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Danses d’Amour
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« Alors, je vous le demande, quelle importance accorder à un sentiment qui dépend d’une demi-
douzaine d’osselets dont les plus longs mesurent à peine deux centimètres ? Quoi, je blasphème ?
Juliette aurait-elle aimé Roméo si Roméo quatre incisives manquantes, un grand trou noir au milieu ?
Non ! Et pourtant il aurait eu exactement la même âme, les mêmes qualités morales ! Alors pourquoi
me serinent-elles que ce qui importe c’est l’âme et les qualités morales ? »
Albert Cohen, « Belle du Seigneur »
Qu’est-ce qui nous lie ? Il existe, dit le biologiste Jean-Didier Vincent « un besoin en autre, comme il existe un besoin en eau
ou en protéines... » Ce « besoin en autre » qui hante nos esprits et nos corps n’a pas ni de faire parler, rêver, trébucher... Il
va mener la danse, au théâtre Dunois, avec trois spectacles, qui déclinent chacun à leur manière l’histoire de nos amours,
qui ne se réduit pas à la séduction amoureuse, mais nous parle surtout de ce temps nécessaire pour apprendre à aimer.
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Adresses à la jeunesse
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« Le courage pour vous tous, courage de toutes les heures, c’est de supporter
sans échir les épreuves de tout ordre, physiques et morales, que prodigue la
vie. Le courage, c’est de ne pas livrer sa volonté au hasard des impressions et
des forces ; c’est de garder dans les lassitudes inévitables l’habitude du
travail et de l’action... Le courage... c’est d’aller à l’idéal et de comprendre
le réel ».
Jean Jaurès, Albi, 1903 , « Le discours à la jeunesse »
Se situent-ils vraiment à des années lumières ces lycéens d’Albi auxquels Jaurès adresse son
célèbre « Discours à la jeunesse » ? Comment, un siècle plus tard, notre jeunesse pourrait-elle
éprouver le plein possible d’une parole qui articule les séductions de l’éloquence et la quête
authentique de vérité ? Le metteur en scène Marc Baylet-Delperier présente deux spectacles
qui peuvent s’appréhender comme deux « adresses » singulières à la jeunesse. Qu’il questionne
la valeur du travail avec « Allumage », ou l’état de la parole politique dans « Campagne », on
retrouve la même tentative de « ravissement », animée par cette conviction qui devient denrée
rare : la conance en l’intelligence du public. Entretien.
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Est-ce que l’on peut relier ces deux spectacles qui explorent
des domaines très différents?
Dans les deux cas, on retrouve un monologue, et je
mets en scène une adresse directe au public. Avec
« Allumage », je suis parti de l’essai de Matthew B.
Crawford intitulé « Eloge du carburateur ». C’est un
livre qui traite en fait de l’excellence humaine en
interrogeant le sens et la valeur du travail. L’auteur,
philosophe de formation, est devenu mécanicien, par
choix, et tout en racontant son expérience, il se livre
à toute une série de réexions sur la hiérarchie er-
ronée qui s’est imposée entre tâches manuelles et
intellectuelles. Il montre comment l’homme est cruel-
lement déboussolé dans un monde qui cloisonne de
plus en plus les tâches de chacun. « Allumage » dé-
marre donc comme un récit intime, mais le texte de
Crawford est devenu une matière parmi d’autres pour
creuser la question du travail. Il est un peu comme le
let d’eau claire du spectacle auquel d’autres voix se
mêlent : celles de Blanchot, de Pavese, des extraits de
vidéos, des moments dansés, chantés... Tout un maté-
riau hybride se déploie, et « ça active », sans que
le but soit de suivre la logique chronologique d’une
histoire. Sur scène, un mécano-philosophe lutte avec
la carcasse bien réelle d’un moteur qu’il s’acharne à
réparer et développe un plaidoyer en faveur d’une re-
lation au travail qui permette à chacun de se réaliser.
