L’ivoire est la matière par excellence des pendeloques aurignaciennes (Hahn et al.,
1995). Si les perles sont les éléments caractéristiques pour la période (Hahn, 1972 ; White,
1993), et sont le produit d’une fabrication en série (Otte, 1974), les perles aurignaciennes
belges sont caractérisées par leur forme essentiellement sphérique et se différencient des
pièces du sud-ouest français (en forme de panier) ou du Jura Souabe (ovalaire à perforation
biconique (Conard, 2003).
Du « deuxième niveau ossifère » de la grotte de la Bètche-aux-Rotches de Spy provien-
nent également 18 perles réalisées en « Tonschiefer », soit une roche schisteuse altérée par
l’action volcanique, dont les affleurements les plus proches se trouvent dans le bassin de
Neuwied (Rhin moyen) (Otte, 1979).
La même matière première constitue le support des perles de la grotte de Wildscheuer III
(Hahn, 1977 : 284), quoique de morphologie légèrement différente (Hahn, 1977 : 231 ;
Otte, 1979 : 300).
Si les anneaux apparaissent dès la phase ancienne de l’Aurignacien et se prolongent
jusqu’au Gravettien, en Belgique, ils proviennent tous de contextes aurignaciens. Façonnés
sur ivoire, ils sont issus du Trou Magrite, Pont-à-Lesse (couche3;1demi-anneau); de la
grotte de la Princesse, Marche-les-Dames (1 demi-anneau) et de la grotte de la Bètche-aux-
Rotches à Spy (3 anneaux complets et deux fragments) (Otte, 1979 : 159, 302, 329 ;
Lejeune, 1987, 1995).
Des exemplaires comparables ont été trouvés à : Arcy-sur-Cure, couche VII (Grotte du
Renne) (Taborin, 2002 ; White, 2002) ; Rochefort-sur-Neunon au Trou de la Mère Clo-
chette (Jura) (Otte, 1981b) ; Magdalenahöhle (Rhénanie), dans un contexte indéterminé du
début du paléolithique supérieur (Otte, 1979 : 160) ; enfin au Bockstein-Törle VI (anneau
en schiste) issu d’un contexte aurignacien ou gravettien (Hahn, 1972 : Fig. 7, n
o
6), et orné
d’incisions courtes transversales, semblables à la grotte de la Princesse, du Trou Magrite ou
de la grotte du Renne couche VII (White, 2002). Issus de contextes gravettiens, signalons
les exemplaires de Dolni Vestonice I (Oliva, 1995 : 194, Fig. 5, n
o
3) et Paviland, où ont été
découverts des fragments d’un ou plusieurs anneaux en ivoire, associés à une sépulture
datée de 26000 BP (Aldhouse-Green et Pettitt, 1998 : 766).
Les signes décoratifs les plus fréquemment rencontrés sur l’ensemble des objets décorés
du paléolithique belge sont les signes incisés ou encochés latéraux en X, V ou Y alignés,
ainsi que des séries de petits traits parallèles (Lejeune, 1987 : 21 ; Otte, 1979 : 69). Ces
signes se retrouvent sur près d’un quart des objets non utilitaires d’Europe centrale et
orientale, d’après Hahn (1977 : 226). D’après cet auteur, le X pourrait constituer un
marqueur culturel — sous réserve de l’insuffisance des sites dans lesquels il est attesté —
qui semble lier la Belgique aux régions d’Europe centrale. La composition de l’outillage
lithique indique qu’il n’existe pas, en Belgique, d’Aurignacien ancien au sens de la
chronologie française (Otte, 1981b).
3.2. Gravettien
Les quelques 27 coquilles attribuables à cette période sont réparties sur trois sites que
sont : la grotte de la Bètche-aux-Rotches de Spy (5 pièces), l’abri supérieur de Goyet
(7 pièces) et le site de plein-air de Maisières (15 pièces) (Otte, 1979 ; Toussaint et al., 1999 ;
Heinzelein, 1973). Les Natices sp. et Glycymeris sp. font leur apparition à cette période.
606 L. Moreau / L’anthropologie 107 (2003) 603–614