65Go3/IR/r

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J/!;V 7537.
-v
D.35/1965 (I)
BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL
CONGO-LEOPOLDVILLE
* * #
Cours de préparation d*instructeurs
syndicaux pour la formation des
délégués du personnel
INTERNATIONAL LABOUR OFFICE
CENTRAL LIBRARY AND
DOCUMENTATION BRANCH
I.
L'ENTREPRISE
65Go3/IR/r
52008
*~-o-->
L'ENTREPRISE
Introduction
I -'
1.
2.
3.
4.
5.
6.
D é f i n i t i o n <ie 1' e n t r e p r i s
H
Eléments
ii
Ponctions
H
Catégories
Groupements d' 1 erîLtreprises
Buts de l ' e n t r e pirise
Annexes - 1)
2)
3)
Exemples de concentrations
Tableau sur les formes juridiques d'entreprises
Tableau sur un organigramme fonctionnel
d'une entreprise
II - Quelques aspects i fonction de production
: commerce extérieur
: notion de marché
Evolutions de formes et de relations
Problèmes de POUVOIRS dans l'entreprise :
*
*
*
Hommes et capitaux
orientations fondamentales
décisions d'application
cheminement de la décision
: Travail
: Capital
i Données supplémentaires
Combinaison des deux facteurs
Conclusion
Annexe ? Eléments de connaissance de l'entreprise, nécessaires à l'exercice de la fonction de délégué.
INTRODUCTION
l'entreprise est la "base de la vie économique. Son activité,
ses perspectives d'activité, son organisation, son fonctionnement
influencent fortement les conditions de travail, le pouvoir
d'achat, toute la vie des travailleurs.
Ils sont donc intéressés très largement par la marche de
l'entreprise qui les emploie. Cela justifie leur volonté d'avoir
un mot à dire dans les décisions qui y sont prises.
Cela impose d'améliorer leur connaissance de l'entreprise,
de la comprendre.
Ob.jectifs recherchés = ce cours aura pour but d'aider les délégués
à "situer" leur entreprise, afin d'y faciliter l'organisation, l'action syndicale,
la représentation et la défense des travailleurs.
'•'.;.
Dans ce sens quelques aspects essentiels seront abordés s
*connaissance = définition-de l'entreprise
= éléments qui la constituent
= fonctions de 1'entreprise
- diverses catégories
= groupements d'entreprises
. • .= "buts de .1' entreprise
,•,.-.••
^sensibilisation = aux problèmes posés à l'entreprise
= aux évolutions de formes et de relations
= aux problèmes du pouvoir dans l'entre-.
prise
' •--•:•'•" :""'
'"""'
'"'"'•'""'
= aux rôles respectifs des hommes et des
capitaux (le travail et le capital).
Deux tableaux sont joinis à ce schéma de cours :
1)
sur les différentes formes juridiques d'entreprises, qui
permettent de bien observer les distinctions entre sociétés
de personnes, sociétés de capitaux et sociétés d'Etat;
2)
organigramme fonctionnel de l'entreprise, qui permet d'observer l'organisation et le partage des fonctions pour la
bonne marche de l'entreprise.
- 2 -
1 - DEFINITION
- a)
l'entreprise est une REALITE ECONOMIQUE
base de production
base du système économique de
production
- b)
l'entreprise est une REALITE HUMAINE
liens d'amitié
solidarité
problèmes sociaux
- c)
l'entreprise est une REALITE SYNDICALE
adhésions
problèmes syndicaux
jugement des travailleurs
On peut aussi dire que l'entreprise est une unité de production et le lieu de travail de chacun.
Mais on distinguera s le lieu de travail (ensemble de
l'entreprise), d'avec
le poste de travail (emploi occupé
dans l'entreprise).
Comme les entreprises sont très différentes les unes des
autres, pour mener une action syndicale valable il faut "bien
connaître son entreprise s de cette bonne connaissance dépend
une bonne part de l'efficacité.
2 - L E S ELEMENTS DE L'ENTREPRISE
Dans une entreprise on trouve %
* du capital
- investi ; bâtiments, machines, installations,
- circulant s stocks, argent liquide (trésorerie).
* des hommes
- ouvriers, techniciens, employés, etc.
Cette partie sera développée par la suite.
- 3-
3 - FONCTIONS DE L'ENTREPRISE
Dans TOUTES les entreprises, quelles que soient leurs
différences, il est possible de retrouver les SIX PONCTIONS de
base, dont l'harmonisation constitue l'organisation de l'entreprise.
Cette organisation se reflète dans le rôle respectif des
services et sous-services d'une entreprise.
. . L'organigramme ci-joint, permet d'observer la répartition
des fonctions et le cloisonnement, en même temps que leur liaison,
des divers services.
