Nouvellus avait du trier les bons grains, apprendre à lire dans le coeur des hommes, et il réussit à
relever un premier indice, qu'il nota scrupuleusement sur une de ses tablettes.
La nuit, les rues s'animaient et les plus riches sortaient accompagner d'esclaves porteurs de torches.
Les ruelles étaient sombres et bruyantes, la plupart boueuses. Quelques unes sont pavés, disposés
en double éventail, légèrement grises aux endroits humides. Dans les interstices, il y avait de
minuscule brin d'herbe, d'un vert de vessie, et dans l'une de ces ruelles, il avait aperçu, une jeune
femme à l'angle des ateliers bâtis de torchis, de pierre et de glaise, donnant sur les rues pavées. Sa
silhouette filiforme était recouverte d' une stola, un pagne de lin noué autour de la taille. La tunique
lui arrivait jusqu'au talon. Elle n'était pas dépourvu d'esprit encore moins une femme vulgaire,
brune, teint clair, de l'ocre pour se rougir les pommettes, les lèvres, des petits yeux de charbon, et
des mélanges de cendres et d'antimoine pour se noircir les paupières, sa beauté n'était pas restée
indifférent à notre observateur, posté à l'écart pour ne pas être remarqué. Sa vie était rythmée de la
façon suivante, en journée elle mendiait son pain, et le soir, devenait une histrion des rues, mimes,
improvisation et bien d'autres animations...Elle partageait ce bout de parcelle avec les chats des
rues.
Nouvellus redressa la tête, avança les tablettes vers lui et écrivit un bon moment, raclait celle-ci,
réécrivait mais l'inspiration lui manquait, il n'arrivait plus à détacher ses pensées et l'image de ce
doux visage lui revenait sans cesse.
Il soupira, se leva, se dirigea vers sa malle, il prit un étrange sac de toile de jute. Il le déposa sur la
table et en vida le contenu. Différentes bourses d'herbes, un piston à ponction, un cathéter, mis bout
à bout, notre médecin improvisé avait trouvé le moyen de créer un système d'injection. Il se
fournissait chez les druides, du céruse, de la myrrhe et du cardamome. Ce mélange obtenu, notre
cher chroniqueur, à l'aide de cette piqûre primitive, se passait cette mixture en intraveineuse. Cette
nourriture étrange, infiltrée dans ce canal rendait une visite inattendu à chaque synapse. Les
récepteurs de la peau répondirent à cet appel et donnèrent l'alerte au cerveau. Ce chef d'orchestre,
pour toute réponse, modifia quelques données au secteur rationnel. Le recours à la magie était
courant, et ces herbes avaient un pouvoir prophylactique. L'écrivain plaça tout autour de lui des
perles pêchées avant la pleine lune, car elles éloignaient les fausses imaginations de l'esprit et de la
cogitation. La main violacée tenant le stylet, se remettait en mouvement.
Il préféra donner une identité, à cette mystérieuse créature, et l'appela Jeanne. Il la revoyait tendre
son bras fin pour administrer quelques caresses aux chats. Ces prédateurs de la nuit qui n'avait
qu'elle comme ami, serviteur, se promenant à leur grès, et revenant vers elle dans une démarche
prudente et prêt à répondre à une action, une intonation de voix, un mot. Elle était pour la nuit, la
3