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1989
Rencontre
et association
des Drs Rigollet
et Chavent
2005
Arrivée
du Dr Sophie
Haberer au sein
du cabinet
2011
Début du projet
de déménagement
et de création d’un
nouveau cabinet
2013
Ouverture du
cabinet du Terrail
dans la zone d’activité
de Chazay
2012
Arrivée
du nouveau
collaborateur
le Dr Aymeric Berticat
REPÈRES
Trois praticiens, deux hommes, une femme, différentes générations,
mais une même vision d’un cabinet de groupe, où « tous les cauchemars des dentistes ont
été éliminés »… Un cabinet à effet « waouh » pour une dentisterie humaniste et rentable.
Visite dans un cabinet pas tout à fait comme les autres.
Ils ont brisé les codes
et créé leur cabinet rêvé
N
iché entre les monts du Lyonnais et ceux
du Beaujolais et situé légèrement en dehors
du Grand Lyon, un petit village de près de
4 000 habitants offre à ses visiteurs une vue at-
trayante sur les coteaux du Beaujolais. Chazay-d’Azergues,
fier de son centre historique, s’est développé essentielle-
ment en zone pavillonnaire où le milieu rural côtoie une
population qui travaille pour 85 % en ville. Dans ce pit-
toresque village, les habitants ont eu la surprise de voir
surgir un bâtiment hors-norme, atypique et résolument
moderne. On pourrait imaginer qu’il abrite un centre d’art
contemporain ou un show room… Il n’est autre que le
cabinet de groupe du village, le fruit de la complicité des
trois associés qui l’ont imaginé. Les Drs Rigollet, Chavent
et Haberer ont voulu un cabinet qui fasse fi de « tous les
cauchemars des chirurgiens-dentistes ». Après 18 mois de
mise à l’épreuve du quotidien, le pari semble remporté
haut la main. Genèse de l’aventure du cabinet du Terrail.
Différents mais similaires
Les trois associés mêlent les genres et les âges : le Dr Rigollet,
sportif, photographe, un pied en France, un autre au
Brésil, à 60 ans il est le praticien « senior » de l’équipe, le
Dr Chavent, à 100 km/heure, jeune quinqua déterminé
il est l’obsessionnel de l’ergonomie, de la traçabilité, le
Dr Haberer, la trentaine, enthousiaste et travailleuse, se
définit mi-amusée, mi-agacée comme « la pédo et la DRH »
du cabinet, elle enchaîne les formations continues tous
azimuts. Tous partagent une même vision de la dentisterie,
exigeante et humaniste, et une même énergie. Différents
mais complémentaires, ils se retrouvent sur le terrain des
valeurs auxquelles on adhère… ou pas. Pas évident de
suivre leur rythme (au cabinet la règle est de faire journée
continue de 9 heures à 19 heures) et de se faire une place
au sein de ce trio soudé. De nombreuses assistantes et
collaborateurs s’y sont cassé les dents, une sorte de « sélec-
tion naturelle » : « Nous travaillons en famille ici, explique
le Dr Chavent. Nous connaissons la vie des uns des autres,
nos bonheurs, nos jours avec et nos jours sans, mais quand
on entre en scène les états d’âme doivent s’évaporer. Nous
sommes 10 ici, il est impossible que nous ne rencontrions
pas de difficultés… C’est cependant la condition du succès
d’un cabinet de groupe. » L’exercice dans une structure
avec quatre praticiens apporte une grande satisfaction à
nos trois associés, même s’ils reconnaissent qu’il existe
« plus de pression d’être jugé par ses pairs, au quotidien ».
« Naturellement tout praticien donne le meilleur de lui-
même pour ses patients, et davantage dans un exercice à
plusieurs, précise le Dr Haberer, ce qui est intéressant dans
les cabinets de groupe, c’est l’émulation et l’envie permanente
de progresser. »
DRS RIGOLLET, CHAVENT
ET HABERER,
CHAZAY-D’AZERGUES (69)
© akarelias / Istockphoto
Par Guylaine Masini – Photos Henri Granjean
Un bloc béton
contemporain
abrite le cabinet
du Terrail, en
zone d’activité
de Chazay-
d’Azergues dans
le Beaujolais.