Avec « Campagne », sans que ce soit prémédité, un
processus très différent s’est opéré. Là aussi, il est
question d’adresse au public, mais je voulais explorer
une forme d’adresse destinée à la foule, dont l’objet
est « la chose publique ». Je pensais aux grands
discours politiques qui ont fait évènement, et sont
considérés comme des morceaux de littérature. Mais
très vite, « Le discours à la jeunesse » de Jaurès
s’est imposé pour devenir le l conducteur du spec-
tacle. J’ai opéré des coupes, mais je respecte la chro-
nologie du discours et je n’intègre pas de fantaisie
ou de variations au sein même du texte. Il n’est pas
question pour autant « d’interpréter » ce discours.
Je n’arrive pas à croire à l’interprétation - dans le
sens de dire le texte - et j’ai toujours trouvé cette
prétendue délité du metteur en scène à l’auteur très
fallacieuse au regard de ce que propose un plateau de
théâtre. Je ne me prive pas dans « Campagne » de
réunir les matériaux divers avec lesquels j’aime tra-
vailler (les images, le son, la lumière...), mais ce sont
vraiment les répétitions qui inventent et fabriquent
littéralement le spectacle, et cette fois, le texte s’est
imposé différemment.
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Pensez-vous vraiment que le discours de Jaurès peut parler à la
jeunesse actuelle ? La forme si savamment élaborée de la langue
ne risque-t-elle pas de faire obstacle ?
Il est vrai que ce discours s’adresse à une génération de
jeunes gens très lettrés qui vivent à une époque diffé-
rente de la nôtre. Mais ni le contenu, ni la forme ne sont
« datés », et je trouve au contraire que ce texte reste
d’une extraordinaire actualité. Ce n’est d’ailleurs pas
étonnant qu’il soit si souvent cité. Quand Jaurès retrace
l’histoire de la révolution, ou qu’il aborde la menace de la
guerre, il n’agite jamais des généralités, il ose exprimer
de concert ses convictions et ses doutes, varier les pers-
pectives. Contrairement à la majorité des politiques dont
la logorrhée est essentiellement dictée par une armée de
conseillers en communication, Jaurès ne parle pas à ces
jeunes comme à des débiles mentaux. Il fait le pari de
leur intelligence. Tout le développement sur l’héroïsme
est pensé pour faire l’apologie de la paix, et contredire
les visions attendues. Je ne vois pas comment un jeune
aujourd’hui ne serait pas transporté par ses paroles sur le
courage. Son exhortation à défendre l’humain dans toute
sa complexité ne peut que sidérer, au sens propre, pour
mieux exalter ensuite, et rendre active et tangible la
promesse d’espoir. Ce n’est donc ni le contenu, ni même
la forme qui pourrait faire obstacle à la réception d’un
tel discours aujourd’hui ; c’est plutôt notre relation au
temps. Qui a encore la capacité d’écouter un discours
d’une heure et demie ? Nous subissons un tel formatage
du discours public, forcément réduit, saucissonné en
petites phrases facile à digérer... « Campagne » engage
une réexion sur l’état de la parole aujourd’hui, car je
ne crois pas que ce soit la parole qui fasse défaut, mais
les acteurs susceptibles de la faire vivre. Dominique de
Villepin a montré à l’occasion de son discours à l’ONU
contre le bien fondé de la guerre en Irak que le discours
politique pouvait redevenir « événement ». Les applau-
dissements ont fusé, phénomène exceptionnel dans ce
lieu, et la parole a retrouvé une dimension historique.
Jean-Luc Mélenchon est également un orateur qui sait
donner à ses discours une envergure qui dépasse le ver-
biage électoraliste. Mais lui aussi est soumis aux lois du
sacro-saint « temps de parole » médiatique. Il n’en reste
pas moins que dès que quelqu’un « prend » vraiment la
parole, il est entendu. Je pense au petit livre de Stéphane
Hessel « Indignez-vous ». Quand la parole « existe », elle
est efcace, et les jeunes sont les premiers à écouter.
Je ne suis pas idéaliste, mais je suis convaincu qu’au
sein de l’abrutissement généralisé qui s’est développé,
émerge chez beaucoup de gens le désir très vivace de se
réapproprier le sens de leur existence. Certes, le courant
agissant peut sembler minoritaire, mais ce n’est pas un
clan, c’est bien une minorité qui commence à s’élargir.
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La forme de vos spectacles qui mêle des matériaux hybrides a
de quoi dérouter le spectateur. Est-ce que ce n’est pas un obs-
tacle supplémentaire pour des jeunes qui fréquentent rarement
les théâtres ?
