi
que d’autres imposés par la crise
multiformes que traverse le
monde. Concernant les défis de
la réforme nationale, le secteur
de l’information dans notre pays
fournira un service important à
notre société en contribuant à
expliquer l’impératif de la
consolidation de l’Etat de droit
et à convaincre de la nécessité de
réhabiliter l’effort et le travail et
de promouvoir la qualité, des
valeurs qui permettent d’être au
diapason des pays émergents
parmi lesquels l’Algérie mérite-
rait légitimement sa place. Et
dans ce contexte précisément, la
crise pétrolière mondiale doit
être un leitmotiv sur lequel doi-
vent s’appuyer les forces vives
dans notre pays, à leur tête les
médias, pour faire aboutir le pro-
cessus de réforme nationale.
En revanche, les défis
imposés par le monde d’aujour-
d’hui exigent de nous tous une
prise de conscience et de la vigi-
lance pour la sauvegarde de la
sécurité de notre pays. De même
que le pseudo choc des civilisa-
tions impose aujourd’hui aux
forces vives du pays, dont les
médias de déployer davantage
d’efforts et de persévérance pour
défendre l’Islam des lumières et
la grandeur de la civilisation
islamique face aux tentatives de
certains de ternir l’image de
notre sainte religion qui prône la
paix et la tolérance, le savoir et
le progrès.
Cette journée nous interpelle
pour réfléchir davantage à notre
conjoncture présente et à l’avenir
afin de promouvoir le secteur de
l’information qui a permis à
notre pays de se frayer une place
parmi les pays démocratiques.
Des pays où la presse joue un
rôle de libérateur, d’éclaireur et
de critique, mobilisant le peuple
pour la poursuite de sa marche
vers la consécration de ses aspi-
rations.
Je tiens à cette occasion à
rendre hommage aux femmes et
aux hommes de la famille de la
presse nationale, tout en saluant
leurs sacrifices et leur courage
dans l’exercice de leur métier. Je
vous souhaite à tous davantage
de succès et de réussite.
Mardi 3 mai 2016
4
DANS UN MESSAGE À L’OCCASION DE LA JOURNÉE MONDIALE DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE
Bouteflika : «Réfléchir davantage afin
de promouvoir le secteur de l’information»
Suite de la page 1
Aussi, M. Bouteflika invitera-t-il les jour-
nalistes à être d’authentiques et profession-
nels journalistes, en se disant, de manière
fort courtoise, «convaincu qu’au regard de
leur degré élevé de conscience nationale, les
acteurs du secteur sauront contribuer à
transmettre, par leurs idées et leur profes-
sionnalisme, l’image authentique de
l’Algérie et à fournir au citoyen algérien un
produit médiatique intègre, notamment dans
le monde actuel marqué par la tyrannie des
plus forts qui œuvrent à minimiser et à déva-
loriser tout ce qui va à contre-courant de
leurs visions et de leurs intérêts, et le drame
que vivent, depuis quelques années, certains
pays arabes et musulmans en est la preuve
édifiante».
La presse est aussi attendue sur le terrain
socioéconomique. «Le secteur de l’informa-
tion dans notre pays fournira un service
important à notre société en contribuant à
expliquer l’impératif de la consolidation de
l’Etat de droit et à convaincre de la néces-
sité de réhabiliter l’effort et le travail et de
promouvoir la qualité […]. Et dans ce
contexte précisément, la crise pétrolière
mondiale doit être un leitmotiv sur lequel
doivent s’appuyer les forces vives dans notre
pays, à leur tête les médias, pour faire
aboutir le processus de réforme nationale.
En revanche, les défis imposés par le monde
d’aujourd’hui exigent de nous tous une prise
de conscience et de la vigilance pour la sau-
vegarde de la sécurité de notre pays. De
même que le pseudo choc des civilisations
impose aujourd’hui aux forces vives du
pays, dont les médias, de déployer davan-
tage d’efforts et de persévérance pour
défendre l’Islam des lumières et la grandeur
de la civilisation islamique face aux tenta-
tives de certains de ternir l’image de notre
sainte religion qui prône la paix et la tolé-
rance, le savoir et le progrès», écrit le chef
de l’Etat.
Enfin, le Président, avant de rendre hom-
mage aux femmes et aux hommes de la
famille de la presse nationale et de saluer
leurs sacrifices et leur courage dans l’exer-
cice de leur métier, formule une recomman-
dation : «Cette journée nous interpelle pour
réfléchir davantage à notre conjoncture pré-
sente et à l’avenir afin de promouvoir le sec-
teur de l’information qui a permis à notre
pays de se frayer une place parmi les pays
démocratiques. Des pays où la presse joue
un rôle de libérateur, d’éclaireur et de cri-
tique, mobilisant le peuple pour la poursuite
de sa marche vers la consécration de ses
aspirations.» H. G.
