Avril 2006 - Centre intégré de santé et de services sociaux de

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Mars 2011
Vol.20 no.1
La grossesse et le virus de la rubéole
Cas clinique
Une dame, éducatrice en service de garde à l’enfance, est
enceinte pour une deuxième fois. Lors de sa première
grossesse, la sérologie pour la rubéole a démontré un taux
d’anticorps à moins de 10 UI/ml. Elle a reçu le vaccin RRO
en post-partum avant son départ de l’hôpital. Vous révisez
le bilan de la grossesse actuelle et constatez que la
sérologie démontre encore des anticorps contre la rubéole
à moins de 10 UI/ml.
Est-elle considérée protégée contre la rubéole?
Selon le Protocole d’immunisation du Québec (PIQ) les
personnes suivantes sont considérées protégées contre la
rubéole :
¾ Les personnes ayant une preuve écrite qu’elles ont
reçu une dose de vaccin contre la rubéole, même
en présence d’une sérologie négative.
¾ Les personnes ayant une sérologie démontrant la
présence d’anticorps contre la rubéole à un titre ≥ à
10 UI/ml.
Donc dans le cas présent, la dame est considérée protégée
contre la rubéole.
Devra-t-elle recevoir un autre vaccin RRO en postpartum?
Malgré que sa sérologie démontre des anticorps à moins
de 10 UI/ml, il n’y a pas d’indication de revaccination car
vous avez une preuve écrite qu’elle a reçu un vaccin RRO
en post-partum immédiat lors de son premier
accouchement.
L’efficacité du vaccin est estimée à 95% après une seule
dose. L’immunité à la suite d’une vaccination contre la
rubéole est démontrée durable. La baisse des taux
d’anticorps ne signifie pas une baisse de l’immunité, parce
qu’il y a persistance de la mémoire immunitaire. Des cas
très rares de réinfections avec transmission au fœtus ont
été décrits alors que l’immunité contre la rubéole avait été
acquise à la suite de la vaccination ou de la maladie.
Toutefois, le risque de transmission au fœtus dans ces
circonstances est minime au cours du premier trimestre de
la grossesse. En guise de comparaison, le risque de
transmission au fœtus se situe à 80% dans le cas d’une
mère qui fait l’infection pour la première fois à la suite d’une
exposition au virus sauvage de la rubéole. Ce risque
potentiel de réinfection est une raison d’encourager la
vaccination de toute la population, à plus forte raison
l’entourage des femmes enceintes.
Une recherche d’anticorps contre la rubéole doit-elle
être faite chez toutes les femmes enceintes sans égard
à leurs antécédents vaccinaux?
Vous n’êtes pas tenu de faire une sérologie pour la rubéole
chez une femme enceinte qui vous montre une preuve
écrite qu’elle a reçu un vaccin contre la rubéole. Dans le
cas présent, la sérologie pour la rubéole faite chez cette
patiente n’était pas nécessaire.
Y-a-t-il des situations qui justifient de vérifier la
réponse immunitaire à un vaccin?
Il y a une seule situation pour laquelle il pourrait être
justifié de vérifier la réponse immunitaire au vaccin
contre la rubéole :
Les immunoglobulines (incluant les Anti-Rho (D)) et les
produits sanguins peuvent interférer avec la réponse aux
vaccins contenant des virus vivants atténués. Lorsque
donnés avant ou simultanément à la vaccination, ces
produits ne nuisent généralement pas à la réponse
immunitaire du vaccin contre la rubéole. Toutefois, pour les
femmes considérées non protégées contre la rubéole, le
Comité consultatif canadien en immunisation (CCNI)
suggère de faire une sérologie 6 à 8 semaines après la
vaccination. Le Protocole d’immunisation du Québec (PIQ)
réitère cette recommandation du CCNI, laquelle ne remet
toutefois pas en question la vaccination en post-partum
immédiat de ces femmes.
Le retrait préventif de la travailleuse enceinte
La travailleuse enceinte en contact avec des enfants
dans ses tâches professionnelles peut bénéficier d’une
réaffectation préventive en milieu travail si elle est
considérée non protégée contre la rubéole (PIQ).
Elle doit se prévaloir de ce droit auprès de son médecin
traitant. Celui-ci fera une demande de consultation auprès
des médecins désignés en santé au travail de la Direction
de santé publique, qui procèderont à l’évaluation des
tâches à risque au regard des issues défavorables de la
grossesse.
