Prospective et Entreprise CCIP
Paris, le 30 avril 2009 1
P
PA
AR
RI
IS
S
:
:
M
MÉ
ÉT
TR
RO
OP
PO
OL
LE
E
M
MO
ON
ND
DI
IA
AL
LE
E
E
EN
N
2
20
02
20
0
?
?
Jeudi 30 avril 2009
à la Chambre de commerce et d’industrie de Paris
Prospective et Entreprise CCIP
Paris, le 30 avril 2009 2
Introduction
Jean-Luc BIACABE
Directeur du Pôle de politique économique et financière, CCI Paris
Bonjour à toutes et à tous. Merci d’avoir répondu à notre invitation. Lorsque nous avons
fixé cette date, nous ignorions que le Président de la République choisirait la date du
29 avril pour présenter son plan pour le Grand Paris. Cette manifestation n’est pas une
réponse aux annonces faites hier. Si vous avez parcouru l’ouvrage que nous avons réalisé
et qui fera l’objet du débat de cet après-midi, vous avez pu constater qu’il ne comporte pas
de description de la ville idéale, ni de plan d’aménagement ou de propositions
institutionnelles pour la région parisienne.
Notre objectif est de transmettre à un public de décideurs et de spécialistes de la question
opérationnelle des développements de nature universitaire sur le sujet de la métropole
parisienne et de la métropole mondiale. De nombreux travaux ont été conduits dans le
cadre académique et universitaire ces quinze dernières années. Il nous a paru être notre
rôle que d’essayer d’être un pont entre le monde académique et le monde des décideurs,
en mettant à disposition une synthèse accessible de ces travaux académiques. Notre
seconde ambition était de conduire une réflexion de nature prospective sur ce que sera la
région parisienne dans dix à quinze ans. Nous considérons qu’il existe plusieurs futurs
possibles, qui dépendront des choix qui sont faits aujourd’hui en particulier par les
pouvoirs publics mais également par un certain nombre d’acteurs tels que les entreprises.
Ces futurs possibles dépendent également de l’évolution de notre environnement et
notamment de la forme que prendra la mondialisation dans dix, vingt ou trente ans.
L’actualité nous démontre quotidiennement que la mondialisation n’est pas un long fleuve
tranquille, mais qu’elle peut être une succession de crises ou donner lieu à des
mouvements de recul et à la montée d’une certaine forme de protectionnisme et de
nationalisme.
Pour conduire cette réflexion, nous avons jugé utile de nous appuyer sur un expert
académique reconnu. Nous avons donc fait appel à Ludovic HALBERT, chercheur au
CNRS et membre du LATTS. Pour mener le travail de réflexion prospective, Hélène
PERRIN BOULONNE, cheville ouvrière de ce séminaire, a piloté un groupe de travail
constitué d’experts.
Le séminaire s’organisera en deux temps. Ludovic HALBERT rappellera tout d’abord les
notions de métropole et de métropole mondiale. Hélène PERRIN BOULONNE
positionnera ensuite Paris dans l’univers des métropoles mondiales et présentera
rapidement les différents scénarios. Pour incarner ces scénarios, nous avons demandé à
quatre experts de présenter un des scénarios et d’en montrer les aspects possibles. Vous
pourrez poser vos questions à l’issue des présentations.
Prospective et Entreprise CCIP
Paris, le 30 avril 2009 3
Les métropoles mondiales,
retour sur un concept
Ludovic HALBERT
Il nous a paru souhaitable de revenir sur le concept de métropole mondiale. J’ai souhaité
mettre en relation la notion de ville ou de région métropolitaine mondiale avec le contexte
plus général dans lequel évoluent nos sociétés.
