1 POL 4700 THÈME CHOISI: L`UTOPIE Janvier-avril 2010

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POL 4700
THÈME CHOISI: L’UTOPIE
Janvier-avril 2010
Jeudi 17:30-20:30
Local: TBT 319
Professeur: Gilles Labelle
Bureau: DMS 3180
Heures de disponibilité: lundi, 17:30 à 18:30; mercredi, 16:00 à 18:00
Tél.: 613-562-5800, poste 1718
Description du cours
Présentation et discussion portant sur un thème particulier.
Objectifs du cours
L’objet principal de ce cours est l’utopie –plus précisément, premièrement la pensée
utopique telle qu’elle se déploie dans la modernité à partir de Thomas More (auteur de L’Utopie,
1516) et secondairement les pratiques utopiques, telles qu’elles se manifestent, par exemple,
dans divers types de communautés, surtout au XIXe siècle.
On tentera, explorant cette thématique, de répondre à trois questions en particulier.
1. Qu’est-ce que l’utopie? L’identification de l’utopie à tout projet qui définit un
«ailleurs» paraissant irréaliste ou démesuré eu égard à l’«ici et maintenant» a pour effet de vider
la notion d’à peu près toute pertinence (sans compter qu’elle participe, à son corps défendant,
d’une posture qui apparaît à un moment relativement circonscrit au XIXe siècle, qui fait
apparaître tout projet même seulement réformiste comme irréaliste, utopique et, partant,
démesuré voire «dangereux» –«totalitaire», dira-t-on maintenant). Y a-t-il des critères plus
rigoureux qui puissent permettre de définir un discours et éventuellement des pratiques comme
utopiques? Pour s’orienter, on peut partir de ce que le mot est inventé à l’aube des temps
modernes (par Thomas More, en 1516) et ainsi chercher à lier discours et éventuellement projet
utopiques à la modernité politique. 2. On peut alors demander: quelle place l’utopie occupe-t-elle
dans la modernité? Il faut alors tenter de mettre en rapport l’utopie avec le problème qui paraît
définir celle-ci, et qui tient au rapport paradoxal qui s’y établit entre le constat de la scission et
de la séparation des sphères d’existence (jusqu’à l’«aliénation») par suite de l’éclatement de la
«commune mesure» chrétienne et le désir ou la volonté de réconciliation. En prenant à bras le
corps cette problématique propre à la modernité, l’utopie définit par ailleurs un espace
d’interrogation sur la normativité (ou sur la «Loi», pour reprendre l’expression de Claude Lefort)
original, qui la distingue tout aussi bien de la philosophie (et de la philosophie politique) comme
de la religion (ce qui n’empêche les références ni à Platon, ni au récit biblique) dans la mesure
2
où, comme l’indique l’étymologie du terme forgé par Thomas More, l’utopie suppose l’existence
d’un bien (le «eu» en grec ancien) et de son absence de lieu («ou»–«topos»). 3. Si cette manière
de poser le problème de la définition de l’utopie est valable, on peut dès lors se demander si une
telle interrogation est close désormais ou non? L’utopie est-elle finie, dépassée? Il faut relever
qu’on n’arrête pas de proclamer la fin de l’utopie depuis le milieu du XIXe siècle. Les marxistes
l’ont fait d’abord, surtout à partir du fameux opuscule d’Engels de 1875, Socialisme utopique et
socialisme scientifique. Un siècle après, c’est plutôt une certaine pensée libérale qui, considérant
que les sociétés démocratiques et libérales ont atteint un «point d’équilibre» inégalé et inégalable
entre les idéaux émancipateurs de la modernité (liberté, égalité, etc.) –au point où on en serait
arrivé selon les plus enthousiastes à la «fin de l’Histoire»– , annonce l’inutilité de l’utopie et
dénonce son caractère nihiliste ou totalitaire. C’est pourquoi, conclura-t-on parfois, il n’y a plus
d’utopie au XXe siècle, mais plutôt seulement des «dystopies», comme celles de Huxley ou
d’Orwell (Brave New World et 1984). Mais est-ce bien le cas? Si l’utopie définit l’approche du
bien dans la modernité politique mentionnée ci-dessus, ne faudrait-il pas plutôt supposer quelque
chose comme une «permanence de l’utopie» ou du «politico-utopique» dans la modernité? Un
certain nombre d’oeuvres du XXe et du XXIe siècle le laissent entendre: celles d’Ernst Bloch, de
Walter Benjamin, d’Emmanuel Levinas, de Miguel Abensour.
