M. Erik Orsenna a achevé son intervention en faisant état de la dernière étape de son enquête
dans les Vosges, où il a pu constater que la concurrence internationale y était aussi intense. Il
a noté que, dans un monde sans frontières économiques, les salaires et les normes sanitaires,
sociales ou environnementales pouvaient agir comme autant de facteurs de concurrence
déloyale, au même titre que les taux de change.
M. Erik Orsenna a conclu en s'interrogeant sur la nécessité de réévaluer la monnaie chinoise.
Il a ainsi attiré l'attention des membres de la commission sur l'interdépendance, qui caractérise
la globalisation, considérant à cet égard que la réévaluation du Yuan, certes nécessaire, aurait
néanmoins des conséquences négatives : la compétitivité chinoise en serait réduite,
notamment dans le textile, ce qui diminuerait d'autant la capacité de la Chine à acheter des
avions Airbus à l'Europe et à financer la dette américaine.
M. Jean-Paul Emorine, président, a remercié M. Erik Orsenna pour son exposé très complet
invitant à une réflexion sur la politique menée à l'égard du continent africain.
M. Charles Revet, après avoir observé que son département, la Seine-Maritime, produisait le
meilleur lin du monde, d'ailleurs exporté à 80 % vers la Chine, a souhaité faire part de deux
remarques relatives à la situation de l'Afrique. D'une part, évoquant la parité fixe entre le
franc CFA et l'euro, il a fait observer qu'elle ne présentait pas que des inconvénients, dans la
mesure où elle facilitait l'achat par les pays africains de matières premières importées. D'autre
part, il a relevé que la mondialisation se posait en des termes différents dans les Vosges et en
Afrique, en raison du très faible coût de la matière première relativement au produit fini. Il a
donc suggéré qu'il pourrait être utile d'aider l'Afrique, non seulement à produire mieux, mais
également à transformer sur place la matière première produite localement.
M. Charles Josselin a estimé que le succès du livre de M. Erik Orsenna tenait sans doute
davantage à l'auteur qu'au sujet abordé et s'en est d'ailleurs félicité.
M. Erik Orsenna a précisé que son éditeur, comme lui-même, estimaient l'effet « Orsenna » à
environ trente mille exemplaires sur un tirage total de 150.000 qui confirme bien l'intérêt des
lecteurs envers les questions économiques.
M. Charles Josselin s'est félicité de l'intérêt manifesté par nos concitoyens pour l'économie. Il
a déclaré que la question du coton était douloureuse pour lui, dans la mesure où il avait, certes
sous la pression des institutions internationales, accompagné le démantèlement des filières
qui, il est vrai, nourrissaient une corruption d'État mais avaient le mérite de sécuriser la
situation des producteurs. Il a fait part de son adhésion à l'analyse développée par M. Erik
Orsenna, jugeant que la disparition de la structuration sociale associée aux filières de
production du coton était à la source des difficultés actuelles. Il a ensuite mis en avant
l'opportunité que représentait la prochaine révision des accords de Cotonou et, à ce sujet, a
précisé qu'il avait été chargé par la délégation pour l'Union européenne d'un rapport dans cette
perspective, M. Jean-Claude Lefort ayant effectué le même travail à l'Assemblée nationale.
S'inquiétant d'une application prématurée, dès la fin 2007, du principe de libre échange aux
relations commerciales entre l'Afrique et le reste du monde, il a considéré que le coton était au
coeur du sujet. Il a également attiré l'attention sur l'importance du dossier agricole à l'OMC,
qu'il convenait de ne pas sous-estimer. Evoquant la possibilité d'un découplage entre le franc
CFA et l'euro, il a mis en garde contre les conséquences d'un tel bouleversement. Enfin, il a
félicité M. Erik Orsenna pour la mise en place de la fondation qu'il avait présentée.