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Comment nos trois associés
ont-ils embrassé la profession ?
Le Dr René Rigollet souhaitait devenir pilote, sa vue en
décidera autrement. « Je me suis lancé en médecine avec
un copain, mais des conditions financières familiales, m’ont
fait opter pour une solution plus rapide : l’odontologie. » Le
Dr Ludovic Chavent est tombé dans la marmite quand
il était petit : « Un pied devant l’autre, j’ai fini par aimer
ce que je faisais même si cela n’était pas un choix de cœur,
ni une évidence, reconnaît le Dr Chavent. Ma famille est
issue du milieu médical, le reste, c’est mon parcours scolaire
qui l’a induit. De ma formation initiale, je ne garde pas un
souvenir ému, la formation universitaire que j’ai reçue était
très perfectible. L’esprit de camaraderie en revanche m’a laissé
un excellent souvenir ! »
Un souvenir que partage le Dr Haberer. Issue d’une fa-
mille de professeurs de Chazay, la jeune Sophie a dérogé au
solide modèle familial (ses frères et sœurs sont également
professeurs aujourd’hui) et, à la fin du collège, décide
qu’elle fera médecine. Dont acte. Le numerus clausus étant
bas, le concours est encore plus ardu : elle décroche la
première place sur liste d’attente, ça sera donc dentaire
pour la jeune Sophie. « Je ne connaissais du milieu dentaire
que le cabinet de mon dentiste ! Je suis allée voir, comme ça…
je ne l’ai pas regretté ! »
Manuelle, elle se plait en formation initiale où elle noue
des amitiés solides : « Nous travaillions ensemble, faisions
la fête aussi dans une vraie ambiance d’école, je garde un
excellent souvenir de ma formation ! »
Les rencontres
Par hasard, le Dr Rigollet rencontre le Dr Joubert de
10 ans son aîné et commence une collaboration avec lui
avant de s’associer. La première sera la bonne ! « C’était
un bon vivant, se souvient René. Il était navigateur et moi
montagnard… Nous étions faits pour nous entendre ! Il était
un praticienà l’ancienne”, humaniste avec une belle idée de
la mission du chirurgien-dentiste de famille. Les nouveaux
venus ont fait bouger les lignes. » Après une première col-
laboration à Modane, les obligations militaires appellent
Ludovic Chavent en Côte d’Ivoire où il sera dentiste dans
l’infanterie de marine, un choix : « Du vrai boulot, dans
de bonnes conditions » résume-t-il.
De retour en France, une collaboration en demi-teinte
l’amène à dessiner précisément la pratique qui lui cor-
respond : « Dans la profession, il existait des praticiens
seniors qui recrutaient des jeunes praticiens pour s’occuper
des patients pendant qu’ils jouaient au golf ! Le rôle de ces
jeunes collaborateurs est de trier les cas intéressants pour le
titulaire. Ça n’est pas ma vision du métier ». Le business
n’est pas son moteur, tous sont parfaitement en phase sur
cet aspect du métier. En 1989, les chemins de Corse font
se rencontrer le Dr René Rigollet et Ludovic Chavent,
une amitié se lie qui se poursuivra, rentrés en région
lyonnaise, par une collaboration professionnelle. « J’ai
opté pour ce cabinet à la campagne”, un choix judicieux
si l’on observe ce qui se passe en centre-ville… C’est en mi-
lieu péri-urbain que se nichent aujourd’hui les projets les
plus étonnants ! ». Le Dr Chavent rejoint le cabinet des
Drs Rigollet et Joubert. « Depuis toujours » le cabinet
existe sous la structure trois associés et un collaborateur.
