Terminale Bac Pro Histoire : Séquence III La décolonisation et la construction de nouveaux États : Inde et Algérie Fiche Prof http://lhgcostebelle.canalblog.com/ Séance 6 : Évaluation finale Partie I de l'examen : Vous répondez à toutes les questions A) Questions sans support documentaire : 1) Pourquoi, après 1945, le contexte international est-il favorable à l'émancipation des peuples colonisés ? (sur 3 points) Après 1945, le contexte devient favorable à l’émancipation des peuples colonisés, notamment en raison de l’affaiblissement des puissances coloniales. Sorties affaiblies de la Seconde Guerre mondiale, les puissances coloniales européennes comme la France et la Grande-Bretagne vivent une contradiction : d’une part, elles affirment le droit des peuples colonisés à se gouverner eux-mêmes, et d’autre part, elles les maintiennent dans un statut colonial. Parallèlement, les deux grandes puissances, l’Union soviétique et les États-Unis se montrent favorables à la décolonisation. Enfin l’Organisation des Nations Unies (ONU), qui vient d’être créée, condamne l’oppression des peuples et demande aux puissances coloniales de « tenir compte des aspirations politiques des populations » des colonies et de les aider à « développer leur capacité de s’administrer ellesmêmes 2) Présentez les similitudes et les différences entre l'Algérie et l'Inde lors de leur accession à l'indépendance puis dans les voies qu'elles ont ensuite choisies. Rappelez les différentes étapes, le bilan et la situation actuelle (sur 5 points) L’Inde et l’Algérie obtiennent toutes les deux leur indépendance par la lutte, respectivement en 1947 et en 1962. L’Inde obtient son indépendance à la suite du combat non violent de Gandhi qui entre en lutte contre la Grande-Bretagne et imagine des actions qui mettent à mal l’économie britannique. L’Algérie arrache son indépendance au terme de huit ans d’une guerre qui s’étend, à partir de 1956, à l’ensemble du territoire algérien et conduit à l’envoi de soldats français du contingent. Le conflit est violent et l’usage de la torture par certaines unités de l’armée française comme les attentats du FLN algérien provoque en France une crise morale et politique. Les indépendances s’accompagnent dans les deux cas de violences. En Inde où les musulmans et les hindouistes n’ont pu s’entendre sur l’avenir du pays, le territoire est partagé en deux États : l’Union indienne à majorité hindoue et le Pakistan à majorité musulmane. 14 millions de personnes sont déplacées et les affrontements entre communautés font 200 000 morts en 1947-1948. En Algérie, l’indépendance s’accompagne de violences meurtrières des partisans extrémistes de l’Algérie française et de représailles du Front de libération nationale algérien. La situation des Français d’Algérie, les pieds-noirs, devient tragique et près d’un million d’entre eux fuient vers la France. Plus délicate encore est la situation des harkis, les soldats musulmans de l’armée française : beaucoup d’entre eux sont assassinés sur place par le FLN, 60 000 d’entre eux suivent les Piedsnoirs dans leur exode vers la métropole. Après l’indépendance, l’Algérie et l’Inde font un bout de route ensemble : elles se revendiquent comme appartenant au tiers-monde et au mouvement des non-alignés. Mais rapidement leurs voies divergent de façon radicale. En Inde se construit une démocratie libérale. Avec son pluralisme politique mis en place dès 1950, l’Inde devient la plus grande démocratie du monde. L’action de l’État permet de maîtriser la croissance démographique et de couvrir les besoins alimentaires. Les réformes libérales des années 1990 facilitent l’émergence d’une classe moyenne à fort pouvoir d’achat. Détentrice de l’arme atomique, l’Inde revendique un plus grand rôle sur la scène internationale. En Algérie se met en place un régime autoritaire. L’Algérie « démocratique et populaire » met en place un régime autoritaire appuyé sur l’armée et sur un parti unique : le FLN. Malgré d’importantes ressources pétrolières contrôlées par l’État, les besoins