12 NOV. <7 DÉC.
THÉÂTRE {AU THÉÂTRE LE MONFORT}
WITOLD
GOMBROWICZ
JORIS
MATHIEU CIE HAUT ET COURT
COSMOS
[un jour je vous raconterai
une autre aventure extraordinaire]
Dossier pédagogique SAISON 2013 I2014
DOSSIER ÉTABLIT PAR LA COMPAGNIE HAUT ET COURT.
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SOMMAIRE
Le Monde IJ.-M. Adolphe p. 4
L’Histoire I
L’Espace scénique p. 6
La Dramaturgie p. 8
De l’origine… I J. Mathieu p. 10
Préface à Cosmos p. 12
Extrait p. 13
Constantin Jelenski p. 14
Witold Gombrowicz p. 15
Cie Haut et Court Il’Équipe p. 16
Extraits presse p. 18
À voir &À écouter I
Tournée p. 18
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WITOLD GOMBROWICZ I
JORIS MATHIEUCIE HAUT ET COURT
COSMOS CRÉATION
[un jour je vous raconterai une autre aventure extraordinaire]
DEHORS
DEDANS
Étrange promenade dans un monde où, de toute façon, rien – ou si peu
ne répond aux habituels critères de ce que nous appelons « le réel ».
Voilà un homme, Witold, le narrateur, qui ne sait trop que faire de ses vacances, ni d’ailleurs de sa vie, et
rencontre un ami, tout aussi désabusé que lui. Se promenant dans la campagne, ils aperçoivent un moineau
pendu au bout d’une corde. S’amorce alors une enquête sur le pourquoi et le comment de ce meurtre. Que
se passe-t-il autour d’eux, en ce monde aux habitants étranges? Que se passe-t-il au dehors, que se passe-t-
il en eux? Tout se mêle… Dans Cosmos, l’auteur, Witold Gombrowicz, voyait un roman policier, c’est-à-dire
« un essai d’organiser le chaos ». En lui, en ses interrogations, se reconnaît Joris Mathieu, qui met en scène
l’enchevêtrement du concret et de l’imaginaire, qui fait danser réalité charnelle et illusions d’optique grâce
aux miracles de la technologie. sommes-nous? Au théâtre.
Colette Godard
TRADUCTION Georges Sédir
ADAPTATION & MISE EN SCÈNE Joris Mathieu
SCÉNOGRAPHIE Nicolas Boudier,Joris Mathieu
MUSIQUE Nicolas Thévenet
LUMIÈRES Nicolas Boudier
CRÉATION VIDÉO Loïc Bontems,Siegfried Marque
RÉGIE PLATEAU Rodolphe Moreira
INTERPRÉTATION Philippe Chareyron,Vincent Hermano,Franck Gazal,Rémi Rauzier, Marion Talotti,Line Wiblé
COPRODUCTION Compagnie Haut et Court – Le Trident – scène nationale de Cherbourg-Octeville – Comédie de Saint-Étienne –
Comédie de Caen-CDN de Normandie – L’ARC-scène nationale du Creusot – Théâtre des Célestins de Lyon –
L’espace Jean Legendre de Compiègne – Le Nouveau Relax de Chaumont – La Méridienne de Lunéville –
Théâtres Sorano Jules Julien de Toulouse.
La compagnie Haut et Court est conventionnée par la DRAC et la région Rhône-Alpes.
AVEC LE SOUTIEN de l’institut français et la ville de Lyon.
AVEC LA PARTICIPATION du DICRéAM ministère de la Culture et de la Communication, CNC, CNL.
Joris Mathieu est un artiste « familier » de l’Arc-scène nationale du Creusot.
© Siegfried Marque
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Théâtre optique. Telle est la « marque de fabrique »
de la compagnie Haut et Court, qu’a fondée Joris
Mathieu en 1998 avec trois comparses, Marion
Tolatti, Vincent Hermano et Philippe Chareyron, qui
l’accompagnent aujourd’hui encore. Tout au long du
XXesiècle, certaines utopies scénographiques ont
imagid’invraisemblables architectures pour recom -
poser des volumes de vision. La plupart de ces pro-
jets sont restés à l’état de maquettes 1: c’était avant
l’irruption des « nouvelles technologies » et des atouts
qu’elles peuvent offrir à l’invention scénique. Mais il
ne suffit pas davoir recours au dernier logiciel de pro -
grammation graphique, de dompter hologrammes et
autres images de synthèse, pour que la réalité (ou
l’illusion) ainsi augmentée soit gage de pertinence.
Loutil ne fait pas nécessairement l’auteur.