J’ai longtemps conçu mes spectacles en pensant plus ou
moins consciemment à mes pairs, et en pariant aussi sur
un état de bienveillance du spectateur, prêt à une rêve-
rie qui ne soit pas totalement dirigée par le metteur
en scène. J’ai, en quelque sorte, fantasmé une sorte de
spectateur hyper actif, capable de co-créer le spectacle,
d’aller à la rencontre de ses propres fantaisies à partir
des images que je lui livrais. Je voulais qu’il se retrouve
ailleurs, sans forcément lui dire où, même si cet ailleurs
n’est certainement pas nulle part, et encore moins n’im-
porte où... Mais je tends de plus en plus à rééquilibrer ce
rapport, d’où, sans doute, la présence plus dense et plus
motrice du texte dans mes deux dernières créations. Là,
je n’ai pas pensé à mes pairs mais plutôt à mes enfants,
âgés d’une vingtaine d’années. Je ressens le besoin
d’être en phase avec l’énergie qui est la leur, et j’aime
l’idée que mes spectacles soient comme un terrain of-
fert à leur curiosité. Je sais que les outils que j’utilise,
comme la vidéo ou les jeux de mixages sonores peuvent
attiser cette curiosité. Je n’ai évidemment pas intégré
ces matériaux pour eux. Ils ont toujours été présents
dans mon travail et j’utilise les outils technologiques de
manière artisanale et sauvage. Je constate simplement
que cela intrigue les jeunes, que cette part de bricolage
les séduit. Cela n’ôte rien à la part malcommode, angu-
leuse de mes spectacles qui exigent aussi des efforts
du spectateur. En fait, je m’exerce à doser la part de
séduction, le but étant de ne pas lâcher le spectateur
à l’intérieur d’une forme qui n’a rien d’évidente pour lui.
Je m’y attelle en travaillant sur la précision des effets
que je m’interdis désormais de multiplier gratuitement.
Pour moi, le théâtre, c’est du mouvement, du son, de la
langue, du temps, c’est-à-dire un état de réalité sans
illusion. Chaque spectacle est une sorte de fabrique qui
travaille à produire un émerveillement, un ravissement.
Et ce pari exige qu’on prenne au sérieux les résistances
légitimes du spectateur, sans faire de concessions qui
ruineraient le sens de notre travail.
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Du 15 au 19 mai 2013
Allumage | .Théâtre | 14+ |
Cie Immatérielle Production | D’après « Eloge
du carburateur », Matthew B. Crawford
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Du 22 au 26 mai 2013
Campagne | .Théâtre | 14+ |
Cie Immatérielle Production | D’après « Le Discours
à la jeunesse » de Jean Jaurès
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Place à l’intelligence collective !
« Contre la lutte pour l’emploi, penser ce que
le travail veut dire... » | Faut-il laisser les jeunes
développer une vision du travail exclusivement
pensée en termes d’« orientation efcace », de
« performance », et « d’adaptabilité » ?
Le théâtre Dunois organise un dialogue entre
des adultes impliqués dans le monde du travail
tel qu’il va, et des adolescents désireux de faire
connaître leurs aspirations.
Le Mercredi 15 mai 2013 à l’issue de la repré-
sentation d’« Allumage »
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Moi, je t’aime
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Quel iceberg d’émotions et d’imaginaire faut-il creuser pour mieux
se connaître, se comprendre, et par là même, s’acheminer plus
sûrement à la rencontre de l’autre ?
Immergés dans un monde d’images mouvantes, les tout-petits
suivent les méandres des inventions de l’artiste Cécile Fraysse.
Un dispositif conçu pour eux. Entretien.
L’histoire de ce fennec polaire pourrait évoquer celle de Narcisse...
Au tout début, peut-être, car il se contemple dans les reets
de la glace et d’une certaine façon y plonge comme dans un
abîme. Mais tout est volontairement décalé. Le fennec est un
petit personnage très employé dans la littérature jeunesse.
Mais c’est un animal du désert, et j’en ai fait une créature
polaire... Quant à plonger au cœur d’un iceberg... La glace
devient symboliquement un bloc d’émotions qui résistent.
