du nouveau dans le " paysage " de l`addictologie

« DU NOUVEAU DANS LE "PAYSAGE "DE LADDICTOLOGIE »
La création des Centres de Soins
d'Accompagnement et de Prévention en
Addictologie (CSAPA) sinscrit dans le plan
gouvernemental 2007-2011 de prise en
charge et prévention des addictions (décret n°
2007-877 du14 mai 2007). Le but est de
constituer un véritable dispositif médico-
social en addictologie permettant de prendre
en charge les conduites addictives en géral,
et lindividu dans sa globalité.
Jusqu’ici, la différenciation entre les Centres
Spécialisés de Soins aux Toxicomanes (CSST),
les Centres de Cure Ambulatoire en
Alcoologie (CCAA) et les consultations de
Tabacologie cloisonnait la prise en charge du
patient, en se limitant souvent à une
pendance à un produit (alcool, tabac,
héröine et/ou cannabis). La création des
CSAPA s’inscrit dans une évolution des
concepts vers la notion plus globale
« d’addiction ». L’objectif est donc de
permettre un rapprochement déjà amorcé
entre ces difrentes structures, pour devenir, à
terme, la référence en matière de dispositif
médico-social en addictologie.
L’organisation et les modalités de
fonctionnement des CSAPA sont définies par
les articles D3411-1 à D3411-9 du Code de la
Santé Publique. Le projet de réforme du
Minisre de la santé et des solidarités prévoit
un noyau commun de missions qui
incomberaient à chaque CSAPA et une
possibilité de scialisation:
Ainsi, tous les CSAPA seraient dans
lobligation d’assurer laccueil, l’information,
lévaluation clinique et lorientation de toute
personne dépendante aux substances
psychoactives.
Concernant la prise en charge médicale,
psychosociale et éducative, les CSAPA
auraient la possibilité de spécialiser leur
activité sur le versant toxicomanie et / ou le
versant alcool.
Selon la MILDT, lint d’un tel dispositif est
doptimiser l’offre de soins notamment pour :
- Améliorer leur accessibilité, notamment dans
les aires géographiques où certains besoins
sont encore mal couverts du fait de
léloignement et/ou de labsence totale de
structures spécialisées ;
- Faciliter la prise en charge des personnes
présentant une dépendance à plusieurs
substances ;
- Permettre lemploi de personnel soignant,
social et administratif afin de favoriser la prise
en charge pluridisciplinaire, complémentaire
du traitement médical des addictions: suivi
social, insertion professionnelle, coordination
avec les services psychiatriques et les services
médicaux spécialis... ;
- Donner au sysme une lisibilité accrue
facilitant la coopération avec la médecine de
ville.
Lien : http://www.alcoologie.org/Decret-
concernant-les-CSAPA.html
• N° 11 - Décembre 2007 •
RéNAPSUD - 7, rue de lOrmeau mort 33000 BORDEAUX - Tél. 05 56 31 14 62 - Fax: 05 56 31 47 84 - [email protected] - http://www.renapsud.org
RéNAPSUD
Réseau de Santé Addictions
La Lettre du Réseau
La lettre est éditée grâce au soutien de
Le Fonds d’Intervention pour la Qualité
et la Coordination des Soins La Mairie de Bordeaux
Contact’Utile
Une telle restructuration du dispositif ne va pas sans entraîner des questionnements, voire
inquiétudes, sur le terrain, liés à une évolution des pratiques. Pour permettre une réflexion
commune et accompagner cette réorganisation au niveau des départements d’Aquitaine, le «
Collectif Aquitain d’Addictologie » s’est mis en place en novembre dernier. Il invite à se réunir
les structures et personnels impliqués dans les secteurs sanitaires, médico-sociaux et de
ville, spécialisés en addictologie: CSST et CCAA, mais aussi centres d’accueil et
d’accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de drogues (CAARUD), centres de
soins de suite et de réadaptation (CSSR), centres thérapeutiques résidentiels (CTR), communautés
thérapeutiques, centres d’aide au sevrage tabagique, équipes de liaison en addictologie (ELSA), et
réseaux de santé en addictologie. Le collectif se veut être un lieu d’échange autour des diverses
pratiques existantes et à venir : approche globale addictologique ou spécifique par produit ;
spécificité de l’accueil ; accès aux soins sur tous les territoires et pour tous les publics ;
partenariats possibles… Cette instance vise à faciliter la structuration des débats et à apporter des
propositions face aux évolutions cliniques, politiques et législatives en matière d’addictologie.
