I.1 Cohésion économique
Vue d’ensemble de
l’économie européenne
Aujourd’hui, l’économie de l’Union européenne repose
fortement sur les services, qui représentent 67% du pro-
duit intérieur brut et 66% de l’emploi, soit dans les deux
cas jusqu’à 5 points de pourcentage de plus qu’ilyadix
ans. Dans le même temps, l’importance de l’agriculture
et de l’industrie a eu tendance à diminuer. Cette ten-
dance devrait se poursuivre. L’agriculture et l’industrie
continueront à connaître une consolidation de la pro-
duction dans des activités à plus forte valeur ajoutée et
une réduction de la production et de l’emploi dans d’au-
tres secteurs. Dans la plupart des pays candidats à l’ad-
hésion, la production et l’emploi restent concentrés
dans l’agriculture et l’industrie, et au sein de celles-ci,
dans des sous-secteurs à faible valeur ajoutée, ce qui
donne à penser que des restructurations plus importan-
tes interviendront dans l’avenir.
La croissance des échanges commerciaux et des in-
vestissements étrangers directs a signifié que les éco-
nomies nationales se sont ouvertes progressivement en
direction des autres Etats membres de l’Union euro-
péenne et du reste du monde. En 1999, les exportations
ont représenté 32% du PIB de l’Union européenne et les
importations 31%. Les deux chiffres sont les plus élevés
jamais enregistrés depuis que des statistiques ont com-
mencé à être collectées, ce qui confirme la croissance à
long terme des échanges commerciaux au sein de
l’Union malgré des fluctuations conjoncturelles.
Quelque 60% des échanges ont lieu au sein de l’Union,
illustrant la dépendance des pays de l’Union les uns par
rapport aux autres, tandis que, dans le même temps,
l’interdépendance avec le reste du monde s’accentuait.
L’Union européenne continuera à connaître d’importants
changements dans l’environnement concurrentiel au
cours des quelques prochaines années, qui influeront sur
l’économie en général et sur la cohésion en particulier:
une pression économique continuelle due à la mon-
dialisation, une intensification de la concurrence inter-
nationale et une restructuration de certains secteurs.
Comme les secteurs tendent à être concentrés dans
certaines régions et à impliquer des groupes sociaux
particuliers, il est probable que la restructuration po-
sera un défi en ce qui concerne la cohésion aussi bien
régionale que sociale. En outre, comme la mondialisa-
tion tend à susciter plus de standardisation et d’unifor-
mité, il importe que les opportunités qu’elle offre soient
équilibrées par la nécessité de maintenir les identités
culturelles dans les différentes parties de l’Union;
l’élargissement et le défi posé par l’intégration des
pays candidats à l’adhésion dans l’Union. Si l’élar-
gissement sera à terme bénéfique pour tout le
monde, il est probable qu’à court terme il y aura des
pressions pour une restructuration, les entreprises
des pays candidats faisant face à une concurrence
accrue dans un contexte où leur bas niveau de reve-
nu et de production pose déjà des défis à relever
pour la cohésion;
la révolution de l’information. La technologie de l’infor-
mation tend à réduire l’isolement physique des parties
périphériques de l’Union et à accroître leur isolement
«virtuel», dans la mesure où la clé du développement
est l’accès à la technologie plutôt que l’accès aux
marchés. Les principaux obstacles sont donc le faible
niveau d’instruction et les facteurs sociaux plutôt que
les coûts de transport. Ce changement encore poten-
tiel aujourd’hui, deviendra de plus en plus une réalité
dans les années à venir. Il se peut qu’il ait un effet bé-
néfique sur la cohésion régionale, la périphérie défa-
vorisée étant davantage rapprochée du centre, mais
aussi un effet dommageable pour la cohésion sociale.
L’éducation deviendra de plus en plus importante
pour éviter une division de la société entre les «riches»
technologiquement alphabétisés et les «pauvres»
technologiquement analphabètes.