« Les deux associés étaient honnêtes : ils m’ont proposé des
conditions qui n’ont pas changé, le prix proposé était celui
de l’activité initiale, pas de celle que j’ai développé. L’achat
avait pour objectif de marier la personne qui vend avec celle
qui achète, pas question d’y mettre du ressentiment pour une
histoire d’argent. »
Faisant dos à l’entrée, les quatre praticiens entourent leurs quatre assistantes présentes ce jour-là. De gauche à droite :
le Dr Ludovic Chavent, le Dr Sophie Haberer, Stéphanie, l’assistante du Dr Chavent, Carole, l’assistante du Dr Haberer,
Coralie, l’assistante du Dr Berticat, Catherine l’assistante du Dr Rigollet, le Dr René Rigollet et le Dr Aymeric Berticat.
«C’est en milieu péri-urbain
que se nichent aujourd’hui
les projets les plus étonnants !»
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L’arrivée de Sophie
En près de 20 ans, de 1989 à 2008, le cabinet enchaîne
un grand nombre de collaborateurs, jusqu’à l’arrivée de
Sophie Haberer. Parce que c’était elle, parce que c’était
eux, l’évidence s’impose ! « Sophie manifeste un investis-
sement hors-norme, c’est du 200 % » affirment les deux
praticiens seniors du cabinet. Dès la fin de la 5e année,
les « remplas » commencent pour Sophie Haberer, suivis
d’une collaboration dans un cabinet solo du centre de
Lyon, au Point-du-Jour. Une première approche assez
âpre avec la réalité de l’exercice libéral. En 6e année, le Dr
Haberer alterne deux jours au centre de soin et 1,5 jour
en collaboration au cabinet du Point-du-Jour. À la fin de
la 6e année, elle se rapproche d’un nouveau cabinet, et,
nouvel enseignement, la jeune Dr Haberer comprend que
le partage des valeurs est un postulat sur lequel il ne lui
faudra pas transiger : « Lors de notre premier entretien le
praticien senior n’a évoqué qu’une seule chose : le chiffre mi-
nimum que je devais faire ! Nous ne partagions pas du tout la
même vision de la profession ». Elle apprend qu’un cabinet
au centre de Chazay (le village de ses parents) recrute un
collaborateur. En 2005, elle se présente alors et rencontre
le Dr Ludovic Chavent qui ne lui parlera pas de chiffre
d’affaires : « L’entretien avec Ludovic a été très sommaire
et extrêmement sympathique : “Tu es de Chazay, super !
Nous pouvons te proposer un fauteuil, une assistante…
et si tu as besoin de matos tu peux en commander.Je
me suis sentie immédiatement en confiance ! » Le ton de la
collaboration était donné et Sophie Haberer commence
sur le champ. Lorsque le Dr Joubert quitte le cabinet
pour prendre sa retraite, elle reprend naturellement sa
place. Tous les trois sont aujourd’hui gérants de trois Selarl
regroupés au sein d’une SCM, avec une SCI.
Partir d’une feuille blanche
Un temps, le trio nouvellement constitué travaille dans le
cabinet du centre historique, un bel immeuble au cœur du
village médiéval, avec beaucoup de cachet, mais également
de grosses lacunes ergonomiques et organisationnelles :
constitué en trois appartements empilés de 80 m
2
chacun,
tout était très améliorable. « C’est un modèle pur jus des
années 80, résume le Dr Chavent. Notre back office était
au troisième étage, les assistantes faisaient des allers-retours
entre les différents étages, les appartements n’étaient pas conçus
pour être des cabinets performants. Après 5 ans de travail
en totale insouciance, j’ai commencé à réfléchir à la façon
dont on pouvait améliorer les choses, mais pour ce faire, un
déménagement s’imposait. » « Nous ne supportions plus de
rester dans le précédent cabinet, confirme le Dr Rigollet.
Avec ses trois niveaux, ses escaliers, ça n’était plus vivable.
