
MAPAR 2001248
Les pathologies néoplasiques ne sont pas un critère d’exclusion de la transfusion
autologue différée. Celles-ci pourraient en effet avoir des avantages par rapport à la
transfusion homologue en terme de moindre immunodépression [12]. Cependant, ces
états néoplasiques peuvent constituer des limites de faisabilité en raison d’une anémie
liée à la maladie ou à son traitement (chimiothérapie) mais aussi en raison de l’urgence
de l’intervention pour une affection maligne évolutive et qui limite d’autant les délais
permettant de réaliser le programme [13]. Un état infectieux patent ou latent (infection
dentaire, urinaire, digestive, une diarrhée) est une contre-indication formelle au prélè-
vement. Le risque de bactériémie est en effet majeur pouvant conduire à des accidents
bactériens extrêmement sévères et potentiellement mortels. Une enquête récente
d’hémovigilance et une observation d’infection à Yersinia enterocolitica illustrent par-
faitement ce risque [14]. L’anémie est dans l’état actuel des choses une contre-
indication relative. Les patients ne peuvent être en effet admis dans un protocole de
transfusion autologue différée que si leur taux d’hémoglobine est supérieur à 11 g.dL-1.
En pratique, un taux d’hémoglobine supérieur à 13 g.dL-1 est presque toujours néces-
saire pour réaliser le programme souhaité. Pour les patients «limites» une adaptation
des prélèvements, un traitement martial et l’injection d’érythropoïétine peuvent être
des solutions permettant de réaliser le protocole [15].
La présence de marqueurs viraux chez le donneur constitue à ce jour une contre-
indication légale au prélèvement. La législation oblige en effet à ce que tous les dons
soient testés au même titre que les dons homologues. Ces dispositions sont justifiées
par des risques individuels et collectifs. D’autres pathologies sont considérées comme
des contre-indications : accidents vasculaires cérébraux, antécédents d’épilepsie,
insuffisance rénale chronique (anémie), insuffisance hépatique sévère, insuffisance
respiratoire chronique avec hypoxémie. Certaines anomalies congénitales du globule
rouge,
de l’hémoglobine, ou des déficits enzymatiques contre-indiquent les prélève-
ments en raison le plus souvent d’une anémie, mais aussi à cause des difficultés que peut
poser la conservation de ce sang. Enfin, il faut évoquer certaines limites et contraintes
liées à l’organisation de la transfusion autologue différée. En fait, ce sont surtout des
limites logistiques liées à l’éloignement des centres de prélèvements, au temps et au
coût des transports vers ces centres, qui doivent être prises en considération.
L’érythrocytaphérèse est une technique qui doit désormais être rapprochée de la
transfusion autologue différée depuis que les concentrés globulaires prélevés par cette
technique peuvent être conservés 42 jours. Cette technique présente trois avantages
principaux : l’organisation est plus simple, la stimulation de l’érythropoïétine plus
intense et le plasma généralement inutile n’est pas prélevé. Réalisée à distance de l’in-
tervention, elle est mise en œuvre au sein de l’établissement de transfusion sanguine et
relève de sa compétence et de sa responsabilité [16].
Elle consiste, en utilisant un système d’aphérèse à prélever du sang au patient jus-
qu’à obtenir un hématocrite de 32 %, à séparer et conserver les globules rouges et à
réinjecter le plasma et la couche leucoplaquettaire. La normovolémie est maintenue par
l’administration simultanée d’un soluté de remplissage en quantité égale à la quantité
de globules prélevée. Au cours de la même séance, 2 ou 3 cycles permettent de re-
cueillir une quantité de globules rouges équivalente à celle disponible après 2 ou
3 prélèvements de transfusion autologue différée. Elle présente l’avantage de ne néces-
siter qu’un seul déplacement du patient à l’établissement de transfusion sanguine et
donc diminue les inconvénients et les frais. Actuellement, les délais de conservation de
ces produits sont de 42 jours. Réalisée à distance elle permettrait de bénéficier de l’aug-
mentation de l’érythropoïèse et d’un taux d’hémoglobine plus élevé en début
d’intervention.