Bouteflika : la presse doit jouer «un rôle
de libérateur, d’éclaireur et de critique»
Photo : S. Zoheir
L’ÉVÉNEMENT
Mardi 3 mai 2016
5
Par
Nasser Hannachi
La Journée mondiale de la
liberté de la presse arrive
dans une conjoncture
assez complexe en Algérie.
Précarité criarde dans la corpo-
ration, ruée vers la publicité,
crise financière, et mutation
difficile vers des TIC. Et
l’article 41 consacré à la presse
dans la nouvelle Constitution
demeure un apanage illusoire
de l’avis de quelques confrères,
et ne peut atténuer le mal et les
menaces qui frappent l’activité
journalisme de tout bord.
La dépénalisation du délit de
presse constitue certes un
acquis. Mais une hirondelle ne
fait pas le printemps : beaucoup
reste à concrétiser pour per-
mettre aux journalistes d’opérer
selon les normes et la législa-
tion en vigueur. Cette date du
3 mai ne saura servir à de
simples constats que vit la
corporation. Ou sanctionnée par
des titres honorifiques à des
«serviteurs» dans un micro-
cosme hermétique loin du
concret. Elle devrait dévoiler
les réels problèmes minant
l’exercice sous ses multiples
facettes, et interpeller les pou-
voirs publics pour asseoir sec-
teur libre de toute contrainte et
bannir ces dérives qu’on voit en
particulier dans certaines
chaines de télévision privées
dont les «journalistes» campent
le rôle de juges ou moralisa-
teurs.
«La presse algérienne est
leader par rapport à d’autres
pays. Mais rien ne justifie son
professionnalisme pour la
simple raison qu’elle ne joue
plus son rôle. Elle s’adonne à
des exercices autres que ses
prérogatives se métamorpho-
sant en partis politiques ou
carrément s’attitrant le titre
d’opposition», analyse un
confrère travaillant dans un
média national, ajoutant que la
presse est devenue accessible à
tous, y compris les personnes
n’ayant aucun rapport avec le
métier. Les dernières années
ont connu la multiplication
de tabloïdes gérés par des
personnes étrangères à la
profession. Ils publient pour
amasser les recettes des pages
de publicité.
Le pari de réussir le passage
à la presse électronique
constitue un autre écueil pour
quelques organismes. À ce
propos, nous dira Nardjess
Kermiche, rédactrice-en-chef
au quotidien arabophone
An Nasr : «Dans la presse
écrite, à mon avis, le journa-
liste est disposé à garantir cette
transition. Des journalistes, la
plupart des jeunes, travaillent
dans des conditions difficiles,
mais excellent dans les nou-
velles technologies devant le
défi temps. Ils utilisent les
médias sociaux pour communi-
quer et restent compétents dans
l’utilisation de la technologie
plus que leurs institutions.»
Notre interlocutrice mettra l’ac-
cent sur la formation qui devra
accompagner cette mutation
puisque «aujourd’hui le
reporter dépeint, écrit et com-
mente la vidéo. Et nous trou-
vons qu’il réagit rapidement
avec les nouvelles et ce qui se
passe autour de lui. Il a juste
besoin d’être guidé et accom-
pagné à travers des recyclages
et perfectionnements pour
réussir ce passage». Or esti-
mera-t-elle, «la faiblesse des
médias en Algérie ne lui
confère pas des paramètres
requis afin de s’adapter à la
célérité de la presse électro-
nique d’une part, de l’autre
la réticence à fournir par
les médias des moyens
sophistiqués d’accompagne-
ment demeurent quasi absents.
Autrement dit, point d’investis-
sement dans ce domaine
qui nécessite une équipe
rédactionnelle à part entière.
Les infos en ligne sont
pompées de la version papier».
Pessimiste la rédactrice
conclura : «Je pense qu’une
grande partie des journaux
sera vouée à la fermeture, car
ils ne sont que des pages pour
diffuser la publicité. Ils ne se
soucient pas de la tâche jour-
nalistique et communication-
nelle.» N. H.
LA PUBLICITÉ, ENJEU CAPITAL DES MÉDIAS
Crédibilité hypothéquée, tabloïds en danger
Par
Fatiha Ouidir
LA QUESTION liée à la
résistance de la presse papier
face à la presse électronique a
suscité un large débat et une
grande inquiétude sur l’avenir
de la presse papier en Algérie
ainsi que les différents enjeux
auxquels fait face aujourd’hui
la presse papier dans sa course
à la primauté de diffusion
de l’information face aux
nouveaux supports de commu-
nication avec cette double
contrainte de veiller à la fois à
la crédibilité de l’information et
à la persévérance de ses acquis
économique pour répondre aux
besoins socioprofessionnels de
ses travailleurs. Il faut dire que
l’émergence et le développe-
ment des nouvelles technolo-
gies ont entraîné la disparition
de certains titres de renom en
Europe et leur reconversion en
journaux électroniques pour des
considérations économiques et
socioculturelles. Cela a suscité
l’inquiétude de la corporation
de la presse algérienne sachant
que les responsables de ce
domaine ont affirmé la possibi-
lité pour la presse papier de
continuer à exister si elle veille
au professionnalisme dans
son travail en publiant des
informations justes, vérifiées et
crédibles en respectant le goût
du lectorat. En effet, la presse
est l’un des premiers secteurs
touchés par la révolution
numérique. D’ailleurs la presse
de 2016 n’est plus celle des
années 90. L’information n’est
plus l’apanage de la presse
écrite. Le support est également
et surtout numérique. Et par
numérique sont désigné les
sites d’information, les applica-
tions et évidemment les réseaux
sociaux. En Algérie l’extinction
des titres est encore dépendante
d’impératifs économiques ou
de rapports de forces politiques.
