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LECTIO DIVINA
Dimanche VI de ques - Année A
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La liturgie dirige à présent notre regard vers la fête de Pentecôte : après
avoir médité sur les apparitions du Christ ressuscité, puis sur le Bon Pasteur qui
nous conduit dans le sein du Père, nous désirons la venue de l’Esprit. Jésus nous
l’a promis lors de la dernière Cène (évangile), et la première lecture tirée des
Actes nous présente l’Esprit à lœuvre par la conversion des Samaritains.
Prédication de la Parole, signes et prodiges, don de l’Esprit par l’imposition des
mains L’expansion missionnaire a débuté lors de la réalisation des
promesses de Jésus. Une nouvelle époque a été inaugurée :
« Le temps de l'Eglise a commencé par la ‘venue’, c'est-à-dire par la
descente de l'Esprit Saint sur les Apôtres réunis au Cénacle de rusalem
avec Marie, la Mère du Seigneur. Le temps de l'Eglise a commencé au
moment les promesses et les prophéties qui se rapportaient de manière
très explicite au Paraclet, à l'Esprit de vérité, ont commencé à se réaliser
sur les Apôtres avec puissance et de toute évidence, déterminant ainsi la
naissance de l'Eglise. » (1)
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Lectures de la Messe
Ac 8,5-17 Évangélisation de la Samarie
Ps 66,1 Terre entière, acclame Dieu, chante le Seigneur
1P 3,15-18 Soyez les témoins de notre espérance au milieu des hommes
Jn 14,15-21 Je ne vous laisserai pas orphelins
Explication des lectures
Depuis Pâques, les Actes des Apôtres nous ont présenté la vie de la
première communauté chrétienne à Jérusalem. Cette semaine, pour la première
fois, nous sortons de la Ville Sainte pour une première grande expansion
missionnaire, en compagnie du diacre Philippe. Nous suivons ainsi le plan que
saint Luc nous a donné pour son œuvre : Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans
toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre (Ac 1,8). La lapidation
d’Etienne (ch. 7) a provoqué la dispersion des disciples (cf. 8,1) et nous allons
accompagner Philippe en Samarie (ch. 8), Pierre en Judée (ch. 9-11) et enfin
saint Paul dans ses voyages missionnaires jusqu’à Rome (derniers chapitres).
Notons que cette semaine la liturgie a omis le passage de Simon le Magicien
(8,9-13) pour se fixer sur la dynamique de lévangélisation : lenseignement du
diacre Philippe, accompagné de prodiges et complété par la mission des Apôtres
Pierre et Jean. Par l’imposition des mains, ils donnent la plénitude de l’Esprit en
complément du baptême, ce que nous appellerons le « sacrement de
confirmation ».
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Ces fruits de conversion provoquent l’action de grâce de la communauté,
exprimée par le Psaume 66 (65). La liturgie choisit quelques paragraphes de ce
psaume, qui expriment surtout l’universalité (toute la terre), la grandeur des
actions divines (exploits redoutables), la gratitude profonde (ce qu’il a fait pour mon
âme)… Le psalmiste avait en tête les événements de l’Exode (la mer en terre ferme,
cf. Ex 15) et de l’entrée en Terre Sainte (ils passèrent le fleuve à pied sec, cf. Jos 3)
qui sont des préfigurations du mystère pascal (nouvel Exode) et du Salut (entrée
dans la nouvelle Terre). La voix du psalmiste est devenue la voix de l’Église qui
invite toute la création à chanter les merveilles du Seigneur accomplies pendant
Pâques.
Un acteur de ces merveilles est l’apôtre Pierre, dont nous continuons à
lire la Première Lettre. Au terme de son ministère d’évangélisation, il donne
des conseils éprouvés par l’expérience aux Chrétiens dispersés dans un monde
hostile mais assoiffé du Christ. Il faut donc à la fois tenir tête aux « ennemis » par
le moignage dune vie irréprochable moralement, et répondre avec douceur et
respect à ceux qui interrogent l’espérance chrétienne. Mais surtout, cest le Christ
qui est au centre de tout : il règne dans nos urs (vous devez le reconnaître dans
vos cœurs comme le seul saint) et dans nos mœurs (la vie droite que vous menez dans le
Christ), et Il nous mène à son Père par son mystère pascal (il est mort afin de vous
introduire devant Dieu).