Si aucun poste disponible ne permet d’éliminer ces tâches
à risque, la travailleuse enceinte non protégée sera retirée
du milieu de travail et bénéficiera des indemnités du
programme Pour une maternité sans danger de la
Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST)
et, ce, jusqu’à la 36e semaine de grossesse ou jusqu’à la
disponibilité d’un poste ne comportant pas de tâches à
risque en milieu de travail.
En tout temps, durant la période de RETRAIT PRÉVENTIF,
la travailleuse enceinte peut être appelée par l’employeur si
un poste de travail conforme devient disponible.
À retenir
Chez la femme enceinte :
¾ Une preuve écrite de vaccination (1 dose) est
suffisante pour la considérer protégée;
¾ En l’absence de preuve écrite ou si l’information ne
figure pas au dossier, une recherche des anticorps
contre la rubéole doit être réalisée;
¾ Si la sérologie est négative, une vaccination doit
être recommandée en post-partum;
¾ Si un test de dépistage s’est déjà révélé positif, il
n’est pas nécessaire de le répéter lors d’une
grossesse ultérieure.
Chez la femme en âge de procréer :
¾ Une preuve écrite de vaccination (1 dose) est
suffisante pour la considérer protégée;
¾ En l’absence de preuve d’immunité (vaccination ou
sérologie), une vaccination est recommandée avant
une éventuelle grossesse. À ce moment, aucune
sérologie post-vaccinale ne devrait être réalisée;
¾ Si un test de dépistage sérologique s’est déjà révélé
positif, il n’est pas nécessaire de le répéter;
¾ Si un test de dépistage sérologique a été réalisé et
s’est avéré négatif (< 10 UI/ml), sans preuve écrite
de vaccination, il est recommandé de vacciner
avant une éventuelle grossesse. À ce moment,
aucune autre sérologie post-vaccinale ne devrait
être réalisée.
Il peut être difficile d’obtenir une preuve écrite de
vaccination au moment de la première consultation
prénatale. À tout le moins, ces recommandations
permettront de ne pas répéter la sérologie lorsqu’elle a été
positive une fois ou s’il y a une preuve de vaccination au
dossier.
Références :
• MSSS, Protocole d’immunisation du Québec (section 10.2.1)
http://www.msss.gouv.qc.ca/sujets/santepub/vaccination/index.php?docume
ntation_pro
• INSPQ, Comité sur l’immunisation du Québec, Avis no :
RUBÉOLE/2010/024 (disponible auprès de la Direction de santé
publique)
• Plotkin, Vaccines, 2008
Dépistage de la Syphilis chez la femme enceinte
Y auriez-vous pensé?
Un enfant de 3 mois s’est présenté avec des lésions
érythémateuses desquamantes aux quatre membres, une
hypotonie des membres supérieurs, une rhinite, un retard
de
croissance,
une
atteinte
osseuse,
une
hépatosplénomégalie et une anémie. Sa mère, d’origine
canadienne française, est en bonne santé. À 4 mois de
grossesse, tous les dépistages étaient normaux, incluant
les sérologies VIH, rubéole, hépatite B et le VDRL.
En janvier 2011, ce cas a été déclaré à la Direction de
santé publique de Montréal; il s’agissait d’un cas de
syphilis congénitale.
Le dernier cas déclaré, avant celui-ci, d’une mère
québécoise, remonte à l’année 2000. Au Canada, 39 cas
de syphilis congénitale ont été déclarés entre 2005 et
2009. Le nombre de cas de syphilis a explosé au Québec,
au cours des dernières années. Il était de 3 cas en 1998 et
de 511 cas en 2010. La presque totalité de ces cas
concernent des hommes ayant des relations sexuelles
avec d’autres hommes (HARSAH). Dans une faible
proportion ces hommes ont aussi des relations sexuelles
avec des femmes.
Le nombre de cas a fortement augmenté en 2009 et 2010
chez les femmes, dont les trois quarts étaient en âge de
procréer.
Les infections durant la grossesse peuvent provoquer des
avortements spontanés et des décès néonataux, en
particulier aux premiers stades de la maladie.
Les nouveau-nés atteints sont asymptomatiques à la
naissance. Les premiers symptômes surviennent autour de
3 à 4 mois de vie. Pour un diagnostic définitif les tests
sérologiques doivent être associés avec un suivi médical
jusqu’à l’âge de 6 à 18 mois.
La syphilis congénitale peut être prévenue grâce au
traitement précoce de l’infection chez la femme
enceinte.
