. . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ............ Ah ça ira, ça ira, ça ira… . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ............ La fréquentation des lieux culturels par les enseignants et leurs élèves relève-t-elle d’une certaine clandestinité ? La réforme des rythmes scolaires semble faire l’impasse sur ces échappées hors des enclaves où s’inculquent les « savoirs fondamentaux ». La découverte des œuvres vivantes dans leurs lieux de fabrique est un moment de partage et d’appréhension des complexités du monde, complémentaire à l’apprentissage scolaire, qu’il serait très dommage de retirer des prérogatives des enseignants. | Nelly Le Grévellec ..................................................... Par ici les sorties ! Pratiques en herbes Rencontres MicroOpéras | D’après «Les Villes invisibles» d’Italo Calvino, le compositeur Jean-Michel Bossini entraîne les classes de CM1-CM2 de l’école des Grands Moulins (Paris 13e) et de CM1 de l’école Guy Moquet (Ivry-sur-Seine) dans la création d’une forme musicale et pluridisciplinaires. Les familles sont associées au projet. La réforme des rythmes scolaires et le spectacle jeune public | Réunion d’échange sur les incidences de la réforme des rythmes scolaires à l’école primaire sur notre secteur d’activité. ..................................................................................... Mardi 28 mai 2013 au théâtre Dunois à 15 h 00, 15 h 30, 19 h 00 Samedi 15 juin 2013 au théâtre Antoine Vitez d’Ivry à 20h30 Avec le soutien de la Fondation de France, de l’Art pour Grandir/Mairie de Paris, de l’IA du Val-de-Marne ; en collaboration avec le Conservatoire d’Ivry et les Ateliers Villes (Paris). Résidence de l’Amin Compagnie Théâtrale au collège Elsa Triolet (Paris 13e) | Présentation des ateliers de deux classes de 6e et d’une classe de 5e avec le metteur en scène Christophe Laluque et des comédiens de la cie autour de Jon Fosse | Sous la houlette de Christophe Laluque, présentation des « Aventures d’Auren, le petit serial killer » de Joseph Danan par les élèves de l’atelier théâtre. Jeudi 30 mai 2013 à 19h ..................................................... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .................. Tout public 16 € plein tarif 11 € habitants du 13e, séniors, étudiants, intermittents, chômeurs 10 € - de 26 ans et adultes accompagnant des enfants (2 adultes maximum pour 1 enfant) 6.50 € enfant de - de 15 ans et adultes les accompagnant habitant le 13e (2 adultes maximum pour 1 enfant) .................................................. Carte Famille (valable une saison) 36 € 6 places Mardi 26 mars 2013 de 14h à 17h | Renseignements et inscriptions [email protected] Stage enseignant | Le théâtre Dunois et l’Association pour le développement de l’éveil musical (ADEM) vous proposent un après-midi pour approfondir les liens entre musique et poésie. Samedi 13 avril 2013 à partir de 14h « Contre la lutte pour l’emploi, penser ce que le travail veut dire... » | Dialogue entre des adultes impliqués dans le monde du travail tel qu’il va, et des adolescents désireux de faire connaître leurs aspirations. Devenez « Ami du théâtre Dunois » Formez un groupe de 8 personnes, vous êtes invité et les 7 autres personnes bénéficient d’un tarif réduit. .................................................. Possibilité de fêter les anniversaires au théâtre Dunois autour d’un spectacle. .................................................. Pour plus de détails, consulter notre site, rubrique Accès et tarifs .................................................. Chèques et espèces ; Chèques Culture acceptés. Mercredi 15 mai 2013 à l’issue de la représentation d’« Allumage » Avec le soutien de L’Art pour Grandir/Mairie de Paris (Résidence d’artistes dans les collèges), du SDAT/DRAC IDF et du Rectorat de Paris. Résidence de la cie Le Petit Théâtre à l’école 64 rue Dunois (Paris 13e) | « Mascarade ou le voleur de visages » : Anne-Marie Collin, comédienne et auteure, André Loncin, comédien et metteur en scène, interrogent les élèves de deux classes (CM1-CM2 et CM2) sur leur(s) identité(s). Pour faire le lien entre l’école et le collège, l’atelier du collège Elsa Triolet (13e) présente « Les Aventures d’Auren, le petit serial killer » de Joseph Danan. Les élèves volontaires de la 1ère Bac Pro éléctrothechnique du LP Gaston Bachelard (13e) s’occupent de la régie de cette soirée. Un artiste à la maison ! | Accueillez chez vous, une de nos équipes artistiques, autour d’un brunch, d’un goûter ou d’un apéritif, faites découvrir à vos proches petits et grands le théâtre d’aujourd’hui sous toutes ses formes. Surprises et convivialité garanties! Renseignements et modalités [email protected] Vendredi 31 mai 2013 à 19h ..................................................... Avec le soutien du SDAT/DRAC IDF et du Rectorat de Paris (Résidence territoriale en établissement scolaire) et de L’Art pour Grandir/Mairie de Paris Par ici les sorties ! ..................................................... Théâtre Dunois Accueil du public 7 rue Louise Weiss, 75013 Paris Informations et réservations : 01 45 84 72 00 [email protected] Administration 108, rue du Chevaleret 75013 Paris .................................................. Accès M°6 Chevaleret M°14 | RER C Bus 62/64/89/132/325 Bibliothèque François Mitterrand Bus 27Clisson La Maison Ouverte Association loi 1901 Siret 32450071900020 APE 9004Z Licence ent. 1.1060510 | 2.1060509 | 3.1060511 .................................................. ................................................................................................................................................................................................. A vos agendas | Pour en savoir plus : www.theatredunois.org .............................................................................................. 