Si l’on prend soin de formuler cet avertissement, c’est
précisément parce que Joris Mathieu, dans la fusion
qu’il opère entre l’image scénique et l’image numé-
rique, noublie heureusement pas de mettre la technique
au service d’un propos et d’un imaginaire. Depuis
pH neutre, en 2011, tous ses spectacles en moignent
avec force. Qu’il adresse au jeune public une adapta-
tion du formidable Matin brun, de Franck Pavloff
(en 2003), qu’il s’inspire de textes de Maïakovski,
Julio Cortázar et Botho Strauss pour Microclimats (en
2005), ou encore qu’il se lie au « réalisme magique »
du romancier Antoine Volodine (Des anges mineurs
et Bardo or not Bardo), Joris Mathieu transpose des
écritures qui suggèrent, hors des cadres narratifs ha -
bituels, des associations d’images et idées. Dernier
opus en date, Urbik/Orbik, d’une hallucinante beauté,
LE MONDE, UN REBUS VISUEL
Joris Mathieu opère la fusion entre l’image scénique et l’image numérique.
Cosmos, de Witold Gombrowicz, fournit une matière idéale
pour son « théâtre optique ».
plongeait le spectateur dans une ritable odyse hyp -
notique. « Le trouble est là, constant, au cœur du voir,
du dire, de l’imaginaire et du formulable 2»: à l’instar
de Jean-Pierre Thibaudat, la critique théâtrale a lar-
gement salué un spectacle irrigué par l’univers de
Philip K. Dick, auteur culte de science-fiction.
Changement de cap (sans bifurcation) avec la créa-
tion de Un jour je vous raconterai une autre aventure
extraordinaire – COSMOS. Loin, a priori, des « mondes
virtuels » et de leurs avatars, c’est ici un roman de
Witold Gombrowicz qui fournit le combustible d’un
monde clos sur lui-même, mais truffé de tiroirs à
double-fond se tiennent les choses mystérieuses,
les non-dits et les souvenirs enfouis, les angoisses
refoulées et les rêves insistants. Construit comme
une enquête policière introspective, Cosmos, disait
Gombrowicz, « nest pas un roman normal. […] On y
montre comment une certaine réalité tente de surgir de
nos associations, d’une façon indolente, avec toutes ses
gaucheries… dans une jungle de quiproquos, d’interpré-
tations erronées. Et à chaque instant la construction
malhabile se perd dans le chaos ». Né en Pologne, auteur
d’une œuvre foisonnante, romanesque (La Pornogra -
phie), théâtrale (Yvonne, princesse de Bourgogne) ou
franchement inclassable (Cours de philosophie en six
heures un quart), Gombrowicz a été interdit par les
nazis puis par la censure communiste. De 1939 à
1963, c’est en Argentine qu’il a trourefuge, et comme
chez Borges, ses récits ont une part labyrinthique,
mais nourrie dobsessions propres à la Mitteleuropa.
Dans Cosmos, la découverte par Witold, le narrateur,
d’un moineau pendu à un fil de fer au creux d’un
treillis, est le signe énigmatique sur lequel s’ouvre
un autre monde, qui reste à déchiffrer, tel un rébus
visuel. Matière idéale pour le « théâtre optique » de
Joris Mathieu qui se déploie sur une scène circulaire
coupée en son milieu par un mur d’holoscreen,
viennent se projeter décors réels et personnages-
vidéo. Le dispositif inclut en outre un écran mobile
circulaire, qui vient faire effet de loupe sur tel ou tel
détail. La « scène » devient ici puzzle à plusieurs
dimensions, réel transfiguré par une machine de
vision qui met le spectateur en état d’immersion.
Jean-Marc Adolphe
1Jusqu’au 30 mars 2014, l’exposition « Théâtres en utopie »
présente certains de ces projets, à la Saline royale
d’Arc-et-Senans, près de Besançon. www.salineroyale.com
2Article de Jean-Pierre Thibaudat sur le site Rue 89,
20 février 2012.
© Siegfried Marque
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L’ESPACE
SCÉNIQUE
Lespace global est une machine scénique permettant
des allers-retours entre des séquences le specta-
teur plonge en immersion dans la vision de Witold, et
des séquences dans lesquelles le réel « théâtral » est
observé à la loupe, puis transfiguré. Poursuivant notre
recherche sur la fusion entre l’image scénique et
l’image numérique, nous privilégions l’utilisation
décrans transparents permettant la confrontation directe
entre l’objet et l’image, entre le corps vivant et le
corps numérique. Les comédiens évoluent dans un
espace de jeu circulaire de 8 mètres de diamètre. Ce
cercle est leur cosmos, un espace en mouvement per-
pétuel dans lequel les objets et les humains, se met-
tent en relations, se confrontent, et tentent d’organi-
ser le monde.
Ce cosmos est ausculté à la loupe. Un écran circulaire
mobile gravite autour et symbolise la vision, le point
de vue que porte le personnage principal (Witold)
sur le monde qui l’entoure.
Ce monde se trouve être coupé en son milieu par un mur
d’images transparent dit « holoscreens ». Ces images
complètent ce monde, le transfigurent, le mettent en
perspective.
Le spectateur est face à cela: le monde tel qu’il est
et/ou le monde tel que le voit Witold.
Dans cette fiction où le personnage principal apparaît
et disparaît, le public mène une enquête dans la peau
de Witold, quelque part entre objectivité et subjecti-
vité.
