la comédie de béthune - centre dramatique national nord — pas de calais - cs 7o631 62412 béthune cedex
MICRO CR€DIT
spectacle à installer partout
création le 8 octobre à lillers
tournée de novembre 16 à mars 17
carte blanche à Maxime Le Gall mise en scène Pauline Jambet
à partir de 12 ans | durée estimée 1h30
©Malte Martin atelier graphique
partageons le théâtre
comédie de béthune
cdn nord - pas de calais
la comédie de béthune - centre dramatique national nord — pas de calais - cs 7o631 62412 béthune cedex
micro cr€dit
carte blanche à Maxime Le Gall mise en scène Pauline Jambet
création son, lumière Stéphan Faerber jeu Maxime Le Gall
musique live Stéphan Faerber regard extérieur Adèle Chaniolleau
: membres du collectif d’artistes de la Comédie de Béthune
production la Comédie de Béthune CDN Nord - Pas de Calais
avec le soutien du Conseil Départemental du Pas de Calais dans le cadre de l’aide à la
diffusion
note d’intention
Nous savons ce que nous gagnons, nous savons ce que nous perdons.
Mais que savons-nous réellement de l’argent ? De son origine, de sa fonction ?
Que pouvons-nous appréhender d’un monde soumis à un système économique fondé sur
l’instabilité, régi par les lois des marchés et des flux mondialisés ?
Quel pouvoir d’action pouvons-nous déployer à notre petite échelle face à cette machine dont
nous ignorons les rouages ?
Comment ne pas se sentir perplexes et impuissants face à ces questionnements ?
Créé en écho à
Mon Fric
de David Lescot qui sera mis en scène par Cécile Backès (création
octobre 16),
MICRO CR€DIT
interroge notre relation à l’argent d’un point de vue économique bien
sûr, mais aussi historique, philosophique et ethnologique.
Au terme d’une première semaine de résidence en mars 15, nous nous sommes demandés,
Maxime et moi : «qu’est-ce que l’argent?». Nous avons étudié les sources les plus variées :
littérature, essais, documentaires, témoignage, film, thèses... Après ce dense voyage initiatique en
terre économique, nous avons trouvé pertinent d’élargir notre champ de réflexion aux différents
types d’échange, tant dans notre société moderne que dans d’autres modèles sociaux plus
archaïques.
Partant d’une approche quasi-scientifique des dynamiques de notre système, nous remontons
petit à petit aux sources mythologiques et anthropologiques de ces rituels de pertes et de profits.
Sous la forme d’une conférence – formation,
MICRO CR€DIT
fera de vous un spectateur 100%
économico-responsable. Il vous propose en exclusivité d’explorer les mécaniques de l’échange
dans ce qu’il peut avoir de plus concret mais aussi de plus virtuel et surnaturel. Le comédien
Maxime Le Gall s’offrira à vos regards et mettra les petits plats dans les grands.
La pseudo-conférence se transforme peu à peu en un concert déjanté et l’austérité économique
laisse place petit à petit aux débordements festifs. Lexpérience se transforme en sacrifice
spectaculaire sur l’autel de la scène et nous interroge sur l’essence-même du théâtre : il n’est plus
seulement question de crédit, mais de credo, de croyance et de virtuel.
Armé d’un ou plusieurs micros lui permettant de se reproduire à la chaîne, le comédien est
accompagné par le musicien Stéphan Faerber pour un duo sous forme de duel face à la machine.
Tout deux s’engagent dans un face à face ludique, dont la seule finalité est de ne pas en avoir. La
concurrence est rude et la performance de l’homme se mesure désormais à la performance de la
machine.
J’aurai, pour ma part, le plaisir d’orchestrer cette expérimentation au goût de messe noire que je
voulais, à notre image, directe et décalée, entre université et concert punk. Celui d’assurer, pour la
première fois et avec mon regard d’actrice, ce rôle de la mise en scène, pour assouvir à la fois ma
passion pour la direction d’acteur et mon besoin de dire quelque chose de ce monde dans lequel
nous vivons, sans rien prêcher justement, mais avec humour et incompréhension.