Le fennec va donc creuser, et explorer toutes les strates
des sentiments qui l’animent et qui vont s’enchaîner comme
autant de tableaux animés. Il apprend ainsi à se connaître,
découvre la solitude, la peur, la joie... : il y a un moment
extatique où il danse de plaisir ! Et au fond de l’iceberg ? Il
retrouve d’autres fennecs. On comprend alors que la voix
qui retrace ses aventures depuis le début est aussi celle du
fennec devenu vieux qui se souvient...
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Mais ce récit ne passe pas exclusivement par les mots, au contraire...
Le texte que j’ai écrit n’est utilisé que par bribes dans le
spectacle. L’histoire du petit fennec est une suite de sen-
sations intérieures qui vont plutôt se traduire en images et
en musique. J’ai imaginé un dispositif d’écrans qui encerclent
le spectateur et où sont projetées des images animées qui
traduisent plus librement le rêve du personnage. Ce dispositif
permet de multiplier les points de vue et casse la relation
frontale du cinéma. L’enfant, assis au centre, est plus actif.
Je bouscule volontairement la logique narrative pour suivre
un l plus onirique. Le paysage sonore est également détermi-
nant. Quatre chansons dada disco pop sont interprétées par la
conteuse et accompagnées par un pianiste sur scène. Le régis-
seur s’active à vue. Je tiens à créer l’illusion tout en montrant
les artistes en train de faire leur travail. Il y en a qui sont en
train de produire du son, des images, d’autres qui regardent...
Je poursuis avec ce dispositif mon questionnement sur la
manière dont on peut aménager un espace commun où chacun
peut aussi trouver sa place.
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Vos réexions sur la relation avec le très jeune public semblent inuencer
la forme même de vos créations...
Quand je crée un dispositif comme celui d’« Iceberg », je place
effectivement la question de la relation avec le public au
cœur de mon travail. L’expérience des ateliers en crèche m’a
beaucoup appris. Les recherches esthétiques ne sufsent
pas. L’échange, pour être réussi, suppose aussi une organisa-
tion particulière de l’accueil. La création pour les tout-petits
implique plus de délicatesse, invite à jouer sur les petites
nuances. On a envie d’offrir à leur curiosité des choses à la
fois très simples et très nes. Et puis il faut privilégier une
forme d’écoute qui exige d’être à la fois tonique et très souple.
Par exemple, à l’intérieur du dispositif, les enfants ont le droit
de bouger, mais leur comportement dépend étroitement de
la relation qu’ils entretiennent avec leurs accompagnateurs.
Parmi ces derniers, certains exigent le calme absolu, d’autres
ont conance... J’ai appris à ne pas interférer, à laisser cha-
cun aborder le spectacle comme il le sent, et en fonction des
groupes, les représentations sont très différentes.
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Du 11 au 23 juin 2013
Iceberg | Théâtre | 3+ |
Cie AMK | Cécile Fraysse mise en scène, scénographie,
écriture, dessins et animations
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Attends !
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Est-ce qu’elle s’épuise vraiment l’urgence de l’autre qui s’exprime
sans retenue chez les tout-petits ? A l’autre bout de la vie
qu’advient-il du désir et de nos sentiments ? La chorégraphe
Michèle Dhallu jette un pont entre deux âges extrêmes, le temps
d’apprivoiser l’inconnu.
Votre spectacle est né d’une expérience très personnelle...
Au départ, il devait s’appeler « Attends », et non « A temps ».
Cela m’est venu parce que je me suis retrouvée sans cesse
tiraillée entre ma lle, encore très jeune, et ma mère, qui est
décédée depuis. Leur demande avait le même caractère ex-
clusif et pressant. Il fallait que je m’occupe d’elles, alors que
j’avais mille choses à faire, et que je ne savais pas vraiment
comment me poser pour répondre à leur demande. Je me
retrouvais à ce point où je pouvais comprendre les élans de
ma lle puisque j’étais passée par l’enfance, mais où je com-
mençais aussi à me projeter dans ce temps de la vieillesse.
Passé 50 ans, on sent que le corps se rouille et qu’on amorce
la pompe de la décrépitude... J’ai donc eu envie d’évoquer
cette vieillesse, de comprendre cet état qui s’apparente
d’abord à celui de la perte : perte des cheveux, des dents, de
la mobilité, de la mémoire... A quoi ressemble encore la vie,
dans ses derniers moments, en marge des images biaisées
de retraités sémillants dont les médias nous abreuvent ?
