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Décembre 2009
Journal
N° 68
Confédération Paysanne 47
J’ai soupé avec Mao !
C’était lundi soir 14 décembre à la ferme de
Françoise et Henri Grossia à Tombeboeuf. Une poignée de paysans a partagé le repas avec une délégation
de responsables agricoles chinois. En visite d’étude en
France, le groupe composé d’ingénieurs agronomes,
d’inspecteurs généraux, de directeurs financier était
accompagné par une journaliste : Jy Zuging, qui avait
séjourné en Lot-et-Garonne dans les années 70.
A cette époque plusieurs familles de Paysans
Travailleurs avaient accueilli, lors des vacances, des
jeunes étudiants chinois en France pour leurs études.
La délégation constituée de 6 hommes et 3 femmes
représentait la province du Sichuan. 90 millions
d’habitants dont 69% de paysans. Disposés en groupes
de discussions autour des 2 interprètes, nous avons
fait découvrir notre gastronomie. Si le fromage de
chèvre fermier a reçu un accueil plutôt mitigé, les
pruneaux, les vins régionaux et particulièrement le
Bordeaux attirèrent leur attention.
L’extrême convivialité de ces instants entrecoupés de
séances de photos très joyeuses, nous a permis un
échange de point de vue informel mais instructif sur le
statut d’agriculteur et le mode de développement
souhaitable pour les territoires.
J’avais, à ma table, la responsable financière en
charge des subventions agricoles ainsi que le directeur
du département céréales et oléagineux de la province
du Sichuan. Je faisais face au sosie de Mao Tse Tong,
large visage, poupon, yeux bridés ! Seule différence
avec le père Mao, il n’était pas coiffé en arrière. Il fut
le seul à ne rien dire de la soirée, impassible comme la
statue du grand Timonier.
Avec l’aide d’une jeune interprète, j’ai expliqué
l’intérêt de protéger et de soutenir une paysannerie au
service de l’approvisionnement des populations et de
la souveraineté alimentaire. Comme ils semblaient
guidés par une vision plutôt industrielle de
l’agriculture, j’ai insisté sur la nécessité de protéger
les terres et les ressources naturelles, ainsi que leur
biodiversité cultivée. Les pressions démographiques
et économiques étant très fortes sur des terres plutôt
rares, je leur ai conseillé de ne pas aller trop vite dans
leur mutation agricole.
A un moment l’une des jeunes femmes déclara qu’elle
nous trouvait très cultivés, je lui ai répondu
Mao
par Andy Warhol
que nous étions membres d’un syndicat Confédération
Paysanne où la réflexion critique est très développée
nourrie, entre autre, par de fructueux échanges avec le
monde extérieur. Lorsque cette personne se désola de
n’avoir pas de paysans équivalents en Chine, je
décelais dans ses propos la même pointe de
condescendance qu’ont certains administratifs vis-àvis de la classe des paysans. Je lui répondit que les
paysans ont l’intelligence de la terre et qu’il faut
prendre le temps de les écouter (commentaire
personnel : la Chine communiste n’a pas résolu la
question de la lutte des classes, leurs paysans sont les
grands perdants de leur « miracle économique ». A
quand la révolution agri culturelle en Chine !)
Quoi qu’il en soit nous avons partagés sur le plan
humain une soirée exceptionnelle comme seule la
Confédération Paysanne peut nous offrir au détour de
nos engagements. Nous avons pu découvrir des
personnes sympathiques, plutôt raffinées et très à
l’écoute.
A l’occasion de leurs visites d’étude entre Toulouse et
Bordeaux, la halte du Lot-et-Garonne restera dans les
mémoires. Un remerciement particulier à Françoise et
Henri Grossia pour l’accueil de cette délégation et
l’organisation des visites locales de terrain.
La délégation termina la soirée en distribuant quelques
cadeaux et par une invitation chaleureuse à découvrir
la province du Sichuan.
J’ai quitté nos amis chinois avec une cravate en soie,
promis juré je la porterai à l’occasion de notre
Assemblée Générale !
Christian CROUZET
1
CRISE Effondrement du revenu agricole 2009, l’Appel de Paris
du G22 n’apporte aucun espoir !