de la population ne sont pas couverts. À la fin des années 1980, la crise favorise le développement d’un mouvement islamiste qui ne peut parvenir légalement au pouvoir et s’exprime par la violence. La guerre civile des années 1990 fait 150 000 morts. B) Question avec support documentaire : Analyse d'expert pour le 60e anniversaire de l'indépendance de l'Inde Jean-Luc Racine1 : L'Inde a franchi le cap du milliard d'habitants en 2000 et devrait devenir le pays le plus peuplé de la planète entre 2030 et 2040. Mais le rythme de cette croissance ralentit notablement en raison des programmes de limitation des naissances développés pendant des décennies, et des nouvelles mentalités transformant la vision de la famille. [...]. L'Inde connaît actuellement une croissance moyenne annuelle de 8 à 9 % et vise une croissance à deux chiffres. Le succès emblématique de son savoir-faire informatique, gros pourvoyeur de devises, montre qu'elle peut être compétitive au niveau mondial. Les biotechnologies devraient suivre. [...] Journaliste : D'un autre côté, le gouvernement a du mal à concilier hausse du niveau de vie et dynamisme économique... Jean-Luc Racine : Oui, le pouvoir peine à avancer rapidement sur ce chantier essentiel. La part de la population vivant sous le seuil de pauvreté oscille, selon les experts, entre 22 % et 28 %. Le premier chiffre, officiel, témoignerait d'une tendance incontestable à la baisse, comparé aux données de 1993 (37 %). [...] Journaliste : Quels sont les axes forts de la diplomatie indienne ? Jean-Luc Racine : En quête d'un nouveau statut, l'Inde conduit une diplomatie tous azimuts dans un monde qu'elle veut multipolaire. Elle tisse ses liens avec les pays émergents tels le Brésil et l'Afrique du Sud, opère un rapprochement inédit avec Washington, conserve de bonnes relations avec Moscou et travaille à normaliser ses relations avec la Chine, qui la prend désormais au sérieux. L'Inde a su faire accepter de facto son statut de nation nucléaire. Elle plaide à l'ONU pour un Conseil de sécurité élargi. D'après Philippe Testard-Vaillant, L'Inde monte en puissance, journal du CNRS n° 215, décembre 2007. 1. Jean-Luc Racine est membre du Centre d'étude de l'Inde et de l'Asie du Sud, et du CNRS. a) Identifiez le document : nature, date, auteur. (sur 1 point) Ce texte est un article paru dans le journal du CNRS en décembre 2007. Son rédacteur, Philippe Testard-Vaillant, est à la fois membre du Centre d’étude de l’Inde et de l’Asie du Sud et du CNRS. b) Relevez dans le texte les informations soulignant les contrastes de l'Inde. (sur 2 points) L’Inde connaît une forte croissance économique avec une moyenne annuelle s’établissant autour de 8 à 9 %. Elle est compétitive au plan informatique où, selon l’auteur de l’article, elle connaît un « succès emblématique ». Mais dans le même temps, un quart de la population vit sous le seuil de pauvreté. Voilà des exemples des contrastes existant en Inde, le gouvernement ayant du mal à concilier le dynamisme économique et la hausse du niveau de vie pour l’ensemble de la population. c) En quoi nous renseigne-t-il sur la construction de l'Inde depuis son indépendance ? (sur 2 points) Le texte montre qu’en 60 ans d’indépendance, l’Inde a connu de nombreuses réussites : – au plan démographique, la maîtrise de la fécondité des femmes indiennes ; – au plan économique, le maintien d’une croissance forte et la conquête d’une place de leader mondial au niveau de l’informatique ; – au plan géopolitique, la conduite d’une diplomatie ouverte et son affirmation sur la scène internationale du fait de son statut de nation nucléaire ; l’Inde revendique par ailleurs son entrée comme membre permanent d’un Conseil de sécurité élargi. Tout montre qu’en 60 ans d’existence, l’Inde est montée en puissance et qu’elle est passée d’un statut de pays du tiers-monde à celui de pays qui compte parmi les pays émergents. Partie III de l'examen : Vous ne traitez qu'une des deux situations suivantes Situation 1 : Gandhi et la non-violence Déclaration de