3-14 avril 2013 ............................................................ Comment ça va sur la terre ? 5+ Cie Le Pavé Volubile | Poèmes Robert Desnos, Raymond Queneau, Jean Tardieu et Michèle Buirette .............................................................................................. 16-21 avril 2013.................................................................... ................................................ A temps .............................................................................................. Diptyque Musique | Danse | 15-19 mai 2013 Allumage le journal du théâtre Dunois | n° 26 | Avril-juin 2013 Théâtre | Cie Immatérielle Production | 14+ Librement inspiré de « Eloge du carburateur » de Matthew B. Crawford 22-26 mai 2013 Cie Carré Blanc | 5+ Campagne Théâtre | Texte Catherine Zambon Cie Immatérielle Production | 14+ .............................................................................................. Librement inspiré du « Discours à la jeunesse » 23-28 avril 2013 de Jean Jaurès ......................................................................................................... Sarath et Marina Danse/Musique | 3-9 juin 2013 Cie Les Orpailleurs | 10+ Librement inspiré de « Roméo et Juliette » Ensemble Aleph Musique | de W. Shakespeare ......................................................................................................... .............................................................................................. La Gazelle, le journal du Théâtre Dunois | Direction de la publication Nelly Le Grévellec | Conception, rédaction Céline Viel | Conception graphique GuerillaGrafik | Impression Les impressions Typofset | PRÉFET DE LA RÉGION Avec le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France - Ministère de la culture et de la communication 11-23 juin 2013 Iceberg Théâtre/Musique | Cie AMK | Texte Cécile Fraysse PRÉFET DE LA RÉGION 3+ PRÉFET DE LA RÉGION ..................................................................................................................................................................................................................................................................... Question de saison .......................................................................................................................................................................................................................................... Sortir enfin de l’usine à cauchemars ? .......................................................................................................................................................................................................................................... Au début est la technique... Une tradition ancestrale nous a appris à opposer arts mécaniques et libéraux. Dépasser ce clivage ne nous permettrait-il pas de penser autrement la plupart des phénomènes sociaux, politiques, cognitifs... à commencer par la crise que nous traversons ? C’est le postulat fondateur qui anime la philosophie de Bernard Stiegler* qui réhabilite la « teckné » comme « la poursuite de la vie par d’autres moyens que la vie ». Il y a bien, selon lui, un « impensé de la technique » qui nous paralyse face au développement aveugle des sociétés industrielles et nous interdit surtout de voir comment pourrait advenir un monde qui ne se réduise pas au règne de la bêtise. Au consumérisme à tout va, il substitue une économie de la contribution, susceptible de « réenchanter » les esprits. Entretien. Vous mettez au cœur de la réflexion sur l’homme la question de la technique, et vous partez de l’idée que ce qu’on appelle l’humain, c’est « la vie technicisée ». Qu’entendez-vous par là ? L’être humain n’est un être viable que parce qu’il a su développer toute une série de prothèses, d’organes artificiels qui n’ont cessé d’augmenter sa puissance d’agir. On ne peut pas penser l’homme sans la forme de vie qui passe par la technique. Toute l’histoire des sociétés humaines est l’histoire des relations qu’elles ont entretenues avec leur propre technicité. Seulement il ne faut pas réduire l’idée de technique à un savoir-faire manuel. Cette dichotomie entre activité manuelle et intellectuelle, décrétée depuis Platon, a surtout permis le clivage entre esclaves et nobles. Nous l’avons intériorisé, ce qui a permis de prolétariser toute une partie de la population. Le mathématicien, le philosophe sont des techniciens. Le