C’est ce que Jésus dit à ses disciples dans le cadre intime de la dernière
Cène (Jn 14). Cet évangile, qui continue celui de la semaine dernière, nous
prépare pour l’Ascension et la Pentecôte qui auront bientôt lieu. Jésus s’en va
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vers le Père par son mystère de mort-et-résurrection, qui se termine par son
Ascension vers Dieu et change son mode de présence au monde : Dici peu, le
monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. Le
monde, qui n’a pas la foi, ne peut reconnaître Jésus après sa mort ; la
communauté, au contraire, l’accueille vivant et participe à sa nouvelle vie
ressuscitée. sus promet ainsi à ses disciples le don de l’Esprit, qui sera l’âme de
cette nouvelle vie ; cet Esprit que nous voyons à l’œuvre dans les Actes afin que
la vie divine se propage dans tous les peuples. La seule condition pour le recevoir
est d’observer les commandements de Jésus, comme signe de l’amour pour Lui.
C’est ainsi que la communion des hommes avec Dieu s’accomplit par le
Christ : je suis en mon Père, vous êtes en moi, et moi en vousLa liturgie nous invite
à supplier lere de nous faire participer profondément à ce mystère :
« Dieu tout-puissant, accorde-nous, en ces jours de fête, de célébrer avec ferveur le
Christ ressuscité : que le mystère de Pâques dont nous faisons mémoire reste présent
dans notre vie et la transforme. Par Jésus-Christ… » (2)
Méditation
1. Prière à cœur ouvert : la Joie
Dans le cadre intime de la dernière ne, et avant sa mort imminente,
Jésus ouvre son cœur à ses disciples : Il les invite à pénétrer dans cette caverne
merveilleuse qui regorge de trésors cachés, et qui brûle d’amour pour son
Père et pour les hommes. Saint Jean recueille ces confessions si profondes et
nous les livre dans l’évangile. En particulier, il mentionne plusieurs fois la prière
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du Christ (avant de nous la présenter explicitement au chapitre 17) : Moi, je
prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur… En commentant ce verset, le
pape Benoît explique :
« Ici nous est dévoilé le cœur en prière de Jésus, son cœur filial et
fraternel. Cette prière atteint son sommet et son accomplissement sur la
Croix, l'invocation du Christ ne fait qu'un avec le don total qu'Il fait de
lui-même, et sa prière devient donc pour ainsi dire le sceau même de son
don en plénitude par amour pour le Père et pour l'humani: invocation et
don de l'Esprit Saint se rencontrent, s'entremêlent, deviennent une unique
réalité. » (3)
Nous devrions être stupéfaits de cette prière du Christ : alors qu’Il va être
livré à une Passion ignominieuse, qu’il ne lui reste que quelques heures à vivre,
que les hommes vont le rejeter et ses disciples l’abandonner… Il prend soin des
apôtres, s’inquiète pour eux (je ne vous laisserai pas orphelins), leur parle du Père
et se réjouit daller le rejoindre ! Aucune préoccupation pour lui-me, pas
me l’ombre d’une plainte ! Il nous faut peut-être regarder un contre-exemple
pour saisir toute la grandeur de ce ur, afin que la lumière se révèle par
contraste avec l’obscurité. Jean-Jacques Rousseau, qui se trouve lui aussi dans
une situation de persécution (certes largement imaginaire), nous offre une
réaction inverse par rapport aux hommes. Dans sa retraite au cteau
d’Ermenonville, solitaire et harcelé par la paranoïa, il écrit :
« Me voici donc seul sur la terre, n'ayant plus de frère, de prochain, d'ami,
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