1) fonction TECHNIQUE = produire,
méthodes, planning,
ateliers,
contrôle;
2) fonction COMMERCIALE = acheter matières premières, fournitures,
vendre produits fabriqués ou transformés;
3) fonction FINANCIERE = prévision, recherche des capitaux,
gestion des capitaux;
4) fonction COMPTABLE = comptes financiers - comptes matières;
Dépenses i salaires
Recettes s
achats
ventes
investissements
-•'• - - ••••:-••-•'amortissements
profits
5) fonction SECURITE = Veiller à la sécurité1des biens et des
personnes;
6) fonction ADMINISTRATIVE = diriger, assurer la marche,
documentation, personnel.
Pour assurer .l'ensemble de ces fonctions, il est de tradition de rappeler les "principes"d*organisation du travail, donc Î
"principes" d'organisation d'une entreprise au niveau de sa
direction s
*prévoir ^organiser ^commander -^coordonner ^contrôler
TOUTES LES FONCTIONS SONT NECESSAIRES à la vie de l'entreprise, mais leur importance varie selon les entreprises. Ces
diverses fonctions se retrouvent dans la structure de l'entreprise.
- 4 -
4 - CATEGORIES D'ENTREPRISES
Il est possible de classer les entreprises selon plusieurs
critères :
a)
par secteur d'activité
* primaire (mines, agriculture, pêche, carrières,...);
* secondaire (industries de transformation, textile,...);
* tertiaire (qui rend des services, transports., coiffeur,...);
b)
par taille
* petite, moyenne, grande, très grande entreprise;
* avec un ou plusieurs établissements;
* implantée dans une seule région, ou dans plusieurs régions;
* implantée dans un seul pays, ou dans plusieurs pays;
c)
par sa nature
industrielle, commerciale, agricole, financière, culturelle;
d)
par son objet
production, consommation, transformation, transport,'• crédit,
service (public et privé);
e)
par sa forme
c'est-à-dire par son statut .juridique
société anonyme, nationale, d'économie mixte,...
société de personnes, de famille, coopérative,...
affaire personnelle, artisanale, commandite,...
f)
par ses liaisons
économiques, industrielles, commerciales, financières
* avec d'autres sociétés
* avec d'autres groupes
- nationalement et internationalement -
*)
à propos de structure d'entreprise, il faudra distinguer :
Etablissement (usine) et Entreprise (Société qui recouvre
l'ensemble des établissements ou usines).
- 5 -
•$$) Exemples de types d'industries =
- industrie LOURDE = (secteurs de "base) énergie, sidérurgie,
mines;
- industrie de TRANSFORMATION = métallurgie, chimie,.
pétrochimie;
- industrie de CONSOMMATION = alimentation, textile,
chaussures.
5 - GROUPEMENTS D'ENTREPRISES
Il existe des liaisons économiques et financières (plus ou
moins connues, plus ou moins fréquentes selon les entreprises,
les régions, les professions ou activités) qui démontrent •• '
l'interdépendance des entreprises :
* de la matière première
au produit fini;
* autour de la même entreprise (fournisseur/clients);
* de l'entreprise au consommateur.
Ce phénomène permet de comprendre que les entreprises ont
cherché à se grouper.
Il y a plusieurs espèces de groupements =
=
=
=
Entente
Cartel
Trust
Holding
Cette interdépendance des entreprises, leurs liaisons et
groupements, donnent aussi naissance à un phénomène de concentration, dont les deux formes sont ;
.,* concentration HORIZONTALE s celle qui réunit au sein d'une
même entreprise ou d'un même groupe les activités ou les
entreprises dont- la production est semblable.
Exemple t un accord de fusion.: entre, deux sociétés de
construction d'automobiles aboutirait..à .une
concentration horizontale.
* concentration VERTICALE
même entreprise ou d'un
entreprises nécessaires
objet déterminé (toutes
prises).
; celle qui réunit au sein d'une
même groupe les activités ou les
à la totalité de la production d'un
les activités et toutes les entre-
Exemple ; un groupe qui posséderait les mines de fer,
les hauts fotirneaux, les laminoirs, les
services de transport, les usines de transformation des tôles et les comptoirs de vente,
serait un groupe à concentration verticale.
- 6 -
Son but est d'éviter au groupe une dépendance quelconque dans ses sources d'approvisionnement
ou dans ses débouchés.
Il est donc légitime de se demander, dans le cadre de cette
concentration, qui détient le POUVOIR DE DECISION dans l'entreprise. Car c'est là l'essentiel.
Ce point capital a ses répercussions sur les conditions de
vie et de travail des salariés.
6 - BUTS DE I'ENTREPRISE
Ces buts peuvent être différents, selon la position ou
l'emploi que l'on occupe dans une entreprise. Différents aussi,
selon les perspectives dans lesquelles on voudrait voir l'activité de l'entreprise s'exercer.