conceptuel, c’est de la technique. Il faut envisager plus globalement la technique comme un processus d’externalisation par lequel l’homme ne cesse de perfectionner les organes artificiels qu’il produit et qui vient compenser un défaut d’être, tout en prenant conscience que cette technique dont il a impérativement besoin provoque à chaque fois un nouveau défaut d’être, toujours plus complexe, toujours moins maîtrisable. La technique est un pharmakon, c’est-à-dire qu’elle présente deux faces : l’une positive, l’autre négative, à l’image de la situation pharmacologique où un médicament peut être salutaire et développer des effets toxiques. C’est déjà ainsi que Platon et Socrate abordent l’écriture en s’opposant à l’usage qu’en font les sophistes qui placent le discours au service de l’argent, un peu comme le marketing s’est emparé de la télévision. Platon exprime l’idée que l’écriture est un pharmakon : un remède quand elle permet de graver la loi de la cité, de fonder la citoyenneté et toutes les formes de savoirs, et un poison quand elle sert les intérêts des sophistes. Il faut donc bien comprendre que si l’être humain se rend malade par la technique, c’est à partir des maladies qu’il se crée, qu’il invente aussi de nouvelles formes de santé. ........................................................................................................... Avec l’avènement du monde industriel, vous parlez de « prolétarisation des esprits », et d’un temps où explose la toxicité de notre modèle industriel... Nous vivons en ce début de XXIème siècle dans un contexte très particulier compte tenu de l’accélération des inventions technologiques. Pour passer du chopper, le premier galet éclaté, au biface, il a fallu un million d’années. La seule année 1995, Sonny a développé 5000 produits nouveaux ! Nous avons radicalement changé de monde et d’échelle pour penser la relation de l’homme avec son milieu technique. Pendant longtemps de nombreux pouvoirs ont encadré, voire régulé, les progrès techniques : pouvoirs religieux, impériaux, politiques... Mais avec l’avènement du capitalisme à la fin du xixème siècle, le pouvoir économique s’est émancipé de la question thérapeutique, à savoir : comment je transforme le poison en remède. Tout le projet lié à l’idée de progrès qui était positif a conduit à un dérèglement généralisé. Le développement technologique est désormais contrôlé par le marketing et les grands groupes internationaux qui ne pensent plus qu’en termes de rentabilité immédiate. Et nous assistons de fait à une prolétarisation des esprits. Cela a commencé dans le champ de la production industrielle à la fin du XIXème siècle avec le machinisme. L’ouvrier est devenu un prolétaire dans la mesure où sa relation à la machine automatisée le dépossède du savoir technique dont disposait l’artisan. Au XXème siècle, le processus se poursuit avec la prolétarisation du consommateur qui perd peu à peu le savoir-vivre et le « savoir penser », et développe des comportements qui lui sont de plus en plus dictés de manière non coercitive par le marketing. L’économie capitaliste consumériste tire parti de toutes les évolutions technologiques pour faire de la conscience un simple organe réflexe. C’est le fameux « temps de cerveau disponible ». On capte l’attention des individus, leur désir, vers les objets de consommation, au risque de le détruire en créant un comportement exclusivement pulsionnel. Cette destruction généralisée des savoirs empiète au quotidien jusque dans la manière dont nous ne savons plus comment éduquer nos enfants. Les jeunes sont la première cible de ce que nous appelons avec Ars Industrialis « les industries de programme », et les parents ont de quoi se sentir dépassés ! Il est connu que 43% des actes d’achat sont prescrits par les enfants qui conditionnent leurs parents par leur propre conditionnement à travers le marketing... On assiste à une sorte de courts-circuits générationnels qui détruit les relations intergénérationnelles, c’est-à-dire l’éducation sous toutes ses formes. ........................................................................................................... Vous avancez avec Ars Industrialis qu’il est possible de changer de modèle, et de passer de la société de consommation à une économie de la contribution... Nous vivons l’effondrement du consumérisme car il n’y a plus grand monde pour croire dans le modèle du « rêve américain » qui a plutôt viré au cauchemar. L’exemple du livre de Matthew B. Crawford, « Eloge du carburateur » évoque bien la manière dont les gens ont besoin de se réapproprier le sens de leur travail. Cet auteur, philosophe de formation, montre comment la prolétarisation des esprits a envahi le monde des cadres, monde qu’il rejette pour revenir à ses amours de mécanicien. Dans son atelier, il est à nouveau en prise directe avec un savoir qu’il construit et qui le construit. Je constate qu’il existe aujourd’hui un nombre croissant de gens qui sont en train de développer un nouveau mode de travail. La révolution numérique est sans doute un des piliers de cette évolution. Je pense au développement des logiciels libres qui réunit des communautés de contributeurs venus du