La prochaine réunion du « Collectif Aquitain d’Addictologie » aura lieu fin janvier sur Bordeaux.
Si vous intervenez dans les secteurs concernés et êtes intéressés,vous pouvez contacter :
[email protected] ou 06 83 03 95 08 - [email protected] ou 06 70 05 70 41
Les services de RéNAPSUD
destinés à soutenir et renforcer
le suivi et la coordination des soins
Tél. 05 56 31 14 62
•Le Service d’Accompagnement
Une éducatrice spécialisée est disponible
pour se rendre auprès des professionnels
pour organiser le suivi social des patients
(soutien technique aux professionnels,
accompagnement des patients dans leurs
démarches administratives, de soins et
d'orientation...)
Contactez : Fabienne MICHEL
•Le Suivi Psychologique
Cet accompagnement gratuit a pour
objectif d’aménager un espace de
réflexion personnelle et de parole
permettant l’évocation des conflits
internes ou externes, de la souffrance
psychique liée à l’usage de substances.
Contactez : Elise ROCHET
• Le Groupe de Parole
Destiné aux patients présentant une
addiction (alcool, opiacés,... jeux,….).
Les séances bimensuelles animées par
une psychologue s’appuient sur l’outil
médiatique et culturel pour favoriser
l’expression. Ces groupes permettent aux
patients d’échanger sur des thématiques
de leur choix ainsi que sur leur vécu.
Contactez : Elise ROCHET
• Le Groupe d’Intervision
Echanges de pratiques autour de thèmes
et cas cliniques avec pour objectif
d’apporter un soutien technique aux
professionnels sur des situations réelles
qui leur posent problème. Réunions
animées par des spécialistes de
l’addiction.
Contactez : Julie COLLOMBAT
ou Martine MONDUGUET
• Les Soirées de Formation
Contactez : Julie COLLOMBAT
ou Martine MONDUGUET
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ZOOM SUR LE TRAVAIL SOCIAL.
• Regard sur la pratique du professionnel :
Origine et motivation
L’assistante socio-éducative travaille depuis 3 ans au Département
d’addictologie. Le suivi régulier qui est instauré présentait pour elle un
double intérêt : mieux connaître les patients et nouer plus facilement un
lien dans le cadre de l’accueil ; développer une relation duelle stable.
Spécificité de la pratique de l’assistante sociale :
Il s’agit de proposer un suivi social qui s’appuie sur une connaissance
spécifique de l’addiction et des conséquences qu’elle implique. Cela
nécessite une grande disponibilité et une ouverture pluridisciplinaire.
C’est un suivi qui repose sur un accompagnement social régulier.
C’est également travailler sur le quotidien du patient :
- S’intéresser à son mode de vie, à son entourage…
- Pouvoir l’amener à être autonome.
Il s’agit finalement de favoriser son environnement pour que le soin soit
optimum, au sens de prise en charge globale.
Conditions de l’efficacité de cette pratique :
Le suivi social va de soi dans la prise en charge globale. Les travailleurs
sociaux posent aux patients le fait que leur suivi va de pair avec le suivi
médical, ils assurent ainsi une continuité avec le soin médical. Lors du 1er
bilan social, ils font également le lien avec les autres intervenants sociaux
du droit commun.
Les échanges des patients avec les travailleurs sociaux sont différents de
ceux qu’ils ont avec les soignants. Le fait de travailler en équipe
pluridisciplinaire permet de croiser les regards et d’avoir une vision plus
globale du patient. Cela amène chaque professionnel à prendre du recul
sur sa propre prise en charge et de diversifier sa pratique.