À l’occasion de cette carte blanche proposée par la Comédie de Béthune à Maxime Le Gall - qui
nous a réunit pour ce projet - , nous avons choisi de confronter le théâtre et le public à l’argent et
de redonner, pour un moment furtif et illusoire, de la valeur au dérisoire.
pauline jambet
la comédie de béthune - centre dramatique national nord — pas de calais - cs 7o631 62412 béthune cedex
pistes de réflexion
Le spectacle nous interroge sur le rapport intime qui lie l’individu à l’argent mais non pas sur le
plan d’un vécu subjectif (comme c’est le cas pour
Mon Fric
de David Lescot), mais d’un point de
vue plus universel, plus objectif, comme une expérience scientifique observée sous l’œil d’un
microscope, celui de la scène et du public.
Il se présente au premier abord comme une conférence pour devenir « économico-responsable »,
s’interrogeant sur la nature de l’argent, de l’échange et du système capitaliste. Ces questions
seront abordées sous un angle théâtral : l’argent comme fiction, à partir de quatre thématiques sur
lesquelles nous travaillerons en improvisation.
histoire de l’argent et de l’évolution des échanges: du
concret au virtuel
Largent a pour première fonction de permettre un échange concret entre individus, de créer
un lien. Mais il est devenu aujourd’hui totalement fictif et immatériel. Orchestrés par la carte
de crédit, internet, les puces électroniques, les échanges et achats appartiennent désormais
au domaine du miracle et de la magie. Entre celui qui vend et celui qui achète, le contact est
désormais invisible.
J’accuse l’économie triomphante
, Albert Jacquard, Calmann-Lévy, 1995
« Laboutissement de tous les « tu » entendus est le « je » formulé. Il n’est pas excessif de
voir dans sa capacité d’échange la spécificité de notre espèce. C’est par l’échange qu’un
groupe acquiert son unité, par lui que chaque membre du groupe devient quelqu’un.
Existant pour les autres, il finit par être quelqu’un pour lui-même, c’est-à-dire par manifester
une « conscience ». Lécart décisif entre les animaux et les hommes est ce besoin étrange :
échanger. Les animaux ont besoin de tous les apports matériels qui leur permettent
d’alimenter leur métabolisme. Leur survie individuelle dépend de l’approvisionnement
en nourriture, en eau, en calories ; leur survie collective dépend de la possibilité de
procréer. Dans leur totalité, leurs activités sont consacrés à ces deux impératif : survivre
et se survivre. L’homme a, en plus, le besoin d’échanger pour devenir non seulement un
organisme qui lutte contre l’usure imposée par le temps, mais aussi une personne qui se
développe grâce aux opportunités apportées par le temps. Ses activités se partagent entre
ces deux objectifs.
Insistons : c’est le fait d’échanger qui est un besoin, non le contenu de cet échange. »
Quentin Metsys,
« Le prêteur et sa femme »
© Musée du Louvres
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consommation et profit: l’invention du crédit
Le crédit est à la base de tout échange, économique ou non. Il apparaît avant la monnaie et
conditionne le principe-même d’une économie. C’est une opération de confiance, totalement
fondée sur la croyance qu’il y aura un retour. Lobjet, le bien échangé est en quelque sorte
inexistant, il nous appartient sans nous appartenir. Dans le système actuel, la dette est au
fondement même de la vie économique : nous vivons tous à crédit.