monde entier. Il n’y a pas de rôle d’exécutant, chacun apporte son savoir et fait évoluer le logiciel. Il n’y a plus d’un côté le producteur, de l’autre le consommateur. L’idée est de valoriser la possibilité qu’ont les gens de développer leur savoir, leur travail au sens fort du terme, plutôt que de se focaliser sur la question de l’emploi. Evidemment, le désir de savoir n’a rien de spontané. Il faut le cultiver, et par là même en finir avec l’évolution d’une société qui détruit systématiquement ce désir car il n’est pas rentable. Faire advenir cette économie de la contribution suppose que nous reconstruisions la puissance publique qui ne se limite pas à l’Etat. Quand je dis « nous », je compte sur les scientifiques, les philosophes, les artistes, les soignants... tous ceux qui prennent soin du monde. Et les associations ont un rôle important à jouer. D’où la naissance d’Ars Industrialis ........................................................................................................... Ce désir de savoir place au cœur des préoccupations la refondation de l’école. Elle suppose d’après vous, en particulier au sein de l’université, un contrat intergénérationnel où se reconstruit l’autorité des savoirs. Le savoir est par nature intergénérationnel car il a été élaboré avant moi par des gens qui me le transmettent. Mais le développement accéléré des nouvelles technologies a totalement bousculé la relation aux savoirs. Les jeunes se sont appropriés ces technologies beaucoup plus rapidement que leurs aînés qui se sentent encore démunis, ce qui devient source de conflits. Je pense qu’il est urgent d’inventer de nouvelles relations, des formes d’organisation qui permettent de travailler ensemble. Il ne suffit pas d’accueillir un jeune dans une entreprise pour qu’il soit formé par un senior. Il s’agit vraiment de penser en termes de contributions. Il faut que le monde académique classique, l’université en particulier, apprenne à penser ces technologies, à les intégrer véritablement dans ses recherches pour qu’à l’inverse les jeunes puissent s’approprier les savoirs académiques qui restent indispensables. Il faut reconstruire une intelligence intergénérationnelle, et cela passe par la technique parce que, ce qui fait les générations, ce sont les mutations technologiques. On constate un manque de formation, de réflexion du monde enseignant face à l’informatique alors qu’il s’adresse à une génération bardée de smartphones, de tablettes numériques, de caméras... Comment s’étonner du fossé qui se creuse ? Et c’est aussi livrer ces jeunes aux professionnels des « industries de programme » qui savent parfaitement comment capter leur attention. Nous n’avons pas le choix que de livrer une véritable « bataille de l’intelligence ». ................................................................................................................................ * Bernard Stiegler, philosophe, président de l’association Ars Industrialis, directeur de l’Institut de recherche et d’innovation du centre Georges Pompidou. Derniers ouvrages, à paraître en mars 2013, chez Flammarion : « De la misère symbolique » et « Faire attention, vocabulaire d’Ars Industrialis ». ........................................................................................................................................................................................................................................ ........................................................................................................................................................................................................................................ Danses d’Amour Adresses à la jeunesse ........................................................................................................................................................................................................................................ ........................................................................................................................................................................................................................................ « Alors, je vous le demande, quelle importance accorder à un sentiment qui dépend d’une demidouzaine d’osselets dont les plus longs mesurent à peine deux centimètres ? Quoi, je blasphème ? Juliette aurait-elle aimé Roméo si Roméo quatre incisives manquantes, un grand trou noir au milieu ? Non ! Et pourtant il aurait eu exactement la même âme, les mêmes qualités morales ! Alors pourquoi me serinent-elles que ce qui importe c’est l’âme et les qualités morales ? » « Le courage pour vous tous, courage de toutes les heures, c’est de supporter sans fléchir les épreuves de tout ordre, physiques et morales, que prodigue la vie. Le courage, c’est de ne pas livrer sa volonté au hasard des impressions et des forces ; c’est de garder dans les lassitudes inévitables l’habitude du travail et de l’action... Le courage... c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ». Albert Cohen, « Belle du Seigneur » Qu’est-ce qui nous lie ? Il existe, dit le biologiste Jean-Didier Vincent « un besoin en autre, comme il existe