Comptes provisoires de l'agriculture publiés ce jour : de 12 milliards d'euros en 2008, le revenu de la
"ferme France" tombe à 8 milliards en 2009 soit : - 34% de revenu agricole.
Un producteur de lait moyen (200 000 litres) gagne 700 € de revenu par mois.
Jamais depuis la tenue des comptes de l'agriculture une telle chute n'est intervenue.
Jamais à ce point tous les paysans n’ont été frappés par une crise généralisée.
Jamais à ce point, n'est offert aucun espoir !
Les profits des entreprises de transformation et de distribution ne souffrent pas, certains voient même leur
"capitalisation boursière" revenir à un très bon niveau.
Les décideurs peuvent dormir tranquille. Les paysans meurent presque en silence.
Depuis des mois, la Confédération paysanne en action sur le terrain, revendique une prise en compte des
difficultés des paysans.
Les ministres de 22 Etats de l'Union Européenne, réunis le 10 décembre lançaient avec Bruno Le Maire,
"l'Appel de Paris" : il y est écrit qu’il faut "donner aux agriculteurs des moyens pour mieux répondre aux
signaux du marché" Quelle provocation ! Comme si les paysans étaient responsables de la situation dramatique
dans laquelle les plongent les différentes politiques agricoles. Ils répondent au contraire formidablement bien
aux signaux ; tellement bien que les marchés qui flambaient il y
deux ans sont aujourd'hui à un niveau dramatiquement bas.
Quelle erreur d'analyse !
Depuis des semaines, nous demandons que le gouvernement
agisse pour un meilleur partage de la valeur ajoutée tout au
long des filières. Silence total, silence méprisant pour ceux qui
voient leur travail de tous les jours à ce point peu reconnu.
Toujours pas de modification de l'orientation libérale
dévastatrice de l'Union Européenne ; pas de signe aux industries
laitières ni à la grande distribution qui font de jolis profits.
Il est loin le temps des éloges à ceux qui se lèvent tôt pour
travailler.
Juste quelques promesses d'emprunt : un mécanisme qui se refermera sur les plus fragiles qui ne peuvent déjà plus rembourser.
La Confédération paysanne exige que la nouvelle PAC tire les
enseignements de cette situation.
Les ministres européens doivent vraiment tourner le dos à ces
politiques internationales et communautaires qui liquident les
paysans.
Communiqué national du 14/12/09
Plan de soutien à l’agriculture : Les agriculteurs en redressement
judiciaire toujours exclus.
Dans un point presse, Bruno Le Maire a
présenté ce jour l’état de la mise en œuvre du plan
d’urgence en faveur de l’agriculture annoncé par le
Président de la République le 27 octobre 2009.
Malgré les interpellations de la Confédération
paysanne, alertée par l’association Solidarité Paysans
qui accompagne les agriculteurs en difficulté sur leur
exploitation, aucune annonce n’a été faite pour
permettre aux agriculteurs les plus fragiles de
bénéficier également du soutien de l’Etat face à une
crise qui les touche comme les autres.
En effet, le cadre européen dans lequel s’inscrit le
plan de soutien exclut de fait les agriculteurs réglant
l’endettement de leur exploitation par voie
judiciaire, alors même que ces procédures permettent
le redressement de l’exploitation et la sauvegarde des
emplois.
C’est pourquoi la Confédération paysanne revendique
que les 100 millions d’euros prévus dans le plan pour
les mesures « d’accompagnement » :
- soient prioritairement réservés aux agriculteurs
en procédures judiciaires (redressement
judiciaire ou procédure de sauvegarde),
- permettent une prise en charge totale des
cotisations sociales personnelles et patronales
2009 et 2010,
- permettent l’accès à un prêt à taux zéro
remboursable à la fin de la procédure judiciaire
pour faire face au versement des dividendes
2009 et 2010.
Au-delà de ce plan, la Confédération paysanne
rappelle que l’agriculture a plus que jamais besoin
d’une véritable politique agricole commune avec des
outils de régulation et de répartition.
Par ailleurs, la Confédération paysanne restera
vigilante à l’accessibilité évoquée des CUMA au plan
de soutien, ce qu’elle demande de longue date.
