
Prospective et Entreprise CCIP
Paris, le 30 avril 2009 3
Les métropoles mondiales,
retour sur un concept
Ludovic HALBERT
Il nous a paru souhaitable de revenir sur le concept de métropole mondiale. J’ai souhaité
mettre en relation la notion de ville ou de région métropolitaine mondiale avec le contexte
plus général dans lequel évoluent nos sociétés.
La définition de la ville mondiale apparaît dans les années 1915. Elle est théorisée dans
les années 1960 par Peter HALL, qui constate l’émergence de quelques grandes villes qui
concentrent de manière disproportionnée les affaires du monde. La ville mondiale est
selon lui avant tout un espace éclectique ou multidimensionnel qui concentre les activités
économiques et financières, mais également politiques, culturelles, scientifiques et
sportives. L’éclosion de ce concept correspond à un contexte dans lequel les Etats sont
encore largement dominants dans l’organisation des relations internationales. Dans
certains pays occidentaux, les politiques publiques privilégient des champions nationaux :
des champions industriels mais également des régions métropolitaines telles que la région
parisienne.
Nous sommes ensuite passés à une lecture davantage économique du concept de ville
mondiale. Ce tournant correspond au déploiement de la nouvelle division internationale
des tâches dans les années 1970. Progressivement, dans les années 1980 puis 1990, le
monde académique a pris en compte cette nouvelle donne et a vu dans la ville mondiale le
lieu où se joue le redéploiement des activités à l’échelle mondiale. Nous observons
l’existence de deux courants pour interpréter la relation entre le redéploiement des
activités à l’échelle de la planète et le rôle joué par les villes mondiales. Une première
lecture se fonde sur l’économie de la coordination et renvoie aux travaux de Saskia
SASSEN. Une deuxième lecture renvoie à l’économie de l’innovation.
Les travaux de FRIEDMANN dans les années 1980 nous ont appris que les activités de
production se décentralisaient à l’ensemble de la planète et qu’il était nécessaire de
concentrer les activités de décision permettant de gérer le redéploiement des activités. A
cette fin, quelques villes mondiales jouent le rôle de nœuds organisant ce système. Dans
les années 1990, ce discours est repris par Saskia SASSEN dans sa théorie de la ville
globale. Elle explique que ce n’est pas seulement le quartier général ou le siège social qui
compte, mais la géographique des activités de coordination, c’est-à-dire l’ensemble des
activités de services qui sont de plus en plus externalisées hors du quartier général et qui
contribuent à coordonner une économie qui gère de plus en plus d’informations et qui a
besoin d’éléments de centralisation face au déploiement à l’échelle planétaire des activités
de production. Cette théorie de la ville globale a pour emblème les services avancés aux
entreprises qui contribuent à fluidifier la mondialisation des chaînes de valeur.
Une autre lecture est celle du passage par la nouvelle économie industrielle. Dans les
années 1980, on observe un approfondissement de la division internationale des tâches et
les grandes villes des pays développés se spécialisent sur certaines fonctions de la chaîne
de valeur industrielle. Ce sont essentiellement les fonctions de conception, de R&D et
d’innovation. La production se mondialise et les grandes villes mondiales se situent sur le