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L’HISTOIRE
Ce roman de Witold Gombrowiczest construit comme
une enquête po licière introspective. Une tentative
d’organiser le Chaos intime.
Alors qu’il est en plein doute sur le sens qu’il doit don-
ner à sa vie, WITOLD(lenarrateur) profite de l’é pour
chercher un refuge, un coin tranquille dans lequel il
pourrait mettre de lordre dans ses idées. Il débarque
en plein été dans un petit village re culé. Dans ce trou
perdu, il retrouve par hasard son ami FUCHS, anxieux
lui aussi de retrouver son tra
vail au sortir des vacances.
Il fait chaud dans ce coin de Pologne et leur marche
est lourde.
Sur un chemin, ils découvrent au creux d’un taillis un
moineau pendu à un fil de fer. Ils décident de louer
une chambre dans la pension de famille atte
nante. Le
maître de maison, LÉON parle un curieux langage fait
de néologismes et passe le temps en roulant des bou -
lettes de mie de pain. Sa femme s’appelle BOUBOULE.
La servante CATHERETTE a un morceau de la lèvre infé-
rieure qui pend. LÉNA, la fille de la maison, est fort
avenante mais mariée à un architecte qui parle très
peu. C’est le début d’une série de signes étranges qui
vont se nouer les uns aux autres…
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Le roman de Gombrowicz est un faux-roman policier
mais une vraie enquête introspective dans le monde
des signes. Ce chemin narratif est fait de méandres,
dans lesquels la pensée dérive lorsque dans l’ennui
et le désœuvrement, dans le vide qui réclame du sens,
notre œil s’arrête sur un détail qui prend une impor-
tance excessive et que nous nous y accrochons comme
un oiseau à une branche. Depuis ce perchoir, portant
dans notre bec ce détail de rien du tout à nous met-
tre sous la dent, ce tout petit fil qui pend sous notre
nez, nous commençons à broder une histoire, tisser
une toile complexe, à faire des nœuds au risque de
nous étrangler.
Lécriture de Gombrowicz est une expérience étrange
et très intime. Ses mots nous absorbent, la narration
est très détaillée et donne corps aux visions de Witold,
le personnage central. Une proximité trouble s’installe
entre le lecteur, le narrateur et l’auteur qui finissent
par se confondre.
Notre adaptation du roman repose sur une idée cen-
trale: faire disparaître progressivement de la scène le
personnage de Witold afin que l’œil du spectateur se
substitue à lui. Dès lors, la pièce s’offre au spectateur
comme une plongée subjective à travers les yeux de
Witold, bercé par le son de sa voix.
Le lieu central de l’intrigue est le salon d’une pension
de famille dans laquelle Witold s’installe pour l’été.
C’est que tout se noue, les relations entre les per-
sonnages, les suspicions, l’enquête policière, et peut-
être même la corde au cou des protagonistes. C’est
ici, au cours des repas, dans le climat électrique qui
y règne, dans l’ennui et la solitude aussi, que les pen-
sées de Witold et du spectateur s’animent, s’évadent
et se métamorphosent en spéculations et en désirs.
Ces séquences offrent au spectateur à la fois un plan
large (théâtral) sur la situation et une vision augmen-
tée de la scène par l’intermédiaire de différents dis-
positifs d’images (une loupe qui symbolise la vision
de Witold; des écrans translucides qui offrent d’au-
tres décors et perspectives…).
Au-delà du travail plastique de l’image, de sa dimen-
sion onirique et des possibilités d’amplifications du
réel qu’il nous offre, notre intention est avant tout
d’inviter le spectateur à cer lui-même le focus dans
cette enquête policière, à rentrer dans ce jeu d’ob-
servation, de mise en relation entre les êtres, les choses
et les signes.
LA DRAMATURGIE Lensemble du plateau est traité dans cette optique et
l’hyper-réalisme théâtral qui s’offre à nos yeux nest
qu’un piège, l’illusion d’une objectivité. En réalité, il
n’y a que ce que Witold voit, imagine, déforme… Notre
œil se focalise sur de petits détails, notre cerveau
cherche à assembler les fragments de l’énigme.
Pendant ce temps, sur scène, le Cosmos s’articule et
s’organise: les êtres et les objets s’animent, se rap-
prochent, s’éloignent, se tournent autour. Dans nos
têtes, la mécanique de l’imaginaire se met en action
et notre regard ordonne, assemble les images, les
idées.
Dans cette excitation qui naît, l’esprit devient vaga-
bond et la scène traduit cette évolution. Lévasion
dans les pensées de Witold, la force de son désir, sa
volonté de donner corps à ses fantasmes, trouvent
leur formalisation dans une excursion onirique dans
les bois et les montagnes. Ces décors fantasmago-
riques deviennent le lieu du dénouement. Le drame
sous-tendu depuis la première minute du spectacle
vole en éclat sous les assauts du besoin sauvage d’oc-
cuper ses mains, d’occuper son esprit, d’occuper le
centre du monde… D’être au cœur du Cosmos.
© Siegfried Marque
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