• Regard sur les patients :
Constats :
Il est essentiel de ne jamais oublier que chaque patient est unique.
Les personnes prises en charge au Département d’addictologie présentent
tout de même des situations compliquées à différents niveaux :
- Social : minimas sociaux, sans logement, isolés…
- Psychiatrique : troubles fréquents, parfois importants
- Soin : parcours conséquent, pas leur 1ère démarche
Difficultés vis-à-vis de ces patients :
Du fait de la problématique, apparait parfois le sentiment « d’avancer d’un
pas et de reculer de deux ». Mais il est important de tenir et de rester
présent : Le phénomène de rechute ne facilite pas le travail, mais n’est
jamais une raison d’arrêt de la prise en charge.
Une autre difficulté est liée aux conséquences psycho-sociales de la
consommation: l’ennui présent lors de l’arrêt, le plaisir très atténué, parfois
une grande déssocialisation…L’enjeu est de réfléchir à des outils qui visent
à retravailler sur l’occupationnel et la notion de plaisir.
• Regard sur le travail en réseau :
Conditions du travail en réseau :
Pour garder sa « spécificité », il faut qu’elle soit comprise et acceptée par
les autres professionnels qui n’ont pas nécessairement les mêmes normes
et le même discours (même entre travailleurs sociaux). Il est essentiel de
sortir des clivages interdisciplinaires et interprofessionnels.
La pluridisciplinarité tient beaucoup aux personnes ; d’où la nécessité de
favoriser les liens interpersonnels.
Le croisement de regards et compétences diverses permet d’évaluer au
plus juste, et d’orienter de façon adaptée.
Intérêt et attentes vis-à-vis du réseau
Il peut être compliqué de travailler avec les connaissances d’autres
professions. Le réseau est une richesse dans le sens il va faciliter le
contact avec les autres structures.
Les services particuliers qu’il peut rendre :
- Faciliter le retour de patients stabilisés en médecine de ville
- Sensibiliser les travailleurs sociaux du droit commun sur les addictions
- Organiser des synthèses sur leurs publics repérés problématiques.
ZOOM SUR LE TRAVAIL DU PSYCHOLOGUE.
• Regard sur la pratique du professionnel :
Origine et motivation
Le professionnel travaille depuis 30 ans dans le domaine de l’addictologie
(initialement auprès de publics toxicomanes).
Etant toujours intervenu en dispositif spécialisé, il privilégie à la fois le
travail individuel de consultation, mais aussi le « vivre avec ».
Spécificité de la pratique du psychologue :
Son travail est d’écouter les personnes, de leur permettre de mettre en mot
une souffrance. L’entretien individuel dure environ ½ h et se déroule
autour d’un échange avec le patient et de relance du professionnel.
Les spécificités de son travail en centre spécialisé sont :
- La gratuité et la disponibilité offerte ;
- Une formation et une certaine connaissance et compétence vis-à-vis de
différentes modalités : d’usage, de plaisir…
- Une attention plus particulière au ressenti de vie, à ce que cache/montre
la consommation…
Conditions de l’efficacité de cette pratique :
Le travail du psychologue est rendu possible lorsque les patients sont
stabilisés : C’est souvent une fois l’urgence médicale et sociale résolues
que la personne peut, et a envie, de « parler sur soi ».
Mais elle n’est pas toujours prête à s’investir dans une relation duelle ;
d’où l’intérêt de proposer également un accueil de groupe.
L’intérêt d’une structure ayant une équipe pluridisciplinaire est de
recentrer les services proposés, et limiter ainsi l’éclatement des prises en
charge. La mise en commun des comtences -notamment entre
psychiatres et psychologues- permet une mise en perspective du
diagnostic : en reliant antécédents psychiatriques et ressenti psychique
actuel.
• Regard sur les patients :
Constats :
Au fil du temps, le psychologue a pu voir évoluer la façon de désigner les
personnes, et parallèlement les pratiques vis-à-vis de celles-ci.
