Le Modèle d`Equilibre des Actifs Financiers (MEDAF)

Le Modèle dEquilibre des Actifs Financiers
(MEDAF)
Philippe Bernard
Innierie Economique et Financière
Université Paris-Dauphine
Mars 2013
F. 1 — Harry Markowitz
La théorie du portefeuille s’élabora en une dizaine d’années de 1952, date de l’article
fondateur de Markowitz, à 1964, date de celui de Sharpe [Sha64], avec entre les deux le livre
de Markowitz [Mar59] et l’article de Tobin [Tob58]. Entre ces différentes contributions,
la perspective de la théorie des portefeuilles évolua considérablement : initialement, disci-
pline uniquement normative ([Mar52], [Mar59]), elle devint avec Tobin [Tob58] et surtout
Sharpe [Sha64] (puis [Sha70]) une théorie positive de l’équilibre ‘du marché financier’.
Dans l’approche de Markowitz, les différents actifs et portefeuilles sont repérés par
leurs couples (rendement moyen, risque) où le risque est supposé mesuré par la variance.
Le problème de chaque financier est donc de chercher le portefeuille maximisant son utilité.
Pour résoudre ce problème, il est souvent plus habile de le résoudre en deux étapes :
1. terminer la frontière des portefeuilles efficients, i.e. l’ensemble des portefeuilles
minimisant les risques à rendement moyen don ; ceci nous donne un morceau de
courbe croissante dans l’espace (variance du rendement,espérance du rendement) ;
2. terminer le point de la frontière maximisant l’utilité ; les courbes d’indifférence
étant convexes et croissantes, l’optimum est un point de la frontière où celle-ci est
tangente à une courbe d’indifférence.
Tobin [Tob58] puis Sharpe [Sha64] ont étendu la théorie du portefeuille de Markowitz :
en supposant l’existence d’un actif sans risque ;
en transformant la théorie du portefeuille en une théorie positive.
Si Tobin s’est contenté d’appliquer la théorie du portefeuille à la demande de monnaie,
1
Sharpe
1
en a fait le socle d’une théorie de l’équilibre financier, le Modèle d’Equilibre des
Actifs Financiers (MEDAF ou en anglais CAPM), sous trois hypothèses supplémentaires :
les marcs financiers sont parfaits au sens où les agents peuvent prêter et emprunter
en l’absence de toute contrainte quantitative ;
les marchés financiers sont parfaitement concurrentiels ;
les agents ont les mêmes anticipations sur les rendements
2
.
Comme l’a noté Brennan [Bre89] :
“The reason for delay [between Markowitz (1959) and Sharpe (1964)] was
undoubtedly the boldness of the assumption required for progress, namely that
all investors hold the same beliefs about the joint distribution of a security.”
([Bre89] p.93)
Un des principaux résultats du CAPM fut de donner une expression exacte (et li-
néaire) de la prime de risque des actifs reposant sur la prise en compte des possibilités de
diversification :
“The older view that the risk premium depended on the asset’s variance
was no longer appropriate, since if one asset had a higher covariance with
the market, it would have a higher risk premium even if the total variance
of returns were lower. Even more surprising was the implication that a risky
asset that was uncorrelated with the market would have no risk premium and
would be expected to have the same return as the riskless asset, and that assets
that were inversely correlated with the market would actually have expected
returns of less than the riskless rate equilibrium.” ([Ros89] p.327)
1
Et aussi Lintner [Lin65], Mossin [Mos66]. Le modèle de Mossin est sans doute le plus remarquable
des trois par sa limpidité. Aussi est-il quelque peu injuste que Sharpe est monopolisé l’attention alors que
comme le notait (avec un brin de perfidie) Jan Mossin : “The paper by Sharpe gives a verbal diagram-
matical discussion of the determination of asset prices in quasi-dynamic terms. His general description
of the character of the market is similar to the one presented here, however, and his main conclusions
are certainly consistent with ours. But his lack of precision in the specification of equilibrium conditions
leaves parts of his arguments somewhat indefinite (souligné par nous).” ([Mos66] p.769)
2
Sharpe attribue le terme d’homogénéité des anticipations à un des référés de son article. Bien que
concédant ‘l’irréalisme’ de cette hypothèse, il la justifiait par sa conséquence, la réalisation de l’équilibre.
2
Le modèle du CAPM souffrait cependant de certaines limites théoriques et empiriques.
La finance moderne s’est en fait développée à partir des années 70 en s’efforçant
1. de se rattacher à l’économie mathématique et d’exploiter les résultats obtenus par
celle-ci dans les années 60-70 ([Arr53], [Bor63]) ;
2. d’utiliser autant que se peut des raisonnements d’arbitrage dont l’importance fut
cisivement démontrée par S.Ross dans son classique article [Ros77] ;
3. de développer des modèles de valorisation opérationnels ;
4. de développer des modèles d’équilibre général dynamique et calculable.
Le CAPM reste cependant un modèle essentiel notamment car il isole une variable
essentielle : le risque systématique.
1 Le portefeuille de marché
Dans le théome des deux fonds, il est montré que sous un ensemble d’hypothèses
couramment utilies en théorie du portefeuille, sans perte de généralité, le portefeuille
peut être considéré comme étant la combinaison de seulement deux produits financiers :
l’actif certain et un portefeuille risq. Ce dernier est défini par les rendements espérés et
les covariances. En effet,si l’on note :
rle vecteur colonne des primes de risques des Jtitres risqs
r=
Er
1
...
Er
J
Σla matrice des covariances
=
σ
2
1
... σ
1J
... ... ...
σ
J1
... σ
2
J
1le vecteur colonne de même dimension que rdont toutes les composantes sont
3
égales à 1
1=
1
...
1
alors le portefeuille risqué à combiner avec l’actidf certain est donné par :
z=Σ
1
r
1
T
Σ
1
r(1)
Le contexte du marché, i.e. la donnée des primes de risque (r) et des covariances (Σ),
suffit donc à définir le portefeuille boursier que chaque agent doi tenir.
Mais que représente économiquement, financièrement ce portefeuille ?
En fait, si l’on prend en compte les conditions d’équilibre sur les marchés, on peut
définir ce portefeuille ztrès intuitivement et sans prendre en compte les expressions matri-
cielles. Pour cela, il suffit de partir de l’habituelle condition d’équilibre : offre = demande,
et de passer à sa version en valeur : dépense = valeur de l’offre. Dans le CAPM, un modèle
de court terme, l’offre (la quantité de titres émise) est supposée constante. Et donc en
valeur l’offre se confond avec la capitalisation du titre sur le marché (que l’on notera q).
Du côté de la demande chaque agent iveut investir un montant motaire égal à x
i
j
W
i
, où W
i
est sa richesse. Par conséquent, pour le marché du titre j, la condition d’égalité
des demandes à l’offre valeur s’écrit :
i
x
i
j
×W
i
=q
j
(2)
Mais le contexte est celui où le torème des deux fonds s’applique, et donc chaque agent
ise comporte comme s’il ventilait d’abord sa richesse entre le placement certain (pour
une part 1x
i
0
de sa richesse) et les placements risqués, avant de placer la totalité de cet
investissement risqué (égal donc à (1 x
i
0
)W
i
) dans le portefeuille z. Par conséquent,
on a la retriction suivante sur la part x
i
j
:
x
i
j
= (1 x
i
0
)×z
j
(3)
z
j
n’est évidemment pas indicé par i. Aussi en substituant et en réarrangeant on a :
i
(1 x
i
0
)×z
j
×W
i
=q
j
(4)
4
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