3
Divergence et convergence
des réalisations économiques
Les disparités entre Etats membres subsistent
malgré une forte convergence
Dans sa configuration actuelle, l’Union européenne peut
être décomposée en deux groupes de pays en ce qui
concerne le produit intérieur brut (voir tableau A.1, dans
l’annexe). Il existe un écart très net entre l’Espagne, la
Grèce et le Portugal, dont le PIB par habitant, mesuré en
termes de standards de pouvoir d’achat (SPA) afin de
refléter leur niveau de richesse relative, ne se situe
qu’entre 67 et 82% de la moyenne de l’Union, et les au-
tres Etats membres, dont le PIB par habitant est égal ou
supérieur à la moyenne.
Telle est la situation malgré l’importante convergence qui
s’est produite au cours des dix dernières années dans
ces trois pays. Pour ce groupe de trois pays, le PIB par
habitant est passé de 68% de la moyenne de l’Union en
1988 à 79% en 1999. Pris individuellement, l’écart entre
l’Espagne et la Grèce, d’un côté, et la moyenne de
l’Union, de l’autre, s’est rétréci dans les deux cas de9à10
points de pourcentage, tandis que l’écart se réduisait de
17 points dans le cas du Portugal. L’écart global de PIB
par habitant entre ces trois pays et le reste de l’Union eu-
ropéenne a diminué d’un tiers pendant cette période. A
ce rythme de convergence, 20 à 30 ans seront nécessai-
res pour que cet écart soit totalement éliminé. Cela
souligne le fait que le processus de convergence est un
processus de long terme, de même que le temps néces-
saire dépend des changements qui peuvent affecter le
contexte économique global.
Cependant, un signe positif à cet égard est constitué
par les bons résultats de l’Irlande, qui faisait partie du
groupe des pays les moins prospères il y a dix ans avec
un PIB par habitant égal à 70% seulement de la
moyenne de l’Union, mais dont aujourd’hui le PIB par ha-
bitant dépasse de 14% cette moyenne.
Un point important à souligner dans ce contexte est que la
convergence du PIB par habitant en termes de SPA dé-
pend non seulement des différences dans le taux de
croissance du produit, ou du fait que le PIB croisse plus
vite dans les pays de la cohésion que dans les autres
Etats membres, mais aussi de l’évolution des prix relatifs,
qui influe sur l’ajustement par les SPA (voir encadré sur le
PIB et les autres mesures de l’économie régionale).
Les disparités entre les régions se sont rétrécies
mais dans une moindre mesure
Comparées aux écarts entre Etats membres, les dispari-
tés sont encore plus larges entre les régions de l’Union
européenne (carte 1 et tableau 1).1Les 10% de régions
qui ont le PIB par habitant le plus élevé se composent lar-
gement des capitales du nord et des régions les plus
prospères du sud de l’Allemagne et du nord de l’Italie. En
élargissant l’éventail aux 25% de régions situées en haut
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I.1 Cohésion économique
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100
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B
DK
D
EL
E
F
IRL
I
L
NL
A
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FIN
S
UK
BG
CY
CZ
EE
HU
LT
LV
PL
RO
SI
SK
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300
Indice UE26=100
1 PIB par habitant (SPA) par pays et extrêmes régionaux, 1998
Bruxelles/
Brussels
Antwerpen
Hainaut
Hamburg
Oberbayern
Chemnitz
Sterea
Ellada
Ipeiros
Comunidad
de Madrid
Extremadura
Île de France
Languedoc-
Roussillon
Southern
and
Eastern
Border,
Midland
and
Western
Trentino-
Alto
Adige Utrecht
Calabria
Flevoland
Wien
Salzburg
Burgenland
Lisboa/Vale
do Te
j
o
Açores
Uusimaa
(Suuralue)
Stockholm
Itä-Suomi
Västsverige
Inner London
Berks, Bucks &
Oxfordshire
Cornwall &
Isles of Scilly
Yugoiztoche
Yuzhen Tsentralen
Praha
Jihozapad
Stredocesk
y
Kozep-
Magyarorszag
Eszak-Alfold
Mazowiecki
Lubelskie
Bucuresti
Nord-Est
Bratislavský
Kraj
Západné
Slov.