2
Communiqué national du 08/12/09
CRISE Plan de soutien « dit » exceptionnel à l’agriculture
Le gouvernement dans sa grande
mansuétude met en place un plan de soutien
exceptionnel à l’agriculture.
Ce plan se répartit en trois catégories :
1° Prêts bancaires
-prêt de reconstitution de fonds de roulement
(trésorerie)
Aide à la reconstitution de la trésorerie par la prise en
charge partielle des intérêts. Taux maximum 3% avec
une prise en charge par l’Etat de 1,5% dans le cas
général et 2% pour les JA. Le plafond est de 30 000€
sur une durée de 2 à 5 ans.
- prêt bonifié de consolidation.
Report de paiement des annuités 2010 Taux de 1,5%
cas général, y compris les récents investisseurs et 1%
pour les JA. Le montant maximum est de 30 000€ sur
une durée de 2 à 5 ans. Incompatible avec le fonds
d’allègement des charges.
La constitution des dossiers est à faire avec
l’établissement de crédit à partir de décembre 2009.
2° Allègement des charges
-fonds d’allègement des charges (FAC) .
Aide aux exploitations endettées, en difficultés. Prise
en charge d’intérêts 2010 de prêts professionnels dans
la double limite de 50% de l’échéance annuelle et du
montant des intérêts de l’année 2010. Concerne les JA
depuis le 27/10/2004, les récents investisseurs, les exploitations ayant une baisse de l’EBE d’au moins 5%.
-AGRIDIFF
Accompagnement des agriculteurs les plus en difficulté. 2 niveaux de mesure. D’une part établir un prédiagnostic permettant d’identifier l’origine des
difficultés et leur niveau, d’autre part établir un plan
de redressement et d’allègement de charges. Les
conditions d’accès sont multiples :
- avoir moins de 55 ans , sauf si successeur
identifié
- endettement supérieur à 75% des fonds
propres hors foncier
- diminution de l’EBE de 20% sur les 3
dernières années
- engagement de rester agriculteur pendant le
plan de redressement
- agriculteur à titre principal depuis 5 ans
- revenu moyen par UT non salariée inférieur
au SMIC net annuel (12 444 € en 2009)
Pour la constitution des dossiers, il préférable de
contacter la DDAF à partir de décembre 2009
-prise en charge des cotisations sociales
A voir directement avec la MSA .(aucunes précisions
sur ce dispositif)
3° Autres allègements
-exonération TFNB (taxe foncière non bâtie)
Prise en charge au cas par cas des taxes non payées au
15/10/09
Il faut contacter les services fiscaux. (Aucunes
précisions sur ce dispositif)
-remboursement partiel TIPP et TICGN 2009
(taxe intérieure sur les produits pétroliers et taxe intérieure sur la consommation sur le gaz naturel)
Dispositif qui existe depuis plusieurs années. Seulement 3 533 exploitations sur environ 8 500 ont demandé ce remboursement pour le 2° semestre 2008. Pour
bénéficier de cette mesure, la seule condition est
d’avoir acheté des produits pétroliers dans l’année et
de remplir un formulaire que l’on trouve sur le site
mesdemarches.agriculture.gouv.fr ou à demander à
votre centre des impôts. Le formulaire 2009 n’est pas
encore établi.
Les formulaires sont à adresser à la Trésorerie
Générale — Cellule remboursement TIPP-TICGN
Pour le Lot-et-Garonne: 1 pl Jacobins 47000 AGEN
-remboursement partiel de la taxe carbone
2010. Aucunes précisions sur ce dispositif
Comme vous pouvez le constater ces mesures
ne sont pas nouvelles et non rien
d’exceptionnelles. Pour ce qui concerne le
FAC, AGRIDIFF, la TFNB et la TIPP, je crois
qu’il ne faut pas hésiter à monter des
dossiers car il n’y a rien de dévalorisant à
profiter de ces mesures. Elles sont faites
pour faire fonctionner la solidarité.
Elles ne sont malheureusement pas à la
hauteur des difficultés rencontrées par les
paysans.