Actuellement, deux aspects se confrontent en permanence : celui de
« dépendance = maladie », et l’étiquette « drogue = délinquance ».
Pour travailler avec ce public, il convient d’avoir une grande ouverture
d’esprit permettant d’être et de rester à son écoute, sans le stigmatiser.
Difficultés vis-à-vis de ces patients :
Les professionnels ont souvent le désir de « réparer », mais sont en même
temps confronter à « l’échec récurrent », “l’étiquette sociale” négative, et
le jeu du patient sur les limites du professionnel-même.
L’intervenant doit faire attention au regard qu’il porte sur les patients :
- Garder un regard d’expertise ; celui que la personne vient chercher
- Avoir conscience que celle-ci peut faire miroir sur lui, car proche de lui
en tant que sujet humain ; d’où la difficulté parfois de garder du recul.
• Regard sur le travail en réseau :
Conditions du travail en réseau :
Le travail en réseau nécessite que chaque profession et discipline se
reconnaisse et s’accepte comme complémentaires : C’est dépasser la peur
et les conflits de concepts, et permettre que les discours s’enrichissent
mutuellement, surtout s’ils se centrent sur le patient.
Les orientations de patients vers un professionnel/ une structure sont
souvent poursuivies lorsque la première s’est révélée être efficace. Mais
l’effectivité du réseau repose également sur l’envie des personnes à
travailler ensemble.
Intérêt et attentes vis-à-vis du réseau
Le réseau doit permettre aux professionnels d’arriver à établir au mieux des
contacts, en travaillant sur le lien interpersonnel.
Le service premier qui peut être rendu est de faciliter le fait que le
professionnel puisse adresser ses patients à un professionnel qu’il
connaisse et en qui il a confiance.
Cela peut se traduire par l’organisation de rencontres, notamment entre
professionnels de la ville et de l’hôpital, pour sortir des conflits et des a
priori qui existent parfois.
La lettre du réseau est une publication trimestrielle de RéNAPSUD.
Le Conseil d’Administration :
Jacques DUBERNET médecin généraliste-addictologue, Président—Marc AURIACOMBE professeur de psychiatrie et d’addictologie, Trésorier—Benoît FLEURY médecin hépato-gastro-entérologue-
alcoologue, Vice Président—Yves DESTRIAU médecin généraliste-addictologue, Vice Président—Frédéric LEAL médecin généraliste, Vice Président—Mélina FATSEAS, médecin psychiatre-addictologue,
Secrétaire—Françoise ODINOT médecin généraliste, Olivier BONIS pharmacien, Brigitte AUBERT médecin psychiatre-addictologue, Jean Pierre DAULOUEDE médecin psychiatre, Abel MIGNARD
pharmacien, Brigitte REILLER médecin généraliste addictologue, Christophe SIMONNET pharmacien, Michèle VIOLET pharmacienne, Chantal COURBIN infirmière alcoologue, Anne PASSEVANT bénévole
Croix bleue, Patrice ACHIROU infirmier, Claude BERTRAND infirmière chargée de projets en santé.
L’équipe du réseau :
Julie COLLOMBAT, coordinatrice— Martine MONDUGUET, secrétaire Elise ROCHET, psychologue Fabienne MICHEL, travailleur social
La Lettre du Réseau
PRISE EN CHARGE DES ADDICTIONS
La parole est….au dispositif spécialisé
Pour illustrer le travail en réseau et la diversité des prises en charge, nous proposons régulièrement une présentation de différentes pratiques, dans un
esprit de pluridisciplinarité. Nous évoquons, ici, le travail mené en centre de soin spécialisé. Nous nous sommes intéressés à l'expérience particulière
d’une assistante socio-éducative et d’un psychologue, rencontrés à titre d’exemple parmi les professionnels du CSST (futur CSAPA) du Département
d’addictologie. Celui-ci regroupe diverses entités d'intervention en addictologie du CH Charles Perrens et du CHU de Bordeaux.
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