Pour des travailleurs, les buts de l'entreprise seraient s
* gagner de l'argent
* faire vivre des hommes
* satisfaire les besoins
Pour des employeurs, il faudrait définir s
* la notion de risque
* le risque justifie le profit
* le propriétaire détient le pouvoir
mais peut le déléguer (aspect
juridique)
* tendance actuelle à dissocier la
propriété et le pouvoir
(technocratie)
Mais, quelles que soient les conceptions, la situation de
fait c'est que la politique de l'entreprise est subordonnée au
profit.
L'EFFORT DES DELEGUES DOIT TENDRE à faire en sorte que
l'entreprise PRENNE EN CHARGE D'-AUTRES FINALITES ;
* faire vivre les hommes
* satisfaire leurs besoins
Autrement dit, l'entreprise mise au service des hommes.
- 7 -
Mais il n'est pas possible d'oublier que dans tout système
économique ;
- un profit minimum est nécessaire à la survie.de l'entre- .
prise (rentabilité);
- l'entreprise doit être dirigée (coordination des fonctions)
•CONCLUSION DE LA 1ère PARTIE
L'action syndicale, les responsabilités et les fonctions
de délégués, représentants des travailleurs de l'entreprise, les
obligent à BIEN CONNAITRE L'ENTREPRISE OU ILS TRAVAILLENT,.POUR
ETRE EFFICACES ET JUSTIFIER LA CONFIANCE QUE: LES CAMARADES" ONT' "
MISE EN EUX.
:
~~
" ~ ~~-
- 8 -
ANNEXES SUR L'ENTREPRISE
Entreprises individuelles et entreprises sociétaires
Le tableau suivant met en relief la situation respective
des entreprises individuelles et des entreprises sociétaires
dans l'ensemble de l'industrie.
Source ; "Statistiques et études financières" - juin 1958.
Nombre
d'entreprises .
Entreprises
SOCIETAIRES
ENTREPRISES
PERSONNELLES
164.544
1.554.729
9,5 f°
90,5 $>
Part dans le
Part dans les
chiffre d'affaires salaires distribués
71,5 f
85 %
28,5 j>
15 .%
Exemples quant au phénomène de concentration
Quelques chiffres donnent une idée de la concentration en
Franc e s
13 entreprises réalisent 98 jo de la production pétrolière
11
97
sidérurgique
97 jo
Io
80 fo
13
80
jo
des métaux non
ferreux
85
3,
85 *%
automobile
70
4_
70 *$
des réfrigérateurs
50
4
50 ioio
des machines à laver
Les travailleurs, leurs délégués, leurs sections syndicales,
connaissent-ils - dans chacun des pays en cause - les liaisons,
concentrations, ententes et accords de toute nature, qui pèsent
directement et indirectement sur la vie des travailleurs ?
Comment y faire face, sinon par une connaissance approfondie,
tenue à jour, techniquement valable ?
- 9-
L'ENTREPRISE
-
2ème PARTIE
Il est important d'avoir un aperçu, d'être sensibilisé, à
certains aspects de la vie d'une entreprise. Ces aspects primordiaux, de base, sont reliés entre eux et sont reliés à toute
l'activité économique.
Ayant vu antérieurement la notion d'interdépendance, nous
en retiendrons ici trois autres.
1)
la fonction de production - les liens que les entreprises
tissent entre elles font que, de
proche en proche, toutes les
entreprises forment un tout.
Cet ensemble joue un rôle dans l'économie d'un pays : il
assure la fonction de production, c'esfe-à-dire qu'il met à la
disposition de 1'économie les biens et services qui sont nécessaires.
2)
le commerce extérieur - il faut savoir qu'une.partie de.la
production sort du circuit intérieur
pour aller vers l'étranger (exportations), mais qu'en •contre-partie il
entre un"revenu (devises ).
la production nationale s'accroît par les importations,
mais elles coûtent (sortie de devises).
Le solde -de la balance-(-entre les rentrées et les sorties
de devises)-peut être pour l'économie nationale d'un pays une
cause d'enrichissement ou d'appauvrissement.
•
3)
la notion de marché - peut se résumer de la façon suivante :
ce qui représente un coût pour l'entreprise devient un revenu pour un individu ou une autre activité, et viceversa.
La fonction de production a donc un double effet ;
* procurer des biens et services
* distribuer des revenus (salaires), ......
Ces deux résultats de la production i d'une part, biens et
services, et d'autre part, revenus (salaires), se retrouvent
sur le marché.
Le marché est donc le lieu de rencontre de deux résultats
de la production.
- 10 -
Mais deux autres, notions en découlent s
- la notion de quantité de biens et services offerts par
rapport aux revenus qui sont en face;
- la notion qualitative qui fait intervenir le consommateur
qui n'est pas décidé à acheter n'importe quoi,mais dont
les choix vont dépendre de son genre de vie, des habitudes,
que la publicité cherche à infléchir.
f
-Production •-* >.