Marie-Claude LEROY, paysanne de Gironde
NB : la Conf’ 47 participe au comité de gestion et de
suivi, faites nous remonter toutes les difficultés
rencontrées.
La Confédération Paysanne : Prix Nobel d’économie !
Maurice Allais notre seul Prix Nobel d’économie est très en colère contre les responsable de l’OMC : « il faut de toute
urgence délocaliser Pascal Lamy (directeur de l’OMC), un des facteurs majeurs du chômage ! »
Et il plaide pour la création « d’ensemble régionaux plus homogènes unissant plusieurs pays lorsque ceux-ci
présentent de même conditions de revenu ».
Maurice Allais a du lire les propositions syndicale de la Conf’ qui réclame l’instauration d’une souveraineté alimentaire
à l’échelle d’ensembles régionaux. Il est désolant que ce brillant économiste soit délibérément marginalisé !
Source : Le Canard Enchaîné
3
ACTU
47
L’ami européen !
José Bové, député européen, vice président de
la commission agricole et de l‘aménagement rural
était le vendredi 4 décembre à Villeneuve-sur-Lot à
la demande de la filière prunicole.
Nous en avons profité pour organiser une
2ème rencontre sur la ferme d’ Emmanuel et
Jacqueline Aze, arboriculteurs, afin d’aborder les
crises fruits et légumes et laitière.
Emmanuel y a présenté son travail axé sur la
qualité et la maîtrise de la commercialisation.
Michèle Roux responsable de la commission Lait
de la Confédération Paysanne d’Aquitaine, a
rappelé l’urgence d’une maîtrise de la production
laitière au niveau européen.
Nous avons trouvé José très à l’écoute, particulièrement
heureux de se trouver avec les militants de sa famille
syndicale. Il nous a conseillé d’être mobilisé et offensif
pour la nouvelle PAC et a insisté sur une économie
relocalisée capable de consolider la base d’un revenu
agricole.
Cette courte rencontre improvisée a permis une prise de
contact avec José dans ses nouvelles fonctions. Et nous
comptons poursuivre les relations avec ses attachés
parlementaires.
Un grand merci à Jacqueline et Emmanuel pour leur
accueil et la réalisation de ce rendez-vous.
Photo : La Feuille
Remerciements à La Feuille pour le crédit de certaines Photos
L’Echo des Campagnes :
Directeur de publication: Christian CROUZET ;
Secrétariat de rédaction, Mise en page: Coralie HIARD ;
Confédération Paysanne de Lot-et-Garonne - 46 rue de la Convention - 47300 Villeneuve/Lot -Tél./Fax: 05 53 49 35 95
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ACTU 47 Si vous n’avez rien à dire, c’est que tout va bien !
Fin novembre le Préfet a organisé les « assises
des territoires ruraux » autour de réunions dans
chaque circonscription du département.
Quelques semaines auparavant la presse avait révélée
le plan d’aménagement du territoire proposé par le
président de la République. En résumé : développer
des grandes métropoles régionales capables de
rivaliser avec les capitales européennes.
En fait, soutenir des pôles d’attraction concentrant
activités économiques et services publics. Et l’on relie
le tout par des réseaux de lignes autoroutières et
ferroviaires à grande vitesse. Les territoires ruraux
étant oubliés dans la communication de l’Elysée, ces
assises faisaient figure d’exercice de rattrapage.
Réunissant élus ruraux, représentants professionnels
et associatifs, le face à face avec l’administration
préfectorale se solda par un décalage évident avec les
attentes légitimes des populations. Chacun s’était
déplacé pour apporter son éclairage sur les thèmes
proposés : développer les activités économiques et
valoriser les atouts des territoires, faciliter la vie
quotidienne des populations, organiser et animer les
territoires. Lorsque le directeur des débats précisa, en
introduction, qu’il était exclu d’aborder les questions
financières et fiscales, chacun compris que ces assises
étaient un simulacre de consultation.
Sans moyen pour les territoires ruraux, l’échange ne
se borna qu’à quelques mesurettes possibles.
Dans un contexte d’abandon de la taxe professionnelle, d’un redécoupage administratif (commandé
par des velléités électorales), les élus présents furent
dans l’impossibilité d’aborder les problèmes de fond.