Nous avions un cabinet du 20e siècle il fallait passer au 21e
et avoir un cadre qui colle à notre activité ! » Mais pour
créer un nouveau cabinet, il fallait commencer par trou-
ver un terrain. Souci : les terrains agricoles étaient non
constructibles, quant au foncier destiné à la résidence
principale, les prix étaient très élevés, avec des normes
imposées très strictes. « C’est la création d’une zone d’activité
commerciale qui nous a permis d’envisager la construction
de notre cabinet, développe le Dr Chavent. Sans unité
architecturale exigée et à un budget raisonné, tout devenait
possible pour nous. » Pendant un an, tous les mardis entre
midi et deux, des réunions de chantier se tiennent pour
accoucher de leur bébé. Tout commence avec l’achat du
terrain. Les praticiens du cabinet de groupe, déjà enga-
gés dans une démarche qualité depuis quelques années,
prennent une feuille blanche et dessinent leur cabinet
idéal, fruit de leur expérience terrain et de leur maturité.
Lorsque nos trois praticiens se penchent sur leur projet,
ils tombent d’accord très rapidement sur le principe de la
stérilisation centrale avec open space. C’est la zone d’accueil
qui leur posera le plus de difficultés. « Nous ne voulions
pas de banque d’accueil, explique Ludovic Chavent. Nous
avons énormément travaillé avec l’architecte, Jaques Fabre
Déjà engagés dans une
démarche qualité, ils prennent
une feuille blanche et dessinent
leur cabinet idéal…
La salle d’attente, dans l’entrée, est ouverte sur la zone publique du cabinet.
Transparence oblige, la stérilisation, centrale, est entièrement vitrée.
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et Véronique Vincent la décoratrice qui n’était pas spécialistes
en cabinet dentaire, mais qui ont parfaitement cerné toutes
nos attentes. L’accueil devait être ouvert pour que le patient
se sente accueilli, mais une zone de confidentialité devait
leur permettre de pouvoir échanger à propos de leur plan
de traitement ou des conditions de règlement… Nous avons
dessiné un espace pour se faire plaisir, nous voulions qu’il se
passe quelque chose dès l’entrée ! » Le premier coup de crayon
a été esquissé en juillet 2011, deux années pour trouver
les partenaires et mettre en branle le chantier, plus 5 mois
de retard pour la livraison…
Un véritable lieu de vie
Pari réussi, l’effet « waouh ! » est au rendez-vous dès que
l’on pénètre dans le bloc en béton. Ce qui frappe est la
chaleur et la convivialité qui se dégagent d’un espace très
contemporain aux matières brutes. L’espace est baigné de
la lumière qui tombe du puits de lumière au-dessus de la
stérilisation. Le coin enfant avec fauteuils Fatboy, livres et
télévision permet aux plus jeunes d’attendre pendant que
leur parent est au fauteuil, pour les plus grands, une salle
avec bureau pour les devoirs, pour les adultes, un espace
avec connexion internet est à disposition… Le cabinet a
été entièrement pensé et conçu comme un espace de vie
où l’on peut passer un moment agréable déchargé de tout
stress. « Nous avons pensé notre cabinet comme un univers de
bien-être, sans douleur, explique le Dr Rigollet. » Le cabinet
est distribué en trois zones : la zone public (l’accueil et
l’attente), la zone public/privé (les salles de soins) et l’es-
pace privé (salle de pause, vestiaires femmes et hommes,
stock) pour trois entrées : une à l’avant du bâtiment pour
les patients et deux à l’arrière (une pour l’équipe soignante
et une pour les livraisons qui donne directement sur le
stock). Chaque détail a été soigné : pas de crachoir dans
les salles de soins, mais un coin prophylaxie sur le modèle
des cabinets d’orthodontie à la sortie de chaque salle où
le miroir n’est pas en face du lavabo mais décalé sur le
mur de droite pour ainsi éviter les projections et rendre
le nettoyage plus rapide.
La démarche qualité
Le cabinet doit beaucoup à la rencontre du Dr Jean-Marc
Gabet, un ami d’études du Dr Rigollet, spécialiste de
l’hygiène, de l’asepsie et de la démarche qualité. « Grâce
à lui nous sommes passés à une traçabilité complète pour
la protection des patients et des personnels, et pour la lutte
contre la transmission des infections nosocomiales, résume
le Dr Chavent. Au bout d’une année de travail on s’y est
tous mis et cela a bouleversé notre façon de travailler. Nous
sommes investis dans une démarche qualité rigoureuse. Si
l’un de mes enfants arrive au cabinet pour une urgence, je
voulais pouvoir intégrer cette urgence dans ma journée de
travail et pouvoir prendre un instrument sans me poser de
question. Nous avons développé cette exigence à l’ensemble des
patients du cabinet. » Si le cabinet ne communique pas sur
cette démarche, les patients la ressentent et la découvrent.