Gandhi, lors de son procès1, le 23 mars 1922 Mon activité publique commença en 1893 en Afrique du Sud, à un moment critique. Les premiers rapports que j'eus avec les autorités britanniques de ce pays ne furent point agréables. Je découvris que je n'avais comme homme et comme Indien aucun droit, ou plus exactement je découvris que je n'avais aucun droit, parce que j’etais indien. [...] Je suis convaincu d'avoir rendu service à l'Inde et à l'Angleterre, en leur montrant comment la noncoopération pouvait les faire sortir de l'existence contre nature menée par toutes les deux. À mon humble avis, la non-coopération avec le mal est un devoir tout autant que la coopération avec le bien. Seulement, autrefois, la non-coopération consistait délibérément à user de violence envers celui qui faisait le mal. J'ai voulu montrer à mes compatriotes que la non-coopération violente ne faisait qu'augmenter le mal et que le mal ne se maintenait que par la violence, qu'il fallait, si nous ne voulions pas encourager le mal, nous abstenir de toute violence. La non-violence demande qu'on se soumette volontairement à la peine encourue pour ne pas avoir coopéré avec le mal. Je suis donc prêt à me soumettre d'un cœur joyeux au châtiment le plus sévère 2 qui puisse m'être infligé pour ce qui est selon la loi un crime délibéré et qui me paraît à moi le premier devoir du citoyen. Hervé Broquet, Catherine Lanneau et Simon Petermannt, Les 100 discours qui ont marqué le XXe siècle, André Versailles, 2008. 1. En février 1922, Gandhi lance une grève du paiement des taxes. Une manifestation se termine par la mort de policiers, Gandhi est tenu pour responsable et arrêté. 2. Gandhi est condamné à 6 ans de prison. Questions : 1) Dans quelles circonstances Gandhi fait-il sa déclaration ? (sur 1 point) Gandhi prononce ce discours lors de l’un de ses procès. Ici, le 23 mars 1922, alors que la grève lancée en février contre le paiement des taxes à l’Empire britannique s’est accompagnée de manifestations et de heurts qui ont provoqué la mort de policiers. Gandhi a été tenu pour responsable et arrêté. 2) Qu'est-ce qui est à l'origine de sa révolte ? Justifiez (sur 2 points) C’est la prise de conscience d’injustices qui est à l’origine de la révolte de Gandhi. Ces injustices sont dues au racisme : « Je découvris que je n’avais comme homme et comme Indien aucun droit, ou plus exactement, je découvris que je n’avais aucun droit, parce que j’étais indien ». 3) Quel moyen d'action préconise-t-il ? Pourquoi ? (sur 2 points) Gandhi propose un seul moyen d’action, ce qu’il appelle la « coopération non-violente ». La non coopération pour faire prendre conscience aux colonisateurs de « l’existence contre nature » qu’ils imposent aux Indiens et parce qu’on ne peut s’accommoder d’une quelconque relation avec « le mal ». La non-violence parce qu’elle brise le cercle fatidique manifestations violentes – répression et qu’elle rend malaisé et culpabilisant le recours à la répression violente pour les colonisateurs. Expression et présentation sur 2 pts Situation 2 : La Toussaint 1954 La Une de La Liberté, le 3 novembre 1954. 1) Que nous apprend cette Une sur les événements d'Algérie ? (sur 2 points) La Une du journal nous apprend qu’il y a eu une vague d’attentats, le jour de la Toussaint, en Algérie. Le journal évoque aussi le fait que ces attentats seraient orchestrés depuis l’étranger. 2) D'après cette Une, quelle est la perception des Français de métropole sur les attentats de novembre 1954 ? Justifiez votre réponse. (sur 3 points) Les Français de métropole ne perçoivent pas que les attentats de la Toussaint 1954 constituent le premier jour de la guerre d’Algérie. Ils ne sont pas non plus conscients de la création et de la force d’un mouvement indépendantiste algérien. Certes, la nouvelle est située en bonne place à la Une et c’est elle qu’on lit en premier, mais elle n’occupe que deux colonnes, pas plus que le reclassement des fonctionnaires et moins que les élections américaines. Expression et présentation de la copie sur 2 points.