un besoin en eau ou en protéines... » Ce « besoin en autre » qui hante nos esprits et nos corps n’a pas fini de faire parler, rêver, trébucher... Il va mener la danse, au théâtre Dunois, avec trois spectacles, qui déclinent chacun à leur manière l’histoire de nos amours, qui ne se réduit pas à la séduction amoureuse, mais nous parle surtout de ce temps nécessaire pour apprendre à aimer. ........................................................................................................ Attends ! ....................................................................................................... Est-ce qu’elle s’épuise vraiment l’urgence de l’autre qui s’exprime sans retenue chez les tout-petits ? A l’autre bout de la vie qu’advient-il du désir et de nos sentiments ? La chorégraphe Michèle Dhallu jette un pont entre deux âges extrêmes, le temps d’apprivoiser l’inconnu. Votre spectacle est né d’une expérience très personnelle... Au départ, il devait s’appeler « Attends », et non « A temps ». Cela m’est venu parce que je me suis retrouvée sans cesse tiraillée entre ma fille, encore très jeune, et ma mère, qui est décédée depuis. Leur demande avait le même caractère exclusif et pressant. Il fallait que je m’occupe d’elles, alors que j’avais mille choses à faire, et que je ne savais pas vraiment comment me poser pour répondre à leur demande. Je me retrouvais à ce point où je pouvais comprendre les élans de ma fille puisque j’étais passée par l’enfance, mais où je commençais aussi à me projeter dans ce temps de la vieillesse. Passé 50 ans, on sent que le corps se rouille et qu’on amorce la pompe de la décrépitude... J’ai donc eu envie d’évoquer cette vieillesse, de comprendre cet état qui s’apparente d’abord à celui de la perte : perte des cheveux, des dents, de la mobilité, de la mémoire... A quoi ressemble encore la vie, dans ses derniers moments, en marge des images biaisées de retraités sémillants dont les médias nous abreuvent ? Sans doute faut-il être à l’écoute de toutes petites choses pour saisir comment l’amour agit encore en l’être : le feu d’un regard, la surprise d’un sourire... C’est comme si toute l’énergie de la personne pouvait se trouver rassemblée, ce que racontent aussi les choix de mise en scène. ................................................................................................................................ Un cheminement troublant se construit qui conduit du jeu de Lego au cercueil... Vous créez un sentiment d’empathie qui n’a rien à voir avec une approche compassionnelle... Le spectacle est guidé par une philosophie de l’acceptation. Les interprètes sur le plateau, le danseur, Yvon Bayer, la danseuse, Claire Sauvageon, la lectrice, Frédérique Camaret et l’auteur des textes de la pièce, Catherine Zambon, ont tous dépassé la cinquantaine. C’est cela aussi qui m’intéressait. Travailler avec les corps, en l’état, sans chercher à afficher de « beaux restes » de danseurs, mais en construisant une gestuelle qui au fil du spectacle devient plus minimaliste pour essayer d’aller à l’essentiel. L’espace aussi va évoluer en ce sens. Il ne s’agit pas de « réduire » mais bien de « ramasser ». Sur la scène, on découvre d’abord des éléments de Lego géants, disposés en vrac. Un espace ludique prend forme, comme une maison que l’on construit, et cet espace va s’amenuiser, représenter une chambre à coucher, et enfin une stèle. J’ai repensé à l’un des pensionnaires d’une maison de retraite que nous avons rencontré à l’occasion de l’un des ateliers réalisés en amont de la création : cet homme disait tout le temps qu’il s’apprêtait à retrouver sa femme au « petit château », et ce « petit château » désignait en fait la tombe de son épouse. C’est d’ailleurs le titre du texte écrit par Catherine Zambon pour la compagnie. Ses mots ponctuent les émotions du spectacle : se mélanger, chuter, se détacher, s’envoler... ................................................................................................................................ Quand on réunit de très jeunes enfants et des vieillards, l’obstacle du jugement et de la peur n’intervient pas. Les enfants sont très directs, expriment sans retenue leur surprise face aux signes de décrépitude. La rencontre opère car il n’y a pas de préjugés, et de leur côté les personnes âgées sont heureuses d’accueillir cette énergie. Dans cette rencontre, les émotions n’ont pas besoin d’être analysées, ni mêmes formulées. Les échanges sont. La vieillesse nous parle du mystère des existences vécues qui ne sont pas à évacuer sous prétexte qu’elles ne sont plus utiles. Je suis convaincue que les très jeunes enfants sont intuitivement parfaitement capables de saisir cela. ................................................................................................................................ Vous posez aussi la question du désir amoureux... Oui, sous la forme d’un effeuillage pudique. Le désir, les sentiments amoureux ne disparaissent pas avec la vieillesse. C’est suggéré dans la chorégraphie au moment d’une valse qui traduit un temps de rencontre et au terme de laquelle la danseuse commence à se déshabiller. Ce n’est pas une image provocatrice, et