Le Massif central, territoire pilote pour un nouveau modèle de développement : de la reconnaissance des biens publics sociaux et environnementaux à un projet de territoire pour 2020 Etude prospective commandité par le GIP interrégional pour le développement du Massif central Résumé du rapport intermédiaire – septembre 2011 L’étude prospective lancée par le GIP Massif central s’inscrit dans un contexte à la fois local et international. Depuis plusieurs années, un certain nombre de rapports économiques pointent les limites du seul PIB comme indicateur de mesure de la croissance et du développement. Figure 1. les courbes des croissance du PIB et de santé sociale aux Etats-Unis On le voit à la fig. 1 : la croissance du PIB n’entraîne pas nécessairement une croissance de la santé sociale, même dans un pays développé comme les Etats-Unis. Dès lors, en s’appuyant sur des travaux conduits à l’échelle européenne ou internationale comme le rapport Stiglitz-Sen-Fitoussi qui cherchait à mesurer le bonheur ou les recherches coordonnées par Pavan Sukdhev sur l’économie des écosystèmes et de la biodiversité (TEEB) ou encore sur les résultats du rapport Stern qui en 2006 quantifiait le coût de l’inaction face au changement climatique (plus de 5500 milliards de dollars par an !), le GIP Massif central a choisi d’élargir la vision que l’on peut avoir de ce territoire de montagne pour proposer de nouvelles perspectives de développement. 1 La stratégie Europe 2020 adoptée par l’Union européenne en 2010 offrira un cadre global aux politiques publiques dans les années à venir : Le verdissement de la PAC, l’inclusion sociale, le défi démographique et énergétique sont autant d’enjeux qui vont concerner nos territoires. Il importe de démontrer que les territoires ruraux et de montagne ont une contribution importante à faire valoir dans ce contexte, face au risque de voir les politiques nationales et européennes se concentrer sur les zones urbaines. L’étude a donc vocation à apporter une nouvelle lecture du développement territorial en tenant compte des aménités et externalités positives qui viennent compléter la dimension strictement marchande de l’approche économique dominante. Les aménités procurent du bien-être par la satisfaction qu’elles apportent à son usager, il s’agit donc d’une valeur subjective que plusieurs travaux de recherche se sont efforcés de quantifier. Les externalités positives sont les effets secondaires liés à une activités, celles-ci sont plus objectives et quantifiables. L’une des missions du bureau d’étude sélectionné (BRL Ingénierie) a été de recenser ces méthodes de mesures et de les appliquer au territoire du Massif central. Deux types de ressources ont été ciblées : les ressources environnementales et les ressources sociales. Pour ces dernières, le choix a été fait d’inscrire le Massif central dans la démarche de l’ARF sur la mise à jour de l’indice de santé sociale des Régions en testant l’hypothèse suivante : y a-t-il un effet positif en terme de santé sociale si l’on vit dans le Massif central (cf. figure 2). Figure 2 : l’indice de santé sociale au regard du revenu disponible par habitant 2 L’objectif à court terme de cette étude est: - d’apporter des éléments de différenciation du Massif central par rapport aux autres territoires européens ; - de rendre visibles aux yeux des décideurs la valeur économique totale de leurs ressources (les services marchands et non-marchands qu’elles rendent) ; - de positionner le Massif central comme un territoire dynamique, innovant, volontariste, laboratoire d’idées, afin de renverser l’idée reçue que seules les métropoles sont un moteur de développement ; - de valoriser les atouts du Massif central dans la perspectives des prochains programmes européens régionaux et interrégionaux. Quelques résultats Tous les chiffres concernent le Massif central dans son ensemble. Forêts 10% de la surface forestière française, 1/3 du territoire du Massif central. Si l’on calcule la valeur économique totale des forêts, fondée sur l’appréciation économique des différents services qu’elle rend, on remarque que plus de 90% est non marchande : Valeur marchande des forêts : 110 M€ (services d’approvisionnement : production de bois pour la construction, le papier, la biomasse etc.) Valeurs non-marchandes : 1090 M€ (stockage du CO2, biodiversité, qualité de l’eau, protection contre l’érosion ou les crues, promenades) Il est à noter que ce mode de présentation entre valeur marchande et non marchande n’a pas vocation à échanger un service contre un autre mais bien à rendre visibles par des ordres de grandeur significatifs la valeur de ces services. Les services non-marchands sont d’ailleurs sous-évalués, l’état de la recherche ne permettant pas pour l’instant de donner une valeur monétaire à la biodiversité par exemple1. Agriculture L’agriculture à haute valeur naturelle : une spécificité montagnarde Une caractéristique du Massif central : les prairies ¼ des prairies permanentes françaises sont dans le Massif central Elles procurent des services multiples : - valeur marchande : 2628 M€ (agriculture HVN, productions AOC, élevage extensif) - valeur non-marchande : 1010 M€ (stockage CO2, réservoir de biodiversité, zone tampon en cas de crues, paysage etc.). Cette valeur est là encore sousévaluée, faute de recherches suffisantes. 1 Centre d’analyse stratégique, 2009, Rapport du groupe de travail présidé par Bernard Chevassus-au-Louis, « approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes » 3 Patrimoine naturel Des parcs qui constituent 1/3 du Massif central, bientôt plus avec les 2 PNR en cours d’élaboration. 282 zones Natura 2000, plus de 2000 ZNIEFF. Des études sont en cours sur la valorisation des aménités paysagères, c’est-à-dire sur une estimation de la valeur marchande du bien-être procuré par les paysages et espaces naturels de territoires du Massif central. Un carrefour biogéographique à valoriser Des parcs qui peuvent constituer un corridor écologique continu Gorges du Haut-Allier -Margeride Aubrac 4 Eau carte de la pluviométrie Une situation stratégique de tête de bassins versants, qui implique une responsabilité importante, notamment en lien avec l’agriculture et la gestion des prairies. Energies renouvelables Un zoom particulier a été effectué sur les énergies renouvelables dans la mesure où les crédits européens sont particulièrement fléchés sur cette dimension (au moins 20% du FEDER). Solaire photovoltaïque : le Massif central est une montagne au soleil, au sud de l’Europe L’énergie éolienne : des opportunités localisées 3 - L’énergie éolienne 5 Enjeux et perspectives Le GIP Massif central clôt la phase de recensement et d’identification des externalités positives de son territoire. S’ouvre désormais le travail de concertation pour bâtir des recommandations au regard de ces données. La valorisation des aménités et externalités positives à travers une politique publique relève du choix politique entre deux options : l’impôt ou le marché. La PAC a été la première politique européenne à accorder des subventions pour le services connexes (de préservation de la biodiversité par exemple) rendus par une activité productive, l’agriculture. Le marché d’échange de quotas de CO2 est une illustration de l’utilisation du marché pour rémunérer un service encore largement invisible. Pour le Massif central , l’agriculture et le tourisme sont les vecteurs les plus évidents de la valorisation des aménités et externalités positives. Cependant, il pourrait être intéressant d’explorer de nouvelles pistes comme les fonds de compensation carbone volontaires associant collectivités locales et entreprises, ou la rémunération des services nonmarchands grâce au soutien des fonds européens, ou le développement d’activités nouvelles à forte valeur ajoutée dépendant de la forêt (2ème transformation du bois par exemple) et des prairies (biogaz). Pour en savoir plus : www.gip-massif-central.org Contact : [email protected] /+33 473 31 86 45 6