Résistants
déportés
du Loiret
Musée départemental de la Résistance
et de la Déportation
Musée de Lorris
Des parcours
qui ont marqué des vies
1
Depuis janvier 1944, la Gestapo d’Orléans multiplie les arrestations et obtient
rapidement le démantèlement d’une partie des membres du mouvement
« Vengeance ».
Les mois suivants l’étau se resserre et les aveux de Guy Eymard dit Gérard apportent
aux agents de la Gestapo de précieux renseignements déclenchant notamment les
opérations suivantes :
-
attaque du maquis de Samatha le 25 juin 1944 (entre Marcilly-en-Villette et
Sandillon) ;
- arrestations de nombreux résistant(e)s liés au maquis ;
- attaque du Gué de la Thas le 29 juin 1944 (réseau « Jade Amicol ») Vienne-en-Val ;
- rafle de dix sept membres du mouvement « Vengeance » le 31 juillet 1944 dans le
secteur de Sandillon, St Cyr-en-Val, Marcilly-en-Villette et Vienne-en-Val.
Pierre Bérault, résistant dès 1942 et membre du mouvement
« Vengeance » est très actif : faux papiers, transport, cache,
distributions des armes parachutées à Samatha, recrutements,
contacts et organisation avec les chefs de réseaux… Suite aux
dénonciations de juin 1944, il est arrêté le 27 juin au domicile
de Jean-Louis Pagnon-Colonna à Orléans (chefpartemental
du mouvement « Vengeance ») ; il y était venu pour prendre des
consignes du capitaine Wilkinson (chef du réseau « Buckmaster »)
arrêté la veille.
Il est torturé dans les locaux de la Gestapo d’Orléans (bd Alexandre
Martin) et incarcéré à la prison de la Rue Eugène Vignat (actuel
Palais des Sports) jusqu’au 12 juillet 1944, date de son transfert en
autocar au camp de Compiègne-Royallieu - Frontstalag 122.
Le 28 juillet 1944, il est déporté au camp de Neuengamme.
Après trois jours de transport inhumain sans rien à boire, le
convoi arrive à destination. Commence alors la lutte pour
sa survie.
Devenu le n°39353, Pierre Bérault après une période de
quarantaine est envoyé au camp de Bremen-Farge où il
doit travailler douze heures par jour à la construction d’une
base sous-marine, « les mains collées sur le fer l’hiver ».
Avec l’avancée des Alliés, le camp est évacué par les SS et il
échoue avec un petit groupe au camp de Sandbostel (Stalag
XB), véritable mouroir. Il fait partie des survivants que les
troupes britanniques trouvent en arrivant le 29 avril 1945.
Soigné, réalimenté lentement, il est rapatrié le 8 juin 1945 et
passe par l’hôtel Lutétia à Paris avant de retrouver sa mère
à Mardié. Malgré les séquelles et un accident lui coûtant
l’amputation d’une jambe il reprend le cours de sa vie. En
1947, il épouse Suzanne Léger et fonde une famille.
Pierre décède le 11 mars 2009 à l’âge de 88 ans.
Fiche descriptive des infirmités pour une
pension des victimes de guerre.
Archives familiales.
Lettre de Pierre adressée à sa mère juste après sa libération le 1er mai 1945.
Archives familiales.
Résistants déportés du Loiret
Pierre BÉRAULT
Mardié
Fiche de démobilisation de Pierre Bérault.
Archives familiales.
Pierre Bérault.
Archives familiales.
1
Suzanne LÉGER
Vienne-en-Val
Résistants déportés du Loiret
Suzanne Léger habite seule avec son père Lucien car sa mère est
décédée en 1936 d’un accident de la route ainsi que sa sœur et
son frère de maladie. Elle prépare les repas des maquisards et leur
fourni des renseignements. Elle est arrêtée une 1re fois en même
temps que son père le 29 juin 1944 lors de l’attaque du réseau
« Jade Amicol » au Gué de la Thas (six arrestations dont celle de
Philip Keun), puis relâchée. Elle est à nouveau arrêtée le 31 juillet
lors d’une rafle de personnes suspectées de résistance.
Incarcérée à la prison d’Orléans, elle est transférée le 5 août 1944
au Fort de Romainville.
Le 15 août 1944 après-midi elle est
amenée à la gare de Pantin. Ce convoi
composé de plus de 2 200 personnes
(dont 546 femmes) transporte des dizaines d’hommes et de femmes du
Loiret dont son père Lucien venu de la prison de Fresnes.
Après un parcours chaotique et mortifère, les hommes descendent
au camp de Buchenwald le 20 août au matin tandis que les femmes
continuent le voyage jusqu’à Fürstenberg puis poursuivent à pied
jusquau camp de Ravensbrück (le 21 août).
Suzanne devient le matricule 57872
« nous avons attendu longtemps,
debout sous le soleil... nous avons laissé tout ce que nous avions : valise,
couverture, bijoux, photos...