la réaction des enfants m’inquiète moins que celle des adultes... Les sentiments amoureux existent dans les maisons de retraite, et ce n’est pas parce que le corps est amoindri que le désir disparaît ! ................................................................................................................................ Du 16 au 21 avril 2013 A temps | Théâtre | 5+ | Cie Carré Blanc | Michèle Dhallu chorégraphie | Catherine Zambon texte | Frédérique Camaret lecture ................................................................................................................................ Roméo kiffe Juliette.... Qu’est-ce qui change, qu’est-ce qui résiste dans les déchirements passionnés qui attachent et délient les couples ? « Sarath et Marina » emboîtent le pas des amoureux de Shakespeare. Les gestes des danseurs se cherchent et s’emmêlent dans la gamme de sentiments toujours aussi contradictoires : le désir qui exalte, l’habitude qui flétrit les premiers élans... L’apprentissage d’une vie ! Du 23 au 28 avril 2013 Sarath et Marina | Musique | Danse | 10+ | cie Les Orpailleurs ........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................... ........................................................................................................ Moi, je t’aime ....................................................................................................... Quel iceberg d’émotions et d’imaginaire faut-il creuser pour mieux se connaître, se comprendre, et par là même, s’acheminer plus sûrement à la rencontre de l’autre ? Immergés dans un monde d’images mouvantes, les tout-petits suivent les méandres des inventions de l’artiste Cécile Fraysse. Un dispositif conçu pour eux. Entretien. L’histoire de ce fennec polaire pourrait évoquer celle de Narcisse... Au tout début, peut-être, car il se contemple dans les reflets de la glace et d’une certaine façon y plonge comme dans un abîme. Mais tout est volontairement décalé. Le fennec est un petit personnage très employé dans la littérature jeunesse. Mais c’est un animal du désert, et j’en ai fait une créature polaire... Quant à plonger au cœur d’un iceberg... La glace devient symboliquement un bloc d’émotions qui résistent. Le fennec va donc creuser, et explorer toutes les strates des sentiments qui l’animent et qui vont s’enchaîner comme autant de tableaux animés. Il apprend ainsi à se connaître, découvre la solitude, la peur, la joie... : il y a un moment extatique où il danse de plaisir ! Et au fond de l’iceberg ? Il retrouve d’autres fennecs. On comprend alors que la voix qui retrace ses aventures depuis le début est aussi celle du fennec devenu vieux qui se souvient... ................................................................................................................................ Mais ce récit ne passe pas exclusivement par les mots, au contraire... Le texte que j’ai écrit n’est utilisé que par bribes dans le spectacle. L’histoire du petit fennec est une suite de sensations intérieures qui vont plutôt se traduire en images et en musique. J’ai imaginé un dispositif d’écrans qui encerclent le spectateur et où sont projetées des images animées qui traduisent plus librement le rêve du personnage. Ce dispositif permet de multiplier les points de vue et casse la relation frontale du cinéma. L’enfant, assis au centre, est plus actif. Je bouscule volontairement la logique narrative pour suivre un fil plus onirique. Le paysage sonore est également déterminant. Quatre chansons dada disco pop sont interprétées par la conteuse et accompagnées par un pianiste sur scène. Le régisseur s’active à vue. Je tiens à créer l’illusion tout en montrant les artistes en train de faire leur travail. Il y en a qui sont en train de produire du son, des images, d’autres qui regardent... Je poursuis avec ce dispositif mon questionnement sur la manière dont on peut aménager un espace commun où chacun peut aussi trouver sa place. ................................................................................................................................ Vos réflexions sur la relation avec le très jeune public semblent influencer la forme même de vos créations... Quand je crée un dispositif comme celui d’« Iceberg », je place effectivement la question de la relation avec le public au cœur de mon travail. L’expérience des ateliers en crèche m’a beaucoup appris. Les recherches esthétiques ne suffisent pas. L’échange, pour être réussi, suppose aussi une organisation particulière de l’accueil. La création pour les tout-petits implique plus de délicatesse, invite à jouer sur les petites nuances. On a envie d’offrir à leur curiosité des choses à la fois très simples et très fines. Et puis il faut privilégier une forme d’écoute qui exige d’être à la fois tonique et très souple. Par exemple, à l’intérieur du dispositif, les enfants ont le droit de bouger, mais leur comportement dépend étroitement de la relation qu’ils entretiennent avec leurs accompagnateurs. Parmi ces derniers, certains exigent le calme absolu, d’autres ont confiance... J’ai appris à ne pas interférer, à laisser chacun aborder le spectacle comme il le sent, et en fonction