La définition de la ville mondiale apparaît dans les années 1915. Elle est théorisée dans
les années 1960 par Peter HALL, qui constate l’émergence de quelques grandes villes qui
concentrent de manière disproportionnée les affaires du monde. La ville mondiale est
selon lui avant tout un espace éclectique ou multidimensionnel qui concentre les activités
économiques et financières, mais également politiques, culturelles, scientifiques et
sportives. L’éclosion de ce concept correspond à un contexte dans lequel les Etats sont
encore largement dominants dans l’organisation des relations internationales. Dans
certains pays occidentaux, les politiques publiques privilégient des champions nationaux :
des champions industriels mais également des régions métropolitaines telles que la région
parisienne.
Nous sommes ensuite passés à une lecture davantage économique du concept de ville
mondiale. Ce tournant correspond au déploiement de la nouvelle division internationale
des tâches dans les années 1970. Progressivement, dans les années 1980 puis 1990, le
monde académique a pris en compte cette nouvelle donne et a vu dans la ville mondiale le
lieu où se joue le redéploiement des activités à l’échelle mondiale. Nous observons
l’existence de deux courants pour interpréter la relation entre le redéploiement des
activités à l’échelle de la planète et le rôle joué par les villes mondiales. Une première
lecture se fonde sur l’économie de la coordination et renvoie aux travaux de Saskia
SASSEN. Une deuxième lecture renvoie à l’économie de l’innovation.
Les travaux de FRIEDMANN dans les années 1980 nous ont appris que les activités de
production se décentralisaient à l’ensemble de la planète et qu’il était nécessaire de
concentrer les activités de décision permettant de gérer le redéploiement des activités. A
cette fin, quelques villes mondiales jouent le rôle de nœuds organisant ce système. Dans
les années 1990, ce discours est repris par Saskia SASSEN dans sa théorie de la ville
globale. Elle explique que ce n’est pas seulement le quartier général ou le siège social qui
compte, mais la géographique des activités de coordination, c’est-à-dire l’ensemble des
activités de services qui sont de plus en plus externalisées hors du quartier général et qui
contribuent à coordonner une économie qui gère de plus en plus d’informations et qui a
besoin d’éléments de centralisation face au déploiement à l’échelle planétaire des activités
de production. Cette théorie de la ville globale a pour emblème les services avancés aux
entreprises qui contribuent à fluidifier la mondialisation des chaînes de valeur.
Une autre lecture est celle du passage par la nouvelle économie industrielle. Dans les
années 1980, on observe un approfondissement de la division internationale des tâches et
les grandes villes des pays développés se spécialisent sur certaines fonctions de la chaîne
de valeur industrielle. Ce sont essentiellement les fonctions de conception, de R&D et
d’innovation. La production se mondialise et les grandes villes mondiales se situent sur le
Prospective et Entreprise CCIP
Paris, le 30 avril 2009 4
front de l’économie de l’innovation en concentrant les actifs qui contribuent à produire cette
innovation. L’un des modèles qui peuvent être évoqués est celui de la Silicon Valley.
Ces deux modèles sont remis en cause par la crise des services financiers et par le
déploiement de laboratoires de recherche dans les pays émergents où s’opère une
concurrence par les coûts. Les scénarios auxquels nous avons réfléchi prennent en
compte les limites de ces deux modèles.
Ces deux conceptions de la ville globale ne sont pas uniquement concurrentes. Elles
présentent des points de convergence. Dans les deux cas, on observe que les villes
mondiales ne sont pas des villes-centres mais des régions métropolitaines de grande
envergure. Elles fonctionnent au sein d’un réseau d’échelle mondiale, qui peut être le
réseau des places financières les plus importantes, le réseau des grands sièges sociaux
des multinationales ou le réseau des centres de R&D qui se déploie dans 150 régions
métropolitaines à l’échelle du monde.
