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1 Contexte
Gultepe et al. (2007a) ont examiné les études concernant le brouillard et donné un vaste
aperçu de la prévision et des observations de ce phénomène. On trouvera dans le présent chapitre
un résumé de leurs travaux, basés sur diverses études présentées dans leur article.
L’effet du brouillard sur l’expérience humaine est reconnu depuis les débuts de l’humanité,
mais son impact s’est considérablement accru dans les dernières décennies, avec l’augmentation
du trafic aérien, maritime et routier. En fait, les pertes humaines et financières attribuables au
brouillard et à la réduction de la visibilité sont devenues comparables à celles dues à d’autres
phénomènes météorologiques, comme les tornades et même les ouragans. Cette section présente
un bref historique des études et recherches portant sur le brouillard.
On peut faire remonter les premiers travaux sur le brouillard aux Meteorologica d’Aristote
(284-322 B.C.), qui ont été beaucoup cités par Neumann (1989) dans son étude des premiers
travaux sur le brouillard et les conditions météorologiques. Le présent paragraphe est
essentiellement basé sur ces travaux détaillés. Dans la traduction anglaise de Lee (1952), il est
question de la relation entre le brouillard et le beau temps. De plus, Neumann (1989) rappelle un
poème d’Aratus (315-240 B.C.), dit Les phénomènes et pronostics : « si les sombres nuées
s’étendent le long des vallées des grandes montagnes, pendant que leurs sommets restent
découverts, vous aurez un temps serein, de même que quand la nuée sera basse sur la vaste mer,
et ne s’élèvera pas au-dessus de la surface de l’eau où elle restera étendue au niveau de la plage
maritime ». Par ailleurs, Pline l’Ancien (A.D. 23-79, Pline, 1971), historien, amiral, scientifique
et auteur romain, dit dans son Histoire naturelle que « Les nuages descendant du haut des
monts, ou tombant du haut du ciel, ou s’arrêtant dans les vallées, annoncent du beau temps ».
Ces œuvres donnent donc à penser que le brouillard était un prédicteur connu du beau temps.
Le brouillard a aussi exercé une influence sur des événements historiques. Lindgrén et
Neumann (1980) décrivent un cas survenu lors de la guerre de Crimée, qui opposait l’empire de
Russie à une alliance de la Grande-Bretagne, de la France et de la Turquie. Les forces alliées
débarquèrent en Crimée en septembre 1854. Un brouillard dense se forma de bonne heure le 5,
au moment même où les forces russes lançaient leur première grande offensive. Les Alliés ne
pouvaient pas réaliser ce qui se passait de l’autre côté. Il a été dit en substance que les vapeurs,
le brouillard et la bruine qui tombait rendaient impossible de voir quoi que ce soit à quelques
mètres de distance. Il semblerait donc que le brouillard ait été un élément important de cet
événement historique.
Il n’est pas facile de prévoir la formation du brouillard ni la superficie qu’il couvrira. Il ne
se forme en effet pas toujours par temps calme. En fait, la formation de brouillard dans des
conditions de vent turbulent a été étudiée dès la fin du 18e siècle. Scott (1896) signalait que,
dans les îles britanniques, on pouvait avoir du brouillard accompagné de vents forts, et qu’il