Pour prévenir la syphilis
conséquences, il faut :
congénitale
et
ses
¾ Faire un dépistage systématique de la syphilis à la
première visite de grossesse (bilan prénatal de
base) et assurer le suivi des femmes avec un
résultat positif;
¾ Répéter le dépistage lors de nouvelles expositions
et si les comportements à risque persistent (au
moins une fois vers la 28e semaine de grossesse et
au moment de l’accouchement);
¾ Faire le test de dépistage immédiatement au
moment de l’accouchement, si le résultat du test
précédent n’est pas disponible;
¾ S’assurer du suivi des partenaires sexuelles
féminines des hommes chez qui un diagnostic de
syphilis est posé;
¾ Inclure la syphilis congénitale dans votre diagnostic
différentiel.
Éclosion de rougeole dans la région de la Capitale nationale
Depuis le 1er janvier 2011, le Québec fait face à une
recrudescence de cas de rougeole. La région de la
Capitale-Nationale est présentement en éclosion. Des cas
ont été également rapportés dans la région de Montréal.
Pour la majorité des cas, on note une histoire récente de
voyage en Europe où sévissent actuellement des éclosions
de rougeole. Le réseau canadien de renseignements sur la
santé publique (RCRSP) a émis une alerte à ce sujet et
prévient qu’il est probable que des cas secondaires
puissent survenir dans d’autres régions du Québec.
La rougeole est une infection virale éruptive qui se
manifeste par de la fièvre (≥ 38,3°C) et une éruption
cutanée maculopapulaire généralisée qui s’accompagne
d’une toux, d’un coryza ou d’une conjonctivite. En présence
d’un cas suspect, il est recommandé de procéder à
l’isolement du virus de la rougeole, soit en
écouvillonnant la gorge ou les voies nasales au cours des 4
jours suivant l’apparition de l’éruption, ou en prélevant
l’urine de façon stérile au cours des 7 jours suivant
l’apparition de l’éruption. Il est indiqué de procéder à la
détection sérologique des IgM spécifiques contre la
rougeole (entre 3 et 28 jours suivant l’apparition de
l’éruption) et à la détection sérologique des IgG
er
spécifiques contre la rougeole en deux temps (1
échantillon prélevé au cours des 7 premiers jours suivant
e
l’apparition de l’éruption et 2 échantillon prélevé 10 à 20
jours suivant le 1er échantillon).
La rougeole est une maladie très contagieuse qui se
transmet par voie aérienne et par contact direct avec une
personne infectée. Le seul fait d’avoir partagé un même
espace durant une courte période de temps peut suffire
pour avoir été infecté. Les personnes qui ont séjourné dans
une salle dans les 60 minutes suivant la présence d’une
personne contagieuse sont considérées comme des
contacts. La période de contagiosité dure de trois à cinq
jours avant le début de l’éruption et jusqu’à quatre jours
après. La maladie confère une immunité permanente. Étant
donné le taux d’attaque très élevé de la rougeole chez les
personnes réceptives, les cas suspects qui fréquentent les
salles d’attentes des urgences ou des cliniques médicales
doivent être isolés des autres personnes, respecter les
mesures d’hygiène respiratoire et porter un masque. Un
rappel sur le lavage des mains est également de mise.
La rougeole est une maladie à déclaration obligatoire
(MADO) au Québec. Il est donc important de déclarer
rapidement les cas suspects à la Direction de santé
publique, car des interventions préventives peuvent
être nécessaires auprès des contacts à risque
(immunoglobulines et/ou vaccination). Un protocole
d’intervention, qui décrit les interventions préventives,peut
être consulté sur le site Web du MSSS à l’adresse
suivante :
http://msss.gouv.qc.ca/sujets/santepub/preventioncontrole/
maladies-transmissibles.php
De plus, un dépistage des maladies érythémateuses (IgM
spécifique au parvovirus B19 et à la rubéole) est
recommandé.
Publication : Direction de santé publique et d’évaluation
Agence de la santé et des services sociaux de Lanaudière
Responsable de la publication : Dre Joane Désilets, médecin, adjointe médicale en maladies
infectieuses
Rédigé par : Dre Chantale Boucher, pédiatre-conseil, Dre Joane Désilets, médecin, adjointe médicale
en maladies infectieuses, Martin Aumont, conseiller en soins infirmiers, Karine Chabot, conseillère
en soins infirmiers
Ont collaboré : Dr Jean-Pierre Trépanier, directeur de santé publique, Richard Lanthier,
coordonnateur du service de prévention et contrôle des risques d’origine biologique et
environnementale, Carole Marchand-Coutu, conseillère en soins infirmiers, François Tremblay, agent
de planification, de programmation et de recherche
Bulletin disponible sur http://www.agencelanaudiere.qc.ca
Dépôt légal : 1er trimestre 2011
ISSN : 1718-9497
ISSN : 1920-2555 (en ligne)
Bibliothèque et Archives Canada
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
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