Biens et services
Revenus
-v Marché
Dans 1"ENTREPRISE ï EVOLUTIONS de POEMES -et de RELATIONS
Il convient d'abord de rappeler le lien entre "Entreprise"
et "Entrepreneur".
Entrepreneur = celui qui entreprend, qui travaille, qui
possède 1'outil de travail.
Autrefois 1'ARTISAN était entrepreneur. C'est encore vrai
de nos jours dans quelques cas.
Mais à notre époque, il y a de moins en moins d'entrepreneurs
au sens vrai du terme. Par contre, on trouve de plus- en plus
de sociétés qui possèdent, qui sont gérées par des gens qui ne
travaillent pas de leurs mains, qui n'entreprennent pas directement.
C'est pourquoi, dans une entreprise, dans une société, il
faut distinguer :
alors
ceux qui possèdent,
ceux qui gèrent,
ceux qui dirigent,
ceux qui travaillent,
que l'entrepreneur d'autrefois cumulait toutes ces fonctions
Ainsi, une richesse et une puissance de plus en plus grandes
se trouvent concentrées dans un nombre de mains de plus en plus
réduites, ou de moins en moins nombreuses. Ainsi, se manifeste
la notion de concentration (voir plus haut).
- 11 -
L'entreprise, .évolue dans ses formes : de la propriété individuelle, de la propriété
privée individuelle, en
_.
est'passé à l'entreprise sociétaire..
Et si les entreprises individuelles sont'.encore les plus
nombreuses, ce sont les entreprises sociétaires qui, de trèsloin, . dominent l'économie et déterminent les conditions de
production,:de prix, de marché, etc. • .
Ces entreprises sociétaires prennent souvent la forme de
sociétés anonymes. C'est le déclin de la propriété individuelle
ou privée.
;....:.-..;.... '.j„..V.:...„'..•.:..
Ce "déclin de la propriété privée est encore accru .i.par,;
l'intervention de l'Etat ou des Etats dans la vie économique.
Et ces-interventions-des Etats sont de plus en plus importantes, se manifestant depuis la place qu'ils prennent dans
l'orientation de 1' économie, -• .jusqu' au rôle d'entrepreneurs qu'ils
assument dans les entreprises publiques de toutes sortes.
l'entreprise évolue dans ses relations .; l'allongement des
cycles de production qui provoque des concentrations, le développement des relations internationales, des accords internationaux
de toutes sortes, sur les transports, les 'quotas de production,
les tarifs, la main-d'oeuvre même, les échanges de .connaissances
techniques, les procédés modernes de publicité qui ont pour-"ob- .
jectif d'orienter la consommation et de trouver ainsi -des débouchés nouveaux à la production...
• Tous ces éléments, pris parmi bien d'autres, font-que les•
entreprises sociétaires d'aujourd'hui, notamment les grandes.
sociétés anonymes internationales, ne peuvent pas être comparées
aux entreprises d'hier.
Les types de relations, économiques, financières, industrielles, obligent à des échanges inconnus autrefois. L'entreprise ne peut plus vivre seule, isolée, repliée sur elle-même s
elle fonctionne dans une économie qui est de plus en plus une
économie à échelle mondiale, ou les relations de tous ordres se:
multiplient et se modifient constamment.
• '
'.En"face de cette organisation économique privée, dont l'importance est telle que son POUVOIR de domination la met au rang
de puissance publique et au moment où se développent des politiques dites de "relations humaines'% deux questions doivent se
poser aux délégués :
' .
Qu'est-ce que ce pouvoir ?
Quel"est"lé pouvoir des travailleurs ?
- 12 -
LES PROBLEMES DU POUVOIR DANS L'ENTREPRISE
Il est légitime de se demander qui détient le pouvoir de
décision t, car c'est là l'essentiel.
Toute décision prise dans l'entreprise intéresse les travailleurs .: non seulement les décisions de politique du personnel, mais également les décisions' en matière de production, de
vente ont des répercussions sur.la vie du travailleur. C'est
pourquoi il est intéressant de réfléchir sur le problème du
pouvoir et des décisions dans l'entreprise.
Les travailleurs, les délégués, les organisations' syndicales
ne connaissent les décisions qu'au stade de leur application
pratique.
Dans les trois moments : 1) décision
2) application de la décision
3) contrôle de l'application de
la décision,
le travailleur ne connait qu'un stade t celui'de l'application,
l'employeur, 1'"entrepreneur" lui, joue aux deux autres stades s
la prise de décision, le contrôle de son exécution.
