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développement du fœtus, même si souvent on réserve l’usage de ce mot à la période plus
tardive à partir de laquelle apparaît une forme organisée (avec une partie antérieure et une
partie postérieure) qui prendra ensuite un aspect caractéristique de l’espèce concernée. Pour
obtenir un clone par dissociation, il faut partir des cellules issues soit de la première (deux
cellules), de la deuxième (quatre cellules), ou, tout au plus, de la troisième (huit cellules)
division de l’œuf. En les replacant soit seules, soit par groupe de deux dans la petite coque de
glycoprotéines qui entoure l’œuf, la zone pellucide, on obtient autant d’embryons qui peuvent
ensuite, chacun ou par groupe de deux, être transplantés dans une femelle porteuse. Le singe
“ Tétra ”, né récemment dans un laboratoire de l’Oregon aux USA, a été obtenu de cette
façon. Une équipe canadienne de l’Université de Guelph a pu, il y a quelques années, produire
4 veaux à partir des huit cellules d’un embryon ce qui constitue un record.
La scission d'un embryon se fait à un stade un peu plus tardif au stade blastocyste (ou
blastula). A ce stade, les cellules de l’embryon viennent juste de commencer à se différencier
en deux types bien distincts, celles qui ne donneront que le placenta, et celles qui donneront le
fœtus et une partie du placenta. La zone pellucide commence à se fendre ce qui permettra au
blastocyste de s’implanter. Si on coupe en deux parties ce blastocyste, en prenant soin de
répartir à peu près également les deux types cellulaires facilement reconnaissables, on peut
obtenir des jumeaux. C'est d’ailleurs ce qui se produit naturellement, mais très
occasionnellement quand, au moment de s’échapper de la zone pellucide, l’embryon se trouve
momentanément géné par une ouverture qui se révèle être de façon fortuite trop étroite. Telle
est l’origine, chez l’homme, des jumeaux vrais, c’est à dire issus du même œuf. Et ce n’est
pas injure leur faire que de dire que biologiquement parlant, les vrais jumeaux sont bien des
clones ! Il y a quelques années, nous nous étions appuyé sur ces observations pour produire
des jumeaux bovins par scission de blastocyste ; la technique s’est avérée très efficace
puisque la moitié des vaches gestantes après transfert des deux demi embryons avaient donné
naissance à des jumeaux ! Mais couper un blastocyste en quatre révéla vite son défaut, les
quatre lots de cellules étant alors trop petits pour pouvoir chacun reformer un blastocyste
capable ensuite de pouruivre son développement.
Le transfert de noyau consiste à placer au contact d'un ovule énucléé (sans chromosomes
maternels) une cellule provenant d'un tissu déjà différencié, qui contient donc les deux stocks
de chromosomes parentaux. En pratique on utilise des ovules provenant de femelles
différentes dont on ne garde que le cytoplasme; ainsi, dans le cas de la vache, ces ovules
peuvent être ponctionnées directement dans les follicules d’ovaires récupérés dans des
abattoirs, ce qui permet de disposer très rapidement de plusieurs dizaines de cytoplasme
receveurs pour les noyaux. On a recours à différents procédés pour s’assurer que le noyau de
la cellule donneuse rentre dans l'ovule receveur. Une des étapes de cette opération minutieuse
consiste à fusionner la membrane de la cellule donneuse de noyau avec celle de l’ovule. Pour
cela on se sert d’une courte impulsion électrique qui ne dure que quelques microsecondes
mais qui suffit pour déstabiliser très transitoirement les membranes et permettre à la fois leur
fusion et l’activation de l’œuf, c’est à dire la mise en route de modifications chimiques qui
conduiront à la réalisation de la première division. Le développement de "l'œuf reconstitué"
peut alors commencer. Transplanté dans une mère porteuse, le veau obtenu sera
génétiquement identique à la vache donneuse de noyau, qu'il s'agisse d’une cellule de glande
mammaire, comme cela a été le cas pour Dolly en février 1997, ou de celui d’un muscle
comme pour la vache Marguerite née à l’INRA en février 1998. Le rôle du cytoplasme de
l’ovule mérite ici d’être souligné car c’est lui qui va réorganiser le noyau pour lui faire
retrouver un état embryonnaire. Cet étonnant pouvoir est encore loin d’être compris : on sait
seulement que l’ovule est une cellule tout à fait particulière qui contient plusieurs millions de