La place de la région dans le monde et en Europe
1. Introduction
L’Île-de-France est une métropole jouant des rôles spécifiques au niveau mondial, ou au
moins européen.
Il est également clair que ces rôles ne sont pas des acquis, et que la région ne pourra continuer
à les jouer que dans la mesure où elle saura faire face à des concurrents globaux ou
spécialisés, qu’ils existent déjà ou qu’ils émergent dans les années ou les décennies à venir.
Par conséquent, l’Île-de-France ne peut se considérer comme dépositaires de rentes de
situations, en quelque domaine que ce soit. Bien au contraire, il existe des observateurs
avertis1 qui la classent plutôt au niveau des métropoles mondiales de second rang dans des
domaines importants pour l’attractivité et la compétitivité de la région, et donc son
développement futur. La région doit non seulement attirer ou, le plus souvent générer des
activités nouvelles et des entreprises nouvelles, mais aussi conserver les activités et les
entreprises qu’elle possède – et surtout leurs fonctions de direction et de création : sièges
sociaux, directions industrielles et commerciales, centres de recherche, bureaux d’études…
Le développement économique de l’Île-de-France ne se fait pas au détriment des autres
régions françaises : de par ses fonctions et la structure de son économie, l’Île-de-France est en
exclusivement en concurrence avec les autres métropoles dont le rayonnement est – comme le
sien – mondial ou au moins européen.
Certaines de ces métropoles sont proches : Londres, métropole mondiale s’il en est, possède
des atouts souvent équivalents et parfois même supérieurs à ceux de l’Île-de-France, n’est
qu’à moins d’une heure d’avion, et maintenant à peine plus de deux heures d’Eurostar.
Des métropoles européennes « moyennes » comme Bruxelles, Munich, Barcelone ou Milan
sont également des concurrents de notre région en matière d’innovation ou de créativité, ou en
tant que sièges d’entreprises et de filiales de multinationales couvrant l’ensemble des marchés
de l’Union européenne. Les métropoles des nouveaux membres de l’Union - Varsovie,
Prague, Budapest - peuvent déjà apparaître comme des concurrents pour certaines fonctions
ou pour l’accueil d’entreprises mondiales.
Cette situation n’est pas absolument nouvelle. Elle est déjà été largement prise en compte par
le schéma directeur de 1994 et par la politique d’aménagement du territoire. Ses
conséquences en matière d’aménagement et de développement économique durable de l’Île-
de-France n’ont peut-être pas été tirées instantanément. IL faut cependant souligner le fait que
le Conseil régional est désormais un partenaire majeur de l’État par ses responsabilités
nouvelles en matière de développement économique – notamment grâce à la création de
l’Agence régionale de développement - d’aménagement et de transports.
Compte tenu de la situation qui vient d’être résumée, le présent groupe de travail se devait de
réunir non seulement les compétences des services de l’État, mais aussi et surtout de ceux de
la Région et d’autres institutions –chambres de commerce et autres – ayant pour vocation de
veiller à la mise en valeur des potentiels de la région.
1 Telle Saskia SASSEN, qui a particulièrement insisté sur le rôle mondial de trois grandes places financières, et
trois seules (voir The Global City : London, New York, Tokyo. Princeton University Press, 1991, 416 pages)
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La place de la région dans le monde et en Europe
Le présent groupe de travail n’a pas eu le monopole de ces réflexions. En particulier, le
groupe sur le développement économique de l’Île-de-France a eu à aborder des thèmes parfois
identiques, et a abouti à des conclusions similaires et à des propositions largement
concordantes.
Le présent travail a consisté pour l’essentiel en des analyses sans fards des forces et des
faiblesses de notre région, afin de faciliter, dans la mesure du possible, les décisions à prendre
dans les prochaines années pour conforter l’Île-de-France et à mieux l’adapter à la
concurrence, quelle qu’elle soit et d’où qu’elle vienne. Ces analyses ne doivent pas pour
autant faire oublier les atouts souvent exceptionnels de l’Île-de-France, dont l’inventaire très
récent a été largement diffusé2. Mais il faut également bien connaître les problèmes auxquels
la région est confrontée, pour bien les résoudre. Il faut en particulier préparer l’avenir des
jeunes encore nombreux qui arriveront sur le marché du travail au cours des années à
venir, résorber le sous-emploi et faire disparaître graduellement les grandes « poches »
de pauvreté et d’exclusion qui subsistent même dans la plus riche des régions
européennes.
Le rapport examine successivement les prescriptions en matière de compétitivité du schéma
directeur et les difficultés, mais aussi les potentiels de leur mise en œuvre dans les différents
territoires de la région, la position de l’Île-de-France face aux régions concurrentes, en
Europe et dans le monde, les perspectives en matière de développement de l’économie
régionale et les difficultés toujours inquiétantes en matière d’innovation et de renouvellement
du portefeuille régional d’activités et d’entreprises, l’importance et le dynamisme des
industries de création, le rayonnement culturel de la région et l’importance de mesures
d’aménagement bien ciblées, bien conçues et mises en œuvre à temps.
Les propositions finales rappellent fortement la nécessité de mesures pertinentes en matière
d’innovation et de développement équilibré de tous les territoires de la région.
2 Paris Île-de-France, une région attractive : la preuve par 5. Agence régionale de développement et Paris
Île-de-France capitale économique, septembre2003, 16 pages
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