A maintes fois l’animateur interpella l’auditoire replié
dans une stupeur incrédule : « si vous n’avez rien à
dire, c’est que tout va bien ! »
Le gouvernement veut appliquer au territoire une
logique de gestion financière. Les territoires les plus
compétitifs économiquement seront soutenus. Pour les
déshérités on appliquera « une discrimination positive ». On abandonne la politique de complémentarité
et de solidarité entre territoires, qui a prévalu jusque
là, pour y substituer une compétition destructrice.
Mais que l’on se rassure cette concurrence libre et
non faussée sera corrigée par un discriminant positif.
Et faveur parmi les faveurs, c’est aux perdants de
définir les limites des corrections éventuelles pour les
dégâts occasionnés aux territoires. Autant demander à
celui que l’on va faire mourir de choisir la couleur du
cercueil !
Cette opération de communication gouvernementale
avait pour objectif de persuader du bien fondé de la
réforme et d’évaluer son degré d’acceptation par les
élus chargés de l’appliquer. Opération réussie pour le
plus grand malheur des territoires ruraux.
Christian CROUZET
En marge des assises des territoires ruraux
découvrez le dossier du dernier Campagnes
Solidaires « Attention désert médical ».
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5
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FORUM
CLIMATIQUE
Pourquoi nous avons quitté nos fermes pour
venir à Copenhague ?
Discours d’Henry Saragih, Coordinateur Général de la Via CampesinaOuverture du Klimaforum, Copenhague, le 7 Décembre 2009
Nous, le mouvement international
de paysans La Via Campesina, venons à
Copenhague depuis les cinq coins du
monde, après avoir quitté nos fermes,
nos animaux, nos forêts, et même nos
familles dans les hameaux et les villages
pour nous joindre à vous tous.
Pourquoi est-ce si important pour nous
de venir de si loin ? Il y a un certain
nombre de raisons à cela. D’abord, nous
voulons vous dire que ce changement
climatique a déjà de sérieux impacts sur
nous. Cela cause des inondations, des
sécheresses, et l’éruption de maladies
qui toutes causent des gros problèmes à
nos récoltes. Je tiens à souligner que les
paysans ne sont pas à l’origine de ces
problèmes. Au contraire, ce sont les pollueurs à l’origine des émissions qui dé- Les organisations de la Via Campesina veulent démontrer que l’agriculture
truisent les cycles naturels. C’est pour- paysanne durable a un rôle réel à jouer dans le débat sur le changement
quoi nous, les petits producteurs, nous climatique et qu’elle représente la solution la plus responsable et la plus positive à
sommes venus ici pour dire que nous ne mettre en œuvre dès à présent.
payerons pas pour leurs erreurs.
Et nous demandons à ceux qui sont à l’origine des et par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC),
contribue aux émissions de gaz à effet de serre, en
émissions de faire face à leurs responsabilités.
Ensuite, je voudrais partager avec vous quelques raison de l’industrie et du transport agroalimentaires
données sur qui sont vraiment les émetteurs de gaz à partout dans le monde.
effet de serre dans l’agriculture : une nouvelle donnée Si nous voulons vraiment nous attaquer à la crise du
montre clairement que l’agriculture industrialisée et le changement climatique, la seule solution est de stopper
système alimentaire globalisé sont responsables de 44 l’agriculture industrielle. L’agribusiness n’a pas seuleà 57% du total des émissions de gaz à effet de serre. Ce ment contribué largement à la crise du climat, elle a
chiffre peut être décomposé comme suit : les activités aussi massacré les paysans du monde. Des millions de
agricoles sont responsables pour entre 11 et 15% ; le paysans et paysannes partout dans le monde, ont été
nettoyage des terres et la déforestation pour 15 à 18% expulsés de leurs terres. Des millions d’autres subissent
supplémentaires ; l’industrie agroalimentaire, des violences chaque année à causes de conflits fonciers
l’emballage et le transport causent entre 15 et 20%, la en Afrique, en Asie, en Amérique latine. Ce sont des
décomposition de déchets organiques causent 3 à 4%. paysans et paysannes et des gens sans terre qui compoCela signifie que le système alimentaire actuel est un sent la majorité des plus d’1 milliard de personnes
affamées dans le monde. Et à cause de la libéralisation
gros pollueur.