Au sortir des douches on nous distribua une chemise et une culotte
tachée et une robe de n’importe quelle taille… appel sous la pluie ou la
neige à 4h du matin jusquà 6 ou 7 heures...coups de bâtons...
Nous partions en dehors du camp avec des pelles pour bêcher une
grande étendue de terre...
Le soir nous touchions 300 gr de pain, un petit cube de margarine et
parfois une rondelle de saucisson de chien (que nous trouvions bon
quand même).
Témoignage d’Andrée Gibault, camarade de déportation
de Suzanne à Ravensbrück.
Transférée dans une usine à Torgau elle travaille quelques temps au
nettoyage de douilles d’obus usagées ou dans les champs.
Malade du typhus elle est renvoyée à Ravensbrück, au revier (infirmerie) puis transférée au camp
mouroir de Bergen-Belsen où son état s’aggrave (coma). C’est dans cet état de santé précaire
quelle est retrouvée par les troupes anglaises le 15 avril 1945. Elle a alors 22 ans.
Après un mois et demi de soins et de réalimentation, elle est rapatriée le 5 juin 1945 via l’hôtel
Lutétia à Paris. Elle apprend le décès en déportation de son père. Désormais sans famille et
gravement malade elle est recueillie par une famille orléanaise (Mr et Mme Pelé) à qui elle vouera
reconnaissance toute sa vie.
En 1947 elle épouse donc Pierre Bérault, rescapé des camps. Pendant des années elle est le porte-
drapeau de l’association des femmes déportées de la Résistance pour la Région Centre, présidée
par Yvette Choquet-Kohler dont la présidente nationale fut Geneviève de Gaulle-Anthonioz.
De son enfer à Bergen-Belsen, elle rapporta une cuillère d’ocier SS, conservée précieusement
dans les archives familiales.
Suzanne décède le 29 mars 2007 à l’âge de 84 ans.
Lucien Léger dit Philibert - Mort
en déportation le 6 novembre
1944 à Ellrich - Mat.77565.
Archives familiales.
Andrée Gibault résistante
déportée mat 57951.
Archives familiales.
Suzanne Léger.
Archives familiales.
Carte de rapatrié remise à l'hôtel Lutétia à Suzanne Léger.
Archives familiales.
Nomination de Suzanne Bérault au grade de
chevalier de la Légion d'Honneur.
Archives familiales.
1
Les arrestations
du 31 juillet 1944 à Nargis
Résistants déportés du Loiret
Depuis 1930, Maurice et Jeannette Verdier (née Dauliac)
sont instituteurs dans le Loiret. Ils sont nommés
à l’École de Nargis le 1er octobre 1937. Maurice exerce
également les fonctions de secrétaire de mairie.
En avril 1944, Lilian Vera Rolfe dite Claudie ou Nadine est
parachutée en France. Opérateur radio au service du réseau de
renseignement « Historian » elle est en contact étroit avec George
Wilkinson (dit Étienne) puis Pierre Charié (dit Leblanc). Elle envoie
et reçoit de nombreux messages de Londres permettant d’obtenir
plusieurs parachutages d’armes et de matériels pour les groupes
de résistants du Loiret.
Traquée, elle se déplace régulièrement. Fin juillet 1944 elle est
cachée chez Maurice et Jeannette Verdier dont la maison sert de
lieux de rencontre pour les résistants. Elle doit y rester deux jours
pour émettre mais le lundi 31 juillet tout bascule !
Ce matin là François Bruneau de Boynes, garde du corps de Liliane Rolfe, lui apporte un message
à transmettre. Des hommes de la Gestapo, dont Pierre Lussac se faisant passer pour des résistants
les arrêtent et tendent une souricière.
Raymond Bourdois de Puiseaux et sa belle sœur Lucienne Villechenon de
Châlette-sur-Loing arrivent chez les instituteurs pour y rencontrer Pierre
Charié et remettre des informations à Lilian Rolfe (qu’ils avaient hébergée
précédemment). Ils sont arrêtés à leur tour.
François Bruneau quant à lui parvient à s’enfuir et prévient Pierre Charié.
Le petit groupe est emmené à la Gestapo de Montargis (rue Dom Pèdre),
transféré à la prison d’Orléans (rue Eugène Vignat - emplacement actuel du
Palais des Sports), puis incarcéré dans les prisons parisiennes.
Le 15 août 1944, Maurice et Jeannette Verdier, Lucienne Villechenon et Raymond Bourdois
sont amenés à la gare de Pantin avec plus de 2 000 autres déportés, direction l’Allemagne. Les
hommes arrivent au camp de Buchenwald le 20 août tandis que les femmes arrivent à celui de
Ravensbrück le 21 août.
Jeannette, après un court séjour à Ravensbrück, est envoyée au camp de Torgau où elle doit
nettoyer des douilles d’obus usagées dans des cuves d’acide. Elle revient quelques jours au camp
principal pour repartir direction Könisberg (actuellement Chojna en Pologne) et travailler au
terrassement d’un terrain d’aviation. Enceinte au moment de son départ elle accouche d’un
garçon le 18 février 1945 qui décède deux jours plus tard.
