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publics locaux, nationaux et internationaux, soit des acteurs privés, soit des
groupes d’intérêt, des « stakeholders groups » fonctionnant dans un pluralisme
des réseaux. Peut - on donc affirmer que, suite à l’affaiblissement du concept de
souveraineté de type westphalien
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, l’Etat est définitivement ramené à des
fonctions minimales de régulation, telles que la loi et l’ordre, le cadre
réglementaire de l’action des acteurs et l’organisation de la contractualisation,
des forums de débat publics ? Hufty répond que « la façon de conduire les
politiques publiques ou de réguler les biens publics a changé de manière très
rapide durant les vingt dernières années. De nombreux mécanismes de
régulation des biens publics se développent hors d’un Etat qui, jusqu’à
récemment encore, en réclamait le monopole. Ils coexistent et se chevauchent.
Dans de nombreux domaines, la rationalité hiérarchique de l’Etat laisse place à
des réseaux d’acteurs autonomes et interdépendants, à des arrangements
qualifiés de partenariats au niveau national ou de régimes au niveau
international (Jessops 1998), dont les Etats sont devenus dépendants. C’est le
sens que prend la « gouvernance moderne » chez Kooiman (1993) ou Rhodes
(1996). » (2006) Face à l’« évidement » (hollowing-out) de l’Etat conséquent
aux politiques néo-libérales (ouverture commerciale, décentralisation, nouvelle
gestion publique, privatisations, etc.), certains auteurs vont jusqu’à faire
l’hypothèse d’un droit de la mondialisation qui serait un droit sans Etats
(Michalet 2002).
L’existence de l’Etat, en tant qu’ordre politique, est remise en cause par la
mondialisation et l’accroissement des flux transnationaux aussi bien matériels
qu’immatériels. Qu’il s’agisse de migrations, de commerce, de transports, de
flux de capitaux ou de communication, l’Etat ne fait plus figure d’acteur
principal et apparaît « affaibli, voire dépassé » (Laroche, 2003, 14). Certes, les
Etats les plus puissants sont capables d’exercer beaucoup plus d’influence que
les autres sur ces processus, tandis que dans bon nombre de pays en
développement, l’utilisation des outils méthodologiques de la gouvernance ne
fait que confirmer les contrastes entre les apparences et la réalité du
fonctionnement des institutions étatiques (Badie, 1992, Bayart, 2004), et permet
enfin d’analyser les modes de fonctionnement du pouvoir dans toutes ses
composantes.
Le renforcement des firmes multinationales et les pressions du secteur privé leur
permettent de menacer directement les politiques publiques des Etats. « On
passerait ainsi d’un rapport de pouvoir centralisé et hiérarchisé à une nébuleuse
d’institutions et de réseaux qui assumeraient des fonctions diverses en vue
d’atteindre des objectifs convergents » (Sénarclens 2003 :73).
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d’après le Traité de 1648 qui a formalisé le concept moderne d’Etat souverain