Nous allons illustrer notre propos, qui est général, par le cas de la
France. Quand peut-on dire qu’un État assure sa solvabilité
budgétaire ?
La définition théorique, en économie, est que l’État est capable de
générer dans le futur des excédents budgétaires primaires dont la
somme actualisée est supérieure à la dette publique présente.
Cette condition est vérifiée dès que le taux d’endettement public
est stabilisé. Le problème de la définition théorique est qu’elle est
compatible avec n’importe quel taux d’endettement public stabilisé.
On peut affiner cette première définition en se demandant si
l’excédent budgétaire primaire nécessaire est politiquement ou
économiquement acceptable, s’il n’impose pas durablement une
politique budgétaire trop restrictive.
On peut encore affiner cette définition en se demandant si le taux
d’endettement public stabilisé n’est pas trop élevé, c'est-à-dire ne
prélève pas une partie trop importante du stock d’épargne, qui
n’est alors plus disponible pour financer les investissements privés.
Dans une économie ouverte, si une partie trop importante de la
dette n’est pas détenue par les non-résidents.
On peut enfin avoir une approche par le « collatéral » : la dette
publique a-t-elle comme contrepartie des actifs publics qui donnent
à l’État une valeur nette positive.
Dans le cas de la France, aujourd’hui :
la solvabilité budgétaire au sens habituel n’est pas assurée ;
l’excédent budgétaire primaire nécessaire est élevé par rapport à
la moyenne de celui du passé ;
60% de la dette publique est détenue par les non-résidents ;
les actifs publics dépassent toujours la dette publique, mais peut-
on vendre ces actifs publics, dans quelle proportion ?