NOTE D’INTENTION DE MISE EN SCENE
Monter une pièce écrite par une femme pour une femme et qui parle essentiellement
du rapport au père est, pour l'homme et le père que je suis, une sorte de défi, un saut
dans l'imaginaire, un voyage de l'autre côté du miroir. Il faut dire que, peut-être un peu
obnubilé pas le nom d'Alice et l'irruption des montres du père, j'ai voulu voir dans la
pièce de Delphine Gustau une allusion aux aventures décrites par Charles Lutwidge
Dodgson, sous le pseudonyme de Lewis Carroll. C'est donc sous cet angle que je me suis
imaginé mettre en scène les aventures toutes intérieures de cette Alice là, qui elle aussi
part à la découverte de sa féminité, dans une succession de rêves où elle fait, défait et
refait son rapport à l'homme en passant tout d'abord par ce père, qu'elle vient de
perdre et qu'elle doit retrouver quelque part dans l'éparpillement d'un héritage chrono-
métrique. Cet éparpillement on le retrouvera dans la scénographie comme dans la direc-
tion du jeu, car Alice maîtrise l'art de l'esquive et de la métaphore, s'échappant sans
cesse d'un rêve à l'autre, s’enivrant de ses propres contes et revêtant toutes les identités
qui lui tombent sous la main sans que l'on sache, et peut-être ne le sait-elle pas très bien
elle-même, si elles sont véritables ou empruntées. C'est pourquoi nous avons voulu avec
Zoé Grelié créer un monde à la fois quotidien et onirique. Le décor c'est la pièce princi-
pale d'un appartement, mais tout y est blanc comme une transposition d'un intérieur
banal mais qui puisse servir d'écran à la projection des fantasmes de la jeune femme. Là
elle pourra jouer avec les volumes, les ombres et les transparences sans jamais sortir de
son univers domestique. Une sorte de maison de poupée mentale où elle se met en