Sans doute faut-il être à l’écoute de toutes petites choses
pour saisir comment l’amour agit encore en l’être : le feu
d’un regard, la surprise d’un sourire... C’est comme si toute
l’énergie de la personne pouvait se trouver rassemblée, ce
que racontent aussi les choix de mise en scène.
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Un cheminement troublant se construit qui conduit du jeu de Lego au cercueil...
Le spectacle est guidé par une philosophie de l’acceptation. Les
interprètes sur le plateau, le danseur, Yvon Bayer, la danseuse,
Claire Sauvageon, la lectrice, Frédérique Camaret et l’auteur des
textes de la pièce, Catherine Zambon, ont tous dépassé la cinquan-
taine. C’est cela aussi qui m’intéressait. Travailler avec les corps,
en l’état, sans chercher à afcher de « beaux restes » de danseurs,
mais en construisant une gestuelle qui au l du spectacle devient
plus minimaliste pour essayer d’aller à l’essentiel. L’espace aussi
va évoluer en ce sens. Il ne s’agit pas de « réduire » mais bien de
« ramasser ». Sur la scène, on découvre d’abord des éléments de
Lego géants, disposés en vrac. Un espace ludique prend forme,
comme une maison que l’on construit, et cet espace va s’amenui-
ser, représenter une chambre à coucher, et enn une stèle. J’ai
repensé à l’un des pensionnaires d’une maison de retraite que nous
avons rencontré à l’occasion de l’un des ateliers réalisés en amont
de la création : cet homme disait tout le temps qu’il s’apprêtait à
retrouver sa femme au « petit château », et ce « petit château »
désignait en fait la tombe de son épouse. C’est d’ailleurs le titre
du texte écrit par Catherine Zambon pour la compagnie. Ses mots
ponctuent les émotions du spectacle : se mélanger, chuter, se
détacher, s’envoler...
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Vous posez aussi la question du désir amoureux...
Oui, sous la forme d’un effeuillage pudique. Le désir, les senti-
ments amoureux ne disparaissent pas avec la vieillesse. C’est
suggéré dans la chorégraphie au moment d’une valse qui traduit
un temps de rencontre et au terme de laquelle la danseuse com-
mence à se déshabiller. Ce n’est pas une image provocatrice, et la
réaction des enfants m’inquiète moins que celle des adultes... Les
sentiments amoureux existent dans les maisons de retraite, et ce
n’est pas parce que le corps est amoindri que le désir disparaît !
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Vous créez un sentiment d’empathie qui n’a rien à voir avec une approche
compassionnelle...
Quand on réunit de très jeunes enfants et des vieillards, l’obs-
tacle du jugement et de la peur n’intervient pas. Les enfants sont
très directs, expriment sans retenue leur surprise face aux signes
de décrépitude. La rencontre opère car il n’y a pas de préjugés,
et de leur côté les personnes âgées sont heureuses d’accueil-
lir cette énergie. Dans cette rencontre, les émotions n’ont pas
besoin d’être analysées, ni mêmes formulées. Les échanges sont.
La vieillesse nous parle du mystère des existences vécues qui ne
sont pas à évacuer sous prétexte qu’elles ne sont plus utiles. Je
suis convaincue que les très jeunes enfants sont intuitivement
parfaitement capables de saisir cela.
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Du 16 au 21 avril 2013
A temps | Théâtre | 5+ |
Cie Carré Blanc | Michèle Dhallu chorégraphie |
Catherine Zambon texte | Frédérique Camaret lecture
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Roméo kiffe Juliette....
Qu’est-ce qui change, qu’est-ce qui résiste dans les déchi-
rements passionnés qui attachent et délient les couples ?
« Sarath et Marina » emboîtent le pas des amoureux de
Shakespeare. Les gestes des danseurs se cherchent et
s’emmêlent dans la gamme de sentiments toujours aussi
contradictoires : le désir qui exalte, l’habitude qui étrit
les premiers élans... L’apprentissage d’une vie !
Du 23 au 28 avril 2013
Sarath et Marina | Musique | Danse | 10+ |
cie Les Orpailleurs