La question à laquelle nous devons répondre maintenant du commerce, de nombreux petits producteurs se
est : comment résolvons-nous le chaos climatique et la suicident en Asie du Sud. Par conséquent, en finir avec
faim, et comment garantissons-nous de meilleures l’agriculture commerciale est notre seule issue.
conditions de vie aux paysans, quand le secteur agricole Les négociations actuelles autour du climat, qui se
lui-même est responsable pour plus de la moitié des basent sur des mécanismes de commerce du carbone,
émissions ? Nous croyons que c’est le modèle industria- apporteront-elles des solutions au changement climatilisé d’agriculture et l’agri business qui sont à la base du que ? A cela nous répondons que les mécanismes de
problème, car ces pourcentages que je viens de mention- commerce de carbone ne serviront que les entreprises
ner proviennent de la déforestation et de la conversion et pays pollueurs, et apporteront des désastres aux
de forêts naturelles en plantations de monocultures, acti- paysans et aux peuples indigènes dans les pays en dévevités menées par des corporations de l’agri business. loppement. Le mécanisme REDD (Réduction des émisNon par les paysans. De si importantes émissions de sions liées à la déforestation et à la dégradation des
méthane par l’agriculture sont aussi le fait de l’utilisation forêts) a déjà expulsé de leurs terres de nombreuses
d’urée comme fertilisant pétrochimique par le biais de la communautés indigènes et de petits producteurs dans
révolution verte, très promue par la Banque mondiale. les pays en voie de développement. Et de plus en plus
Parallèlement, la libéralisation commerciale de l’agri- de terres arables sont transformée en plantations
culture promue par les accords de libre-échange (ALE), d’arbres pour attirer les crédits carbone.
Suite page 5
6
FORUM CLIMATIQUE
… Suite du Discours d’Henry Saragih
Lors de la COP13 à Bali en 2007, Via Campesina a proposé la solution des paysans sans terre et des petits
producteurs au changement climatique, qui est : « les paysans et paysannes refroidissent la planète ». Ici à la
COP15, nous venons une fois encore avec cette proposition, en l’appuyant sur les chiffres qui prouvent que cela
pourrait réduire pour plus de moitié les émissions mondiales des gaz à effet de serre. Ce chiffre provient de :
1)
la récupération des matières organiques dans le sol réduirait les émissions de 20à 35%.
2)
Renverser la concentration de la production de viande dans les élevages industriels et réintégrer la
production conjointe d’animaux et de récoltes les réduirait de 5 à 9%.
3)
Remettre les marchés locaux et les aliments frais au centre du système alimentaire les réduirait d’encore
de 10 à 12%.
4)
Mettre un terme au nettoyage de la terre et la déforestation enlèverait encore 15 à 18% des émissions.
Rapidement, en retirant l’agriculture des mains des grosses corporations de l’agribusiness et en la remettant
entre celles des petits producteurs, nous pouvons réduire de moitié les émissions mondiales de gaz
à effets de serre.
C’est ce que nous proposons, et nous appelons cela la « Souveraineté Alimentaire ».
Et pour parvenir à cela, nous avons besoin que les mouvements sociaux travaillent ensemble et luttent ensemble
pour mettre un terme aux actuelles fausses solutions aujourd’hui sur la table des négociations du climat. Ceci est
indispensable, car sinon nous devrons faire face à une tragédie encore plus grande au niveau mondial. En tant que
mouvements sociaux, nous devons mettre notre propre agenda sur la table, car nous sommes les premières
victimes climatiques et les premiers réfugiés climatiques, par conséquent la justice climatique est entre nos mains.
Au sommet de l’alimentation de la FAO en 1996, les gouvernements se sont engagés à réduire la faim de moitié
d’ici 2015. La réalité est que le nombre de personnes souffrant de la faim a récemment augmenté de manière
dramatique. Nous ne voulons pas que la même chose arrive avec les discussions sur le climat, et voir les émissions
augmenter encore d’avantage en dépit de ce que les gouvernements négocient au sein de l’UNFCCC.