Contenu
Introduction: l’utopie, considérations intempestives
1. Des sources anciennes? Platon et le récit biblique
2. L’oeuvre fondatrice de Thomas More
3. Le XIXe siècle, siècle par excellence de l’utopie:
3.1 La première vague du socialisme utopique: Henri de Saint-Simon, Robert Owen,
Charles Fourier
3.2 Le néo-utopisme: Étienne Cabet, Edward Bellamy
3.3 Les différents discours sur l’utopie:
3.3.1 Les libéraux et les conservateurs
3.3.2 Auguste Blanqui et Karl Marx
3.3.3 Friedrich Engels et Karl Kautsky
3.3.4 Le nouvel esprit utopique: Pierre Leroux, William Morris
4. Les XXe et XXIe siècles:
4.1 Une filiation juive? Ernst Bloch, Walter Benjamin, Emmanuel Levinas
4.2 Miguel Abensour: contre la fin de l’Histoire et la fin de l’utopie
Travaux
1. Contrôles (au nombre de six) (5 X 2 = 10%)
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Les contrôles ne sont pas annoncés à l’avance. Ils sont au nombre de six et ont lieu généralement
au début du cours. Il s’agit de répondre très brièvement à 5 questions portant sur les textes à lire
dans le recueil. On comptera les 5 meilleures notes sur 6.
2. Travail de session, à compléter en quatre étapes:
– remise du sujet: 28 janvier 2010
– remise de la problématique (15%): 25 février 2010
La problématique consiste en la présentation du sujet, de sa pertinence, de la question de
recherche, et en une bibliographie commentée)
– présentation orale de la problématique (5%): date à déterminer
– remise du travail final (15 pages environ) (40%): 8 avril 2010
Le travail de session doit porter sur un auteur, une œuvre ou une thématique pertinente. Il faut
obtenir l’approbation du professeur.
– Examen final (30%)
Méthode pédagogique
1. On procédera premièrement à l'aide de cours magistraux. Les explications qui sont fournies
pendant les cours magistraux sont donc indispensables à la réussite des examens et des travaux.
Il est obligatoire d’assister à tous les cours. Les étudiants qui, les années passées, ont manqué
plusieurs cours, ont soit échoué, soit obtenu une note très inférieure à leurs attentes. Si l’on doit
s’absenter, il est fortement recommandé de demander à des collègues généreux ou charitables la
permission de prendre connaissance de leurs notes de cours. Les étudiants qui ont besoin
d'explications supplémentaires ne doivent pas hésiter à voir le professeur aux heures de
disponibilité (on peut aussi écrire un courriel pour demander des explications –la réponse
viendra dans un délai raisonnable mais ne sera pas immédiate).
2. Il faut également acheter un recueil contenant des extraits de textes dont le contenu sera
l’objet de présentations en classe par le professeur (au 404 Dalhousie). La lecture de ces textes
est indispensable pour bien saisir les explications données en classe et, par conséquent, pour
réussir les travaux et examens. Le professeur indiquera aux étudiants quels textes il importe de
lire pour quel cours. Pour s’assurer que les étudiants lisent les textes, il y aura un certain nombre
de «contrôles» non annoncés à l’avance au cours de la session.
3. Si un étudiant parle au téléphone portable ou se promène sur le Web ou sur l’Internet pendant
les cours, voici un échantillon de ce qui risque d’arriver à son précieux appareil:
http://www.youtube.com/watch?v=hut3VRL5XRE
Comment indiquer les références bibliographiques dans les travaux
Voici la façon dont on fera les références bibliographiques dans les travaux dans ce
cours. Des points seront enlevés si ces règles ne sont pas respectées.
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Livre: on indique le prénom, le nom de l'auteur, le titre en italiques, le lieu d’édition, la maison
d’édition, la page.
Exemple: Karl Marx, Manifeste du parti communiste, Paris, Flammarion, 1980, p. 23.
Si la référence se répète immédiatement (la note suivante), on met: Ibid., p. 34.
Si la référence se répète plus loin mais qu’il y en a eu une autre, différente, entre-temps, on met:
Marx, Manifeste du parti communiste, p. 34.
Article: on indique le prénom, le nom, le titre de l’article, le titre du périodique, le volume, le
numéro, la date de publication, la page.
Claude Lefort: «Maintenant», Libre, 1, 1, 1977, p. 32.
Si répétition immédiate: Ibid., p. 59.
Si répétition plus loin: Lefort, «Maintenant», p. 59.
Indications concernant les travaux et évaluations
Sauf circonstances exceptionnelles, il n’y aura pas de dérogation aux règles énoncées ci-dessous.
1. Un retard (défini comme la remise du travail après la date et le moment indiqué dans le plan
de cours) qui n’est pas justifié entraîne la perte de 5% de la note finale du travail par jour (y
compris les fins de semaine; si vous terminez un travail en retard un samedi ou un dimanche,
vous devez d’abord en envoyer une copie au professeur par courriel, pour prouver que l’avez
terminé, ensuite en faire imprimer une copie et le remettre au cours suivant). Un retard justif
veut dire, par exemple, que vous êtes malade, que l’un de vos proches est gravement malade ou
est décédé, que sévit une épidémie de peste noire ou de choléra, qu’une guerre (civile, mondiale
ou thermonucléaire) a été déclenchée, etc.