Les travailleurs et leurs délégués connaissent trop souvent
les décisions prises au moment où leurs conséquences touchent
directement les travailleurs. Exemples ; l'employeur décide de
procéder à un licenciement collectif, ou de faire accomplir des
heures supplémentaires, ou encore d'augmenter les salaires, mais
d'un pourcentage jugé insuffisant.
La direction a "beau jeu de montrer que la décision prise
s'impose à elle en vertu d'une nécessité qu'elle présente comme
inéluctable.
* S'agissant d'un licenciement collectif, on parlera d'un
manque de commandes, d'un prix de revient trop élevé,: de la concurrence étrangère, de l'évolution du progrès technique.
* De même l'employeur dont la production est stagnante et
qui paie des salaires insuffisants incrimine les cadences de
travail et envisagera, comme seule solution, une augmentation
des rythmes de production; et, compte tenu de 1'organisation
"actuelle" de la production, du vieillissement des machines, du
gaspillage, cela peut apparaître comme la "seule" solution.
C'est ainsi que dans tel trust, qui comporte de nombreuses
usines, telle action isolée menée dans l'une d'entre elles pour
l'augmentation des salaires, par exemple, est bien souvent menée
à l'.echec.
-•13 -~
Tous ces cas posent la même question. La décision prise de
licencier, d'accélérer la cadence ou de ne pas augmenter le
salaire n'est que la conséquence d'une autre, qui a été prise
"bien avant et parfois très loin de l'usine intéressée. Ce que
connaissent les travailleurs, les délégués, les organisations
syndicales, c'est la conséquence finale d'une décision qui a été
prise à un autre moment et souvent en d'autres lieux.
Car.cette décision fondamentale, qui en conditionne de
multiples autres selon un processus logique et rigoureux, les
travailleurs n'en ont pas eu connaissance parce qu'elle appartient
à ceux qui détiennent en fait les leviers de commande.
Au niveau d'une société, les décisions sont "ordonnées" les
unes par rapport aux autres, les décisions d'application devant
correspondre aux orientations fondamentales que la société a
décidé d'assigner à la production.
LES•ORIENTATIONS FONDAMENTALES portent essentiellement :
- sur ce que 1'on produira, en quantité et en qualité; ce
sont les objectifs assignés à la production;
- sur les moyens qui seront utilisés (installations, matériel, machines et hommes) ainsi que sur les méthodes à
••'•< mettre en oeuvre (brevets, techniques, financement, organisation du travail), dans des conditions telles que, sur
. le plan financier, l'opération se solde par un résultat
suffisant (profit);
- sur les délais (court terme, moyen terme, long terme).
LES DECISIONS L'APPLICATION sont celles qui sont prises en
exécution des orientations fondamentales de la politique à
moyen ou à court terme.
Elles
ont dés conséquences :' achat de tel "brevet d'invention
s réorganisation du travail dans
tel atelier
: embauchage de personnel
: augmentation des salaires
: etc
On notera que dans le cadre de la subordination du travail
au. capital, le salaire constitue une charge d'exploitation au
même titre que la matière première utilisée, 1'amortissement
des machines ou les frais généraux.
- 14 -
La masse des salaires payée au personnel fait donc l'objet
d'une évaluation au moment ou se trouve établi le budget prévisionnel de l'entreprise.
Le centre de décision en matière.de salaires n'est donc pas
dans l'usine, mais au niveau de la direction générale; c'est
celle-ci qui décidé seule de l'importance de la masse salariale
qui sera payée par l'entreprise. Les travailleurs, leurs délégués,
n'ont connaissance de cette décision que bien plus tard et à un
moment où le programme de production est déjà partiellement
exécuté.
Le cheminement de la décision : de' sa conception à son application^ est nécessaire à connaître.
Généralement, quatre échelons interviennent le plus souvent :
1) conseil de direction et grands chefs de services ou de
département;
2) conseil d'administration de la société;
3) direction générale de l'entreprise;
4) direction de l'usine intéressée et la hiérarchie qui y
commande.
Il importe de noter que les décisions - même fondamentales n'appartiennent pas seulement aux détenteurs de capitaux (représentés au conseil d'administration 2)) mais aussi à des chefs
de service plus ou moins évolués, jaloux de leurs prérogatives
dans leur domaine.
Il ne faut pas oublier que dans les petites et moyennes
entreprises ou président directeur général et directeur d'usine
ne sont souvent que la même personne, il n'y a aucun cheminement ; la décision est prise par un homme seul et s'impose a tous.
Pour des délégués, pour des travailleurs, il importe de
connaître ;
* où se trouvent et comment sont organisés les centres qui
décident des orientations fondamentales de l'entreprise ?
* d'où les dirigeants de l'affaire tirent-ils leur autorité
personnelle ?
Ainsi, ils auront une véritable connaissance de l'entreprise.