Ne serait-ce par la présence vitrée de la stérilisation au
cœur même de la structure : tout est construit en étoile
autour d’elle. « Lorsqu’un patient m’interroge sur les sachets
par exemple, je réponds naturellement, poursuit Ludovic
Chavent, mais cette attention, nous l’avons pour nous.» Aide
opératoire pendant 4 ans en chirurgie durant ses études,
la gestion hospitalière des séquences de soins laisse une
empreinte durable chez le praticien : « Une fois intégrés
les gestes élémentaires pour assurer l’hygiène et l’asepsie, cela
me dérangeait de travailler de façon préhistorique de retour
au cabinet dentaire ! ». Le cabinet fait appel aux services
de W&H pour la gestion des autoclaves et délègue égale-
ment le ménage à une entreprise spécialisée. Les charges
liées aux prestataires sont élevées mais garantissent une
équipe soignante mobilisée sur l’essentiel. Question ma-
tériel, le cabinet a opté pour la tranquillité d’esprit : les
contre-angles sont loués sur 5 ans, tout comme la sté
qui est en leasing. « Ça permet d’être plus serein », résume
Sophie Haberer. Les associés souhaitant maîtriser les coûts
de leur nouvelle structure, ils réfléchissent à la meilleure
solution : « Nous avons reçu des devis astronomiques pour
nos blocs de chirurgie, se rappelle le Dr Haberer. Nous ne
voulions pas renoncer ni à l’ergonomie, ni au design, mais
nous ne pouvions pas tout nous permettre. » Ils font donc le
choix de matériel hospitalier d’excellente qualité… mais
d’occasion : « En faisant ce pari, nous divisions par six le prix
du scialytique par exemple, pour commencer c’était idéal !
Nous avons acheté des fauteuils nus A-Dec également. » Faire
des économies ne signifie pas concéder à la qualité : « Nous
poursuivons notre démarche qualité avec le choix du matériel
et nous ne travaillons pas avec des produits de second choix. »
Savoir recruter
Un cabinet économe, sur tout, sauf sur le personnel : « Si
on fait une belle année, nous pensons à verser des primes, bien
sûr, explique René Rigollet. Parfois le personnel demande,
parfois nous les devançons. En installant cette structure nous
avons fait mentir la crise : nous sommes en croissance, il est
naturel que celles qui contribuent à cette situation en ré-
coltent les fruits. » Fonctionnant comme une TPE avec une
culture entreprise très forte et une vraie solidarité, le recru-
tement fait partie intégrante de l’équation : il existe un ou
deux postes (peut-être moins bien définis que les autres)
pour lequel le turn-over est bien plus élevé qu’au sein des
binômes historiques, très solides, praticiens/assistante. Le
rythme des journées, très soutenu, pose parfois problème,
mais les conditions de travail pour peu que l’on adhère au
principe de la journée continue, sont perçues comme très
intéressantes : un jour off par semaine, de vrais week-end
et 9 à 10 semaines de vacances par an. « Stéphanie est mon
assistante senior, ce qui est important pour elle est important
pour moi… reconnaît le Dr Chavent, si elle a une réunion
de parents d’élèves ou tout autre demande, la réponse est oui !
Notre travail à quatre mains, et au-delà du seul travail au
fauteuil, notre collaboration avec nos assistantes peut être
assimilé à des tangos parfaitement millimétrés, auxquels les
assistantes volantes n’ont pas accès. Je comprends que cela
génère une certaine frustration. » reconnaît le Dr Chavent.