2. Si on rate l’examen final, il faut impérativement un billet de médecin ou l’équivalent pour
avoir le droit de le reprendre. La Faculté des sciences sociales se réserve le droit d’accepter ou
de refuser la raison avancée. Les raisons telles que les voyages, le travail et les erreurs commises
dans la lecture de l’horaire des examens ne sont habituellement pas acceptées.
3. Il n'y a aucun examen ou travail supplémentaire ou de reprise.
4. Une partie des points (10%) pour chacun des travaux écrits est allouée en fonction d’une
évaluation de la qualité de la langue (français ou anglais). Dans le cas de l’examen en classe,
chaque faute (orthographe, grammaire, syntaxe, expression non appropriée, formulation boiteuse
ou étrange) signifie la perte de 0.2 point (par exemple, 5 fautes veulent dire que l’étudiant perd 1
point sur le nombre total de points –la perte maximale étant de 10). On peut apporter
dictionnaires et grammaires en classe. Dans le cas des autres travaux, chaque faute signifie la
perte de 0.5 point (par exemple 5 fautes veulent dire que l’étudiant perd 2.5 points sur le nombre
total de points –la perte maximale étant de 10).
Certains étudiants peuvent se trouver dans une situation exceptionnelle à l’égard de la langue
française. On entend par là, par exemple, un étudiant qui est en train d’apprendre le français (un
étudiant en immersion par exemple) ou encore dont la langue française n’est pas la première
langue, etc. Les étudiants qui sont dans cette situation sont priés de le signaler au professeur au
début du cours. Ces étudiants ne seront évidemment pas pénalisés.
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5. Il n’y a aucune co-évaluation ou auto-évaluation dans ce cours. En conséquence, il n’y aucune
négociation concernant les notes avec les assistants ou le professeur. La procédure de révision de
note est la suivante: 1) présenter une demande au professeur; 2) si le travail est corrigé de
nouveau et n’est pas à la satisfaction de l’étudiant, présenter, par écrit, une demande formelle de
révision à l’École d’études politiques.
6. Fraude et plagiat: voir document en annexe.
Bibliographie
Ne sont indiqués ici que des ouvrages généraux. Une bibliographie concernant les auteurs sera
remise aux étudiants quand ils seront au programme.
Miguel Abensour: Les formes de l’utopie socialiste-communiste. Essai sur le communisme
critique et l’utopie, Thèse, Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, 2 tomes, 1973.
Miguel Abensour: Le procès des maîtres rêveurs, Paris, Sulliver, 2002.
Miguel Abensour: L’utopie de Thomas More à Walter Benjamin, Paris, Sens & Tonka, 2000.
Alexandrian: Le socialisme romantique, Paris, Seuil, 1979.
Marc Angenot: Les grands récits militants des XIXe et XXe siècles. Religions de l’humanité et
sciences de l’histoire, Paris, L’Harmattan, 2000.
Bronislaw Baczko: Lumières de l’utopie, Paris, Payot, Critique de la politique, 1978.
Jacques Barzun: From Dawn to Decadence. 1500 to the Present, New York, Harper Collins,
2000.
Edward Berenson: Populist Religion and Left-Wing Politics in France, 1830-1852, Princeton,
Princeton University Press, 1984.
Gian Mario Bravo: Les socialistes avant Marx (3 tomes), Paris, Maspéro, 1970.
Martin Buber: Paths in Utopia, New York, Collier Books, 1988.
D. G. Charlton: Secular Religions in France. 1815-1870, London, Oxford University Press,
1963.
Cioran: Histoire et utopie, Paris, Gallimard, 1968.
Dominique Desanti: Les socialistes de l’utopie, Paris, Payot, 1971.
Henri Desroches: Socialismes et sociologie religieuse, Paris, Cujas, 1965.
Friedrich Engels: Socialisme utopique et socialisme scientifique, Moscou, Ed. du Progrès, 1970.
Maurice de Gandillac & Catherine Piron: Le discours utopique, Paris, UGE, 10/18, 1978.
Barbara Goodwin (éd.): The Philosophy of Utopia, London, Frank Cass, 2001.
Barbara Goodwin: Social Science and Utopia, Hassocks, Harvester Press, 1978.
George Kateb (éd.): Utopia, New York, Atherton Press, 1971.
G. Koutchérenko: La pensée sociale française au XVIIIe et au début du XIXe siècle, Moscou,
Éd. du Progrès, 1989.
Anne Kupiec: Karl Mannheim. Idéologie, utopie et connaissance, Paris, Éd. du Félin, 2006.
Jean-Yves Lacroix: Utopie et philosophie, Paris, Bordas, 2004.
Ruth Levitas: The Concept of Utopia, Syracuse, Syracuse University Press, 2001.
George Lichtheim: The Origins of Socialism, London, Wiedenfeld & Nicholson, 1968.
Karl Mannheim: Ideology and Utopia, New York, Harcourt, Brace and World, 1956.
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