dire que sa valeur ne devrait pas changer dans l'espace ni dans le temps. Si tel est le cas,
l'univers devrait continuer son expansion accélérée à tout jamais et, d'ici 3.000 milliards
d’années, il sera méconnaissable. Ce ne sera peut-être pas sa fin si l'on croit à la théorie de la
cosmologie conforme cyclique proposée par Roger Penrose.
Mais si l'énergie noire est la manifestation d'une nouvelle physique, avec par exemple un ou
plusieurs champs scalaires variables, sa valeur peut évoluer dans le temps et peut-être dans
l'espace. Il se peut alors que l'expansion se change en contraction et que le cosmos
observable finisse par un Big Crunch, et éventuellement que celui-ci s'accompagne d'un
rebond pour une nouvelle phase d'expansion
La constante de Hubble dépend de la nature de l'énergie noire
Or, plusieurs modèles dans lesquels l'énergie noire est variable prédisent que la fameuse
constante de Hubble, qui est en quelque sorte une mesure de la vitesse d'expansion de
l'univers, doit elle-même varier selon des lois précises, reflétant la nature de l'énergie noire.
Cette constante ne l'était d'ailleurs pas vraiment, même en l'absence d'une constante
cosmologique, mais c'est en mesurant ses variations dans le temps à l'aide des supernovae
que Saul Perlmutter, Adam Riess et Brian Schmidt ont découvert avec leurs collègues la
fameuse expansion accélérée de l'univers, et donc la présence de l'énergie noire.
Pour faire le tri entre toutes les lois possibles d'évolution dans le temps de la constante de
Hubble, et donc les modèles admissibles d'énergie noire, il faut pouvoir mesurer
précisément cette constante. C'est à cette tâche que s'est attelé Adam Riess. Le prix Nobel
de physique a pour cela utilisé le télescope Hubble et, comme il l'explique avec ses collègues
dans un article déposé sur arXiv, il est tombé sur une énigme.
Les éditions De Boeck ont proposé à l’astrophysicien Richard Taillet d’expliquer dans cette
vidéo ce qu’est l’expansion de l’univers et pourquoi les cosmologistes y croient. On apprend
ainsi que si l’un de ses principaux découvreurs, Edwin Hubble, ne croyait pas vraiment à
l’explication de cette expansion dans le cadre de la théorie de la relativité générale
d’Einstein, les observations modernes ne permettent plus d’en douter. L’espace entre les
amas de galaxies est bien en expansion à la façon d’une feuille de caoutchouc que l’on étire.
© DeBoeckEditions
Une accélération anormalement élevée de l'expansion de l'univers
Rappelons qu'en astrophysique, plus précisément en cosmologie, les échelles de distance
sont déterminées à l'aide d'une série de méthodes qui prennent appui les unes sur les
autres, de sorte que les différentes erreurs de mesures s'additionnent quand les distances
des astres considérés augmentent. On utilise notamment des étoiles variables, les
Céphéides, pour déterminer les distances des galaxies les plus proches. Cela permet
d'étalonner en particulier d'autres « chandelles standards », en l'occurrence, des supernovae
SN Ia. Très lumineuses, elles sont visibles à des milliards d'années-lumière. Ces explosions
gigantesques sont censées avoir à peu près toutes la même puissance. Par conséquent,
moins elles apparaissent lumineuses, plus elles sont loin. En mesurant les luminosités
apparentes de plusieurs SN Ia, on a donc déterminé des distances. Leur décalage spectral
vers le rouge indique la date de leur occurrence dans l'histoire de l'univers. Des mesures de