-' 15 -
HOMMES ET CAPITAUX DANS L'ENTREPRISE
Puisque produire un "bien ou un service est la fonction
essentielle de l'entreprise, la question suivante vient naturellement à l'esprit : Comment produire ? Les manuels d'économie
politique disent tous "en combinant les facteurs de production".
Mais que recouvrent ces termes ?
Quand un ébéniste veut fabriquer un meuble il est obligé
de travailler; mais il est contraint également d'utiliser des
outils ou des machines. Ces outils, ces machines ont déjà été
produits à l'aide d'un travail : ces biens sont, en quelque sorte,
un travail en conserve. Ces biens qui viennent au secours de son
travail portent le nom de capital. Pour produire on combinera le
travail et le capital et cette combinaison interviendra au sein
de l'entreprise.
Quelques mots donc sur chacun des éléments de cette combinaison.
TRAVAIL
Celui-ci est réalisé par des hommes t les travailleurs'.
Les travailleurs ont une notion vécue du travail : notion
qui les laisse insatisfaits : ils aiment, à la fois, leur travail
et en souffrent. Ceci n'est pas dû au seul caractère pénible du
travail. La majorité des salariés souffrent à la fois des conditions
dans lesquelles ils effectuent leur travail (monotonie, cadences..)
et de la position subordonnée que le travail occupe dans 1'entreprise.
Laissant de côté les aspects philosophiques de cette situa- .
tion,' nous examinerons seulement les aspects démographiques,
économiques et juridiques de cet état de fait, qui expliqueront
le fonctionnement de la production dans l'entreprise.
Le TRAVAIL fait par des hommes varie en quantité et en
qualité selon les entreprises. Il est aussi soumis
à une évolution ;
* la démographie a des conséquences sur l'emploi et les
charges salariales des entreprises et de la nation; on
tiendra-compte du nombre de travailleurs par rapport à la
population, qui sont d'âge et de sexe différents, de
situation familiale différente; on tiendra compte aussi
que l'arrivée des jeunes au travail pose une série de
problèmes ; création d'emplois, réduction d'horaires, instruction et culture, etc.
- 16 -
Tous ces éléments ont des conséquences directes sur
la vie économique, donc, sur l'entreprise;
* économiquement il en est de même % les travailleurs exercent des activités diverses. Le travail est différencié ;
le soudeur, l'employé, l'ébéniste, le cantonnier, l'infirmier, l'instituteur, exécutent tous un travail; ils
n'exécutent pas tous le même travail. D'autre part, l'ébéniste de 1965 n'exécute pas son travail de la même façon
que l'ébéniste de 1865.
Il y a diversité des travailleurs et diversité du travail,
ne serait-ce que le progrès technique qui fait évoluer les qualifications, ou l'augmentation du machinisme, très sensible à
notre époque.
En conséquence directe dans la vie de l'entreprise, il
découle que :
-
le nombre d'employés et de cadres s'accroît,
les besoins en techniciens augmentent,
les catégories ouvrières se modifient,
la productivité entraîne une série de conséquences quant
à la nature du travail dans l'entreprise et à la "part du
gâteau" qui revient aux ouvriers.
* Juridiquement, le travailleur indépendant disparait pour
faire place au salarié : le progrès technique provoque
l'augmentation de la catégorie salariée et cette évolution
permanente n'est pas achevée. De plus en plus nombreux
. sont les gens qui ont un statut de salarié 1 le travailleur
est donc de plus en plus dépendant.
Les salariés de l'Etat et des administrations augmentent en proportion de l'importance croissante de l'Etat
dans la vie d'un pays. Ils n'échappent pas à l'évolution
définie ci-dessus.
Les rapports entre salariés et patrons évoluent et les
relations humaines posent ce problème sous un angle plus
technique.
Mais cette dépendance, quasi absolue, est corrigée
par l'organisation des travailleurs en syndicats. Le
syndicalisme permet aux travailleurs de demeurer des hommes
libres.
Le Travail se présente donc sous un aspect démographique,»
économique, juridique. Et nous ajouterons désormais % syndical.
- 17 -
CAPITAL
Il convient de ne pas confondre ce qu'est le "capital",
d'une part,' et ce qu'est le "capitalisme", d'autre part.
Quel que soit le régime économique, le. "capital" existe'
toujours, et toujours sous, différentes formes ou aspects..:
* le capital physique ou capital technique : c'est une
notion générale. Au niveau de l'entreprise, le capital
technique (on dit également ""biens de production") est
représenté par les installations industrielles, terrains,
bâtiments, machines, matières premières, demi-produits,
réseaux de communication et d'énergie.
Certains "biens demeurent : machines, "bâtiments,.. .
d'autres s'incorporent dans le produit s énergie, matières
. premières,...
Ils sont appelés- capitaux' fixes' et capitaux circulants.