des groupes, les représentations sont très différentes. ................................................................................................................................ Du 11 au 23 juin 2013 Iceberg | Théâtre | 3+ | Cie AMK | Cécile Fraysse mise en scène, scénographie, écriture, dessins et animations Jean Jaurès, Albi, 1903 , « Le discours à la jeunesse » Se situent-ils vraiment à des années lumières ces lycéens d’Albi auxquels Jaurès adresse son célèbre « Discours à la jeunesse » ? Comment, un siècle plus tard, notre jeunesse pourrait-elle éprouver le plein possible d’une parole qui articule les séductions de l’éloquence et la quête authentique de vérité ? Le metteur en scène Marc Baylet-Delperier présente deux spectacles qui peuvent s’appréhender comme deux « adresses » singulières à la jeunesse. Qu’il questionne la valeur du travail avec « Allumage », ou l’état de la parole politique dans « Campagne », on retrouve la même tentative de « ravissement », animée par cette conviction qui devient denrée rare : la confiance en l’intelligence du public. Entretien. Est-ce que l’on peut relier ces deux spectacles qui explorent des domaines très différents? Dans les deux cas, on retrouve un monologue, et je mets en scène une adresse directe au public. Avec « Allumage », je suis parti de l’essai de Matthew B. Crawford intitulé « Eloge du carburateur ». C’est un livre qui traite en fait de l’excellence humaine en interrogeant le sens et la valeur du travail. L’auteur, philosophe de formation, est devenu mécanicien, par choix, et tout en racontant son expérience, il se livre à toute une série de réflexions sur la hiérarchie erronée qui s’est imposée entre tâches manuelles et intellectuelles. Il montre comment l’homme est cruellement déboussolé dans un monde qui cloisonne de plus en plus les tâches de chacun. « Allumage » démarre donc comme un récit intime, mais le texte de Crawford est devenu une matière parmi d’autres pour creuser la question du travail. Il est un peu comme le filet d’eau claire du spectacle auquel d’autres voix se mêlent : celles de Blanchot, de Pavese, des extraits de vidéos, des moments dansés, chantés... Tout un matériau hybride se déploie, et « ça active », sans que le but soit de suivre la logique chronologique d’une histoire. Sur scène, un mécano-philosophe lutte avec la carcasse bien réelle d’un moteur qu’il s’acharne à réparer et développe un plaidoyer en faveur d’une relation au travail qui permette à chacun de se réaliser. Avec « Campagne », sans que ce soit prémédité, un processus très différent s’est opéré. Là aussi, il est question d’adresse au public, mais je voulais explorer une forme d’adresse destinée à la foule, dont l’objet est « la chose publique ». Je pensais aux grands discours politiques qui ont fait évènement, et sont considérés comme des morceaux de littérature. Mais très vite, « Le discours à la jeunesse » de Jaurès s’est imposé pour devenir le fil conducteur du spectacle. J’ai opéré des coupes, mais je respecte la chronologie du discours et je n’intègre pas de fantaisie ou de variations au sein même du texte. Il n’est pas question pour autant « d’interpréter » ce discours. Je n’arrive pas à croire à l’interprétation - dans le sens de dire le texte - et j’ai toujours trouvé cette prétendue fidélité du metteur en scène à l’auteur très fallacieuse au regard de ce que propose un plateau de théâtre. Je ne me prive pas dans « Campagne » de réunir les matériaux divers avec lesquels j’aime travailler (les images, le son, la lumière...), mais ce sont vraiment les répétitions qui inventent et fabriquent littéralement le spectacle, et cette fois, le texte s’est imposé différemment. ................................................................................................................................ Pensez-vous vraiment que le discours de Jaurès peut parler à la jeunesse actuelle ? La forme si savamment élaborée de la langue ne risque-t-elle pas de faire obstacle ? Il est vrai que ce discours s’adresse à une génération de jeunes gens très lettrés qui vivent à une époque différente de la nôtre. Mais ni le contenu, ni la forme ne sont « datés », et je trouve au contraire que ce texte reste d’une extraordinaire actualité. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant qu’il soit si souvent cité. Quand Jaurès retrace l’histoire de la révolution, ou qu’il aborde la menace de la guerre, il n’agite jamais des généralités, il ose exprimer de concert ses convictions et ses doutes, varier les perspectives. Contrairement à la majorité des politiques dont la logorrhée est essentiellement dictée par une armée de conseillers en communication, Jaurès ne parle pas à ces jeunes comme à des débiles mentaux. Il fait le pari de leur intelligence. Tout le développement sur l’héroïsme est pensé pour faire l’apologie de la paix, et contredire les visions attendues. Je ne vois pas comment un jeune aujourd’hui ne serait pas transporté par ses paroles sur le courage. Son exhortation à défendre l’humain dans toute sa complexité ne peut que sidérer, au sens propre, pour mieux exalter ensuite, et rendre active et tangible la promesse d’espoir. Ce n’est donc ni le contenu, ni