Lignes directrices sur la prise en charge concertée des personnes atteintes de dégénérescence
maculaire liée à l’âge par les professionnels de la santé en soins oculovisuels
CANADIAN JOURNAL of OPTOMETRY | REVUE CANADIENNE d’OPTOMÉTRIE VOL. 77 ISSUE 1 3
Puisqu’il a été montré que les facteurs génétiques jouent un rôle dans l’apparition de la mala-
die4, le risque de DMLA augmente chez les membres de la fratrie d’un patient atteint5,6, Des
gènes prédisposant à l’évolution vers les stades avancés (de types sec ou humide) de la maladie
ont été identiés7. De plus, plusieurs études ont montré qu’il existe un lien clair entre le taba-
gisme et la progression de la DMLA vers sa forme humide8, 9.
Les résultats de la Beaver Dam Eye Study montrent qu’environ 22 % des patients qui ont
un œil atteint de DMLA (de type sec ou humide) développeront la maladie dans l’autre œil
dans les cinq années qui suivent. La Age-Related Eye Disease Study montre, pour sa part, que
43 % des personnes avec une DMLA avancée dans un œil progressent vers une DMLA avancée
dans l’autre œil cinq ans plus tard10. Enn, les données de l’AREDS indiquent que la probabilité
qu’une DMLA intermédiaire progresse vers son stade avancé à l’intérieur d’une période de cinq
ans est d’environ 18 %.
Même si on ne peut prévenir la perte visuelle qui découle de la DMLA de type sec, des don-
nées probantes explicitent clairement les bienfaits du dépistage et des traitements aux stades
précoces de la maladie11-14. Les résultats de l’AREDS montrent que de fortes doses de supplé-
ments vitaminiques à base d’antioxydants et de minéraux (voir annexe 1A), représentent un
bienfait modeste, mais signicatif sur le plan statistique (de 20 à 25 % de diminution du ris-
que). Les résultats de cette étude centrale du domaine ont permis d’ériger les fondements de
l’intervention précoce en matière de DMLA12-14.
L’AREDS2 a examiné les bienfaits d’une supplémentation en acides gras oméga-3, les effets
de la lutéine et de la zéaxanthine, et les répercussions d’une diminution en zinc de la formule
vitaminique AREDS de base. 12,13 Les résultats de cette étude étaient comparables à ceux de
l’étude originale, c.-à-d. qu’aucun autre bienfait n’a été observé lors de l’ajout de lutéine, de
zéaxanthine ou d’acides gras oméga-3 à la formule de base. L’étude montrait également qu’il
est possible de remplacer la lutéine et la zéaxanthine par du bêta-carotène (élément pouvant
augmenter le risque de cancer du poumon chez les fumeurs et les anciens fumeurs récents),
sans perte d’efcacité du produit. Les effets (et effets secondaires) de faibles et de fortes doses
de zinc étaient également similaires (voir annexe 1B).
La mise en application d’un traitement, aussi modeste soit-il, pour une maladie aussi com-
mune que la DMLA procurerait des retombées bénéques signicatives en matière de santé
publique. Ceci étant dit, les bienfaits dont il est question ne peuvent être rencontrés qu’avec
des suppléments qui ont une composition identique aux formules AREDS/AREDS2, et avec un
dosage adéquat. L’attribution de ces bienfaits à d’autres formules ou d’autres dosages, même
comparables, doit être exercée avec prudence.
Les professionnels doivent être mis au courant que la personnalisation du plan de traitement
de supplémentation vitaminique AREDS/AREDS2 en fonction du prol génétique a fait l’objet
d’une controverse récemment. Se tenir au courant de la recherche du milieu est crucial pour
assurer l’excellence des soins au patient12-13.
Il n’existe aucune cure pour la DMLA de type humide. Par contre, plusieurs études démon-
trent que la meilleure façon de prévenir la perte de vision qui en découle est par un dépistage
et des interventions précoces.12-13 Parmi les interventions possibles, on compte l’utilisation d’un
laser thermique, la thérapie photodynamique (TPD) à la vertéporne et les injections intravi-
tréennes de certains agents, dont le ranibizumab, le bévacizumab et l’aibercept.12-16 La popu-
lation vieillit; les demandes de dépistage de la DMLA, d’interventions, de surveillance post-
interventionnelle et de réhabilitation visuelle péri ou post-interventionnelles augmenteront de
façon exponentielle. Les professionnels en soins oculovisuels seront aux prises avec plusieurs
dés de taille lorsqu’il sera question de la prise en charge concertée des patients atteints de
DMLA. La prestation des soins oculovisuels dans la prévention de la perte de vision doit donc
faire un usage avantageux et efcace des ressources disponibles.