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Corrigé Concours Blanc de Français - 14 Mars 2015
De Vincent MASSART-LALUC
I. Question relative aux textes proposés
Sujet : Vous analyserez les documents ci-dessous en vous interrogeant sur le rapport entre la
littérature et l’indicible.
Plan possible (à retravailler)
1. La littérature comme artefact du réel
a. Le mal en littérature (l’impossibilité dépassée)
Les quatre auteurs sont confrontés à la difficulté et/ou au devoir de parler, d’écrire l’existence
du mal, de la souffrance. Il s’agit de savoir si la littérature est capable de rendre compte de la
réalité quand il s’agit de « l’horreur » (A.M. Garrat) et, de P. Levi à D. Grossman ne pas
laisser le silence s’installer ; le premier quand il écrit 50 après sa sortie des camps, le second
dans la foulée de la mort de son fils tué pendant la guerre. « Que sait l’univers du drame »
s’interroge Aragon qui tente une parole dans le silence cosmique.
b. Témoigner et transmettre (l’art en dernier recours)
Quand bien même pour P. Levi La littérature ne peut pas tout dire d’une réalité « invivable »,
il n’en faut pas moins, selon les 4 auteurs s’y essayer. C’est le pari de la romancière A.M.
Garrat, transmettre pas simplement des faits mais un certain rapport au monde, au mal auquel
l’enfant sera confronté, par l’usage métaphorique et symbolique d’une langue travaillée, «
l’artifice d’un récit maitrisé » (P. Levi).
2. La littérature comme mise en ordre du réel
a. Pour comprendre
Le mal est chaotique et le récit organise la compréhension de ce chaos. La littérature chez D.
Grossman s’apparente à un acte de résistance contre la violence que le monde veut lui faire.
« Le monde ne se referme pas sur moi ». C’est dans la dimension symbolique du récit que
réside pour A. M. Garrat la possibilité pour l’enfant-lecteur d’accéder à une forme de
compréhension du monde. Tandis que Aragon dans son poème tisse les liens de cohérence
entre des poètes éloignés dans le temps et l’espace et ce faisant leur assigne un sens commun,
une destinée commune.
b. Pour organiser
La liste dans le texte de P. Levi lieu de mémoire, la liste qui organise. Les textes conservent
tous les quatre la trace d’une structure qui organise qui le récit, qui le discours, qui le poème.
La littérature plie le réel qui se dérobe à son ordre scriptural et oppose à son « pouvoir
anéantissant » (A.M. Garrat) l’obstination d’un « j’écris » répété X fois, comme un clou que
l’écrivain (D. Grossman) enfonce.
3. La littérature, lieu d’un possible
a. Un autre réel
Quand A.M. Garrat atteint le réel du mal par le détour du Petit Charperon rouge qui substitue
au « vrai » mal un récit initiatique, P. Levi lui s’inflige d’être au plus près des « horreurs »
vécues par les prisonniers des camps de la mort en tentant de retrouver derrière les mots, la