Prix Goncourt ou Prix Nobel ?

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Prix Goncourt ou Prix Nobel ?
15 octobre 2015
Damien Voizard
Gestionnaire de Portefeuilles
Depuis sa création, Lazard Frères Gestion accompagne ses clients privés dans leurs projets
philanthropiques et de mécénat. En parallèle, ses équipes assurent la gestion du patrimoine de
nombreuses fondations, associations et congrégations. Il s’agit donc d’élaborer ou de soutenir un projet,
de mettre en face une stratégie d’investissement qui corresponde à ses objectifs et à ses contraintes.
Le but principal est souvent d’assurer dans la durée les revenus nécessaires à la bonne réalisation de
l’objet de ces institutions. Réfléchir à l’allocation d’actifs et déterminer, notamment, la part à allouer aux
actions est indispensable.
Les projets et les institutions de ce type ont vocation à s’inscrire dans le très long terme. Mais en pensant
protéger le patrimoine initial, la tentation est souvent forte d’investir dans des placements de court ou
moyen terme, par exemple des obligations, mais en y restant sur le long terme…
Pour illustrer les inconvénients d’une telle stratégie, il peut être intéressant d’observer deux exemples
centenaires.
Au début du XXème siècle, la disparition des frères Goncourt et d’Alfred Nobel fut à l’origine de deux prix
prestigieux. Les patrimoines laissés en héritage assuraient une dotation confortable aux lauréats successifs. En
1901, la somme attribuée aux cinq premiers Prix Nobel s’élevait au total à 15 000 couronnes suédoises soit
approximativement 1 million d’euros aujourd’hui. Le Prix Goncourt, quant à lui, distribuait 65 000 francs-or soit
approximativement 275 000 euros de 2015.
Un peu plus d’un siècle plus tard, la dotation du Prix Nobel s’élève toujours à environ 1 million d’euros alors
que l’heureux vainqueur du Prix Goncourt n’est récompensé que de 10 euros.
Comment expliquer un tel écart ? À leur création le capital de chaque Prix était investi au travers de placements
« sans risques », majoritairement des obligations d’État. Après la seconde guerre mondiale, la Fondation Nobel ne
versait plus que 29% du montant du prix initial aux gagnants. Elle décida alors d’augmenter le « risque » des
investissements en allouant une partie majoritaire de ses capitaux aux actions. Cette décision permit aux
lauréats du Prix Nobel de retrouver le sourire quand les lauréats du Prix Goncourt criaient famine.
Fondations : l’écueil des placements « sans risques »
Dans un souci de préservation du capital, les fondations ont souvent recours aux placements obligataires d’Etat ou
de haute qualité. Ces obligations ne sont pourtant pas des investissements sans risques. Sur le long terme,
l’appréciation de cette classe d’actifs a du mal à pallier l’érosion du pouvoir d’achat du capital, conséquence de
l’inflation. D’après l’Insee, il faut aujourd’hui 2,5 millions d’euros pour acheter un bien qui aurait coûté 1 000 euros
en 1901. Pour conserver le pouvoir d’achat, il aurait fallu que le capital connaisse une croissance annualisée de
7%. Si de surcroît la fondation génère des frais de fonctionnement et verse un montant récurrent, la performance
du capital doit également compenser ces dépenses annuelles. C’est ce qui explique que le capital du Prix
Goncourt se soit totalement érodé aujourd’hui.
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Fondations : l’opportunité d’un horizon de temps très long
La théorie financière et les performances passées, montrent que la performance des actions est supérieure à
celle des autres classes d’actifs sur le long terme. Elles constituent le meilleur moyen de préserver et valoriser
son capital dans la durée. Nous comprenons maintenant la décision de la Fondation Nobel d’investir
majoritairement en actions. De 1975 à 2014, les actifs de la Fondation Nobel ont été multipliés par 21, de 170
millions de couronnes suédoises à 3,87 milliards soit une performance de 8,3% annualisée (3,9% corrigée de
l’inflation). Dans le même temps, le montant du prix décerné est passé de 630 000 couronnes suédoises à 8
millions, soit une croissance annualisée de 6,7% (2,3% hors inflation)*.
4000
Capital de la Fondation
Nobel retraité de
l'inflation (en millions de
couronnes suédoises)
Dotation de la Fondation
Nobel retraitée de
l'inflation (en millions de
couronnes suédoises)
12
11
3600
10
3200
9
2800
8
2400
7
2000
6
1600
5
4
1200
3
800
2
400
0
1975
1
0
1978
1981
1984
1987
1990
1993
1996
1999
2002
2005
2008
2011
2014
Une fondation a la particularité d’avoir un horizon de temps infini. Elle peut donc se permettre de supporter les
variations de prix et profiter du taux de croissance long terme. Pour que les versements annuels ne subissent
pas des variations de trop forte ampleur, ce qui pourrait impacter les divers projets financés, il convient de lisser
les versements dans le temps : ne pas verser tout le capital accumulé lors des périodes de hausse pour faire
face aux périodes plus compliquées.
Alors ? Prix Goncourt ou Prix Nobel ? A vous de répondre… Mais cet exemple démontre l’absolue
nécessité d’avoir une réflexion approfondie sur la composition d’un patrimoine dans la durée.
* Source : www.nobelprize.org
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