même la forme qui pourrait faire obstacle à la réception d’un tel discours aujourd’hui ; c’est plutôt notre relation au temps. Qui a encore la capacité d’écouter un discours d’une heure et demie ? Nous subissons un tel formatage du discours public, forcément réduit, saucissonné en petites phrases facile à digérer... « Campagne » engage une réflexion sur l’état de la parole aujourd’hui, car je ne crois pas que ce soit la parole qui fasse défaut, mais les acteurs susceptibles de la faire vivre. Dominique de Villepin a montré à l’occasion de son discours à l’ONU contre le bien fondé de la guerre en Irak que le discours politique pouvait redevenir « événement ». Les applaudissements ont fusé, phénomène exceptionnel dans ce lieu, et la parole a retrouvé une dimension historique. Jean-Luc Mélenchon est également un orateur qui sait donner à ses discours une envergure qui dépasse le verbiage électoraliste. Mais lui aussi est soumis aux lois du sacro-saint « temps de parole » médiatique. Il n’en reste pas moins que dès que quelqu’un « prend » vraiment la parole, il est entendu. Je pense au petit livre de Stéphane Hessel « Indignez-vous ». Quand la parole « existe », elle est efficace, et les jeunes sont les premiers à écouter. Je ne suis pas idéaliste, mais je suis convaincu qu’au sein de l’abrutissement généralisé qui s’est développé, émerge chez beaucoup de gens le désir très vivace de se réapproprier le sens de leur existence. Certes, le courant agissant peut sembler minoritaire, mais ce n’est pas un clan, c’est bien une minorité qui commence à s’élargir. ................................................................................................................................ La forme de vos spectacles qui mêle des matériaux hybrides a de quoi dérouter le spectateur. Est-ce que ce n’est pas un obstacle supplémentaire pour des jeunes qui fréquentent rarement les théâtres ? J’ai longtemps conçu mes spectacles en pensant plus ou moins consciemment à mes pairs, et en pariant aussi sur un état de bienveillance du spectateur, prêt à une rêverie qui ne soit pas totalement dirigée par le metteur en scène. J’ai, en quelque sorte, fantasmé une sorte de spectateur hyper actif, capable de co-créer le spectacle, d’aller à la rencontre de ses propres fantaisies à partir des images que je lui livrais. Je voulais qu’il se retrouve ailleurs, sans forcément lui dire où, même si cet ailleurs n’est certainement pas nulle part, et encore moins n’importe où... Mais je tends de plus en plus à rééquilibrer ce rapport, d’où, sans doute, la présence plus dense et plus motrice du texte dans mes deux dernières créations. Là, je n’ai pas pensé à mes pairs mais plutôt à mes enfants, âgés d’une vingtaine d’années. Je ressens le besoin d’être en phase avec l’énergie qui est la leur, et j’aime l’idée que mes spectacles soient comme un terrain offert à leur curiosité. Je sais que les outils que j’utilise, comme la vidéo ou les jeux de mixages sonores peuvent attiser cette curiosité. Je n’ai évidemment pas intégré ces matériaux pour eux. Ils ont toujours été présents dans mon travail et j’utilise les outils technologiques de manière artisanale et sauvage. Je constate simplement que cela intrigue les jeunes, que cette part de bricolage les séduit. Cela n’ôte rien à la part malcommode, anguleuse de mes spectacles qui exigent aussi des efforts du spectateur. En fait, je m’exerce à doser la part de séduction, le but étant de ne pas lâcher le spectateur à l’intérieur d’une forme qui n’a rien d’évidente pour lui. Je m’y attelle en travaillant sur la précision des effets que je m’interdis désormais de multiplier gratuitement. Pour moi, le théâtre, c’est du mouvement, du son, de la langue, du temps, c’est-à-dire un état de réalité sans illusion. Chaque spectacle est une sorte de fabrique qui travaille à produire un émerveillement, un ravissement. Et ce pari exige qu’on prenne au sérieux les résistances légitimes du spectateur, sans faire de concessions qui ruineraient le sens de notre travail. ................................................................................................................................ Du 15 au 19 mai 2013 Allumage | .Théâtre | 14+ | Cie Immatérielle Production | D’après « Eloge du carburateur », Matthew B. Crawford ................................................................................................................................ Du 22 au 26 mai 2013 Campagne | .Théâtre | 14+ | Cie Immatérielle Production | D’après « Le Discours à la jeunesse » de Jean Jaurès ............................................................................................................................. Place à l’intelligence collective ! « Contre la lutte pour l’emploi, penser ce que le travail veut dire... » | Faut-il laisser les jeunes développer une vision du travail exclusivement pensée en termes d’« orientation efficace », de « performance », et « d’adaptabilité » ? Le théâtre Dunois organise un dialogue entre des adultes impliqués dans le monde du travail tel qu’il va, et des adolescents désireux de faire connaître leurs aspirations. Le Mercredi 15 mai 2013 à l’issue de la représentation d’« Allumage »