Nous invitons tous les mouvements présents à Copenhague à se rassembler pour mettre la justice climatique sur la
table. La justice climatique ne sera atteinte que par le biais de la solidarité et de la justice sociale.
ACTU AQUITAINE Menaces sur l’Agriculture Bio
Où sont les Bio ? Telle est la
question que je me suis posé en sortant
de la DRAF de Bordeaux, lorsque après
une matinée de réunion j’apprends que
les nouvelles aides MAB (maintien à
agriculture biologique) allaient se
retrouver sur le 1er pilier de la PAC et donc de ce fait
être soumise à modulation, comme toutes les aides du
1 er pilier.
Absence de réactions des représentants bio de la
région ; le plus choquant arrive : le ministère n’a pas
prévu de plafond surfacique pour cette aide, cela veut
dire que les courses à l’Ha vont recommencer et avec
plus d’intensité : en effet imaginez, une exploitation
bio de 100 Ha de céréales SCOP, montant des aides
PAC pour le 47, environ 33000 € DPU compris pour
2009. En 2010, la même exploitation avec le même
assolement touchera 43000 € soit une augmentation
de 25 % ! Je n’ose même pas faire le calcul pour une
exploitation mixte arbo-céréales, sachant que le montant d’aide pour les arboriculteurs sera de 590 €/ Ha /
an…..
Pour 2011, le dossier CAB (Conversion agriculture
bio) sortira du 2ème pilier de la PAC pour rejoindre le
1er pilier, cela va entraîner de fait une nouvelle
modulation des aides destinées à la conversion bio. Et
après çà partout on nous annonce que l’on veut arriver
à 20 % de production bio en France….
La cerise sur le gâteau de cette avalanche d’aides pour
la Bio, c’est que pour 2010 la loi de finance adoptée
début 2009, prévoit le doublement du crédit d’impôt, il
va donc passer de 2000 € à 4000 € par revenu fiscal.
Conditions nécessaires pour prétendre à ces aides :
aucune si ce n’est, d’être agriculteur bio partiellement
pour l’aide MAB, et en totalité pour le crédit d’impôt.
Cela va avoir plusieurs conséquences désastreuses
pour les filières spécialisées du département, à savoir
explosion des demandes d’aides à la conversion sur
les filières qui ne se portent pas très bien (pruneaux
par exemple et céréales) le temps que le marché du
conventionnel s’assainisse.
Pour rappel, les « CTE Glavany » dans les années 2000
étaient aussi ambitieux financièrement, mais
malheureusement, ils n’ont eu qu’un effet pour notre
agriculture : créer des conversions-déconversions
d’opportunité tant que ce fut intéressant, alors que
pour les bios motivés, cela a entraîné une importante
chute des cours, toutes productions confondues !
La morale de l’histoire : une fois de plus la FNAB, ses
structures régionales, départementales n’ont pas perçu
la poudre aux yeux qui leur a été lancée par le ministre
de l’agriculture, et en plus, on va distribuer à la pelle
l’argent public pour se donner bonne conscience !
Philippe GUICHARD
(suite à ses participations aux réunions
FEADER du 25/11 et CRAE du 11/12)
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Une année de mobilisations,
pour continuer à exister en 2010 !
Bergerac, le 25 mai 2009
devant l’ANPE
Bordeaux le 31 août 2009
distribution de lait
Le 26 mars 2009 lors de la relaxe de Michel
Berhocoirigoin président de EHLG, tribunal de
Bayonne.
Le 02 juin 2009, chez les Poirier, éleveurs laitiers en Dordogne,
rencontre avec les partis politiques, dans le cadre des élections
européennes.
Première rencontre nationale du
Groupe « Jeunes » de la Conf’ en
Ardèche les 4 et 5 septembre 2009
Photo : La Feuille
La Confédération Paysanne de Lot-et-Garonne
vous souhaite
Le 4 décembre 2009, visite de José Bové sur la
ferme de Emmanuel Aze, arboriculteur
à Villeneuve.
de
Bonnes Fêtes !
Prochain journal en janvier 2010 : Le bureau sera fermé du 23 décembre au 1er janvier !
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