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où σest la mesure uniforme sur la sphère complexe S2N+1 ={z= (z0, z1, . . . , zN)∈
CN+1,|z0|2+. . . +|zN|2= 1}. Ce produit hermitien sur Cd,hom[X0, . . . , XN]se
restreint en un produit scalaire euclidien sur Rd,hom[X0, . . . , XN]. Les polynômes
d
α0,...,αN1/2Xα0
0. . . XαN
Nforment alors une base orthonormée de Rd,hom[X0, . . . , XN].
On munit Rd,hom[X0, . . . , XN]de la mesure de probabilité gaussienne associée.
Pour P∈Rd,hom[X0, . . . , XN], on note ZP={x∈RPN, P (x)=0}l’ensemble des
zéros réels de P. Podkorytov a donné une formule exacte pour l’espérance de χ(ZP),
caractéristique d’Euler du lieu des zéros de P, qui généralise le calcul de Kostlan (1) :
voir [Pod1, Pod2], et [Bur]. Cette formule donne pour Nimpair E(χ(ZP)) ∼d−→+∞
(−1)(N−1)/2NdN/2avec une constante positive explicite N. Comme la caractéristique
d’Euler peut s’exprimer comme intégrale sur ZPd’une fonction s’exprimant en termes
de P, P 0, P 00, ce calcul peut se faire par la formule de la co-aire ou de Kac-Rice que
nous donnerons plus tard (14). On dit parfois dans ce contexte que la caractéristique
d’Euler est une quantité « locale » . Sont dites « locales » les quantités dont l’espérance
peut être calculée par une variante de la formule de Kac-Rice ; intuitivement, ce sont
des quantités qui se comportent de manière additive quand on partitionne le domaine
RPNen un nombre fini de sous-domaines. Un autre exemple de quantité locale est le
volume de ZP. À l’inverse, le nombre de composantes connexes b0(ZP)pour N > 1ou,
plus généralement, les nombres de Betti de bi(ZP)ne sont pas des quantités locales,
d’où la difficulté à les étudier.
Au-delà des simples nombres de Betti bi(ZP), on s’intéressera au type de difféomor-
phisme des composantes connexes de ZP. Notons H(N−1) l’ensemble des types de
difféomorphisme de variétés connexes compactes de dimension (N−1) plongeables
dans RN. Précisons que H(N−1) est dénombrable [CK].
Théorème 0.5 (cas particulier de [GW2, GW3]). — On considère l’ensemble de Kost-
lan en dimension N. Pour presque tout P∈Rd,hom[X0, . . . , XN],0n’est pas une valeur
critique de P. Notons alors ZP={x∈RPN, P (x) = 0}. Soit enfin, pour 0≤i≤N−1,
bi(ZP)le i-ème nombre de Betti de ZP.
(i) Il existe deux constantes c+(i, N)et c−(i, N)>0telles que
(3) c−(i, N)≤lim inf
d−→+∞
E(bi(ZP))
dN/2VolF S RPN≤c+(i, N).
(ii) Soit S∈H(N−1) un type de difféomorphisme d’hypersurface compacte connexe.
Pour P∈Rd,hom[X0, . . . , XN], soit NS(P)le nombre de composantes connexes de ZP
qui sont de type S. Alors il existe cS>0tel que
lim inf
d−→+∞
E(NS(P))
dN/2VolF S RPN≥cS.
On a noté VolF S RPNle volume de RPNpour la métrique riemannienne induite par
la forme de Fubini-Study sur CPN.