Východné
Slovensko
UE26 exclut Malte
5
I.1 Cohésion économique
Guyane (F)
Guadeloupe
(F)
Martinique
(F)
Réunion
(F)
Canarias (E)
Açores (P)
Madeira
(P)
Kypros
Indice, UE26 = 100
< 30
30 - 50
50 - 75
75 - 100
100 - 125
125
pas de données
Source: Eurostat
0 100 500 km
SIG16
SIG16
© MEGRIN pour les frontières administratives
1 PIB par habitant par région (en SPA), 1998
de l’échelle, de nombreuses régions du Royaume-Uni,
certaines régions autrichiennes, belges et néerlandaises
et Madrid et Rome (Lazio) rejoignent les précédentes. Les
10% de régions situées en bas de l’échelle comprennent
surtout des régions grecques et les DOM français, mais
aussi certaines régions du Portugal, dEspagne et du sud
de lItalie, tandis que les 25% de régions situées en bas
de l’échelle incluent de nombreuses autres régions espa-
gnoles et portugaises ainsi que les régions restantes du
sud de lItalie et les régions de lAllemagne orientale, à
côtéde certaines régions périphériques de France et du
Royaume-Uni.
Le contraste entre les 10% situés en haut et en bas de
l’échelle est important. Les régions situées au sommet ont
un PIB par habitant supérieur de 60% àla moyenne de
lUnion, ou de 45% si on exclut les régions marquées par
dimportants mouvements transrégionaux réguliers domi-
cile-travail,2tandis que celles situées en bas de l’échelle
ont un PIB par habitant inférieur de prèsde40%àcette
moyenne. En dautres termes, dans les 10% de régions
du haut de l’échelle, le PIB par habitant est deux fois plus
élevéque dans les 10% de régions du bas de l’échelle.
De même, les 25% de régions du haut de l’échelle ont un
PIB par habitant deux fois plus élevéque celui des 25%
de régions situées en bas de l’échelle et représentent un
tiers du PIB total de lUnion européenne contre un sixième
pour les secondes.
Cependant, il sest produit une forte convergence entre
1988 et 1998 (voir carte A.1). Dans les 10% de régions
du bas de l’échelle, le PIB par habitant est passéde 55%
de la moyenne de lUnion à60%, tandis que pour les
25% situées en bas de l’échelle, il est passéde 66% de
la moyenne à68% seulement. (Ces augmentations ne
sont pas aussi spectaculaires que celles mentionnées
dans le Sixième rapport périodique, oùles régions du
haut et du bas de l’échelle étaient définies par le nombre
de régions seul et non par la population couverte.)
A nouveau, cela souligne que la convergence est un
processus de long terme, puisque l’écart entre les 10%
de régions du bas de l’échelle et la moyenne de lUnion
ne sest réduit que de 11% au cours de ces dix années.
Les disparités régionales au sein
des pays sont grandes mais sont
peut-être en voie de stabilisation
Acôtédes disparitésrégionales dans lensemble de
lUnion, il existe bien souvent de grandes disparitésau
sein même des Etats membres (voir tableau A.2 et gra-
phique 1). Les économies duales de lItalie et de lAlle-
magne en offrent des exemples manifestes, mais dans la
plupart des pays, une ou quelques régions ont un PIB par
habitant très supérieur ou inférieur àla moyenne natio-
nale. Les capitales, comme Londres ou Paris (Ile-de-
France), tendent notamment àavoir un PIB par habitant
bien supérieur àla moyenne,3tandis que dans de nom-
breuses régions écartées et rurales, comme lEpire en
Grèce, la Calabre en Italie et les Açores au Portugal, le
PIB par habitant est beaucoup plus faible que partout ail-
leurs. Cela démontre clairement le fait que les pays ne
peuvent être traités comme des économies homogènes
et quil importe de considérer les caractéristiques et évo-
lutions régionales aussi bien que nationales.
