Le dernier rôle
Le dernier rôle transpose sur scène le monologue intérieur d’un acteur qui se prépare à jouer Mark
Taylor, un tueur de masse de 17 femmes à l’A.I.T. (Anchorage Institute of Technology) dans les années
quatre-vingt. Comment incarner un tueur ? À quel point peut-on essayer de comprendre et de
s’identifier ? Déchiré entre la peur et l’introspection, tiraillé entre son insécurité et son ambition, l’acteur
en processus de création peine à se mettre dans la peau du personnage. Bras de fer avec le texte de
l’auteur, corps à corps avec le meurtrier, l’acteur plonge dans l’abîme. Supplice de Tantale, il répète
inlassablement les scènes du crime jusqu’à plus soif. Démesure du rôle ? Tâche titanesque ? L’acteur se
crucifie sur l’autel du Théâtre, aux portes de sa propre folie. Le dernier rôle pose avec justesse la
question de la représentation théâtrale.
« (…) je suis là pour que dans votre chaise de spectateur vous n’agissiez pas,
je volerai, je violerai et tuerai pour vous. »
© Danny Girouard-Taillon
Mohsen El Gharbi
Né à Anvers, d’une mère belge flamande et d’un père tunisien, Mohsen El Gharbi est issu del’école
Internationale de théâtre LASSAAD à Bruxelles. Par la suite, il peaufine sa formation auprès de maîtres
de théâtre : Ariane Mouchkine, Dario Fo et Yoshi Oida. Établi à Montréal depuis 1997, El Gharbi écrit,
deux ans plus tard, sa première pièce dramatique, Arlequin et Tyrano mis en scène par Yves Dagenais.
En 2000, il rejoint la compagnie Pol Pelletier puis part pour Bruxelles pour créer – après un an
d’improvisation – Omi Mouna, son premier monologue en néerlandais. Suivra deux ans plus tard, Omi
Mouna ou ma rencontre fantastique avec mon arrière-grand-mère une œuvre tragi-comique qu’il
écrit, interprète et mets en scène. En 2008, l’homme-orchestre présentait l’ironique Juste pour mourir –
monologue d’un kamikaze raté au Festival du Monde Arabe de Montréal. Mohsen El Gharbi obtient
les premiers rôles dans les séries télévisuelles québécoises Mon meilleur Ennemi, Watatatow, 450
chemin du Golf ainsi qu’au cinéma avec La neige cache l’ombre des figuiers un court métrage de
Samer Najiri plusieurs fois primés notamment aux Rendez-vous du cinéma québécois de 2010. Nouvel
opus créé en 2014, Le dernier rôle est le cinquième texte dramatique et la troisième mise en scène de
Mohsen El Gharbi.
Exposition du psychanalyste-sculpteur Patrick Cady
Présentée en marge du spectacle, l’exposition du psychanalyste-sculpteur Patrick Cady également
conseiller à la dramaturgie pour Le dernier rôle sera en montre au Café du MAI. Intitulée Pierres
voilées, cette exposition a pour thème le voile intégral. Faites de pierre et de résine, les sculptures de
Cady évoquent selon l’artiste un type de violence faite aux femmes et nous invitent à nous questionner.
Patrick Cady a publié plusieurs ouvrages traitant des rapports entre l’expérience du psychanalyste et
celle du sculpteur, mentionnons notamment « Le bal des humains » (éditions Les 400 coups) où les
sculptures de l’artiste font écho aux paroles de l’écrivaine Suzanne Jacob.