* Le capital financier ou capital juridique : exprime
l'ensemble des droits de disposition sur le capital
physique.
C'est le droit de disposer du capital. Ces droits
de disposition peuvent varier au cours des régimes, et à
l'intérieur d'un même régime.
Cependant, c'est la manière la plus répandue de ces
droits qui caractérise un régime ; le régime capitaliste
est celui ou la majorité des biens de production est aux
mains de propriétaires "privés", mais il peut exister
dans ce régime des modes d'appropriation socialistes ou
coopératifs. Le régime socialiste est le régime où la
• majorité des- biens de production est aux mains de la collectivité; mais dans ce régime, il peut exister aussi
des modes d'appropriation privés.
Suivre 1'évolution'du capital financier d'une entreprise permet de se rendre compte de qui "dépendent" les
salariés de l'entreprise.
* Le capital comptable ou capital économique ; c'est le
capital technique exprime en valeurs monétaires..
C'est la constitution de ce capital qu'il est important de connaître, et c'est son évolution que l'on doit
suivre pour pouvoir apprécier la situation de l'entreprise.
* Quelques données supplémentaires s
- 18 -
si le capital technique de l'entreprise peut se diviser
en capital fixe et en capital circulant, sur le plan d'une
nation il faut ajouter au capital technique les richesses
naturelles, et aussi ce que l'on appelle le capital culture 1, c'est-à-dire les connaissances techniques, les
recherches faites qui permettent à un peuple de progresser
en utilisant au maximum ses ressources;
d'où vient l'argent qui constitue le capital technique ?
Il appartient quelquefois au patron ou à sa famille. Liais
de plus en plus, les entreprises sont obligées de faire
appel à des prêteurs.
Le prêt privé, c'est l'appel à 1'épargne qui permet
d'acheter des actions ou des obligations. L'EPARGNE reste
la propriété de ceux qui se sont prives pour la réaliser;
il arrive que 1'épargne ne suffise pas t il est fait appel
au prêt public. L'Etat peut alors intervenir directement ;
par l'impôt ou l'emprunt, il realise ce que l'on a appelé
l'épargne forcée. Il prête de l'argent à l'industriel,
il peut même lui accorder des subventions;
mais le capital peiit aussi trouver sa source à l'intérieur
même de l'entreprise, par l'autofinancement s l'entreprise
ne place pas ses profits en banque et ne les distribue pas
à ses actionnaires. Elle utilise ses profits pour acheter
de nouvelles machines ou les renouveler et pour augmenter
sa production. Dans ce cas, la propriété du capital n'appartient plus aux prêteurs ni même aux actionnaires, mais
à l'entreprise;
• ••
pour qu'il y ait formation d'un capital technique, il faut
que l'entreprise ait pris une décision, celle d'acheter
un bien de production : cet achat, c'est 1'investissement.
L'investissement sera donc décidé en vue d'un profit
supplémentaire, dans une perspective économique bien
définie, sur laquelle on peut d'ailleurs se tromper. C'est
pourquoi, les entreprises établissent des prévisions,
des études de marché, etc.;
une partie du capital peut durer [longtemps % les bâtiments,
mais les machines par exemple durent moins et il faut
les renouveler. Le capital doit donc être entretenu et'
renouvelé. Le prix à payer chaque année est appelé s
amortissement.
- 19 -
L'ENTREPRISE : COMBINAISON DES FACTEURS .
IE TRAVAIL ET LE CAPITAL SE COMBINENT DANS L'ENTREPRISE.
Tout ce qui a été défini dans les pages antérieures démontre
que travail et capital sont les deux éléments nécessaires à
la production.
Ces deux éléments se combinent au sein d'un organisme appelé
entreprise.
Cette combinaison intervient au sein de l'entreprise, non
seulement de façon passive, mais l'entreprise a pour fonction
de provoquer cette combinaison. • • ••
Il y faut un chef d'orchestre qui organise tout cela, qui
fasse des études, qui prenne des décisions : nous l'appelons
1'entrepreneur.
L'entrepreneur peut être différent de l'apporteur de capitaux, du ou des propriétaires; il n'est pas l'entreprise, il en
est le maître d'oeuvre.
Son action fera que l'entreprise va vivre et prospérer, ou
au contraire s'affaiblir et mourir. Son rôle est d'assurer une
bonne marche de l'affaire, en vue de la production des biens et
des services. Son rôle est aussi de vendre pour assurer des revenus à l'entreprise, afin de lui permettre de fonctionner et de
prospérer.
"L'entreprise combine les facteurs de la production en vue
d'obtenir un produit qu'elle écoule sur le marché. Elle ne
tend pas immédiatement et principalement à satisfaire les
besoins de ses membres.