Le Dr Rigollet a également toujours travaillé avec une
assistante : « Je travaille à quatre mains, je ne sais rien faire
tout seul ! Catherine est mon assistante, et un peu de la fa-
mille ». « J’ai dû, avec grand regret, me séparer d’une de mes
assistantes qui a été victime d’un burn-out, explique quant
à elle le Dr Haberer. Outre des difficultés personnelles, elle
se mettait une trop grande pression au cabinet. Cela m’a
demandé du temps pour la licencier, j’étais très attachée à
elle, mais il faut parfois se faire violence pour la pérennité
du cabinet ! ». C’est finalement Carole, une assistante
que Sophie avait recrutée pour le poste de collaborateur
en 2009 qu’elle « récupère » en 2011 pour en faire son
binôme. La plus jeune du cabinet, le Dr Haberer connaît
encore de jeunes praticiens susceptibles d’être intéressés
par le poste de collaborateur : « Je suis un peu la DRH du
cabinet ! Je gère les entretiens d’embauche des collaborateurs
et de leurs assistantes. »
Un cabinet au jour le jour
La cabinet assure une très grande amplitude horaire :
du lundi matin 9 h au samedi 13 h, l’un des quatre pra-
ticiens pourra recevoir tout patient qui appelle en ur-
gence ou tout nouveau patient qui souhaite un premier
rendez-vous. La communication n’est pas laissée au ha-
sard : un pré-décroché a été installé sur tous les postes,
les assistantes portent un combiné à la ceinture et si au
bout de trois sonneries l’appel n’a pas été pris, le relais est
pris par l’ensemble des autres postes du cabinet. « Nous
sommes très attentifs à la demande initiale du patient qui
appelle, à laquelle nous nous devons de répondre. Les plans
«La philosophie du cabinet est
la suivante : de l’omnipratique
moderne dans une démarche
qualité incontournable»
Pas de blouses pour le
Dr Rigollet et les autres
praticiens, mais des tenues
décontractées (tee-shirts
ou polos) qui participent
à atténuer les angoisses
des patients.
Comme
un tango
millimétré,
les binômes
travaillent
en harmonie.
Il n’y a pas d’âge
pour bien y voir…
La jeune Sophie
Haberer utilise des
loupes binoculaires.
Le coin enfant
connaît un grand
succès auprès de
la patientèle : des
fatboy permettent
aux plus jeunes
de profiter de la
diffusion d’un
dessin animé ou
d’un documentaire
ou encore de
lire pendant que
les parents sont
en soin…
Le temps d’échanger
La parole circule librement au sein du cabinet et
dans les binômes, les réunions sont informelles, si le
besoin s’en fait ressentir le vendredi soir de 19 à 20 h
avant le week-end, les associés et le collaborateur se
retrouvent autour d’une bouteille (région oblige !) :
« Nous n’organisons pas de réunion formelle, reconnaît
le Dr Haberer, si tout roule, nous n’en ressentons pas le
besoin, si nous avons des décisions à prendre, on cale
une date du matin au soir. Chacun a son assistante et
chacun sait ce qu’il a à faire. Regrouper 9 personnes
au même moment pendant 1heure avec notre
organisation, c’est compliqué… »
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de traitements sont globaux, mais nous savons naturellement
écouter, et répondre à la demande particulière. Au téléphone
déjà, nos assistantes savent déjà nous dresser un premier por-
trait du patient. »
Le cabinet tient à respecter ses patients, et tout commence
par la ponctualité. Extrême. « Je ne veux pas de retard,
explique le Dr Chavent, source de stress. Les assistantes le
savent et sont là pour nous faire respecter le temps. Je veux
avoir une activité respectable et moderne, cela commence
par le respect du timing ». L’organisation permet aux prati-
ciens de tourner sur les différents fauteuils, tous les quatre
n’étant pas présents aux mêmes horaires (à l’exception du
mardi et du vendredi). Il n’est pas rare qu’un des quatre
praticiens demande à l’autre de venir le conforter dans
une question clinique auprès d’un patient. Dès le deu-
xième rendez-vous avec un nouveau patient, le plan de
traitement est exposé, les assistantes sont formées pour
prendre le relais dans les bureaux « confidentiels ». Le ca-
binet propose le PNF à ses patients. « Nous savons qu’il n’y
a pas que la santé bucco-dentaire dans la vie de nos patients :
comme tout un chacun, ils ont des arbitrages à faire et nous
sommes tout à fait capable de comprendre cela, explique
le Dr Ludovic Chavent. Nous répondons à la demande
initiale, soumettons notre plan de traitement avec des pans
évolutifs et/ou optionnels. Nous pouvons faire payer en quatre
fois, travailler par secteur. C’est la vraie vie ici ! Combien de
fois par an un patient pousse la porte d’un cabinet dentaire en
disant “Refaites tout ce qu’il faut sans aucune contrainte
ni de temps, ni de budget ” ?, cela se compte sur les doigts
d’une main. » Le cabinet a à cœur de prendre sa part
dans sa mission de service public : la prévention auprès
des enfants occupe un volume important de l’activité.