Toutefois la presse numérique
est en train de tracer son
chemin à un rythme effréné. La
réalité du terrain médiatique est
là, plusieurs journaux n’exis-
tant qu’en version numérique
algériens sont devenus des
références. Que se soit TSA
Alg2rie, Algérie patriotique,
Maghreb Emergent ou encore
Impact 24. Ces sites sont quoti-
diennement consultés par les
lecteurs algériens et tous ceux
qui veulent suivre l’actualité
algérienne Une autre est en
train de se positionner «Radio
Web Sarbacane», le groupe de
la Radio publique algérienne en
attendant les chaînes de télé fait
également sa mutation. Des
rédactions web ont été créées
depuis quelques temps déjà.
Cependant la meilleure illustra-
tion de cette évolution est
l’émission quotidienne «La
matinale 6-9» de la Chaîne 3 de
la Radio algérienne. Pour
revenir à la presse écrite algé-
rienne, elle semble néanmoins
se réveiller numériquement au
rythme des grands évènements.
La couverture de la campagne
électorale et de l’élection
présidentielle de 2014 a ainsi
été plus dynamique sur la toile
que sur le papier.
Toutefois peu de journaux
ont créé des rédactions web en
leur sein. Ils sont en train de
chercher des modèles écono-
miques. Entre-temps, la relation
entre le numérique et la presse
écrite change à une vitesse
vertigineuse.
Il s’agit, maintenant, de
suivre la mutation vers une
présence accrue sur le digital.
Suivre l’actualité sur l’écran
d’un PC (ou d’un Mac) est une
habitude qui est en train de
disparaître. Place, maintenant,
au mobile. Ces mutations
n’annoncent nullement la fin du
papier. La presse écrite et celle
du numérique ne peuvent
qu’être complémentaires, avec,
au bout, l’objectif de donner
aux lecteurs des informations
fiables et vérifiées. Mais cela
est un autre défit pour la presse
algérienne.
Enfin, la presse algérienne
fait désormais face au défi de
la révolution numérique chose
qui pourra causer sérieusement
la disparition de la presse
papier notamment avec le
développement progressif des
nouvelles technologies de
l’information et de la commu-
nication. F. O.
AVEC LE DÉVELOPPEMENT DES NTIC ET DU JOURNALISME CITOYEN SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX
Quel avenir pour la presse papier ?
Photo : Archives
L’affaire du rachat du Groupe El Khabar renvoyée
Suite de la page 1
Dès la matinée, les caméras des
télévisions privées étaient toutes sur leurs
trépieds faisant face à l’édifice du tribunal.
Vers 11h, la salle d’audience était pleine
comme un œuf. Avocats, journalistes et
patrons de presse, venus assister à
l’examen de la requête introduite par le
département de Hamid Grine pour
l’examen de la transaction du rachat
d’El Khabar par l’homme d’affaire, P-dg
de Cevital, Issad Rebrab.
Quand le griffer de justice appelle, vers
midi, cette affaire, une armada de blouses
noires coordonnée par MeKhaled
Bourayou s’approche de la barre.
Ce dernier converse avec le juge,
Taâni Mohamed. Après que ce dernier ait
annoncé le renvoi de l’affaire au 4 mai
prochain, l’avocat réplique : «On veut
prendre connaissance de la requête et les
éléments du dossier avec un délai régle-
mentaire pour qu’on puisse répondre.» Le
mercredi prochain, «le tribunal de la
deuxième chambre communiquera le dos-
sier et nous donnera un délai, en principe
d’une semaine, selon la tradition, pour
répondre par conclusions écrites»,
explique l’un des avocats du collectif
d’El Khabar, en marge de l’audience. Mais
pourquoi ce renvoi ? «On ne sait pas. C’est
une affaire interne à la justice», répond
calmement, MeBourayou.
Le Groupe El Khabar a constitué un
nouveau conseil d’administration, a-t-on
annoncé, hier, sur son site électronique. Ce
conseil est composé de Ahmed Nemmar,
Haitem Mehdi Benaissa, Hakim
Bouchicha, Zher-Eddine Semati et Cherif
Rezki. A cet effet, ce dernier a été nommé
président du conseil et directeur de publica-
tion du quotidien El Khabar et
M. Haïtem directeur général de KBC
(El Khabar-TV), précise la même source.
A. B.
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la presse doit jouer «un rôle de libérateur, d`éclaireur

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