ictère et moins de 10% une maladie sévère. Les formes
fulminantes d’hépatite C semblent exceptionnelles.
Les transaminases suivent plusieurs profils évolutifs :
–le profil polyphasique avec des fluctuations impor-
tantes des valeurs au cours du temps est le plus typique;
– le profil monophasique est caractérisé par une aug-
mentation rapide de l’activité des transaminases suivie
par une diminution rapide et un retour à la normale ;
– le profil en plateau s’accompagne de transaminases éle-
vées de manière persistante sans fluctuation significative.
Les gamma-GT sont souvent plus élevées dans l’hépa-
tite aiguë C que dans les autres formes d’hépatite virale.
Pendant la grossesse,il n’existe pas d’argument mon-
trant une aggravation de l’hépatite C chronique ni de son
effet délétère sur la grossesse.La transmission materno-
fœtale est possible,mais elle ne survient que dans 0 à 2 %
des cas chez les mères séronégatives pour le VIH.
HÉPATITE E : IgM ET IgG ANTI-VHE
L’hépatiteE est une forme d’hépatite aiguë ictérique
d’évolution le plus souvent spontanément favorable due à
un virus non enveloppé,ARN simple brin, de polarité posi-
tive.Elle est cependant une cause importante de morbidité
et de mortalité chez l’homme dans des régions endé-
miques comme le sous-continent indien,l’Asie et l’Afrique.
Il s’agit d’une hépatite à transmission oro-fécale ayant
des signes cliniques voisins de ceux observés dans l’hépa-
tite aiguëA ou B.La durée d’incubation est d’environ 4 à
5semaines (extrêmes: 4 à 8 semaines). Les symptômes de
la phase aiguë sont précédés habituellement par une phase
prodromique associant fièvre et nausées.Aucun cas d’évo-
lution vers une hépatite chronique n’a été signalé. La mor-
talité dans les régions endémiques varie de 0,5 à 4%.Des
taux de mortalité de 5 à 25% ont été observés chez les
femmes enceintes infectées au cours du 3etrimestre.
Les IgM et les IgG anti-VHE sont détectables en géné-
ral au moment de l’apparition des symptômes mais la
chronologie exacte de la réponse anticorps est inconnue.
Il semble que la réponse IgM commence juste avant le
pic des transaminases ALAT pour disparaître environ
5mois plus tard,au cours de la phase de convalescence.
La réponse IgG commence peu après la réponse IgM;
elle augmente au cours de la phase aiguë jusqu’à la phase
de convalescence pour rester élevée pendant 1 à 4ans et
demi après la phase aiguë de la maladie. Pratiquement
tous les patients ont encore des IgG anti-VHE détectables
pendant les 20mois qui suivent la contamination.
La transmission au fœtus n’a pas encore été mise en
évidence. Il ne paraît donc pas utile de proposer une
immunoprophylaxie non spécifique par voie intramus-
culaire si,à la naissance,une hépatiteE est suspectée ou
diagnostiquée chez la mère.
CONCLUSION
Dans la majorité des cas, le diagnostic d’hépatite aiguë
virale repose sur la sérologie, en particulier la détection
des anticorps de type IgM liés au virus. Malheureuse-
ment,on ne dispose pas d’un tel test pour l’hépatite C et
il est nécessaire d’en rechercher le génome par une tech-
nique de polymérase chain reaction (PCR). La sensibilité
et la spécificité des tests sont actuellement suffisantes
pour éviter une erreur diagnostique. ■
Références
1. Benhamou JP, Erlinger S.Maladies du foie et des voies biliaires.4eéd.
Paris : Médecine-Sciences Flammarion, 2000 :223 pp.
2. Berthelot P. Hépatite virale A : une épidémiologie mouvante qui va faire
changer nos concepts. Gastroenterol Clin Biol 1992 ;16 : 669-70.
3. Lefrere JJ, Lunel F, Marcellin P, Pawlotsky JM,Zarski JP. Guide pratique des
hépatites virales. Collection Médiguides.Paris : MNI Editions,1998 : 255 pp.
4. Denis F, Alain S,Loustaud-Ratti V. Diagnostic virologique de l’hépatite
B.In : Denis F, Trepo C (eds).Virus des hépatites B et Delta. Paris : Else-
vier,2004:91-118.
5. Gordien E,Gault E,Deny P. Caractéristiques virales et diagnostic viro-
logique de l’hépatite Delta. In : Denis F, Trepo C (eds).Virus des hépatites
B et delta. Paris : Elsevier,2004 : 199-220.
6. Marcellin P, Asselah T, Boyer N.Histoire naturelle de l’hépatite C.In :
Pawlotsky JM,Dhumeaux D (eds). Hépatite C.Paris : EDK,2004 :69-94.
272 LA REVUE DU PRATICIEN - MÉDECINE GÉNÉRALE. TOME 19. N° 684/685 DU 7 MARS 2005
HÉPATITES AIGUËS VIRALES
en résumé
•Les hépatites aiguës peuvent être d’origine virale, toxique,
médicamenteuse ou alcoolique.
•Les manifestations cliniques sont habituellement identiques,
quel que soit le virus.
•Le diagnostic d’hépatite aiguë A repose sur la présence des IgM
anti-VHA.
•Le diagnostic d’hépatite aiguë B repose sur la présence de
l’antigène HBs et des anticorps anti-HBc de type IgM.
•Une hépatite fulminante peut survenir dans 1 % des cas des hépatites
aiguë B et dans 1 cas sur 1 000 à 10 000 des hépatites aiguës A.
•Une hépatite fulminante est suspectée devant l’apparition d’une
encéphalopathie hépatique et d’une baisse importante des facteurs
de la coagulation, en particulier un TP inférieur à 30 voire 20 %.
SUMMARY. Acute hepatitis is essentially linked to viruses, in particular A, B and B-Delta,
as well as viruses of Herpes group. These acute viral hepatitis have the same histolo-
gical lesions associating an inflammatory infiltrate made by mononuclear cells loca-
lized in the portal space in contact with necrotic hepatocytes and alterations in cells.
Acute hepatitis A do not evolve to chronic state. The diagnosis is based on the detec-
tion of anti-HAV IgM that appears early in infection. The virological diagnosis of acute
hepatitis B is based on both the presence of HBs antigen, and anti-HBc antibodies IgM
that can sometimes be present in an isolated manner when HBs antigen disappears
precociously. In the case of an acute hepatitis B-Delta not only markers of acute or chro-
nic hepatitis B are present, but also anti-virus Delta IgM antibodies are positive.
Finally the diagnosis of acute hepatitis C is based on the presence of anti-HCV antibo-
dies that only appear 7 to 8 weeks after contamination. However, to establish a dia-
gnosis it is necessary also to realize a detection of HCV RNA by polymerase chain
reaction (PCR) method.
Le professeur Jean-Pierre Zarski est membre, comme expert,
des Laboratoires Schering Plough, Roche et Gilead.