Lucienne Villechenon et Jeannette Verdier après tous ces mois passés à travailler dans les camps,
sont évacuées par les nazis à l’approche des Alliés. À l’issue d’une éprouvante marche de la mort
les rescapées sont libérées par les Russes, le 8 mai 1945.
Raymond Bourdois est libéré le 24 avril à Sachsenhausen après plusieurs semaines d’une marche de la mort depuis Ellrich. mat 76857.
Il rentre à Puiseaux le 26 juin 1945. Il est décédé le 26 juillet 1983 (72 ans).
Archives personnelles.
Jeannette et son fils Claude à Nargis.
Claude est né le 25 juin 1935
à St Maurice-sur-Aveyron.
Archives familiales.
Maurice Verdier et son fils
Claude. Il meurt à Ellrich
(camp annexe de Dora)
le 15 décembre 1944-
33 ans - mat 76858.
Archives familiales.
Lucienne Villechenon
mat 57958.
Archives familiales.
Jeannette
Verdier et son
fils Claude, à
l’hôpital de
Montargis.
Rescapée de
Ravensbrück et
de Koenisberg,
elle rentre
en France le
27 juin 1945
très malade,
atteinte de
tuberculose
avancée.
Elle décède le
18 avril 1947 -
36 ans -
mat 57957.
Archives
familiales.
Lilian Vera Rolfe part
le 8 août 1944 de la
gare de l’est à Paris
(même convoi que
George Wilkinson).
Elle est abattue
d’une balle dans la
nuque à Ravensbrück
avec 2 autres
agents du réseau
de renseignement
anglais (SOE),
Denise Bloch
et Violette Szabo
en janvier 1945.
Elle était âgée
de 30 ans.
Archives
personnelles.
1
Alice et Gaston BROSSARD
Artenay
Résistants déportés du Loiret
Gaston Brossard est menuisier ébéniste à Artenay. Il
dirige un atelier dans le village et son épouse, Alice, se
charge du magasin. Mobilisé en 1939 et grièvement blessé
en 1940, l’adjudant Brossard est évacué et hospitalisé.
Il rentre à Artenay le 16 avril 1941. Ne supportant pas l’occupation
de son village, il entre en résistance et parvient à organiser un
groupe de patriotes. Il apporte son aide à des prisonniers de
guerre évadés, des réfractaires au STO, des parachutistes alliés…
Alice, nest pas mise au courant des activités de son mari, qui
protège ainsi ses deux enfants et ses proches.
Sur proposition de Claude Lerude, chef dépar-
temental, il intègre les Corps francs « Turma-
Vengeance » le 3 janvier 1944 sous le pseudonyme
de Morel. Malheureusement le 16 janvier, Claude
Lerude et d’autres membres du mouvement
« Vengeance » sont arrêtés par la Gestapo. Gaston
parvient malgré tout à rétablir le contact avec le
mouvement mais, dénoncé, il est arrêté à son tour
le 4 juillet, à son domicile.
Conduit à Orléans, au siège de la Gestapo, il
est interrogé puis emprisonné rue Eugène
Vignat. Le 8 juillet, il subit un nouvel
interrogatoire très violent. Le 12 juillet, avec
une cinquantaine d’autres détenus, il est
transféré par autobus, au Frontstalag 122
de Compiègne :
« C’était presque un havre
de paix, comparé à ce qui va nous arriver
après... »
.
Le 28 juillet, muni pour seul bagage d’une demi-boule de pain et d’une sorte de saucisson,
il quitte le camp de Compiègne, pour la gare de marchandises. Avant d’embarquer dans les
wagons à bestiaux, les 1 651 détenus de ce convoi doivent se dévêtir, pour ne rester quen sous-
vêtements.
Après un voyage long et accablant, ils arrivent à Neuengamme, près de Hambourg, le 31 juillet
1944. Sous les hurlements et les coups des SS, les aboiements des chiens, les détenus sont sortis
des wagons et gagnent le camp. Après une longue attente sous le soleil, ils reçoivent une plaque
de matricule : Gaston Brossard devient le numéro 39739, et sont alors tondus et désinfectés. Puis
ils doivent revêtir la tenue « de quarantaine » dépareillée et marquée d’une grosse croix jaune,
« un carnaval hallucinant ! ».
Le 17 août, il fait partie des 137 détenus transférés au kommando de Braunschweig pour
construire un nouveau camp destiné à la firme Büssing Nag, fabricant de camions. Il y retrouve
deux Artenaysiens partis dans le même convoi que lui : Marcel Girault, mat 39740, et Jean-
Baptiste Picaud, mat 39741.
L’adjudant Gaston Brossard, décembre 1939.
Archives de la famille Brossard.
Fiançailles d'Alice et Gaston BROSSARD.
Archives de la famille Brossard.
Attestation de Robert Thénard.
Archives de la famille Brossard.
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