La tendance révélée par le Premier rapport sur la cohé-
sion, selon laquelle les disparitésrégionales de PIB par
6
I.1 Cohésion économique
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10
20
30
1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998
0
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20
30
Sans les nouveaux Länder
SPA (UE=100), écart type
2
Disparités dans le PIB par habitant, 1987-
1998
Nouvelle
décomposition
NUT
S
UE15 (par région)
UE15 (par Etat membre)
Tableau 1 Régions plus prospères et
moins prospères dans l'Union, 1988-1998
PIB/habitant (SPA) en indice de la moyenne UE
Régions UE15 UE27
1988 1998 1998
10% + 155,3 160,9 176,9
10% - 55,1 61,0 31,1
ratio 2,8 2,6 5,7
25% + 134,1 137,1 152,0
25% - 66,6 68,3 44,3
ratio 2,0 2,0 3,4
10% + et 25% +: les régions au PIB/habitant (SPA) le plus
élevé, représentant les 10%, resp. 25% de la population totale
de l'Union
10% - et 25% -: les régions au PIB/habitant (SPA) le plus bas,
représentant les 10%, resp. 25% de la population totale de
l'Union
Source: Eurostat, calculs DG REGIO
habitant s’élargissaient avec le temps, semble se mainte-
nir dans un nombre important dEtats membres. Dans un
certain nombre dentre eux, les disparités entre régions
se sont certes légèrement rétrécies. Il est toutefois trop tôt
pour savoir si une inversion de tendance sest produite
(voir tableau A.3 et graphique 2). La récente atténuation
des disparités qui est intervenue dans plusieurs Etats
membres pourrait bien être purement cyclique, puisque
les régions en retard de développement tendent à
converger davantage vers les autres régions dans les pé-
riodes dexpansion que dans les périodes de récession.4
En outre, des disparités substantielles subsistent, surtout
dans certains des Etats membres les moins prospères.
Par exemple, alors que le PIB par habitant ne diffère pas
beaucoup dune région àlautre en Grèce, un écart sest
creuséces dernières années entre les principaux cen-
tres dactivitééconomique autour dAthènes et de Thes-
salonique et le reste du pays. De fait, depuis la fermeture
des itinéraires terrestres passant par lex-Yougoslavie
pour gagner le reste de lUnion, le port et les aéroports
dAthènes sont les principaux points dentréeetde
sortie pour les échanges commerciaux avec le reste du
monde. Les régions situées dans lintérieur reculéet
montagneux du pays sont restées, quant àelles, les plus
pauvres du territoire continental de lUnion.
En Espagne, deuxième pays le plus grand de lUnion par
la superficie, la situation est aussi contrastée. Le PIB par
habitant reste relativement élevéàMadrid et en Cata-
logne et a augmentéau cours des dix dernières années.
Dautres régions du nord, notamment la Navarre et le
Pays Basque, ont aussi eu de bons résultats, mais les ré-
gions éloignées du nord-est et du sud moins développé
ont eu de moins bons résultats, le PIB croissant moins vite
que la moyenne de lUnion dans les premières et prati-
quement pas du tout dans les dernières, qui comptent
parmi les régions les moins prospères de lUnion. En
Espagne, les disparitésrégionales se sont encore
élargies.
Les disparités sont également fortes au Portugal, le dé-
veloppement se concentrant le long de la côte, àLis-
bonne, Porto et dans lAlgarve, mais les disparitésse
sont rétrécies ces dix dernières années.
Les mouvements migratoires ont également affectéla
Suède et la Finlande, au détriment des régions peu den-
sément peuplées et isolées du nord, ainsi que des ré-
gions orientales de la Finlande, au début des années
quatre-vingt-dix alors que la récession économique fai-
sait durement sentir ses effets. Ces mouvements migra-
toires ont continuédepuis lors malgréun rétablissement
partiel du PIB par habitant.
Les disparités sont àla fois importantes et durables
entre le nord et le sud de lItalie. Malgréla reprise écono-
mique ailleurs, le PIB par habitant du Mezzogiorno a
continuéàstagner àun niveau situéentre 60 et 70% de
la moyenne de lUnion. Ce nest que dans la Basilicate
que la croissance a étéforte au cours des dix dernières
années. Pour autant, même dans cette région, le PIB par
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Indice, UE26 = 100
3 PIB par habitant (SPA), 1999
Moyenne groupe 1
Moyenne groupe 2
Moyenne UE26
Moyenne groupe 3
1 / 10 100%