Les deux modèles reposent sur les mêmes fondements économiques autour du concept
d’externalités positives, liées à la présence de secteurs pointus qui réalisent des
économies d’échelle, à la fertilisation croisée entre ces secteurs et à l’urbanisation. La
relation entre les villes mondiales et la stratégie des firmes est directe. Nous sommes
confrontés à un système dans lequel les entreprises, et notamment les multinationales,
sont considérées comme des agents extrêmement puissants de la mise en relation des
territoires à l’échelle mondiale. La métropolisation serait l’expression plus ou moins directe
et régulée des stratégies des entreprises.
Ces modèles sont remis en question car ils renvoient à un paradigme qui est largement
mis à mal aujourd’hui. La métropolisation telle que nous la connaissons s’est appuyée sur
une régulation moindre des échanges, notamment des échanges financiers, sur une
bienveillance implicite face à l’utilisation excessive des ressources naturelles et dans une
indifférence relative quant à l’exacerbation des tensions sociales. Ces modèles se sont mis
en place sans prendre en compte les enjeux du développement durable. Une des
questions les plus urgentes à traiter est la suivante : dans quelle mesure les crises
multiples auxquelles nous sommes confrontées remettront en cause la relation entre
mondialisation et métropolisation ?
Les scénarios que nous avons élaborés nous conduisent à réfléchir à la mondialisation et
à la métropolisation dans un nouveau paradigme, celui d’un développement soutenable
dans lequel la logique des entreprises et des chaînes de production n’est pas le seul
moteur de la formation du réseau métropolitain.
Prospective et Entreprise CCIP
Paris, le 30 avril 2009 5
Scénarios pour Paris,
métropole mondiale en 2020 ?
Hélène PERRIN BOULONNE
Le travail que nous avons réalisé sur le thème « Paris, métropole mondiale en 2020 ? »
comportait deux volets. Le premier consistait à revenir sur le concept de métropole
mondiale. Nous avons constaté que la dimension économique était souvent absente des
débats sur la métropole, qui évoquent davantage l’urbanisme, l’architecture, l’aspect social
et les transports. Nous avons voulu nous inscrire dans une réflexion économique. Dans un
deuxième temps, nous avons réuni un groupe d’experts académiques et issus
d’institutions de la métropole parisienne.
Nous avons convenu que Paris était bien une métropole mondiale, quelle que soit la
définition retenue. Paris figure généralement parmi les quatre plus grandes métropoles
mondiales avec New York, Londres et Tokyo. Cette appartenance aux grandes métropoles
mondiales ne se mesure pas par la population mais par la richesse économique produite
et la capacité à se connecter au reste du monde.
Nous nous sommes ensuite demandé quelles étaient les conditions pour que Paris
demeure une métropole mondiale en 2020. Les grands enjeux d’une métropole insérée
dans les réseaux mondiaux sont les suivants :
financer l’économie, sans toutefois miser uniquement sur la place financière ;
gérer les externalités négatives (tensions sur le marché du travail, tensions sociales et
environnementales inhérentes au modèle de développement économique d’une ville
mondiale) ;
développer la créativité et l’image de Paris dans le monde, deux atouts insuffisamment
exploités ;
dépasser le discours « Paris et le désert français » et aller vers une politique publique
qui ne soit pas défavorable à la métropole parisienne.
La métropole parisienne est un lieu d’exception, qui doit faire l’objet de politiques
particulières.
Nous avons construit des scénarios autour de trois principaux axes. Deux axes peuvent
être qualifiés d’endogènes. Ce sont les décisions qui seront prises en matière
d’investissement dans l’innovation et la connaissance et les décisions relatives à la place
donnée à la métropole parisienne en France. Le troisième axe est exogène. Il s’agit des
différentes formes que pourrait prendre la mondialisation.
La capacité à participer aux réseaux de la connaissance et à investir dans l’innovation
aujourd’hui sera déterminante pour la compétitivité des entreprises de la métropole à
l’horizon 2020. Deux choix sont possibles : se spécialiser dans quelques filières
d’excellence dans lesquelles la métropole parisienne a déjà des avantages comparatifs ou
1 / 16 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !