PECQUET Emeline SAINT MARTIN Enora STELLA Angélique 1ère ES 2 L’immigration italienne en France Du XIXème siècle à nos jours INTRODUCTION Immigrer signifie quitter son pays pour commencer une nouvelle vie dans un autre pays dont on ne possède pas la nationalité. Depuis le XIXème siècle, la France a connu plusieurs vagues d’immigration venant d’Italie. Chacune d’elles possède sa propre histoire. En effet, elles n’ont pas lieu toutes en même temps et aux mêmes endroits, les contextes sont différents, les points de vue des Français face à cette installation étrangère divergent selon les lieux et les époques, les Italiens ne s’intègrent pas partout de la même façon. Dans cette étude nous verrons comment les Italiens, fuyant leur passé, parviennent à s’installer en France, en apportant et en propageant leur culture. Dans un premiers temps, nous verrons les caractéristiques de leur immigration. Dans un second temps, nous nous pencherons sur les points de vue des Français et des Italiens par rapport à leur installation. Enfin, dans un troisième temps, nous étudierions les apports de la civilisation italienne à la France. I- LES CARACTERISTIQUES DE L’IMMIGRATION ITALIENNE Depuis la seconde moitié du XIXème siècle, plus de trois millions d’italiens se sont installés en France, ce qui fait que le nombre d’immigrés italiens est le plus fort nombre d’étrangers qui se sont installés en France à ce jour. Nous allons observer cette immigration étape par étape. La première vague de cette immigration a eu lieu en 1851. 63000 Italiens ont été recensés. Cette immigration a été due à un appel de la France qui avait besoin de main d’œuvre pour faire face à la révolution industrielle. En effet, la France avait une croissance démographique en phase de ralentissement et les principaux pays qui lui fournissaient le plus de travailleurs (Belgique et Pays-Bas), par le phénomène d’immigration, commençaient à connaître une croissance démographique similaire à celle de la France. Les italiens qui sont venus s’installer étaient originaires du sud du pays et la plupart d’entre eux exerçaient une profession de tailleur ou de chapelier. En outre, cette immigration a été facilitée par l’annexion de Nice et de la Savoie par Napoléon III, ce qui fait qu’à la fin du Second Empire, en 1870, la population italienne Immigrés italiens travaillant dans une mine de charbon en France était de cent mille habitants. Par la suite, elle n’aura cessé d’augmenter. Elle était de 163000 en 1876 et de 240000 en 1881. On constate qu’en l’espace de 5 ans elle a été multipliée par 1,5. Par exemple, dans les années 1870, s’est développée l’industrie portuaire, essentiellement à Marseille où près de 75% des étrangers étaient originaires d’Italie et les italiens représentaient un cinquième de la population de Marseille. Ces Italiens se sont installés dans le quartier Menpenti et dans les faubourgs d’ouvriers. Ils ont également immigré à Toulon, Nice, Grenoble, et dans le Sud-Est où ils pratiquaient la pêche Cette accélération de l’immigration a été essentiellement due à la malaria (maladie infectieuse propagée par la piqûre de certaines espèces de moustiques), résultat du manque d’hygiène, la pellagre (maladie atteignant les populations pauvres dont la base d’alimentation contient peu de protéines animales), résultat du manque de la malnutrition et de la misère, mais aussi aux manques de capitaux et aux mauvais emplois. En 1914, on dénombrait en France quatre cents vingt mille italiens. Ensuite, une seconde grande phase de l’immigration italienne a débuté à la fin de la Première Guerre Mondiale. Celle-ci se déroula principalement dans le Sud-Ouest de la France, majoritairement dans le Lot-et-Garonne. Cette immigration aura été menée essentiellement par un homme : Luigi Campolonghi. Les italiens qui se sont installés avec lui sont partis de Boudrio et de Molinella, près de Bologne. Cette immigration dans le Lotet-Garonne se sera faite, elle aussi, de façon très rapide. En effet, les Italiens, pratiquement absents du territoire lot et garonnais en 1921, étaient au nombre de 651 en 1924 et au nombre de 24613 en 1934, soit une augmentation de près de 370%. Cette immigration a été due à la fermeture des Immigrés italiens en Haute-Garonne, fin des années 50 frontières étasuniennes à ceux qui n’étaient pas de White anglo saxon protestant (W.A.S.P), à une augmentation importante de la population italienne due au très fort taux de natalité, aux luttes ouvrières (1919-1920), à des troubles agraires, à des contrats de métayages (bail agricole où l’exploitant et le propriétaire se partagent les récoltes) très défavorables pour les paysans. Le but de cette immigration était également d’échapper au régime de Mussolini. Enfin, une troisième phase de l’immigration italienne commença après 1945 pour laquelle le principal foyer d’installation fut Paris. En 1946, le nombre d’italiens en France était de quatre cents cinquante mille. Cela aura été la dernière grande vague de l’immigration italienne en France, puisque à partir de 1970, cette immigration devint presque « invisible ». Cela dit, entre trois et quatre millions de français ont des origines italiennes aujourd’hui. Boulangerie italienne en France II- INTEGRATION ET POINTS DE VUE En France, l’immigration des Italiens ne s’est pas effectuée partout de la même façon. Si par endroits elle s’est plutôt bien passée, ailleurs elle fut difficile voire même quelquefois meurtrière. La première phase d’immigration s’est plutôt bien déroulée car la France a fait appel à cette immigration pour combler le manque de main d’œuvre. Donc ici, on constate que cette immigration a été vue d’un bon œil par l’Etat français. Néanmoins, les populations immigrées étaient dans la plupart des cas très pauvres ce qui faisait que les emplois qu’elles parvenaient à trouver étaient très souvent dans le domaine ouvrier. Leurs conditions de vie ont été sans doute été légèrement améliorées car elles ont profité de la hausse générale des conditions de vie. Cependant, certains ont réussi ce qu’ils avaient entrepris mais cela ne représente qu’une minorité. Toutefois, il est faux de dire que l’intégration des Italiens s’est toujours bien déroulée et que la France a toujours été une « terre d’accueil ». En effet, même si les Italiens ont fait l’objet d’une assimilation au niveau professionnel, ils sont restés victimes par endroits de xénophobie et chez les syndicats des ouvriers se sont crées de fortes tensions : certains ont préféré privilégier les droits des travailleurs français alors que d’autres ont été pour le refus de la xénophobie. Dans certains cas, la xénophobie, poussée à l’extrême, a aboutit à des violences qui ont parfois tourné au massacre, comme ce fut le cas à Aigues-Mortes. En 1893, des ouvriers français et italiens se sont rendus dans cette ville pour la saison du sel. Une dispute a éclaté et trois Français ont été blessés par des Italiens. Les autres Français ont clamé dans toute la ville d’Aigues-Mortes que les Italiens ont tué trois Français. La population locale en colère s’empara de fusils et de bâtons et entreprit de tuer les italiens. La rixe fit selon les chiffres officiels sept morts et cinquante blessés mais, il paraîtrait, qu’en réalité, le bilan fut beaucoup Le massacre d’italiens à Aigues-mortes en 1893. D’après un article de La Repubblica, le 07 janvier 2010. plus lourd : dix-sept morts et cent cinquante blessés. La deuxième vague d’immigration, dans le Sud-Ouest, a également été vue de bon œil. En effet, avant l’arrivée des Italiens, l’économie de cette région de la France était presque morte : le Sud-Ouest était une région peu dynamique mais l’apport des capitaux des italiens a été un facteur important pour l’essor économique de cette région. En effet, des capitalistes originaires du nord de la région ont investi dans le contrôle direct et indirect de la région, notamment en Gascogne, alors qu’auparavant les achats fonciers étaient découragés. En ce qui concerne la population locale, ce fut plutôt l’étonnement qui prédomina. Par exemple, les techniques agricoles n’étaient pas les mêmes en France et en Italie. Quant aux Italiens, ils se sont rapidement intégrés et se sont montrés très efficaces : élevages bovins et aviaires, restauration de vieux bâtiments… Travaux agricoles sur les terres d’une famille italienne en HauteGaronne, 1942 Après la Seconde Guerre mondiale, la France a mis en place une politique d’immigration : regroupements familiaux et acquisition de nouveaux droits pour les étrangers qui résidaient en France pour une longue durée. Pourtant en 1974, elle a interrompu l’installation des travailleurs étrangers. En 1976, les étrangers qui n’avaient pas de ressources ou qui ne résidaient plus en France depuis six mois ne pouvaient renouveler leurs cartes de séjour. En 1980, la loi Bonnet prévoyait d’expulser les étrangers qui sont entrés en France sans autorisation. Toutes ces lois mettent un frein à l’immigration italienne. Aujourd’hui, la circulation de l’Italie à la France est facilitée par l’Espace Schengen, institutionnalisé par le traité d’Amsterdam en 1997. III- LES APPORTS DES ITALIENS Les Italiens, en s’installant en France, apportèrent à ce pays des éléments économiques et culturels. Tout d’abord, les immigrés italiens, pour la plupart jeunes et actifs, ont apporté de la main d’oeuvre lors de la révolution industrielle et ont donc contribué à augmenter la production et à assurer les besoins nouveaux d’une population. Ils en ont également apporté après la Seconde Guerre Mondiale. Ils ont contribué à construire 90% des autoroutes françaises, une machine sur sept et un logement sur deux avec les autres étrangers, sachant que les Italiens sont majoritaires en nombre. De plus, ils ont aidé le sud-ouest à prendre son essor économique grâce aux capitaux et aux travaux qu’ils ont fournis. Le travail dont ils ont fait preuve par rapport à l’agriculture a permis à la France d’être l’un des premiers producteurs mondiaux dans ce domaine. En effet, à la fin de la première guerre mondiale, la pauvreté croissante dans les campagnes a fait fuir les Français vers les villes (c’est ce que l’on appelle l’exode rural), le « dynamisme » apporté par les italiens a permis de conserver une partie de la population rurale. Il faut ajouter que les enfants des immigrés italiens entraient dans la vie active dès l’âge de douze ans et cessent d’aller à l’école, ce qui renforce la main d’œuvre italienne. Sur le plan religieux et culturel : les Italiens étaient majoritairement croyants et pratiquants. Cela a fait que les Français sont peut-être restés plus attachés à une religion, dans un pays prônant la laïcité (caractère de neutralité religieuse) depuis la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905. Puis, ils ont montré l’exemple par leur rigueur et leur esprit de travail ce qui a permis de créer des liens d’amitié avec des Français, même si ce ne fut qu’essentiellement dans le sud-ouest. En ce qui concerne les familles, elles ont apporté leur gastronomie (pizzas, lasagnes…) et se sont transmises ces recettes de génération en génération et font concurrence à la cuisine française traditionnelle. Aujourd’hui en France, on dénombre au moins treize mille pizzerias, les Français consomment en tout environ trois milliards de pizzas par an et ces ventes génèrent trente-cinq milliards d’euros de chiffre d’affaires par an. Dans les écoles, les enfants italiens ont apporté un certain nombre de valeurs spirituelles et morales car ils possèdent leurs traditions et leur propre Histoire. Par ailleurs, les Italiens ont aussi beaucoup contribué à la connaissance que nous avons aujourd’hui de l’Histoire de l’immigration italienne en France grâce notamment au cinéma. Par exemple, le film Il cammino della speranza (1950) de Pietro Germi qui raconte comment un groupe d’immigrants parvient à pénétrer sur le territoire français. CONCLUSION Au terme de cette étude, on peut dire que l’immigration italienne en France au XIXème et au XXème siècle s’est déroulée en trois phases : une première au milieu du XIX siècle, une seconde après la première guerre mondiale, et une troisième après la seconde guerre mondiale. Cette immigration s’est principalement déroulée dans le sud de la France, mais pas de la même façon. Si, en effet, elle fut bien accueillie dans le sud-ouest, elle fut mal perçue généralement dans le sud-est. On peut dire également qu’elle a eu une influence sur l’économie, sur la religion, sur la moralité, sur la gastronomie. Il serait intéressant de s’interroger sur l’importance de l’immigration dans un pays qui a un faible accroissement naturel. SOURCES -www.wikipedia.fr -www.procediafamilia.fr -www.guide-genealogie.com -www.ot-aiguesmortes.fr -Luigi et Ernesta Campolonghi Immigration et antifascisme en Albret, Hubert Delpont -cinema.encyclopedie.film.bifi.fr -www.histoire-immigration.fr -www.ina.fr DOCUMENTS ANNEXES Immigrés italiens en Haute-Garonne, fin des années 50 Travaux agricoles sur les terres d’une famille italienne en Haute-Garonne, 1942 Paysans italiens dans le Gers, 1936 Immigrés italiens travaillant dans une mine de charbon Boulangerie italienne, France Immigrés italiens, France