« Il faut servir à quelque chose, servir au sens militaire des
choses. Je défendrais notre système de soins jusqu’au bout !
déclare le Dr Chavent. Je suis un chirurgien-dentiste avec
une mentalité d’entrepreneur mais je tiens à ce que tout le
monde ait accès aux soins. »
Les associés travaillent en rendez-vous longs le plus sou-
vent, d’une heure et demie à deux heures. « On est plus
concentrés, plus efficaces, explique le Dr Haberer. C’est
plus agréable pour le patient comme pour nous. »
Le mot de la fin
« Nous faisons un métier qui est devenu magnifique,
conclut le Dr Rigollet. Ça n’était pas le cas il y a 30 ans :
on pratiquait une dentisterie que je ne voudrais pas faire
aujourd’hui. La mutation est géniale : tant dans la préven-
tion, la conservation, que l’anesthésie avec le Quicksleeper,
l’implanto et l’esthétique. Nous attendons la dématérialisa-
tion et les caméras de capture numériques, c’est ce qui nous
manque aujourd’hui. » « On ne se lasse pas de notre nouvel
environnement, résume le Dr Chavent. Il est difficile dans
nos professions d’éviter le burn-out. Nous sommes soumis à
une forte charge de stress, avec la soumission consentie du
patient au soin, nous absorbons leur stress et devons gérer
le nôtre. Le modèle du cabinet conventionnel n’aide pas à
arranger les choses : triste, angoissant, avec une mauvaise
circulation… Regardez l’image du dentiste dans la litté-
rature, au cinéma ou dans la pub ! Nous avons voulu faire
table rase de tout cela, casser le modèle du praticien dans
son environnement pour alléger le poids que fait peser sur
nous la vengeance collective ! » Au cabinet, 100 % des
soins sont réalisés sous anesthésie… une pierre de plus
à l’édifice du développement d’une image positive et
respectable de la profession.
Pour faire des
économie et rester
performants et
efficaces, nos
praticiens ont choisi
d’équiper leurs blocs
chirurgie avec du
matériel de premier
choix mais de
deuxième main !
EN CHIFFRES
Implant
Straumann :
900 €
CCM
ou céramique
sur zircone : 620 €
C.A 2013
(année du
déménagement) :
1400000 €
C.A 2014
(année entière
dans la nouvelle
structure) :
1500000 €
Le quatrième homme
Le poste de collaborateur fait partie du succès de la
structure. « Le cabinet 4 », comme il est appelé, doit
avoir à sa tête un praticien dans l’esprit du groupe,
ce qui n’est pas toujours évident : « Nous avions
recruté un jeune collaborateur qui ne voulait faire
que de l’implantologie et de l’esthétique, mais pas de
soins, alors qu’il débutait, raconte le Dr Haberer. Il a
fini par partir, mais en ayant vidé l’agenda du cabinet
4 ! Il n’était même pas agréable avec les patients. »
Finalement, ce poste restera « dans l’esprit famille » :
c’est le Dr Aymeric Berticat qui sera recruté: « Il avait
le bon profil, il n’était pas intéressé que par l’argent,
poursuit Sophie. Nous avons attendu quatre mois qu’il
revienne de la Réunion pour rouvrir le poste. »
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