Il ne faut pas s’endetter
, Plutarque,
Œuvres Morales
,
éd. Les Belles Lettres, 2003
« Refusons de recevoir chez nous la garnison de notre ennemi, l’usurier, et de voir nos
biens réduits en esclavage ; éliminons au contraire le superflu de notre table, de notre
couche, de nos voitures, de notre train de vie, et préservons notre liberté en faisant
réflexion que nous remplacerons tout cela si nous retrouvons la prospérité. »
les rythmes du système capitaliste
Comment fonctionne un système qui nous échappe ? La mondialisation des échanges, des
flux d’hommes et de biens, l’invisibilités des instances dirigeantes, le sentiment qu’aujourd’hui
la sphère politique dépend aujourd’hui d’un système économique donne de plus en plus le
sentiment d’une incompréhension et d’un décalage vis-à-vis du réel. Le capitalisme se définit
par son mouvement perpétuel et par sa dynamique à la fois créatrice et destructrice qui
redéfinit notre rapport au temps et à l’objet, celui de l’homme à la machine. Il devient machine,
consommateur et objet de consommation.
Comprendre la capitalisme
, Jean-Pierre Biasutti et Laurent Braquet,
éd. Bréal, 2010
« La caractéristique première du capitalisme est avant tout sa dynamique transformatrice
incessante.
Le capitalisme est plus une dynamique transformatrice qu’un système stabilisé dans le
temps. De la même façon que les philosophes grecs spéculaient sur l’identité d’un fleuve
dont l’eau sans cesse se renouvelle (Héraclite, Parménide), on peut montrer qu’au-delà de
certains traits fondamentaux qui perdurent c’est l’étonnante plasticité du capitalisme qui lui
donne sa vigueur. »
Andy Warhol, «Campbell’s Soup Cans»
© Museum of Modern Art, New York
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pertes et profit: l’obligation de la dépense, rendre ce
qui est donné. l’esprit de l’objet.
L’homme a toujours dépensé, gâché, consommé. Nous avons besoin de la perte, c’est-à-dire de
produire un surplus inutile, qui dépasse le stade du simple besoin vital. Mais c’est justement quand
cette perte sort du cadre fonctionnel et rationnel de l’économie que l’humain peut dépasser son
statut d’objet, retrouver de la valeur.
Mon Fric
, David Lescot
« UN PROF DE PHILO DE LA BOITE A BAC : On ne peut pas accumuler tout le temps tu
vois. Contrairement à ce qu’on nous dit. On a besoin de dépenser. C’est pas seulement
une loi économique, c’est une loi physique, physiologique, philosophique, tout ce que
tu veux. C’est ce que dit Georges Bataille. Les Etats comme les individus ont besoin
de dépenser en pure perte. Ca leur fait du bien. C’est sain. Il appelle ça la dépense
improductive. Et il dit que toute société civilisée doit consacrer une part d’elle-même à
ces dépenses improductives. Des dépenses qui ne sont pas rentables, qui ne sont pas
des investissements. Alors tu vois ça peut être des pratiques humaines comme des fêtes,
comme le luxe, comme les arts, les spectacles, ou même les guerres, ou les cultes, mais
aussi ce qu’il appelle l’activité sexuelle perverse, c’est-à-dire non vouée à la reproduction. On
peut pas toujours gagner, on a besoin de perdre aussi, on a besoin de la perte. »
La notion de Dépense
, chapitre VII, Georges Bataille, Lignes, 2011
« La vie humaine, distincte de l’existence juridique et telle qu’elle a lieu en fait sur un globe
isolé dans l’espace céleste, du jour à la nuit, d’une contrée à l’autre, la vie humaine ne peut
en aucun cas être limitée aux systèmes fermés qui lui sont assignés dans des conceptions
raisonnables. L’immense travail d’abandon, d’écoulement et d’orage qui la constitue
pourrait être exprimé en disant qu’elle ne commence qu’avec le déficit de ces systèmes :
du moins ce qu’elle admet d’ordre et de réserve n’a-t-il de sens qu’à partir du moment où
les forces ordonnées et réservées se libèrent et se perdent pour des fins qui ne peuvent
être assujetties à rien dont il soit possible de rendre des comptes. C’est seulement par une
telle insubordination, même misérable, que l’espèce humaine cesse d’être isolée dans la
splendeur sans condition des choses matérielles. »
disque solaire aztèque smiley
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