III) Comment s’organiser pour produire ? En effet, il faut s’organiser pour produire ces biens et services. On peut imaginer un système pur d’autarcie, où les individus socialement organisés en famille, clans, tribus, communautés…subviendraient eux-mêmes à leurs besoins sans échanger ou si peu. Mais au cours de l’Histoire, les hommes se sont assez vite rendus compte cependant que la spécialisation et donc la division du travail permettait d’être plus efficaces, ne serait-ce aussi que par la richesse ou non des sols et sous-sols. Les hommes ont donc dû s’organiser, créer des institutions propres à la production, ce sont les entreprises. Ceci soulève un autre problème tout aussi important : qui sera propriétaire de ces entreprises, donc de l’outil de production (terrain, usine, bureaux, machines, matériel de transport …) ? Des individus disposant d’un peu d’épargne et de beaucoup de dynamisme et d’idées ? C’est la propriété privée des moyens de production depuis les petites entreprises individuelles en passant par les SARL pour aboutir aux grandes entreprises les SA, capables de réunir des millions d’associés propriétaires, les actionnaires. On parle alors d’économie capitaliste, car le capital est propriété privée. Mais on peut imaginer aussi des formes collectives de propriété, soit par des associés solidaires, égaux en droits malgré leurs apports différents (coopératives, mutuelles), soit par des administrations publiques (Etat, collectivités locales), ce sont les entreprises publiques (parfois par nationalisation). Certains pays ont adopté par le passé ce type d’organisation, généralisée, ce sont les pays socialistes, à économie planifiée. Plan ou marché ? Ceci nous amène à une distinction fondamentale sur la façon de s’organiser pour produire : soit les individus privés, propriétaires de leur entreprise, décident eux-mêmes ce qu’il faut produire ou ce qu’ils jugent préférable afin de répondre à un besoin (parfois artificiel, donc créé, rôle de la publicité), c’est le système de l’économie de marché ou économie marchande. Le marché, création artificielle, lieu réel ou fictif de rencontre de l’offre (production) et de la demande cumulée (somme des besoins solvables de la population) répond lui-même aux 3 questions : que produire, pour qui produire, comment produire… Soit c’est la collectivité, l’Etat centralisé ou décentralisé, qui par un bureau de « planification » prend les décisions. C’est l’économie planifiée, nécessairement collectivisée (ex URSS, ex Yougoslavie, Chine maoïste, Cuba…) Bien sûr, dans la réalité nombre de sociétés ont cherché à « panacher » ces modes d’organisations et donner des systèmes plus ou mixtes. C’est le cas de la France, qui connut une planification indicative pendant les 30 Glorieuses (1945-74), et un secteur public plus ou moins important en fonction des partis politiques au pouvoir. L’Etat joue encore un rôle essentiel dans notre économie par la redistribution (Etat-Providence). Même si notre pays a adopté le système d’économie de marché, nombre de biens et surtout de services sont gratuits ou quasi-gratuits parce que offerts par l’Etat ou des associations ou des organismes collectifs, notamment dans le domaine de l’éducation et de la santé, voire des transports. On trouve donc en France une économie marchande pour l’essentiel (autour des entreprises, privées ou coopératives), et soumise à un impératif de résultat non déficitaire, mais aussi une économie non marchande centrée sur les services offerts par les Administrations, les Associations. Aujourd’hui, nos économies sont pour l’essentiel des économies marchandes et monétaires. La spécialisation évoquée plus haut débouche très vite sur les échanges, donc sur la nécessité de pouvoir comparer la valeur (le prix) des différents biens entre eux. Il faut un étalon commun, c’est la monnaie, bien intermédiaire qui permet d’acheter tous les autres biens. L’absence de monnaie débouche sur le troc mais celui-ci montre très vite ses limites dans les sociétés complexes. Comment se mettre d’accord sur des millions de rapports d’échanges simultanés ? De plus il suppose une double contrainte : que celui qui désire ce que vous possédez, possède ce que vous désirez. A moins d’adopter des tickets de rationnement, nos économies sont donc vite devenues des économies marchandes et de ce fait monétaires, qu’elles fussent artisanales, industrielles. On voit bien déjà que la monnaie n’est qu’une sorte de jeton destiné à faciliter les échanges et qu’elle reste un stock (les jetons restent toujours en circulation, seul leur nombre pourrait augmenter ou diminuer par une volonté supérieure, celle de l’organisme qui en contrôlerait l’émission). Pour en revenir à notre question de départ, (pourrait-on vivre en étant tout le temps en vacances ?), on imagine assez bien que, sauf dans un futur très éloigné où il suffirait d’appuyer sur un bouton pour que des machines et robots nous fournissent tout ce dont nous aurions besoin (mais pourtant il faudrait bien imaginer et créer donc produire ces machines et les entretenir), cette idée ne tient pas. Car qui produirait les richesses nécessaires à la vie des individus sur terre ? Comment aurions-nous un revenu permanent ? Nous voyons bien que le revenu mensuel qui nous est versé n’est que la contrepartie de notre effort de production. Les revenus perçus par les uns se retrouvent dans les commerces donc la consommation. A leur tour les commerçants se réapprovisionnent chez les grossistes et producteurs, ce qui enclenche les commandes et la production. C’est un circuit, une boucle sans fin. Seule l’amplitude des masses en circulation varie (réellement croissance économique ou récession ou artificiellement par l’inflation ou la déflation). Si à une période donnée de l’année les individus peuvent partir en vacances et donc cesser de travailler, c’est bien parce qu’ils ont d’abord réussi à produire un peu plus auparavant (grâce aux gains de productivité) et que la contrepartie de ce surplus est distribué en jours de congés (ou en baisse du temps de travail ou augmentation des salaires). Jseco22, le 9/9/2011