LEÇON 1
L’Angleterre : une monarchie limitée
L’accompagnement des programmes de 4erappelle
que les « libertés anglaises » sont à étudier à partir
de l’Habeas Corpus (1679) et de la Déclaration des
droits (1689) pour mettre en évidence la limitation
de la monarchie. L’évolution du système anglais
s’inscrit dans un mouvement qui a commencé au
Moyen Âge après la défaite de Bouvines, comme le
rappelle le cours. L’Habeas Corpus est la première
limitation de l’arbitraire royal et marque profondé-
ment notre système judiciaire aujourd’hui encore.
PATRIMOINE
Le
XVIII
e
siècle : le siècle des Lumières
Kant donne une définition du philosophe des
Lumières : ce dernier poursuit trois démarches fon-
damentales :
1) l’émancipation de la pensée de l’homme grâce à
la connaissance pour accéder à la critique ;
2) l’acceptation de la pluralité des idées pour nour-
rir le monde ;
3) la remise en question des idées reçues de son
temps pour faire évoluer la société.
Le siècle des Lumières débute traditionnellement
avec la mort de Louis XIV en 1715 et s’achève avec
le coup d’État du 18 Brumaire An II (9 novem-
bre 1799). Louis XIV a encouragé la société à une
certaine légèreté, au goût des fêtes et au luxe.
Après des années de guerre, les écrivains remettent
en cause l’Ancien Régime. Ils publient leurs œu-
vres à l’étranger (souvent à Amsterdam) pour
contourner la censure royale. Comme à la Renais-
sance, l’Antiquité est donnée en exemple de rigueur
et d’équilibre et plus particulièrement la Répu-
blique romaine : c’est ce que rappelle le portrait de
Montesquieu ou encore l’allusion à Minerve,
déesse de la Sagesse, des Arts et des Sciences
(Athéna pour les Grecs).
L’expansion économique favorise la bourgeoisie
d’affaire tandis que l’autorité royale réagit difficile-
ment face aux crises financières qui semblent
impossibles à résoudre. Des philosophes tels que
Montesquieu dans les Lettres Persanes dénoncent
les cadres politiques français, proposant la sépara-
tion des pouvoirs, influençant les rédacteurs de la
Constitution américaine. Voltaire, de son vrai nom
François Marie Arouet, s’est réfugié en Angleterre
d’où il rentre séduit par la monarchie parlemen-
taire.
Le document 1 offre l’occasion de présenter les
lieux et moyens de diffusion des idées des Lumiè-
res cependant, il faut être aussi attentif au fait qu’il
s’agit d’un tableau peint en 1812 et non en 1755.
Joséphine de Beauharnais, soucieuse d’inscrire la
haute société dans le courant des idées de liberté
des Lumières, a commandé ce tableau. Il présente
le salon de Madame Geoffrin entourée de
quelques-uns des plus célèbres philosophes des
Lumières. L’appui de la bonne et haute société per-
mettait aux hommes de lettres d’obtenir finance-
ments et aides sans lesquels il ne leur était pas pos-
sible d’écrire. C’est ce même lien de protection
typique de l’Ancien Régime que l’on retrouve dans
la présence des philosophes auprès des despotes
éclairés (voir la carte page 42). L’autocensure était
de rigueur pour les Lumières, mais leur présence,
pensaient-ils, pouvait également faire avancer les
idées de tolérance religieuse. Leur présence dans
les cadres politiques et sociaux est manifeste grâce
aux Académies et sociétés qui, même censurées,
existent et contournent les poids qui pèsent sur
elles. À la Convention, Robespierre condamnera
les Encyclopédistes comme « fiers dans leurs écrits
et rampants dans les antichambres ».
PATRIMOINE
Diderot et l’
Encyclopédie
Pour reprendre une citation de Jacques Proust, his-
torien de l’Encyclopédie, Diderot est le « premier
homme de lettres qui ait considéré la technologie
comme une partie de littérature. » Il invite le lec-
teur à la démarche philosophique. Cet ouvrage ras-
semble les domaines les plus variés y compris ceux
issus de la tradition artisanale. Il permet des ren-
vois multiples pour construire sa pensée selon le
principe de l’arbre des connaissances de Francis
Bacon. Les dessins de L.-J. Goussier publiés en
grandes planches gravées, offrent à voir les activi-
tés humaines à l’égal des sciences. Le grand nom-
bre d’auteurs qui y ont collaboré, reflète la diver-
sité des idées au
XVIII
esiècle.
4Histoire ■CHAPITRE 3
Problématiques