possibilité de leur faire une reconstruction mammaire à l’aide d’une prothèse disponible à l’hôpital. Avant, les
malades étaient obligées de l’acheter. En outre, nous avons introduit plusieurs nouvelles techniques de
traitement dont la dernière technique opératoire d’anesthésie “locorégionale” qui nous permet d’opérer une
malade sans l’endormir et dans d’excellentes conditions. Cela a été rendu possible grâce à la formation par un
spécialiste venu de France, des médecins réanimateurs de notre service. Bien sûr, il nous reste encore des
choses à introduire dans le service.
À l’occasion d’Octobre rose, le mois mondial de lutte contre le cancer du sein, par quoi
expliqueriez-vous la recrudescence de cette maladie dans notre pays ?
Dans le monde entier, le cancer du sein est le premier cancer de la femme (au Maghreb, en Europe, en
Amérique, en Orient). Donc, c’est la préoccupation de tout le monde, à l’exception de l’Inde où les cas du
cancer du sein sont très rares ; nous pensons que c’est lié à la consommation du soja. Mais, ce qui est alarmant
aujourd’hui, c’est effectivement l’augmentation constante du nombre de malades. Pourquoi ? Parlant du cas de
l’Algérie, cela s’explique essentiellement par le développement du mode de vie de la femme algérienne, qui
s’est occidentalisée. Avant, les femmes se mariaient très jeunes contrairement à maintenant où les mariages
tardifs sont très fréquents.
Avez-vous des chiffres sur l’incidence de la maladie ?
Les chiffres au niveau national sont généralement erronés. Nous n’avons pas des données exactes. Beaucoup
de cas sont souvent inscrits doublement, c’est-à-dire des femmes sont inscrites au début de leurs soins.
Par exemple, à Sétif, les mêmes patientes seront ensuite inscrites au CPMC pour poursuivre leur traitement.
Donc, il est difficile pour nous de donner des chiffres exacts. D’où l’importance d’établir un registre national
que le ministre de la Santé a évoqué. Ce serait une excellente chose.
Selon le ministre de la Santé, le problème de la radiothérapie est en voie d’être définitivement
réglé et les rendez-vous donnés aux patients ne seront plus éloignés, comme il n’y a pas si
longtemps. Confirmez-vous cela ?
J’espère et souhaite bien voir cela, mais actuellement, ce n’est pas le cas. Nous le vérifions, au quotidien, avec
les nombreux malades qui nous sollicitent régulièrement pour que nous les “casions” dans des centres de
radiothérapie, mais en vain. Les rendez-vous sont toujours éloignés. Ce n’est pas moi qui le dis, mais ce sont
bien les malades que nous recevons. Lorsque cela s’améliorera, je serai le premier à le dire et à féliciter les
gens qui auront fait des efforts pour l’amélioration de la situation.
Depuis quelques années, nous avons beaucoup parlé d’un plan cancer, mais qui tarde toujours à
voir le jour. Selon le ministre de la Santé, le seul plan cancer valable est celui que lui a remis le
professeur Zitouni, désigné par le président de la République, qu’il promet de présenter
prochainement. Ce plan s’étale de 2015 à 2019. Avez-vous été consulté par le professeur Zitouni ?
Oui, il m’a consulté et je lui ai remis mes propositions. Avoir un plan cancer, c’est vraiment quelque chose qui
est tout à l’honneur de l’Algérie, mais on apprécie un plan cancer dans son application.
Pour le moment, ce plan n’est que projet dans lequel, il faut le dire, il y a un certain nombre de choses très
satisfaisantes. Si nous arrivons à les réaliser, ne serait-ce qu’à 80%, car il ne faut pas trop rêver, l’avantage d’un
plan cancer est qu’il va nous permettre d’apprécier la situation réelle de la cancérologie dans notre pays. À titre
d’exemple, si nous décidons de faire un dépistage du cancer du sein dans une wilaya précise, nous allons savoir
combien de personnes vont se présenter, combien d’entre elles nécessitent d’être prises en charge et tous les
autres problèmes qui se poseraient.
Plus clairement, nous saurons ce qui marche et ce qui ne marche pas.
Nous saurons, par exemple, s’il manque tel ou tel matériel, ou des radiologues, des radiothérapeutes, des
oncologues, etc. Donc, il ne suffit pas de parler d’un plan cancer et de dire que tout va bien. Non ! Il ne faut
jamais tomber dans le piège d’établir un bilan d’autosatisfaction. Parmi nos expériences réussies, je cite les
opérations de dépistage menées successivement à Biskra puis avec Algérie Télécom (dans la région du Centre).