Pourvu qu'elle puisse vendre son produit au coût ou
au-dessus du coût, l'entreprise est satisfaite. Elle répond
à l'appel des besoins solvables sur le marché; elle se
conforme à la hiérarchie de leur solvabilité et non à celé
de leur urgence appréciée en termes de laboratoire ou par
référence à la morale d'un groupe."
("le capitalisme" - Pr. Perroux)
L'entreprise, unité de production, ne peut exister que par
la combinaison du capital et du travail.
**$ Quelle est la part de pouvoir et de profit des travailleurs , pourtant partie prenante et indissociable de cette combinaison qui ne saurait exister sans leur travail ? Seulement le
salaire qui leur est attribué en échange de la vente de leur
travail.
- 20. -
C'est toute la question des relations entre le-travail et
le capital.
De là, la dépendance du salarié, la subordination du salariat
au capital, de là aussi, l'organisation syndicale ouvrière, le
rôle des délégués, les tâches d'éducation et de promotion^ la
soif de connaissance,"lé désir de plus de justice, la volonté
de pouvoir exercer leur droit d'organisation, leur droit d'expression, leur droit à la dignité et à la liberté..
- 21 -
CONCLUSION
Entreprise : combinaison du capital et du travail pour une
production.
Les pouvoirs du capital et ceux du travail sont différents.
Les pouvoirs du travail, des hommes au travail, ne peuvent
s'exercer que par leurs organisations et leurs délégués. Il convient donc que les représentants des travailleurs aient le
maximum de connaissances.
Cette connaissance, information ou communication, sera source
d'éducation pour le plus grand nombre, afin de voir disparaître
l'ignorance et, de là, l'injustice et la misère.
C'est pourquoi le vote d'une loi sociale, la signature
d'une convention collective, l'institution d'un régime de pension,
une revendication satisfaite, sont des progrès réels en ce sens.
La place des travailleurs dans l'entreprise doit changer.
Jusqu'ici le travailleur a été considéré comme instrument (élément
d'une combinaison dont l'oh jet unique est celui de la production).
Désormais il devrait être considéré comme homme.
Le sens du syndicat, le sens de la mission d'un délégué dans
chacune de ses interventions c'est "ne plus être instrument,
mais homme".
On a pu dire que :
Jusqu'ici le travailleur n'A rien et n'EST rien.
Si cela était vrai, désormais i
Il doit AVOIR = davantage de BIEN-ETRE (salaires, conditions
de travail).
Il doit ETRE = davantage de LIBERTE, (droit de s"''organiser,
de se défendre, de s'exprimer,-...).
Alors, l'entreprise pourra être combinaison de deux facteurs,
non seulement pour assurer une production-, mais essentiellement
pour satisfaire des besoins humains, pour'assurer la solution
de problèmes sociaux, dans le respect des hommes au travail, en
leur permettant d'être pleinement et totalement eux-mêmes.
C'est affaire d'honnêteté, d'intelligence, et même .... de
bon sens.
- 22 -
ELEMENTS DE CONNAISSANCE DE L'ENTREPRISE
nécessaires à l'exercice des fonctions de délégués
PLAN ECONOMIQUE
- Fonctionnement ,de l'entreprise - organigramme de la direction - méthodes de travail - politique de la direction et
centres de décisions
- composition du conseil d'administration
- relations de l'entreprise avec les autres employeurs
- productions de l'entreprise - débouchés - ventes -•
- situation financière - "bilans - investissements - accords techniques - commerciaux - financiers - de
l'entreprise
- "bâtiments et machines - état de modernisation
- équipement de l'entreprise
- principales filiales ou société-mère
- groupes financiers contrôlant l'entreprise
•— Q X C • • • •
PLAN SOCIAL
- situation géographique des entreprises ou établissements
- importance du personnel dans ces établissements (nombre
et catégories)
- dans l'entreprise même : âge - sexe - origine - catégories - répartition des salariés par service
- représentation du personnel (résultats des élections professionnelles )
- positions patronales face aux salariés et aux organisations syndicales
- convention collective - règlement intérieur - droits des
délégués UTILITE DE CES ELEMENTS "
Face à la direction =
* pour argumenter les revendications et pouvoir discuter de
la connaissance économique de l'entreprise, donner des
arguments que l'employeur peut difficilement contester.
- 23 -
Face aux travailleurs =
* favoriser un travail d'information sérieux, qui permette
aux travailleurs de se défendre et faciliter la tâche des
délégués;
* connaissant mieux 1'entreprise et faisant en sorte que le
maximum de connaissances soit porté au maximum de camarades, il y aura une possibilité de promotion et d'éducation collectives;
* outre le fait de n'avoir pas à rechercher des documents
dans la précipitation, parce que cette recherche aura été
progressive et ordonnée, les délégués seront rendus plus
conscients de leurs responsabilités, les positions à
prendre l'étant en toute connaissance de cause.
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